L'ÉVOLUTION DE LA POPULATION LIANCOURTOISE, DEPUIS LA RÉVOLUTION JUSQU'À LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

Par Franck SAHAGUIAN.

Cet article reprend, dans une large mesure, les analyses d'un mémoire réalisé voici quatre ans, pour le compte de l'U.F.R. d'Histoire-Géographie de l'Université de Picardie. Il est le fruit du dépouillement systématique des listes nominatives et des registres d'Etat-Civil de la Commune, depuis la Révolution jusqu'à la seconde Guerre Mondiale.

La commune est assez distante des grands axes de communication. Elle n'est traversée par aucune route nationale. Ainsi la RN 16 évite-t-elle , de même que la RN 31, qui est éloignée du centre d'environ 8 kilomètres. La station de chemin de fer est elle-même si- tuée à trois kilomètres de la place de la Rochefoucauld (pour toute ré- férence à des noms de rues, on pourra se reporter au plan ci-joint), sur le territoire de Rantigny. Liancourt est bâtie au pied d'un plateau (dit "la Montagne") qui, à lui seul participe au quart de sa superficie (475 ha, ce qui la place au lle rang des communes du can- Située approximativement au , Rantigny, , Laigne- ton). La ville se distingue par des centre du département de l', ville...), des bourgs du Nord-Est de différences d'altitude assez consé- Liancourt est devenue, en 1803, la circonscription, bordant le pla- chef-lieu d'un de puis Picard (, Nointel, Sacy- quentes : 55 mètres au centre, 137 canton 23 22 teau mètres sur le plateau. Or mis la ru- communes (avec le rattachement de le-Grand...). desse des pentes (rues à lacets, rues Sarron à la ville de Pont-Sainte- Excentrée, exiguë, subissant la en "épingle à cheveza"...), il faut Maxence en 1951). Un canton géo- présence du plateau, la ville de ajouter des problèmes liés à la pré- graphiquement et économiquement Liancourt n'était pas, d'entrée de sence de sources (rue de l'Ecole des hétérogène. La "Montagne" de Lian- jeu, promise à un fort développe- Arts et Métiers) qui rendent diffi- court dissocie nettement les pays de ment démographique. Cependant, il cile le développement de la ville. la vallée de la Brèche (Liancourt, n'en fut rien. Trois chiffres guideront notre

réflexion : en 1791, la population s'élève à 1.074 habitants, 4.652 âmes sont recensées en 1881, un peu plus de 3.000 en 1936. Plusieurs questions s'impo-

sent : tel développe- - Comment un ment démographique a-t-il été ren- du possible, entre la Révolution et le début de la Troisième Républi- que ? Quels en furent les acteurs et les conséquences au niveau de l'ur- banisme ? Pourquoi partir de la - à 1881, population de Liancourt régresse- t-elle de façon aussi significative ? ville garde une population inférieure Cette "Révolution démographi- ou égale à 1.500 personnes : que" n'est pas sans incidences sur le 1 DU GROS BOURG À 1806 1.236 habitants tissu urbain. Les maires eux-mêmes - - : CITÉ 1836 1.292 habitants semblent LA PETITE INDUS- - : se préoccuper de cette TRIELLE (1791-1881) - 1841 1.364 habitants sorte de raz-de-marée. Ils en font la 1846 1.325 habitants. - : remarque au-bas des listes nomina- Depuis la Constituante jus- Le recensement de 1856 est le tives qu'ils signent. En 1856 et 1861, qu'en 1881, la population Liancour- premier à attester l'accroissement le premier magistrat de la ville, toise quadruple. L'évolution est tou- Louis Chevallier (il fut maire notable de la population : 2.268 entre tefois irrégulière 1854 1865), écrit ceci assez : âmes, soit une augmentation de 755 et : Lucien Charton En 1720, re- rapport à 1851. La tendance "la population se trouve aug- cerise quelques par se 716 personnes, ce confirme régulièrement jusqu'en mentée (754 en 1856, 312 personnes qui place Liancourt tête des 1861) depuis le dernier en pa- 1881 en recense- roisses du futur canton dont elle se- : ment. Cet accroissement est dû à 1861: 2.580 : + 312 habitants ra chef-lieu. Elle est pourtant talon- - l'extension les fabriques 1866 3.112 +532 habitants que prennent née de près Nointel (648 hab.), - : : de chaussures dans la commune". par 1872 3.941 829 habitants (564 hab.), Bailleval (557 - : : + Et Joseph-Joli- 1876 4.053 +112 habitants son successeur, hab.), Sacy-le-Grand (469 hab.). A - : : don, d'ajouter 1872 1881: 4.652 +599 habitants. en : la Révolution, l'écart se creuse avec - : "la population qui trouve Le véritable "décollage" s'opère se ces villages, Liancourt franchissant augmentée de 800 habitants depuis donc le règne de l'Empereur le cap symbolique du millier d'habi- sous le dernier recensement arrêté le 19 Napoléon si la tendance tants (1.074). III, même à juillet 1866 est toujours due à l'ex- Jusqu'au Second Empire, la la hausse se poursuit après Sedan. tension considérable que prennent les industries et notamment les fabriques de chaussures dans la commune". Lesdits recensements se per- fectionnant tout au long du XIXe siècle, il est loisible de suivre les

mutations qui s'opèrent : la ville s'é- tend, le maillage urbain se trans- forme sensiblement. En 1837, dans son "Précis Statistique du Canton de Liancourt", Louis Graves donnait du

chef-lieu la description suivante : "il (le bourg) est bien bâti et formé de trois rues principales dites de l'église (actuelle rue Roger du Plessis), de Compiègne (rue de l'Ecole des Arts et Métiers) et du Hamel (rue Pasteur depuis 1904)". la fm de la Monarchie de juillet, la Seconde République, l'Empire et la première décennie de la Troisième République. D'un canton rural, affichant une population en majorité tournée vers les travaux des champs (L. Graves recense 950 agriculteurs et cultivateurs, mais aussi 530 "ouvriers et manouvriers", pour un total de 2.804 chefs de familles), on voit alors sourdre des poches d'indus- trialisation, s'implanter des fabri- ques, grandes demandeuses de main-d'oeuvre. Cette transformation explique, pour une très large part, Le Second Empire donne à la Les exemples développés ici le développement urbain des l'aspect qu'on lui connaît. des "accidents" ils commune ne sont pas ; ren- communes de la vallée de la Brèche Il suffit pour s'en convaincre de dent compte d'un phénomène de (les bourgs du Nord, Nord-Est du comparer les rues existant en 1856 qui affecte la ville croissance toute canton n'étant pas ou peu affectés et celles de 1881. En 1850, on ainsi que les communes de la vallée le phénomène). compte 13 et places, 24 en par rues de la Brèche, qui, à l'instar de Lian- de 1881. Petit pôle commerce sous court sont également affectées par Le nombre des maisons passe la Révolution, Liancourt a cette le développement industriel. En de 347 (1856) à 623 (1881). Tous les chance d'être située dans une région chemin de fer indicateurs sont à la hausse, qu'il 1845, l'arrivée du à louée richesses. La rivière Rantigny, puis Rieux- pour ses s'agisse des habitations, des rues ou Brèche découvre contrée , Nointel-Saint-Aubin, Ca- une sur- des ménages ( + 743 en 1836 et nommée "Vallée dorée", saluée à 1881). tenoy font du canton l'un des plus maintes reprises par Cambry, Ar- Sur une période de trente ans dynamiques du département. thur Young Graves qui, 1837, (couverte par sept recensements), la L'explication de cet accroisse- et en des activités ville ne cesse de s'étendre, englo- ment de la population tient évidem- résume l'état commer- de la Chèvresrue ciales du bassin liancourtois bant les écarts ment à la profonde métamorphose : (l'actuelle rue de l'Abbé-Ferry), de économique qui affecte le site, d'a- "les objets importés dans le la Ferme de Mognevillette, de bord prudemment stimulée, dans canton se composent de grains, vins, l'Hospice, de Papillon et du Por- - le premier tiers du siècle, cidre en petite quantité, sel, poudre et cher-Mignot (rue de Rieux). XIXe par l'action personnelle du duc de la tabacs, chevaux et bestiaux, plâtre, De nouvelles routes sont per- Rochefoucauld puis de manière cendres végétales, fer, cotons, laines, cées, telles celles de Pont-Sainte- -, depuis écorces. Maxence (rue Jules Michelet) et de beaucoup plus significative, cornes et Compiègne (rues Leclerc et E. Dolet actuelles). La ville s'égrenne le long de ces grands et nouveaux axes. Ainsi la rue de Compiègne (d'abord appelée rue de Catenoy), percée vers le milieu du XIXe siècle ne groupe qu'une quarantaine d'in- dividus en 1856. En 1861, 193 per- sonnes sont recensées, 574 en 1881, soit trois fois plus que vingt ans au- paravant. Entre 1856 et 1881, la rue du Hamel passe de 553 à 782 habitants ( + de 229), la rue de Pont en gagne 430 pour la même période. La rue de l'Abbé-Ferry, autrefois isolée du centre, triple sa population. L'exportation comprend surtout La Rochefoucauld fut égale- s'en greffer d'autres, à l'origine d'un main-d'oeuvre. Il faut des pierres de taille, des matériaux ment un pionnier dans le domaine fort appel de qu'il intro- ouvrir liste nominative de la les routes, des tourbes, des du textile. C'est en 1784 une se- pour métiers qu'il avait achetés conde moitié du XIXe siècle tuiles et des briques, des sabots, des duisit des pour la bonneterie, puis faire idée de l'importance grains, des fruits quantité, des à Troyes, fief de se une en d'Angleterre. Ces usines occupaient prise cette activité. cardes, faïences, fils et tissus de par co- importante d'ouvriers, Face à cette spécificité indus- des tricots, des tabatières, du une masse ton, femmes et enfants. Beaucoup tra- trielle qui fit de la l'une chanvre, des légumes, des chardons commune vaillaient à domicile. En 1901, la des capitales françaises de la chaus- drapiers des farines" (1). et firme Dubuy rappelle encore cette il faut noter la présence d'au- On note, la de sure, pour commune activité. En 1936, elle ferma ses tres fabriques tout aussi perfor- Liancourt, la tenue régulière des s'installer à Romoran- portes pour mantes : foires marchés. et tin. Le textile disparu. La première Une société dite "des Accumu- Les premiers d'indus- germes filature de coton est à mettre à l'ac- lateurs", créée dans le dernier tiers trialisation, c'est duc de la Ro- au tif du duc, qui, en 1790, installa du siècle céda la place tracteurs chefoucauld Liancourt les doit. propriétés. aux que celle-ci sur une de ses Austin 1919. En 1780, il crée la première 1805, vint s'adjoindre nouvel en En un De même, la ville de Liancourt Ecole des Métiers, dans atelier près du premier. Cette fabri- Arts et un dut grande part de bâtiment dont l'origine est fort devint école des une sa renom- an- que une pour or- mée industrielle usines spéciali- cienne. Cette école devait permet- phelins parisiens. Les cardes néces- aux sées dans la mécanisation de l'agri- Charton, à des fils de saires métiers étaient fabriquées tre, selon L. aux culture. militaires pauvres d'acquérir une sur placc. qualification professionnelle, sus- ceptible d'être utilisée dans l'armée ou dans le civil. On y devient cor- donnier, sellier-bourrelier, maré- chal-ferrant... A son retour d'exil, le duc ou- vre un atelier de faïencerie, que ses descendants administrent quelque temps, avant de le céder à la famille Deyeux. Sont produits des tasses, pots, assiettes, de qualité moyenne, dont il ne nous reste que peu d'exemplaires. Le recensement de 1901 atteste de la survie de l'atelier, rue de l'Abbé-Ferry. Par ailleurs, la Rochefoucauld fit de Liancourt un foyer d'expéri- mentation agronomique, influencé En 1840, Duvoir, charron par son ami anglais Arthur Young. De même, on note la présence un liancourtois, met point la "Le canton, nous dit Graves, a à Liancourt d'une corderie ainsi au pre- batteuse à céréales. Il dû à l'influence bienfaisante du duc qu'une fabrique de sabots (Larousse mière gagne bientôt Rantigny où il développe de la Rochefoucauld et à ses exem- du XIXe siècle) produisant 60.000 affaire. A mort, c'est à Au- ples, l'introduction de charrues paires 1830. Les bois son sa per- par an, vers Albaret, Ingénieur des Arts et de la de guste fectionnées, celle pomme provenaient des forêts locales. Métiers, qu'il revient de lui succé- la plantation des friches sa- Mais l'activité qui fut à la base terre, der. L'entreprise diversifie ses acti- blonneuses, la culture des fourrages de la métamorphose de Liancourt vités machines à battre, rouleaux artificiels, la multiplication des bêtes la chaussure. Elle d'abord : est trouve compacteurs, wagons de marchan- innovations la de à laine de race fine : ces son impulsion en personne dises, pièces pour automobiles. (31 auraient amené des résultats impor- Philippe Imbart-Latour mars Liancourt emboîte le pas. En grande 9 août 1874). En 1845, tants dans un pays de 1810 - ce 1850, un maréchal-ferrant, Dela- culture ; ils ont eu ici pour effet de dernier quitte Clermont pour venir haye, crée un modèle de charrue- faire cultiver toutes les parties du sol s'installer à Liancourt. Il y ouvre brabant qui devient rapidement très qui étaient propres à la production, bientôt la première fabrique de performant. Sous l'impulsion de Ba- et d'augmenter ainsi l'une par l'autre chaussures clouées, fabrique occu- jac, son successeur, la firme devient la masse du travail et celle de la ri- pant les locaux de la fabrique de l'une des plus dynamiques de la ré- chesse du pays" (2). cardes du duc. A cette usine vinrent gion. Dans le même temps, un ingé- une activité dont il avait assuré le - la rue de l'Ecole des Arts et nieur nommé Tosello allait s'impo- développement et qui fut à l'origine Métiers. ser dans la fabrique de moteurs et de sa fortune (une fortune qu'at- - la rue Eugène Gromard. de cylindrages de roues. teste encore la présence d'un châ- - la rue de Pont-Sainte- Ces entreprises, auxquelles teau, dominant toute la ville, aujour- Maxence (rue Jules Michelet vinrent s'en joindre d'autres (Des- d'hui aux mains du Ministère de la en 1904). Justice). noyers à Laigneville, Fleury à Ranti- Le recensement de 1901 dé- l'évolution de gny...) firent du bassin liancourtois, Une fois encore, nonce une supériorité numérique la population allait confondre un site industriel de première im- se des femmes sur les hommes 2.035 portance et permirent un fort déve- avec celle de l'économie locale. Les contre 1.918, soit un rapport de loppement démographique. soixante années séparant le recense- 53 % contre 47 %. Ce rapport est En 1901, la ville de Liancourt ment de 1881 de la Seconde Guerre inchangé depuis plus de vingt-cinq fait figure de grand pôle économi- Mondiale, voient le déclin, long ans. mais régulier de l'industrie que, forte d'une population ouvrière : ma- En 1901, seules sept rues nombreuse, et ce alors que soixante tériel obsolète, structures archaï- comptent plus d'hommes que de (nombreux petits ateliers à années plus tôt, cultivateurs et gens ques femmes ; ils sont en nombre égal de la terre comptaient pour le tiers domicile), manque de main-d'oeu- dans trois autres, les femmes l'em- de la population active. Pourtant, en vre qualifiée, de dirigeants charis- portant sur les hommes dans toutes ce début de XXe siècle, le recense- matiques, le poids de la Grande les autres rues de la ville. Prenons des crises économiques, ment laisse apparaître un fléchisse- Guerre, quelques exemples : sensible de la population. En l'attrait de la capitale du bassin du Plessis ment ou - rue Roger : raisons fait, depuis 1881, date de "l'apogée creillois... Toutes ces peu- hommes : 156, Liancourt démographique", ne cesse vent être avancées pour expliquer la femmes : 196. de perdre des habitants. Il chute de la population liancourtoise. de Pont-Sainte-Maxence marque - rue : le la fin d'une époque, début d'une De même, les changements de hommes : 230, de déclin lente phase économique comportements démographiques femmes : 257 voie de de dé- et, par conséquence, jouent un rôle dans cette chute. rue Eugène Gromard : démographique. - clin Ainsi, entre 1881 et 1931, hommes : 32 Liancourt perd 1.325 habitants, soit femmes : 47. près de 30 % de ses effectifs. A La baisse de population lian- 1881-1936 partir de 1886, les indicateurs II - : un demi tous courtoise se poursuit dans les siècle de déclin des listes nominatives accusent des quatre premières décennies du XXe démographique. baisses. Au printemps 1901, 3.999 siècle. De 1901 à 1914, l'Etat Civil personnes sont recensées sur le ter- laisse apparaître plusieurs symp- ritoire communal vingt la de crises démographique Quelles en sont les principales : en ans, tômes : affiche de caractéristiques, les causes et les ef- ville une perte 653 per- seules les années 1901 et 1903 enre- de naissances fets concrets sur la commune ? sonnes. gistrent un nombre En 1874 décède Philippe Im- Cette diminution touche assez supérieur aux décès. Ce déficit des bart-Latour. Cette disparition est inégalement les quartiers de Lian- naissances peut trouver une explica- aussi symbolique que prémonitoire. court. Toutes les rues sont affectées, tion dans les problèmes économi- de l'époque (notamment les Avec lui va disparaître, lentement, à l'exception de trois d'entre-elles : ques problèmes liés au coût de la vie, qu'attestent plusieurs manifestations contre la "cherté des vivres" en 1911, une certaine appréhension de l'ave- nir (dès 1906, la perspective d'une guerre prochaine ne fait mystère pour personne). La Première Guerre Mondiale n'épargne pas Liancourt. Plus d'une centaine de soldats sont fauchés sur les différents fronts, des dizaines d'autres sont blessés. La ville, à l'instar de ses consoeurs subit le traumatisme de 1914-1918. 1917 fut

incontestablement "l'année noire" : le nombre de morts, civils et mili- taires atteint 126. Pourtant, le chef-lieu' ne fut pas touché par les bombardements comme le furent , et nombre d'autres commune oi- siennes. Les soldats allemands "se contentèrent" de traverser la ville en septembre 1914. A cette époque, la fabrique de chaussures Legrand - fut installée sur le site de Rantigny - bombardée. Deux personnes péri- rent, dont un liancourtois. Cette so- ciété ne devait pas se remettre de ce choc. Après la Bataille de la Marne, Liancourt ne fut inquiétée qu'en 1918, avec le bombardement des rues Michelet et du Vieux-Châ- teau. La Grande Guerre est donc à La population de Liancourt étrangers soient contraints à regagner l'origine d'une nouvelle saignée dé- vieillit. Chaque nouveau recense- leur pays d'origine, en même temps mographique qu'atteste le recense- ment laisse apparaître une nouvelle que des sanctions sévères soient de 1921. Le bilan est lourd : les employeurs qui ment diminution des effectifs : prises contre em- 3.630 habitants. En dix ans, le nom- - 1921: 3.630 habitants (- 298) bauchent des ouvriers de nationalité bre de liancourtois a été réduit de 1926 3.496 habitants (- 161) étrangère". - : trois cent. Aux morts de la Guerre, 1931: 3.327 habitants (-142) Le 10 février 1934, le Maire, il ajouter le fort déficit nais- - faut en 1936 3.120 habitants (- 207). Jacques-Paul Soulier, recense 109 déjà important avant - : sances, guerre chômeurs secourus par le Fonds, qui prend alors plus et une tournure L'entre deux guerres est té- dont 63 chefs de famille. C'est dire Il bien sûr dramatique encore. est moin d'une crise démographique l'importance de la dépression dans lié à l'absence des mobilisés. dont la saignée de 1914 n'est pas la le Bassin liancourtois. Face à cette seule explication. Le tissu industriel raréfaction de l'emploi, nombre Année Naissances Décès est fortement affecté par les crises d'ouvriers souhaitent gagner Paris économiques d'après Celle banlieue et la région de Creil- 1910 69 72 guerre. ou sa qui touche la à partir de . Liancourt n'est plus, à 1911 55 95 1931 n'épargne pas Liancourt. Le 31 la veille de la guerre 1939-1945 (et octobre 1931, la municipalité décide ce malgré une petite reprise de l'ac- 1912 54 102 la création d'un Fonds municipal de tivité en 1936), le pôle industriel 1913 50 81 chômage (3). d'autrefois. Le même jour, l'Assemblée Ainsi, le monde de la chaus- 1914 60 96 de 1.094 s'émeut du comportement cer- sure est ébranlé : en 1901, d'entreprise dans 1915 22 101 tains chefs : hommes travaillaient cette ac- "vu la crise économique ac- tivité. Cette année-là, 38 % des ac- 1916 21 87 considérant le chômage masculins de la Pasteur tuelle - que tifs rue oc- devoir s'accentuer dans la ré- cupaient profession 1917 21 126 paraît une en rapport gion, considérant qu'il y a lieu de direct avec elle. Ils ne sont plus que 1918 25 103 mettre tout en oeuvre pour la protec- 21 % en 1931. Pour la rue Jules Mi- tion de l'ouvrier français, le Conseil chelet, de 48,8 % à 15 %. 1919 38 68 on passe ~ Municipal émet le voeu qu 'il soitfor- Le nombre des actifs s'est éga- mellement interdit d'embaucher les lement amoindri : on passe de 875 De la fin de la Première ouvriers de nationalité étrangère. actives en 1901, à 472 en 1931. Pour Guerre Mondiale jusqu'à la Se- Ayant constaté que dans la région, les actifs, de 1.449 à 1.104. conde, le nombre des naissances est des entreprises employaient des ou- Les années trente sont donc inférieur à celui des décès. A partir vriers étrangers alors que des ou- des années noires pour la de 1930, il naît moins de cinquante vriers français sont réduits au chô- commune : l'inquiétude face à la enfants par an. En revanche, ce mage, le Conseil Municipal proteste crise économique est grande, dans chiffre est toujours dépassé pour les énergiquement contre de pareils faits une population majoritairement ou- décès. et émet le voeu que les ouvriers vrière. L'avancée sociale de l'été 1936 ne semble pas la rassurer. De Cette chute du nombre des XIXe siècle, c'est également la même, les provocations répétées naissances est brutale, en regard des ruine de ses industries qui est à l'o- d'Hitler laissent planer le risque années précédentes : entre 1900 et rigine de la baisse de sa population. d'une guerre nouvelle. 1914, il naît en moyenne 64 enfants La seconde guerre semble mettre 54,6 L'Etat Civil de Liancourt rend par an ; 30 entre 1914 et 1918 ; un terme à l'hémorragie, mais il faut compte d'une situation démographi- entre 1919 et 1929. attendre 1962 pour que la ville ne Ce doit aussi tenir symboli- que inquiétante. En 1936, la popula- constat franchisse à nouveau le cap d'une baisse de la nuptialité. tion est à peine supérieure à 3.000 compte que des 4.000 habitants, 1968 pour relève mariages 1921, 30 habitants. Le chiffre des naissances On 47 en qu'elle pulvérise le record de popu- en 1930, 12 en 1937. Il est à noter lation de 1881. est alarmant : qu'en 1931, si les femmes restent La crise de 1973-1974 semble Liancourt, l'écart majoritaires à en- ralentir à nouveau le développement tre les deux sexes reste inchangé par démographique de la ville. Bien des début du siècle. Année Naissances Décès rapport au entreprises du Bassin ont fermé A la veille de la Lian- guerre, leurs portes licencié du person- plus petite cité in- ou 1930 40 56 court n'est cette nel. En 1982, la population liancour- dustrieuse et dynamique de la fm du toise s'élevait à 6.112. Le recense- 1931 49 60 siècle précédent. Crises économi- ment de 1990 rend compte d'une et ont raison de 1932 42 72 ques guerres eu son hausse d'une soixantaine de dynamisme. Les industries ont souf- per- fert de la du sonnes... 1933 31 70 concurrence, non re- développement urbain nouvellement de leurs appareils de Le est rendu difficile la petitesse de la 1934 43 55 production. Les industries de la par morphologie. On chaussure, les ateliers familiaux ont commune et sa as- 1935 27 66 siste depuis plusieurs années à la fermé leurs portes. En 1931, les pe- prolifération de petits pavillons, 1936 28 61 tits métiers recensés en 1901 ont sur- disparu vannier, rempailleur de gissant anarchiquement aux quatre 1937 30 64 : chaises... Les "piqueurs", "couseurs coins de la ville, une ville qui se confrontée 1938 32 88 en chaussure" sont moins nombreux. trouve à son tour au de Aujourd'hui, il ne reste rien de cette problème du rajeunissement son 1939 38 77 activité naguère florissante. tissu urbain et de son centre ville. O.P.A.H. lancée récemment Moyenne Liancourt doit donc son déve- Une lui de 1930-1939 36 66,9 loppement à la révolution indus- sur le site devrait permettre trielle de la seconde moitié du recouvrer une attractivité perdue.

Comité des NOTES : Beauvaix. Ouvrage réédité par le Fêtes et d'Animation de Liancourt. Pour les recensements d'après-guerre : (1) LOuis GRAVES : Précis statistique sur — 1837 143. Région "au- le canton de Liancourt - - page source I.N.S.E.E. Amiens. — Charton (L) : Liancourt et sa trefois" Senlis 1977. (2) Louis GRAVES cit. 124. - - : op. - page - Registres de l'Etat Civil de la ville de Archives Municipales Liancourt délibé- Beaudiy (A) : Autour du Plateau de (3) ; Liancourt - Mairie de Liancourt. — rations du Conseil municipal. Liancourt. Publication de la Société Ar- Comptes-rendus des séances du Conseil — chéologique et Historique de Clermont - municipal de la ville de Lianocurt (Mairie Clermont 1905. BIBLIOGRAPHIE et SOURCES - : de Liancourt). (19 instituteurs de la région) - Collectif : — On pourra également se référer à la Liancourt, son histoire, son histoire, sa — Listes nominatives de la population de la monographie de Lucien Charton "Lian- culture 1896 Archives départementales commune de Lianocurt (1831-1936) - : - - Archives départemnetales de l'Oise - court et sa Région" - Senlis - 1968. de l'Oise - .