MUSIQUE THE SHOES 07 KEREN ANN 10 JAMES VINCENT McMORROW 11 AYO 12 THE D0 13 UP LYKKE LI 14 MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE 15 HUBERT-FÉLIX THIÉFAINE 16 BEADY EYE 17 START NUMÉRO 160 DVD LES PETITS MOUCHOIRS 24 L’HOMME QUI VOULAIT MARS 2011 L’ACTUALITÉ MUSIQUE ET VIDÉO DE VOTRE SPÉCIALISTE CULTURE VIVRE SA VIE 26 CATHERINE DENEUVE 28 POTICHE 29

R.E.M.

UNE PUBLICATION

SOMMAIRE

12 10

15 07 13

News /05 Moddi 05/The White Stripes 06/

Primal Scream 06/The Shoes 07/

Interviews /08 R.E.M. 08/Keren Ann 10/James Vincent McMorrow 11/

Ayo 12/The Dø 13/Likke Li 14/

My Little Cheap Dictaphone 15/Thiéfaine 16/ Beady Eye 17/

Chroniques musique /18 Pop/Rock 18/Français 20/Autres musiques 22/Electro 23/Rap-Soul 23/

Chroniques DVD /24 DVD du mois : Les Petits Mouchoirs 24/Interview de Marion Cotillard 24/

L’Homme qui voulait vivre sa vie 26/La Princesse de Montpensier 26/

Interview de Catherine Deneuve 28/ Potiche 29/ Edward II 30/

Le Baiser de la femme araignée 31/

UP START est édité par la société PRÉLUDE ET FUGUE, SAS de presse au capital de 30 000 euros, 29, rue de Châteaudun 75308 PARIS Cedex 09 Tél. : 01 75 55 43 44 Fax : 01 75 55 41 11 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Marc FEUILLÉE/ PRINCIPAL ACTIONNAIRE GROUPE EXPRESS-ROULARTA RÉDACTION RÉDACTRICE EN CHEF Florence RAJON/[email protected]/ RÉDACTION Paul Alexandre, David Bouseul, François Cano, Hervé Crespi, Laurent Denner, Hervé Guilleminot, Maxime Goguet, Bertrand Rocher/ CONCEPTION GRAPHIQUE Didier FITAN MANAGEMENT ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Tristan THOMAS/ DIRECTRICE RÉGIE Valérie SALOMON/ PUBLICITÉ Tristan THOMAS [email protected]/ FABRICATION Pascal DELEPINE avec Laurence BIDEAU/ PRÉPRESSE GROUPE EXPRESS-ROULARTA/ IMPRIMÉ EN BELGIQUE Roularta Printing/Couverture D.R.

| 3 START UP | MARS 2011 | LA SÉLECTION DU MOIS/IMPORTS STARTER

ROCK/POP/METAL/ELECTRO JAMES TAYLOR ARMIN VAN BUUREN LIVE IN GERMANY 1986 STATE OF TRANCE BOX 12CD TOWER OF POWER BAUHAUS 40th ANNIVERSARY (CD + DVD) LIVE IN NYC 1998 URIAH HEEP JEFF BECK OFFICIAL BOOTLEG 2CD ROCK 'N' ROLL PARTY W.A.S.P. (Honoring Les Paul) W.A.S.P. -DELUXE/DIGI... BEE GEES WARLOCK BEE GEES 1ST HELLBOUND -DIGI... BEE GEES WARLOCK HORIZONTAL TRUE AS STEEL -DIGI... BEE GEES WARLOCK IDEA TRIUMPH AND AGONY... BLUES MAGGOS JOHNNY WINTER ELECTRIC COMIC BOOK Vol. 7-LIVE BOOTLEG SERIE BLUES MAGGOS YANNI PSYCHEDELIC LOLLYLOOP INTERZONE BRUNO MARS JOHN ZORN EARTH TO MARS (1ER ) WIND THAT SHAKES CAKE COUNTRY SHOWROOM OF COMPASSION CARL HAYES JOHNNY CASH KMAG YOYO Vol. 2-Bootleg : FROM MEMPHI WILLIE & KRISTOFFERSON CELTIC THUNDER NELSON HERITAGE MUSIC FROM CELTIC WOMAN THOMPSON SQUARE LULLABY THOMPSON SQUARE COWBOY JUNKIES BLUES DEMONS BARRY GOLDBERG COWBOY JUNKIES (& MICK TAYLOR) DEMONS - NOMAD SERIES V.2 IT'S ALL MY FAULT DEVILDRIVER DVD MUSIC BEAST (Limited CD/DVD Edition) ARMIN VAN BUUREN DRIVE-BY-TRUCKERS IMAGINE LIVE 2008 GO-GO BOOTS CHET ATKINS/JERRY REED TOMMY EMMANUEL LIVE IN NASHVILLE LITTLE BY LITTLE CLAPTON/BECK/PAGE ARETHA FRANKLIN ARMS BENEFIT CONCERT GREAT AMERICAN SONGBOOK G.LOVE LIVE AT BUDOKAN FIXIN TO DIE ARETHA FRANKLIN JOE JACKSON LIVE 1968 LIVE IN GERMANY 1980 JOE JACKSON DIANA KRALL LIVE IN GERMANY 1980 DOING ALL RIGHT LIVE DIANA KRALL JESSICA LEA MAYFIELD DOING ALL RIGHT LIVE TELL ME LED ZEPPELIN MOTORHEAD IN THE LIGHT 4 DVD + BOOK WORLD IS YOURS (CD/DVD Edition) MARTIN SCORSESE MR. BIG THE BLUES 7 DVD WHAT IF NIRVANA MR. BIG TEEN SPIRIT 4 DVD + BOOK WHAT IF (Deluxe CD/DVD Edition) PINK FLOYD AARON NEVILLE REFLECTIONS 4DVD + BOOK I KNOW I'VE BEEN CHANGED REDNEX NEW MODEL ARMY BEST OF ANTHOLOGY 2CD + 3DVD STOMP NORTH MISSISSIPPI ALL STARS STOMP LIVE HVELREKI TALKING HEADS GERRY & STEALERRAFFERTY ROME CONCERT 1980 COLLECTED 2CD JAMES TAYLOR ROXETTE LIVE IN GERMANY 1986 CHARM SCHOOL VINYL ROXETTE ADELE CHARM SCHOOL -DELUXE- 21 RUMER CURE SEASONS OF MY SOUL + 2 ENTREAT PLUS SONIC YOUTH. = OST = RUMER SIMON WERNER A DISPARU SEASONS OF MY SOUL STRYPER SONIC YOUTH COVERING BAD MOON RISING TALKING HEADS SONIC YOUTH. = OST = ROME CONCERT 1980 SIMON WERNER A DISPARU

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DÉCOUVERTE Moddi Floriography #### Propeller/PIAS Qui ? “Je viens effectivement du Grand Nord, ce qui peut sembler très exo - tique, mais nous sommes reliés au monde ”, raconte avec le sourire ce jeune Norvégien de 22 ans. Lui n’a pas décidé de vivre de la pêche, contrairement à la plupart des habitants de son village, mais de musique. “ En fait, je n’ai pas choisi ! Je n’ai rien choisi ! les choses arrivent. J’ai trouvé l’accordéon sous un escalier à la maison. La guitare était un cadeau et j’ai volé la mandoline !” explique ce fan de Tom McRae, Damien Rice et Godspeed You Black Emperor… Quoi ? Moddi a tout appris seul dans sa chambre. De cette longue période d’hibernation jaillit aujourd’hui un album intense. Une base folk, quelques notes d’accordéon, une voix profonde, gutturale, hantée . R et étonnamment mature pour son jeune âge. “ Quand j’ai commencé . D : o t

à faire des chansons, il y a cinq ans, je n’imaginais pas qu’elles franchi - o h raient la porte de ma chambre ! Je ne pensais pas qu’un autre que moi P les entendrait. Mais le bouche-à-oreille a fonctionné. ” Exilé à Oslo, Mais encore ? Moddi s’arrange pour donner le plus de concerts possible. Repéré, Repéré par Angus et Julia Stone, Moddi assure brillamment leur signé, il choisit d’écouter son instinct et première partie et rêve aujourd’hui de donner une suite à ce premier part enregistrer Islande. “ J’avais ces chan - chapitre. Et se rêve en Sufjan Stevens. “ Sa musique me tue. Quand sons en tête depuis 5 ans et seulement 14 j’avais 15 ans, j’aimais intensément Radiohead. Ces dernières années, jours pour les enregistrer. Ça a été la péri - je n’avais pas craqué intégralement pour un artiste. Age of Odz, le ode la plus stressante de ma vie. Je ne suis dernier album de Sufjan m’a retourné. Si je suis jaloux ? Évidemment ! pas perfectionniste, mais c’est mon premier Il fait de l’électro, de la programmation, joue de la flûte, du banjo, de disque. Je voulais qu’il soit vraiment bien la guitare, de la batterie, il enregistre et mixe… Non, jamais je n’at - et je ne voulais pas brader mes émotions. ” tendrai ce niveau !” L.D.

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| 5 START UP | MARS 2011 | START TOP JANVIER 2010 NEWS

RELEVÉ DES MEILLEURES VENTES POP/ROCK DES MAGASINS ADHÉRENTS The White Stripes (1997-2011) Ces deux-là, on ne pouvait pas les rater : cas les héritiers d’un rock pur et sans déjà ce binôme inédit – une fille qui fioritures, aussi bon dans les décharges tape sur ses fûts aussi bien que la légen- sonores que dans les ballades folk ou les daire Mo Tucker du Velvet Under - reprises pop. Des six albums plus un INDOCHINE PUTAIN DE STADE SONY MUSIC ground et ce jeune gars qui, à peine âgé live, on retient bien sûr Elephant sorti JEAN-LOUIS AUBERT Roc'Eclair EMI de 23 ans, a emmagasiné dans sa guitare en 2003 avec le single Seven Nations IZ Alone in IZ world UNIVERSAL MUSIC vintage tout l’héritage rock, garage, Army, le genre d’hymne pop qui n’at - BEN L'ONCLE SOUL Ben l'oncle soul UNIVERSAL MUSIC punk et blues du Michigan – il était teint sa cible qu’une fois par décennie MUSE The Resistance WARNER MUSIC difficile de passer outre les White et qui transcende les générations. Seven LADY GAGA The Fame Monster UNIVERSAL MUSIC Stripes. En plus, ce tandem a cette idée Nations Army remixé en tous sens dans M Les Saisons de passage UNIVERSAL MUSIC géniale d’un “code couleur”, ce rouge et les clubs et repris en chœur dans les ZAZ Zaz SONY MUSIC blanc emblématique qui va orner à la stades du monde entier. Ce succès fou YAEL NAIM She Was A Boy WAGRAM fois le graphisme et les tenues de scène et inattendu a sans doute eu la peau des KATY PERRY Teenage Dream EMI de Meg et jack White, faux couple mais White Stripes, Jack White s’enfuyant SOPRANO La Colombe EMI vrai groupe qui se fait surtout remar - vers de nouvelles aventures (The Racon- ADELE 21 NAIVE quer par ses concerts d’une puissance teurs, Dead Weather et bientôt Rome) COCOON Where the oceans end UNIVERSAL MUSIC rare. Et c’est l’Angleterre, qui comme dès que la gloire devenait trop enva- JAMIROQUAI Rock Dust Light Star UNIVERSAL MUSIC souvent, va tirer les White Stripes d’un hissante. Merci donc aux White Stripes ANGUS & JULIA STONE Down the way WAGRAM relatif anonymat américain à la fin des d’avoir réveillé une fois de plus cette MADEMOISELLE K Jouer Dehors EMI 90’s pour les imposer outre-Manche musique rock qui n’attend dès à présent DUFFY Endlessly UNIVERSAL MUSIC comme les Sauveurs du rock, en tout qu’une nouvelle réincarnation. H.C. ANNA CALVI Anna Calvi PIAS

MUSE Absolution WARNER MUSIC

LOUIS CHEDID On ne dit jamais assez aux gens... PIAS

MICHAEL JACKSON MIchael Jackson's Vision SONY MUSIC

NEIL YOUNG Harvest WARNER MUSIC

BOOBA Lunatic WARNER MUSIC

ALOE BLACC Good Things WAGRAM

DAFT PUNK Tron L'Héritage (BOF) EMI

AYO Joyful UNIVERSAL MUSIC

MOTORHEAD The World Is Yours EMI

THE DOORS The Doors WARNER MUSIC . R SONY MUSIC . GOSSIP Music For Men D : o t

EAGLES Hotel California WARNER MUSIC o h P

RÉÉDITION Primal Scream En décembre dernier, la troupe de Bobbie Gillespie, réunie dans sa les clubs du pays avec en pointe la Hacienda de Manchester. Déjà, formation originale, sillonnait les scènes britanniques en revisitant New Order, Stones Roses et Happy Mondays ont mixé guitares son meilleur album, ce fameux Screamadelica d’il y a deux décen - rock, beats électroniques et mélodies pop mais c’est Primal Scream nies et qui, ce mois-ci de façon opportune, fait l’objet d’une réédition qui réussit l’alchimie et le timing parfait en 1991 grâce à la produc - luxueuse. Screamadelica nous ramène dans cette Angleterre de 1990, tion d’Andy Weatherall, l’un des pionniers de l’acid house avec son une date importante, partagée entre optimisme et nouveauté : c’est club Shoom, et qui infuse ce nouveau son dans les mélodies out - à la fois le départ de Margaret Thatcher après 11 ans de règne et l’ar - rageusement pop du groupe. 20 ans plus tard, c’est avec nostalgie rivée massive de la house music et de la techno qui résonne dans tous que s’écoute cet album, qui à l’époque était agencé pour fonctionner avec un trip d’excstasy (!). Certes, le son a un peu vieilli mais les chan - sons de Gillespie restent intemporelles. À redécouvrir donc dans cette version remastérisée. H.C. Coffret Screamadelica : l’album original + le Ep Dixie Narco + Cd live inédit + DVD making of de l’album

. + T-shirt vintage R . D : et livret o t o h

P (Sony Music)

| 6 START UP | MARS 2011 | NEWS

3 QUESTIONS À The Shoes FRANÇAIS DE REIMS, COMME THE BEWITCHED HANDS OU YUKSEK, CE JEUNE GROUPE SURDOUÉ PROPOSE UN MARIAGE POP ET ÉLECTRO, ÉRUDIT, DANSANT ET TUBESQUE. QUI DIT MIEUX ? n o s t a W n i v a G : o t o h P Vous existez depuis quelques années, sous différentes identités... Avec Benjamin, ça fait 12 ans qu'on fait de la musique. Nous sommes originaires de Bordeaux, puis de Reims. On a pris la vague French Touch 2.0 (Ed Banger, par exemple) en plein dans la tronche. On était fasciné par ce nouveau son. Ça nous a mis le pied l'étrier. On a sorti deux maxis sous le nom de The Shoes. On avait pris une photo de nos pieds et choisi ce nom de groupe comme deux abrutis en pen - sant en changer après, mais comme ça a marché, notamment au Japon, il était trop tard. Vos interprètes chantent en anglais, vous enregistrez à Londres, la pochette de votre disque rappelle This is England. Seriez-vous anglophiles ? Oui et l'acteur qui joue dans notre clip Stay the Same, Johnny Harris, joue dans la série This is England 86. Le photographe qui fait toutes nos pochettes, Gavin Watson, est une figure mythique de l'Angleterre a influencé le réalisateur de This is England. Pour nous, c'est une image d'Épinal. Je suis du nord de la France, ce sont mes origines. C'est le petit Français qui se fait son fantasme de l'Angleterre, comme les rappeurs d'ici avec les États-Unis. À force d'avoir une vision déformée de l'Amérique, ça donne des idées intéressantes. J'espère qu'avec notre vision de l'Angleterre, on donne nous aussi des choses singulières. Tous deux, vous avez travaillé avec Gaëtan Roussel et Raphael ? The Shoes est notre raison de vivre, mais nous sommes aussi réalisa - teurs. On adore insuffler nos idées aux autres, surtout quand ils sont loin de notre univers. Ça fait de belles ren - contres car Gaëtan Roussel, qui est devenu un ami, est quelqu'un d'extra - ordinaire. F. R.

Crack My Bones #### Green United Music/PIAS

COUPS DE CŒUR « Das Raciste, un groupe de rap new-yorkais. Je produis un peu pour eux. Et Benjamin aime Black Angel. On adore Atlas Sound. Nos goûts partent dans tous les sens. »

| 7 START UP | MARS 2011 | EN COUVERTURE

NROUVEAU COUP DE M.AÎTREEPOUR LES GÉORGIE.NS QUMI PROUVENT QUE LE TALENT. NE DE DILUE PAS AVEC L’ÂGE. ÉCLECTIQUE, ABRASIF, MÉLANCOLIQUE, CE NOUVEAU CHAPITRE RAPPELLERA AUX FANS LES GRANDES HEURES DU GROUPE. ENTRETIEN AVEC PETER BUCK déjà ? Je ne sais pas. Elle pos - sède un bar où il aimait bien aller… Tous les invités nous apportent quelque chose de neuf, de frais et d’excitant. Quoi qu’ils fassent, c’est intéressant et ça donne à la chanson une tout autre dimension. Que vous inspire votre longévité ? C’est impressionnant d'être toujours ensemble trente ans plus tard, c'est une leçon d’hu - milité, je trouve… Mais je n'y pense pas constamment. Ressentez-vous le besoin de travailler avec Michael et Mike, et uniquement eux ? Disons que c’est… ce que nous savons faire ! Il y a une excellente alchimie entre nous, l’inspiration ne tarit pas.

. On entend de la mandoline R . D

© sur ce disque. Êtes-vous son Vous avez enregistré dans trois dif - meilleur ambassadeur dans le rock ? PAR FLORENCE RAJON férents endroits : Berlin, la Nouvelle (Petit rire) non. Disons je sais faire deux-trois trucs. Il y a d’excel - Orléans et Nashville. Aviez-vous besoin de partir de chez vous pour lents musiciens bluegrass, genre que je ne pratique pas. J’ai mon style, trouver l’inspiration ? mais je n’arrive pas à la cheville de ces virtuoses. Je crois qu’on avait envie de sortir de nos habitudes, de notre routine. La mandoline évoquera toujours Losing my Religion... On n’a pas envie d’enregistrer à la maison parce que c’est la maison Oui, alors que je jouais de la mandoline depuis une semaine quand et qu’il y a des tâches ménagères qui nous attendent ! On préfère se on a écrit cette chanson ! L'idée est arrivée de nulle part et vingt ans concentrer sur la musique. Et nous adorons ces trois villes. plus tard, on en parle encore... La mandoline est une autre façon de Ces lieux ont-ils inspiré les chansons ? s'exprimer, c'est un instrument à part. Sans doute un peu. J'aime tout particulièrement rouler dans les Est-ce que cette chanson vous pèse aujourd’hui ? endroits que nous traversons, j'entends de la musique par la fenêtre, Non, je pense qu’elle ne m’ennuiera jamais. Je suis très fier de ce ça m'inspire. Particulièrement à La Nouvelle-Orléans, où on entend morceau, qui est excellent. Ce n’est pas celui que je préfère, mais il toujours un jazzman incroyable et des musiciens funks exception - fait partie de ma vie, il est là, il existe. nels. Au studio Hansa où nous avons enregistré, on ne pouvait pas Vous été de fervents supporters d’Obama. Est-ce toujours le cas ou ignorer les traces du passé (la trilogie berlinoise de Bowie, entre autres, faites-vous partie des déçus ? ndlr) . Je pense qu’on ne pouvait pas connaître pire que le président auquel Comment travaillez-vous ? Chacun de votre côté ? il a succédé. Je trouve qu’il s’en sort plutôt bien… Chacun écrit dans son coin, puis on rassemble nos idées et on tente Êtes-vous toujours en contact avec Bill Berry ? Pourriez-vous tout différents tempos, différentes gammes. En général, tout est prêt une quitter comme lui ? bonne semaine avant qu’on entre en studio. Il ne reste plus qu’à tra - Bill ne pourrait plus vivre ma vie, ni moi la sienne. Il en avait vrai - vailler le chant et les textes. ment assez. Patti Smith et Eddie Vedder invités sur l’album, mais aussi Peaches, Le voyez-vous encore ? ce qui est plus inattendu... De temps en temps, quand je suis en Georgie. Il a des gamins dont Michael l’a croisée par hasard à Berlin. Peut-être la connaissait-il il s’occupe, mais je ne sais pas ce qu’il fait d’autre.

| 8 START UP | MARS 2011 | EN COUVERTURE

Quels groupes écoutez-vous aujourd’hui ? Ces dernières semaines, j’ai acheté le nouvel album de Kanye West R.E.M EN CINQ DISQUES et The Phantom Band. C’est de loin le meilleur disque que j’ai entendu depuis longtemps. *si vous deviez n’en posséder qu'un Comment vos fans vont-ils recevoir ce disque ? In time : the best of R.E.M (Warner) Je pense que c'est un excellent disque et qu’ils ne seront pas déçus. Il Une compile des années Warner (1988-2003), y a des chansons qui leur rappelleront certainement les années 90, celles de la consécration, des grands espaces et de mais d'autres choses aussi car c'est un grand brassage d’émotions dif - la maturité. De Green à Reveal , une collection de férentes, d’horizons diverses, dans cet album. Au sein du groupe, morceaux rescapés d'albums pas forcément aussi inoubliables. nous sommes déjà comblés et ceux qui nous entourent aussi. *si vous deviez n’en posséder que deux : Est-ce que la voix de Michael Stipe vous touche autant qu’à vos And I feel fine : the best of the I.R.S. Years (EMI) débuts ? Le résumé des jeunes années toute en poésie Je suis toujours stupéfait, oui. Sa voix me fait frissonner, ses mots bizarre et en primesautières mélodies. L'éclo sion aussi. Je pense que c’est le meilleur disque qu’il ait fait. d'un groupe au charme singulier. Il a affirmé que c'était un disque moins politique... *si vous deviez n’en posséder que trois : Il me semble que c'est un disque plus gai, plus personnel. La poli - Automatic for the people (Warner - 1992) tique, on a donné. Le mélancolique chef-d' oeuvre d'artistes refu - Allons-nous vous voir en France ? sant d'être les otages des charts après le raz de Non, ni en France ni ailleurs je crois. On a déjà beaucoup tourné il marée Losing my religion. Tombant son mas- y a deux ans et on n’a pas spécialement envie de recommencer cette que hérmétique, Michael Stipe est boulever - fois. On n’a pas besoin de le faire à chaque fois ! sant de nudité émotionnelle. Que faites-vous quand vous ne jouez pas avec REM ? *si vous deviez n’en posséder que quatre : Je fais de la musique avec d'autres ! Life's rich pageant (Warner) J'ai toujours cinq ou six groupes En 1986, le parfait équilibre entre la dentelle rêveuse des débuts et en chantier, j'accompagne, j'ai au une rage électrique inédite creusée ensuite sur Document et Green. moins une session deux fois par *si vous deviez n’en posséder que cinq : Murmur (Emi) semaine, je produis. Donc la 1983 : l'acte de naissance – la même année que les Smiths – d'un musique est omniprésente dans groupe mystérieux, rimbaldien porté par la voix nasillarde d'un ma vie. I gringalet égrainant des paroles obscures. B.R. Collapse Into Now #### (Warrer)

| 9 START UP | MARS 2011 | POP Keren Ann RETOUR EN BEAUTÉ DE LA “NOLITA”. UN SIXIÈME ALBUM NÉ ENTRE TEL-AVIV, , PARIS ET REYKJAVIK OÙ ELLE BRILLE UNE FOIS ENCORE PAR SON TALENT DE MÉLODISTE ET ARRANGEUSE . R . D O T O H P

Sur la pochette, à l’esthétisme “Avengers”, l’hommage aux années 70 qui l’ont fortement marquée, on sent PAR FLORENCE RAJON elle arbore une coupe au bol et un flingue poindre aussi quelques douleurs. Depuis son précédent album, de tueuse. Un look soigné de femme fatale en noir et blanc, très Keren Ann a perdu son père et l’esprit de cette figure bien aimée graphique et bien loin des débuts folk tout en dentelles. Mais en hante l’album. Pour lui, elle a passé du temps à Tel Aviv, abandon - chair et en os, dans un bel hôtel du XVIII ème arrondissement de Paris, nant momentanément une vie de marin - elle s’est fait tatouer une Keren Ann est la même que toujours : silhouette élancée, cheveu ancre sur l’intérieur du poignet et reconnaît avoir un studio dans long et verbe précis. Après un album éponyme enregistré à New chaque port (New York, Paris, Tel Aviv et Reykjavik). Pour lui aussi, York, des collaborations remarquées avec des artistes aussi différents et parce que la spiritualité la gagne sûrement, elle achève ce bel que Sylvie Vartan, Emmanuelle Seigner et Bardi Johansson, bien sûr, album par un poème en forme de compte à rebours de 101 (un le complice de toujours qu’elle a retrouvé pour son projet parallèle chiffre qui la suit depuis toujours) Lady & Bird, elle revient avec un sixième album qu’on peut considé- images dont l’idée lui est venue en rer comme la plus belle réussite de sa déjà riche carrière. redescendant à pied les 101 étages Distillant des ambiances contrastées, elle passe d’une ouverture élec - d’un gratte-ciel de Taï-pei. Toujours tro (My Name is Trouble) au folk apaisé (You Were on Fire) avec une surprenante, toujours pertinente, constante chez cette remarquable mélodiste : le souci du beau, du cette infatigable nomade musicale simple et du vrai (All the Beautiful Girls). On la découvre aussi plus n’a pas fini de nous envoûter. I joueuse, plus insouciante sur Blood on my Hands ou Sugar Mama. Entre le classicisme Brill Building et le clin d’œil à la Prohibition , 101 #### (EMI)

| 10 START UP | MARS 2011 | FOLK

3 QUESTIONS À James Vincent McMorrow IRLANDAIS, DOTÉ D’UN TIMBRE VOILÉ QUI RAPPELLE RAY LAMONTAGNE, CE MUSICIEN FOLK EST L’UNE DES BELLES SURPRISES DU DÉBUT D’ANNÉE. RENCONTRE . R . D : o t o h P

Vous débarquez avec un premier album très abouti. Le chemin jusqu’à nous a-t-il été long ? Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un… lors d’un concert, j’ai fini par attirer des directeurs artistiques, des éditeurs… Après ça, je suis parti enregistrer mon disque. Mais il m’a fallu beau - coup de temps pour le terminer... Deux ans tout de même ! Je n’avais plus d’argent ou je n’étais pas très heureux du résultat… Vous avez enregistré en Irlande, seul, dans une maison face à la mer. Est-ce que le lieu vous a inspiré ? Oui ! J’y suis resté six mois. La maison était suffisamment isolée pour que je n’embête personne. C’était une période d’introspection et d’im - mersion musicale totale. C’était même pesant cette isolation à la longue. La mer était omniprésente, on peut sans doute l’entendre sur certaines chansons. Vous étiez fasciné par les productions de Neptunes et Timbaland… Comment êtes-vous arrivé au folk ? Je suis conscient de mes limites et je n’ai jamais eu l’intention de rap - per ! Je suis plus inspiré par ce que peuvent faire des artistes comme Sufjan Stevens. Quand j’ai entendu Illinoise, je me suis dit qu’il était donc possible de faire un disque seul. On n’avait pas besoin d’argent, de major, de studio… Il y a un renouveau artistique vraiment sain. Quand je vois que The National est premier du top, ça me rend heureux. Il y a quinze ans, ils n’auraient même pas été dans les 100 premiers ! Aujourd’hui, parce que mon disque s’est bien vendu en Irlande (où il est sorti un an plus tôt), je suis libre de faire ce que je veux. Finalement, c’est la meilleure période pour faire de la musique ! FLORENCE RAJON

Early in the Morning ### EMI

| 11 START UP | MARS 2011 | SOUL

PLUS DENSE, PLUS RICHE, PLUS ÂPRE... LA NOUVELLE AYO SORT LES GRIFFES Ayo ET CA LUI VA BIEN. RENCONTRE

une période sombre et en même temps, c’est la vie ! Tout ça m’a donné envie de vivre encore plus intensément car on ne sait pas combien de temps il nous reste ! Je peux être heureuse de tout ce qui m’arrive, de vivre de ma musique et d’avoir des gens qui se déplacent pour m’en - tendre. Je n’ai plus envie de perdre mon énergie pour des choses qui n’en valent pas la peine. Vous avez malgré tout eu une petite fille qui donne son nom à l’album… Oui, j’étais enceinte de 5 mois pendant l’enregis-- trement du disque. C’était parfait avec les hormones, ma voix était plus forte. Aujourd’hui, Billie-Eve a 6 mois, elle me donne beau - coup de force. Mais surtout, si j’ai donné son nom à l’al - bum, c’est que pour moi, la foi, la croyance (Billie Eve est un jeu de mot sur “Believe”, croire) est indispensable. . R

. Rien n’est impossible quand D : o t on croit. On est créatif, o h P inspiré, confiant… Vous avez travaillé avec -M- Pourquoi avoir enregistré à New York ? mais sur deux chansons seulement… PAR FLORENCE RAJON J’adore enregistrer là-bas et mes musi - On s’est croisé à Londres il y a trois ans, pour un grand jam organisé par ciens, le guitariste de et la bassiste Gail-Ann Dorsey Damon Albarn. On a joué, Mathieu et moi avec Flea (The Red Hot () y vivent. Quant à mon batteur, c’est un authentique Chili Peppers). Après ce concert, nous sommes devenus amis. C’est un nomade. C’est la première fois que je produis un album toute seule. musicien comme il y en a peu en France. Il est très ouvert, il a un univers C’était très important d’avoir ces musiciens avec une couleur rock qui part dans toutes les directions, il a une vision. C’est quelqu’un qui 70’s que j’aime. On a enregistré dans un studio vintage vraiment par - écoute. C’était un plaisir de travailler avec lui. Quand il est venu en stu - fait, pas grand, humain. C’était un plaisir de faire ce disque. dio, mes musiciens américains étaient épatés. Ils ne voulaient plus le On sent plus d’énergie chez vous, mais aussi un registre tout laisser repartir ! C’était un moment magique. neuf… Y a-t-il une chanson qui vous tient Je devais changer. J’avais déjà fait du folk/soul sur les premier et deux - particulièrement à cœur ? ième albums. J’ai écouté beaucoup de reggae et de soul, mais aussi du How Many People, qui ouvre l’album, rock, grâce à ma mère. Et curieusement, ça ressort avec l’âge. La soul, le m’est chère. Ça s’adresse à tout le jazz, le blues, l’afrobeat et le rock, pour moi, tous ces genres ont la même monde, y compris à moi-même : où origine. Tant que la musique est sincère. Et puis ma vie a été boulever - sont les Nelson Mandela, les Martin sée ces deux dernières années. J’ai subi une opération assez délicate après Luther King aujourd’hui ? I une grossesse extra-utérine qui s’est déclarée pendant ma dernière tournée. Je pensais que je ne pourrais plus avoir d’enfant, j’ai traversé Billie-Eve ### (Polydor/Universal)

| 12 START UP | MARS 2011 | ROCK

AMBIANCES TRIBALES, ELECTRO, FOLK... TOUS HORIZONS POUR LE DUO FRANCO-FINLANDAIS The Dø QUI COMPTE BIEN CONQUÉRIR LA PLANÈTE PAR LAURENT DENNER

Avez-vous enregistré ce disque dans les mêmes conditions que le premier ? Olivia : On a commencé dans une maison dans le Lubéron, en pleine nature, c’était très apaisant. Dan : On n’a pas arrêté, à vrai dire. On fait tout, composition, enregistre- ment, mixage. La seule chose compliquée, c’est le temps pour lancer la machine. Ce qui a changé, c’est qu’Olivia avait son propre studio. On a com - . R mencé en s’échangeant des . D : o t idées puis il y a eu un tour - o h nant : le titre Dust it Off. P O : Il a donné la couleur de l’album : minimal, pur et nocturne. Et que fait très bien Radiohead. inspiré la pochette comme les photos. Quels films, quelles images aviez-vous en tête pendant l’enregis- Les lieux vous inspirent-ils ? trement ? D : Beaucoup. Pour celui-ci, on a fait les photos en Finlande au D: Celles d’ Onibaba (1964), un des plus beaux films qu’on ait jamais moment de la Saint Jean, le jour le plus long de l’année. vu. Le genre d’œuvre dont on ne comprend pas qu’elle ne soit pas O : On a pris une petite barque de nuit, c’était un moment magique. universellement reconnue. There Will be Blood nous a remués. On est D : Il y a de la fumée qui sortait de l’eau, on était au milieu de nulle très fans d’ Apocalypse Now qu’on peut revoir éternellement. Cette part. On s’est arrêté sur un rocher. C’est là qu’Olivia a vécu toute son histoire de voyage sur un fleuve, c’est l’histoire de la création d’un enfance. album. On va au plus profond. C’est une souffrance. Préférez-vous le huis clos ? Vous ne souhaitez pas impliquer une Avez-vous ressenti une forte pression après le succès de A Mouthful ? tierce personne ? O : On s’est posé quelques questions on ne peut pas le nier. Pour ça, D : On a des amis qui donnent leur avis, mais on n’a pas envie d’une il faut être encore plus égoïste, ignorer ce qui nous entoure et s’enfer - aide extérieure. C’est compliqué de travailler avec nous. On peut se mer complètement. permettre ce qu’on veut entre nous. D : Pour le premier, on s’en foutait, on avait des commandes à droite O : C’est une quête de pureté. à gauche, on ne savait même pas qu’on faisait un album. Ce qui était D : On s’autosatisfait, on peut critiquer, déstructurer ce que l’autre a dur, là, c’est qu’on était en huis clos avec objectif de finir un album. Un fait. Si quelqu’un d’extérieur me faisait des remarques, je lui péterais peu comme le Colonel Kurtz (d’Apocalypse Now, ndlr), quoi ! Mais la gueule ! Donc surtout pas d’arrangeur, de producteur ou de mixeur. tout est relatif. Notre succès en France, ce n’est rien ! On est vierge Olivia, comment écrivez-vous les textes ? ailleurs et c’est ça qui est beau. O : C’est assez instinctif, toute une vie intérieure que je traduis de la On a envie de partager ces chan - manière la plus sensible possible. J’essaie de ne pas rester dans l’anec - sons partout. On a joué au dotique car j’aimerais toucher le plus de gens possible, comme un Canada, aux États-Unis, en Amé- conte. J’ai beaucoup décortiqué les paroles des chanteurs que j’aimais rique du Sud, en Australie, à quand j’étais ado : Alanis Morissette (Dan grimace, elle s’adresse à Istambul… Il y a plein de choses lui)... Tu ne connais pas Alanis Morissette, ne fais pas ton snob à faire. I jazzeux ! Björk, PJ Harvey, Fiona Apple… Both Ways Open Jaws Quel est votre terrain commun ? #### (Cinq 7/Wagram) D : Sûrement pas Fiona Apple et Alanis Morissette ! O : Le hip-hop et le jazz. Et aujourd’hui, le classique contemporain. LES COUPS DE CŒUR DE THE DØ D : Ce sont des musiques qui nous surprennent. J’ai du mal avec les Dan : “My Gold Mask, un groupe de Chicago.” chansons. C’est comme les films : il n’y a rien de pire que de savoir ce Olivia : “Micachu, je ne jure que par elle.” qui va se passer. En musique, c’est pareil. J’ai envie d’être bousculé ; ce

| 13 START UP | MARS 2011 | POP

BELLE, TALENTUEUSE ET VISIONNAIRE, LE PRODIGE ELECTRO-POP Lykke Li SUÉDOIS S’OFFRE UN RETOUR EN BEAUTÉ . R . D : o t o h P

PAR LAURENT DENNER A la fin de votre tournée de 2008, vous confiance soit grande et réciproque. avez connu des moments de doute… Vous intéressez-vous à ce que font vos contemporains, musicalement ? Après deux années passées sur la route, c’est difficile de voir tout le Assez peu. Je préfère retourner aux valeurs sûres comme Nina monde rentrer chez soi, surtout quand on n’a pas de “maison”. J’ai Simone ou Neil Young. J’entends peu d’artistes de cette trempe brutalement réalisé que ma vie était instable et incontrôlable. Après aujourd’hui. Mais lorsque j’ai découvert Bon Iver, j’ai instantané - l’euphorie, j’ai touché le fond. Je me suis donc échappée, j’ai fait une ment ressenti la même intensité d’émotion. longue pause sans rien planifier. J’ai loué une maison à Los Angeles, Avez-vous toujours eu besoin de vous exprimer artistiquement ? dormi, fait des ballades à vélo, regardé des films. Finalement, la vie Oui, car je me suis toujours sentie en marge, même au sein de ma “normale” m’a paru ennuyeuse et je me suis remis à écrire et j’ai famille pourtant excentrique. Je n’arrivais pas à m’intégrer. J’étais la enregistré un disque. timide, coincée au milieu avec une grande sœur extravertie et très Vous dites avoir apprivoisé votre tristesse… belle. L’équilibre était difficile. J’ai réalisé que cette mélancolie fait partie de moi. Elle a toujours été Une de vos chansons a illustré la bande-son de Twillight. Vous sen - là et je ne peux pas la faire disparaître. J’ai passé beaucoup de temps tez-vous encore proche de votre adolescence ? au Portugal, enfant. Ils ont un mot qui n’existe pas vraiment ailleurs, Oui, cette phase n’est pas loin, je le sens. C’est la période la plus dif - “saudade” qui me correspond bien. Le problème, c’est essayer de ficile d’une vie, je pense et je suis heureuse de m’en éloigner ! combattre sa nature. Longtemps, je me suis demandé pourquoi j’é - Etes-vous toujours aussi dure avec tais ainsi. J’ai essayé de devenir quelqu’un d’autre, mais plus je lut - vous-même ? tais, plus j’étais malheureuse. Alors je l’apprivoise et c’est beaucoup Je préfère cet album à mon premier, qui mieux. J’ai évidemment une autre facette que je ne montre pas dans ne transmettait pas assez bien ce que je mon art. Le bonheur est une chose très personnelle. Les gens mour - voulais exprimer et j’ai encore du mal à raient de savoir à quel point je peux être heureuse ! aimer ma voix ! I Votre musique est très visuelle. Vous considérez-vous comme une artiste “totale” ? Wounded Rhymes #### (Warner) Oui, j’adore m’occuper de l’image, des photos et des vidéos. Mon dernier clip, I Follow Rivers, par exemple, a été tourné à Farö, où Tarkovski a filmé Le Sacrifice. Je suis très heureuse d’avoir pu réaliser LES COUPS DE CŒUR DE LYKKE LI ce projet assez important. CD Qu’est-ce qui vous inspire ? Beach House, un groupe de Baltimore (fondé par la nièce de Michel Je regarde énormément de films : Polanski, Cassavetes (Opening Legrand). Et bien sûr, Songs on Love and Hate de Leonard Cohen, le Night) . Et j’aime le travail de photographes comme Richard Ave - meilleur songwriter au monde ! don et Hedi Slimane… Si je n’avais pas fait de musique, j’aurais DVD aimé être réalisatrice. Days of Heaven de Terrence Malick (1978). Un très beau film avec Aimeriez-vous être la muse de quelqu’un ? des couleurs incroyables, très pur. J’adorerais ! J’aimerais trouver ce collaborateur, mais il faut que la

| 14 START UP | MARS 2011 | ROCK My Little Cheap Dictaphone

LE PARCOURS D’UN ARTISTE CONFRONTÉ À SES DÉMONS… C’EST L’IDÉE DU RÉCENT ALBUM DE MLCD, GROUPE BELGE À LA CRÉATIVITÉ SANS LIMITES ET AU TALENT UNANIMEMENT RECONNU

Comment est né ce projet d’opéra rock, cock qui nous a inspiré le visuel de l’album, de la scène, et les PAR FLORENCE RAJON si l’expression ne vous heurte pas ? images d’une ville des années 50. Je me suis donc beaucoup docu - On a toujours essayé de faire global, que ce soit pour la musique, la menté puis j’ai écrit ma propre histoire. Ça fait 15 ans que je fais pochette ou la scène… On a rencontré des scénographes, des de la musique et j’ai vécu pas mal de choses même si ce n’est pas à vidéastes, on a travaillé avec un arrangeur. Au fur et à mesure, les la même échelle que Brian Wilson ou Tom Waits. J’avais besoin d’y gens ont commencé à nous dire, « mais ce que vous faites, c’est un mettre une part de moi-même pour incarner le personnage et opéra rock ! » C’est vrai que le terme rappelle le rock progressif des chanter de manière convaincante. années 70, mais on a dû se résoudre à appeler ce disque ainsi ou Vous avez travaillé avec Jonathan Donahue (Mercury Rev). Com - « opéra pop », parce qu’on raconte une histoire avec des arrange - ment l’avez vous convaincu ? ments un peu classiques, des vidéos et un spectacle. Nous avons une amie commune. Quand on a écrit Ce n’est pas Notre Dame de Paris non plus ! Sur scène, l’histoire, on a réalisé qu’il y avait des rôles et qu’il fal - on respecte l’ordre des chansons, on a pour décor une lait d’autres chanteurs que moi. On a fait une liste de ville américaine des années 50 et on projette des chanteurs possible et les trois premiers noms de la liste : vidéos. Back heart Procession, Jonathan Donahue, Alamo Race A qui pensiez-vous en écrivant ? Track sont les trois qui se sont retrouvés sur le disqu e. L’histoire raconte le parcours d’un artiste torturé qui Est-ce le métier qui rend fragile ou attire-t-il ceux qui peut être acteur ou chanteur. Je me suis beaucoup ont des fêlures ? inspiré de la vie de Brian Wilson, le chanteur des Un peu des deux, mais je pense qu’on fait de la musique Beach Boys. Ça aurait aussi pu être Tom Waits ou Johnny Cash qui parce qu’on a besoin d’exprimer des failles. Moi qui suis quelqu’un de ont un parcours similaire ; ils ont des fêlures mais ont besoin de très timide, la musique m’a permis de sortir de ma coquille. musique. Tout au long de leur vie, ils vont combattre leurs démons Vous avez une belle réputation en Belgique et ailleurs aujour - intérieurs. d’hui… Comment voyez-vous la suite ? Au départ du projet, il y a vous seul ? On a eu un super accueil en Belgique et au Royaume-Uni. On a J’ai eu l’idée, mais c’est un projet collectif. On s’est isolé dans un passé trois ans sur ce disque et on est très heureux de ne pas l’avoir chalet, dans la forêt des Ardennes. On avait trop de chansons, trop fait pour rien. Aujourd’hui, on a envie de faire vivre cet album au d’idées, il a fallu plus d’un an pour mettre tout en place et enregistrer moins deux ans, grâce à des tournées… l’album. On a aussi regardé beaucoup de films. Quels sont vos derniers coups de cœur ? Lesquels ? Anna Calvi, Cold War Kids, j’adore le Montréalais Patrick Watson, Aussi bien des films de Cocteau que de David Lynch, notamment et Benjamin Biolay. I Lost Highway et Mullholland Drive, Breaking the Wave de Lars Von Trier. On s’est aussi replongé dans Vertigo (Sueurs froides) d’Hitch - MLCD : The Tragic tale of a Genius #### (At (h) ome/Wagram) N O R E M K : o t o h P

| 15 START UP | MARS 2011 | CHANSON Hubert-Félix Thiéfaine GROS PASSAGE À VIDE PUIS RENAISSANCE POUR LE POETE ET ROCKEUR AVEC CE BEL ALBUM AUX COLLABORATIONS (ARMAN MELIES, JP NATAF, DOMINIQUE DALCAN) AUSSI VARIÉES QUE RÉUSSIES

je suis tout petit, je ne supporte pas que dans un film on montre le débarquement en Normandie avec un 4x4 de 1956. Ça me choque vraiment. Le titre de l'album fait référence Nietzsche ? Suppléments de mensonge. J'ai tellement aimé ce titre que j'ai oublié ce qu'il expliquait ensuite. Ça m'a plu parce que j'ai un problème avec le mensonge. Comme j'ai les yeux très clairs, je pense qu'on peut voir mon cerveau à travers ! J'ai toujours perçu comme un défaut, cette incapacité à mentir. J'ai une grande admiration pour ceux qui s’arrangent avec la vérité. Les femmes en particulier, qui se maquil - lent, mettent des talons hauts... Je suis attiré par le mensonge car la vérité n'est pas toujours bonne dire. je l’ai appris durement. On vous a longtemps traité de marginal, mais vous n'en êtes plus vraiment un... Pour moi la marginalité, c'est quand je crevais de faim à Paris au début des années 70, que je ne savais pas où dormir et que j'étais malade. J'ai peut-être été marginal par rapport au milieu, aux autres. Mais ce n'est pas mon problème. Je n'aime tout simplement pas faire de la télé. Vous préférez tourner ? Oui, mais pas non stop. Il se trouve que j'ai eu des problèmes de santé en 2008. J'ai d'ailleurs travaillé sur un disque que je n'ai pas enregistré Il devait s'appeler Itinéraire d'un naufragé. J'ai été victime d'un burn out, un épuisement, mélange de dépression, d'alcoolisme, des sub -

n stances un peu zarbies, de surmenage professionnel... Je ne voulais a h r O pas faire la tournée de 2008, je sentais que j'étais au bout. Je ne l'ai pas n n a Y

: terminée... J'ai été bien soigné et j'ai fait une thérapie. Ça m'a allégé o t o h

P l'esprit. J'ai abandonné mon album fantôme... Vous avez eu une longue carrière. Vous y repensez ? J'ai monté mon premier groupe 12-13 ans avec cette idée fixe et j'y ai passé ma vie. J'ai construit mon tombeau avec ça, un peu comme Comment avez-vous choisi les collabo - le facteur cheval. Mais j'ai réalisé les rêves de ma jeunesse. J'ai failli PAR FLORENCE RAJON rateurs de cet album ? tout arrêter en 1983... Et puis le succès est arrivé. Je ne pouvais pas Je trouvais qu'il y avait quelque chose de féminin dans ce disque, imaginer qu'avec ce que j'écrivais, j'y arriverais donc je cherchais une femme. Sur les conseils d'un ami musicien et Redoutez-vous le retour sur scène ? parce que je suis La Grande Sophie, j'ai découvert Edith Fambuena Oui, pas pour l'alcool, mais parce que ça fait (la productrice, ndlr) . Je ne connaissais pas son histoire. Elle a voulu trois ans que je ne suis pas monté sur scène travailler avec Jean-Louis Piérot, je ne savais pas qu'ils avaient fait un et finalement, c'était pas si mal d'arrêter.... I groupe. Vous vous laissez facilement diriger ? Disons que les arrangements me plaisent... ou pas. Quand je sens Suppléments de mensonge ### (Sony Music) que c'est bien fait, on peut m'emmener où on veut ! Vous avez travaillé avec des compositeurs. COUPS DE CŒUR Je fais des castings ! Le même texte va plusieurs compositeurs et je CD : La musique contemporaine, Arvö Pärt en particulier. choisis le meilleur, enfin si il s'intègre dans ma vision de la chanson. DVD : je revois Bergman et je me délecte. Il y a une magie chez les Je demande toujours la mélodie sur une guitare ou un piano, mais il Suédois. On retrouve chez Strinberg, l'écrivain, pas le dramaturge. n'y en a pas un qui objet, ils font tous des arrangements. La première Stieg Dagerman aussi. St Petersbourg, Stokholm sont des pôles d'at - chose que je fais, je prends ma guitare et je me réapproprie la chan - traction pour moi. Sinon Jarmush, il y a une grande poésie, l'image son. C'est mon seul critère. J'ai essayé avec des gens très connus, trés est belle. Le clair-obscur. J'aime ses premiers films quand il se doués et qui sont des amis et ça ne marche pas. décriptait lui même. J'aime bien David Lynch. Je regarde aussi beau - Vous retouchez vos textes ? coup de séries : Mad Men, c'est beau. J'ai beaucoup aimé Fringe , Non, mon seul souci, c'est la vérité. Je veux être très précis, tout est surtout pour la comédienne, très attirante. dans le détail. Moi qui suis fou de voitures et de camions depuis que

| 16 START UP | MARS 2011 | ROCK . R . D : S O T O H P Beady Eye

Franchement, qui attendait que Liam PAR FLORENCE RAJON Gallagher fasse autre chose que des fea - turings luxueux et occasionnels ? Et pourtant... Ceux qui avaient misé tous leurs pions sur le frère aîné, Noël, ont commis une grave erreur. Épaulé par ses anciens amis d'Oasis, Gem Archer et Andy Bell (guitare et basse), le batteur Chris Sharrock, le turbulent Gal - lagher revient sous une nouvelle identité, “oeil de fouine”, avec un album sans surprise, mais étonnamment frais et décomplexé. Sans surprise car on y retrouve évidemment l'obsession vintage d'Oasis pour les Beatles ( Instant Karma, en particulier), mais aussi quelques autres gloires des années 60 comme les Stones et les Who. Tempo enlevé, choeurs féminins et murs de guitares... on baigne dans un rock'n'roll glam' solide, produit par la légende Steve Lillywhite (U2, The La's), mais cette fois-ci, les mélodies sont efficaces, accrocheuses et devraient facilement trouver leur place dans le cœur des britan - niques... et des autres. I

Different Gear, Still Speeding ### (PIAS) . R . D : S O T O H P

| 17 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES POP/ROCK

MOGWAÏ Hardcore Will Never Die But You Will #### P COU PIAS DE CŒUR

PETER BJORN & JOHN ### ### Gimme some The Big Roar PIAS Naïve Si une pochette d’un graphisme Que faire lorsqu’on vient du nord douteux peut radicalement nuire à profond du pays de Galles et qu’on votre carrière, un timing malheureux porte un nom à la noix ? On ne peut dans la sortie d’un disque est aussi que tout miser sur des chansons et un handicap. Lancé le même mois The Joy Formidable, menée par la que Beady Eye (voir p.17), ce jeune blondinette et chanteuse Ritzy quatrième album de Peter Bjorn & Bryan sait concocter de petites John est au moins aussi beatlesien bombes punk-pop aux mélodies sau- mais risque éga-lement de passer vages, évoquant autant Smashing beaucoup plus inaperçu… Dommage Pumpkins que SkunkAnansie. Surtout pour cette impressionnante collection il y a un énorme potentiel chez Joy et de mélodies puisées au meilleur de sa muse Ritzie : ces refrains a repren- Lennon/McCartney pour certaines dre en chœur, ces guitares heavy, voire chez Squeeze, XTC ouTeenage cette (super) production façon U2 mais . R .

D Fan Club pour les autres. Passons qui reste assez subtile, bref avec : S O T

O outre la laideur visuelle de l’objet et The Big Roar, The Joy Formidable a H P écoutons Tomorrow has to wait, Dig tous les atouts pour devenir un groupe Faut-il encore présenter cet intense et ombrageux groupe écossais, vétéran a Little deeper ou Second chance pop massif et grand-public. Aujour- et pionnier d’un genre, le post rock, dont il est encore le plus fier représentant. en fermant les yeux. H.C. d’hui au pub du coin, demain dans Surtout le son de Mogwaï s’est avec le temps propagé parmi les nouveaux les stades, sans aucun doute. H.C. noms à suivre du moment et on retrouve ainsi son influence chez Sufjan Stevens, Midlake, Animal Collective ou Joanna Newsom. Et Mogwaï, RON SEXSMITH ### avec ce nouvel album, toujours instrumental, continue d’explorer de Long Player Late Bloomer nouveaux territoires sonores, à la PIAS manière du Pink Floyd en son époque C’est un troubadour des temps moder- ou du groupe allemand Can. C’est nes, un compositeur prolifique et un beau comme une croisière enArtique, chanteur comme on n’en fait plus. c’est planant comme un long spliff Admiré par les plus célèbres des song- mais c’est aussi pour les moins writers, Ron Sexsmith demeure aussi méditatifs, tout de même un peu un secret bien gardé de l’Americana. longuet par moments… H.C. Bien que ce 11 ème album soit produit par Bob Rock qui œuvre en général pour Metallica, les chansons de Sexsmith restent d’un classicisme rare. On est ici sur les terres mélodiques d’un Billy ROCK ‘N’ROLL ANTÉDILUVIEN ### Joel 70’s, de Jackson Browne et de Tom Petty : de la pop U.S. mainstream Le Rock à Baru et idéale sans doute à écouter dans une Chevrolet de location sur une highway BDMusic/HM californienne. Pour les fans du genre donc mais pour les curieux il y a ce Les éditions BDMusic frappent encore, et très fort ! On connaissait les nombreuses tube imparable : Believe it when I see it, à traquer sur le net. H.C. déclinaisons de la maison pour les livres-BD consacrés au jazz, au rock et même au classique. Voici sans nul doute l’un des points d’orgues du dernier festival d’Angoulême avec ce livre consacré aux racines du rock’n’roll, soit 31 titres en 2 CD, 31 dessinateurs pour illustrer les chefs-d’œuvre et 31 biographies pour replacer tout ce petit monde contextuellement. C’est

somptueux et ça donne une très bonne idée de . R . D :

cadeau pour le grand frère ou le papa amateur S O T O H de rock. H.G. P

| 18 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES POP/ROCK

EMERSON LAKE & PALMER DANIEL MARTIN MOORE ### ### The Essential In the Cool of the Day Sony Music Sub Pop/PIAS Grand-guignols de la musique Il faudra bien, un jour, prendre cet symphonique pompière et grandi- auteur-compositeur-interprète très loquente pour les uns, géniaux au sérieux, car au fil de ses albums précurseurs des passerelles entre en solo, DMM s’affirme comme l’un rock et classique pour les autres, des meilleurs song-writers de sa géné - Emerson Lake & Palmer a au moins ration, et Dieu sait s’ils sont nombreux deux avantages à faire valoir. D’abord, sur le petit marché de la chanson indé ! ils auront été les acteurs incon- In the cool of the day est encore mar- tournables des années progressives qué par cette grâce, cette légèreté et des 70’s, ensuite leur legs demeure cette profondeur qui marque les sillons intact aujourd’hui, à l’heure où tous des plus grands albums. Un parfum les styles tentent de fusionner avec d’acoustique dans un univers boisé plus ou moins de bonheur. Une très et doucereux, qui vous prend calme- belle compilation. H.G. ment et irrémédiablement la tête. H.G. KURT VILE

COUP Smoke ring for my halo DE ##### CŒUR Beggars/Naïve A X E L A : S O T O H P Comme beaucoup de ses collègues américains, tels Adam Green avec ses Moldy Peaches ou Jay Reatard avec the Lost Sounds, Kurt Vile s’est émancipé de son groupe d’origine (The War on Drugs) au profit d’une aventure solo beaucoup plus prometteuse. Comme avec ce 4 ème album, remarquable promenade folk rock pour un song-writer âgé seulement de 22 ans mais à la mémoire longue : on y entend l’ombre de Lou Reed et le son du 3 ème Velvet, les mélodies de Jonathan Richman et partout un talent fou pour les chansons rurales et psyché (De Jesus Fever à Ghost Town, c’est un sans-faute) avec en prime une atmosphère très folk 70’s qui plaira à tous. H.C.

| 19 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES FRAN ÇAIS

LES FATALS PICARDS ### FTHOMAS FERSEN ### RAOUL PETITE ### MICHEL JONASZ ### Coming Out Je suis au paradis Yes Futur ? Les hommes sont toujours Warner Tôt ou tard/Warner PIAS des enfants Poils à gratter de la chanson fran- Déjà le 8 ème album du poète et chan- Alors que le monde de la musique Warner çaise, les Fatals Picards s'attaquent teur parisien depuis son fameux Bal se transforme et se pose un milliard Depuis Chanson française et son autant à la France d'en bas (Coming des oiseaux. Ses comptines drôles, de questions sur son avenir, il est spectacle Abraham, on ne peut pas Out) , la France d'en haut (La France un peu grivoises mais toujours orig - d’irréductibles Gaulois qui ne se dire que Michel Jonasz a pris l’habi - du petit Nicolas), bref à la bêtise en inales, excentriques. Dans ce nouvel prennent pas autant la tête : les Raoul tude de buller… Ce nouvel album général sans distinction de classe, album, on croise quelques person - Petite. Fière formation keupon-ethno- arrive à point nommé pour ne pas se genre ou opinion politique. Anars, les nages peu recommandables (le Bal - rock, ce groupe fantasque, détonnant, représenter Jonasz comme un éter - Picards ? Peut-être... Entre rock, punk, afré, Barbe bleu, Dracula). Onirique, inventif et pour le moins indispensable, nel chanteur nostalgique et mélan - chanson, reggae, ils tirent à vue rêveur, étrange, mais jamais glau- fait vieillir la concurrence de la variété colique. Il sait aussi valser avec les avec humour et panache. Surtout, que, Thomas Fersen nous convie à d’à peu près 1500 ans tant leur mots et les mélodies pour nous faire leurs formules font mouche et on un nouveau voyage surprenant. L.D. énergie nous fait tous passer pour découvrir de superbes compositions peut parier qu’elles entreront dans des vieillards. Grandiose. H.G. (Jesse Owens, Woman in blue, Les le répertoire des années 2010... L.D. bougies de secours…). H.G. HUBERT MOUNIER La Maison de pain d’épice P COU #### DE CŒUR Naïve

DEPORTIVO ### Ivres et débutants Barclay/Universal ENRICO MACIAS ### Tel un Midas du rock français, Gaëtan Voyage d’une mélodie Roussel et ses identités successives Universal semble transformer en bingo gagnant Aux confins de la musique séfarade tout ce qui porte son nom... Tant et yiddish, le cœur d’Enrico Macias mieux pour le trio Deportivo, dont ce bat encore et sait mesurer le temps 3ème album est produit par celui-ci. (50 ans) qui va bientôt, en 2012, le On peut même dire qu’il y une Roussel séparer de ses touts débuts dans la . R . D

: touch, marque de fabrique ou le son chanson. Superbe phénix qui renaît O T O H

P high-tech d’une pop groovy se sans cesse de ses cendres, Macias Désormais installé chez Naïve, Hubert Mounier, ex-Affaire LouisTrio, s’offre superpose au format classique de la est un monstre de talent qui sait un troisième album solo très chanson, très pop, très classique. Parfois chanson française : ainsi Intrépide, s’entourer des meil-leurs quand il dépouillé comme le très beau Triste saison ou Un monde à nous, parfois Au saut du lit et Pistolet à eau allient s’agit de magnifier un discours plus électrique (La Maison de pain d’épice) l’album met l’accent sur les aisance mélodique et brillants arran- d’ouverture et de tolérance. Cet album mélodies, comme au temps de l’Affaire. gements à laVampireWeekend... H.C. est une ode simple et inspirée, qui Un beau disque qui laisse dans son sillage touche au plus juste. H.G. un parfum discret de mélancolie… À noter que paraît au même moment une ATOMIQUE DELUXE groupe rock mi-Belge, mi- BD (chez Dupuis), le Journal d’un disque Breton (par son charismatique leader Erwan), avec un où le chanteur, également dessinateur, peu de sang sud-américain et italien vient de publier raconte les affres de l’artiste en pleine son premier album Vingt (T4A/PIAS). Il création. L.D. viendra défendre son rock abrasif (et en v.f.) dans toute la France (le 25/2 à Nevers, le 26/2 à Lyon, le 09/03 à Paris).

| 20 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES FRAN ÇAIS

SERGE GAINSBOURG L'INTÉGRALE (20 CD) #### Mercury/Universal

On “fête” ce mois-ci la disparition de Gainbourg. C'était il y a vingt ans et pourtant... Constamment cité, réinterprété, la figure de commandeur qui règne encore sans partage sur la chanson française n'est jamais partie. Le label Mercury réédite donc tous ses albums, des années 50 aux années 80, en y ajoutant des inédits et des versions inédites. On avait pu en avoir un avant-goût avec Comme un boomerang paru il y a quelques semaines, mais on ne trouvera rien de révolutionnaire dans ces 17 titres. On savoure toutefois quelques reprises puisées dans les archives d’Europe 1 : J’entends siffler le train ou encore Les Playboys. Surtout, on lit 5 Bis d’Aude Turpault, le récit d’une lolycéenne pré-Vanessa Paradis, âgé de 13 ans, qui va au culot sonner à la porte de la rue de Verneuil dans les années 80. Avec sa meilleure amie, elle lie une amitié exceptionnelle avec son idole qui traîne “les filles “dans des restaurants et bars d’hôtels, ouvre sa maison-musée, son cœur, ses peines à ces gamines en manque d’amour. Un portrait intime d’un homme éminemment tourmenté, mais tendre et immensément généreux. L.D.

Gainsbourg, l'intégrale (20 CD), Rééditions vinyles format 25 cm des 4 premiers albums, Coffret DVD D’autres nouvelles des étoiles chez Mercury/Universal Aude Turpault : 5 bis (Autour du Livre/Récits Rock)

| 21 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES AUTRES MUSIQUES

ABIR NASRAOUI ### SONIA CAT-BERRO ### AURELIO ### AVISHAI COHEN ### Heyma Toy Balloons Laru Beya Seven Seas IMA/HM Chant du Monde/HM Realworld/HM Blue Note/EMI L’actualité tunisienne nous met entre Chouchou d’un public d’amateurs Personnage aussi attachant et Des modeleurs, des pétrisseurs de les deux oreilles ce passionnant album et de la critique qui l’a toujours suivi indispensable que pu l’être le regretté musique, et au final de vrais créateurs de la chanteuse Abir Nasraoui, sur les rivages d’un jazz vocal toujours Andy Palacio (disparu en 2008), qui font aujourd’hui tout le sel du jazz accompagnée d’un groupe de Tuni- racé et de bon goût, Sonia Cat-Berro Aurelio est musicien et… député ! Ce contemporain. C’est le cas du contre- siens aussi talentueux que variés dans nous annonce son troisième album. qui lui donne à la fois toute latitude bassiste Avishai Cohen qui semble leur approche musicale. Heyma Bien entourée, Sonia nous enchante pour créer des chansons de toute revisiter sa propre carrière avec une (Errances) vous fera voyager dans un une fois de plus avec des passerelles beauté et s’inspirer de l’actualité de gourmandise et une créativité qui fait univers musical généreux, créé par constamment jetées entre jazz vocal son pays, le Honduras. Il en résulte plaisir. Développant des territoires une douzaine d’artistes, au fil de pur et audaces des reprises ( Still loving un album somptueux, généreux, produit sonores inédits, car amples et sous mélodies tantôt languissantes, tantôt You des Scor-pions !). Magnifique de manière moderne mais ancré dans l’emprise de mille influences. C’est l’un malicieuses. H.G. album. H.G. la tradition de la musique Garifuna. des créateurs d’aujourd’hui incontour- Un témoignage poignant. H.G. nable car pétri d’une vraie grâce. H.G. AMSTERDAM KLEZMER BAND

COUP Katla DE #### CŒUR Essay/Distribution : La Baleine

TRI YANN ### WATCHA CLAN ### Rummadou Radio Babel Aztec/Coop Breizh Piranha/L’autre Distribution “40 ans et toutes ses dents” : c’est Quatrième album au compteur de sous cette appellation idoine que le cette formidable formation multi- groupe bretonTriYann a entamé une ethnique, emmenée par la charis- vaste tournée de concerts. 40 ans en matique Sista K. Watcha Clan fait effet que la formation a trouvé son encore dans le mondialisme heureux, équilibre entre tradition et modernité, volontaire et engagé (Radio Babel).

. chants séculaires et vision futuriste. Le groupe nous entonne, sur des R . D :

S Toujours branchés sur la culture celte, instrumentations diverses et osées, O T O H P le groupe nous gratifie d’un album en des principes acoustiques se rappro- forme de saga familiale (la famille chant de l’Afrique pour délaisser Joann Sfar (qui va utiliser leur musique pour son prochain film) dit d’eux Rummadou) dont les pérégrinations l’électronique présente sur leur pré- que ce sont les “Pogues en klezmer”. Et c’est vrai que cette formation nous sont contées du V ème au XXI ème cédent opus, Diaspora Hi-Fi. Inclas- détonne par son éclectisme et son siècle. Longue vie messieurs… et sable et sexy ! H.G. dynamisme. Sextet formé de musiciens bravo ! H.G. néerlandais d’origine juive, le Amsterdam Klezmer Band réussit ce 28 ÈME FESTIVAL DE BANLIEUES BLEUES miracle d’enflammer les foules tout en du 11 mars au 8 avril en Seine Saint Denis (93). distillant une musique d’une profonde 5 semaines de concerts jazz, blues, gospel, musique intelligence et ouverture. A découvrir ! africaine… Pour satisfaire tous les publics. H.G. www.banlieuesbleues.org

| 22 START UP | MARS 2011 | CHRONIQUES ELECTRO

CRYSTAL FIGHTERS Star Of Love ##### P COU PIAS DE CŒUR

ASIAN DUB FOUNDATION AGORIA ### #### A History Of Now Impermanence - PIAS PIAS En seulement deux albums studios Doté d’une réputation exceptionnelle, (Blossom et The Green Armchair ), ADF compose une musique unique Agoria est devenu le chef de file d’une entre drum’n’bass, rock et musique électro française exigeante et de traditionnelle indienne. Extrêmement qualité. Fils spirituel de Laurent communicative, l’énergie du combo Garnier, Agoria déploie ses goûts de Londonien fait la différence et les la musique classique aux mélodies textes engagés ne sont pas pour pop en passant par l’electronica et

. déplaire. Un talent et une inventivité la house. En témoigne cet album R . D : S

O ici à leurs apogées qu’il nous tarde d’électro minimale situé à la croisée T O H P de découvrir en concert tant leurs de Swayzak, Björk, Chloé et Booka Révélés par Kitsuné, les Londoniens de Crystal Fighters ont eu l’idée originale prestations live sont mémorables. M.G. Shade. Une réussite ! M.G. de mêler à leurs compositions électro-pop des instruments folkloriques basques (txalapartas, txistus).Très éclectique MISSILL #### Kawaïï Atmosphériques et furieusement festif, ce premier album Mélange de sonorités 8-bits, d’électro et de hip-hop, se singularise par une énergie chamanique le second disque de Missill tape fort et dans le mille. débordante, portée par des rythmiques Chacun des morceaux peut soulever un dance-floor tribales et des mélodies ensorcelantes. Un sans effort. C’est d’ailleurs l’objectif assumé d’un album excellent disque qui ne tardera pas à vous qui emporte tout sur son passage et évoque Dizzee envoûter. Bravo ! M.G. Rascal ou Thunderheist. Les prochains Dj-sets de la Française seront donc immanquables. À noter : Kawaïï est également un jeu vidéo pour iPhone. M.G.

CHRONIQUES RAP/SOUL . R . D : S

LA FOUINE RUMER O

## #### T O H La Fouine vs Laouni - Sony Music Seasons of my Soul - Warner P Peu de rappeurs des années 2000 Les modes passent, les belles voix SELAH SUE #### ont réussi à franchir le cap de la restent. La dernière venue, Rumer, Selah Sue décennie. Mais La Fouine, ambitieux une Anglo-Pakistanaise au timbre Because/Warner et déterminé, a fait sa place en France. superbe, s’inscrit dans la lignée des Elle est Belge, comme son nom ne l'indique Son dernier album com-porte deux muses “Bacharachiennes”, Karen pas, et toute jeune. Elle aurait aussi bien faces : l’une caillera (avec un featuring Carpenter ou Dusty Springfield. Du pu être de Philadelphie avec sa voix riche de The Game) l’autre plus douce. coffre, certes, mais un répertoire à et terriblement soul. EntreAmyWinehouse, Un alibi pratique pour se défouler la hauteur, langoureux, mélancolique, Lauryn Hill ou Eryka Badu, la jeune fille est (Booba passe pour un petit joueur à approuvé par Burt en personne. Ces aussi à l’aise dans la soul que le ragga et le reggae. Si ce premier album côté du très cash Caillera For Life) onze chansons, portées par des impressionne réellement, il donne parfois le sentiment d’être forcé. On l’aimerait et se faire pardonner. Reste à savoir arrangements on ne peut plus clas- plus nature, dépouillée et cohérente. On attend donc avec impatience la lequel est le plus sincère, de la Fouine siques sentent le vécu, la douleur et suite, car la voix est exceptionnelle, pour preuve son duo avec le grand Cee- ou Laouni ? Mystère… H.McD. le chagrin. Superbe ! L.D. Lo Green, Please . H.McD.

| 23 START UP | MARS 2011 | DVD DU MOIS LES PETITS MOUCHOIRS UN FILM DE GUILLAUME CANET R E H T O L E D U A L C - N A E J S O T O H P

UNE FRESQUE SUE L’AMITIÉ ET SES PETITES LACHETÉS. UNE RÉUSSITE DE PLUS POUR GUILLAUME CANET Interview de Marion Cotillard Pendant qu'un des leurs, grièvement blessé dans un accident de Propos recueillis par Paola Genone pour L’Express Style scooter gît sur son lit d'hôpital, une bande de copains décide de passer comme chaque année ses vacances au Cap Ferret, dans la mai - LUMINEUSE DANS LES PETITS MOUCHOIRS DE SON son de Max (François Cluzet), le copain friqué mais psychorigide. COMPAGNON GUILLAUME CANET, MARION COTILLARD NOUS Cette année, les douloureux événements vont mettre chacun face à EN DIT PLUS SUR LES COULISSES DE CE FILM DE COPAINS sa véritable nature et ses limites... Réunissant autour de lui sa vraie Vous avez rencontré Guillaume Canet en 2003, sur le bande de copains (Cluzet, Dujardin, Cotillard, mais aussi Mathieu tournage de Jeux d'enfants. Aujourd'hui, vous jouez dans Les Chédid et Maxim Nucci qui font un caméo), Guillaume Canet Petits Mouchoirs, le plus personnel de ses longs-métrages... filme avec compassion et générosité des personnages qui dévoilent Comment ce projet est-il né ? petit à petit leurs faiblesses : celles d'adultes qui se rapprochent de la Ça faisait longtemps que Guillaume voulait faire un film sur une quarantaine en s'accrochant désespéré - bande de potes, explorer la dynamique qui se crée dans un groupe, ment à leur adolescence, égoïstes, parler d'une génération de gens entre 30 et 40 ans, aussi stables que lâches… Porté par un casting excellent, paumés. Pendant les vacances, ces copains lèvent leurs "petits mou - Cluzet en grand névrosé, sa femme, la choirs" : ces secrets qui font que, parfois, on se ment à soi-même et remarquable Valérie Bonneton, Gilles à ses proches. Guillaume a situé l'action au Cap-Ferret. C'est un Lellouche en fêtard impénitent, et endroit où il va depuis treize ans et où il a pris les décisions les plus Laurent Laffite en grand ado attardé, importantes de sa vie. Un lieu qui m'est aussi très cher. Ce film est en Canet signe une œuvre dans la lignée partie autobiographique : pour créer une galerie de personnages de Mes meilleurs copains. Un film authentiques, il a choisi des comédiens qui sont ses amis dans la vie, générationnel ? Très probablement… comme François Cluzet ou Jean Dujardin, avec qui il était à la mater - L.D. nelle ! Nous nous connaissons tous depuis longtemps. 2010 - FPE Quelle était l'atmosphère pendant le tournage ?

| 24 START UP | MARS 2011 | DVD DU MOIS

Drôle, touchante...Un étrange mélange de fiction et de réalité. Pour ce film, il ne suffisait pas de se glisser dans la peau d'un personnage, il fallait aussi entrer dans celle des autres, car un groupe forme un tout, une sorte de magma. Avant le tournage, nous avons passé une semaine au Cap-Ferret, dans la maison qui sert de décor au film. Nous étions collés les uns aux autres, nuit et jour, pour répéter, mais surtout pour "vivre" avec nos personnages et leur donner un passé commun. Le scénario était très structuré, mais pas figé : Guillaume a gardé les répliques des uns et des autres. Le tournage a duré deux mois. C'était un peu comme être sur les planches d'un théâtre où chaque petit accident devient magique, surprenant. Jouer sous la direction de votre compagnon, c'est difficile ? C'est formidable ! Derrière la caméra, Guillaume est très perfection - niste, mais il est en empathie avec ses comédiens. J'ai travaillé avec des metteurs en scène qui avaient tellement de mal à exprimer ce qu'ils attendaient et à me guider dans le jeu, que j'aurais préféré qu'ils ne me disent rien. Guillaume a le don de trouver les mots justes pour vous connecter à votre personnage. J'ai rarement eu autant de facilité à atteindre de telles émotions au cinéma ! Il ne m'a jamais accordé plus d'attention qu'aux autres. Il s'agit d'un film choral, il n'y a pas de pre - mier rôle : pour jouer le jeu, il fallait faire partie de la bande. Depuis La Môme, vous multipliez les aventures musicales : de Franz Ferdinand à Yodelice, alias Maxim Nucci, avec qui vous avez chanté et joué de la basse, à l'Olympia, en mars dernier... J'ai toujours rêvé de faire partie d'un groupe et Maxim, un ami depuis dix ans, m'a fait le sublime cadeau de m'inviter à intégrer le sien. Au départ, il m'a appelée pour faire les chœurs sur son nouvel album, mais nous avons fini par faire un duo. Puis il m'a demandé de participer à sa tournée : pour qu'on ne me reconnaisse pas, je suis montée sur scène avec un chapeau et un costume d'homme, sous le pseudo de Simone, le prénom de ma grand-mère qui rêvait d'une carrière de chanteuse ! J'ai toujours joué de la guitare, mal, en auto - R E H T O L E D U A L C - N A E J S O T O H P didacte, mais avec passion. Maxim m'a poussée à apprendre la basse, mon instrument préféré. Vous avez le rôle principal dans Midnight in Paris, de Woody Allen, aux cotés d'Owen Wilson, de Kathy Bates, de Carla Bruni-Sarkozy... Woody Allen a le pouvoir de transformer les comédiennes, de les rendre "woodyalleniennes" : il a choisi mes vêtements - souvent des costumes masculins - mon maquillage, mes coiffures, m'a fait changer de dégaine, d'accent.. .Et il m'a fait hurler de rire ! il n'y a que lui pour inventer des phrases comme : "J'aimerais terminer sur un message d'espoir. Je n'en ai pas. En échange, est-ce que deux mes - sages de désespoir vous iraient ?" I

| 25 START UP | MARS 2011 | FILMS L’HOMME QUI VOULAIT VIVRE SA VIE Un film d'Éric Lartigau 2010 - FPE Paul (Romain Duris) a une vie en apparence parfaite : un boulot épanouissant, deux beaux enfants... Lorsqu'il réalise que sa femme (Marina Foïs) le trompe avec un photographe, métier dont il a tou - jours rêvé, il commet l'irréparable et part se réfugier dans les mon - tagnes du Montenegro sous une nouvelle identité. Désormais pho - tographe, il va tâcher d'incarner cette nouvelle vie... Après des comédies légères (Mais qui a tué Pamela Rose ?, Prête-moi ta main), Eric Larti - gau adapte un roman de Douglas Kennedy avec force et idées. Porté par Romain Duris, toujours aussi convaincant, et une mise en scène superbe, le film pose des questions existentielles avec pro - fondeur et finesse. Une réussite. L.D. . R . D O T O H P LA PRINCESSE DE MONTPENSIER Un film de Bertrand Tavernier 2010 - STUDIO CANAL La Princesse Marie de Mézières, amoureuse d’Henri de Guise (Gas - par Ulliel) est mariée malgré elle au Prince de Montpensier (Gré - goire Leprince-Ringuet). Tenue à l’écart des guerres de religion (qui culminent avec le massacre de la Saint Barthélémy), elle étudie avec l’ancien professeur de son mari, le Comte de Chabanes (impecca - ble Lambert Wilson) qui tombe lui aussi sous le charme. Lorsqu’elle rejoint la cour à Paris, elle retrouve son ancien amour et réveille la passion qu’elle pensait avoir domptée… Classique dans sa forme, soigné dans ses atours, ce beau film de Bertrand Tavernier ne s’attache pas à

D faire une leçon d’histoire. On devine les guerres de U A R I

U religion à travers des personnages qui ne tombent G S A

L jamais dans la caricature. Mélanie Thierry et Lam - O C I N bert Wilson en particulier, tirent superbement leur S O T O épingle du jeu. L.D. H P . R . D S

MOI, MOCHE ET MÉCHANT O T O H

Un film d’animation de Chris Meledandri P 2010 - UNIVERSAL Gru est un authentique méchant aux faux airs de Bela Lugosi, qui vit dans un manoir effrayant. Accompagné d’une armée de créatures jaunes, les Minions, il projette les pires méfaits (voler la lune, entre autres). Mais l’arrivée dans sa forteresse inhospitalière de trois petites orphelines va bouleverser son quotidien… Oui, le méchant a le vent en poupe ! Comme dans Megamind, celui- ci est délicieusement détestable : bougon, voleur, menteur. L’inter - prétation en VF de Gad Elmaleh lui donne un peu d’épaisseur. Débutants dans l’animation de synthèse, Universal se hisse au niveau de Pixar et Dreamworks. On savoure ! L.D.

| 26 START UP | MARS 2011 | FILMS JEAN-MICHEL BASQUIAT, THE RADIANT CHILD Un film de Tamra Davis 2010 - SND/M6 VIDEO Ne jamais condamner un réalisateur trop tôt : pour exemple, Tamra Davis, dont le premier film fut Crossroads, navet sidéral avec Britney Spears en vedette. La revoilà aux antipodes, avec un magnifique documentaire sur le peintre américain d’origine haïtienne Jean-Michel Basquiat. Très bien documenté, interviewant toujours les bonnes personnes (quelle joie d’y voir Thurston Moore de Sonic Youth) et réalisant un excellent choix de bande-son (toute la scène new-yorkaise de l’époque y passe, de Talking Heads à Liquid Liquid), le docu de Davis parvient surtout à vraiment dire qui était Basquiat. Son portrait est très bien esquissé, mais le film va plus loin : il scrute l’âme du peintre, explique sa carrière fulgurante avec beaucoup de finesse et donne vraiment les clés de l’œuvre. Impossi - ble de ne pas tomber amoureux de la peinture de Basquiat après ce film. D.B. . R . D S O T O H P UNSTOPPABLE Un film de Tony Scott 2010 - FPE À cause d’un conducteur qui descend de son train en marche pour une broutille mais qui ne peut pas remonter dedans à temps, celui- ci prend progressivement de la vitesse et se met très vite à devenir un danger pour toute la région. En face, sur la même voie, arrivent un ingénieur et un chauffeur qui vont tenter de stopper ce train transportant des produits toxiques dangereux risquant de faire de nombreux morts. Quel plaisir de voir Tony Scott mettre son talent de cinéaste d’action au profit d’un scénario aussi simple et efficace qu’intelligent. Croisement entre le film d’action et le buddy movie, Unstoppable est un régal de divertissement incroyablement efficace et pas putassier pour autant. Tout ce qu’on demande de ce genre de films, en somme ! D.B.

| 27 START UP | MARS 2011 | FILMS

film et pas à vous. C'est vrai. La scène, son enjeu, son rythme, m'intéresseront tou - jours plus que mon rôle. Une fois qu'on a cerné son personnage, pas besoin d'en parler. Je ne fais jamais de travail en amont avec un coach, par exemple. Je lis plusieurs fois le scénario, je m'im - prègne du personnage, mais je travaille peu seule. Cela me per - met de garder une certaine fraîcheur sur le plateau. Je crois à la magie de l'instant au cinéma. Sinon, quel ennui ! Derrière la remarque de votre metteur en scène, il y a aussi l'idée que votre image vous intéresse peu. . R .

D Oui, ces histoires de statut m'en - S O T

O nuient un peu... On n'est pas H P obligé de revenir sur le passé. Évoquons-le un tout petit peu, tout de même. Potiche ressus - cite avec jubilation les années 1970. C'est une décennie qui a Interview de Catherine Deneuve beaucoup compté dans votre carrière. Propos recueillis par Paola Genone pour L’Express Vraiment ? Vous allez me rafraîchir la mémoire, alors... Vous aviez tourné avec Jacques Demy, François Truffaut... ELLE EST FORMIDABLE DANS POTICHE, EN FEMME SOUMISE Oui, j'avais aussi travaillé avec Polanski, Buñuel, Aldrich... Dans les QUI PREND SA REVANCHE. POUR L’EXPRESS.FR, CATHERINE années 1970, j'étais comme je suis aujourd'hui, juste un peu moins, DENEUVE REVIENT SUR UNE CARRIÈRE EXCEPTIONNELLE et un peu plus... (Sourires) . Plus raide devant la caméra, sans doute, Selon François Ozon, vous êtes l'une des rares actrices à et plus peureuse face à la notoriété, très certainement. Très jeune, j'ai pouvoir porter un jogging et des bigoudis tout en restant été confrontée à la presse en raison de ma vie privée et j'en ai été d'une parfaite élégance. C'est un beau compliment. effarouchée. Heureusement, j'ai une nature très secrète et j'ai tou - Oui, Suzanne Pujol est une femme joviale, coquette, et qui se tient jours verrouillé. Aujourd'hui, les choses sont pires encore. Il y a une quelles que soient les circonstances. C'est moi qui ai proposé les telle invasion des caméras, des téléphones. Je trouve notre société rouleaux. Je me disais que le bandeau et le jogging à trois bandes très intrusive. étaient peut-être trop attendus. Quand on joue un tel personnage, Vous aimez les metteurs en scène directifs, dites-vous. Est-ce le il faut y aller à fond. cas de François Ozon? En voyant le film, on se dit que vous avez dû bien vous amuser. Oui, oui. François est dans le contrôle. C'est vrai, mais nous avons également C'est pendant Les Parapluies de Cher - énormément travaillé. Potiche, malgré son « Potiche est l'un des films pour lesquels bourg, de Jacques Demy, qu'est née ton léger, a été un film très dur à faire. À j'ai ressenti le plus de trac, au point votre vocation. la fin du tournage, j'étais vidée, comme de m'en rendre presque malade... » Techniquement, ce fut un tournage très après avoir couru un marathon. On dit difficile, car nous chantions en play-back que les acteurs travaillent peu, et c'est vrai. Mais leurs journées sont et les chorégraphies étaient très précises, mais c'est là que j'ai décou - très longues. Acteur, c'est un état. Cela m'amuse toujours lorsqu'on vert le plaisir du cinéma. La musique, la mise en scène, le regard de me demande comment je fais pour supporter les longues heures d'at - Jacques : je me sentais portée. tente sur un plateau. Mais l'attente des acteurs n'est pas celle du Cette passion pour le cinéma ne s'est jamais émoussée au cours voyageur sur le quai du métro. C'est une attente chargée... des années? Que faites-vous entre deux scènes? Dans ma vie personnelle, non. Au cinéma, sur le câble, je continue Je dors ! Je me repose en écoutant de la musique. Cela me permet de de voir beaucoup de films. En tant qu'actrice, j'ai connu des moments recharger mes batteries. plus difficiles, où j'étais découragée. Je me suis posé beaucoup de Les amitiés sont difficiles dans le cinéma, dites-vous. questions vers l'âge de 45 ans, au moment de ce qu'on appelle le Comment définiriez-vous les liens qui vous unissent à Gérard "turning point". Puis j'ai eu la chance de tourner Le Dernier Métro, Depardieu, que vous retrouvez ici pour la septième fois? qui a remis les choses en perspective. Tous les acteurs connaissent Gérard, c'est un excellent camarade. Nous avons tourné si souvent une trajectoire en dents de scie. ensemble, parfois de nuit. Nous avons dîné, déjeuné, dansé même, Il manque deux choses à la vôtre. comme dans Potiche. L'intimité des acteurs est très particulière, car Plus de deux, j'espère ! elle ne connaît pas de rupture. Quand je quitte Gérard sur un tour - Le film que vous n'avez pas tourné avec Hitchcock et le théâtre. nage, je ne suis jamais triste, car je sais que je le reverrai. Ah oui, le film avec Hitchcock... C'est l'un de mes regrets, comme de Ozon raconte aussi qu'après une scène vous vous intéressez au n'avoir jamais travaillé avec Mankiewicz ! Je m'imaginais pourtant

| 28 START UP | MARS 2011 | FILMS bien dans l'univers de Hitchcock. Nous avions déjeuné ensemble, il m'avait fait lire un scénario. Les choses étaient bien engagées, mais il est parti trop vite, hélas. Le théâtre, c'est différent. C'est peut-être ma dernière peur... Je n'y ai pas encore définitivement renoncé mais, pour l'instant, je ne peux pas. Et pourtant, je vais souvent au théâtre, je vois combien les acteurs peuvent y être heureux... Ce n'est pas une question de rôle. J'ai sérieusement envisagé d'interpréter Opening Night, d'après le film de Cassavetes avec Gena Rowlands. Le projet était assez avancé. Mais il existait ailleurs et j'y ai renoncé. C'est davantage ma relation au public, l'idée d'être face à lui dans un cadre fermé, qui me tourmente... L'expérience ne rend donc pas plus désinvolte? Oh, la la, non ! Potiche est l'un des films pour lesquels j'ai ressenti le plus de trac, au point de m'en rendre presque malade... Finissons par une touche plus légère, alors. Est-il vrai que vous êtes devenue blonde par amour? C'est vrai. Je ne me souviens pas exactement du jour où j'ai pris cette décision. Pour être franche, je n'y attache pas plus d'importance que cela. Je me rappelle juste que j'avais 19 ans et que je m'étais mis dans la tête que l'homme que j'aimais trouverait cela plus séduisant. J'avais tort, sans doute... I . R . D S O T O H P

POTICHE Un film de François Ozon 2010 - FRANCE TÉLÉVISIONS Suzanne (Catherine Deneuve) est mariée à Robert Pujol (Fabrice Luchini), un riche industriel macho, odieux avec ses employés. À la suite d’une grève, il est séquestré par ses employés. Sa femme, aidé d’un ancien amant (formidable Gérard Depardieu), va prendre la situation en main… Adaptatant une comédie de boulevard, François Ozon prend un virage à 180°. On retrouve néanmoins dans cette comédie pleine de charme l’esthétisme léché de ses précédents films, notamment Huit femmes. . R .

Outre la fantaisie et l’humour qui cachent une satire sociale d’actu - D S O alité, le film peut se voir comme un hommage à la carrière excep - T O H tionnelle de la grande Catherine. L.D. P

| 29 START UP | MARS 2011 | CINÉPHILE EDWARD II Un film de Derek Jarman 1976 - CARLOTTA Le sulfureux mais culte cinéaste anglais, décédé du sida en 1994 après avoir réa- lisé son chef-d’œuvre Blue et proche de la scène musicale industrielle (Throb - bing Gristle, Psychic TV, Coil) voit l’une des pièces maîtresses de son œuvre éditée en France par Carlotta. Avec une cette adaptation d'une pièce célèbre de Christopher Marlowe sur Edward II, Jar - man est en terra cognita : son film est très gay, baroque, complètement déluré, filmé en intérieurs et presque sans décor, avec des anachronismes très bien travail - lés (vêtements contemporains, par exem - . R .

ple). Il faut certes un temps d’adaptation D O T pour cerner le cinéma de Jarman, mais O H son œuvre est unique, personnelle et P forte. Notons une splendide bande ori- ginale du génial musicien anglais Simon Fisher-Turner, compositeur attitré de Jar - man. D.B. . R . D O T O H P

LILIOM Un film de Frank Borzage 1930 - CARLOTTA La jeune Julie tombe amoureuse de Liliom, beau parleur qui tient le manège de la fête foraine, un égoïste et feignant qui la fait tourner en bourrique. Elle va lui consacrer sa vie, jusqu’au bout, alors que lui décide de préparer un hold-up… S’il n’a pas la puissance visuelle et symbolique des chefs-d’œuvre muets édités par Carlotta l’an dernier (qui viennent de remporter le Prix du syndicat français de la critique de cinéma du meilleur coffret DVD 2010), Liliom est tout de même un bon film, avec une belle fin fantastique. Un peu lent, un peu ampoulé, Liliom est surtout très intéressant car il est l’un des premiers films parlants et il est amusant de voir que les acteurs ne sont pas forcément à l'aise avec cela. Ils articulent trop, laissent des temps trop long, comme s'ils étaient à un

. cours de diction et qu'ils voulaient être sûrs R . D

O que les spectateurs les comprennent bien. Un T O H P monde s’ouvrait à eux. D.B.

| 30 START UP | MARS 2011 | CINÉPHILE LE BAISER DE LA FEMME ARAIGNÉE Un film de Milutin Kosovac 1971 - SND/M6 VIDEO Valentin, journaliste politique emprisonné en Amérique Latine pour ses convictions, rencontre dans sa geôle Molina, homosexuel condamné pour affaire de mœurs. Pour chasser leur solitude, Molina raconte à Valentin un film qui hante sa mémoire. Les deux compagnons de cellule deviennent amis au moment où le climat s’intensifie dangereuse - ment autour d’eux. À partir d’un roman de Manuel Puig et dans un style graphique qui s’inspire à la fois de Jarman, Wenders ou Fass - binder, Babenco réalise en 1985 un film à la fois graphique et politique qui se veut un brûlot contre les injustices, qu’elles soient poli - tiques ou sexuelles. Ce film valut à William Hurt le Prix d’Interprétation Masculine à Cannes. D.B. . R . D O T O H P

DOCUMENTAIRE

LES GRANDES MIGRATIONS National Geograhic/One plus one “Le seul film où les seconds rôles bouffent les têtes d'affiche” annonçait la campagne de pub. Sous l'amusante boutade, la vérité. Les grandes Migrations raconte avec des moyens inouïs - comme seul National Geographic peut en allouer à ses équipes - la quête sans cesse renouvelée des animaux sauvages pour une survie de plus en plus difficile. En quatre épisodes de 92 minutes, le spectateur fasciné met ses pas dans ceux des zèbres, des éléphants ou des gazelles qui, tous les ans, entament un périple incertain et éprouvant pour sur - vivre selon un rituel étrangement immu- able ; en dépit des obstacles dressés par l'homme. Le spectacle en haute définition (Blu Ray recommandé !) du combat opiniâtre de ces créatures suscite une émo - tion sans pareille, accentuée par l'intelli - gence du regard des cinéastes et complétée par la qualité des informations fournies dans les commentaires dits par un Vincent Cas - sel habité. Une expérience inoubliable. B.R.

| 31 START UP | MARS 2011 | SÉRIES BREAKING BAD Saison 1 et 2 2010 - SONY PICTURES ENTERTAINMENT Walter White, dont la femme est enceinte et le fils handicapé, apprend qu’il est atteint d’un cancer des poumons. N’ayant plus que quelques mois à vivre, ce professeur de chimie décide de mettre toute sa famille à l’abri du besoin en fabricant une drogue de syn - thèse qu’il revend avec l’aide d’un de ses anciens élèves, devenu dealer. Pour Walter, c’est le début d’une descente aux enfers. Sony publie simultanément les deux premières saisons de cette série événement qui a remporté de nombreux Emmys outre-Atlan - tique. Dure, âpre et remar - quablement interprétée, en par - ticulier par l’incroyable Bryan Cranston aperçu dans la série Malcolm, est dangereusement addictive. Incontournable ! L.D. . R . D O T O H P FRIDAY NIGHT LIGHTS Saison 2 2010 - UNIVERSAL Sacrée championne de l'État du Texas en fin de saison 1, la jeune équipe des Panthers fait rêver toute la communauté de Dillon, ville fictive imaginée par le créateur de la série, Peter Berg. Pour autant, tout n'est pas rose dans la vie de ces lycéens sportifs : leur coach . R

. vedette les a abandonnés, au profit d'une prestigieuse université ; D O T leurs histoires de cœur prennent des tournants inattendus, et leurs O H P conflits internes menacent l'équilibre collectif. Entre dilemmes religieux, espoirs de guérison, et sombre affaire de légitime défense, HOW I MEET YOUR MOTHER cette seconde saison de Friday Night Lights offre de nouvelles Saison 5 intrigues à cette ville symbolique des États du Sud de l'Amérique. La 2010 - FPE pression subie par les Panthers aura raison des Nous sommes en 2030, Ted raconte à ses enfants ses années de céli - ambitions de chacun. Le passage à l'âge adulte bat, lorsqu’il était jeune et à la recherche du grand amour… Voici se fera dans la douleur, mais avec beaucoup de pour la toile de fond, car dans cette saison sincérité et, comme toujours dans cette série, 5, Ted commence un nouveau travail, Mar - une vraie émotion. Seul regret : l'absence de shall et Lily désirent un enfant, mais leur conclusion pour une saison qui fut écourtée couple résistera-t-il ? La cinquième saison en raison de la grève des scénaristes (seuls 15 de How I Met Your Mother ne faiblit pas. des 22 épisodes initialement prévus purent Toujours aussi drôle et déjantée, on être tournés). N.K. retrouve l’ambiance des sitcoms des années 90, Friends en particulier. Avec Josh Rad - nor et Alyson Hannigan (Buffy, American WALLANDER Pie)… FR Saison 2 2010 - THE CORPORATION/PLAY ON Dans cette seconde saison (en espérant découvrir prochainement une troisième et une quatrième), Kurt Wallander, personnage créé par le romancier suédois Henning Mankell, enquête entre autres sur le meurtre sauvage d'un groupe d'adoles - cents au moment de la Saint Jean. L'esthétisme soigné de la série (paysages, lumières, décors somptueux), le casting parfait, Kenneth Branagh, plus bourru et tourmenté que jamais, font de cette série policière l'une des meilleures

. du genre. À noter deux bonus sur les lieux du R . D

O tournage et l'évolution psychologique des per - T O H P sonnages. L.D.

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