Histoire Du Crédit Industriel Et Commercial (1859-2009) Nicolas Stoskopf
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Histoire du Crédit industriel et commercial (1859-2009) Nicolas Stoskopf To cite this version: Nicolas Stoskopf. Histoire du Crédit industriel et commercial (1859-2009). Éditions La Branche„ 311 p., 2009. hal-00946846 HAL Id: hal-00946846 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00946846 Submitted on 14 Feb 2014 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. HISTOIRE DU CREDIT INDUSTRIEL ET COMMERCIAL (1859-2009) par Nicolas Stoskopf Professeur à l’université de Haute-Alsace CRESAT (EA 3436) Cet ouvrage a été publié en 2009 à l’occasion du 150e anniversaire du Crédit industriel et commercial (CIC) qui souhaitait commémorer l’événement par une histoire d’entreprise en deux volumes. Le tome 1 est consacré à l’histoire du CIC proprement dit, depuis sa fondation en 1859 à son 150e anniversaire en 2009, le tome 2 aux banques, pour la plupart régionales, formant le groupe CIC (voir sur HAL-SHS Dictionnaire historique des banques du groupe CIC). La version présentée ici ne reprend pas la préface de Michel Lucas, les chronologies illustrées en tête de chapitre, les encarts d’Alain Duault sur l’histoire musicale, la mise en page, les illustrations, l’index des noms d’entreprises et de personnes que l’on trouvera dans l’ouvrage commercialisé, publié sous le titre : Nicolas Stoskopf, 150 ans du CIC (1859-2009) : une audace bien tempérée, t. 1, préface de Michel Lucas, Paris, Éditions La Branche, 2009, 311 p. 2009 1 Sommaire Introduction p. 3 I. Fondation de la première banque de dépôts (1856-1859) p. 5 II. Construction d’une identité (1859-1878) p. 21 III. Corrections de trajectoire (1878-1913) p. 48 IV. Construction d’un groupe national (1913-1945) p. 69 V. Le premier groupe bancaire privé (1945-1982) p. 95 VI. Le CIC dans les turbulences (1982-1998) p. 131 VII. Emergence d’une banque nouvelle (1998-2009) p. 167 Conclusion p. 182 Sources et bibliographie p. 184 Remerciements p. 186 2 Introduction Il n’est pas si fréquent pour une grande entreprise de fêter ses cent-cinquante ans. Cela suppose de surmonter les maladies infantiles, les crises et les guerres, et plus redoutables encore, les restructurations des vingt-cinq dernières années ou les poussées de jeunisme qui conduisent, au nom de principes de marketing, à « moderniser » l’état civil des sociétés en les dotant d’une raison sociale à la mode. La « Société générale de crédit industriel et commercial » des origines a pris tout son temps pour devenir, au prix d’un changement de genre, le CIC et le rester, malgré la nationalisation de 1982, la privatisation de 1998 et la succession de ses actionnaires majoritaires. Le CIC a donc maintenant une longue histoire, la plus longue de toutes les banques de dépôt françaises, puisque sa fondation, le 7 mai 1859, a précédé celles du Crédit lyonnais de quatre ans et de la Société générale de cinq ans. Cette avance est loin d’être insignifiante : elle correspond à l’expérimentation d’un nouveau concept et à une étape capitale dans la mise en place sous le Second Empire du système bancaire. Mais elle ne donne pas de privilège particulier : avec le temps, cet écart devient négligeable et on peut admettre que ces trois établissements de crédit sont devenus à égalité, quelles que soient les turbulences des dernières décennies, de véritables institutions dans le paysage bancaire français. Se pencher sur ce passé, c’est s’interroger sur une construction continue qui conduit à l’entreprise d’aujourd’hui et qui a forgé une image, une identité particulière, une culture d’entreprise. On s’attend à une certaine permanence, mais aussi à des ruptures, à des accélérations et à des ralentissements, à des ouvertures et à des impasses, aux succès et aux échecs. L’histoire du CIC fournira tous ces ingrédients, et d’autres encore, ne serait-ce qu’en épousant à la fois les soubresauts de l’histoire nationale et les aléas de la conjoncture. Mais on verra que les événements ont eu finalement peu de prise sur certains éléments de continuité, repérables dès les origines, qui constituent d’incontestables fils directeurs sur la longue durée. Le premier est pour ainsi dire inscrit dans les gènes du CIC, car il relève des circonstances même de la fondation et d’une double paternité : l’instigateur du projet, Armand Donon, a légué l’esprit d’innovation, l’audace, le goût du risque nécessaire à la réussite de toute entreprise, tandis que le premier président, Gaston d’Audiffret, a d’emblée tempéré les ardeurs et voulu rassurer en imposant le respect des principes, la rigueur financière, l’esprit aristocratique. En définitive, le CIC n’a jamais cessé d’expérimenter cette combinaison paradoxale entre la modernité et le maintien de la tradition, voire le traditionalisme. Le second relève d’un choix et oppose radicalement le CIC à ses concurrents, le Crédit lyonnais et la Société générale. Au lieu de constituer un réseau centralisé d’agences en province, le CIC n’a ouvert de succursales que dans la région parisienne, mais n’a pas négligé pour autant la province. Il a construit très progressivement un réseau souple et lâche de correspondants et de banques régionales, avec lesquelles les liens ont fini par se renforcer pour former un groupe de plus en plus structuré. Le résultat est là aussi tout à fait étonnant puisque ce modèle de 3 développement a permis au CIC de réunir à la fois une image de banque très parisienne et de banque des provinces françaises. Modernité et tradition, Paris et province, ces deux binômes antagonistes peuvent être des clés de lecture pour comprendre l’évolution du CIC au cours des cent-cinquante ans de son existence : s’ils ne sont pas sans relations entre eux, ils dessinent aussi les contours d’une histoire très française. 4 Chapitre I Fondation de la première banque de dépôt (1856-1859) La naissance de la « Société générale de crédit industriel et commercial » fut très difficile : il fallut affronter la concurrence, surmonter des réticences, remanier à plusieurs reprises le projet, pour aboutir enfin, après quatre années de gestation, à un résultat qui n’allait plus tout à fait dans les vues de ses promoteurs. Ce parcours ingrat fut le prix à payer pour fonder en France la première banque de dépôt sur le modèle anglais et introduire ainsi un peu plus de fluidité dans la circulation de l’argent et la distribution du crédit. Si tout le monde était à peu près d’accord sur l’urgence des besoins, beaucoup appuyèrent sur les freins quand il s’agit de trouver une solution. C’est ce dilemme qu’il faut analyser pour comprendre comment le décret impérial du 7 mai 1859 autorisant la fondation du CIC fut l’aboutissement d’un processus complexe et le résultat d’un compromis. I. L’urgence des besoins La construction des chemins de fer donna à l’économie française du milieu du XIXe siècle un nouvel élan : de puissantes sociétés, rassemblant jusqu’à 200 millions de francs de capitaux pour la Compagnie de chemins de fer du Nord, se formèrent afin de gérer la construction, l’équipement et l’exploitation des nouvelles lignes, l’extraction du charbon fut stimulée, la sidérurgie dut se moderniser et se concentrer pour faire face à l’augmentation de la demande en produits métallurgiques, les constructions mécaniques se développèrent, remplaçant l’industrie textile comme activité motrice de la révolution industrielle, la construction des gares commença à transformer les villes. Après les premières expériences ferroviaires au cours des années 1830, il suffit d’une vingtaine d’années pour que la France se dote d’un réseau ramifié qui atteignait près de 10 000 km en 18601. L’avènement du Second Empire donna une impulsion décisive à ce mouvement d’industrialisation. Napoléon III était acquis à l’idée que la croissance économique permettrait d’améliorer le sort du peuple, mais aussi d’assurer la grandeur nationale. Avec des accents très saint-simoniens, il rappela en janvier 1860 à son ministre d’Etat, Achille Fould, que tout s’enchaîne « dans le développement progressif de la prospérité publique », que « sans commerce, l’industrie est stationnaire », « sans une industrie prospère qui développe les capitaux, l’agriculture elle-même demeure dans l’enfance » et il lui demanda, entre autres, « d’affecter tous les ans une somme considérable aux grands travaux de dessèchement, d’irrigation et de défrichement (…), de faire exécuter le plus promptement possible les voies de communication, canaux, routes et chemins de fer qui auront surtout pour but d’amener la houille et les engrais sur les lieux où les besoins de la production les réclament2 ». Si l’intervention directe de l’Etat, par 1 Patrick Verley, La première révolution industrielle, Paris, Armand Colin, 1999, p. 76. 2 Lettre de Napoléon III à Achille Fould, publiée dans Le Moniteur, 15.1860, cité par Alain Plessis, De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871, Paris, Seuil, 1973, p. 85. 5 l’augmentation des dépenses publiques, ne fut finalement pas aussi importante que le laisseraient entendre ces propos, le ton était donné, les objectifs fixés et la confiance inspirée aux milieux d’affaires. Le régime des concessions donna à l’Etat les moyens de sa politique, tout en confiant aux entreprises privées le soin de sa mise en œuvre.