Entre Références Et Recherches Historiques: La Série Rome
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Une fiction historique sur l’Antiquité romaine - Entre références et recherches historiques : la série Rome (Bruno HELLER, William J. MACDONALD et John MILIUS, HBO, 2005–2007) Victor Faingnaert To cite this version: Victor Faingnaert. Une fiction historique sur l’Antiquité romaine - Entre références et recherches historiques : la série Rome (Bruno HELLER, William J. MACDONALD et John MILIUS, HBO, 2005–2007). Histoire. 2018. dumas-02392635 HAL Id: dumas-02392635 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02392635 Submitted on 4 Dec 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License Une fiction historique sur l’Antiquité romaine — Entre références et recherches historiques : la série Rome (Bruno HELLER, William J. MACDONALD et John MILIUS, HBO, 2005 – 2007) Figure I : Affiche de promotion de Rome par HBO Affiche de promotion de Rome par HBO UFR Humanités et sciences sociales Département d’Histoire, Archéologie et Patrimoines Année 2017— 2018 Mémoire de Master 2 Histoire Sous la direction de Mme Caroline BLONCE et M. François ROUQUET Victor FAINGNAERT Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier le personnel de la Bibliothèque Pierre SINEUX (Droit- Lettres) de permettre à des étudiants comme moi de travailler pour poursuivre leurs études. Pour leur flexibilité sur les horaires, et pour permettre à leurs moniteurs étudiants d’avancer dans leur rédaction pendant leurs horaires de travail. Le service du Prêt entre Bibliothèque, pour la gestion de mon dossier et mes très nombreuses demandes. Valentin NOBLET pour ses discussions avisées, de la Licence au Master, qui ont permis de formuler ce sujet et confirmer mon objet de recherche. M Thomas HIPPLER et Mme Hélène VALMARY, pour leurs conseils tout au long de l’année, pour leur intérêt porté à ce sujet, ainsi que pour leur volonté d’encadrer la suite de ce travail lors d’une thèse. M François ROUQUET, pour ses cours lors de la Licence qui ont confirmé mon intérêt, pour avoir accepté de diriger ce travail et sa poursuite lors d’une thèse, pour avoir facilité les démarches avec le laboratoire HisTeMé afin d’établir la prise en charge d’une partie de mes frais d’emprunts. Mme Caroline BLONCE pour avoir dirigé ce travail tout au long de ces deux années, pour son encadrement remarquable, son soutien, ainsi que pour ses nombreuses relectures et conseils avisés qui ont permis à ce mémoire d’être pertinent et complet. Que lui soit signifiée ma gratitude. Enfin, et ces remerciements ne seraient pas complets si elle n’était pas mentionnée, ma compagne Leïla GOUBET, pour son soutien indéfectible lors de ses deux années, sa motivation, ses contributions et son aide à chaque difficulté rencontrée. Que lui soient exprimées ici ma tendresse et mon affection. Pour Yves-Marie « Trop d’Histoire tue la fiction Trop de fiction efface l’Histoire. » Hervé DUMONT Introduction « Une fiction nécessaire » (A Necessary Fiction 1 ). Ce titre d’épisode illustre parfaitement, à lui seul, le paradigme de la série Rome. Il explique comment une série, qui se veut être historique, et qui s’appuie donc sur des événements historiques, sourcés et documentés, peut s’illustrer parmi les productions sérielles auprès du public et réussir s’imposer comme un feuilleton que les téléspectateurs ont envie de suivre semaine après semaine. Elle se construit comme une proposition historique et cela explique comment la série est parvenue à fidéliser une audience autour d’une histoire connue et déjà représentée. C’est avec un habile mélange entre événements et éléments historiques, décors et costumes plausibles, et faits vraisemblables que la série parvient à réaliser ce tour de force. Elle se transforme alors en une fiction historique. La série s’intègre dans une continuité de récits antiques, de chroniqueurs anciens, comme Suétone, Plutarque, Appien ou Dion Cassius. La période représentée est probablement celle pour laquelle l’historien dispose le plus de sources. Mais la série s’intègre également dans toute une histoire de productions culturelles, comme des pièces de théâtre, telles que Jules César2 ou Antoine et Cléopâtre3 de Shakespeare, mais également leurs adaptations et mises à 1 S2E8 « A Necessary Fiction » VO/« Secrets et Trahisons » VF 2 SHAKESPEARE William, Julius Caesar [pièce de théâtre]. Probablement écrite en 1599 et publiée pour la première fois en 1623. 3 SHAKESPEARE William, Antony and Cleopatra [pièce de théâtre]. Donnée en représentation à partir de 1606 ou 1608, et publiée pour la première fois en 1623. Elle connaît moins d’adaptations cinématographiques que Jules César mais inspire tout de même grandement les réalisateurs montrant Cléopâtre à l’écran. Dans la série, cela ne correspond toutefois qu’aux deux derniers épisodes de la saison 2. 9 l’écran, notamment avec les films de Mankiewicz4, pour ne citer que les plus célèbres et ceux qui ont le plus marqué l’histoire5 du péplum6, dont la série se veut l’héritière. À propos des péplums et de leurs rapports avec les séries, Vivien BESSIÈRES explique et pose cette question : « Les rapports entre cinéma et télévision furent très tôt conflictuels. Et le péplum est au centre du conflit. En effet, l’âge d’or du péplum fut ouvertement initié par les majors pour contrer la concurrence de la télévision qui, dans les années 50 et 60, grignote l’audience du cinéma jusqu’à devenir le média populaire par excellence. Les péplums sont une réponse à la télévision. La télévision est un petit écran lové dans le foyer. Elle vient à nous. Mais nous devons aller au cinéma. Pour inciter le spectateur à se déplacer, les majors vont employer les grands moyens : grands écrans, grandes salles, innovations technologiques, prouesses budgétaires, événements spectaculaires — voilà ce que la télévision ne peut pas fournir, voilà pourquoi il faut aller au cinéma. Or, quoi de mieux que le péplum pour porter la spécificité du cinéma, avec ses grands monuments, ses grands héros, ses grands hommes, ses grandes batailles, ses grands spectacles, ses grandes civilisations, etc. La télévision, elle, propose autre chose, non plus de l’événement, avec un début et une fin, un nœud et un dénouement, mais un 4 La pièce Jules César de Shakespeare est plusieurs fois adaptée au cinéma, son adaptation la plus célèbre est sans doute celle de MANKIEWICZ Joseph Leo, Julius Caesar [film], 1953, avec James MASON dans le rôle de Brutus et Marlon BRANDO dans le rôle de Marc Antoine. Mais nous pouvons également citer deux adaptations avec Charlton HESTON dans le rôle de Marc Antoine : BRADLEY David, Julius Caesar [film], 1950 et BURGE Stuart, Julius Caesar [film], 1970. La pièce a également connu deux adaptations contemporaines : HAMILTON Adam Lee, MONTEGRANDE John, Julius Caesar [film], 2011 et TAVIANI Paolo, TAVIANI Vittorio, Cesare deve morire [film], 2012. Dans la série, on peut considérer qu’une grande partie des saisons 1 et 2 reprend la même période que la pièce. 5 Le film Cléopâtre de Joseph MANKIEWICZ signe en effet l’arrêt des films péplum pour une trentaine d’années. Le studio est au bord de la faillite lors de la sortie du film, pour un budget prévu de 2 millions de dollars le film dépasse très rapidement les 35 millions. Le tournage est également émaillé de l’idylle entre les deux acteurs principaux, Elizabeth TAYLOR et Richard BURTON, chacun respectivement marié à l’époque. 6 Communément admis désormais, le terme « péplum » fait référence aux films qui se passent dans un décor et une période « antique ». Mais les bornes chronologiques comprises dans le terme sont floues, les bornes de l’Antiquité, telle qu’elle est conçue en Histoire, font ainsi débat. Claude AZIZA s’est intéressé à cette question de la définition du péplum dans ses ouvrages. Il résume ces questions dans le premier chapitre de son ouvrage Le Péplum, un mauvais genre, Paris, Klincksieck, 2009. Ce débat sur le péplum ne nous concerne pas dans ce travail, la République romaine étant antique par nature. Michel ÉLOY quant à lui a proposé de très nombreuses analyses de tous les péplums sur son site : www.peplums.info, ainsi qu’un très grand catalogage de tous les films qui rentrent dans ces critères. Enfin Hervé DUMONT dans sa gigantesque encyclopédie L’Antiquité au cinéma : vérités, légendes et manipulations, Paris, Nouveau Monde, 2009, a répertorié par période représentée tous les péplums produits, en ajoutant une analyse détaillée et complète, sur chacun d’eux. Elle est également disponible en ligne, où il la met régulièrement à jour sur : http://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/files/assets/basic-html/index.html#page1 10 continuum d’images et de son, un flux tourné davantage vers le quotidien que vers l’extraordinaire. […] Comment une série péplum est-elle dès lors possible ? »7 Ce travail est également une tentative de réponse à cette question. Par la thématique des références que produit la série, nous aborderons ce thème de la rivalité entre les deux médias. Les films et les séries péplums sont également porteurs de l’héritage des peintures, dites pompières, représentant des scènes antiques. De nombreux films reprennent la composition de ces tableaux pour certains de leurs plans. Il semble important de préciser ces points parce que la série se construit vis-à-vis de ces références, en les acceptant, ou en s’en éloignant, c’est en cela qu’elle peut être analysée également, comme un véritable produit culturel qui nous en apprend énormément sur le monde dans lequel il est produit.