LA MOBILITÉ DU PEUPLEMENT BISSA Et MOSSI
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J.-P, LAHUEC et J.-Y. MARCHAL EIOLOGIE ENTOMOLOGIE MEDICALE ET PARASITOLfJùIE 0î.E.WCGFi.2$‘HIE HYUAOBIOLOGIE PEOOLOGIE HYDROLOGIE SCIENCES HLlM.VME3 TRAVAUX ET DOCUMENTS DE LrORSTOM No 103 Jean-Paul LAHUECet Jean-Yves MARCHAL i LA MOBILITÉ DU PEUPLEMENT BISSA et MOSSI PREMIÈRE PARTE PAR J.-P. LAHUEC Le peuplement et l’abandon de la vallée de la Volta Blanche, en pays bissa (Sous-Préfecture de Garengo) DEUXIÈME PARTIE PAR J.-Y. MARCHAL La pénétration mossi dans la plaine du Gondo et le « Sahel » (Sous-Préfecture de Tougan et de Djibo) ORSTOM PARIS 1979 . a La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, « d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé « du copiste et non destinées à une utilisation collective )) et, d’autre part, que les « analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute « représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de « l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa Ier de l’article 40). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti- « tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code « Pénal. » @ O.R.S.T.O.M., 1979 I.S.B.N. : 2-7099-051 l-6 Présentation : Sédentarité et mobilité rurale dans le bassin des Volta Les recherches en géographie ont principalement pour objet d’étude les situations observables aujourd’hui. El& décrivent et expliquent ce qui sevoit. Toutefois pour parvenir à la compréhension de l’objet étudié, il est primordial de ne pas sous-estimer la notion de relativité, dans le temps et dans l’espace. Les situations observéesà un certain moment, sur un quelconque territoire, s’inscrivent invariablement dans une dynamique. Pour percevoir cette dernière, il faut, d’une part, être curieux des témoignages du passé- que ceux-ci soient immédiatement lisibles dans les paysages ou qu’il soit nécessairede les « décoder » dans la tradition orale ou les archives - et, d’autre part, se dégager du niveau des études ponctuelles pour embrasser un champ spatial suffisamment large. A titre d’exemple, au cours des années 1972-1975,une étude, à laquelle participaient les auteurs des textes présentés ici, a eu pour objet les migrations voltaïques (‘). Les chercheurs ont constaté, à mesure’,del’avancement de leurs enquêtes de terrain, que le développement du phénomène migratoire qu’ils analysaient ne pouvait se comprendre sans faire appel aux données de l’histoire locale. Poursuivant leurs investigations dans cette voie, ils ont- reconnu que les déplacements de population avaient été provoqués, dans une large mesure, par des agents étrangers aux sociétés rurales, mossi et bissa, concernées. Enfk, en comparant les mouvements observes dans t6,utes les régions, ils sont parvenus à mettre en évidence que les caractères supposésrégionaux, dans une première phase de la recher- che, étaient, en fait, communs à l’ensemble de l’espace étudié et, de plus, répondaient aux mêmes moments aux mêmes agents (“). Les deux études qui suivent présentent le desserrement des peuplements bissa et mossi, en dépassant le constat d’une situation présente - abandon des vallées soudaniennes et mise en cause de la sédentarité au Sahel- pour aborder le phénomène dans sa dynamique, depuis ses origines (“). La première étude, distincte de l’enquête dont il vient d’être fait état, contribue à la connaissance des conditions offertes au peuplement dans la vallée de la Volta Blanche, compte tenu du « complexe » onchocerquien (4). La secondeétude relève de l’enquête sur les mouvements de population à partir du pays mossi, mais a été poursuivie au-delà de fa durée de cette dernière pour s’intéresser plus particulièrement aux problèmes liés à la sédentarité sur les marges du Gurma, d’une part, et aux abords de la plaine du Gondo, d’autre part. En définitive, les deux études traitent de trois régions séparéesles unes des autres, de 250 km N.-S. entre le pays bissa et le Sahel voltaïque, de 120 km N.E.-S.O. entre ce dernier et le pays samo voisin du Gondo. 3 z” O0 z” ZARTE DE SITUATION DES ÉTUDES * ++ + OWiHlGOUYA e KAYA GAN . + ++ DEDOUGC IU . OUAGADOUGOU KOUDOUGOIJ . FADA NGOURMA -x .’ d xx,: ++’ : * ** MANGA x : . Y. + X+++++x x + BOBO DIOULASSO x x+ . x P0 . x ZABR + +++ ++ ++++++ +++*+++ * a + : EIANFORA t . + * + * + % x + x + *++ * + + xX DAHOMEY oo : .- **++++z* ; + *s * GHANA ** ** * + + Oo : ** i< * c * ** ; * ** : + ++ + C&E D’IVOIRE *+ + x + L x ; i x x 2o 4O Y. z” oo = + , Ière étude (GARANGO) l!izzzl 2e étude (TOUGAN-DJ I BO) Que ces études ne se soient pas-déroulées dans le même temps et qu’elles n’aient pas été animées par les mêmes motivations scientifiques - la première répondant à la question : « pourquoi et comment les vallées du pays bissa sdnt-elles abandonnées aujourd’hui », tandis que la seconde se préoccupe des relations entretenues depuis long- temps entre le pays mossi et sesmarges - n’empêchent pas qu’elles aient fait appel, l’une et l’autre, à des démarches très voisines que le lecteur identifiera aisément. Otitre la volonté délibérée d’appuyer le raisonnement sur un important dossier cartographique dont la lecture permet de suivre la dynamique des desserrements villageois, le renvoi constant aux documents historiques est manifeste dans les deux études. Les archives coloniales ont été dépouillées tant en Haute Volta qu’au Sénégal et ‘en Côte d’lvoire et, dans le cas du pays bissa, la tradition orale a été fortement sollicitée. De plus, un effort particulier a été consenti au moment de la préparation des textes pour que l’information de terrain ne soit pas trop épurée. Les auteurs ont voulu que les documents, qui ont été des instruments de réflexion au cours de leur propre recherche, puissent être, tout aussi valablement, utilisés par les chercheurs et les responsables des services voltaïques. même si les problématiques de ces derniers sont différentes des leurs. En effet, les informations reportées sur les cartes et en annexes sont à prendre en compte pour toute approche des sous-préfectures de Garango, de Tougan et de Djibo, où la mobilité du peuplement constitue l’une des composantes régionales essentielles. Par ailleurs, et indépendamment des démarches suivies, l’objet mêmes des études : le desserrement du peuplement bissa et mossi. s’inscrit dans une même liste d’événements contemporains et, au bout du compte, suggère la même question, aussi paradoxale qu’elle puisse paraître : « les sédentaires ne sont-ils pas mobiles ? » Cette opposition entre des qualificatifS apposés sur des groupements humains ne dépend-elle pas de la période de temps pendant laquelle ces derniers sont l’objet d’observations ? La sédentarité n’est-elle pas toute relative ? 4 Qu’il soit question de l’implantation d’immigrés dans les savanes boiséesde la vallée de la Volta Blanche ou bien dans la « brousse tigrée » du Sahel, il s’agit, dans un cas comme dans l’autre, de mouvements périphériques aux régions fortement peuplées. Ceux-ci, liés à l’origine à la recherche de terres disponibles, ont pris une grande ampleur une fois la Boucle du Niger et le Bassin des Volta occupés par les Français. L’implantation agricole, dérivée des migrations à la périphérie des pays bissa et.mossi, devient, dès 1900-1910,essentiellement le fait de dissidents, de contestataires de l’autorité coloniale, qui refusent le paiement de l’impôt de capitation, les prestations de toute nature, les recrutements de tirailleurs et les cultures forcées. L’imposition fiscale contraint les paysans à vendre leur récolte et leur cheptel en plus grande quantité qu’il ne serait acceptable pour maintenir un équilibre déjà précaire entre la production et les besoins. Cette politique atteint rapidement ses limites. Outre la grande famine de 1914, les signes de malaises se multiplient : insoumissions, migrations hors de portée des contraintes administratives. Celles-ci, pourtant, ne cessent de croître après la sup- pression du Haut Sénégal-Niger et la création de la colonie de Haute Volta, en 1919. Le « développement » du territoire est lancé sur la baseexclusive d’une production cotonnière intensive mais ne réussit pas à faire de la Haute Volta une colonie « viable », malgré l’importance des efforts consentis par les populations et les moyens employés par l’administration. En conséquence,la Haute Volta est rayée de la carte de I¶A.O.F. entre 1932et 1947.C’est alors que l’augmentation annuelle de l’impôt, à laquelle s’ajoutent les recrutements forcés de main-d’œuvre pour les chantiers du Soudan et de la Côte d’koire, rendent le régime de vie des populations excessivementrude et contrai- gnent ces dernières à déserter, à s’expatrier. La colonie britannique de Gold Coast (l’actuel Ghana) et les régions voltaïques les moins peuplées et les moins contrôlées accueillent des milliers de « réfractaires » dans des aires de « refuges ». Ce sont principalement, outre les régions de la Gold Coast, situées le long de la frontière, le pays gurunsi et les vallées désertesdes Volta Rouge et Blanche, ainsi qu’au nord, les « brousses» de Djibo-Aribinda et celles du pays samo. Malgré la diversité des contextes d’accueil, la finalité des implantations est partout la même : se cacher pour cultiver et vivre comme avant. Cette situation dure le temps que met l’autorité coloniale à localiser les fugitifs ; ce qui arrive parfois, accompagné d’actes de répression. Alors, les « réfractaires » se dispersent. Les uns retournent, contraints, dans leur village d’origine (souvent pour un court délai...) ; d’autres s’enfoncent plus avant dans les « brousses », dans l’espoir d’un nouveau sursis. Cependant, devant l’ampleur des mouvements « échappatoires », qu’elle n’a pas les moyens de contenir réellement, l’administration se lasse.