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150 cinéastes américains actuels Petit dictionnaire critique Gérard Grugeau, Thierry Horguelin, Marcel Jean and Georges Privet

Tendances actuelles du cinéma américain Number 49, Summer 1990

URI: https://id.erudit.org/iderudit/24190ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this document Grugeau, G., Horguelin, T., Jean, M. & Privet, G. (1990). 150 cinéastes américains actuels : petit dictionnaire critique. 24 images, (49), 28–40.

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PAR GÉRARD GRUGEAU, THIERRY HORGUELIN, MARCEL JEAN ET GEORGES PRIVET

QUI FAIT LE CINÉMA AMÉRICAIN? DANS CE PAYS QUI N'A JAMAIS ENTRETENU LE CULTE DU METTEUR EN SCÈNE, ON CONNAIT QUELQUES GRANDS NOMS, MAIS LE TOUT VENANT DE LA PRODUCTION DEMEURE ANONYME. VOICI DONC, POUR TENTER UNE ESQUISSE DU PAYSAGE CINÉMATOGRAPHIQUE AMÉRICAIN, UN DICTIONNAIRE CRITIQUE, POLÉMIQUE ET SÉLECTIF DE 150 RÉALISATEURS DE LONGS MÉTRAGES DE FICTION ENCORE EN ACTIVITÉ. ON Y TROUVE DE TOUT: IMMIGRANTS ET EXILÉS, PATRIOTES ET OBJECTEURS DE CONSCIENCE, VIEUX RENARDS ET JEUNES LOUPS. DU SORT PARFOIS CRUEL RÉSERVÉ À QUELQUES-UNS AUX OMISSIONS, VOLONTAIRES OU NON, TOUT EST ASSUMÉ.

GRANDS MAITRES

Woody ALLEN (1935) Francis Ford COPPOLA (ira») Rider (1985), Bird( 1988), etc. Brillant, forcément brillant. Une constan­ Démiurge (Apocalypse Now, 1979; One ce, une adresse, une vitesse d'exécution que From the Heart, 1981), il est pratiquement Milos FORMAN (193a) vient miner une hantise tenace : comment le seul cinéaste américain capable de réussir La célébration de la vie et des vertus de faire vibrer à l'unisson humour, profondeur une suite (The Godfather II, 1974). Son l'innocence et de l'idéalisme sur une petite et amertume. C'est dans cette incertitude envergure se prête mal à l'industrie d'au­ musique mélancolique venue de l'Est qui a qu'au choix on décèle l'âme du cinéaste ou jourd'hui (Tucker, 1988), alors il jette un su résister tant bien que mal aux rigueurs qu'on la cherche. Annie Hall ( 1977), Zelig regard nostalgique sur le passé (The Cotton de l'exil. Un cinéma visuellement inspiré, (1983), Crimes and Misdemeanors (1989), Club, 1984; Peggy Sue Got Married, enrichi des échos de la satire sociale qui le etc. 1986). traverse. One Flew Over The Cuckoo's Nest (1975), Ragtime (1981), Amadeus (1984), Michael CIMINO OMI) Clint EASTWOOD

k

Michael Cimino et Christophe Lambert, Clint Eastwood dirige Potest Whkaket; Bird Philip Kaufman (à dr. ) en compagnie du directeur The Sicilian photo Sven Nykvist, L insoutenable légèreté de

28 N • 4 9 2 4 MAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN

Francis Ford Coppola, Woody Allen et Martin Scorsese refus du consensuel et la survie d'une cer­ Metal Jacket (1987) et la terre adoptive du Statue de la Liberté qui tourne le dos à la taine idée de la «qualité humaine». The Dr. Strangelove (1963). Pas étonnant qu'il tour Eiffel... Right Stuff (1983), The Unbearable soit parti... Lightness of Being (1988), etc. Martin SCORSESE (iraa) Roman POLANSKI (ira») Un cinéma en liberté au meilleur de son Stanley KUBRICK (I •_)•) Un cas limite, certes, mais ce Polonais né à expression créatrice. L'art comme une quête Lauteur de 2001 ( 1968) possède une licence Paris a généralement tourné en anglais pour de l'absolu, comme une expérience mysti­ de pilote mais refuse de prendre l'avion. des compagnies américaines. Après les suc­ que à la liturgie rigoureuse, profondément Il reconstruit donc son pays d'adoption cès de Rosemary's Baby (1968) et China­ marquée au sceau des origines. Taxi Driver (l'Angleterre, où il réside depuis 1962). town (1974), la disgrâce et l'exil. Se re­ (1976), Raging Bull (1980), The King of Pour Kubrick, l'Amérique c'est la culture de tourne (symboliquement?) vers les États- Comedy (1985). Lolita (1962), le passé que révèle le Shin­ Unis avec Frantic (1988), où des touristes ing (1980), la fabrique de tueurs de Full américains perdus à Paris cherchent une

24 IMAGES N • 4 9 29 AUTEURS

Blake EDWARDS o»») Down by Law (1986) et Mystery Train Paul NEWMAN (i»_ts) Remis en selle par le succès de Ten (1979), (1989). On oublie trop souvent que cet excellent atteint un sommet inégalé depuis avec Vic­ acteut est aussi un grand metteut en scène. tor/Victoria (1982). Ses derniers films, SpikeLEE(i»ss) Six films dont Rachel, Rachel (1968), variations sur une thématique désormais La tornade du cinéma new-yorkais indépen­ Harry and Son ( 1984) et The Glass Me­ stable, explorent la psyché du mâle califor­ dant. Un cinéma de la profusion qui, tout nagerie ( 1987). nien polygame. L'efficacité burlesque y en intégrant une certaine tradition classi­ prime la sophistication visuelle d'antan et que américaine, façonne sans démagogie Ivan PASSER p»33) l'euphorie n'y va plus sans une sourde mé­ son regard à l'aune des enjeux politiques et Comment ce grand cinéaste tchèque (Eclai­ lancolie. esthétiques de son époque (affirmation de rage intime, 1965), auteur de films améri­ l'identité noire américaine et métissage des cains corrosifs (Born to Win, 1971; Law Mente HELLMAN (ira» fotmes). Un «rappeur» de l'écran qui célè­ and Disorder, 1974; Cutter's Way, 1981) Phare des années 65 -70, il incarne la transi­ bre les corps et le langage avec humour et a-t-il pu réaliser cette fable reaganienne tion du western au road movie. Puis est gravité. Résolument moderne. She's Gotta intitulée Creator (1985)? réduit par nécessité à tourner des films B de Have It (1986), School Daze (1987), Do plus en plus fauchés à un rythme de plus en The Right Thing (1989). Karel REISZ (ira*) plus espacé, que les rares bêtes de festival Cinq films aux États-Unis depuis 1974, qui les ont vus disent tout à fait dignes dont on détache Who'll Stop the Rain d'intétêt. Les mêmes espèrent beaucoup David LYNCH |iwi (1978), l'un des meilleurs films sur l'après- d'Iguana (1988), qui marque son retour Ou la beauté ténébreuse et éblouissante du Vietnam, et surtout The French Lieuten­ après dix ans de silence forcé. cauchemar éveillé : ses films anglais Eraser- ant's Woman (1982), où se conjuguent head (1978), The Elephant Man (1980). l'élan du romanesque, la réflexion du ciné­ Jim JARMUSCH (i»s3) S'enlise dans les sables de Dune (1984), ma et le jeu sur le temps. À la recherche Le look d'une génération, un véritable sens avant d'explorer un territoire terrifiant: depuis d'un nouveau souffle. du comique, une certaine nostalgie et un l'Amérique - Blue Velvet (1986) et Wild maniétisme certain : Permanent Vacation At Heart (1990). Petsonnages et texture (1980), Stranger Than Paradise (1984), d'un quotidien à la fois banal et étrange.

FAUX AUTEURS ?

Peter BOGDANOVICH (i»3») COSTA-GAVRAS (1933) l'ont prouvé a contrario: chez De Palma, Ou la masturbation du cinéma de cinéphile Spécialiste des allers retours idéologiques violence, trompe-l'œil, goût du pastiche et (What's Up Doc?,\912; Paper Moon, (Z, 1969; Laveu, 1970), il s'américanise virtuosité ne portent fruit que lorsqu'ils 1978; Nickleodeon, 1976). Fonde avec avec Missing ( 1982) et poursuit dans la voie se nourrissent du cinéma d'Hitchcock ou Coppola et Friedkin la défunte «Director's de la politique-fiction ambiguë avec d'Antonioni. Company», puis s'écrase en tentant de faire Betrayed ( 1988) et Music Box ( 1989). de Cybill Shepard la nouvelle Lombard David MAMET (Daisy Miller, 1974; et l'insoutenable At Brian DE PALMA (i»4»> Transfuge du théâtre. Dans House of Long Last Love, 1975). Achève Texasville, La boursouflure de nouveau riche de The Games (1987) et plus encore dans Things la suite de son premier et plus grand succès Untouchables (1987) et la lourdeur Change ( 1988), plus brillants que convain­ The Last Picture Show (1971). démonstrative de Casualties of War ( 1989) cants mais tout à fait estimables, les scéna-

David Lynch Paul Newman (à dr.) dirige John Malkovitch, Paul Schrader (à dr. ) sur le tournage de Mishima The Glass Menagerie

30 N • 4 9 24 IMAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN rios qui sentent un peu trop la ficelle et le (1976), Remember my Name (1978), que! pourquoi, a aussi un penchant pour le brio trop appuyé, mais indéniable, de la Choose Me (1984), Trouble in Mind prolétariat : Blue Collar ( 1978) et Light of mise en scène empêchent dans leur élan de (1987), The Moderns (1988), etc. Day (1987). Un inclassable: Patty Hearst bonnes idées de départ. (1988). Paul SCHRADER (i 94«) Alan RUDOLPH |IMII Scénariste de Scotsese, il se libère d'une Fils spirituel de Robert Altman, il déve­ éducation calviniste stricte par des films en loppe un style apparenté à celui-ci dans des forme de thérapie : Hardcore ( 1979), Ame­ films qui tiennent à la fois de la comédie et rican Gigolo (1980), Cat People (1982) et de la dérive émotionnelle : Welcome to L.A. Mishima (1985). Sans qu'on puisse expli­

PETITS MAITRES

John CARPENTER (i ra») James B. HARRIS (i»a«) Rob REINER (i947) Formé à la rude école des tournages expédi- Producteut occasionnel de Kubrick, il est Cinq films dont une fiction d'adolescents tifs et des budgets inexistants (quand il a l'auteut d'une œuvre rare et quasi confiden­ (Stand by Me, 1986), un conte de fées (The trop d'argent, il déçoit: The Thing), c'est tielle (quatre films en vingt-trois ans; der­ Princess Bride, 1987) et une comédie de un véritable artisan (il compose même sa nier en date: Cop, 1988) qui révèle en lui couple (When Harry Met Sally, 1989). La musique). Abattage jamais en reste de trou­ un styliste de l'insolite et de l'ambiguïté. modestie apparente du projet ne doit pas vailles, économie stupéfiante de la narra­ dissimulet l'adéquation de la mise en tion et de la mise en scène, élégance dans le Jean MICKLIN SILVER œuvre et une élégance certaine d'écriture. schématisme, font de lui le meilleut conti­ Une voix originale s'élève d'Hester Street nuateur du cinéma B. (1975), de Chilly Scenes of Winter et de John SAYLES (i»so) Crossing Delancy (1988) films intimistes Ou la difficulté grandissante de faire un Joe DANTE o»4«) et justes. Considérons donc son stupide cinéma qui soit à la fois américain, indépen­ Issu de l'écurie Corman, récupéré par Spiel­ Loverboy ( 1989) comme une erreur de dant et intelligent. Les films sont au ren­ berg dont il pervertit les standards, incarne parcours. dez-vous (Matewan, 1987; Eight Men la veine euphorique et féroce du fantasti­ Out, 1988), mais où est leur public ? Peut- que, marquée par l'humour cinéphilique, Frank OZ (1944) être chez Spielberg (voir Spielberg). le goût du saccage et de la tetreur domesti­ Marionnettiste de génie (de Miss Piggy à que. Après l'excellent Innerspace (1987), Yoda), il passe des «muppets» au cinéma The Burbs ( 1989) marque une nette régres­ avec acteurs en trois étapes : Dark Cristal sion en aggravant une ambiguïté peut-être (1982, coréalisé avec Jim Henson), The déjà latente dans les joyeux Gremlins Little Shop of Horrors (1987) et Dirty (1984). Rotten Scoundrels (1988). Un talent indé­ niable pour le comique. Jonathan DEMME (i»44) Sorti de l'écurie Corman, il a un profil Robert REDFORD (1937) sympathique comptant des films aussi Lacteur favori de Sydney Pollack est couron­ divers que Melvin and Howard (1980), né d'Oscars pour sa première réalisation, Swimming to Cambodia (1987), Stop Ordinary People (1980). The Milagro Making Sense ( 1986), Something Wild Beanfield War ( 1988) tend à confirmer un (1987) et Married to the Mob (1988). À certain talent. On se prend aussi de sympa­ surveiller. thie pour son travail au Sundance Institute.

Jonathan Demme (dr.) dirige Matthew Modine, Joan Micklin Silver (centre) dirige une scène de Frank Oz (à dr.) en compagnie du directeur photo Married to the Mob Crossing Delancey Michael Ballhaus lors du tournage de Dirty Rotten Scoundrels

IMAGES 4 9 31 VALEURS SUR LE DECLIN

Robert ALTMAN King of Marvin Gardens (1972) et The Père spirituel de William Friedkin. Com­ Ancien acteur piqué pat la mouche de l'au- Postman Always Rings Twice (1981). mence très jeune et très fort : Bitdman of teurisme. Est capable du meilleur (Next L'Histoire lui pardonnera- t-elle d'avoir Alcatraz (1962), The Mandchurian Can­ Stop, Greenwich Village, 1975; An Un­ produit et dirigé le groupe «The Monkees» didate (1962), 7 Days in May (1964). married Woman, 1977) comme du pire dans Head( 1968)? Mais depuis quinze ans c'est la chute libre : (The Moon Over Parador, 1988; Enemies, Prophecy (1979), The Challenge (1982), A Love Story, 1989). Michael RITCHIE (i»3*) Dead Bang ( 1989), The Fourth War ( 1990). A déjà fait preuve d'un regard impitoyable Cet homme à la carrière increvable doit Alan J. PAKULA(1928) (The Candidate, 1972; Prime Cut, 1972; avoir le meilleur agent d'Hollywood... Passé Klute (1971) et Parallax View Smile, 1975), mais s'est transformé par (1974), ses deux meilleurs films, les savants la suite en cinéaste pitoyable (An Almost George ROY HILL O»M) et complexes rouages de sa mise en scène se Perfect Affair, 197'9; The Survivors, 1983; Lhagiographe du tandem Newman-Red- sont figés peu à peu pour ne plus dépasser, Fletch, 1985). ford adapte Vonnegut avec bonheur après Rollover (1981), une compétence (Slaughterhouse-Five, 1972) mais s'écrase appliquée. Jerry SCHATZBERG JIMT) avec The World According to Garp ( 1982) Auteur cherche sujet désespérément. Re­ et The Little Drummer Girl (1984). Arthur PENN (i»**) voyons Puzzle of a Downfall Child ( 1970) Atteint le fond d'un baril très creux en Difficile de croire que l'auteur de The Left et Scarecrow ( 1973). dirigeant (mais est-ce vraiment le mot?) Handed Gun (1958), de Little Big Man Chevy Chase dans Funny Farm ( 1989). Ne ( 1970) et de Bonnie and Clyde ( 1966) soit John SCHLESINGER o»26) peut que remonter... aussi celui de Missouri Breaks ( 1976) et de Une carrière métronome qui va et vient Target (1985). Linégalité est le propre de entre l'Angleterre (Billy Liar, 1963) et Andrei KONCHALOVSKY|i»37) Penn. On aurait cru que Dead of Winter lAmérique (Marathon Man, 1976), entre Lexil et ses vicissitudes, vécus dans son art ( 1987) allait le relancer. le classique (Midnight Cowboy, 1968) et le par un «premier maître» de la Nouvelle navet (Honky Tonk Freeway, 1981). À Vague soviétique, ancien collaborateur de Sidney POLLACK |i*M) prendre et à laisser. De plus en plus à laisser. Tarkovski, aujourd'hui tiraillé entre les Son sujet préféré est l'innocence perdue, et exigences de l'âme russe et les complaisan­ son paysage de prédilection, le visage de Peter YATES (i»a») ces de la tradition hollywoodienne. Terrain Robert Redford. Des fois ça passe (Jere­ Sous-Schlesinger (voir Schlesinger). Bullitt glissant. Maria's Lovers (1984), Runaway miah Johnson, 1972; Three Days of the (1968), Breaking Away (1979), The Train (1985), Tango and Cash ( 1989). Condor, 1975), des fois ça casse (The Elec­ Dresser (1984).

IMAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN

GROS MACHINS

James CAMERON (I»M) John MCTIERNAN riste. Amène l'inflation des muscles, des Ontarien issu de l'écurie Corman. Opéra­ Ou comment atteindre le second degré en budgets et des salaires (seize millions pour teur de machineries lourdes: Terminator satisfaisant les exigences du premier. Sa Rambo III, 1988). Rêve d'incarner Edgar (1984), Aliens (1987), The Abyss (1989). spécialité : la dynamisation d'énormes mas­ Allan Poe («Rampoe» ?). Son meilleur rôle : ses inertes : l'édifice de Die Hard ( 1988), le le voyou qui terrorise une vieille dame et Richard DONNER sous-marin de Red October (1990) et le que Woody Allen expulse du métro dans Mr. Showbusiness. The Omen (1976) le Schwarzenegger de Predator (1987). Du Bananas. ramène au cinéma après des débuts peu muscle, du chrome et du béton armé. remarqués et peu remarquables. Superman Oliver STONE <• 94

BRICOLEURS

Ethan (I9»T) et Joel

Oliver Stone sur le tournage de Wall Street Robert Zemeckis (à droite), Who Framed Roger Wes Craven Rabbit?

24 IMAGES N " 4 9 33 Street, Last House on the Left, Shocker. Robert MANDEL W.D. RICHTER Auteur de trois films, dont il faut détacher Scénariste de Brubaker ainsi que des Body FIX (1985), attachant petit film B qui Snatchers de Kaufman. Les amateurs n'ont Roger CORMAN (i 93«) développe une fable ingénieuse sur les jeux pas boudé The Adventures of Buckaroo Après vingt ans de silence, saluons le retour et les pouvoirs de l'illusion cinémato­ Banzaï (1984), canular loufoque à base de derrière la caméra, pour Frankenstein graphique. cinéphilie. Unbound dont il vient d'achever le tourna­ ge, de celui qui «découvrit» ou produisit Steve MINER George ROMERO (i940) Bogdanovich, Kaplan, Coppola, Dante, Encore un tâcheron de l'horreur (House, S'il est aussi capable de tous les délires, il Demme, Hellman, Scorsese... Friday the 13th II et ///). Quelques se distingue d'abord, au meilleur de sa moments à sauver ici et là. forme, par son talent à faire surgir la terreur Jim HENSON (1936) dans un cadre réaliste et quotidien, tout en lui insufflant en douce un propos socio- Sur une trame d'«héroic fantasy, le créateur Dan O'BANNON des Muppets a coréalisé avec Frank Oz politique (The Night of the Living Dead, Scénariste réputé (d'Alien, notamment), à 1968, Monkey Shines, 1988). Dark Crystal (1982), chef-d'œuvre du film qui l'on doit une des réussites jubilatoires de marionnettes. Comment oublier, mi- du cinéma d'horreur parodique (The sauriens mi-rapaces, les méchants Skeksès ? Jack SHOLDER Return of the Living Dead, 1985). Plus de savoir-faire que de personnalité chez ce fabricant d'épouvante, mais une indénia­ Tobe HOOPER (i9«6) Sam RAIMI ble efficacité (Alone in the Dark, The Si c'était un blason, ce serait de gueules à Réalisé dans des conditions d'amateur et un Hidden, Nightmare on Elm Street II). l'alligator croisé d'une tronçonneuse... Le mépris assez réjouissant des lois du genre, grotesque chez lui, où l'on débite la tripe au Evil Dead (1982), où la surenchère s'excède Lewis TEAGUE kilomètre sans craindre les torrents d'hémo­ elle-même de façon assez délirante, avait Honnête artisan de l'épouvante dont la globine, n'est sûrement pas involontaire, tout pour devenir un film culte chez les personnalité a achevé de se dissoudre dans mais l'auteur du Texas ChainSaw Mas­ amateurs d'horreur. Depuis, Raimi s'est une spielberguerie (Jewel of the Nile, sacre (1975) a surtout montré qu'il avait la lamentablement planté avec des moyens 1985). patte assez lourde. plus confortables (Crime Weave, 1984).

BONNE MOYENNE

Michael APTED (i94i) Lawrence K AS DAN (1949) Belushi, l'accident mortel sur le tourna­ Ce sympathique Anglais a tout fait, dont Scénariste gagnant (Raiders of the Lost ge de Twilight Zone (1983) et les procé­ quelques films américains comme Coal Ark; ), il cherche dures légaies contre Coming to America Miner's Daughter (1980), Gorky Park sa voie comme cinéaste et devrait remercier (1988) (qui, selon la comptabilité créa­ (1983) et Gorillas in the Mist (1988). le ciel d'avoir rencontré William Hurt : trice de Paramount, n'a toujours pas rap­ Body Heat (1981), The Big Chill (1983), porté de profit, malgré des revenus de Walter HILL (i 94a) Silverado (1985), The Accidental Tourist $350,000,000!). Scénariste du genre musclé (The Getaway (1988) et / Love You to Death (1990). de Peckinpah, Alien de Ridley Scott), il Barry LEVINSON (1944) devient un cinéaste prolifique et compé­ John LANDIS (i9so) Ex-stand-up comic dont l'œuvre repose tent, à l'aise quand ça cogne: Hard Times Se situe quelque part entre Spielberg, Reit­ essentiellement sur le verbe; d'abord en (1975), The Warriors (1979), Southern man et Dante. Mais il est poursuivi par la tant que scénariste (And Justice for AU), Comfort (1981), 48 Hours (1982), Red poisse: le tournage pantagruélique des puis comme réalisateur (Good Morning Heat (1988), etc. Blues Brothers (1979) et la déchéance de Vietnam, 1987). Passera à l'Histoire com-

Lawrence Kasdan, tournage d'I Lave you to Death John Landis

34 N • 4 9 2 4 IMAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN me celui qui a sauvé Rain Man (1988) «engagé» à l'américaine (récit convention­ lias (1989). Dirige bien ce qu'il choisit, après que huit scénaristes et quatre réalisa­ nel, star system) faisant entendre sur le mais choisit mal ce qu'il dirige. teurs s'y soient cassé les dents. mode de «l'intimisme sociologique» les multiples voix de l'Amérique déshéritée. Peter WEIR (1944) Mihe NICHOLS (IMI) Sobre, généreux et parfois efficace. Sounder Australien d'origine (Picnic at Hanging Hollywood sur Broadway. Adapte aussi (1972), Norma Roe (1979), Stanley and Rock, 1975; The Year of Living Danger­ bien Albee (Who's Afraid of Virginia Iris (1990). ously, 1982), il passe son examen d'entrée mif?, 1966) et Heller (Catch-22, 1970), à Hollywood avec mention bien (Witness, que Neil Simon (Biloxi Blues, 1987) et Herbert ROSS (1937) 1985). Il redouble cependant l'année sui­ Nota Ephron (Heartburn, 1986). Un mé­ Certains voient en lui (mais l'ont-ils bien vante (The Mosquito Coast, 1986) avant tier considérable qui se maintient plutôt regardé?) le nouveau Cukor. Cet ancien d'obtenir son diplôme en lettres (Dead bien. chorégraphe est le metteur en scène de Play Poets Society, 1989). It Again, Sam (1972), Nijinsky (1979) et Martin RITT (ino) Pennies From Heaven ( 1982), mais aussi le Lun des derniers représentantsd'u n cinéma faiseur de Footloose ( 1984) et Steel Magno­

SECOND DEGRÉ

Jim ABRAHAMS

TROISIÈME DEGRÉ

John G. AVILDSEN (1934) culture tout en se prenant pour un réalisa­ Navigator, Getting it Right, Big Top Pee- Trois Karate Kid( 1984, 1986, 1989), deux teur: Over the Top (1987), Hanna's War Wee... Ne l'accablons pas davantage. Rocky (1976, 1990), une souris verte... (1988), etc. John MILIUS (1944) Menahem GOLAN (193») Randal KLEISER (1947) Ce canardeur-philosophe à mi-chemin entre Patron de la Canon, il a pendant quelques Un dossier éloquent: Grease, Summer Joseph Conrad et G.I. Joe est un collection­ années essayé d'apprendre le sens du mot Lovers, Grandview U.S.A., Flight of the neur d'armes fanatique, qui se situe à l'ex-

PtterWeir, Dead Poets Society John Waters, Cry-Baby John Milius (à droite) sur le tournage de Farewell to the King

24 IMAGES N • 4 9 35 trême-droite de Ronald Reagan. Joue à la Joe ROTH (1949) Don Siegel, John Frankenheimer, Stuart guéguerre avec Red Dawn et Flight of the Le réalisateur de Revenge of the Nerds II: Rosenberg et Michael Ritchie sont parmi Intruder (1990). Reprend son scénario Nerds in Paradise (1987) est récemment les collaborateurs d'Allen Smithee. À quand d'Apocalypse Now pour Farewell to the devenu le nouveau chef de 20th Century une rétrospective complète de son œuvre ? King ( 1989) et en réalise un péplum nordi­ Fox. Félicitations! que avec Conan the Barbarian (1982). Barbare rébarbatif et barbant. Allen SMITHEE Penelope SPHEERIS (i94«) Le réalisateur de Morgan Stewart's Punkette vieillissante qui se distingue plus Coming Home (1987) et Let's Get Harry par le choix de ses sujets, que par leur ( 1986) est un faiseur anonyme et imperson­ traitement (voir Dudes ( 1987) et The Boys Leonard NIMOY nel. Et pour cause: il n'existe pas! Allen Next Door ( 1985), mais aussi ses documen­ Monsieur Spock fait du cinéma, de Star Smithee est le pseudonyme que la Director's taires The Decline of Western Civilization Trek III et IV à Three Men and a Baby Guild of America réserve aux réalisateurs I et II). Une forme abyssale qui poursuit un (1988, en hommage au docteur Spock). qui refusent de signer un film de leur nom. fond sans fond.

FAISEURS

Alan ALDA(l93«) Bruce BERESFORD (1940) Smithee). Dans Crimes and Misdemeanors de Grand voyageur, il multiplie les allers- retours Sydney-Hollywood depuis bientôt Woody Allen, il incarne précisément le William FRIEDKIN (1939) genre de réalisateur que ses films laissent dix ans. Sa carrière américaine va de la superproduction (King David, 1984) au Frappe fort, souvent et en bas de la ceinture deviner. Four Seasons (1981), Sweet (The French Connection, 1971; The Exor­ Liberty (1985), etc. théâtre filmé (Crimes of the Heart, 1986; Driving Miss Daisy, 1989). cist, 1973; To Live and Die in L.A., 1985). Possède l'âme d'un artiste, le dis­ John BADHAM (1939) cours d'un banquier et la technique d'un Annoncé comme un sous-Spielberg, Badham Kathryn BIGELOW(i9s_t) tortionnaire. À la fois tranchant et ambigu, est vite devenu un sous-Donner (Saturday Madame James Cameron. Near Dark capable du meilleur (Sorcerer, 1977), Night Fever, 1977; Blue Thunder, 1983; ( 1988) ou la panoplie Heavy Metal au ser­ comme du pire (The Deal of the Centu­ War Games, 1983; Stakeout, 1988). Un vice du fantastique. Blue Steel(1990) ou la ry, 1983), souvent dans un même film professionnel tout-terrain qui n'encombre fascination ambiguë pour l'acier froid des (Cruising, 1980). jamais ses films de personnalité... d'ail­ leurs en a-t-il ? Martin BREST UluGROSBARD(i929) Harold BECKER Après Going in Style (1979) et Beverly Ancien assistant de Kazan, de Wise et de Sous-Lumet (voir Lumet). Taps ( 1982), Sea Hills Cop (1984), il travaillera longtemps Penn, ce Belge à Hollywood a comme seul ofLove (1989). au développement de Rain Man (1988), mérite d'avoir dirigé Dustin Hoffman dont il recyclera de nombreux éléments (Who is Harry Kellerman, 1971; Straight Robert BENTON (i«s_q dans Midnight Run (1987). Times, 1978) et Robert De Niro (True Du travail tatillon sur des projets inégaux : Confessions, 1981; Falling in Love, 1984). Kramer versus Kramer (1980), Still of the James BRIDGES (i93«) Night (1982), Places in the Heart (1984) Ses films (Paper Chase, 1973; The China et Nadine (1987). Même si Altman lui a Syndrome, 1979; Perfect, 1985; et Bright Curtis HANSON donné sa première chance (The Late Show, Lights, Big City, 1988) ne le révèlent pas. The Bedroom Window et Bad Influence 1976), il se situe plutôt entre Pakula et Si on ne l'avait pas vu en photo on pourrait (1990) montrent qu'il aspire à être Hitch­ Penn. le confondre avec Allen Smithee... (voir cock sans avoir le talent de De Palma.

Alan Aida Amy Hedcerling John Hughes dirige Kevin Bacon et Elizabeth McGovern, She's Having a Baby

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70 4 9 IMAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN

Renny HARLIN degré. lontaire. Faiseur mystérieux à l'ascension météori­ que : A Nightmare on Elm Street Part IV, Norman JEWISON (1936) Elaine MAY (1933) puis simultanément The Adventures of Ambassadeur du Canada à Hollywood, il Elaine May (qui forma jadis un duo comi­ Ford Fairlane ( 1990) et Die Hard 2: Die est aussi prolifique qu'inégal: The Cincin­ que avec Mike Nichols) ne méritait ni les Harder (1990). Prochain avatar: Aliens nati Kid (1965), Jesus Christ Superstar accolades réservées à The Heartbreak Kid ///... Reste à savoir si ce photocopiste a (1973), Rollerball (1975), Agnes of God (1972), ni l'enterrement de première autant de talent que son agent. (1985), Moonstruck (1987), etc. accordé à Ishtar (1987). Scénariste appré­ ciée dont la plume anonyme traîne sur l'œu­ Amy HECKERLING Jonathan KAPLAN (1947) vre de Beatty et le Tootsie de Pollack. Réalise ce qui est probablement le plus Membre moyennement doué de la famille grand film d'horreur des années 80 : Look Corman. Project X (1987), The Accused Nicholas MEYER Who's Talking ( 1989), dont la moindre des (1988). Le romancier de Seven Percent Solution est terreurs n'est pas de relancer la carrière de Un Homme De Lettres Qui Aspire À De sa vedette, John Travolta. Ted KOTCHEFF (i93i) Grandes Choses mais en réalise de bien Bien connu pour sa collaboration avec un petites : Star Trek II: The Wrath of Khan John HUGHES (i 9so) écrivain montréalais dont on préfère taire le ( 1982) et The Day After pour la télévision, Docteur es cinoche pour adolescents en nom mais qui est l'auteur de The Appren­ cet «instrument du diable», qu'il dénonçait mal d'affection (Sixteen Candles, 1984; ticeship of Duddy Kravitz ( 1974) et de dans son premier et meilleur film Time Breakfast Club, 1985; Pretty in Pink, Joshua Then and Now ( 1985), Kotcheff est After Time (197 9). 1986), il se recycle dans l'humout gras avec pat ailleurs un solide et prolifique filmeur: John Candy (Planes, Trains and Automo­ North Dallas Forty (1979), First Blood Marie RYDELL (1939) biles, 1987; Oncle Buck, 1988). (1982), Switching Channels (1988), Week Ancien acteur, il fait ses débuts à la télévi­ End at Bernie's (1989), etc. sion et passe au cinéma en 1967 avec The Peter HYAMS (1943) Fox. Mène ensuite une carrière peinarde Ou le complément de programme: Michael MANN (1943) couronnée par deux succès publics: The Outland (1981) singe à la fois Alien et Ou l'arme à feu comme article vestimen­ Rose ( 1979) et On Golden Pond ( 1981). High Noon, Running Scared ( 1986) pla­ taire (voit sa sétie télé Miami Vice). Abru­ gie simultanément Beverly Hills Cop et tissement d'une violence élégante, clippée Joel SCHUMACHER (1941) Miami Vice, pendant que 2010 ( 1985) et haut-de-gamme: Thief (1980), The Costumier passé à la réalisation qui signe, vampirise 2001. Cet ancien journaliste Keep (1982), Manhunter (1985). Linculte de The Incredible Shrinking Woman adore les bons et les méchants, les conspira­ le confondra à William Friedkin, mais (1981) à The Lost Boys (1987), du prêt-à- tions et les poursuites (Capricorn One, l'initié reconnaîtra aisément sa marque: porter élégant mais impersonnel. 1978; The Star Chamber, 1982; Presidio, un existentialisme appliqué qui allège l'œu­ 1987). Le maître incontesté du premier vre d'un humour aussi bienvenu qu'invo­

TÉLÉFILMEURS

James L. BROOKS (1940) dearment, 1983; Broadcast News, 1987). Taylor HACKFORD (i94«) Le créateur du Mary Tyler Moore Show est Peut-être le plus intéressant des transfuges Téléfilmeur spécialiste des harlequinades passé du petit au grand écran en s'efforçant de la télé: Gary Happy Days Marshall (An Officer and a Gentleman, Against de ramener le second aux dimensions rédui­ (Nothing In Common), Gary Family Ties All Odds). A réuni la claquette et le ballet tes du premier. Il y parvient généralement Goldberg (Dad, 1989) et Glenn Moon­ dans White Nights. avec un succès stupéfiant (Terms of En­ lighting Caron (Clean and Sober).

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Ted Kotcheff en compagnie d'Andrew McCarthy, James L. Brooks (centre) avec William Hurt et Holly ftnny Marshall Vfcekendat Bernie's Hunter, tournage de Broadcast News

IMAGES 37 Arthur HILLER (1933) James L. Brooks). The Flamingo Kid enings (1990) où elle dirige Robert De Membre du Canadian Club avec Jewison, (1984), Pretty Woman (1990). Niro et Robin Williams. Kotcheff et autres Sydney J. Furie. A réalisé The Hospital (1971), Making Love ( 1982), Penny MARSHALL Stuart ROSENBERG (193s) mais surtout Love Story (1970). LHistoire L'ex-comédienne de Laverne and Shirley Mercenaire pour qui le crime ne paie pas : le jugera. est aussi l'ex-femme du «meathead» Rob Murder Inc. (I960), Cold Hand Luke Reiner et la sœur de Gary Happy Days (1967), Brubaker (1980) et The Pope of Gary MARSHALL Marshall. Qu'est-elle d'autre ? Jumping Greenwich Village ( 1984). Du travail sale, Comme plusieurs il vient de la télévision. Jack Flash ( 1987) ne la révèle pas plus que mais quelqu'un doit bien le faire, et Rosen­ Comme plusieurs il aurait dû y rester (voir Big ( 1988). Attendons donc de voir Awak­ berg le fait bien.

FILS DE PUB

Steve BARRON (i9ss) avec Pet Cemetary (1989). Mais il n'y a pas Ridley SCOTT (1939) Clippeur célèbre qui, après l'échec d'Elec- de quoi téveiller les morts... L'esthétique pub au service d'un cinéma tric Dreams, remporte l'un des succès les réactionnaire à la linéarité primitive. Un plus absutdes des dernières années avec Adrian LYNE (1943) certain courant du modernisme qui, tout en Teenage Mutant Ninja Turtles ( 1990). Redoutable. Tout ce à quoi touche ce trans­ jonglant avec l'hybridation des arts, restruc­ fuge du pays de sa majesté se transforme ture les espaces imaginaires pour mieux Hugh HUDSON (1936) fatalement en navet. Répulsion fatale. asservir l'homme. Alien (1979), Blade Découvert par David Puttnam (merci beau­ Flashdance (1983), 9 112 Weeks (1986), Runner (1983), Black Rain (1989), etc. coup !), cet Anglais rafle quatre Oscars pour Fatal Attraction (1987), etc. son premier film (Chariots of Fire, 1981) Tony SCOTT et débarque à Hollywood quelques années Alan PARKER (1944) Frère de l'autre. A réalisé The Hunger plus tard. Revolution (1985) et Lost Angels Cet Anglais venu de la pub se comporte ( 1983), Top Gun ( 1986), le second Beverly ( 1989) se passent de commentaires. comme s'il y était encore: Fame (1980), Hills Cop (1987) et Revenge (1989). Shoot The Moon (1982), The Wall (1982) Mary LAMBERT et Angel Heart (1986). N'a pas hésité à Après le fiasco de Siesta (1987), la clip- toucher à mon pote dans Midnight Express peuse de Madonna tente de se ressusciter (1978) et Mississipi Burning (1988).

ANCIENNE AVANT-GARDE

Dennis HOPPER (193*) Jim MCBRIDE (1941) (1939) Du rôle de symbole d'une génération (Easy Il y a loin du Journal de David Holzman Depuis longtemps déjà, ce vieux compère Rider, 1969) à celui de souillon de service (1967), ce stupéfiant film underground qui d'Andy Warhol promène son regard de d'Hollywood, Hopper a beaucoup changé. a marqué les années 60, aux fictions rétro catho inverti et son absence de pensée ciné­ Rien d'étonnant, alors, à ce que le très du type Breathless ( 1983), The Big Easy matographique sur la marginalité. Oeuvres raciste Colors ( 1989) succède au sympathi­ (1987) et Great Balls of Fire (1989). récentes: Forty Deuce (1981), Mixed Blood que Out of the Blue (1980) dans sa filmo­ (1984), Spike of Bensonhurst (1988). graphie.

U 1 L___«""x| BAki ^¥L \ ^B !-___'._7flU- ^V % /]r"" " • Iw4. Vs>J Steve Barron, Teenage Mutant Ninja Turtles Alan Parker, tournage de Mississippi Burning Ridley Scott

38 4 9 2 4 IMAGES DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN

DINOSAURES

Samuel FULLER (i9ii) distrait. On attend Street of No Return Robert WISE (1914) Personnage haut en couleurs, dompteur de (1989), toujours inédit ici. Le monteut de Citizen Kane a jadis fait de chaos, conteur infatigable et génial. Sidè­ bons films que les plus récents semblent rent chez lui la fougue et l'énergie d'un style Robert MULLIGAN,.925, maladroitement caricaturer. Que l'on com­ à l'emporte-pièce, et cette désarmante faci­ Auteur d'une vingtaine de longs métrages, pare West Side Story (1961) à Rooftops lité à faire des films explosifs avec des sa cote est à la baisse depuis une vingtaine (1989), The Day the Earth Stood Still moyens dérisoires. Est aujourd'hui plus ou d'années: To Kill a Mockingbird (1962), (1951) et The Andromeda Strain (1971) à moins en exil en France. Thieves After Summer of 42 (1971), Kiss Me Goodbye Star Trek: The Motion Picture ( 1979). Le Dark (1985) méritait mieux qu'un accueil (1982), Clara's Heart (1988). dernier poilu de la vieille garde...

ESPOIRS DÉÇUS

Richard BENJAMIN (I93S) Smithereens ( 1982), Desperately Seeking intimiste d'une famille du Chinatown de Après des débuts prometteurs (My Favorite Susan (1984), Making Mr. Right (1987), San Francisco (Dim Sum, 1985, son plus Year, 1982; Racing with the Moon, 1984), Cookie ( 1989), She-Devil ( 1989). beau film), tente de se reconvertir dans le Benjamin renoue avec la fadeur qui caracté­ thriller poids lourd de confection (Slam risait son travail de comédien. Du n'im­ Roger SPOTTISWOODE Dance, 1987). Échec commercial. Revient porte quoi, filmé n'importe comment. Montait mieux les films de Peckinpah et enfin, avec moins de bonheur, à sa première Reisz qu'il ne monte maintenant les siens. veine (Eat a Bowl of Tea, 1989). Gregory NAVA Impressionne avec Under Fire ( 1983), mais D'origine mexicaine et basque, il grandit périclite rapidement (The Best of Times, Robert M. YOUNG près de la frontière américano-mexicaine. 1986, et ce qui suit). La personnalité dont Découvert avec Alambrista (Caméra d'or à Son troisième film, El Norte (1984), le la critique l'a affublée n'était-elle pas plutôt Cannes), il ne cesse de décevoir depuis avec révèle. Mieux vaudrait oublier A Time for celle de son scénariste Ron Shelton (voir des films comme Extremities (1986), Destiny (1987). Shelton) ? Dominick and Eugene ( 1988) et Triumph of the Spirit (1989). Susan SEIDELMAN(i9S4) Wayne WANG (1949) Une carrière comme un saut dans le vide : Parcours significatif. Après la chronique

ESPOIRS

Warren BEATTY(i93r) critique d'art (pour Art Forum), Elizabeth Tim BURTON (i9ss) Reds ( 1981) a prouvé qu'il était autre chose Borden se fait appelé Lizzie, du nom d'une Pee Wee's Big Adventure ( 1986), Beetle­ que le petit frère de Shirley MacLaine. On femme qui taillada son père et sa mère à juice (1988), Batman (1989)... Une car­ attend done son Dick Tracy (1990). coups de hache. Capable d'aborder aussi rière en forme d'escalier vertigineux pour bien la science-fiction féministe (Born in cet ex-cinéaste d'animation déjà passé maî­ Linie BORDEN (i9so) Flames, 1983) que la chronique d'une jour­ tre dans l'humour surréalisant et la poésie Ancienne monteuse (De Mao à Mozart) et née au bordel (Working Girls, 1986). de l'excès.

I Richard Benjamin Suzan Seidelman Wayne Wang

24 IMAGES N • 4 9 39 DOSSIER: TENDANCES ACTUELLES DU CINÉMA AMÉRICAIN

Alex COX (1954) nage le plus singulier du cinéma américain Two Jakes à celui de son copain Jack Ni­ Si jeune et déjà inclassable, il fait songer à récent. Elle vient de terminer Impulse, cholson. Son thème de prédilection: l'ami un extra-terrestre punk nourri par Corman, avec Theresa Russel. tié trahie. Peckinpah et Sergio Leone. Repo Man ( 198 ) et Sid and Nancy ( 1986) promet­ David BURTON MORRIS Robert TOWNSEND taient, Walker ( 1987) frappe très fort. Patti Rocks (1988), treize ans après Loose Ou le nouvel humour noir. Ce membre du Ends (1975) renouvelle le road movie et «Black Pack» parodie Eddie Murphy dans Danny DE VITO (1944) attire l'attention sur un possible héritiet de Hollywood Shuffle (1987), avant de le Accident génétique, il est acteur mais aussi John Cassavetes. filmer en concert dans Raw (1988). Son un cinéaste prometteur: Throw Momma scénariste Keenen Ivory Wayans passe à la From the Train (1988) et The War of the Glenn PITRE réalisation avec I'm Gonna Git You Roses (1989). Rare exemple de cinéaste louisianais, il s'est Sucka', une parodie des «blaxploitation fait remarquer en 1986 avec Belizaire the films» des années 70. Tonique. Sara DRIVER (i9s«) Cajun. On attend de ses nouvelles depuis. Associée à Jim Jatmusch pour ses deux premiers films, elle signe You Are Not I Phil Alden ROBINSON WANTE D (1981) et Sleepwalk (1986). Une voix In the Mood ne laissait pas présager l'éton­ étrange et pénétrante, comme un rêve. nant Fields of Dream (1989). Terence MALICK (i94S) Recherchons désespérément : cinéaste d'en­ Robert DUVALL (iMi| Ron SHELTON vergure, plasticien exceptionnel capable de Acteur génial chez Coppola et Skoli­ Ancien joueur de baseball dont l'imagina­ jeter sur l'Amérique un regard unique, mowski, il donne un avant-goût de son tion et l'humour font de Bull Durham auteur de Badlands (1974) et de Days of talent de cinéaste dans Angelo, My Love (1988), un début des plus prometteurs. Heaven (1978). (1983), qui se déroule chez les gitans. Blaze ( 1989) confirme une sensibilité amé­ ricaine, adulte, comique et originale. Un James FOLEY oiseau rare. At Close Range (1986) a prouvé qu'il pou­ vait être un cinéaste impitoyable, et Who's Steven SODERBERGH (i962) That Girl (1987) a démontté qu'il pouvait Quand l'enfant prodige (trop gâté?) du retourner aux sources du burlesque. Un bel cinéma américain réalise, en marge des espoir. studios, la synthèse moraliste de la culture «soap», du désordre amoureux et de la Charles LANE mutation du monde des images. Un ton, Un jeune espoir du cinéma noir indépen­ une qualité de regard. Sex, Lies and Video- dant. Nostalgie du muet et de son indicible tape (1989). magie sur fond de critique sociale. Un sens du récit et de l'image qui n'échappe pas Robert TOWNE(i93S) toujours aux écueils de la mièvrerie et de la Formé à l'école Corman, ce «script-doctor» joliesse. Sidewalk Stories (1989). à la plume brillante et anonyme (sur Bon­ nie and Clyde et The Godfather entre Sondra LOCKE autres) scénarise Shampoo et Chinatown En 1986, l'ex-Mme Clint Eastwood téalise avant de signer deux films inégaux mais et interprète un film attachant, tout à fait prometteurs: Personal Best (1982) et Alex Cox au temps de Sid et Nancy à l'écart des standatds d'émotion et de mise Tequila Sunrise ( 1988). Perd son projet sur en scène. Ratboy, l'enfant-rat, est le person­ Tarzan au profit de Hugh Hudson et The

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Danny De Vito (à droite) dirige Kathleen Turner et Ron Shelton avec Kevin Costner, Bull Durham Steve Soderbergh (à droite) dirige James Spader et Michael Douglas dans The War of the Roses Laura San Giacomo, Sex, Lies andVideotape

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