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Néanmoins, Hergé aussi, dans ses hommes se croiseront encore au entretiens avec Numa Sadoul, ne tarira moins trois fois dans ces années-là : pas d’éloges à l’égard du père de après Mai 68, lors d’une réunion à : « Quand je vois un Franquin, l’Ecole de dessin Saint-Luc, à par exemple, je me dis : “Mais com- Bruxelles, pour évoquer le lancement Franquin-Hergé, ment peut-on nous comparer ?” Lui, d’un enseignement dédié à la bande c’est un grand artiste, à côté duquel je dessinée (c’est finalement Eddy ne suis qu’un piètre dessinateur. » Et Paape qui en héritera) ; en 1971, ils Hergé tiendra à inviter Franquin lors feront partie du même jury du Grand le rendez-vous manqué de l’émission télévisée spéciale qui lui Prix Lombard de la bande dessinée ; est consacrée, sur la deuxième chaîne et enfin, en 1979, lors des émou- française, le 28 décembre 1969, sous la vantes retrouvailles télévisées entre houlette de Pierre Tchernia. Emission Tchang et Hergé, Franquin sera pré- « symptomatique, d’ailleurs, lors de la- sent au milieu du public, aux côtés de quelle Hergé s’entretient longuement Morris et de Bretécher… L Y A DES COÏNCIDENCES AMUSANTES,a raconté un Au-delà de l’admiration avec Alain Saint-Ogan, son maître, Bref, rien qui ne dénote une jour Franquin. J’étais bien plus jeune qu’Hergé, mais je suis sourit aux bons mots de Goscinny, grande intimité. C’est que, derrière la mutuelle qu’ils se passé par le même collège que lui, Saint-Boniface. Nous mais se contente d’écouter poliment grande urbanité montrée en public, sommes nés dans le même quartier de Bruxelles et nous y avons ha- les trois phrases prononcées par on a affaire à deux tempéramentsDans ce dessin témoignaient en public, bité… » (1) On pourrait ajouter que ces deux géants de la bande des- Franquin… très différents. Hergé est incontesta-de Franquin sinée franco-belge ont publié leurs premiers dessins dans des revues paru le les deux géants de la « On est dans deux univers blement un homme de droite, qui ne scoutes (Le Boy-Scout belge pour Hergé, Plein-Jeu pour Franquin), 17 décembre étanches, analyse Hugues Dayez. A la déviera jamais d’un iota de cette ligne bande dessinée belge qu’ils ont habité plus tard dans la commune de Boitsfort à quelques 1964, rédaction de Tintin, on porte la cravate claire, dont il est le génie incontesté.s’essaie au rues l’un de l’autre, qu’ils ont travaillé cinq ans pour le même journal, e et on publie des bandes dessinées réa- Franquin, lui, aurait plutôt des posi-pantalon de du XX siècle n’ont jamais Tintin, et qu’ils ont chacun traversé une dépression, dont Hergé sor- golf, un clin listes ; chez Spirou, dont Franquin est la star, l’ambiance esttions beau- anticléricales, pacifistes, et connaîtra une seconde carrière avec tira via le blanc de Tintin au Tibet, tandis que Franquin, lui, plongera d’œil à Tintin. eu véritablement d’atomes coup plus détendue et l’humour a toute sa place. » Hergé neLe sera Trombone illustré et ses Idées noires. Ce n’est sans doute pas par dans ses Idées noires… d’ailleurs pour rien dans le « transfert » de Franquin chez Tintinhasard, en si c’est en marge d’une interview commune donnée avec Bref, malgré la génération qui les sépare – Hergé est né en 1907 crochus. Retour sur une 1955, décidé par le « patron », Raymond Leblanc. « Je n’ai toujoursl’« anarchiste » , en 1977, au journal Antirouille, chan- et Franquin en 1924 –, tout aurait dû réunir ces deux créateurs. Et pas rencontré Hergé », dira d’ailleurs Franquin plusieurs moistre après de la contre-culture, que Franquin confiera : « Hergé est un bon étrange non-relation. pourtant… On a beau fouiller les dossiers, éplucher les biographies, avoir commencé à y publier . « Il n’est pasdessinateur sûr », avant d’ajouter après un sourire échangé avec Yvan on chercherait en vain la mention d’une vraie rencontre entre les que cette série de gags, avec son esthétique “gros nez”, ait été laDelporte tasse : « Mais il est quand même un peu con ! » (3) Le mot est deux hommes dans les mille pages entomologiques du Hergé, lignes de thé d’Hergé », suppute Hugues Dayez… Le côté un peu corsetéviolent et, sans doute, dépasse-t-il la pensée véritable de son auteur. de vie (Moulinsart), de Philippe Goddin ; ou se plonger dans les ar- de l’hebdomadaire des éditions du Il traduit bien, néanmoins, le senti- chives de l’INA, rien ou presque. Une seule photographie connue, Lombard ne pouvait convenir au créa- ment que Franquin peut éprouver, publiée dans la monographie d’Yvan Delporte (2), montre Hergé et teur de Gaston. « Chez Hergé, il y en ces années post-hippies, à l’égard Franquin ensemble (voir ci-contre). Et encore ne sait-on pas à quelle avait un esprit de sérieux », résumera de la personnalité toujours un peu occasion elle fut prise. Les « franquinologues » la datent approxima- pudiquement Franquin à propos de « boy-scout » d’Hergé. tivement des années 50, au vu de la coupe en brosse du père de Poisson son passage chez Tintin. Graphiquement aussi, leurs voiesd’avril ! Gaston. On observera d’ailleurs que, symboliquement, les deux Il y a pourtant quelques cousinages s’éloigneront toujours davantage :En 1965, hommes ne semblent pas se regarder… Spirou dans les œuvres des deux dessinateurs. l’un a constamment cherché à épurer « Entre Franquin et Hergé, la rencontre ne s’est pas faite, il n’y a s’amuse Avant l’arrivée du , la re- au maximum sa ligne claire, l’autre a jamais eu de connivence », confirme Hugues Dayez, auteur du Duel à détourner lation de Spirou et n’est pas sans sans cesse complexifié son dessin aule logo Tintin-Spirou, qui a connu les deux hommes. Ce n’est pourtant pas évoquer celle de Tintin et Milou. fil des ans. Conclusion presquedu concurrent faute de proclamer haut et fort leur admiration mutuelle. « Quand Tintin. et Tournesol sont les désenchantée d’Hugues Dayez : j’ai commencé, il y avait deux phares aussi brillants l’un que l’autre : mêmes « seconds rôles », des inven- « Hergé et Franquin sont deux rails Disney et Hergé », confiera Franquin. Pourtant, contrairement à un teurs farfelus (que l’on songe aux sous- parallèles qui ne se rencontrent ja- Tillieux, dont les premiers albums, Les Aventures de Félix, sont très marins du Trésor de Rackham le mais. » fortement influencés par Hergé, Franquin, lui, ne sera jamais un Rouge et du Repaire de la murène). Et adepte de la ligne claire. La raison en est très simple : l’enseignement la première scène campagnarde des de Jijé, avec ses coups de pinceau, ses pleins et ses déliés, est passé Attention, Bijoux de la Castafiore ressemble fu- monstres par là. D’ailleurs, la personnalité de Jijé – né en 1914, à cheval sur rieusement à la première page de ce sacrés ! Hergé les générations Franquin et Hergé – est sans doute pour quelque même Repaire de la murène, publié (de profil chose dans l’absence de connivence entre les pères de Tintin et de • Jérôme à gauche), plusieurs années auparavant. Gaston. L’anecdote est célèbre : Hergé ayant reproché à Jijé d’avoir Franquin (de Outre leur présence commune sur face), Yvan emprunté les traits de Tintin pour créer son héros Jojo, ce dernier (1) Le Duel Tintin-Spirou, par Hugues le plateau de Pierre Tchernia, les deux Dayez, Editions contemporaines. Delporte (et sa avait envoyé pour toute réponse à Hergé un dessin représentant Bé- Hugues Dayez vient de publier célèbre cassine coiffée d’une houppette… une magnifique édition de La Mauvaise barbe). C’est Tête, de Franquin, chez Niffle. la seule photo (2) Yvan Delporte, réacteur en chef, connue par Christelle et Bertrand des deux Pissavy-Yvernault, Dupuis dessinateurs (3) Franquin et les Fanzines, Dupuis.

ensemble. © DR

34 LES CLASSIQUES DE LIRE LES CLASSIQUES DE LIRE 35 courts, blazer, chaussures de ville. La se- Franquin réalise son fantasme : arroser l’ar- L’histoire secrète de maine suivante, le revoilà dans un coin de roseur et ridiculiser le pète-sec. page. Il a réussi à entrer, mais il semble tou- Pauvre ! Lui qui incarne un re- jours un peu embarrassé. Pas d’inquiétude, porter sympathique et intrépide dans Spirou, le garçon prend vite ses aises : affalé sur une le voilà catapulté dans la peau d’un secré- chaise au numéro d’après, il s’allume une ci- taire de rédaction rabat-joie. Rabat-joie garette. Remballé, le costume élégant : le mais indispensable : clown blanc de Gaston, mythique pull à col roulé s’est imposé, lui il fait valoir ses gags dans un dispositif aussi. Sept jours plus tard, enfin, quelqu’un comique vieux comme le monde. Le semble avoir remarqué sa présence. En bas 25 avril 1957, il s’attaque au problème du Gaston Lagaffe de la rubrique Sports, surmontés d’un grand point d’interrogation, Spirou et Fantasio ob- servent Gaston qui fait le pied de grue, clope au bec. Dans les fêtes, on met toujours du C’est autant le bébé que l’alter temps à repérer les pique-assiette. Le 28 mars 1957, le Journal de Spirou ego de Franquin. Employé au passe en couleurs. Quadrichrome, le fumeur courrier des lecteurs dans la solitaire est bel et bien fiché. Bleu, le liseré de traces de pas ; vert, le pull-over ; bleu rédaction d’un célèbre hebdo- clair, les revers du jean foncé ; rouges, les madaire, le gaffeur permet au chaussettes. Et turquoise, les espadrilles ? donner un visage à cet antihéros.Pas si vite. Brainstor- Pour l’instant, Gaston porte des dessinateur de faire – enfin ! – ming dans un troquet à deuxchaussures pas de la derédac- cuir. Quand Franquin pous- tion, Au bon vieux temps.sera Sur d’unun sous-bock, cran supplémentaire le laisser-aller du Franquin. Voici comment Franquin griffonne une bouillevestimentaire qui deviendra du personnage, les espadrilles est né ce mythe populaire. Gaston. La silhouette d’échalasde Lagaffe et les seront che- orange. Mais l’état déplo- veux en baguettes de tambourrable desseraient souliers une de toile n’est pas du goût réminiscence d’un gaillardd’un aperçu lecteur lors dede sonMauléon-Licharre, fief pyré- voyage en Amérique. Quantnéen au deprénom, l’espadrille. une Soucieux de la réputa- contribution de Delporte,tion marqué de sa dansville, sail envoie à Franquin deux jeunesse par la maladressepaires d’un de chaussures copain flambant neuves, l’une d’école, Gaston Mostraet. noireGaston, et l’autre c’est aussi bleue. Franquin jette son dé- le prénom du beau-père devolu Franquin, sur la paire mais bleue,le que Gaston adoptera dessinateur n’est pas hostilepour aux ne passerelles plus jamais la quitter. entre l’intime et la fiction. N’est-ilSix semaines pas en train après son apparition, l’intrus prend enfin la parole, au cours d’un dialogue L EST MIGNON.Noir et blanc, de devenir père pour de vrai au moment où digne d’une pièce de Beckett. « Qu’est-ce entre le cocker et le jack russell. La il donne naissance à Gaston sur le papier ? Arroser l’arroseur que vous faites ici ? » C’est Spirou qui sou- plupart du temps, il se promène sans Voilà donc André Franquin, des tirecom- au grand escogriffe ses « J’sais pas… », laisse, trottinant hardiment entre les jambes mandes par-dessus la tête, embarquéses dans « Beuh… » et ses « Sais plus… ». Aucune de Longtarin, mais il lui arrive aussi de se les aventures d’un héros désœuvré. Ironique,information ne filtre de cette absurde inter- faufiler à l’intérieur de la rédaction. Souvent, n’est-ce pas, de la part d’un tel bourreauview, de si bien que Spirou finit par lâcher : il cherche l’âme sœur, et Franquin lui colle travail ! A moins qu’en offrant de son« Maispré- vous êtes bien sûr que c’est ici que une bulle avec un cœur à l’intérieur. Ce petit cieux temps à un personnage aussivous mou devez venir ? » Toujours est-il que Gas- chien, qui traverse discrètement une cin- – mou, le « gros pif en forme de pommeton deest dans la place. Et que ça se voit. Dès quantaine des gags de Gaston Lagaffe et fait des diktats de son temps et de la tyrannie des terre » ; molles, les épaules voûtées ; molle,la semaine suivante, il renverse de l’encre sur depuis plus d’un demi-siècle l’objet d’une superhéros. Et cette histoire foutraque, ico- la bouche gobant un mégot –, Franquin n’ait Delporte, dans les bureaux de Spirou. Il sait le concours de la semaine, provoquant le to- chasse au trésor passionnée, résume à lui noclaste mais surtout généreuse regorge de voulu tout envoyer en l’air dans une grande que cet anticonformiste à barbe de prophète nitruant « Mille millions ! » de Fantasio. Dès seul le génie de Franquin. Le dessinateur raf- clins d’œil. Pour peu qu’on veuille bien les explosion de rire. De fait, la première ren- accueille toujours les idées à bras ouverts. Et son origine, la création de Gaston Lagaffe folait des œuvres à tiroirs – après tout, le voir. contre de Gaston avec les lecteurs de Spirou, justement, Franquin en a une. Une de rien repose sur cette trouvaille géniale : faire in- chef-d’œuvre de sa vie n’a-t-il pas pour décor dans le n° 985 daté du 28 février 1957, se dé- du tout, une pour le changer de ses travaux teragir la fiction et la réalité. Ainsi, cette pre- une fabrique de bandes dessinées ? – et crai- cline sous le thème du saccage : des traces de habituels. Une idée en forme de blague : mière gaffe fait partie intégrante du gnait toujours de ne pas en donner assez à pas noires souillent la bordure d’une page. Une idée en passant « On pourrait faire, dans Spirou, un person- concours, puisque les lecteurs sont invités à ses lecteurs. Mais c’est aussi toute la saga de Dans un coin, un jeune homme vient de Tout commence en janvier 1957. Franquin nage, un héros sans emploi, c’est-à-dire un retrouver les mots tachés par la maladresse Gaston Lagaffe que l’apparition subreptice pousser la porte de la rédaction. A-t-il frappé a 33 ans, un rôle clé au sein du Journal de héros de bande dessinée qui ne serait pas de Gaston. Avec cet habile stratagème, de ce petit chien résume à elle seule. Car avant d’entrer ? Pas sûr, vu son air un peu Spirou et bientôt un nouvel atelier bruxel- dans une bande dessinée. Et alors, comme il c’est ça, Gaston : l’histoire d’un héros né par tête en l’air et la nervosité avec laquelle il tire lois, dont il taira jalousement le numéro de n’aurait rien à faire, il ferait des gaffes et sa- hasard. D’une bande dessinée humble et sur son nœud pap’. Oui, pour sa toute pre- téléphone. L’homme est très demandé. Un boterait le journal par ses maladresses. » tendre qui a fait son chemin à rebrousse-poil mière fois, Gaston a mis la forme : cheveux jour, alors qu’il frise déjà le burn-out, il vient Delporte pointe sa barbe fournie en signe pourtant trouver le rédacteur en chef, Yvan d’assentiment : l’idée est adoptée. Reste à

52 LES CLASSIQUES DE LIRE LES CLASSIQUES DE LIRE 53 “Franquin, les Idées noires et moi”

Entretien Marcel Gotlib

E GÉNIAL CRÉATEURde Gai-Luron, de Rubrique-à- Selon le livre Et Franquin créa la gaffe, vous Le Trombone illustré publiait les Idées Fluide. Il me l’a offerte, elle est toujours au brac et de Rhââ Lovely n’a jamais caché son admiration auriez déclaré avoir appris à dessiner avec noires. Puis, en 1977, les Idées noires mur dans mon bureau. Plus tard,Le pour Franquin. La création du magazine Fluide Glacial lui l’album paru en paraissent dans – que vous Le Nid des Marsupilamis, Fluide Glacial Trombone a été obligé de s’arrêter, sur les in- donna l’occasion de publier les Idées noires… Le dessinateur 1960. Franquin aurait donc été votre prof veniez de créer deux ans plus tôt avec nous livre ses souvenirs. jonctions formelles de M. Dupuis. Il n’y avait de BD sans le savoir. C’est vrai ? Vous Alexis et votre ami d’enfance, Jacques plus d’Idées noires. Je me suis tout de suite aviez pourtant 26 ans à l’époque… Diament. Est-ce vous qui avez proposé rué sur Franquin et je lui ai dit que je voulais à Franquin de vous rejoindre ? les Idées noires pour Fluide. J’ai publié toutes Marcel Gotlib Je: ne m’en souviens plus du celles parues dans tout. J’ai toujours adoré Franquin depuis C’est effectivement dans Le Trombone illustré LeTrombone, en un seul que j’ai mis le nez dans un de ses albums. que Franquin a commencé à faire les Idéespaquet, avec une couverture que j’ai bidouillée Marcel Gotlib en 1974, l’année où il Alors, que ce soit celui-ci ou un autre… Le noires. Juste avant, il ne travaillait plus, il étaitavec un dessin de moi en page de garde. rencontra Franquin pour la première fois. Nid des Marsupilamis est formidable, il est plus ou moins en dépression. Quand il ne Ensuite,tra- il a continué à nous livrer une page même adorable… Mais mon album préféré vaillait pas, toute la profession lui tombaitpar semaine. est QRN sur Bretzelburg. J’ai regardé à la dessus pour lui demander un petit dessin, Dans quelles circonstances avez-vous loupe chacune des cases. J’ai l’intégrale de n’importe quoi. J’ai fait comme les autres, je rencontré Franquin la première fois ? Le portrait de Franquin en trois exemplaires. Et une dédi- lui ai envoyé un scénario crayonné et, à ma et Claire Bretécher, c’était la grande époque C’était à Angoulême 1 [la première édition de L’Echo des savanes, sorti peu avantFranquin [en par cace, dans un de ses derniers albums, que j’ai grande surprise, il m’a renvoyé mon scénario Gotlib, paru découpée et encadrée. J’ai appris à dessiner, exécuté en couleurs. Quand j’ai vu ça, je suisdu festival de bande dessinée, en janvier 1974, mai 1972, NDLR]. Il y a eu un mini-scandaleen préface dans l’absolu, avec d’autres dessinateurs, tombé raide. Cette planche [une histoire deNDLR]. Je me suis retrouvé entre mes idoles : quand des parents ont mis le nez dans lede jour- l’album des Idées noires. mais lui a été un de mes maîtres, oui. En Martiens sur un banc, NDLR] est parue dansFranquin et Harvey Kurtzman, le créateur nal et ont hurlé à la profanation de Mickey du magazine MAD. Il y avait aussi Mandryka Mouse 1960, je n’étais pas encore dans la BD. J’ai (rires). Après le lancement de l’Echo, commencé en 1962, quand Vaillant (qui allait devenir Pif Gadget) m’a commandé une page hebdomadaire. Avant, je faisais des pe- tits albums à colorier, pour enfants. Mais j’ai vite déchanté. Mon but, c’était Pilote.

Avec le recul, qu’est-ce qui vous a séduit dans le travail de Franquin ? > Tout me plaisait, mais avant tout son gra- phisme, son dessin. Aussi bien Spirou que Gaston Lagaffe ou tous ses autres albums. Y compris quand il travaillait au Trombone il- lustré, un supplément à Spirou qui n’était pas du tout du goût du grand patron. Il se plai- gnait de recevoir des lettres de parents de lecteurs. Il n’y avait pourtant rien de mé- chant là-dedans. © William Karel/Gamma

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