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Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine

98-4 | 2010 La montagne, laboratoire du changement climatique Mountains, the climate change laboratory

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rga/1269 DOI : 10.4000/rga.1269 ISSN : 1760-7426

Éditeur : Association pour la diffusion de la recherche alpine, UGA Éditions/Université Grenoble Alpes

Référence électronique Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 98-4 | 2010, « La montagne, laboratoire du changement climatique » [En ligne], mis en ligne le 20 décembre 2010, consulté le 02 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/rga/1269 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rga.1269

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La Revue de Géographie Alpine est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modifcation 4.0 International. 1

La montagne est un territoire d’exception, réservoir de multiples ressources (bois, minerais, eau, énergie, neige, etc.), mais qui doit composer avec des handicaps naturels (pente, altitude et climat). Elle s’est ainsi construite au fil de son histoire une place spécifique au sein de l’Aménagement du territoire (RTM, Plan neige, loi « Montagne »). La question du changement climatique s’ajoute aujourd'hui aux réflexions et aux pratiques d’aménagement. Il faut alors s’interroger sur les implications de la rencontre entre un objet aux spécificités marquées et un phénomène générique, dont la représentation découle d’une appréhension globale du climat (réchauffement planétaire ou global warming) à travers des modèles prospectifs sans finesses dans leurs projections locales. L’objectif de ce numéro thématique de la RGA est d’explorer cette rencontre selon quatre domaines particuliers : écosystèmes de montagne, agropastoralisme, forêt et sylviculture, risques – naturels et économiques. Il s’agit dans ce cadre de tester l’hypothèse selon laquelle, dans un contexte marqué par le spectre du changement climatique, le droit à l’expérimentation défendu par les élus montagnards prend une dimension nouvelle, faisant de la montagne un laboratoire de l’Aménagement du territoire. Mountain areas are exceptional environments, endowed with a wide variety of natural resources (wood, minerals, water, energy, snow, etc.), but at the same time having to deal with a number of natural handicaps (slope, altitude and climate). Over the years, mountain areas have thus come to occupy a special place in spatial planning and development (RTM (Mountain Terrain Restoration programme), Plan neige (winter resort development programme), Loi Montagne (Mountain Act)). A further concern today for planners and decision-makers is the question of climate change. It is therefore important to examine the implications of the interaction between an object, the mountain area, with its distinctive characteristics and a generic phenomenon, the representation of which stems from a global understanding of climate (global warming) obtained through general prospective models, models that need to be more refined in their projections at the local level. The objective of this special issue of the RGA is to explore this interaction in terms of four special areas: mountain ecosystems, agropastoralism, forests and forestry, and natural and economic risks. This framework provides the opportunity to test the hypothesis that in a context haunted by the spectre of climate change, the right to experimentation defended by the elected representatives of mountain areas takes on a new dimension, making mountain areas a laboratory for spatial planning.

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SOMMAIRE

Préface La montagne, laboratoire du changement climatique Hugues François, Émeline Hatt et Gwladys Mathieu

Preface Mountains, the climate change laboratory Hugues François, Émeline Hatt et Gwladys Mathieu

Impact des changements climatiques sur les écosystèmes alpins : comment les mettre en évidence et les prévoir ? Nigel G. Yoccoz, Anne Delestrade et Anne Loison

Impact of climatic change on alpine ecosystems: inference and prediction Nigel G. Yoccoz, Anne Delestrade et Anne Loison

Attitudes des éleveurs et sensibilité des systèmes d'élevage face aux sécheresses dans les Alpes françaises Baptiste Nettier, Laurent Dobremez, Jean-Luc Coussy et Thomas Romagny

Attitudes of livestock farmers and sensitivity of livestock farming systems to drought conditions in the French Baptiste Nettier, Laurent Dobremez, Jean-Luc Coussy et Thomas Romagny

Quel futur pour les services écosystémiques de la forêt alpine dans un contexte de changement climatique ? Benoît Courbaud, Georges Kunstler, Xavier Morin et Thomas Cordonnier

What is the future of the ecosystem services of the Alpine forest against a backdrop of climate change? Benoît Courbaud, Georges Kunstler, Xavier Morin et Thomas Cordonnier

Changement climatique et développement des territoires de montagne : quelles connaissances pour quelles pistes d’action ? Didier Richard, Emmanuelle George-Marcelpoil et Vincent Boudières

Climate change and the development of mountain areas: what do we need to know and for what types of action? Didier Richard, Emmanuelle George-Marcelpoil et Vincent Boudières

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Préface La montagne, laboratoire du changement climatique

Hugues François, Émeline Hatt et Gwladys Mathieu

1 Le changement climatique revêt en ce début de millénaire les habits de « mal du siècle » prédisant, à l’horizon 2100, un véritable cataclysme pour les sociétés humaines et leur organisation. Par delà le catastrophisme, les bouleversements induits par l’évolution du climat sur nos pratiques de gestion des territoires sont une réalité. Plus que de céder aux sirènes d’un discours alarmiste, il devient indispensable de se doter d’une meilleure connaissance des mécanismes de ces changements et d’en évaluer l’ampleur. En effet, à l’heure actuelle, aussi probables que soient les modèles prospectifs mobilisés par les experts, leur réalisation demeure chargée d’incertitudes liées à la capacité d’adaptation des êtres vivants, des sociétés et, plus globalement, aux effets de rétroaction, difficiles à envisager de manière exhaustive.

2 L’incertitude est une question centrale qui s’affirme par-dessus toutes les autres : comment aujourd’hui prendre des décisions et procéder aux nécessaires arbitrages politiques dans un monde en changement permanent, où les références du passé ne valent plus pour l’avenir ? Plus que la nature des actions adaptatives, ce sont donc les moyens aidant à la prise de décision qui doivent faire l’objet de toutes nos attentions. A ce titre, les modalités locales de réalisation du changement global constituent une réelle source d’interrogations, d’autant que les projections régionales, les plus importantes pour l’adaptation humaine, restent souvent très approximatives. Le cas des zones de montagne, fortes de leurs spécificités naturelles et de leur diversité, présente une situation particulièrement complexe. Patchwork d’écosystèmes et de conditions climatiques parfois extrêmes, la montagne constitue à ce titre un territoire d’exception potentiellement porteur d’enseignements sur les effets du changement climatique. Le présent numéro de la RGA, au-delà des questions d’atténuation, traite plus spécifiquement des problématiques relatives à l’impact du changement climatique et aux réponses adaptatives qui émergent.

3 La montagne revendique son rôle de laboratoire de l’Aménagement du territoire, et ses élus, organisés au sein de l’Association Nationale des Elus de la Montagne, ont engagé une réflexion originale sur cette question (ANEM, 2007). De manière plus circonstanciée, à l’issue d’une saison hivernale difficile pour les sports d’hiver, les élus

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maires de stations de montagne (réunis au sein de leur association nationale, l’ANMSM) ont également dévoilé au grand public leur initiative d’adaptation de la méthode du Bilan CarboneTM au cas des stations de sports d’hiver. C’est dans le secteur du tourisme que les impacts du changement climatique sont à la fois les plus visibles et les plus discutés (Bürki et al., 2003; Agrawala, 2007; Luthe et al., 2008). Les plus visibles, car le rapport de causalité est immédiat, mais également parce que chacun d’entre nous y est sensibilisé au regard de la médiatisation des hivers sans neige depuis 1989/90 et du risque qu’ils font peser sur les stations de sports d’hiver (Marcelpoil et François, 2010). En ce sens, le changement climatique constitue un facteur majeur de mutation de l’économie touristique hivernale (Bourdeau, 2007).

4 Les plus discutés également, car les stations de sports d’hiver furent imaginées et conçues comme un moyen d’aménagement du territoire soutenu par les pouvoirs publics et, de fait, objet politique. Dans ce contexte, le changement climatique est instrumentalisé par des débats parfois caricaturaux : il constitue un argument nouveau pour les détracteurs de ce mode de développement local et une chimère pour les acteurs économiques dépendants de l’attractivité des stations. Pour ces raisons, la question du tourisme confronté au changement climatique trouve difficilement sa place dans un numéro transversal traitant des effets de l’évolution du climat en montagne. Elle appelle une réflexion propre qui ne cristallise pas l’une ou l’autre des positions au risque d’oublier la diversité des formes de développement touristique qui cohabitent au sein des territoires montagnards.

5 Se focaliser une nouvelle fois sur les questions touristiques serait également réducteur quant à la diversité des impacts sur les milieux montagnards et les activités qu’ils hébergent. Du point de vue de l’ANEM (2007), le changement climatique constitue une invitation à repenser globalement l’aménagement des territoires de montagne afin d’apporter un éclairage global sur les stratégies d’adaptation, y compris vis-à-vis d’autres espaces moins caractéristiques. Dans cette optique, la montagne est effectivement en première ligne face au changement climatique. La cartographie du scénario A2 établi par le GIEC à l’échelle européenne (Commission Des Communautés Européennes, 2007) fait ainsi ressortir l’impact exceptionnel de l’évolution globale sur les massifs, notamment alpin et pyrénéen Si la représentation de la moyenne des précipitations y est contrastée (augmentation dans les Alpes et diminution dans les Pyrénées), les variations demeurent plus marquées que sur les espaces adjacents, et l’élévation de la température apparaît quant à elle plus importante pour l’ensemble des massifs que pour le reste du territoire européen.

6 Cet exercice prospectif rejoint les conclusions de M. Beniston (2006) qui observe que la fluctuation des températures alpines suit la moyenne globale avec toutefois une amplitude plus marquée. Il avance le chiffre de +1,5°C, soit près du triple du réchauffement mondial depuis le début du siècle (+0,6°C). Cette majoration du réchauffement est confirmée par d’autres recherches à l’échelle de la Suisse (Rebetez et Reinhard, 2008). Au-delà du constat arithmétique, ces évolutions font de la montagne une zone témoin de la réalisation du changement climatique. Cette réalité est d’autant plus forte que le climat constitue une variable déterminante pour les écosystèmes alpins et les activités humaines qui y prennent place. L’organisation de l’espace montagnard en étages successifs et l’articulation des pratiques économiques entre ces différentes strates témoignent de la prégnance des enjeux climatiques pour l’ensemble des éléments constitutifs de la montagne.

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7 L’adaptation à des conditions de vie extrêmes et fragmentées participe à l’émergence de caractéristiques très marquées et de fonctions très spécialisées. Dans ces conditions naturelles peu favorables au maintien de la vie, l’équilibre existant est précaire face à la rapidité du changement global estimé. La dynamique des écosystèmes, fort sensibles aux évolutions du climat, appelle donc une attention particulière comme nous le rappelle l’article proposé par N. Yoccoz, A. Delestrade et A. Loison. A travers différents niveaux de lecture : la phénologie des individus, la répartition des populations et l’interaction des différentes espèces au sein d’un écosystème, les auteurs mettent en exergue à la fois l’importance de l’impact global sur les milieux montagnards et les limites des connaissances actuelles pour en saisir les spécificités. L’article propose ainsi de revenir sur les initiatives de modélisation existantes et donne des voies pour préciser leur application au contexte montagnard.

8 Dans un deuxième temps nous interrogerons les pratiques agropastorales, qui contribuent à l’aménagement des milieux auxquels elles sont intimement liées. Ainsi, la contribution de J.-B. Nettier, L. Dobremez, J.-L. Coussy et T. Romagny, relative aux stratégies mises en œuvre par les éleveurs en zone de montagne, repose sur l’observation des réponses aux épisodes de sécheresses récents. Ainsi, nous sommes déjà dans un entre-deux homme-nature et pratiques actuelles-pratiques à venir, c’est- à-dire une réponse adaptative en train de se construire. Les auteurs nous proposent alors une approche en fonction de deux facteurs, en combinant les attitudes des éleveurs et la sensibilité des systèmes d’exploitation au regard des évolutions climatiques.

9 Le point de vue des sylviculteurs est quant à lui radicalement différent : par le passé, même récent, ils ont dû composer avec des épisodes de crise non directement liés à une évolution du climat. Ainsi, B. Courbaud, G. Kunstler, X. Morin et T. Cordonnier, nous proposent une approche prospective de la gestion des forêts de montagne. En effet, le cas de la forêt se veut spécifique dans le sens où les actions mises en œuvre aujourd’hui sont déterminantes pour les capacités futures de leur exploitation. Afin de prendre en compte cette perception du temps à cheval entre l’actuel et l’avenir, les auteurs construisent leur contribution en revenant tout d’abord sur les risques et incertitudes que le changement climatique fait peser sur la sylviculture, pour ensuite proposer une mise à plat des différentes attitudes probables. L’accent est alors mis sur la construction d’une gestion adaptative dans un contexte d’action incertain.

10 Enfin, en clôture de cette édition de la RGA consacrée au changement climatique, la question des risques propose un éclairage transversal du milieu montagnard et des incertitudes qui demeurent quant aux impacts du changement climatique. La combinaison de facteurs qui conduisent à une situation « risquée », les effets de seuil, donnent une vision des conséquences de l’évolution du climat sur les territoires de montagne comme étant particulièrement complexes à appréhender et fortement soumises à des incertitudes, au premier rang desquelles figurent les difficultés à corréler l’évolution du risque aux variables d’évolution du climat. En outre, l’analyse des risques se doit de considérer deux facteurs de natures différentes : l’aléa naturel qui fait l’objet de la première partie de la contribution de D. Richard, E. Marcelpoil et V. Boudières, mais également les objets vulnérables exposés à cet aléa. Ainsi, les auteurs proposent d’ouvrir le champ de leur réflexion au risque économique, notamment dans le cas des stations de sports d’hiver. Si cette introduction du tourisme dans notre réflexion vient compléter notre approche des différents secteurs économiques, elle a

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surtout l’intérêt de proposer d’ouvrir le débat dans un cadre global d’appréhension de la montagne sous l’angle de la vulnérabilité.

BIBLIOGRAPHIE

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AUTEURS

HUGUES FRANÇOIS Cemagref de Grenoble – UR DTM, [email protected]

ÉMELINE HATT Laboratoire SET, UMR CNRS 5603 – UPPA, [email protected]

GWLADYS MATHIEU Réseau d’éducation à l’environnement montagnard alpin (REEMA), [email protected]

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Preface Mountains, the climate change laboratory

Hugues François, Émeline Hatt and Gwladys Mathieu

1 Even as we venture into this new millennium, climate change has become emblematic of the “mal du siècle” foreboding a veritable cataclysm for human societies and their organisation by the year 2100. However, beyond the overtones of catastrophism, the upheavals that climate change can bring about in our land management practices are a reality. Rather than giving in to the allures of an alarmist discourse, it becomes imperative to better understand the mechanisms of these changes and to assess their magnitude. At present, however probable the prospective models created by experts might be, their translation into reality is fraught with uncertainty. This uncertainty stems from the adaptation capacity of living beings and societies, and more generally, the effects of retroaction, which are difficult to envisage in an exhaustive manner.

2 Uncertainty is a central question that dominates all others: how can we today make decisions and engage in the necessary political arbitrations in a constantly changing world, where the benchmarks of the past will no longer be valid in the future? We should therefore focus our full attention on the means that can help us in decision- making rather than on the nature of adaptive actions. In this respect, local manifestations of global change provide a rich source of investigation, all the more as regional projections, the most important for human adaptation, are often very sketchy. The case of mountain areas, with their natural specificities and their diversity, presents a particularly complex situation. A patchwork of ecosystems and often extreme climate conditions, mountains become in this respect an exceptional territory, potentially pregnant with lessons on the effects of climate change. Looking beyond the question of attenuation, this issue of the RGA deals more specifically with the issues related to the impact of climate change and the adaptive responses that are emerging.

3 The mountain claims its role as the Land Development laboratory, and its elected representatives, organised within the Association Nationale des Elus de la Montagne (French national association of elected representatives from mountain regions), have embarked on an original reflection on this issue (ANEM, 2007). More specifically, in the wake of a difficult season for winter sports, the elected mayors of mountain resorts (with their national association, ANMSM) have also unveiled to the general public their

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initiative to adapt the Bilan CarboneTM (Carbon Balance) method to winter sport resorts. It is in this tourism sector that the impacts of climate change are the most visible and the most discussed (Bürki et al., 2003; Agrawala, 2007; Luthe et al., 2008). The most visible, because the causal relationship is immediate, but also because this issue has been brought into the public spotlight following extensive media coverage of snowless winters since 1989-90 and the risk they represent for winter sport resorts (Marcelpoil et François, 2010). In this respect, climate change constitutes a major driver of a radial transformation in the winter tourism economy (Bourdeau, 2007).

4 The most discussed as well, because winter sport resorts were imagined and designed as a means of land management sustained by public authorities and therefore with inherent political implications. In this context, climate change is exploited as a political instrument in debates often caricatural in nature: it is a new argument for the detractors of this mode of local development and a pipe dream for economic players dependent on the attractiveness of the resorts. For these reasons, the question of tourism faced with climate change does not seem very relevant in a cross-disciplinary issue dealing with the effects of climate change in mountains. It calls for a reflection in its own right that does not crystallise any one stand at the risk of disregarding the diversity of the forms of tourist development that coexist in mountain territories.

5 Focussing once again on tourist issues would also be simplistic as regards the diversity of the impacts on mountain environments and the activities they are home to. The ANEM (2007) believes that climate change is an invitation to rethink mountain land management on the whole in order to shed light on adaptation strategies, including vis-à-vis other less characteristic areas. In this perspective, mountains are in fact on the frontline when it comes to climate change. The A2 scenario mapping drawn up by the GIEC at the European level (Commission of the European Communities, 2007) highlights the exceptional impact of the overall change on massifs, particularly the Alps and Pyrenees. If this mapping shows a contrast in the representation of mean precipitation (increase in the Alps and drop in the Pyrenees), the variations are more noticeable than in adjacent areas, and the increase in temperature appears more significant for the massifs than the rest of the European territory.

6 This prospective exercise concurs with the conclusions of Mr. Beniston (2006) who observes that the fluctuation in alpine temperatures follows the overall mean with however a more distinct amplitude. He puts forward the figure of +1.5°C, that is, nearly the triple of global warming since the dawn of the century (+0.6°C). This intensification of warming is corroborated by other research studies at the Swiss level (Rebetez and Reinhard, 2008). Beyond the arithmetic conclusion, these changes make mountains a control area for the manifestation of climate change. This reality is all the stronger that climate represents a determinant variable for alpine ecosystems and the human activities taking place therein. The organisation of the mountain area in successive levels and the articulation of economic practices among these different strata testify to the resonance of climate issues for all the components of the mountain.

7 Adaptation to extreme and fragmented living conditions contributes to the emergence of very distinct features and highly specialised functions. In these natural conditions hardly conducive to the sustenance of life, the existing balance is precarious in the face of the rapidity of the estimated global change. The dynamics of the ecosystems, highly sensitive to climate changes, calls for special attention as confirmed by the article by N. Yoccoz, A. Delestrade and A. Loison. Through the various levels of interpretation:

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phenology of individuals, demographic distribution and the interaction of the various species within an ecosystem, the authors underscore both the importance of the overall impact on mountain environments and the limits of current knowledge in terms of understanding their specificities. The article thus recommends a reconsideration of the current modelling initiatives and opens up new avenues for specifying their application to the mountain environment.

8 Secondly, we will examine agro-pastoral practices, which contribute to the development of environments with which they are closely related. Thus, the contribution of J.-B. Nettier, L. Dobremez, J.-L. Coussy and T. Romagny regarding the strategies implemented by livestock farmers in mountain areas, relies on the observation of the responses to recent episodes of drought. Thus, we are already in a grey area between man and nature and current practices and future practices, i.e. an adaptive response in the making. The authors put forward an approach depending on two factors, combining the attitudes of livestock farmers and the sensitivity of farming systems to climate change.

9 The viewpoint of silviculturists is however radically different: in the past, even the recent past, they had to make do with crisis episodes not directly caused by climate change. Thus, B. Courbaud, G. Kunstler, X. Morin and T. Cordonnier propose a prospective approach to mountain forest management. In fact, forests are specific insofar as the actions undertaken today are decisive for their future farming capacities. In order to factor in this perception of time caught between the present and the future, the authors build their thesis by first considering the risks and uncertainties that climate change brings to bear on silviculture, and then proposing a complete examination of the different probable attitudes. Thus they focus their attention on constructing an adaptive management in a context of uncertainty.

10 Lastly, in conclusion to this issue of the RGA devoted to climate change, the question of risks sheds a comprehensive light on the mountain environment and the uncertainties that persist as far as the impacts of climate change are concerned. The combination of factors leading to a “risky” situation, threshold effects, show that the consequences of climate change on mountain territories are particularly complex to understand and strongly subject to uncertainties, which arise mainly from the difficulty in correlating the evolution of risk with respect to climate change variables. Further, risk analysis should consider two factors of different natures: natural hazard covered in the first part of the contribution of D. Richard, E. Marcelpoil and V. Boudières, but also vulnerable objects exposed to this hazard. Thus, the authors propose to expand the horizon of their reflection to economic risk, particularly in the case of winter sport resorts. If this introduction of tourism into our reflection completes our approach to the various economic sectors, it has more importantly the interest of opening up the debate to a comprehensive understanding of mountains from the viewpoint of vulnerability.

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BIBLIOGRAPHY

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REBETEZ M., REINHARD M., 2008. – “Monthly air temperature trends in Switzerland 1901-2000 and 1975-2004”. Theorical and applied climatology, n° 91, pp. 27-34.

AUTHORS

HUGUES FRANÇOIS Cemagref de Grenoble – UR DTM, [email protected]

ÉMELINE HATT SET Laboratory, UMR CNRS 5603 – UPPA, [email protected]

GWLADYS MATHIEU Alpine Mountain Environment Education Network (Réseau d’éducation à l’environnement, montagnard alpin, REEMA), [email protected]

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Impact des changements climatiques sur les écosystèmes alpins : comment les mettre en évidence et les prévoir ?

Nigel G. Yoccoz, Anne Delestrade et Anne Loison

1 Le climat alpin a déjà changé ces dernières décennies, et les changements à venir seront encore plus importants (Beniston, 2009). Mais le climat n’est pas seul à changer – les pratiques agricoles et forestières, le tourisme, les dépôts atmosphériques azotés, l’arrivée d’espèces invasives, entre autres - sont autant de facteurs qui sont susceptibles d’affecter les écosystèmes alpins. Cette double complexité de la nature des changements, qui ne sont pas que climatiques, et du fonctionnement des écosystèmes rend difficile la prédiction (Boîte 1) des conséquences des changements globaux sur la structure et les fonctions des écosystèmes (biodiversité, répartition géographiques des espèces, cycle biogéochimiques). Ces dernières années ont cependant vu des développements rapides de modèles prédictifs. Notre objectif ici ne sera pas de revoir ce qui est connu de l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes alpins – même si nous ferons appel à un certain nombre de résultats publiés – mais plutôt de nous projeter dans un avenir proche, de poser un certain nombre de questions et d’apporter quelques éléments de réponse: quelle stratégie de recherche adopter si l’on veut affiner ces projections ? Autrement dit, de quelles données, de quels modèles avons-nous besoin?

Boîte 1. Scénarios, projections, prédictions, prévisions, vérification, validation… : un petit glossaire

2 À quoi ressembleront les écosystèmes alpins dans 50 ans ? Une telle question fait appel à de nombreuses disciplines (climatologie, sciences sociales, économie, écologie, statistiques pour n’en citer que cinq) qui ont chacune développé leur propre

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vocabulaire. Pour un statisticien, un modèle fait des prédictions – rien de magique, il s’agit simplement d’appliquer le modèle à de nouvelles données, et ces prédictions peuvent concerner le futur, une autre région ou le passé. Sous l’hypothèse que la structure et les paramètres du modèle sont valides pour ces nouvelles observations, il est alors possible de calculer l’incertitude des prédictions. Dans le domaine des sciences sociales, il est souvent illusoire de développer des approches prédictives où l’incertitude peut être quantifiée, et l’utilisation de scénarios est fréquente, par exemple dans le cadre du GIEC. Ces scénarios correspondent à des schémas simplifiés de l’évolution de nos sociétés, et n’ont pas de vraisemblance ou probabilités qui leur sont attachées. Ils projettent souvent dans l’avenir les évolutions récentes, avec des changements qui sont fonction de choix économiques très grossiers. De même (mais souvent en se basant sur des modèles numériques très complexes), les modèles climatologiques projettent dans l’avenir ce qui est connu du climat aujourd’hui, tout en

modifiant certaines variables (comme le taux de CO2) en fonction des scénarios économiques. Le terme de prévisions est souvent utilisé pour des prédictions qui ne sont pas à long terme, comme en météorologie ou en économie, mais ce qui est long terme dépend de la discipline : 10 jours pour les prévisions météo journalières, quelques années au plus en économie. Mais toute prédiction ou prévision devrait être validée. Cela est possible pour des prévisions météorologiques – et est fait de manière routinière et de plus en plus élaboré, en tenant compte en particulier des coûts des erreurs de prévisions (Casati et al., 2008), mais difficile s’il s’agit de 2060 pour le climat. Il reste alors deux possibilités : valider les modèles dans une autre région, par exemple en construisant un modèle prédictif de la répartition des espèces en Suisse et le valider en Autriche (Randin et al., 2006), ou le valider dans le passé, par exemple en comparant la reconstruction du climat à l’aide d’un modèle climatique et celle obtenue grâce à des proxy tels que pollen et macrofossiles (Kaspar et al., 2005). Une telle validation ne permet pas de vérifier un modèle – en d’autres mots, « tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles » (Box et al., 2005), un modèle peut être valide ou utile pour faire des prédictions même si l’on sait que certaines parties du modèle sont de mauvaises approximations de l’écologie des espèces.

3 Faire des prédictions implique le plus souvent d’utiliser des modèles quantitatifs, reliant par une série d’équations ce qui devrait changer – le climat, entre autres – et des variables mesurant ce qui nous intéresse ici : la répartition ou l’abondance des espèces (par exemple, où survivra le lagopède alpin dans 100 ans), ou des aspects plus fonctionnels (par exemple, la production primaire végétale ou la résilience des écosystèmes face à des événements extrêmes comme une sécheresse analogue à celle de 2003, très prononcée dans les Alpes (Rébetez, 2004)). Ces modèles se situent le long d’un axe avec d’un côté des modèles purement numériques ne faisant pas appel à des mécanismes biologiques, de l’autre des modèles mécanistes, partant d’effets connus au sein des écosystèmes et les projetant dans le temps (Morin et Thuiller, 2009). Les premiers modèles peuvent être très performants pour décrire le présent, mais ne permettent souvent pas d’analyser les causes des changements en cours. Les utiliser pour se projeter dans le futur peut être délicat. Il est aussi plus attractif de comprendre plutôt que de simplement prédire, mais il peut être nécessaire, surtout dans une perspective de gestion à court terme, de prédire au mieux, dans l’attente de meilleures connaissances, relativement lentes à acquérir, sur les mécanismes. L’art est d’arriver à combiner ces deux approches – inclure les mécanismes quand ils sont importants et connus avec assez de précision pour donner lieu à des prévisions fiables, et décrire le

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reste par des approches numériques, mais répondant à des critères statistiques rigoureux (Gallien et al., 2010). L’option de construire des modèles « réalistes » incluant tous les mécanismes possibles n’est pas viable parce que l’énorme complexité et incertitude de tels modèles les rendraient sans intérêt (Oreskes, 2003).

4 Nous considérons dans cet article 3 niveaux de réponse aux changements climatiques : individu, population et écosystème (Stenseth et al., 2002). Ces trois niveaux dépendent l’un de l’autre, et nous verrons par exemple que les effets sur les écosystèmes peuvent être déduits directement des effets sur les individus. Mais dans la mesure où les données et les modèles sont différents entre ces niveaux, nous avons conservé cette distinction. Les exemples pris – phénologie, répartition et interactions trophiques – ne sont pas exhaustifs, mais ils sont révélateurs des défis posés.

Phénologie

5 C’est un des phénomènes les plus directement associés à la température, même si d’autres facteurs peuvent jouer (photopériode) : nous voyons que les premières feuilles ou fleurs apparaissent plus tôt lors d’un printemps chaud. Cet avancement des saisons a été décrit à travers le monde (Menzel et al. 2006 ; Morisette et al., 2009), et la montagne n’y échappe pas (Ziello et al., 2009). Mais la neige peut modifier l’influence directe des températures de l’air: les plantes ne peuvent commencer leur développement avant la fonte de la neige (Wipf et Rixen, 2010). Une augmentation des précipitations hivernales peut alors, si elle se traduit par une augmentation du manteau neigeux, compenser en partie l’effet du réchauffement printanier. D’autre part, certaines espèces, comme les oiseaux migrateurs, sont influencées par ce qui se passe sur leurs zones d’hivernage ou de migrations, donc en plaine ou plus au sud, et peuvent donc se retrouver décalées par rapport aux plantes, arrivant alors « trop tôt » par rapport à la disponibilité des ressources alimentaires (Inouye et al., 2000). Si au contraire, leur décision de se reproduire ou de changer de (lagopède) dépend d’abord de la photopériode, ils risquent de se reproduire trop tard.

6 De nombreux modèles ont été développés reliant phénologie des plantes et différentes composantes du climat – températures au printemps, mais aussi températures en hiver parce que certains arbres en particulier ont besoin d’être « au frais » avant de commencer leur développement (Chuine, 2000). Ces modèles peuvent être complexes mathématiquement et nécessitent des données de température détaillées, permettant de calculer à l’échelle de la journée la somme des températures supérieures à un seuil de développement (degrés-jour). Ces modèles ont été établis en plaine – peu de choses sont connues en montagne, et encore moins à l’étage alpin. Ceci s’explique par l’origine des données de phénologie, le plus souvent associées à des jardins botaniques ou des stations météorologiques, fort peu nombreux dans les régions alpines, et à des espèces qui n’atteignent pas de hautes altitudes (beaucoup sont des arbres, et des feuillus : Menzel et al., 2006). Ainsi, la grande majorité des études publiées sur les changements de la phénologie en Europe ou en Amérique du Nord ne concernent que les régions de plaine, et l’influence de la neige n’y est presque jamais analysée ou même discutée.

7 C’est dans cette perspective que le CREA a mis en place Phénoclim, réseau de stations d’observations de la phénologie et de la température, couvrant les Alpes françaises, et débordant sur nos voisins suisses et italiens. Comme Phénoclim n’a démarré qu’en 2005, il n’est pas possible de construire un modèle prédictif de l’évolution de la

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phénologie dans les 20 ou 50 prochaines années, comme cela a été fait dans d’autres régions. Mais les premiers résultats, utilisant les gradients altitudinaux pour identifier les facteurs climatiques influençant les dates importantes (comme le débourrement ; voir Vitasse et al., 2009), semblent indiquer que la neige, de par son influence sur la température du sol et le démarrage de la croissance, joue un rôle important. Les arbres démarrent bien sûr plus tard en altitude, mais le délai observé dans la phénologie est plus important que le simple effet de la décroissance de la température avec l’altitude : certaines espèces ont en effet besoin d’une plus forte accumulation de degrés-jours pour atteindre un stade tel que le débourrement des bourgeons. Le réchauffement printanier (particulièrement prononcé sur certaines régions alpines; www.meteosuisse.ch) n’influencera donc pas seulement la phénologie par un effet direct, mais aussi par un effet indirect lié à la diminution du manteau neigeux. Nous pensons que le développement de modèles phénologiques intégrant l’enneigement est essentiel en milieu alpin. Dans la mesure où les climatologues développent des modèles prédictifs de l’enneigement (Beniston, 2009), cette information pourra être incorporée.

8 Les plantes ne sont bien sûr pas les seuls organismes à voir leur cycle de vie modifié par les changements climatiques en cours. Les dates de mises-bas des marmottes ou chamois, les dates de ponte des oiseaux, ou les dates de vol des papillons sont autant de paramètres qui sont affectés par le climat mais à des degrés divers : si les papillons sont a priori plus sous l’influence direct des températures printanières ou estivales, la date de mise-bas d’un chamois est soumise à des influences plus complexes (par exemple parce que la reproduction se fait à l’automne). De même l’arrivée des oiseaux migrateurs sera sous l’influence du climat, mais souvent loin de leur zone de nidification (Jonzén et al., 2006). Que ces cycles de vie soient sous des influences diverses ouvrent dont la possibilité de modifications des interactions entre espèces, un point que nous détaillons plus bas.

9 Nous savons aujourd’hui que les changements phénologiques représentent une des réponses les plus rapides aux changements climatiques, mais que ces réponses sont très diverses d’un groupe d’organismes à l’autre. De plus les zones alpines présentent des particularités (enneigement, espèces migratrices ou en hibernation/diapause) qui n’ont jusqu’à maintenant pas ou peu été prises en compte dans les modèles. L’absence de données en zone alpine explique en partie le peu d’intérêt pour l’élargissement des modèles à cette zone au fonctionnement plus complexe, mais différentes études et réseaux devraient permettre de mieux comprendre les spécificités alpines.

Répartition

10 Ces 20 dernières années ont vu un essor considérable des modèles permettant de prédire la répartition des espèces en fonction du climat (Thuiller et al., 2009). Comme plusieurs équipes jouant un rôle important dans ces travaux étudient les espèces alpines, nous en savons relativement beaucoup sur celles-ci. La répartition des plantes alpines est souvent fortement associée au climat. La limite supérieure de la forêt, et donc des espèces d’arbres qui la constitue, est peut-être l’exemple qui vient le premier à l’esprit. Malheureusement, c’est aussi un excellent exemple de l’influence humaine à travers l’utilisation des terres : dans les Alpes, la limite de la forêt aujourd’hui est en dessous de ce que le climat permettrait, une conséquence connue du pâturage. Une étude dans les Alpes suisses a montré que l’essentiel de la remontée observée de la

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limite de la forêt est dû à une utilisation moindre des zones d’altitude, et que le réchauffement en cours n’y a encore que peu contribué (Gehrig-Fasel et al., 2007).

11 Les modèles de répartition, souvent appelés modèles de niche, sont conceptuellement assez simples : d’une part des variables prédictrices, représentant de préférence des variables climatiques ayant une influence directe sur les organismes, d’autre part des données de répartition des espèces, issues d’atlas ou d’inventaires. Une multitude de modèles statistiques existent permettant de relier ces données (voir BIOMOD ; Thuiller et al., 2009). De nombreux travaux ont comparé ces modèles sans qu’il ne se dégage un consensus : ce n’est pas parce qu’un modèle est meilleur pour décrire la répartition d’une espèce aujourd’hui qu’il est meilleur pour prédire les changements à venir. Ce problème est bien connu en climatologie – les modèles décrivant au mieux les températures et précipitations moyennes observées aujourd’hui ne sont pas les meilleurs pour décrire les changements observés par exemple depuis 30 ou 50 ans (Räisanen, 2007). Malheureusement, nous ne disposons en général pas d’informations assez détaillées sur la répartition des espèces au cours du XXe siècle pour réaliser de telles comparaisons.

12 Les travaux sur la répartition géographique d’espèces alpines concernent d’abord les plantes, parce que les données disponibles sont souvent de meilleure qualité (les données sur les insectes en milieu alpin sont par exemple très fragmentaires). La répartition des plantes alpines est bien décrites par des variables climatiques, telles que températures du mois le plus froid (gel) et le plus chaud (qui peut limiter la croissance, en particulier pour des espèces ligneuses), évapotranspiration, précipitations estivales. Le réchauffement attendu pour les 50 ou 100 prochaines années (de l’ordre de + 4 à + 6ºC pour les températures estivales sur les Alpes) se traduit donc par une remontée, souvent très importante, des aires de répartition – souvent de l’ordre de 500 à 1000 mètres (Randin et al., 2009). Mais plusieurs facteurs peuvent invalider ces projections : 1) les modèles ajustés aux données actuelles font une hypothèse d’équilibre entre climat et répartition, c’est-à-dire que la répartition observée correspond au climat d’aujourd’hui. Par exemple l’absence d’une espèce dans une partie de son aire n’est pas due au fait qu’elle n’a pas eu le temps de la coloniser. La plupart des prédictions font de même l’hypothèse que les plantes peuvent « suivre » les changements climatiques, c'est-à-dire se disperser instantanément dans de nouveaux habitats favorables. Même si cela paraît raisonnable sur de courtes distances, cela peut être difficile si cela suppose de pouvoir « sauter » d’un massif à un autre, ou si les changements sont rapides : inclure la dispersion peut donc modifier ces prédictions (Engler et al., 2009). 2) Les environnements alpins sont hétérogènes sur de courtes distances, alors que de nombreux modèles utilisent des mailles grossières (10x10 ou 50x50 km). Le climat moyen sur de telles surfaces ne permettra pas de décrire cette hétérogénéité, et l’utilisation de données à plus petite échelle (100x100 m ou moins) résulte dans des répartitions futures différentes (Randin et al., 2009). 3) Les facteurs climatiques ne sont pas les seuls à influencer la répartition des plantes – l’utilisation des terres (pâturage), la gestion des grands herbivores, les apports azotés sont des facteurs pouvant aussi jouer un rôle, mais il est difficile d’une part de prédire leur évolution à moyen terme, d’autre part de comprendre leur influence.

13 Un autre facteur limitant les modèles prédictifs est la qualité des données, aussi bien climatiques que de répartition des espèces. Comme pour les études phénologiques, nous ne disposons que de peu de stations alpines, et les modèles utilisent des données

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climatiques interpolées à partir de ces stations (Zimmermann et Kienast, 1999). Même si ces interpolations rendent compte des structures majeures (gradient altitudinal ou zone externe-interne dans les Alpes), elles gomment les hétérogénéités locales associées à la topographie complexe du massif alpin. Les données de répartition sont souvent aussi fragmentaires, et ont été échantillonnées suivant des critères flous. Les modèles de répartition obtenus à partir de telles données peuvent différer fortement de ceux obtenus à partir de données issues de plans d’échantillonnage rigoureux (Albert et al., 2010).

14 Chez les oiseaux et mammifères, la répartition est en premier lieu influencée par l'habitat plutôt que directement par le climat. Un oiseau comme le chocard à bec jaune dépend directement de la présence de falaises pour nicher et de pelouses alpines pour se nourrir. Si la répartition des falaises n'est pas affectée par le climat, celle des pelouses alpines évolue bien en fonction du climat (remontée de la forêt), mais également en fonction de l'évolution des pratiques pastorales (colonisation par le rhododendron par exemple). Les effets du changement climatique sur la répartition des animaux sont donc difficiles à mettre en évidence s’ils n’intègrent pas les effets directs et indirects (via les habitats) du climat. Ceci peut expliquer l’absence de changements majeurs dans la répartition altitudinale des oiseaux dans les Alpes italiennes (Popy et al., 2010).

15 Chez les mammifères, l’évolution de la répartition a été moins envisagée sous l’angle des changements climatiques que les plantes (voir par exemple Levinsky et al., 2007). Certaines espèces sont limitées par des facteurs climatiques – c’est sans doute le cas de la limite inférieure de la répartition de la marmotte, et la longueur de l’enneigement est un facteur important pour certaines espèces. Mais pour prendre un exemple concret où l’habitat plus que le climat détermine la répartition, le campagnol des neiges, un petit rongeur que l’on peut rencontrer dans les Alpes jusqu’à près de 4 000 m d’altitude, est bien mal nommé et en tout cas pas du tout contraint par la neige puisqu’il se trouve aussi sur les rivages de l’Adriatique en Croatie ! Sa répartition est associée à la présence de pierriers avec des blocs relativement gros, et ceux-ci ne se trouvent que dans certaines zones de montagne. L’influence directe du climat a joué un rôle relativement mineur sur l’évolution récente des effectifs et de la répartition des grands mammifères, particulièrement en Europe. En effet, l'influence indirecte du climat sur les habitats, l’utilisation des terres et la gestion de la faune (chasse) ont eu des effets beaucoup plus importants. Les grands herbivores ont été chassés intensivement jusqu'au milieu du XXe siècle pour leur viande, leur trophée, et en tant que compétiteurs des herbivores domestiques. Ce n’est qu’à la suite d’une réflexion générale sur la situation de la flore et de la faune que des parcs nationaux, puis des plans de chasse hors des zones protégées, ont permis aux effectifs d’augmenter et à leur répartition géographique de s’étendre. Il est donc difficile d’évaluer dans quelle mesure le climat a joué un rôle direct dans la situation actuelle comme la forte densité des grands herbivores de montagne ou l'augmentation des cervidés et leur présence de plus en plus haute en altitude. Les études de dynamique des populations confirment que les différentes espèces réagissent différemment à l’enneigement, à la phénologie du printemps, à la sécheresse estivale. Alors que le chamois n’est sensible qu’aux années d’enneigement exceptionnel, bouquetin et chevreuil répondent négativement à des enneigements plus « moyens ».

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16 En continuant le suivi croisé de la progression de la répartition et celui des processus limitant localement les populations, il deviendra possible d’identifier les rôles respectifs des influences directes (enneigement, rigueur hivernale, température estivale) et indirectes (qualité et phénologie des ressources) sur les évolutions géographiques et numériques des différentes espèces. Il est en particulier important de comprendre les mécanismes démographiques qui provoquent l’extinction des espèces à basse altitude, et ceux permettant la colonisation des espèces à de plus hautes altitudes – ces mécanismes étant a priori différents. Pour les plantes par exemple, la compétition peut être le facteur responsable de l’extinction des populations à basse altitude, alors que la température et la dispersion limitent la colonisation à haute altitude (Zimmermann et al., 2009). Nous ne disposons cependant que de très peu d’espèces pour lesquelles les mécanismes de colonisation et d’extinction sont connus.

Ecosystèmes et interactions trophiques

17 L’étude des écosystèmes se fait suivant deux approches, une première qui s’intéresse d’abord aux flux d’énergie et de matières (p.e. C et N), une autre qui s’intéresse aux interactions entre espèces, et en particulier celles qui définissent le réseau trophique de l’écosystème. Nous nous restreindrons ici à cette deuxième approche, et tout particulièrement aux interactions entre plantes et herbivores (« herbivorie »), et entre herbivores et carnivores (« prédation »). Tout comme les effets directs et indirects du

climat sur la démographie des espèces, les changements de concentrations de CO2 peuvent avoir des effets directs (sur la croissance des plantes et leur assimilation du carbone, i.e. les flux de matière dans l’écosystème) et indirects (via leur résistance aux herbivores ; Lau et Tiffin, 2009) sur les écosystèmes, et cette distinction est d’abord simplificatrice.

18 Le climat peut influencer les interactions trophiques d’abord via les changements de phénologie. Pour un herbivore – un chamois aussi bien qu’une chenille – la qualité et la quantité de la végétation change souvent rapidement au cours du printemps/été. Si la quantité augmente progressivement pour atteindre un maximum au milieu de l’été, la qualité est souvent bien meilleure tout au début de la croissance des plantes. Une chenille, ou un jeune cabri auront donc une bien meilleure croissance si celle-ci se déroule au moment où cette qualité est la plus grande. L’originalité des milieux alpins est la possibilité pour certains organismes mobiles de suivre ces changements de phénologie, par exemple en remontant en altitude au cours du printemps (Albon et Langvatn, 1992). Ils peuvent ainsi compenser une phénologie plus précoce. Par contre des espèces moins mobiles, et ne répondant pas aussi vite que la végétation au réchauffement, peuvent se retrouver décalées par rapport à leurs ressources alimentaires. Ce mécanisme peut en fait jouer dans les deux sens, en fonction de l’altitude. Certaines espèces semblent calées sur la phénologie de leurs ressources uniquement pour un certain régime de température et enneigement caractéristiques d’une altitude – le réchauffement fera alors monter cette bande « optimale »pour les herbivores. C’est ce qui semble se produire avec un ravageur des bouleaux dans les zones sub-alpines des montagnes du nord de la Norvège : son impact se fait sentir maintenant surtout à la limite supérieure de la forêt, avec potentiellement un impact important sur la progression en altitude de la forêt (Hagen et al., 2007). A l’opposé, un ravageur du mélèze, une tordeuse, a vu ses pullulations disparaître pour la première

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fois en 1 200 ans en Engadine, sans doute suite à un décalage entre son cycle de vie et celui du mélèze (Esper et al., 2007).

19 La prédation – d’un loup sur un chamois, ou d’une hermine sur un campagnol – peut également être directement influencée par le climat, tout particulièrement par les conditions d’enneigement (Stenseth et al., 1998). Ceci est d’autant plus le cas lorsqu’un prédateur a accès à des proies dont la sensibilité aux conditions d’enneigement diffère : un chamois, grâce à sa membrane interdigitale, se déplacera plus vite sur la neige qu’un chevreuil ou un mouflon, qui s’enfonceront dans la neige molle ou profonde. Outre les différences que cela occasionne sur leurs dépenses énergétiques liées au déplacement, ces capacités différentes de locomotion sur la neige influence aussi directement le risque de prédation. A contrario, les grands prédateurs pourraient donc bénéficier d’un fort enneigement hivernal, et pâtir du raccourcissement de la durée d’enneigement en hiver. La dynamique de recolonisation des grands prédateurs dans les Alpes est rapide actuellement, favorisée par l’abondance des proies qu’ils peuvent y trouver. Si les changements climatiques ne sont probablement pas la cause majeure de la dynamique d’expansion géographique actuelle des grands prédateurs, ils affectent les populations de proies (effectifs, abondance relative des différentes espèces) et sont donc susceptibles de jouer un rôle complexe, mais important sur la dynamique des populations de grands prédateurs. Afin d’identifier les différents processus, seuls des études conjointes des différents niveaux trophiques, des plantes aux prédateurs en passant par les grands herbivores, permettront de distinguer les effets directs du climat de ceux dépendant des relations trophiques entre espèces.

20 Comprendre l’impact du climat sur les interactions trophiques est difficile car ces interactions sont souvent variables dans l’espace – par exemple la synchronie entre herbivores et plantes évoquée plus haut – et les variables climatiques qui ont un impact écologique, par exemple la qualité de la neige, ne sont pas mesurées directement et doivent être reconstruites, souvent avec une grosse incertitude, à partir d’autres paramètres météorologiques tels que température et précipitation. De même, la neige est difficile à manipuler expérimentalement (à l’opposé de la température ou de la

concentration de CO2), même si quelques études ont commencé à le faire, mais à de petites échelles (quelques m2 ; Van Der Wal et al., 2000 ; Wipf et Rixen, 2010). Il n’est donc pas très étonnant que peu d’études aient montré de manière convaincante l’impact direct de la neige sur des interactions telles que la prédation, qui jouent à des échelles souvent plus grandes (Garrott et al., 2009).

Conclusions et perspectives

21 Par définition ou presque, le climat détermine où se trouvent les écosystèmes alpins – toute modification du climat entraînera par conséquent un déplacement de ces écosystèmes, et leur disparition si les espèces ne peuvent pas suivre (par dispersion) leur niche climatique ou si cette niche sort des limites altitudinales des régions concernées (Thuiller et al., 2005 ; Randin et al., 2009). Les premiers modèles reliant répartition des espèces et climat, principalement appliqués avec succès aux plantes, ont permis d’identifier les paramètres climatiques les plus importants, températures estivale et hivernale mais aussi évapotranspiration. La qualité des prédictions de ces modèles a pu être estimée sur le terrain soit en les utilisant pour rechercher de nouvelles populations pour des plantes rares (p.e. le chardon bleu dans les Alpes suisses

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(Guisan et al., 2006), soit en les transposant entre régions alpines (Randin et al., 2006)). Les résultats variables de ces tests montrent que les modèles de répartition demandent à être affinés, en y incluant des mécanismes au niveau des individus et des populations, les interactions trophiques entre espèces ou les capacités de réponse des espèces (Hoffmann et Willi, 2008). L’intégration de ces mécanismes dans des modèles décrivant l’impact du climat et des changements climatiques demande cependant des données acquises de manière cohérente (i.e., qui peuvent être comparées sur des échelles spatiales et temporelles similaires), et prenant compte de la forte variabilité spatiale des conditions environnementales des écosystèmes alpins. A l’heure actuelle, le réseau d’observations et d’expériences ne couvre qu’une faible partie de cette variabilité et ne permet en général pas de généraliser les résultats obtenus à l’ensemble des écosystèmes alpins. De plus, un tel réseau devrait intégrer des mesures du manteau neigeux, comme sa dureté (Yoccoz et Ims, 1999 ; Kausrud et al., 2008) et sa perméabilité pour les échanges respiratoires, qui permettent de mieux comprendre le rôle de la neige dans le fonctionnement des écosystèmes. Construire un tel réseau, combinant observations/expérimentations intensives de certains mécanismes et suivis extensifs permettant de valider les prédictions issues d’études intensives, devrait être un objectif majeur si nous voulons être à même de mieux prédire à quoi ressembleront les écosystèmes alpins dans 50 ou 100 ans, et si nos modes de gestion sont à même d’orienter leur évolution vers des objectifs souhaitables.

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RÉSUMÉS

Les écosystèmes alpins vont être grandement influencés par les changements climatiques à venir, mais d’autres facteurs, tels que l’utilisation des terres ou les espèces invasives, pourront aussi jouer un rôle important. Le climat peut influencer les écosystèmes à différents niveaux, et nous en décrivons certains, en mettant l’accent sur les méthodes utilisées et les données disponibles. Le climat peut d’abord modifier la phénologie des espèces, comme la date de floraison des plantes ou la date d’éclosion des insectes. Il peut ensuite affecter directement la démographie des espèces (survie, reproduction, dispersion) et donc à terme leur répartition. Il peut enfin agir sur les interactions entre espèces – le couvert neigeux par exemple modifie le succès de certains prédateurs. Une caractéristique des écosystèmes alpins est la présence d’un manteau neigeux

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important et pourtant l’influence de la neige reste relativement mal connue, en particulier pour des raisons logistiques. Même si nous avons fait des progrès importants dans le développement de modèles prédictifs, surtout pour ce qui est de la répartition des plantes alpines, il reste à mettre en place des réseaux d’observations et d’expériences permettant de mieux tenir compte de la variabilité des écosystèmes alpins et des interactions avec le climat.

Alpine ecosystems will be greatly impacted by climatic change, but other factors, such as land use and invasive species, are likely to play an important role too. Climate can influence ecosystems at several levels. We describe some of them, stressing methodological approaches and available data. Climate can modify species phenology, such as flowering date of plants and hatching date in insects. It can also change directly population demography (survival, reproduction, dispersal), and therefore species distribution. Finally it can effect interactions among species –snow cover for example can affect the success of some predators. One characteristic of alpine ecosystems is the presence of snow cover, but surprisingly the role played by snow is relatively poorly known, mainly for logistical reasons. Even if we have made important progress regarding the development of predictive models, particularly so for distribution of alpine plants, we still need to set up observational and experimental networks which properly take into account the variability of alpine ecosystems and of their interactions with climate.

INDEX

Keywords : biodiversity, ecosystem, modelling, phenology, population Mots-clés : biodiversité, écosystème, modélisation, phénologie, population

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Impact of climatic change on alpine ecosystems: inference and prediction

Nigel G. Yoccoz, Anne Delestrade and Anne Loison

1 Alpine climate has changed during the last decades and future changes will be even larger (Beniston, 2009). But climate does not change alone: agriculture and forestry, tourism, nitrogen deposition, invasive species are all factors that can affect alpine ecosystems. We are then faced with both the complexity of changes and of ecosystem functioning: prediction (Box 1) of global changes impact on ecosystem structure and function (biodiversity, species distribution, biogeochemical cycles) is difficult. Recent years have, however, seen rapid developments of predictive models. Our objective here is not to review what is known of the impact of climatic change on alpine ecosystems – we will use only some selected examples – but rather to project ourselves in the near future, ask some specific questions and suggest some answers: what kind of research approach is best suited to refine our projections? In other words, what kind of data and models do we need?

Box 1: Scenarios, projections, predictions, forecasts, verification, validation…: a glossary

2 What will be an alpine ecosystem in 50 years from now? To answer this question requires integrating many disciplines (climatology, social sciences, economics, ecology, statistics to quote only five) that have all their own vocabulary. For a statistician, a model makes predictions – nothing to do with magic, the model is only applied to new data, and predictions can be made for the future, another region or the past. Under the assumption that the structure and the parameters of the model apply to these new observations, it is possible to calculate the uncertainty of these predictions. In social sciences, it is often illusory to develop predictive models for which uncertainty can be estimated, and use of scenarios is common, for example within the IPCC framework.

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These scenarios correspond to simplified frames for the evolution of our society, and no likelihood or probabilities are associated to them. They often project in the future recent evolutions, with changes often dependent of rather crude economic options. Similarly (but based on highly complex numerical models), climate models project in the future what is known of the climate today, but modifying some variables (such as

CO2 concentration) according to the economic scenarios. Forecast is often used for predictions which are not long-term, as for example for weather or economic forecasts, but what is long term depends on the discipline: 10 days for daily weather forecasts, some years at most in economics. All predictions or forecasts should, however, be validated. This is possible for weather forecasts – and is done routinely and using more and more elaborate tools, taking in particular forecasting error costs (Casati et al., 2008), but difficult if the projection is for the climate in 2060. There are then two possibilities: validate models in other regions, for example by building a predictive model of species distribution in Switzerland and validate in Austria (Randin et al., 2006), or validate in the past, for example by comparing climate obtained from a climate model and a climate reconstructed using proxys such as pollen and macrofossils (Kaspar et al., 2005). Such a validation does not lead to model verification – in other words, “all models are wrong, but some are useful” (Box et al., 2005) – a model can be valid or useful to make predictions even if one knows that some components of the model are poor approximations of species’ ecology.

3 To make predictions imply in most cases using quantitative models, based on equations linking what will change – climate among other factors - and variables we focus on: distribution or abundance of species (for example: where do the rock ptarmigan will survive in 100 years from now), or more functional aspects (for example, primary production or ecosystem resilience to extreme environmental events such as the drought of 2003, very severe in the Alps (Rébetez, 2004)). These models vary along an axis with purely numerical models without biological mechanisms at one end and mechanistic models, using known effects on ecosystems and projecting them in the future (Morin and Thuiller, 2009). The former models can be very efficient at describing the present, but do not usually lead to an understanding of the causes behind the changes. To base projections on such models can be unreliable. It is also more satisfying to understand rather than just predict, but it can be necessary, particularly so for management in a short-term perspective, to achieve optimal predictions without waiting for better knowledge of mechanisms which can take long time to achieve. The art is to combine the two approaches – include mechanisms when they are important and known with enough precision to lead to reliable forecasts, and to describe the rest using numerical approaches, but based on rigorous statistical criteria (Gallien et al., 2010). The option of building “realistic” models including all known mechanisms is not a viable one because the enormous complexity and uncertainty of such models make them useless (Oreskes, 2003).

4 We address in this paper three levels for the response to climatic change: individuals, populations and ecosystems (Stenseth et al., 2002). These three levels are inter- dependent, and we will show how ecosystem impacts can be derived from impacts at the individual level. However, as data and models differ among levels, we keep the distinction. The examples chosen – phenology, distribution and trophic interactions – are not exhaustive, but reveal what are the main challenges ahead.

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Phenology

5 It is one of the phenomena most directly linked to temperature, even if other factors can be important (photoperiod): we are all aware that the first leaves or flowers appear earlier in a warmer spring. Earlier seasons have been described throughout the world (Menzel et al., 2006; Morissette et al., 2009), and mountains are no exception (Ziello et al., 2009). But snow can influence the direct effect of air temperatures: plants cannot start their development before snow melting (Wipf and Rixen, 2010). An increase in winter precipitations, if it leads to an increase in snow depth, can therefore limit the impact of a warmer spring. Moreover, some species, such as migratory birds, are influenced by what is happening in their wintering or migration grounds, usually in lowlands or in southern regions, and can therefore be out of synchrony with local plants, coming too early compared to the availability of resources (Inouye et al., 2000). On the contrary, if the decision to start breeding or molt (for a ptarmigan, say) depends on photoperiod, this can lead to a delay.

6 A large number of models have been developed to link plant phenology to different climatic variables – spring temperatures, but also winter temperatures as some tree species need to be “chilled” before they can start their development (Chuine, 2000). These models can be mathematically complex and require detailed temperature data, allowing calculating at the daily scale the sum of temperatures above a given threshold (degree-days). These models have been developed in lowlands – very little is known for mountain areas, and even less for alpine areas. This can be explained by the origin of phenological data, most often coming from botanical gardens or meteorological stations, which are rare in alpine regions, and focusing on species which do not reach high altitudes (most are trees, and often broad-leaved trees: Menzel et al., 2006). Therefore, the majority of studies published on phonological changes in Europe or North America focus on lowlands, and the influence of snow is very rarely analyzed or discussed.

7 The CREA has therefore started the project Phénoclim, a network of stations monitoring phenology and temperatures, covering the French Alps with some additional stations in Italy and Switzerland. As Phénoclim was started in 2005, it cannot be used to build up a predictive model of phenological changes for the next 20 or 50 years, as it was done in other regions. But the first results, using the altitudinal gradients to identify climatic factors influencing important phenological events (as bud burst; see Vitasse et al., 2009), suggest that snow, through its impact on soil temperature and early development, is an important driver. Trees of course burst later at higher altitudes, but the delay observed is larger than what would be expected from a simple effect of the temperature decrease with altitude: some species need a larger accumulation of degree-days to reach a given stage such as bud-burst (Pellerin et al., under revision). The spring warming (particularly strong in some alpine regions: www.meteosuisse.ch) will therefore not just influence phenology directly, but also indirectly through the decrease in snow cover. We believe that developing phenological models integrating snow is needed for alpine environments. As climate scientists are developing predictive models for snow cover and depth (Beniston, 2009), the latter could be used in predictive models of phenological changes.

8 Plants are not the only organisms with their life cycles being affected by ongoing climatic changes. Birth dates for marmots or chamois, laying dates for birds, or

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emergence of butterflies are also impacted by climatic variation to some degree: if butterflies are more likely to be directly influenced by spring or summer temperatures, determination of birth dates of chamois is more complex (for example because mating occurs in the fall). Arrival dates of migrating birds is also influenced by weather conditions, but often far from their breeding areas (Jonzén et al., 2006). That life cycles are influenced by different factors leads to possible changes in the interactions among species, a point we detail below.

9 We now know that phenological changes represent one of the most rapid response to climatic change, but that these responses can differ greatly from one group to the next. Moreover, alpine areas have their own specificities (snow, migrating or hibernating species) which have not been integrated in most models. The lack of data in alpine regions explains in part why modeling effort has been relatively weak in this region with a more complex functioning, but recent studies and networks should lead to a better understanding of alpine specific characteristics.

Distribution

10 Models used to predict species distributions as a function of climate have developed rapidly in the last 20 years (Thuiller et al., 2009). As some of the research groups working on these models study alpine species, we know in fact much on these species. Alpine species distributions are often closely linked to climate. The forest or tree line, and therefore of the tree species, is likely to be the first example that comes to mind. It is also an excellent example of human influence through land use: in the Alps, the tree line is usually below what climate alone would allow for, a well known consequence of grazing. A study in the Swiss Alps has shown that a large part of the altitudinal increase in tree line is due to a decrease in land use at high altitudes, and that the ongoing warming has not contributed much (Gehrig-Fasel et al., 2007).

11 Species distribution models, also called niche models, are conceptually relatively simple: on one hand predictive variables, preferably climatic variables having a direct influence on organisms, on the other data on species distributions, often from atlases or surveys. A large number of statistical models exist to link these two types of data (se BIOMOD; Thuiller et al., 2009). A large number of studies have compared these models without reaching a consensus: it is not because a model is better at describing species distribution today that it will be better at predicting future changes. This problem is well known in climatology – models that describe best mean temperatures and precipitations today are not the best models to describe the changes observed during the last 30 or 50 years (Räisanen, 2007). We have too few data on changes in distributions during the 20th century to perform similar comparisons.

12 Studies on alpine species distributions focus mainly on plants because available data are often of much better quality (data on alpine insects for example are very poor). Distribution of alpine species is well described by climatic variables, such as temperature of the coldest (frost) and warmest months (which can limit growth, in particular for woody species), evapotranspiration and summer precipitations. The climatic warming expected for the next 50 or 100 years (+4 to +6 ºC for summer temperatures in the Alps) would lead therefore to distributions moving upwards, often by 500 to 1000 meters (Randin et al., 2009). But many factors can invalidate these projections: 1) Models fitted to present distribution assume that climate and

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distribution are at equilibrium, i.e., present distribution reflects present climate. For example, absence of a species in a given area is not due to a slow colonization. Most predictions indeed assume that plants can “follow” climate changes, i.e. disperse instantly to new favorable habitats. This is a reasonable assumption for short distances, but it may be more difficult if it implies dispersing from one mountain range to another, or if changes are very quick: including dispersal can therefore lead to different predictions (Engler et al., 2009). 2) Alpine environments are heterogeneous over short distances, but many models use rather large-scale gridded data (10x10 or 50x50 km). Average climate over large areas do not include this heterogeneity, and use of data at smaller scale (100x100 m or less) lead to different future distributions (Randin et al., 2009). 3) Climatic factors are not the only factors influencing species distributions – land use (grazing), management of large herbivores, nitrogen deposition can also play a role, but it is both difficult to predict their changes and their influence.

13 Another component limiting predictive models is data quality, for both climate and species distributions. As for phenological studies, there are few weather stations in alpine regions, and models use climate data interpolated from these stations (Zimmermann and Kienast, 1999). Even if such interpolations reconstruct the main patterns (altitudinal gradients or outer-inner regions in the Alps), they smooth local heterogeneities linked to the complex topography of the Alpine range. Distribution data are also often fragmentary, and not sampled according to known criteria. Species distribution models fitted to such data can differ from those obtained using data acquired using rigorous sampling designs (Albert et al., 2010).

14 Birds and mammals are primarily influenced by habitat characteristics rather than directly by climate. A like the Alpine needs cliffs to breed and alpine meadows to feed. Cliff distribution is not affected by climate, but the distribution of alpine meadows depends on climate (through changes in tree line) but also on land use changes (e.g., colonization by rhododendron). Effects of climate change are therefore hard to infer if both direct and indirect (through habitat changes) effects are not understood. This can explain why altitudinal distribution of birds in the Italian Alps has not changed much (Popy et al., 2010).

15 Changes in mammalian distributions as a consequence of climatic changes have been less studied than in plants (e.g., Levinsky et al., 2007). Some species are limited by climatic factors – it could be the case for the lower limit of the alpine marmot, and snow duration is a limiting factor for some species. But to take an example of habitat being more important than climate, the snow vole, a small rodent found in the Alps at up to 4000 m asl, has a name poorly reflecting his preferences since it can also be found at the sea level in Croatia! Its distribution is linked to presence of with relatively large boulders, and those are found only in some mountain regions. The direct influence of climate on distribution and abundance of large mammals has been relatively minor, particularly so in Europe. Indeed, the indirect role of climate on habitats, land use and harvest management (hunting) has been much greater. Large herbivores have been intensively harvested for meat, trophy and as competitors of domestic ungulates up to mid 20th century. It is only after a general discussion of the status of the flora and fauna that national parks first, and thereafter management plans outside protected areas, have allowed for an increase in abundance and distribution. It is therefore difficult to assess the direct impact of climate on the high densities of large herbivores in mountain regions, as well as their increase at higher and higher altitude.

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Studies of population dynamics show that species respond differently to snow depth, spring phenology or summer drought. While the chamois is sensitive only to winters with extreme snow depths, ibex and roe deer seem to respond negatively to winters with rather averaged snow depths.

16 By continuously monitoring both distributional changes and mechanisms limiting populations locally, we should be able to identify the relative importance of direct (snow, winter harshness, summer temperature) and indirect effects (quality and phenology of resources) on geographical and numerical changes of different species. It is particularly important to understand demographic mechanisms leading to species extinctions at low altitudes, and colonization at high altitudes - these mechanisms are likely to differ. For plants for example, competition could explain extinction of population at low altitudes, whereas temperature and dispersion could limit colonization at high altitudes (Zimmermann et al., 2009). There are very few species for which colonization and extinction mechanisms are known.

Ecosystems and trophic interactions

17 Research on ecosystems is done following two approaches, the first focusing on energy and matter flows (e.g., C and N), the other focusing on interactions among species, and in particular those defining the trophic web of the ecosystem. We will discuss here only the latter, and specifically interactions among plants and herbivores (“herbivory”) and herbivores and carnivores (“predation”). As for direct and indirect effects of climate on

species demography, changes in CO2 concentrations can have both direct (on plant growth and C assimilation, i.e., flows of matter in the ecosystem) and indirect effects (through resistance to herbivory; Lau and Tiffin, 2009) on ecosystems, and we make this distinction in order to simplify the discussion.

18 Climate can influence trophic interactions first through changes in phenology. For an herbivore – a chamois as well as a – quality and quantity of vegetation change rapidly through the spring/summer. If quantity increases gradually until a maximum is reached in the middle of the summer, quality is often much higher early during plant growth. A caterpillar or a young chamois will therefore achieve higher growth if they can match it to the period with highest quality of vegetation. Alpine environments differ since mobile organisms can follow phenological changes, for example by moving upwards in spring (Albon and Langvatn, 1992). By doing so, they can compensate for an earlier phenology. On the other hand, less mobile species with a slower response to warming than vegetation can show a mismatch with their resources. The direction of the effect can vary with altitude. Some species seem to match the phenology of their resources only for a specific temperature and snow pattern – the “optimal” band for these herbivores will move upwards with warming. This seems to occur with an insect pest of birch forests in mountains of North Norway, which is now impacting forests close to the tree line, with potential consequences for the evolution of the tree line in this area (Hagen et al., 2007). A insect pest of larch, however, has seen its outbreaks disappear in the last decades in Engadine, for the first time in 1,200 years, probably as a consequence of the present mismatch between the insect life cycle and its host, the larch (Esper et al., 2007).

19 Predation – by wolf on chamois or by stoat on vole – can also be directly influenced by climate, in particular by snow conditions (Stenseth et al., 1998). This will be exacerbated

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by different sensitivities of prey to snow: a chamois, with its interdigital membrane, move faster on snow than a roe deer or a mouflon, which sink in deep or powder snow. In addition to the increased energetic costs associated with movement, the differences in ability to move on snow will also influence predation risk. More snow in the winter season could therefore benefit large predators, which could in the future be negatively affected by a decreasing snow cover. The recolonisation dynamics of large predators in the Alps is quick, made easier by the abundance of their prey. If climatic changes are unlikely to be the major cause of the ongoing geographical expansion of large predators, they impact their prey (population size and relative abundance of the different species) and may therefore affect large predators’ population dynamics in a complex, but important way. It is only by jointly studying the different trophic levels, from plants to large herbivores to predators that we will be able to disentangle the direct effects of climate and the indirect effects associated to trophic interactions among species.

20 Understanding impact of climate on trophic interactions is difficult because these interactions vary spatially – for example the match between herbivores and plants described above – and the climatic variables with an ecological impact, such as snow quality, are not directly measured but have to be calculated, often with a large uncertainty, from other variables such as temperature and precipitation. Snow is also

difficult to manipulate experimentally (it is easier with temperature or CO2 concentrations) even if some studies have done it, but at very small spatial scales (a few m²; van der Wal et al., 2000; Wipf and Rixen, 2010). It is therefore not surprising that very few studies have convincingly demonstrated a direct impact of snow on interactions such as predation, which often act at large spatial scales (Garrott et al., 2009).

Conclusions and perspectives

21 Almost by definition, climate determines where alpine ecosystems are found – any change in climate will force them to move, and to disappear if species cannot follow (by dispersal) their climatic niche or if their niche is not within the altitudinal limits of the regions of interest (Thuiller et al., 2005; Randin et al., 2009). The first models linking species and climate, mostly applied with success to plants, have identified the important climatic variables, such as summer and winter temperatures but also evapotranspiration. The quality of model predictions has been checked in the field either by using models to find new populations of rare species (e.g., Eryngium alpinum in Swiss Alps (Guisan et al., 2006)) or by transferring them to other alpine regions (Randin et al., 2006). That the quality is highly variable means that distribution models need to be refined, by including mechanisms at the individual and population levels, trophic interactions among species and ability of species to respond to changes (Hoffmann and Willi, 2008). The integration of these mechanisms in models describing the impact of climate and climatic changes require, however, that data have been collected in a consistent way (i.e., they can be compared at similar spatial and temporal scales), and taking into account the large spatial variability of environmental conditions of alpine ecosystems. The current network of observations and experiments covers only a very small part of this variability and results cannot be generalized to other alpine ecosystems. Moreover, such a network should include snow measurements, such as

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snow hardness (Yoccoz and Ims, 1999; Kausrud et al., 2008) and snow permeability for respiratory fluxes, in order to better understand the role of snow in ecosystem functioning. Setting up such a network, combining intensive observational/ experimental studies of mechanisms and extensive studies validating predictions derived from intensive studies, should be a major objective if we want to better predict how alpine ecosystems will look like in 50 or 100 years, and if our management decisions can affect their evolution towards preferred states.

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ABSTRACTS

Alpine ecosystems will be greatly impacted by climatic change, but other factors, such as land use and invasive species, are likely to play an important role too. Climate can influence ecosystems at several levels. We describe some of them, stressing methodological approaches and available data. Climate can modify species phenology, such as flowering date of plants and hatching date in insects. It can also change directly population demography (survival, reproduction, dispersal), and therefore species distribution. Finally it can effect interactions among species – snow cover for example can affect the success of some predators. One characteristic of alpine ecosystems is the presence of snow cover, but surprisingly the role played by snow is relatively poorly known, mainly for logistical reasons. Even if we have made important progress regarding the development of predictive models, particularly so for distribution of alpine plants, we still need to set up observational and experimental networks which properly take into account the variability of alpine ecosystems and of their interactions with climate.

Les écosystèmes alpins vont être grandement influencés par les changements climatiques à venir, mais d’autres facteurs, tels que l’utilisation des terres ou les espèces invasives, pourront aussi jouer un rôle important. Le climat peut influencer les écosystèmes à différents niveaux, et nous en décrivons certains, en mettant l’accent sur les méthodes utilisées et les données disponibles. Le climat peut d’abord modifier la phénologie des espèces, comme la date de floraison des plantes ou la date d’éclosion des insectes. Il peut ensuite affecter directement la démographie des espèces (survie, reproduction, dispersion) et donc à terme leur répartition. Il peut enfin agir sur les interactions entre espèces – le couvert neigeux par exemple modifie le succès de certains

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prédateurs. Une caractéristique des écosystèmes alpins est la présence d’un manteau neigeux important et pourtant l’influence de la neige reste relativement mal connue, en particulier pour des raisons logistiques. Même si nous avons fait des progrès importants dans le développement de modèles prédictifs, surtout pour ce qui est de la répartition des plantes alpines, il reste à mettre en place des réseaux d’observations et d’expériences permettant de mieux tenir compte de la variabilité des écosystèmes alpins et des interactions avec le climat.

INDEX

Keywords: biodiversity, ecosystem, modelling, phenology, population Mots-clés: biodiversité, écosystème, modélisation, phénologie, population

AUTHORS

ANNE LOISON CREA (Centre de Recherches sur les Ecosystèmes d’Altitude), Chamonix, , LECA, Université de Savoie, 73376 Le Bourget du Lac, France

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Attitudes des éleveurs et sensibilité des systèmes d'élevage face aux sécheresses dans les Alpes françaises

Baptiste Nettier, Laurent Dobremez, Jean-Luc Coussy et Thomas Romagny

1 Selon le rapport du GIEC (2007), les écosystèmes de montagne sont considérés comme hautement vulnérables au changement climatique planétaire. Les scénarios d’évolution du climat prévoient non seulement une poursuite du réchauffement observé sur les Alpes, mais aussi une augmentation des extrêmes climatiques, en particulier des phénomènes de sécheresse. Ainsi les successions de sécheresses au cours de la première décennie des années 2000 montrent que le changement climatique est déjà tangible (Lelièvre et al., 2009). La figure 1 illustre ce phénomène dans un secteur des Hautes- Alpes, l'Embrunais, où les années 2003 à 2007 se distinguent par un déficit hydrique significativement supérieur à la moyenne 1958-2008. Les conséquences du changement climatique sur la production des prairies commencent à être évaluées (Seguin et Soussana, 2006) : sécheresses estivales et vagues de chaleur accrues, mais aussi changements durables de composition botanique des prairies et alpages et modifications des cycles des maladies et ravageurs. D’autres effets ont été soulignés pour les exploitations alpines : des difficultés d’implantation de cultures ou de prairies temporaires au printemps, et des répercussions en alpage avec des décalages dans la phénologie des végétations et parfois une réduction des gains de poids des animaux ou une baisse de la production laitière... Parce qu'ils évoluent dans des conditions de milieu difficiles (climat, relief…) limitant le recours à l'intensification et parce qu'ils sont souvent basés essentiellement sur la consommation d'herbe, les systèmes d'élevage de montagne apparaissent particulièrement exposés (Lemaire et Pflimlin, 2007).

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Figure 1. Déficit hydrique (Evapotranspiration potentielle - Précipitations) cumulé sur la période d'avril à septembre, pour les années 1958 à 2008, station météorologique d'Embrun (Hautes-Alpes).

Source : Météo-France.

2 Pour comprendre le fonctionnement des exploitations d'élevages herbivores, un courant de recherche a abordé l'étude des pratiques des éleveurs pour décrire les interactions entre « homme, troupeau, ressources » (Landais et Balent, 1993) et le concept de « système d’élevage » vise à rendre compte des interactions entre dimensions humaines et dimensions biotechniques de l’activité d’élevage (Dedieu et al., 2008).

3 Il existe de nombreux travaux sur la façon dont les éleveurs intègrent les aléas climatiques dans leurs décisions. Dans cet article, en partant de l’hypothèse que les systèmes d’élevage sont susceptibles de s’adapter différemment selon leur mode de fonctionnement, nous visons à caractériser les attitudes des éleveurs face aux sécheresses et à évaluer l’évolution de la sensibilité de leurs systèmes d’élevage à partir de l’identification des leviers qu’ils ont activés ou qu’ils envisagent à l’avenir.

Matériel et méthodes

Les systèmes d'élevage étudiés

4 L’étude s’appuie sur deux échantillons d’élevages répartis dans les Alpes du sud et les Alpes du nord :

5 Dans les Alpes du Sud, des enquêtes ont été réalisées sur le fonctionnement de 29 exploitations d'élevage utilisatrices d'alpages, dans le Parc National des Ecrins (20) et dans le Parc Naturel Régional du Vercors (9). Ces exploitations ont été classées en différents systèmes d’élevage en fonction de l’importance respective des stocks fourragers et des surfaces pastorales dans l’alimentation des troupeaux et selon l’importance du recours à l’irrigation. En nous inspirant des typologies proposées par l’Institut de l’Élevage dans ses réseaux de références, nous avons ainsi distingué des systèmes ovins : (I) « grands transhumants » avec irrigation en plaine (4 exploitations), (II) pastoraux « préalpins transhumants et au sec » (3 exploitations pour lesquelles les stocks récoltés sur prairies représentent moins de 20% des journées d’alimentation du troupeau), (III) « pastoraux montagnards » (5 exploitations où les stocks représentent entre 20 et 40% des journées d’alimentation du troupeau), (IV) « de haute montagne » (10 exploitations ovines ou mixtes ovins-bovins, où les stocks représentent plus de 40%

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de l’alimentation de base des troupeaux). Des systèmes spécialisés en élevage bovin ont aussi été distingués : ils correspondent à trois exploitations situées dans l’Embrunais en système laitier ou allaitant avec irrigation et à quatre exploitations de haute montagne (trois systèmes d’élevage de génisses et un « alpagiste laitier » qui produit du lait en alpage et envoie son cheptel en pension en hiver).

6 Dans les Alpes du nord, nous avons mobilisé les résultats d’un travail mené par le Groupement d’intérêt scientifique Alpes-Jura dans le cadre du projet ClimAdapt1 (2008-2010) qui s’appuie sur des enquêtes en exploitations (27 dans les Alpes) illustratives de cas-types (Réseaux d’élevage, 2005) et rend compte de façon agrégée des leviers activés ou envisagés par type de système. Il s’agit de systèmes d'élevage bovins laitiers spécialisés « tout herbe » : (I) avec enrubannage sur le plateau du Vercors, (II) pour la production de fromage Beaufort avec des déclinaisons locales (estive en groupement pastoral en Tarentaise, gestion d’un alpage individuel en Tarentaise ou en Maurienne), (III) avec petit alpage individuel assez bas en altitude dans le Chablais, (IV) système « herbe + maïs » + céréales de vente dans le Trièves (Felten, 2009).

Le système fourrager et ses « ateliers de production »

7 L’analyse porte en particulier sur le système fourrager, soumis directement aux variations climatiques. Nous entendons ici par « système fourrager » un système d’information et de décision visant à équilibrer les ressources et les besoins en fourrages pour atteindre un objectif de production dans un cadre de contraintes données (Duru et al., 1988), intégrant le renouvellement et la pérennité de la ressource fourragère sur un pas de temps pluriannuel (Fleury et al., 1996). Le fonctionnement du système fourrager a été reconstitué avec chaque éleveur au cours d'entretiens semi- directifs qui ont permis d’expliciter les changements de pratiques opérés suite aux sécheresses et d'identifier ainsi les leviers activés. Les années 2003-2009 ayant connu une succession de sécheresses d'une ampleur inhabituelle, les pratiques et leurs évolutions sur cette période récente sont encore précises dans la mémoire des éleveurs. C'est donc sur cette période que nous sommes revenus au cours des entretiens avant d’aborder les leviers envisagés à l’avenir, notamment par rapport à un scénario avec succession d’années sèches et d’années humides2. Nous avons classé ces leviers dans différents « ateliers de production » (Coléno et Duru, 2005) : (1) constitution des stocks en vue de l’alimentation hivernale du troupeau, (2) pâturage, en distinguant, le cas échéant, (3) une phase d’alpage, (4) conduite du troupeau, (5) autres cultures. Les leviers activés peuvent ainsi concerner la conduite d’un atelier (dimensionnement, ordonnancement des tâches, modalités des pratiques techniques) ou la coordination entre ateliers.

8 Nous avons également considéré dans certains cas d'autres activités (fabrications fermières, vente directe, accueil à la ferme) : même si elles ne sont pas directement sensibles aux effets de la sécheresse, elles peuvent avoir été mises en place pour amoindrir son impact sur le revenu de l’exploitation.

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Caractériser les attitudes des éleveurs à partir de la combinaison des leviers activés

9 A partir des travaux de Bouquin (1986) sur la gestion des risques, Girard (1995) définit quatre types d'attitudes face aux aléas : - Éviter, c'est-à-dire agir (directement ou indirectement) sur les causes de l’aléa. Par exemple, irriguer (compenser l'absence de précipitations) ou se placer en situation « hors-sol » pour être indépendant du climat. - Atténuer : on accepte l’aléa mais on cherche à en atténuer les effets. Par exemple, répartir les périodes d’agnelages, diversifier les ressources végétales permettent d'atténuer les effets d'une sécheresse saisonnière. Diversifier les activités permet aussi d'atténuer l'effet d'une sécheresse sur le revenu par des activités moins dépendantes du climat ou une meilleure valorisation des produits. - Contourner : on n’agit ni sur les causes ni sur les effets, on cherche à se mettre hors de portée de l’aléa. Par exemple, sur-dimensionner les pâturages par rapport aux besoins du troupeau ou acheter du foin pour compenser une baisse des stocks récoltés. - Réagir : il s'agit de réagir rapidement (en cours de campagne) aux effets de l’aléa. Par exemple, diviser le troupeau en lots plus petits pour être plus apte à profiter d'une diversité de petites surfaces pastorales ou complémenter les animaux pendant une courte période s'ils manquent d'herbe.

10 Ces « attitudes » décrites par Girard (1995) sont révélées par la nature des leviers mobilisés, c’est-à-dire par les choix techniques des éleveurs.

Évaluer l'évolution de la sensibilité du système fourrager au regard des leviers activés.

11 L'approche proposée par Walker et al. (2004), en termes de résilience et d’adaptabilité des systèmes socio-écologiques, apporte un éclairage intéressant pour analyser comment l'activation des leviers fait évoluer la sensibilité du système fourrager face à un aléa. La résilience est la capacité d'un système à absorber une perturbation et à se réorganiser de manière à conserver un certain nombre de caractéristiques. Dans notre cas, la sécheresse est la perturbation et plus un système fourrager sera résilient, moins il sera sensible à la sécheresse. La résilience d’un système peut être décrite selon différentes composantes (figure 2) et notamment : la latitude (ampleur des changements qu'un système peut subir avant de franchir un point de non-retour ou seuil), la résistance (difficulté d'un système à être changé), la précarité (proximité de l'état d'un système d'un point de non-retour). Pour Andrieu (2004), un système fourrager où chaque année les pratiques font l'objet d'une réorganisation, ce qui permet d'assurer le maintien du niveau de production, n'est pas sensible : en d'autres termes, il est très résilient et sa résilience s'explique selon Walker et al. (2004) par une grande latitude. Un système qui maintiendra ses résultats chaque année sans avoir à modifier ses pratiques n'est pas sensible non plus et sa résilience provient d'une grande résistance. Si le maintien des résultats fragilise le système (par exemple, dégradation de la trésorerie de l'exploitation ou dégradation du milieu et de la ressource), alors la précarité du système augmente, pouvant remettre en cause sa résilience et aboutir à une rupture (arrêt de l'activité ou forte transformation du système d'exploitation agricole).

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Figure 2. Différentes dimensions de la résilience d’un système (d’après Walker et al., 2004).

L latitude ; R résistance ; P précarité

12 Nous ne sommes pas en mesure d'estimer le niveau de résilience du système fourrager, mais nous évaluons la manière dont celle-ci évolue en fonction des leviers activés : un levier qui accroît la latitude du système permettra de changer de pratiques en fonction des aléas ‑ l'activation de ce levier sera donc réversible d’une année sur l’autre – tandis qu'un levier qui vise à renforcer la résistance du système sera non réversible (il se traduit souvent par un changement de la structure du système). Certains de ces leviers interrogeront sur l’évolution de la précarité du système.

Résultats

13 Pour chacun des 13 systèmes d'élevage étudiés, nous avons classé par atelier de production les leviers mobilisés par les éleveurs et qualifié les attitudes correspondantes (tableaux 1 et 2).

Attitudes des éleveurs et évolution de la sensibilité des systèmes dans les Alpes du sud

14 Pour la constitution des stocks et l'alimentation hivernale, l’attitude la plus courante, quel que soit le système, est d'abord le contournementpar des achats de foin, quasi systématiques lors des années sèches. On rencontre aussi une attitude d’évitement par le recours à l'irrigation, qui sécurise les rendements, mais ce levier reste cependant limité à quelques cas minoritaires. Les transhumants, qu'ils soient au sec ou disposent de l’irrigation en plaine, sont moins fragilisés car leur saison hivernale est courte et le pâturage reste possible, que ce soit sur les repousses des prairies de fauche comme en Crau ou sur les parcours méditerranéens. Les autres systèmes mettent en œuvre des leviers complémentaires : contournement par agrandissement (qui permet de disposer de plus de surfaces pour la réalisation des stocks, mais qui semble limité car les surfaces mécanisables sont déjà utilisées et très convoitées) et atténuation par le choix d'espèces moins sensibles à la sécheresse.

15 En termes de résilience, l’irrigation et l’agrandissement des surfaces de fauche visent à renforcer la résistance du système. La latitude du système est améliorée par les achats de foin, à condition qu’ils restent réduits et qu’ils soient réversibles (réservés aux années les plus sèches). Ces achats peuvent en effet entraîner une dégradation de la trésorerie et augmenter la précarité du système. Ils doivent donc rester exceptionnels selon les éleveurs qui mobilisent d'autres leviers en complément. Par exemple, dans les systèmes pastoraux montagnards, certains bénéficient d'une certaine latitude pour la

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gestion des stocks grâce à des reports d’une année sur l’autre en profitant d’années plus clémentes. C'est pour les systèmes de haute montagne que la situation semble la plus précaire : l'hiver est très long (au moins six mois) et ils ne disposent pas toujours d'autres marges de manœuvre que l'achat de fourrages (irrigation impossible ou marginale, très peu de surfaces mécanisables supplémentaires mobilisables, amélioration des prairies difficile techniquement). La mise en pension des animaux en hiver, comme le fait l'alpagiste laitier3, est alors une solution radicale d’évitement en s'affranchissant du problème de constitution des stocks (résistance accrue), mais elle a un coût : le système ne sera résilient que si l'exploitation peut durablement payer cette mise en pension.

16 Pour sécuriser le pâturage d'intersaison et l'alpage, les éleveurs n’ont pas de leviers permettant d’éviter l’aléa. Ils combinent deux attitudes complémentaires : (1) le contournement qui a pour but de se placer hors d'atteinte de la sécheresse par un surdimensionnement des surfaces de pâturage par rapport aux besoins du troupeau (surdimensionnement structurel, agrandissement, débroussaillement) ; (2) la capacité de réaction en cours de campagne par le recours à des surfaces-tampons mobilisées les années sèches (sous-bois, repousses de céréales…), par un raclage plus important de la végétation, par l'éclatement du troupeau en petits lots capables de mieux explorer l'alpage et les parcours, par la durée de pâturage en alpage.

Tableau 1. Attitudes et principaux leviers activés (envisagés) par type de système d’élevage dans les Alpes du sud

E = éviter ; C = contourner ; A = atténuer ; R = réagir en italiques : leviers mis en œuvre par des exploitations particulières dvt : développement ; PN : prairie naturelle ; PT : prairie temporaire

17 Le surdimensionnement vise à renforcer la résistance du système fourrager tandis que les autres leviers permettant de s'adapter en cours de campagne sont autant de marges

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de manœuvre que les éleveurs et les bergers se sont donnés pour améliorer la latitude. Les éleveurs de haute montagne misent avant tout sur la résistance de leurs systèmes fourragers (surdimensionnement structurel des surfaces pâturées), quand les systèmes pastoraux jouent beaucoup sur la latitude (en modifiant chaque année l'utilisation d'une diversité d’espaces de parcours).

18 D’autres ajustements techniques, comme les changements de date dans les périodes de mise-bas, visant à mieux faire correspondre offre en fourrages et besoins du troupeau à certaines périodes, sont de nature à renforcer la résistance du système fourrager en jouant sur la coordination entre ateliers. Quand elles peuvent être adaptées aux conditions de l’année, les dates de passage d'un atelier à l'autre ou l'affectation des surfaces aux différents ateliers améliorent la latitude du système. On remarque que les grands transhumants n'agissent pas au niveau de la coordination entre les différents ateliers fourragers. Ces ateliers concernent en effet des espaces très différents souvent éloignés les uns des autres et le passage de l'un à l'autre est fortement contraint et ne peut être modifié facilement : soumis à la sécheresse depuis longtemps, ils gèrent la sensibilité de chaque atelier séparément. C'est sans doute une limite forte pour ces systèmes qui par ailleurs semblent assez résilients, jouant tantôt sur la résistance (irrigation), tantôt sur la latitude (surfaces-tampon, niveau de prélèvement de la ressource).

19 Enfin, la diversification des activités peut contribuer à sécuriser le revenu et donc atténuer les conséquences d'une sécheresse. Difficilement réversible d’une année sur l’autre, car elle implique généralement des investissements, elle peut permettre d’améliorer la résistance du système d’exploitation. Dans notre échantillon, cette diversification des activités est plus souvent mise en œuvre dans les systèmes pastoraux préalpins et montagnards qu'en haute montagne ou chez les systèmes grands transhumants avec irrigation.

Les systèmes bovins-lait dans les Alpes du nord

20 Pour les systèmes d’élevage bovins-lait dans les Alpes du nord, même si la méthodologie utilisée dans le projet ClimAdapt a sans doute davantage porté sur les adaptations stratégiques de niveau pluriannuel et peu sur les ajustements en cours de campagne, il ressort de la grille d’analyse que les attitudes de réaction sont peu fréquentes (en-dehors d’ajustements sur les dates de réforme et de tarissement des animaux ou de distribution de foin en été). Cela rejoint des études antérieures soulignant la rigidité interannuelle des systèmes laitiers avec planification à l’avance de l’utilisation de l’espace (Camacho et al., 2008).

21 Pour les stocks, le contournement est systématique : d’abord, par achat conjoncturel de fourrages, comme dans les Alpes du sud, mais aussi par reports de stocks d’une année sur l’autre, agrandissements pour disposer de ressources fourragères suffisantes pour passer l’hiver, voire la mise en pension de génisses durant l’hiver. L’atténuation est souvent associée (choix d’espèces plus résistantes au sec pour les prairies temporaires, fertilisation optimisée). Les systèmes d'élevage étudiés dans le Vercors et le Trièves ne disposent pas d'alpages pour diminuer la pression sur l'exploitation en été, mais ils ne sont pas soumis aux règles des AOC savoyardes : pour sécuriser les stocks, le contournement par recours aux fourrages fermentés (herbe ensilée et enrubannée, maïs et céréales immatures ensilées) est un levier qu'ils mobilisent depuis longtemps et

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qui permet des fauches précoces au printemps et des récoltes supplémentaires à l'automne. En Maurienne et Tarentaise, où les cahiers des charges des AOC interdisent le recours à l’ensilage et à l’enrubannage, l’évitement par l’irrigation semble une voie privilégiée. Pour les éleveurs de Tarentaise confiant leurs animaux en estive et pour les éleveurs de Maurienne, le contournement est aussi envisagé en fauchant les parties basses de l'alpage pour rééquilibrer les pressions sur les terres de l'exploitation (qui subissent fortement la sécheresse) et sur l'alpage (qui semble moins impacté).

Tableau 2. Attitudes et leviers activés (envisagés) par type de système d’élevage laitier des Alpes du nord

E = éviter ; C = contourner ; A = atténuer ; R = réagir ; D = diversifier en italiques : leviers mis en œuvre par des exploitations particulières alternance F/P : alternance Fauche pâture (prévention contre les pullulations de Campagnols) PN : prairie naturelle ; PT : prairie temporaire

22 Comme nous l’avons vu pour les Alpes du sud, les achats de fourrage lors des années de sécheresse donnent de la latitude aux systèmes fourragers, mais peuvent poser un problème de précarité si le phénomène de sécheresse devient récurrent et surtout par rapport à la logique d’autonomie fourragère prônée par la plupart des filières fromagères AOC souhaitant affirmer l’ancrage des produits dans leur territoire. Quant aux autres leviers activés ou envisagés en complément de l'achat de foin, ils permettent soit de renforcer la résistance (agrandissements structurels, irrigation, systèmes où les génisses sont mises en pension), soit d’avoir un peu plus de latitude (ensilage précoce, enrubannage en arrière-saison, fauche en alpage).

23 Pour le pâturage, les adaptations sont fréquemment basées sur le contournement par agrandissement. A la différence de certains systèmes des Alpes du sud, le surdimensionnement structurel est rarement mis en avant par les éleveurs, or il semble fréquent au moins pour les parcs à génisses (Camacho et al., 2008). En alpage, une plus

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forte utilisation des alpages communaux (parfois délaissés au profit des parties privées) et l’abreuvement des animaux (retenues, captages) sont les deux voies de contournement évoquées. Ces changements structurels sont de nature à renforcer la résistance du système fourrager. La rigidité interannuelle de l'utilisation de l'espace reflète une faible latitude de ces systèmes.

Synthèse pour l'ensemble des systèmes

24 Au nord comme au sud, la principale source de difficulté liée à la sécheresse demeure la constitution de stocks pour l’hiver, à relativiser toutefois lorsque l’évitement par recours à l’irrigation est possible. Les élevages pastoraux à courte durée d’hivernage semblent moins sensibles, même si la constitution de « stocks sur pied » pâturables en hiver dépend aussi fortement des conditions climatiques de l’année. Mais ailleurs c’est bien la question des stocks de foin pour une durée d’hivernage qui peut atteindre six mois, qui apparaît comme le point de fragilité des systèmes fourragers. On constate d’ailleurs, dans les enquêtes que nous avons mobilisées, une volonté de contourner ce problème avec des changements structurels basés sur la délocalisation de lots d’animaux : transhumance hivernale sur les pare-feux méditerranéens, mise en pension d’animaux en plaine pour l’hiver (« mise à l’hiverne ») jusqu’aux systèmes d’éleveurs de Savoie consistant à sous-traiter l’élevage de génisses laitières à des éleveurs des Hautes- Alpes qui les revendent trois ans plus tard prêtes à vêler (économie de stocks et de pâturage, gain de places dans les bâtiments et simplification du travail pour les éleveurs savoyards).

25 Les grands transhumants avec irrigation, qui composent avec la sécheresse depuis toujours, n'ont pratiquement pas mobilisé de nouveaux leviers, sauf en alpage. Quant aux autres systèmes pastoraux (préalpins et montagnards), ils se sont déjà accoutumés à contourner les risques d’aléas climatiques en intégrant au pâturage des surfaces- tampons (« surfaces de sécurité ») dans leur calendrier de pâturage. Ces surfaces, utilisables les années difficiles, sont intégrées dans la logique même de ces systèmes, notamment pour les soudures entre saisons en mobilisant en cours de campagne les potentialités offertes par les milieux (sylvo‑) pastoraux en fonction des besoins physiologiques des différents lots d’animaux (Bellon et al., 1999). Outre ces leviers visant à tirer parti de leur latitude, ils ont réalisé un certain nombre de modifications structurelles et en préparent d'autres pour s'adapter à ce nouveau contexte climatique. Par rapport aux systèmes pastoraux du sud, les systèmes bovins laitiers du nord et les systèmes de haute montagne n’ont que peu de solutions pour améliorer leur latitude et misent sur le surdimensionnement pour renforcer leur résistance.

26 Globalement, l’évitement est peu fréquent et l’attitude la plus courante est le contournement, avec des leviers différents selon l’atelier (recours à des ressources extérieures pour les stocks, agrandissement et surdimensionnement pour le pâturage). Mais il serait délicat de définir une attitude globale et uniforme par système car le contournement est souvent associé à d’autres attitudes (atténuation, réactions en cours de campagne). Il en est de même pour l’évolution de la résilience en raison de la combinaison de leviers qui donnent plus de latitude et d’autres qui améliorent la résistance. Si des similitudes d’attitudes existent entre systèmes, l’analyse des résultats a conduit à souligner aussi des différences et a permis de mettre en exergue des écarts entre systèmes d’élevage par rapport à l’évolution de leur résilience.

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Discussion - Conclusion

Intérêts et limites méthodologiques

27 Pour rendre compte des enquêtes effectuées auprès des exploitations, nous avons choisi une entrée par atelier, sans aller jusqu’à une analyse fine des « saisons- pratiques » (Bellon et al., 1999), mais qui a permis d’approcher l'organisation spatiale et temporelle de l'exploitation. L'étude des coordinations entre ateliers et l’échelle du système d’exploitation ont permis d'identifier des leviers parfois occultés (décalage des périodes de mise-bas pour contourner les périodes où la ressource manque, transformation fermière pour compenser une baisse de production).

28 La traduction des leviers en termes d’attitudes doit être référée aux objectifs visés par les éleveurs. Par exemple, pour les éleveurs enquêtés, l'amélioration des équipements d'abreuvement avait pour objectif premier de mieux explorer certains quartiers d'alpage : il s’agit donc d’un contournement visant à accroître la ressource disponible. Ce même levier aurait pu être considéré comme un évitement s’il avait visé à répondre à des problèmes de tarissement de sources, comme cela a été parfois le cas en 2009 sur certains alpages.

29 La qualification de l’attitude face aux aléas à partir de l’étude des pratiques techniques ne préjuge pas du comportement face au risque. Les sécheresses sont des aléas dont la recrudescence récente témoigne d’une variabilité climatique qui a été mise en relation avec le changement climatique. Mais le risque représenté par le changement climatique se traduira aussi par d’autres événements (élévation des températures par exemple) qui perturberont les écosystèmes. Il est d’ailleurs sans doute abusif de parler de la sécheresse. Les enquêtes ont montré que les impacts ont été différents selon les années (en fonction de son intensité et selon la saison où elle se produit) et selon les zones géographiques. Il serait sans doute souhaitable d’affiner l’analyse en fonction des types de sécheresses subies.

30 Raisonner en termes de résilience offre un cadre pour étudier la manière dont un éleveur fait face aux perturbations. Les actions sur la latitude et sur la résistance correspondent à des modalités d'adaptation différentes qui conduiront à des gestions différentes du système fourrager. Nous n'avons cependant pas été en mesure d'évaluer quantitativement l'impact de ces leviers sur la résilience, ni de préciser leur efficacité à moyen terme. Par exemple, le surdimensionnement des pâtures, s'il permet d'avoir un système fourrager plus résistant, expose à des problèmes de sous-pâturage et d'embroussaillement (Camacho et al., 2008) ; à l'inverse, trop jouer sur le niveau de raclage peut entraîner des dégradations de la ressource pastorale pour cause de surpâturage répété. Ces deux risques traduisent une hausse de la précarité du système. Dans une vision plus élargie, certains auteurs définissent la résilience comme "la capacité d'un système à perdurer" (Dedieu et Ingrand, 2010), c'est-à-dire en incluant les capacités adaptatives des agriculteurs (Darnhoffer et al., 2010). Un tel élargissement serait intéressant pour notre étude.

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Portée des résultats

31 Même s’ils reposent sur un échantillon réduit et s’il existe des variations individuelles intra-système, les résultats confirment une différenciation des voies d’adaptation selon les systèmes d’élevage. Les enquêtes ont eu tendance à se focaliser sur les modes d’adaptation à certains effets négatifs du réchauffement climatique, mais les agriculteurs ont également cité des effets positifs qui peuvent faciliter l'adaptation aux sécheresses, comme la diminution de la période hivernale qui réduit les besoins en stocks et permet un redémarrage précoce de la végétation, ou l'accélération de la phénologie qui peut permettre une exploitation plus importante lorsque la sécheresse n'est pas trop forte (exemples : une à deux fauches supplémentaires et possibilité de faucher plus haut en altitude). Une amélioration de la qualité des fourrages récoltés a aussi été signalée.

32 Walker et al. (2004) parlent de transformation du système lorsque le système est modifié pour aboutir à un nouvel état d'équilibre face à une situation qui n’apparaît plus tenable. Nous n'avons pas constaté de telles transformations mais uniquement des ajustements du système existant, parce que les éleveurs se sont positionnés dans un contexte d'alternance d'années sèches et d'années normales, avec des possibilités de rattrapage interannuel. En revanche, dans le projet ClimAdapt, un second scénario de succession d'années sèches a également été soumis aux agriculteurs. Les éleveurs ont d’abord eu des difficultés pour se projeter dans un tel scénario, et des transformations ‑ parfois radicales ‑ des systèmes d'élevage ont alors été citées (passage du lait à la viande, voire arrêt de l'activité agricole). Dans les Alpes du sud, de telles transformations sont envisagées par les exploitations les plus précaires (celles qui manquent le plus d'autonomie fourragère pour l'alimentation hivernale) : en haute montagne, certains envisagent ainsi d'arrêter la fauche, d'utiliser l'ensemble des prairies de l'exploitation pour le pâturage, de prendre des animaux en pension l'été et d'acheter tout le foin pour un troupeau réduit en hiver. Les exploitations transhumantes au sec semblent s'orienter vers une sécurisation du pâturage hivernal dans le midi pour supprimer complètement le besoin de stocks.

33 Par ailleurs, l'amélioration de la résilience (surdimensionnement, espaces-tampons) peut aussi entrer en contradiction avec les réglementations des subventions aux exploitations (imposant par exemple un chargement minimum).

Approfondissements en cours

34 Notre analyse est centrée sur l'exploitation agricole. Plusieurs leviers mobilisés mettent en jeu des ressources territoriales (eau, foncier) dont l’étude doit être raisonnée à l’échelle du territoire local dans une optique de gestion concertée multi-acteurs et multi-usage. C'est par exemple l'objectif du projet ClimAdapt pour 2010 (Sérès, 2010). D’autres leviers renvoient à des coordinations à des échelles territoriales assez larges et interrogent aussi les stratégies des filières, comme la mise en pension des génisses, voire les achats de foin.

35 Enfin, si la plupart des travaux sur l’intégration des aléas climatiques dans les exploitations agricoles abordent cette question en termes d’adaptation, il nous semble important de ne pas oublier, d’une part, que ces aléas ne sont qu’un élément du contexte dans lequel les agriculteurs prennent leurs décisions et, d’autre part, qu’il faut

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prendre en compte également les dynamiques internes aux exploitations : ce qui est en jeu, c'est aussi la façon dont les éleveurs appréhendent le changement et comment ils agissent en situation d'incertitude (Lémery et al., 2005). Cet article a été réalisé dans le cadre du projet SECALP4 soutenu par le ministère en charge de l’environnement au titre du programme Gestion et Impacts du Changement Climatique (GICC-2). Merci aux éleveurs et bergers enquêtés pour leur accueil et leur disponibilité. Une partie des informations à la base de cet article est issue du travail mené par le réseau Pastor'@lpes, coordonné par le Suaci Alpes du nord, associant les services pastoraux de Rhône-Alpes. Merci également à Claire Sérès, en charge du projet ClimAdapt au Suaci Alpes du Nord - GIS Alpes-Jura, à Pénélope Lamarque (Laboratoire d'Ecologie Alpine) et à Cécile Boissin, Éric Deboeuf, Benoît Felten, Laure Le Courtois (étudiants qui ont contribué à différentes études sur les impacts des sécheresses dans les Alpes). ). Cette recherche a été conduite en partie sur le site de recherche à long-terme Zone Atelier-Alpes, membre du réseau européen ILTER-Europe. ZAA publication n° 4.

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NOTES

1. Ce projet vise à répondre à la question : de quelles marges de manœuvre durables dispose l’agriculture de montagne pour faire face au changement climatique ? Il aborde les thèmes suivants : caractériser des zones morpho-climatiques homogènes dans les massifs des Alpes et du Jura, construire des stratégies d’adaptation par système de production et tester l’acceptabilité des agriculteurs, gestion concertée des ressources territoriales (ressource en eau, foncier). 2. Scénario proposé aux éleveurs dans le projet ClimAdapt. 3. Peu fréquent dans les Alpes du sud, ce système « alpagiste » se rencontre plutôt dans les Alpes du nord, en particulier en Tarentaise. 4. Adaptation des territoires alpins à la recrudescence des sécheresses dans un contexte de changement global..

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RÉSUMÉS

Les systèmes d'élevage des Alpes françaises sont fortement exposés au changement climatique annoncé et la plupart subissent déjà des épisodes de sécheresse depuis le début des années 2000. Face à ces aléas, les éleveurs ont mis en œuvre un certain nombre de leviers et envisagent d'en activer d'autres à l'avenir. Des enquêtes en exploitation ont permis d’identifier ces leviers. Leur analyse permet de caractériser les attitudes des éleveurs face aux sécheresses et d’évaluer l’évolution de la sensibilité de leurs systèmes d’élevage. A l'exception des exploitations disposant de surfaces irriguées importantes, toutes les exploitations cherchent d'abord à contourner l’aléa. Elles ont recours aux achats de fourrage pour compenser la baisse des récoltes destinées aux stocks hivernaux, mais à des degrés divers selon la durée de l’hivernage. Pour les périodes de pâturage, les éleveurs de haute montagne et les systèmes laitiers des Alpes du nord jouent avant tout sur un système résistant grâce à l’agrandissement et au surdimensionnement des pâtures par rapport aux besoins du troupeau. Les exploitations pastorales des Alpes du sud misent aussi sur une diversité de surfaces et une certaine latitude dans la conduite technique pour s'adapter aux conditions de l'année. Une succession répétée d’années sèches pourrait se traduire par des ruptures plus radicales dans les systèmes d’élevage. Il faut aussi garder à l’esprit que le changement climatique n'est qu'un des facteurs influençant les modes de transformation des exploitations.

Livestock farming systems in the French Alps are particularly exposed to the predicted climate change and most of them have already experienced periods of drought since the beginning of the 2000s. Faced with this risk, livestock farmers have put in place a certain number of measures and envisage introducing others in the future. For the present study, surveys were conducted among livestock farmers to identify these measures and analyses were carried out to characterise the attitudes of livestock farmers to drought conditions and to evaluate changes in the sensitivity of their livestock farming systems. With the exception of those farms with extensive irrigated areas, all the farms are seeking solutions to deal with the risks arising from droughts. One solution is to purchase fodder to compensate for the decrease in the harvests that normally provide feed in the winter; the amounts purchased vary with the length of wintering required. For the grazing periods, the high mountain livestock breeders and the dairy systems of the Northern Alps rely above all on extending and over-sizing the pasture areas in relation to the needs of the herds. The livestock farms of the Southern Alps also rely on the diversity of vegetation areas and a certain flexibility in the practices used to adapt to conditions experienced during the year. A succession of dry years could result in more radical breakdowns in the livestock systems. It should also be remembered that climate change is only one of the factors influencing the types of changes taking place on farms.

INDEX

Mots-clés : pratique agricole, résilience, sécheresse, système d’élevage, système fourrager Keywords : agricultural practices, drought, forage system, livestock system, resilience

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AUTEURS

BAPTISTE NETTIER Cemagref centre de Grenoble, unité de recherche Développement des territoires montagnards, [email protected]

LAURENT DOBREMEZ Cemagref centre de Grenoble, unité de recherche Développement des territoires montagnards

JEAN-LUC COUSSY Chambre d’agriculture des Hautes-Alpes, Gap

THOMAS ROMAGNY Association départementale d’économie montagnarde de la Drôme (ADEM), Die

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Attitudes of livestock farmers and sensitivity of livestock farming systems to drought conditions in the French Alps

Baptiste Nettier, Laurent Dobremez, Jean-Luc Coussy and Thomas Romagny

EDITOR'S NOTE

Translation: Brian Keogh

1 According to the GIEC report (2007), mountain ecosystems are considered extremely vulnerable to climate change. Climate change scenarios predict not only a continuation of the warming trend already observed in the Alps, but also an increase in climate extremes, particularly droughts. Indeed, the succession of droughts observed during the first decade of this century show that climate change is already tangible (Lelièvre et al., 2009). Figure 1 illustrates this phenomenon in the Embrun region of the Hautes- Alpes department, where the years 2003 to 2007 were marked by a water deficit significantly greater than the average for the period 1958-2008. The consequences of climate change on the production of grasslands is beginning to be evaluated (Seguin and Soussana, 2006): summer droughts and more marked heat waves, but also lasting changes in the botanical composition of grasslands and alpine pastures, and modifications in disease and pest cycles. Other effects have also been identified for alpine farms: difficulties in planting crops or temporary grasslands in the spring, repercussions for alpine pastures with time shifts in the phenology of plants, and sometimes a reduction in animal weight gain or a decrease in milk production. Because mountain livestock systems operate in a difficult environment (climate, relief), which restricts the level of intensification possible, and because they are often largely based

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on the consumption of grass, they appear particularly exposed to risks arising from climate change (Lemaire et Pflimlin, 2007).

Figure 1. Water deficit (potential evapotranspiration - precipitations) between April and September, from 1958 to 2008, at Embrun meteorological station (Hautes-Alpes).

Source: Météo-France.

2 To understand how herbivorous livestock farms function, a research movement studied the practices of livestock farmers with a view to describing the interactions between “man, herds and resources” (Landais et Balent, 1993). The concept of the “livestock farming system” proposed is intended to identify the interactions between the human and biotechnical dimensions of livestock activities (Dedieu et al., 2008).

3 There are numerous studies of the way in which livestock farmers take climatic risks into account in their decisions. In this article, starting from the hypothesis that livestock systems are likely to adapt differently depending on their functioning, our aim is to characterize the attitudes of farmers in response to drought risks and to assess the changing sensitivity of their livestock farming systems based on an identification of the measures they have put in place, or that they envisage for the future.

Equipment and methods

Livestock farming systems studied

4 The study is based on two samples of livestock farms, one in the French Southern Alps and the other in the Northern Alps.

5 In the Southern Alps, surveys were conducted on the functioning of 29 livestock farms using alpine pastures, in the Ecrins National Park (20) and the Vercors Regional Natural Park (9). These farms were classified in different livestock systems, depending on the relative importance of fodder stocks and grazing areas in feeding the herds, and on the importance of irrigation. Based on the typologies proposed by the Institut de l’Élevage (Livestock Institute) in its networks of reference farms, we were thus able to distinguish the following sheep systems: i) “Mediterranean transhumant systems” with irrigation in the lowland (4 farms), (ii) “Prealpine pastoral (grazing) with transhumance but no irrigation” (3 farms for which hay stocks harvested on the grasslands represent less than 20% of herd’s feeding needs (iii) “mountain pastoral” (5 farms where stocks

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harvested represent between 20 and 40% of feed days for the herd), (iv) “high mountain” (10 farms, sheep and mixed cattle and sheep, where stocks represent more than 40% of basic diet for herds). Systems specialised in cattle livestock were also distinguished: they correspond to three farms located in the Embrun region, with dairy or suckling cattle and with irrigation, and four high mountain farms (three raising heifers and one dairy farm, which produces milk on the alpine pastures and cattle are wintered on an other farm).

6 In the Northern Alps, we used the results of a study conducted by a research group (Groupement d’intérêt scientifique Alpes-Jura) participating in the ClimAdapt1 project (2008-2010) which is based on a survey of farms (27 in the Alps) illustrative of certain farm types (Réseaux d’élevage Rhône-Alpes, 2005), and identifies, in an aggregate manner, the measures already in place or envisaged by farming system type. Here we are concerned with grassland-specialised dairy cattle systems: (I) with wrapping (bales) on the Vercors plateau, (II) for the production of Beaufort cheese with local variations (collective alpine summer pastures in the Tarentaise region, individual alpine pastures in the Tarentaise or Maurienne regions), (III) with a small individual alpine pasture area at fairly low altitudes in the Chablais region, (IV) “grass + maize” system + production of cereals for sale in the Trièves region (Felten, 2009).

The forage system and its “on-farm enterprises”

7 Analysis focused on the forage system, which is directly exposed to climate variations. By “forage system” we mean an information and decision system aimed at balancing resources and forage needs to reach a production objective within a context of given constraints (Duru et al., 1988), integrating the renewal and durability of the forage resource over several years or “a pluri-annual time step” (Fleury et al., 1996). The functioning of the forage system was reconstructed with each farmer during semi- structured interviews to obtain information about the changes in practices following drought periods, thereby identifying the measures implemented. Since there was a succession of unusual droughts in the period 2003-2009, the practices and changes adopted at this time are still fresh and clear in the mind of stock farmers. It was thus this period that we referred to during the interviews before addressing the question of measures envisaged for the future, and in particular with respect to a scenario of alternation of dry years and humid years2. We have classified these measures in different production units or “on-farm enterprises” (Coléno and Duru, 2005): (1) constitution of stocks to provide winter feed for the herd, (2) grazing, with a distinction being made in some cases for (3) an alpine pasture phase, (4) herd management, (5) other crops. The measures introduced may thus concern the management of an on-farm enterprise (sizing, scheduling of tasks, technical aspects) or the coordination between enterprises.

8 In some cases, we also considered other activities (goods produced on farm, direct sales, agritourism): even if they are not directly affected by drought conditions, they may have been introduced to lessen the negative impact on farm incomes.

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Characterizing farmer attitudes on the basis of the combination of measures introduced

9 Based on the work of Bouquin (1986) on risk management, Girard (1995) defines four types of attitude adopted in response to risk: - Avoid: act (directly or indirectly) on the cause of the hazard so that it does not arise, for example, by irrigating (compensating for the absence of precipitation) or resorting to soilless culture so as to be independent of the climate. - Cushion: accept the risk but look for ways to attenuate the effects. For example, spreading out the lambing periods over time and diversifying plant resources make it possible to lessen the effects of a seasonal drought. Diversifying activities also helps attenuate the effect of a drought on income by developing activities that are less dependent on climate or by developing products with greater added value. - Get round: act neither on the causes nor the effects, but seek ways of getting round the risk. For example, oversize the pasture area in relation to herd needs or purchase hay to compensate for a decrease in stocks harvested. - React: React rapidly to the effects of a disturbance when it occurs. For example, divide the herd into smaller groups in order to be more ready to benefit from a diversity of small grazing areas, or complement animal feed during a short period if there is not enough grass.

10 These “attitudes”, described by Girard (1995), are revealed by the type of measures mobilised or, in other words, by the technical choices of the stock farmers.

Evaluating changes in sensitivity of forage system in relation to measures used

11 In terms of the resilience and adaptability of social-ecological systems, the approach proposed by Walker et al. (2004) provides useful insights for analysing how the implementation of measures changes the sensitivity of the forage system to climate hazards. Resilience is the capacity of a system to absorb disturbance and to reorganise itself in such a way as to maintain a certain number of characteristics. In our case, drought is the disturbance and the more resilient a forage system is, the less sensitive to drought it will be. A system’s resilience may be described according to different criteria (figure 2) and in particular: latitude (the extent of change that a system can undergo before reaching a threshold or point of no return), resistance (ability of system to withstand change), precariousness (proximity of the state of a system to a point of no return). For Andrieu (2004), a forage system where each year the practices are reorganised so that the level of production can be maintained, is not sensitive: in other words, it is very resilient and its resilience, according to Walker et al. (2004), can be explained by considerable latitude. Nor is a system sensitive when it is able to maintain its results each year without having to modify its practices, and its resilience comes from its great resistance. If maintaining results makes the system more fragile (for example, farm income decreases or the environment or resource becomes degraded), then the precariousness of the system increases and may call into question its resilience, resulting in a system breakdown (cessation of activity or substantial transformation of the farming system).

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Figure 2. Different aspects of a system’s resilience (from Walker et al., 2004).

L - latitude; R - resistance; P - precariousness.

12 We are not in a position to estimate the level of resilience of the forage system, but instead we evaluate the way in which it changes according to the measures implemented: a measure which increases the latitude of the system will enable practices to be changed in function of the disturbance – implementation of this measure can therefore be changed from one year to another – whereas a measure aimed at making the system more resistant will be non-reversible (this is often reflected in a change in system structure). Some measures may have consequences on the precariousness of the farming systems.

Results

13 For each of the 13 livestock systems studied, we classified the measures used by livestock farmers for each on-farm enterprises and identified the corresponding attitudes (tables 1 and 2).

Livestock farmer attitudes and changes in the sensitivity of livestock systems in the Southern Alps

14 To secure animal feedstocks and provide winter feed, the most common solution, whatever the system, is to get round the problem by purchasing hay, a quasi-systematic practice in dry years. Another solution is to avoid having to face the problem by resorting to irrigation, which ensures sufficient yields. This measure, however, is implemented by a minority. Those farmers who practise transhumance, whether they use irrigation at lower altitudes or not, are less vulnerable since their winter season is short and grazing remains possible, whether this be on new growth in meadows that were earlier mown for hay, as in Crau, or in French Mediterranean rough grazinglands. The other systems implement additional measures: getting round the problem by extending the area (which provides a larger surface area to build up hay stocks, but is a solution that appears limited given that the areas on which machinery can be used are already used and in considerable demand) and cushioning the risk by choosing plant species that are less sensitive to drought.

15 In terms of resilience, the solutions of irrigation and extending the hay meadows are aimed at strengthening system resistance. The latitude of the system is improved by purchasing hay, on condition that purchases remain limited and are reversible (reserved for the driest years). Indeed, purchases could lead to a worsening of the financial situation and make the system more precarious. They must therefore be reserved for exceptional years and used in conjunction with other measures. For

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example, in 'mountain pastoral' systems, some farmers benefit from certain latitude in managing food stocks thanks to supplies being carried over from more clement previous years. The 'high mountain' systems are perhaps the most precarious: the winter is very long (at least six months) and often their only solution is to buy fodder (irrigation is impossible or marginal, there are very few additional areas that can be used for mechanised farming, and any improvement of grasslands is technically difficult). Finding winter quarters for the , the solution of the high mountain dairy farmer3, is thus a radical solution of avoidance in dealing with the problem of feedstock (heightened resistance), but it has a cost: the system will only be resilient if the farming system can sustain these winter costs in the long term.

16 To secure inter-season grazing phase and alpine pastures, livestock farmers have no solution that avoids disturbance. They combine two complementary attitudes: (1) getting round the problems caused by drought by “oversizing” the grazing areas in relation to normal herd needs (structural oversizing, extending area, scrub clearing); (2) the ability to react quickly when required by resorting to the use of adjustement areas in dry periods (woodlands or crop aftermath grazing, etc.) by closer grazing, by dividing up the herd into smaller groups capable of better exploiting the alpine pastures and the rough grazings, and by the duration of the grazing period on alpine pastures.

Table 1. Attitudes and main measures implemented (or envisaged) by type of livestock system in the French Southern Alps.

A = Avoid; G = Get round; C = Cushion; R = React In italics: measures implemented by a part of the farmers dvt: development; NG: natural grassland; TG: temporary grassland.

17 Oversizing is aimed at making the forage system more resistant, while other measures allowing farmers to adapt to conditions as they occur during the year give livestock

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farmers and shepherds a margin for manoeuvre with which to improve the system’s latitude. High mountain livestock farmers focus mainly on the resistance of their forage systems (structural oversizing of grazing areas), while the pastoral systems make use of the latitude (by modifying each year the use of a wide variety of grazing areas).

18 Other technical adjustments, such as changing the dates of lambing periods with a view to bringing herd needs more into line with forage availability, are aimed at increasing the resistance of the forage system by acting on the coordination between on-farm enterprises. When they can be adapted to conditions as they occur during the year, the dates of the changeover from one enterprise to another, or the allocation of areas to different enterprises improve the latitude of the system. It may be observed that transhumant systems with irrigation do not adapt through coordinating the different on-farm enterprises. These enterprises concern very different areas, often located at considerable distances from one another, so that movement between them is not easy and cannot be easily changed: having been subjected to drought for a considerable time, they manage the sensitivity of each enterprise separately. This is undoubtedly a severe constraint for these systems which otherwise appear fairly resilient, resorting sometimes to the system’s resistance (irrigation) and other times its latitude (adjustement areas, level to which resource is exploited).

19 Finally, the diversification of activities may help make income more secure and thus attenuate the consequences of drought. Although diversification can help make the farming systems more resistant, it is difficult to reverse from one year to the next since it generally involves investments. In our sample, this diversification of activities is more often implemented in the Pre-alpine and mountain pastoral systems rather than in the high mountain systems or in the Mediterranean transhumance systems with irrigation.

Dairy-cattle systems in the French Northern Alps

20 For the dairy-cattle farming systems in the Northern Alps, even if the methodology used in the ClimAdapt project was more concerned with strategic adaptations at the pluri-annual level rather than adjustments to conditions arising during the year, the analysis grid reveals that attitudes of “reaction” are quite rare (apart from adjustments on the dates of culling and drying off of animals or the distribution of hay in the summer). This concurs with earlier studies that underlined the inter-annual rigidity of dairy systems with advanced planning of land use (Camacho et al., 2008).

21 For feed stocks, farmers always get round: firstly, by short-term buying of fodder, as in the Southern Alps, but also by using stocks from previous years, by enlarging areas so as to obtain sufficient fodder resources to survive the winter, or even by renting winter quarters for the heifers. Cushioning is often associated with this solution (choices of varieties more resistant to drought for temporary grasslands, optimised fertilisation). Livestock systems studied in the Vercors and the Trièves region do not have alpine pastures to reduce summer pressures (on fodder resources), but they are not subjected to AOC (with a guarantee of origin) rules as in Savoie: to ensure there are sufficient stocks, getting round the problem by recourse to fermented fodder (grass silage or wrapping, maize silage or immature crops silage) is a solution that they have used for a long time, which allows early mowing in the spring and additional harvests in the autumn. In the Maurienne and Tarentaise regions, where AOC specifications prohibit

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the use of silage and wrapping, avoidance through irrigation seems to be the preferred route. For livestock farmers in the Tarentaise region, who use alpine pastures for their animals, and those in the Maurienne, a solution to get round is also opted for by mowing the lower parts of the alpine meadows to balance the pressures on farmlands (which are particularly affected by drought) and on the pastures (which appear less affected).

Table 2. Attitudes and measures adopted (envisaged) by type of dairy livestock system in the French Northern Alps.

A = Avoid; G = Get round; C = Cushion; R = React; D = Diversify In italics: measures implemented by a part of farmers Alternate M/G: alternating mowing and grazing (prevention of vole infestations); NG: natural grassland; TG: temporary grassland.

22 As we have seen for the Southern Alps, the purchase of fodder in drought years provides forage systems with a certain latitude, but it can raise problems of precariousness if droughts reoccur, particularly in the AOC areas, where forage self- sufficiency is more and more required, in order to affirm that products are truly local in origin. As for other measures implemented or envisaged as a complement to the purchase of hay, they either increase system resistance (structural expansion, irrigation, systems where heifers are wintered on other farms) or provide the system with greater latitude (early silage, wrapping in late autumn, mowing of alpine pastures).

23 For grazing, adaptations are often based on a 'get round' attitude by expanding the area under pasture. Unlike certain systems in the Southern Alps, structural oversizing is rarely mentioned by stock farmers, though it seems to be frequent at least for heifer herds (Camacho et al., 2008). In alpine pasture areas, greater use of communal pastures (sometimes forsaken in favour of private areas) and the watering of animals

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(reservoirs, catchments) are the two ways to get round. These structural changes strengthen the resistance of the forage system. Inter-annual rigidity in the use of land, however, represents a shortcoming of these systems.

Synthesis of the different systems

24 In both the Northern and Southern Alps, the main problem relating to drought lies in the constitution of feed stocks for the winter, except for those farms where irrigation is a possibility. Pastoral livestock farms with a short wintering period appear less sensitive, even if the constitution of standing herbage that can be used for winter pastures is also highly dependent on climatic conditions during the year. But elsewhere it is indeed the need for stocks of hay for the winter period, capable of lasting up to 6 months, that is the Achilles’ heel of these forage systems. In the surveys we conducted, we observed a desire to get round this problem with structural changes based on the relocation of small groups of animals: winter transhumance on the Mediterranean firebreaks, cattle wintered on lowland farms, livestock farmers in Savoie that leave farmers in the Hautes-Alpes department to breed their dairy heifers, who then resell them three years later ready for calving (savings on feed stocks and grazing, economising on space in farm buildings and simplification of work for the livestock farmers in Savoie).

25 The transhumant systems with irrigation, which have always had to deal with droughts, have hardly introduced any new measures, except in the alpine pastures. As for the other pastoral systems (Prealpine and mountain), they are already used to getting round climatic hazards by integrating adjustement pasture areas (emergency areas) into their grazing calendar. These areas are integrated into the very logic underlying these livestock systems and can be used in difficult years, as and when required, namely during the inter-season periods, by mobilising the potential offered by the sylvo-pastoral environment according to the physiological needs of the different groups of animals (Bellon et al., 1999). Apart from these measures aimed at making the most of their latitude, these systems have carried out a certain number of structural modifications and are preparing others to adapt to this new climate context. Compared with the pastoral systems in the south, the dairy cattle systems of the Northern Alps and the high mountain systems have only a few solutions for improving their latitude and are focusing on oversizing to make them more resistant.

26 In general, the “avoidance” solution is not often used and the most common attitude is to get round, with different measures adopted depending on the on-farm enterprise (recourse to outside resources for feed stocks, expansion and oversizing for grazing). But it would be difficult to define an overall and uniform attitude for each system since “get round” is often associated with other attitudes (“cushion”', reactions to conditions experienced during the year). The same is true of the changes in resilience because of the combination of measures that give the system more latitude and others which improve the system’s resistance. Although similarities in attitudes exist between systems, analysis of the results also revealed differences and enabled us to identify discrepancies between livestock systems with regard to changes in their resilience.

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Discussion - Conclusion

Advantages and limits of methodology used

27 To take into account the results of the on-farm surveys, we decided to study on-farm enterprise, without going as far as a detailed analysis of the “practices- seasons” (Bellon et al., 1999), but which made it possible to study the links between the spatial and temporal organisation of the farm. The study of the coordination between on-farm enterprises and the scale of the farming system enabled the identification of measures that are sometimes concealed (changes in the dates of lambing or calving to avoid the periods when resources are lacking, processing of agricultural produces to compensate for lower production).

28 The translation of measures into attitudes should be understood in terms of the objectives of the livestock farmers. For example, for the livestock farmers in the survey, the main objective of the improvement to watering facilities was to better explore certain mountain grazing areas: in this respect it is a solution to get round, aimed at increasing available resources. This same measure could have been considered as avoidance if it had been targeted at solving problems of springs drying up, as was the case sometimes in 2009 for certain alpine pastures.

29 Qualifying the type of attitude adopted in response to risks based on the study of technical practices does not prejudge behaviour in the face of risk. Periods of drought represent a risk that has become heightened in recent years and bears witness to increasing climate variability, which in turn has been linked to climate change. But the risk represented by climate change will also be reflected in other phenomena (rising temperatures, for example) that will upset the ecosystems. Moreover, it is undoubtedly abusive to speak of the drought. Surveys have revealed that impact of droughts has been different depending on the year (in terms of intensity of drought and the season when it occurs) and on the geographic area. It would no doubt be wise to refine the analysis according to the types of drought experienced.

30 Reasoning in terms of resilience provides a framework for studying the way in which a livestock farmer deals with disturbance. Actions affecting the latitude and resistance of the system correspond to different types of adaptation that will lead to different ways of managing the forage system. However, we have not been able to quantitatively assess the impact of these measures on resilience, nor to determine their effectiveness in the medium term. For example, the oversizing of grazing areas, though providing a more resistant forage system, exposes the system to undergrazing and to scrub invasion (Camacho et al., 2008). On the other hand, too much close grazing can lead to degradation of pasture resources from repeated overgrazing. These two risks combine to increase system precariousness. Taking a wider view of the problem, some authors define resilience as “the capacity of a system to endure” (Dedieu and Ingrand, 2010), that is taking into account the capacity of farmers to adapt (Darnhoffer et al., 2010). Such a perspective would be interesting for our study.

Implications of results

31 Even if our study is based on a limited sample, and even if intra-system individual variations exist, the results confirm a differentiation in the methods of adaptation

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according to livestock system. The surveys tended to focus on the methods of adaptation to certain negative effects of climate warming, but the farmers also mentioned positive effects that facilitate adaptation to droughts, such as the decrease in the length of the winter period. Shorter winters reduce animal feed stock needs and allow an earlier start for plant growth or the acceleration of the phenology, which may allow a more intensive exploitation of resources when the drought is not too severe (examples: one or two additional grass cuts and the possibility of mowing at higher altitudes). An improvement in the quality of the fodder harvested has also been observed.

32 Walker et al. (2004) speak of system transformation when the system, faced with a situation that no longer appears tenable, undergoes modification to reach a new state of equilibrium. We have not observed such transformations but only adjustments to the existing system, because farmers have placed themselves in a context of alternating dry and normal years, with the possibility of catching up between years. However, in the ClimAdapt project, a second scenario of a succession of dry years was also put to farmers. Firstly, the farmers found it difficult to imagine themselves faced with such a scenario, and transformations – sometimes radical – in the livestock systems were then mentioned (changeover from milk to meat, or even stopping farming activities altogether). In the Southern Alps, such transformations were envisaged by those farms in the most precarious situations (those with least fodder autonomy for winter feeding): in high mountain regions, some farmers envisaged stopping mowing, using all the meadows on the farm for grazing with a bigger herd in summer and then buying all the hay needed for a reduced herd in winter. The transhumant farming systems without irrigation facilities seem to focus more on securing winter grazing in the Midi region of France to eliminate any need for winter feed stocks.

33 In addition, improvements to system resilience (oversizing, adjustement areas) may also be in contradiction with rules associated with farm subsidies (imposing, for example, a minimum animal stocking rate).

Other work in progress

34 Our analysis has focused on the farming operations. Several measures implemented concern territorial resources (water, land), the study of which needs to be conducted at the scale of the local area from a joint management perspective, involving multiple actors and multiple uses. This is the objective, for example, of the ClimAdapt project for 2010 (Sérès, 2010). Other measures involve coordination at fairly extensive territorial scales and examine the strategies concerning certain aspects of the AOC cheese production and processing systems such as the breeding of heifers out of the AOC areas or the purchase of hay.

35 Finally, although most studies on the integration of climate risks in the management of agricultural operations have addressed this question in terms of adaptation, it seems important not to forget, on the one hand, that these risks are only one element of the context in which farmers take their decisions and, on the other, that the internal dynamics in livestock operations must also be taken into account: what is at stake is also the way in which livestock farmers regard change and how they act in situations of uncertainty (Lémery et al., 2005).

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Acknowledgments: This study was conducted within the framework of the SECALP4 project supported by the Ministry responsible for the Environment under the programme Gestion et Impacts du Changement Climatique or GICC-2 (Management and Impacts of Climate Change). Thanks are due to the farmers and shepherds who kindly agreed to participate in the survey. Part of the information on which this article is based came from work conducted by the Pastor'@lpes network, coordinated by the SUACI Alpes du Nord, bringing together pastoral farming services of the Rhône-Alpes region. Thanks are also extended to Claire Sérès, in charge of the ClimAdapt project at Suaci Alpes du Nord - GIS Alpes-Jura, to Pénélope Lamarque (Laboratoire d'Ecologie Alpine) and Cécile Boissin, Éric Deboeuf, Benoît Felten, Laure Le Courtois (students who contributed with different studies on the impact of drought in the Alps). This research was partly conducted on the long term research site Zone Atelier Alpes, a member of the ILTER-Europe network. ZAA publication n° 4.

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NOTES

1. This project examines the margins for manoeuvre available to mountain agriculture in dealing with climate change. In addressing this question, it identifies a number of objectives: to characterise the homogeneous morpho-climatic zones in the Alps and the Jura massif, to construct adaptation strategies by production system, to test the acceptance of farmers, and to jointly manage territorial resources (water resources, land resources). 2. Scenario proposed to farmers in the ClimAdapt project. 3. This “alpagiste” system (dairy cows are wintered in other farms) is not often found in the Southern Alps but is more common in the Northern Alps, particularly in the Tarentaise region. 4. Adaptation of alpine territories to the renewed outbreak of droughts in a context of global change.

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ABSTRACTS

Livestock farming systems in the French Alps are particularly exposed to the predicted climate change and most of them have already experienced periods of drought since the beginning of the 2000s. Faced with this risk, livestock farmers have put in place a certain number of measures and envisage introducing others in the future. For the present study, surveys were conducted among livestock farmers to identify these measures and analyses were carried out to characterise the attitudes of livestock farmers to drought conditions and to evaluate changes in the sensitivity of their livestock farming systems. With the exception of those farms with extensive irrigated areas, all the farms are seeking solutions to deal with the risks arising from droughts. One solution is to purchase fodder to compensate for the decrease in the harvests that normally provide animal feed in the winter; the amounts purchased vary with the length of wintering required. For the grazing periods, the high mountain livestock breeders and the dairy systems of the Northern Alps rely above all on extending and over-sizing the pasture areas in relation to the needs of the herds. The livestock farms of the Southern Alps also rely on the diversity of vegetation areas and a certain flexibility in the practices used to adapt to conditions experienced during the year. A succession of dry years could result in more radical breakdowns in the livestock systems. It should also be remembered that climate change is only one of the factors influencing the types of changes taking place on farms.

Les systèmes d'élevage des Alpes françaises sont fortement exposés au changement climatique annoncé et la plupart subissent déjà des épisodes de sécheresse depuis le début des années 2000. Face à ces aléas, les éleveurs ont mis en œuvre un certain nombre de leviers et envisagent d'en activer d'autres à l'avenir. Des enquêtes en exploitation ont permis d’identifier ces leviers. Leur analyse permet de caractériser les attitudes des éleveurs face aux sécheresses et d’évaluer l’évolution de la sensibilité de leurs systèmes d’élevage. A l'exception des exploitations disposant de surfaces irriguées importantes, toutes les exploitations cherchent d'abord à contourner l’aléa. Elles ont recours aux achats de fourrage pour compenser la baisse des récoltes destinées aux stocks hivernaux, mais à des degrés divers selon la durée de l’hivernage. Pour les périodes de pâturage, les éleveurs de haute montagne et les systèmes laitiers des Alpes du nord jouent avant tout sur un système résistant grâce à l’agrandissement et au surdimensionnement des pâtures par rapport aux besoins du troupeau. Les exploitations pastorales des Alpes du sud misent aussi sur une diversité de surfaces et une certaine latitude dans la conduite technique pour s'adapter aux conditions de l'année. Une succession répétée d’années sèches pourrait se traduire par des ruptures plus radicales dans les systèmes d’élevage. Il faut aussi garder à l’esprit que le changement climatique n'est qu'un des facteurs influençant les modes de transformation des exploitations.

INDEX

Mots-clés: pratique agricole, résilience, sécheresse, système d’élevage, système fourrager Keywords: agricultural practices, drought, forage system, livestock system, resilience

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AUTHORS

BAPTISTE NETTIER Cemagref centre de Grenoble, unité de recherche Développement des territoires montagnards

LAURENT DOBREMEZ Cemagref centre de Grenoble, unité de recherche Développement des territoires montagnards

JEAN-LUC COUSSY Chambre d’agriculture des Hautes-Alpes, Gap

THOMAS ROMAGNY Association départementale d’économie montagnarde de la Drôme (ADEM), Die, [email protected]

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Quel futur pour les services écosystémiques de la forêt alpine dans un contexte de changement climatique ?

Benoît Courbaud, Georges Kunstler, Xavier Morin et Thomas Cordonnier

1 La forêt de montagne française produit de nombreux services écosystémiques (Millenium Ecosystem Assessment, 2005). La surface forestière est importante en montagne : les sept départements Isère, Savoie, Haute-Savoie, Drôme, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, sont ainsi recouverts par la forêt sur environ 40% de leur surface contre une moyenne nationale de l’ordre de 30%. Le premier service reconnu est la production de bois, 7,5 millions de m3/an pour ces sept départements (Inventaire Forestier National 1996-2002), à plus de 60% en résineux. En montagne, la forêt remplit un service particulier de protection des activités humaines, contre les avalanches, les chutes de rochers et l’érosion (Gauquelin and Courbaud, 2006). Très présente dans les paysages montagnards, elle contribue à l’identité culturelle de ces territoires et indirectement à d’autres secteurs d’activité tels que celui du tourisme. La forêt de montagne est relativement peu morcelée et gérée de manière moins intensive qu’en plaine, ce qui en fait un réservoir de biodiversité intéressant. Le service de stockage de carbone est également à souligner, en lien avec les surfaces et les volumes sur pied importants. Enfin, la filière bois représente environ 4,13 emplois pour 1000 m3/an de bois récolté.

2 Les changements climatiques vont entraîner des modifications de la forêt de montagne, de manière directe à travers l’effet du climat sur la végétation et de manière indirecte à travers les évolutions du contexte socio-économique et de la demande de services forestiers. Cet article discute les risques de remise en cause des services écosystémiques et l’opportunité de stratégies d’atténuation et d’adaptation permettant d’accompagner au mieux ces évolutions.

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De nombreuses incertitudes par rapport aux impacts directs des changements climatiques sur la forêt de montagne

L’influence déterminante du climat sur la végétation

3 Le climat est le principal facteur déterminant la répartition des espèces d’arbres à l’échelle régionale dans la zone tempérée (Morin et al., 2007). Les conditions climatiques locales ont également une influence déterminante sur la composition et le fonctionnement de la forêt de montagne, traduite par l'étagement de la végétation avec l'altitude. Les forêts alpines sont ainsi dominées par les feuillus à l’étage collinéen (chênes, hêtre, érables, tilleuls …), mixtes à feuillus et conifères à l’étage montagnard (hêtre, sapin, épicéa …), puis essentiellement constituées de conifères à l'étage subalpin (sapin, pin à crochets, pin cembro, mélèze …). La décroissance de la température avec l'altitude (en moyenne de 0.6°C par 100 m) est le premier facteur qui explique cet étagement, même si les variations de pression atmosphérique et de rayonnement solaire jouent aussi un rôle. La température influence notamment la croissance en déterminant la durée de la saison de végétation et la vitesse de croissance, la fécondité des arbres, la germination des graines ainsi que la mortalité des semis (gel). L'autre variable climatique majeure est le régime de précipitations, qui affecte notamment les différences de végétation entre Alpes externes (fortes précipitations, jusqu’à 2000 mm/ an en Haute Savoie) et Alpes internes (faibles précipitations, souvent inférieures à 1000 mm/an dans les Hautes Alpes et même 550 mm/an dans le Valais). L’humidité de l’air et les ressources en eau du sol influencent fortement la croissance, la régénération et la survie des arbres. Le hêtre est ainsi exclu des Alpes internes car les précipitations y sont insuffisantes alors que c’est le terrain de prédilection du mélèze, qui apprécie une faible humidité atmosphérique (Ozenda, 1985).

4 Les modèles globaux de circulation atmosphérique prédisent tous pour la fin du siècle des changements majeurs pour la température et les précipitations, du fait de

l'augmentation de la concentration en CO2 atmosphérique. Suivant les scénarii climatiques, les modèles prédisent dans les Alpes une augmentation de 2.2 à 5.1°C (IPCC, 2007) et une diminution des précipitations en été (de 20 à 30%) mais une augmentation en hiver de (0 à 10%). Le type de précipitation devrait aussi changer : la limite inférieure de la neige devrait remonter en altitude, et la durée d'enneigement devrait diminuer (IPCC, 2007). Toutefois, il faut noter que les prédictions de changement de régime de précipitation sont considérées comme peu fiables par les climatologues eux-mêmes (IPCC, 2007). Les modèles climatiques prédisent également une augmentation de la variabilité des conditions climatiques (IPCC, 2007) et de la fréquence des événements extrêmes : sécheresses et, de manière plus controversée, des tempêtes (Beniston et al., 2007). De tels changements du climat vont nécessairement affecter la composition, la structure, et la dynamique des peuplements forestiers des Alpes Françaises.

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Des effets directs importants mais difficiles à quantifier sur les écosystèmes

5 En première approche, l’augmentation prévue des températures devrait se traduire par une remontée en altitude des étages de végétation (par exemple une augmentation de 4°C conduirait à une remontée d'environ 700 m). La température a déjà augmenté de presque 1°C depuis 1950 dans les Alpes (IPCC, 2007). Une remontée altitudinale a été démontrée pour la majorité des espèces végétales des milieux forestiers dans les Alpes Françaises (Lenoir et al., 2008), pour le gui en Suisse (Dobbertin et al., 2005), le hêtre en Espagne (Penuelas and Boada, 2003), et pour sept espèces d’arbres en Scandinavie (notamment le bouleau, l’épicéa et le pin sylvestre) (Kullman, 2002). Il faut cependant noter que dans les Alpes suisses la remontée de la limite supérieure des forêts semble principalement due à l'abandon des pâturages (Gehrig-Fasel et al., 2007). Les modèles de niche – qui établissent une relation statistique entre les variables climatiques et la présence-absence des espèces – prédisent tous une remontée en altitude de l’aire potentielle des espèces forestières, entraînant une réorganisation majeure des communautés (Badeau et al., 2004 ; Bolliger et al., 2000; Piedallu et al., 2009; Thuiller et al., 2005). Du fait de la forte variabilité des conditions climatiques locales liée au relief, ces changements devraient être particulièrement importants et conduire à une forte perte de biodiversité en montagne (Thuiller et al., 2005).

6 Outre ces changements de composition spécifique, une augmentation de la productivité forestière est attendue. Une augmentation importante de la croissance des arbres a déjà été observée en Europe (Spiecker et al., 1996), et des études réalisées à basse altitude dans le nord-est de la France ont montré un accroissement de la productivité du hêtre (Bontemps et al., 2010) et du chêne (Dhôte and Hervé, 2000), pouvant atteindre +50% par rapport aux années 1930-1940. Ces changements de croissance sont généralement reliés

à l'augmentation de la concentration en CO2 atmosphérique mais les dépôts azotés et l'augmentation de température peuvent aussi être impliqués (Boisvenue and Running, 2006). Les stades phénologiques des arbres (notamment l’apparition des feuilles) dépendent fortement de la température et un allongement de la saison de végétation de l’ordre de plusieurs jours a été observé au cours des dernières décennies (Root et al., 2003). Cette augmentation de productivité devrait se poursuivre dans le futur, au moins à court et moyen terme.

7 La réponse des espèces forestières est cependant complexe. Les changements de distribution des espèces vont dépendre de certains facteurs limitants sur lesquels les connaissances restent peu développées. Les semis sont plus sensibles aux variations climatiques que les arbres adultes et leur survie sera déterminante sur la remontée altitudinale (Svensson et al., 2005). L’impact des nouvelles conditions climatiques sur la mortalité des arbres adultes est également mal connu, même si de forts taux de mortalité en réponse à des évènements extrêmes de sécheresse ont été rapportés, par exemple dans la Sierra Nevada californienne (Breshears et al., 2005). Les modifications futures de composition spécifique et les différences de réponse des espèces aux

nouvelles conditions abiotiques (température, précipitations, CO2) vont certainement changer les relations de compétition entre espèces. L’impact des ravageurs forestiers peut être décisif : des dommages croissants liés aux attaques d’insectes sous-corticaux comme les scolytes ont été observés en lien avec un multivoltinisme accru (capacité à produire plusieurs générations par an) (Lindner et al., 2010). De manière générale, la

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réponse des plantes à des évènements extrêmes (sécheresse et vague de chaleur) est mal connue.

La résilience des forêts de montagne

8 La diversité et l’hétérogénéité des forêts de montagne constituent des atouts majeurs favorisant leur résilience aux changements climatiques. Les forêts de montagne sont caractérisées par une très grande hétérogénéité géomorphologique, micro-climatique et de type de sol. A cause des difficultés d'accès, ces forêts sont généralement gérées de manière relativement extensive et peu artificialisée. La régénération naturelle (c'est à dire sans l'utilisation de plantation) y est maintenant prédominante, même si la politique de restauration des terrains en montagnes a nécessité des plantations sur de grandes surfaces au début du XXe siècle. Ce contexte favorise une diversité en essences importante qui constitue une forme d’assurance face à un avenir incertain car elle augmente les chances qu'au moins certaines essences présentes localement puissent tolérer les conditions futures. Les gradients environnementaux très forts qui se trouvent le long des versants impliquent des distances à parcourir pour trouver des conditions climatiques favorables beaucoup plus restreintes qu'en plaine (Jump et al., 2009). Malgré la segmentation liée au relief, une fragmentation assez faible de la forêt de montagne (elle couvre plus de 40% de la surface des Alpes françaises) assure la connectivité entre les habitats forestiers. Ces deux phénomènes devraient favoriser les processus de migration. La forte diversité génétique caractéristique des arbres devrait également permettre une adaptation génétique relativement rapide (Lindner et al., 2010). Enfin, la déprise agricole, et en particulier l’abandon du pâturage, facilite la remontée de la limite altitudinale des forêts dans l’étage subalpin, en diminuant la pression des herbivores sur les semis colonisant cette zone.

9 Dans le passé, les forêts de montagne ont montré une bonne capacité de résilience après perturbation. De nombreuses tempêtes les ont endommagées au cours du dernier siècle, mais leur régénération a généralement été très rapide. La proximité des sources de graines et la forte abondance d'espèces pionnières favorisent cette dynamique. Ces différents éléments laissent penser que les forêts de montagne devraient avoir une bonne résilience aux perturbations induites par les changements climatiques. Cependant il faut noter que les perturbations naturelles et les changements climatiques peuvent avoir des interactions synergiques, avec des effets complexes jamais observés jusqu’à présent (par exemple développement des incendies ou cumul d’années sèches et de tempêtes et développement des ravageurs).

Des modifications de la demande de services forestiers et de la gestion forestière en lien avec le changement climatique

Une demande accrue pour l’ensemble des services rendus par la forêt

10 Le changement climatique devrait également impacter la forêt de montagne de manière indirecte à travers une demande croissante de services forestiers. La récolte totale de bois en France est estimée à 60 millions de m3/an (Puech, 2009).

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L’augmentation du coût des énergies fossiles, conjuguée aux résolutions prises pour diminuer leur utilisation, devrait fortement stimuler la demande en bois énergie à moyen terme. Le Grenelle Environnement 2007 propose comme objectif pour 2020 d’atteindre 23% d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique national, dont une contribution de la biomasse nécessitant la mobilisation de 12 millions de m3/an de bois-énergie supplémentaires (Grenelle de l'environnement - comité opérationnel n°10, 2008 ; Madignier and Guitton, 2009). Cette prospective s’appuie sur un scénario de prélèvement plus proche de l’accroissement observé (au niveau national, seulement 60% de l’accroissement forestier serait récolté actuellement), d’une augmentation générale des surfaces forestières et du développement de surfaces dédiées à la production bois énergie telles que les taillis à très courte rotation. La forêt de montagne est concernée par ces objectifs car elle abrite actuellement de forts gisements de bois sur pied. Cependant les difficultés d’accès et de mécanisation constituent un frein important à leur exploitation, même si l’augmentation des prix du bois-énergie modifiera les seuils de rentabilité. Par ailleurs, la forêt de montagne est dominée par les peuplements résineux pour lesquels le bois-énergie restera probablement un produit connexe au bois d’œuvre.

11 Les mêmes facteurs d’évolution s’exercent à plus long terme sur la demande de bois d’œuvre, dont la compétitivité relative ne peut que s’accroître sous l’effet de l’augmentation du prix de l’énergie. Le Grenelle de l’environnement vise un objectif de pénétration du bois dans le bâtiment de 15 à 20 % d’ici 2020, nécessitant la mobilisation de 9 millions de m3/an supplémentaires. La région Rhône-Alpes apparaît comme l’une des trois régions où la disponibilité en bois d’œuvre est la plus forte pour la période 2006-2020, et de loin la première pour la disponibilité en bois d’œuvre résineux (Ginisty et al., 2009).

12 Outre la substitution ou l’économie des énergies fossiles, la forêt fournit un autre levier pour l’atténuation de l’effet de serre : sa capacité de capture et de stockage du carbone. C’est même à ce seul titre qu’elle a été prise en compte dans la première période d’application du protocole de Kyoto (Nations Unies, 1998). L’article 3.3 impose aux Etats signataires de comptabiliser l’évolution du stock de carbone forestier due aux variations de leur surface forestière par rapport à l’année de référence 1990. Le résultat de ce calcul entre dans le bilan des émissions des pays, en débit ou en crédit. Pour les états volontaires, comme la France, l’article 3.4 permet en outre de convertir une part forfaitaire de l’accroissement du stock forestier résultant d’actions volontaires de gestion en crédits carbone (3,2 millions de tonnes équivalent CO2/an pour la France). Le carbone stocké en forêt acquiert ainsi indirectement une valeur, qui accroît ou donne une nouvelle dimension à la valeur sociale des forêts. Ces engagements internationaux n’ont cependant pas d’impact significatif sur le comportement des propriétaires, qui ne sont pas rémunérés pour le service qu’ils rendent à la collectivité en stockant du carbone dans leur propriété.

13 Les capacités de stockage de carbone par la forêt sont limitées par la mortalité naturelle. Le Groupe d’experts International sur l’Evolution du Climat (GIEC, ou IPCC en anglais) considère donc que « Sur le long terme, une stratégie de gestion durable des forêts visant à maintenir ou à augmenter le stock de carbone en forêt tout en approvisionnant la filière bois (grume, fibre et énergie) à un niveau de prélèvement durable, génèrera les bénéfices d’atténuation maximum » (Inventaire Forestier National, 2010 ; IPCC, 2007). En ce qui concerne la montagne, une phase transitoire de

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relatif déstockage est probable, voire souhaitable, car les Très-Gros-Bois (diamètre supérieur à 65 cm) sont actuellement assez fortement représentés. Ces arbres peuvent perdre rapidement leur valeur économique (pourriture au pied, blessures, difficultés de sciage des arbres trop gros) et sont sensibles aux attaques parasitaires et aux coups de vent (Gauquelin and Courbaud, 2006). Il peut donc être opportun de les récolter tant qu’ils sont encore vendables dans un contexte d’augmentation possible d’évènements climatiques extrêmes.

14 Le changement climatique s’accompagne d’une aggravation des risques liés à des aléas naturels tels que pluies violentes et crues torrentielles. On peut donc anticiper également une augmentation de la demande sociale pour le service de protection rendu par la forêt. Enfin, le changement climatique augmente les risques de perte de biodiversité dans tous les écosystèmes et devrait renforcer la demande de préservation d’espaces forestiers pour leur service de réservoir de biodiversité.

La prise de conscience des effets potentiels du changement climatique sur la forêt par les acteurs forestiers

15 Les acteurs forestiers montrent des signes contradictoires de prise de conscience des impacts possibles du changement climatique sur la forêt. Le thème des changements climatique est rapidement devenu central pour la recherche forestière. Les manifestations et publications de vulgarisation traitant du changement climatique sont nombreuses (Legay and Mortier, 2006 ; Legay et al., 2007).

16 Au niveau de l’Office National des Forêts, une stratégie nationale d’adaptation de la gestion forestière au changement climatique est définie dans une instruction de cinq pages (Office National des Forêts, 2009) qui fixe de grands principes tels qu’une surveillance active des forêts pour renforcer la réactivité vis-à-vis des risques émergents, une participation active aux programmes de recherche, l’accompagnement des changements d’essences et l’intensification de la sylviculture, et une meilleure gestion des crises sanitaires. Au niveau des aménagements forestiers, elle préconise d’identifier les essences à risques par type de condition écologique et de prévoir leur remplacement progressif par d’autres essences, de veiller à maintenir un capital sur pied modéré pour limiter les risques de pertes, d’intensifier la sylviculture en cohérence avec l’augmentation de croissance observée, de favoriser le mélange des essences, de veiller au tassement des sols qui renforce le stress hydrique, et de maîtriser les populations de cervidés pour ne pas voir disparaître des essences adaptées.

17 Ces orientations doivent être précisées à l’échelle des régions dans les Directives Régionales d’Aménagement pour les forêts domaniales (DRA) et les Schémas Régionaux d’Aménagement pour les forêts des collectivités relevant du régime forestier (SRA). Les DRA/SRA Rhône-Alpes (Office National des Forêts - Direction Territoriale Rhône-Alpes, 2006) préconisent ainsi un changement d’essences dans certains secteurs. L’épicéa aux altitudes inférieures à 1000m et le sapin dans les forêts à caractère méditerranéen sont considérés comme menacés par l’évolution du climat, aggravée par les interactions biotiques (scolyte pour l’épicéa, gui pour le sapin). Dans ces situations, ces essences doivent être limitées au profit de peuplements plus mélangés, en favorisant la dynamique des feuillus et le développement du mélèze, du douglas ou du cèdre, selon les contextes. Une enquête réalisée auprès de 25 acteurs forestiers du Vercors fait

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néanmoins ressortir une inquiétude relativement faible par rapport aux conséquences locales du changement climatique sur la forêt et l’absence de projet d’adaptation à court terme dans ce massif relativement peu touché par la sécheresse de 2003 (Rodron et al., 2010 (in prep)) La multiplicité des enjeux et des contraintes (biodiversité, changement climatique, développement économique), la multiplicité des acteurs et l’ampleur des incertitudes rendent en effet la définition d’une politique d’adaptation particulièrement difficile, au risque de voir se développer un certain attentisme chez les acteurs de terrain.

18 La dynamisation de la sylviculture apparaît aux gestionnaires forestiers comme un élément de réponse rapide aux risques de dépérissement et à l’augmentation des besoins en matière bois mais le recul sur cette stratégie reste encore limité. Elle se traduit par un raccourcissement des durées de rotation, une réduction des diamètres d’exploitabilité et une diminution du capital sur pied, dans le but de limiter les risques de pertes d’exploitation (dépérissement d’arbres âgés ou en limite climatique), de réduire la consommation en eau des peuplements (Breda et al., 2006) tout en augmentant l’offre de bois. Une décapitalisation excessive dans les peuplements riches en gros-bois pourrait néanmoins faire peser des risques sur la durabilité de la récolte, le rôle de protection, et la biodiversité. La diminution des gros-bois, de même que l’exploitation des rémanents et des souches en lien avec le développement de la filière bois énergie pourrait affecter certaines espèces qui dépendent du bois mort pour se nourrir ou se reproduire (Landmann et al., 2009). Concernant les changements volontaires d’essences, les essais de plantations d’espèces de reboisement restent encore marginaux. En raison de nombreux échecs d’introductions dans le passé et d’une image défavorable pour la biodiversité, l’intérêt de reboisements comme adaptation au changement climatique fait débat. Une introduction raisonnée et ciblée aux endroits à forte vulnérabilité pourrait néanmoins constituer à court terme une stratégie possible. L’objectif d’augmentation de la production forestière semble quant à lui fortement relayé malgré les contradictions posées par la récurrence de lots invendus en montagne dès que les difficultés d’exploitations sont importantes.

Adaptation aux changements climatiques et évolution des services rendus par la forêt de montagne

Les risques liés à une sous-adaptation

19 Face aux incertitudes vis-à-vis des effets du changement climatique sur la dynamique des différentes essences forestières et les limites de l’action du forestier, il est possible que les adaptations de la gestion forestière se mettent en place relativement lentement sur le terrain, en particulier dans les forêts peu productives. En termes de production, une telle situation pourrait conduire à une sous-valorisation de la forêt, qui tire peu partie de l’augmentation de la productivité et des surfaces forestières au subalpin. Une sous-exploitation pourrait conduire également au développement de peuplements soit très denses, soit vieillissants, composés dans les deux cas d’arbres moins résistants au vent et aux dépérissements, se traduisant par une augmentation des risques naturels (risque d’incendie lié à la présence d’arbres morts, diminution du rôle de protection de la forêt). La gestion forestière a donc ici un rôle essentiel à jouer pour le maintien des services de production et de protection. Une attitude attentiste par rapport aux

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changements d’essences pourrait conduire à des changements de production si les feuillus se développent au détriment des résineux (diminution du bois d’œuvre et augmentation du bois énergie) et à une perte de productivité des forêts si des essences méridionales, moins productives remplacent les essences de montagne (dépérissement du sapin et de l’épicéa et du pin sylvestre, remontée du chêne pubescent) (Roman- Amat, 2007). Sur le plan du rôle de protection et de la biodiversité, une augmentation des feuillus pourrait être considérée comme positive dans certains cas (meilleure résistance des feuillus aux chutes de rochers, feuillus plus naturels que les plantations de pin noir effectuées dans les Alpes du Sud au début du XXe siècle pour lutter contre l’érosion sur marnes). Néanmoins, une réduction des résineux en montagne conduirait à la perte de paysages et d’écosystèmes typiques aux conséquences importantes pour la diversité animale et végétale associée. La mise en place par les acteurs forestiers d’actions visant à favoriser les essences de montagne, en particulier par des travaux limitant la compétition des essences colonisatrices paraît donc essentielle. Enfin, il paraît indispensable que les services non marchands de la forêt tels que celui de stockage de carbone, de réservoir de biodiversité ou de protection soient mieux reconnus par l’opinion publique pour qu’ils puissent orienter effectivement les adaptations de la gestion forestière au changement climatique.

Les risques liés à une sur-adaptation

20 La situation opposée, d’une sur-adaptation aux changements climatiques serait également dommageable. Une application excessive des stratégies d’intensification pourrait conduire à des coupes à blanc, à de fortes éclaircies entraînant l’exposition au vent d’arbres individuellement peu stables, à une modification du microclimat forestier et, suivant les cas, à un dessèchement de la régénération, une explosion de la myrtille et de la végétation herbacée, ou au développement de fourrés impénétrables de régénération. La récolte augmenterait à court terme mais les différentes fonctions : production, protection et préservation de la biodiversité se dégraderaient à moyen terme. Une telle intensification brutale mènerait probablement à surexploiter les peuplements d’accès facile ; et à construire des réseaux de piste ou des emprises de câble importantes dans des versants exposés aux risques naturels ou à fort impact paysager. Dans l’état actuel des connaissances, la prudence parait également de mise quand aux changements volontaires d’essences par plantation. Ces actions sont coûteuses et leur effet bénéfique n’est pas assuré car les conditions climatiques futures et les régimes de perturbations associés peuvent s’avérer différents des conditions rencontrées actuellement à plus basse altitude. Par ailleurs, des combinaisons de sols et de climats nouvelles sont à anticiper. Des changements artificiels d’essences sur de grandes surfaces auraient un impact négatif sur la biodiversité pour un résultat incertain en termes de production. Des choix d’essences mal adaptés pourraient conduire à des dépérissements de plantations. Dans les cas extrêmes on pourrait assister à des investissements à perte de certains propriétaires, suivis d’un découragement et d’un abandon total.

Gestion adapatative et prise en compte des incertitudes

21 Face à ces écueils, l’enjeu est de réussir à mettre en place des adaptations au changement climatique mesurées, progressives et appropriées au contexte local.

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L’importance de l’observation fine des évolutions en cours à leur échelle est soulignée par les acteurs de terrain comme le préalable indispensable à une adaptation pratique de la gestion (Rodron et al., 2010 (in prep)). On peut espérer un développement des interactions gestion-recherche, inspirées de la notion de gestion adaptative (Cordonnier and Gosselin, 2009). Une telle démarche permet en effet d’organiser les observations, d’une part autour d’un suivi des écosystèmes forestiers plus intensif et mieux quantifié, et d’autre part autour de la mise en place d’actions de gestions à la fois plus contrôlées et plus diversifiées. L’objectif est de structurer les questions, quantifier les observations, partager les connaissances, se mettre d’accord sur les objectifs de gestion et réunir les forces autour de dispositifs de grande ampleur.

22 Enfin, une réflexion plus profonde est à mener sur le développement de stratégies d’adaptation qui prennent en compte les incertitudes liées au changement climatique (Hallegate, 2009). Dans ce contexte, on peut citer les stratégies « sans regret », qui consistent à réaliser des investissements qui améliorent les capacités à faire face au changement climatique mais qui sont bénéfiques même en son absence. C’est le cas par exemple de l’investissement dans la desserte forestière ou le développement de l’exploitation par câble. Les stratégies « réversibles » permettent quant à elles une flexibilité par rapport aux évolutions climatiques. Le développement de peuplements mélangés en est un bon exemple car la présence d’essences secondaires permet une certaine réversibilité des orientations de gestion si le choix d’une essence dominante se révèle à terme mal adapté. Dans le cas de fluctuations du climat ou du marché, les peuplements mélangés répartissent également les risques sur des essences aux caractéristiques écologiques et commerciales différentes qui peuvent être valorisées alternativement. Les stratégies de « réduction de l’horizon de décision » augmentent elles aussi la flexibilité. On peut imaginer dans ce cadre réduire la durée des aménagements forestiers. Les stratégies « non techniques » comme l’assurance financière par rapport aux risques sont également à considérer, en particulier pour les propriétaires privés et les collectivités locales.

Conclusion

23 Le changement climatique fait peser des contraintes fortes sur la forêt de montagne mais il peut également augmenter sa prise en compte par la société dont les attentes vis-à-vis des services rendus par la forêt augmentent. Les acteurs forestiers sont actuellement en pleine réflexion pour mettre en place des stratégies d’adaptation de la gestion forestière au changement climatique, malgré de fortes incertitudes sur les évolutions futures sur la forêt.

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RÉSUMÉS

La forêt de montagne produit de nombreux services écosystémiques qui vont être affectés par les changements climatiques. On attend une remontée des essences en altitude qui pourrait conduire à une diminution des résineux et des espèces du subalpin. Ces changements d’essences pourraient avoir un impact négatif sur la biodiversité et sur la production de bois d’œuvre. On observe cependant également une augmentation de la productivité favorable à la production de bois énergie et au moins temporairement de bois d’œuvre, ainsi qu’au stockage de carbone. Face à une augmentation possible des évènements climatiques extrêmes, les changements de végétation pourront être marqués par des épisodes de dépérissements, très négatifs pour la filière économique, la protection contre les risques naturels et la biodiversité. Le changement climatique affectera la forêt également de manière indirecte en augmentant la demande en énergie renouvelable et en stockage de carbone. Les incertitudes sur les prédictions de changements de végétation sont élevées, ce qui rend délicate la définition de stratégies d’adaptation de la gestion forestière. Une gestion de crises efficace, un accompagnement des évolutions naturelles de la forêt basé sur une interaction recherche-gestion (gestion adaptative), et la prise en compte explicite de la notion d’incertitude paraissent des éléments essentiels au maintien des services écosystémiques fournis par la forêt.

Mountain forests produce a large number of ecosystem services that are going to be affected by climate change. We are expecting an increase in high altitude species that could result in the decrease in resinous and subalpine species. These changes in species could adversely affect biodiversity and timber production. However, we also observe an increase in productivity that favours the production of energy wood and, at least temporarily, timber, as well as carbon storage. Given the possible rise in extreme climatic events, changes in vegetation could be marked by periods of decline, which will be very detrimental to the economic system, protection against natural hazards and biodiversity. Climate change will also have an indirect effect on the forest by increasing the demand for renewable energy and carbon storage. There is a lot of uncertainty about vegetation change predictions and this makes it difficult to define forest management adaptation strategies. Effective crisis management, monitoring of natural transformations of the forest based on the interaction between research and management (adaptive management) and the explicit factoring in of the concept of uncertainty appear to be essential to the maintenance of the ecosystem services provided by the forest.

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INDEX

Mots-clés : biodiversité, gestion forestière, production de bois, protection contre les aléas naturels, stockage de carbone Keywords : biodiversity, carbon storage, forest management, protection against natural hazards, wood production

AUTEURS

BENOÎT COURBAUD Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected]

GEORGES KUNSTLER Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected]

XAVIER MORIN Forest Ecology Group – ETH, Zürich, [email protected]

THOMAS CORDONNIER Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected]

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What is the future of the ecosystem services of the Alpine forest against a backdrop of climate change?

Benoît Courbaud, Georges Kunstler, Xavier Morin and Thomas Cordonnier

EDITOR'S NOTE

Translation: Accent Mondial

1 The French mountain forest provides a large number of ecosystem services (Millennium Ecosystem Assessment, 2005). The mountain forest surface area is very large: about 40% of the surface area of the seven French départements Isère, Savoie, Haute-Savoie, Drôme, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, are covered by forest, compared with the national average of roughly 30%. The first service recognised is wood production: 7.5 million m3/year for these seven departments (National Forest Inventory 1996-2002), comprising more than 60% of conifers. In mountain areas, the forest provides a special service in protecting against human activities, avalanches, rock falls and erosion (Gauquelin and Courbaud, 2006). It is predominant in mountain landscapes and contributes to the cultural identity of these territories and indirectly to other business sectors such as tourism. Mountain forests are relatively unfragmented and are managed less intensively than in the plain. This makes them an interesting reservoir of biodiversity. Carbon storage is also an important service, in relation to the significant surface areas and standing volumes. Lastly, the timber industry accounts for approximately 4.13 jobs for 1000 m3/year of timber harvested.

2 Climate changes are going to transform the mountain forest, first directly through the effect of the climate on vegetation and indirectly through changes in the socio- economic context and the demand for forest services. This article discusses the risks of jeopardising ecosystem services and the appropriateness of mitigation and adaptation strategies that will accompany these changes as best as possible.

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A lot of uncertainty concerning the direct impacts of climate change on mountain forests

The decisive influence of the climate on vegetation

3 The climate is the main causal factor of the regional distribution of tree species in the temperate area (Morin et al., 2007). Local climatic conditions also have a decisive influence on the composition and workings of the mountain forest. This is seen in the layering of vegetation with higher elevations. For example, alpine forests are dominated by hardwood at the colline zone (oaks, beech, maple, limewood, etc.), mixed hardwood and conifers at the mountain level (beech, fir, spruce, etc.), and then mainly with conifers at the subalpine level (fir, mountain pine, Swiss stone pine, larch, etc.). The first factor that explains this layering is the decrease in temperature as the altitude increases (0.6°C per 100 m on the average), even if variations in atmospheric pressure and sun radiation also play a role. Temperature has an impact on growth in particular by determining the length of the vegetation season and growth speed, the fertility of trees, germination of seeds and the mortality of seedlings (frost). The other major climatic variable is the rainfall regime, which affects in particular, differences in vegetation between the external Alps (high rainfall, up to 2000 mm per year in the Haute Savoie department) and internal Alps (low rainfall, often less than 1000 mm/year in the Hautes-Alpes and even 550 mm/year in the Valais region of Switzerland). Humidity and groundwater resources have a huge impact on the growth, regeneration and the survival of trees. For example, there are no beeches in the internal zones of the Alps because there is not enough rainfall whereas larches thrive there because of the low atmospheric humidity (Ozenda, 1985).

4 All general atmospheric circulation models predict that by the turn of the century, there will be major changes in temperature and rainfall, due to the increase in

concentration of atmospheric CO2 According to climatic scenarios, the models predict an increase in temperature from 2.2 to 5.1°C in the Alps (IPCC, 2007). There will be a 20%-30% drop in summer rainfall but a 0-10% increase in winter rainfall). Rainfall type should also change: the lower limit of snow should increase with higher elevations and the duration of snowpack should decrease (IPCC, 2007). Nevertheless, it must be noted that predictions concerning a change in rainfall regime are not considered as reliable by climatologists themselves (IPCC, 2007). Climatic models also predict an increase in the variability of climatic conditions (IPCC, 2007) and the frequency of extreme events: drought and storms, although this is more controversial (Beniston et al., 2007). Such climate changes are bound to affect the composition, structure, and dynamics of the forest populations of the French Alps.

Significant direct impacts on ecosystems that are not easily quantified

5 First of all, the forecasted increase in temperature should result in the shift of the vegetation belts to higher elevations. For example, a 4°C increase would lead to a shift of approximately 700 m). Temperatures in the Alps have already increased by nearly 1°C since 1950 (IPCC, 2007). A shift to higher elevations has already been demonstrated

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for most forest plant species in the French Alps (Lenoir et al., 2008), for mistletoe in Switzerland (Dobbertin et al., 2005), beech in Spain (Penuelas and Boada, 2003) and for seven species of trees in Scandinavia (in particular birch, spruce fir and the Scots pine) (Kullman, 2002). It must however be noted that in the Swiss Alps, the upward shift in the forest treeline seems mainly due to the abandonment of pastures (Gehrig-Fasel et al., 2007). Niche models, which establish a statistical relationship between climatic variables and the presence-absence of species, all predict a shift to higher elevations of the potential area of forest species, resulting in a major reorganisation of communities (Badeau et al., 2004; Bolliger et al., 2000; Piedallu et al., 2009; Thuiller et al., 2005). Given the high variability of local climatic conditions related to relief, these changes should be particularly significant and should lead to a considerable loss of mountain biodiversity (Thuiller et al. 2005).

6 An increase in forest productivity is expected in addition to these changes in specific composition. A sharp increase in tree growth has already been observed in Europe (Spiecker et al., 1996), and studies conducted at low elevations in north-east France show a rise in productivity of beech (Bontemps et al., 2010) and oak (Dhôte and Hervé, 2000), that could be as high as 50% compared with the 1930s and 1940s. These changes

in growth are usually linked to the increase in atmospheric CO2 concentration, although nitrogen deposits and temperature increases could also be a cause (Boisvenue and Running, 2006). The phenological stages of trees (in particular, the appearance of leaves) depend strongly on temperature, and the lengthening of the vegetation period by several days has been observed in recent decades (Root et al., 2003). This increased productivity should continue in the future, at least in the short and medium term {Lindner, 2010 #1701}.

7 The response of forest species is however complex. Changes in species distribution will depend on some limiting factors where there is still very little knowledge. Seedlings react more to climatic changes than adult trees, and therefore, their survival will be decisive for the upward shift (Svensson et al., 2005). The impact of the new climatic conditions on the mortality of adult trees is also not well known, even if high mortality rates as a result of extreme drought events have been reported, for example in the Californian Sierra Nevada (Breshears et al., 2005). Future changes in specific composition and the different responses of species to the new abiotic conditions

(temperature, rainfall, CO2) will certainly change the competition relationship between species. The impact of forest pests may be decisive: increasing damage related to attacks by sub-cortical insects such as bark has been observed in connection with an increase in multivoltinism (ability to produce several generations per year) (Lindner et al., 2010). In general, the response of plants to extreme events (drought and heat waves) is not very well known.

Resilience of mountain forests

8 The diversity and heterogeneity of mountain forests are the main assets that favour their resilience to climate change. Mountain forests are characterised by extreme geomorphological, micro-climatic and soil-type diversity. Because they are difficult to access, these forests are generally under relatively extensive and not very artificial management. Natural regeneration (i.e. without resorting to planting) is prevalent in these forests, even if the mountain land restoration policy required planting over large

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areas at the beginning of the 20th century. This context leads to a diversity of tree species that is in a way an insurance against an uncertain future because it increases the odds of at least some local species being able to tolerate future conditions. The very sharp environmental gradients along the slopes mean that the distances to cover before finding favourable climatic conditions are much more limited than in the plains (Jump et al., 2009). Despite the segmentation linked to the relief, the relatively low fragmentation of the mountain forest (it covers more than 40% of the surface area of the French Alps) ensures connectivity between forest habitats. These two phenomena should have a positive impact on migration processes. The high genetic diversity characteristic of trees should also allow for a relatively fast genetic adaptation (Lindner et al. 2010). Lastly, farm abandonment, in particular the abandonment of pastures, facilitates the upward shift of the treeline in the subalpine belt, by reducing the pressure of herbivores on the seedlings that colonise this zone.

9 In the past, mountain forests have shown strong capacity for resilience after disturbances. Although they were often damaged by storms during the last century, they generally regenerated very quickly. The proximity of seed sources and the presence of many pioneer species boosted this trend. These different elements give the impression that mountain forests should demonstrate high resilience to disturbances stemming from climate change. However, we must point out that there may be synergies between natural disturbances and climate change with complex effects that have never been observed until now (for example, development of forest fires or combination of drought years and storm years and an increase in pests).

Changes in forest service demand and forest management adapted to climate change

Increased demand for all the services provided by the forest

10 Climate change should also have an indirect impact on the mountain forest as well as an indirect impact through the increasing demand for forest services. The total wood harvest in France is estimated at 60 million m3/year (Puech, 2009). The increase in the cost of fossil energy, combined with the resolutions taken to reduce their use, should boost the demand for energy wood in the medium term. One of the objectives proposed during the 2007 Grenelle de l'Environnement roundtable was to increase the proportion of renewable energy in the total national energy consumption to 23% by 2020. This includes the contribution of biomass requiring the mobilisation of 12 million m3/year of additional energy wood (Grenelle de l'environnement - Operational Committee N° 10, 2008; Madignier and Guitton, 2009). This forecast is based on a felling scenario that is closer to the observed increase (at the national level, only 60% of the forest increase is apparently being exploited at the moment), a general increase in forest surface areas and the development of areas dedicated to energy wood production such as very short rotation coppices. The mountain forest is concerned by these objectives because it currently has very large deposits of standing trees. However their exploitation is curbed by the difficulty in access and mechanisation, even if the increase in energy wood prices will change profitability thresholds. Furthermore, the mountain forest is dominated by resinous trees for which energy wood will probably remain a product associated with timber.

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11 The same change factors will apply in the longer term to the demand for timber, the relative competitiveness of which can only increase with the increase in energy prices. The Grenelle de l’Environnement roundtable is aiming at a 15% to 20% penetration of wood in construction materials by 2020, requiring the mobilisation of an additional 9 million m3/year of wood. The Rhône-Alpes region appears as one of the three regions with the highest timber availability for the period between 2006 and 2020. It is also by far, the region with the highest availability in resinous timber (Ginisty et al., 2009).

12 Aside from replacing or saving on fossil energy, the forest has another lever for reducing the greenhouse effect: its ability to capture and store carbon. It is in this connection that it was taken into account in the first commitment period of the Kyoto protocol (United Nations, 1998). Article 3.3 of the protocol imposes on signatory states to measure changes in the forest carbon stock resulting from changes in their forest surface since the baseline year, 1990. The result of this calculation is used to determine the emission balance of countries whether positive or negative. Article 3.4 allows voluntary states such as France to convert a fixed proportion of the increase in forest stock resulting from voluntary management actions into carbon credits (3.2 million

tonnes of CO2 equivalent/year for France). The carbon stored in forests thus indirectly acquires a value that increases or gives a new dimension to the social value of forests. However, these international commitments do not have a significant impact on the behaviour of owners, who are not paid for the service that they provide to the community by storing carbon on their property.

13 The storage capacities of carbon by the forest are limited by natural mortality. The Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) therefore considers that "In the long term, a sustainable forest management strategy aimed at maintaining or increasing forest carbon stocks, while producing an annual sustained yield of timber, fibre or energy from the forest, will generate the largest sustained mitigation benefit." (National Forest Inventory, 2010; IPCC, 2007). With respect to mountains, a transitory phase of relative reduction in stocks is probable, or even preferable, because very large-diameter wood (diameters higher than 65 cm) are currently largely represented. These trees can rapidly lose their economic value (foot rot, injury, difficulty in sawing very large trees) and are vulnerable to parasite attacks and wind blasts (Gauquelin and Courbaud, 2006). It may therefore be advisable to harvest them while they are still marketable when there is a likelihood of an increase in extreme climatic events.

14 Climate change comes with an increase in risks related to natural vagaries such as violent rains and torrential floods. We can therefore also plan for an increase in the social demand for the protection service provided by the forest. Lastly, climate change increases the risks of a loss in biodiversity in all ecosystems and should reinforce the demand for preservation of forest areas for their service as a biodiversity reservoir.

Awareness of the potential effects of climate change on the forest by forest stakeholders

15 Forest stakeholders show contradictory signs of awareness of the possible impacts of climate change on the forest. The theme of climate change has rapidly become a central focus of forest research. There are many events and vulgarisation publications that deal with climate change (Legay and Mortier, 2006; Legay et al., 2007).

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16 The French Forestry Bureau (ONF) has defined a national strategy for adapting forest management to climate change in a five-page document (Office National des Forêts, 2009) that sets out the main principles such as the active surveillance of forests to reinforce responsiveness to emerging risks, active participation in research programmes, management of species changes and intensification of forestry, as well as improved management of health crises. With respect to forestry management, it recommends the identification of species at risk by type of ecological condition and their gradual replacement with other species, the maintenance of a moderate standing stock to reduce the risk of loss, the stepping up of forestry in line with the observed growth increase, the mixing of species, attention to soil settlement which increases water stress and the control of cervid populations to prevent the extinction of adapted species.

17 These orientations must be specified at regional level in regional directives for state forest management (Directives Régionales d’Aménagement pour les forêts domaniales - DRA) and regional plans for the management of forests of communities that fall under the forest regime (Schémas Régionaux d’Aménagement pour les forêts des collectivités relevant du régime forestier - SRA). The Rhône-Alpes DRA/SRA (Office National des Forêts - Direction Territoriale Rhône-Alpes, 2006) for example, recommends a change of objective species in certain sectors. Spruce firs at elevations under 1000 m and firs in Mediterranean forests are considered to be threatened by climate change, aggravated by biotic interactions such as bark beetles for spruce and mistletoe for firs. In such situations, these species must be limited in favour of more heterogeneous stands, by promoting the dynamics of hardwood and the development of larch, Douglas fir or cedar, depending on the context. A survey conducted with 25 forest operators in the Vercors region however reveals relatively little concern about the local consequences of climate change on the forest and the absence of a short-term adaptation project in this massif that was relatively spared by the 2003 drought (Rodron et al., 2010 (in prep)) The large number of stakes and constraints (biodiversity, climate change, economic development), the various operators and the extent of uncertainties make it particularly difficult to define an adaptation policy, which risks creating a wait-and-see attitude among field operators.

18 For forest managers, the improvement in forestry efficiency seems to be an element of quick response to risks of decline and the increase in wood needs. However, there is still not enough feedback on this strategy. The strategy involves the cutting down of rotation periods, a reduction of logging diameters and the reduction of standing trees, in order to mitigate the risks of operating losses (decline of old trees or trees at the climatic border), the reduction in the water consumption of trees (Breda et al., 2006) all the while increasing the wood offering. However, cutting down too many large- diameter trees could jeopardise the sustainability of harvests, the protective role and biodiversity. The reduction in large-diameter trees, as well as the exploitation of logging residues and stumps in relation with the development of the energy wood sector could be detrimental to certain species that depend on deadwood for nourishment or reproduction (Landmann et al., 2009). With respect to voluntary changes in species, attempts to plant reforestation species are still marginal. Because of the many failures of introductions in the past and the negative image for biodiversity, the interest of reforestation as an adaptation to climate change is subject to debate. Controlled and targeted introduction in highly vulnerable areas could however be a

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possible strategy in the short-term. The objective of increasing forest production seems to be strongly reflected despite the contradictions raised by the recurrence of unsold lots in mountain areas when logging conditions are very difficult.

Adaptation to climate change and development of services provided by the mountain forest

Risks related to under-adaptation

19 Faced with the uncertainty about the effects of climate change on the dynamics of the various forest tree species and the limitations of the action of forest operators, it is possible that forest management adaptations be set up relatively slowly on the field, in particular in forests that are not very productive. In terms of production, such a situation could result in the under-valuation of the forest, which does not take full advantage of the increase in productivity and subalpine forest areas surfaces. Insufficient logging could also lead to the development of stands that are either very dense or ageing, made up, in both cases of trees that are less resistant to wind and decline, which increases natural hazards (risk of fire related to the presence of deadwood, diminished protective role of the forest). Forest management therefore has an essential role to play here in maintaining production and protection services. A wait-and-see attitude concerning changes in tree species could lead to changes in production if there is an increase in hardwood to the detriment of resinous species (decrease in timber and increase in energy wood). There could also be a loss in forest productivity if southern types of tree species, which are less productive, replace mountain species (decline of fir, spruce and Scots pine, growth of pubescent oaks) (Roman-Amat, 2007). With respect to the protective role of forests and biodiversity, an increase in hardwood could be considered as positive in some cases (improved resistance of hardwood to rock falls, hardwood more natural than the black spruce plantations that were established in the Southern Alps at the beginning of the 20th century to fight erosion on marls). Nevertheless, a decrease in resinous species in mountain forests could result in the loss of the characteristic landscapes and ecosystems with a huge impact on the related animal and plant diversity. It therefore appears essential that forest operators implement actions to favour mountain species, in particular work to limit competition from colonising species. Lastly, it is indispensable that non-commercial forest services such as carbon storage, the role of reservoir of biodiversity or protection be better recognised by public opinion. This will enable them to effectively orient forest management adaptation to climate change.

Risks related to over-adaptation

20 The opposite situation of over-adaptation to climate change would also be detrimental. Excessively applying intensification strategies could lead to stripping and large clearings that would expose trees that on their own are quite unstable to wind. It would also result in a change in the forest microclimate and, depending on the case, to the drying up of regeneration, an explosion of blueberries and herbaceous vegetation or the development of impenetrable regeneration thickets. Although harvest would be increased in the short term, the various functions (production, protection and

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conservation of biodiversity) would deteriorate in the medium term. A sudden intensification of this kind would probably lead to the over-exploitation of stands that are easy to access, and the building of road networks or rights of way for cables in the slopes exposed to natural hazards or with a high landscape impact. As things now stand, caution must also be exercised with respect to the voluntary changes in tree species through plantation. These actions are costly and their benefits are not guaranteed because future climatic conditions and related disturbance regimes could turn out to be different from the conditions currently encountered at lower elevations. Moreover, provision must be made for new soil and climate combinations. Artificial changes in tree species over large areas would have a negative impact on biodiversity with uncertain results in terms of production. Choosing tree species that are not well adapted could result in the decline of plantations. In extreme cases, some landowners would lose their investments which would discourage them and make them totally abandon their project.

Adaptive management and factoring in of uncertainties

21 Given these pitfalls, the challenge is to succeed in setting up adaptations to climate change that are measured, progressive and adapted to the local context. Field operators have stressed the importance of the close observation of ongoing changes at their scale as the prerequisite for the practical adaptation of management (Rodron et al., 2010 (in prep)). We can hope for the development of interactions between management and research, inspired from the concept of adaptive management (Cordonnier and Gosselin, 2009). This approach would make it possible to organise observations, first around a more intensive and better quantified monitoring of forest ecosystems, and then around the setting up of more controlled and more diversified management actions. The purpose is to structure questions, quantify observations, share knowledge, agree on management targets and rally forces around large-scale systems.

22 Lastly, thought must be given to the development of adaptation strategies that take into account the uncertainties related to climate change (Hallegate, 2009). In this context, we can cite the "no regrets" strategies that consist in making investments that improve capacities to cope with climate change but that are beneficial even when absent. This is the case for example of investments in forest servicing or the development of cable logging. "Reversible" strategies enable flexibility in relation to climate change. The development of mixed stands is a good example because the presence of secondary species allows for the reversal of management orientations if a dominant species turns out not well adapted in the long term. In the case of climate or market fluctuations, mixed stands distribute risks evenly on species with different environmental and commercial characteristics that can be valued alternatively. Decision horizon reduction strategies also increase flexibility. In this case, we can imagine a reduction in forest management times. "Non-technical" strategies such as financial insurance for risks must also be considered, in particular for private owners and local communities.

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Conclusion

23 Climate change is stressing mountain forests but at the same time also increases the perception of the forest by society because of increased expectations on the services provided by forests. Forest operators are currently reflecting on how to set up strategies to adapt forest management to climate change, despite the high uncertainty about the future changes to forests.

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THUILLER W., LAVOREL S., ARAUJO M. B., SYKES M. T., PRENTICE I. C., 2005. – “Climate change threats to plant diversity in Europe”. Proceedings of the National Academy of Science, USA 102, pp. 8245-8250.

ABSTRACTS

Mountain forests produce a large number of ecosystem services that are going to be affected by climate change. We are expecting an increase in high altitude species that could result in the decrease in resinous and subalpine species. These changes in species could adversely affect biodiversity and timber production. However, we also observe an increase in productivity that favours the production of energy wood and, at least temporarily, timber, as well as carbon storage. Given the possible rise in extreme climatic events, changes in vegetation could be marked by periods of decline, which will be very detrimental to the economic system, protection against natural hazards and biodiversity. Climate change will also have an indirect effect on the forest by increasing the demand for renewable energy and carbon storage. There is a lot of uncertainty about vegetation change predictions and this makes it difficult to define forest management adaptation strategies. Effective crisis management, monitoring of natural transformations of the forest based on the interaction between research and management (adaptive management) and the explicit factoring in of the concept of uncertainty appear to be essential to the maintenance of the ecosystem services provided by the forest.

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La forêt de montagne produit de nombreux services écosystémiques qui vont être affectés par les changements climatiques. On attend une remontée des essences en altitude qui pourrait conduire à une diminution des résineux et des espèces du subalpin. Ces changements d’essences pourraient avoir un impact négatif sur la biodiversité et sur la production de bois d’œuvre. On observe cependant également une augmentation de la productivité favorable à la production de bois énergie et au moins temporairement de bois d’œuvre, ainsi qu’au stockage de carbone. Face à une augmentation possible des évènements climatiques extrêmes, les changements de végétation pourront être marqués par des épisodes de dépérissements, très négatifs pour la filière économique, la protection contre les risques naturels et la biodiversité. Le changement climatique affectera la forêt également de manière indirecte en augmentant la demande en énergie renouvelable et en stockage de carbone. Les incertitudes sur les prédictions de changements de végétation sont élevées, ce qui rend délicate la définition de stratégies d’adaptation de la gestion forestière. Une gestion de crises efficace, un accompagnement des évolutions naturelles de la forêt basé sur une interaction recherche-gestion (gestion adaptative), et la prise en compte explicite de la notion d’incertitude paraissent des éléments essentiels au maintien des services écosystémiques fournis par la forêt.

INDEX

Mots-clés: biodiversité, gestion forestière, production de bois, protection contre les aléas naturels, stockage de carbone Keywords: biodiversity, carbon storage, forest management, protection against natural hazards, wood production

AUTHORS

BENOÎT COURBAUD Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected]

GEORGES KUNSTLER Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected];

XAVIER MORIN Forest Ecology Group – ETH Zürich, [email protected]

THOMAS CORDONNIER Cemagref – UR Ecosystèmes Montagnards, [email protected]

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Changement climatique et développement des territoires de montagne : quelles connaissances pour quelles pistes d’action ?

Didier Richard, Emmanuelle George-Marcelpoil et Vincent Boudières

Le changement climatique est une réalité aujourd’hui au niveau international (IPCC, GIEC, 2007) comme à des niveaux territoriaux infra. Les territoires de montagne, eu égard à leurs caractéristiques et à leurs fragilités, sont des laboratoires pertinents de lecture du changement climatique et de ses conséquences. Les connaissances relatives au changement climatique s’affinent continument et la réalité d’évolutions climatiques s’impose avec de plus en plus d’évidence. C’est particulièrement le cas pour l’accélération de l’augmentation des températures moyennes depuis une vingtaine d’années. Les évolutions d’autres variables climatiques ne sont toutefois pas observées avec autant de clarté. C’est le cas des précipitations dont on peine à conclure si elles augmentent, restent stables ou diminuent, compte-tenu notamment de leur grande variabilité. Une grande prudence s’impose donc dans l’interprétation. Les connaissances actuelles sur les évolutions climatiques à venir souffrent d’une autre faiblesse. Les modélisations prospectives de l’évolution du climat, mises en œuvre dans le GIEC1, reposent sur des échelles « régionales » au sens planétaire, c'est-à-dire d’une résolution de l’ordre de quelques centaines de kilomètres carrés. Ces modélisations sont donc incapables à l’heure actuelle de rendre compte des variabilités connues à l’échelle de massifs montagneux comme les Alpes, en conséquence de phénomènes locaux liés à la topographie, à des effets de vallées, à des expositions contrastées, aux altitudes diverses. L’incertitude est donc forte, d’abord sur les changements climatiques eux-mêmes, et plus encore sur leurs conséquences en matière de risques naturels, que ce soit en termes de fréquence ou d’intensité des phénomènes pour ne parler que de l’aléa. De plus, en matière de risques naturels, les manifestations extrêmes des phénomènes sont à prendre en compte, plus que les moyennes sur lesquelles portent actuellement

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davantage et très logiquement les analyses relatives aux évolutions climatiques. Aussi, une première partie explorera l’évolution des différents risques face au changement climatique. Cette qualification de la dynamique des risques en appelle toutefois plus largement aux stratégies des acteurs, de manière à qualifier la manière dont les acteurs, tant économiques que politiques, eu égard à leur niveau de perception du changement climatique, y font face. La deuxième partie reviendra donc sur les stratégies d’adaptation. Cependant, ce constat nous paraît à prolonger par une lecture des territoires montagnards en termes de vulnérabilité, tant leurs évolutions socioéconomiques croisent les dynamiques des risques naturels ; nous explorerons cette perspective dans une dernière partie. Sur le plan méthodologique, les analyses avancées dans cet article reposent sur une participation des auteurs à différents travaux relatifs au changement climatique : un programme Interreg Climchalp2, une participation à une étude exploratoire sur le changement climatique dans le massif des Alpes à la demande du commissariat de massif (DATAR, 2008) et des veilles sur les stratégies et les initiatives locales menées dans les Alpes françaises ou dans d’autres territoires montagnards.

Une montagne plus dangereuse ?

C’est bien sûr la question dont on aimerait connaître la réponse : les risques naturels avec lesquels les sociétés de montagne doivent composer, vont-ils être plus importants ou non ? Répondre à cette interrogation n’est pas simple tant les impacts du changement climatique sur les phénomènes générateurs de risques naturels en montagne sont au moins aussi incertains qu’ailleurs, sinon plus. De plus, il convient d'apprécier en quoi le changement climatique va pouvoir perturber l'usage des territoires de montagne et les activités qui y sont liées, ainsi que les conséquences de cette évolution sur la gestion des risques. Concernant l’évolution des phénomènes, seule la hausse tendancielle des températures moyennes paraît claire aujourd’hui. Mais peu de phénomènes générateurs de risques naturels en montagne sont déterminés uniquement par la température. Les précipitations par exemple constituent souvent un facteur prédominant dans la génération de phénomènes extrêmes. Or les scénarios d’évolution des précipitations restent à ce jour, bien incertains. La base de connaissances « Alpes-Climat-Risques » élaborée par le Pôle Alpin des Risques Naturels dans le cadre du projet Interreg IIIB Espace Alpin ClimChAlp (2006-2008) en partenariat avec l'ONERC et la Région Rhône- Alpes, propose un état des connaissances disponibles dans la littérature sur l'évolution des phénomènes naturels générateurs de dangers dans l’Arc Alpin sous l’influence du changement climatique, et sur les impacts pour la gestion des risques naturels (Loglisci et al., 2008 ; Prudent et al., 2008). A partir des synthèses proposées par cette base, les types de phénomènes naturels générateurs de risques sont passés en revue, en commençant par ceux qui paraissent le plus directement influencés par la température.

Les phénomènes d’origine glaciaire

Même pour les phénomènes d’origine glaciaire a priori parmi les mieux déterminés par la température, cette dernière n’est pas seule en jeu. L’accumulation hivernale, le rayonnement, entre autres, interviennent dans les bilans de masse et la dynamique des

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glaciers. Cependant, nombre de glaciers vont continuer à réduire fortement, jusqu’à disparaître pour certains (North et al., 2007). Les systèmes glaciaires dont la zone d’accumulation se situe en altitude seront moins affectés, a fortiori si l’hypothèse d’une augmentation des précipitations hivernales se confirme, puisqu’en altitude, au-dessus de 2 500 m environ, les précipitations hivernales continueront à se produire sous forme de neige (Durand et al., 2009). Les risques à redouter en conséquence de la fonte accélérée des systèmes glaciaires sont de plusieurs types. Une base de données européenne d’événements d’origine glaciaire a été constituée dans le cadre du projet Glaciorisk3 (Richard, Gay, 2004). Certains de ces phénomènes résultent de l’écoulement plus ou moins brutal d’eau sous forme liquide, momentanément stockée au niveau de l’appareil glaciaire : rupture ou vidange brutales de lacs glaciaires, vidange de poches d’eau intraglaciaires. D’autres phénomènes résultent du mouvement gravitaire de masses d’eau sous forme solide (glace) qui se détachent du glacier : chutes de séracs ou ruptures du glacier dues à des changements rapides de la longueur du glacier ou à l’évolution des glaciers « froids » (où la glace adhère au bedrock) en glaciers « tempérés », pour lesquels cette adhérence n’est plus assurée, la température à la base du glacier permettant alors des écoulements sous-glaciaires (Vincent et al., 2007). Les conséquences de ces deux types de phénomènes sont de nature sensiblement différente. Les vidanges de lacs glaciaires ou de poches d’eau sont susceptibles de produire, en fonction des volumes mis en jeu et de la brutalité de la vidange, des crues à l’aval du glacier. Ces crues peuvent avoir un caractère torrentiel marqué, avec des transports de sédiments à des concentrations importantes par charriage, voire laves torrentielles si les stocks de sédiments mobilisables sont importants. Dans le cas des lacs glaciaires, de telles vidanges peuvent être dues à l’ouverture d’une brèche du barrage naturel qui ferme le lac ou à la rupture de ce barrage constitué de glace et/ou de matériaux morainiques. Elles peuvent également être consécutives à la chute brutale dans le plan d’eau d’un volume important de glace (vêlage), de rochers (éboulement), de sol (glissement de terrain), ou de neige (avalanche), générant une surverse du barrage naturel si le « run-up » est suffisant. Les chutes de glace peuvent générer des dégâts directs dans les zones aval : destruction de chalets, infrastructures, peuplements forestiers, randonneurs… Elles peuvent également avoir des conséquences indirectes, telles que le déclenchement d’avalanches ou la formation d’écoulements torrentiels si la masse de glace vient à faire barrage temporairement à un écoulement. S’ajoutent des phénomènes qui pourraient être consécutifs à la fonte du pergélisol, ces sols qui contiennent de la glace susceptible de retourner à l’état liquide sous l’effet du réchauffement. Les conséquences pourraient être des effondrements rocheux ou des mouvements de ces versants où l’eau sous forme liquide ne jouerait plus le rôle de « ciment » qu’elle jouait sous forme de glace (ProClim, 2005). De nouveaux stocks sédimentaires deviendraient ainsi mobilisables par les écoulements torrentiels ou d’autres processus érosifs dans les bassins versants concernés. La rareté de ces évènements interdit évidemment toute généralisation mais on peut néanmoins craindre une certaine multiplication de ces manifestations d’origine glaciaire sous l’effet d’une augmentation des températures moyennes.

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Les avalanches

Après la glace, ce sont sans doute les phénomènes relatifs à la neige qui devraient être les plus directement influencés par l’augmentation des températures et la réduction du nombre de jours de gel. Une réduction progressive de l’enneigement aux altitudes moyennes (nombre de jours de neige au sol et cumuls de neige) est observée (Durand et al., 2009). Les mesures réalisées par MétéoFrance au Col de Porte au-dessus de Grenoble en donnent une image précise, qui ne concerne hélas que ce site, particulièrement bien instrumenté et suivi (Etchevers et Martin, 2002). Cependant, les mesures disent que les précipitations globales, sous forme de neige ou de pluie, ne montrent pas de réduction, ce qui semble cohérent avec l’hypothèse d’augmentation probable des précipitations hivernales. Nombre de couloirs d’avalanches ont leurs zones de départ à des altitudes où les précipitations hivernales continueront à se produire sous forme de neige. On connaîtra peut-être également des redoux hivernaux plus fréquents et plus marqués qu’actuellement. La hausse moyenne des températures pourrait également se traduire par des natures de neige différentes (froide, sèche, humide, lourde) et peut-être plus variées spatialement et dans le temps qu’aujourd’hui (Baggi et al., 2009). Quel effet les diverses combinaisons possibles de ces modifications potentielles auront-elles sur la nature des avalanches affectant les enjeux menacés ? Faut-il s’attendre à des fréquences, des distances d’arrêt, des volumes mobilisés, des pressions développées, plus importantes ? Des études récentes et encore provisoires semblent ne révéler aucune tendance détectable pour ce qui concerne le nombre d’avalanches, mais une légère tendance au raccourcissement des distances d’arrêt depuis les années 1980 (Eckert et al., 2010). Mais il s’agit encore une fois de tendances moyennes, qui ne permettent pas d’évacuer l’éventualité d’évènements extrêmes dépassant les plus forts connus à ce jour. Les crues avalancheuses de l’hiver 2008-2009 l’ont parfaitement illustré.

Les crues des rivières et des torrents

Il faudrait en toute rigueur distinguer les crues essentiellement liquides des rivières alpines de fonds de vallées à pente modérée, des crues des torrents où la pente permet la mobilisation de quantités de sédiments qui peuvent devenir prépondérantes dans la composition globale de l’écoulement. Les deux composantes, liquide et sédimentaire, des crues de ces cours d’eau de montagne sont ici examinées. La formation du ruissellement et des débits liquides renvoie à de nombreuses interactions et relais de processus multiples. Les réponses d’un cours d’eau à deux épisodes pluvieux rigoureusement identiques peuvent ainsi être totalement différentes si les conditions initiales diffèrent : couverture neigeuse, état de saturation initiale des sols, état de la couverture végétale, états de surface des versants, …. Les facteurs anthropiques, occupation du sol notamment, ne sont pas les moindres des facteurs qui influencent la réponse d’un cours d’eau à un « forçage » climatique. Ainsi, l’absence d’évolutions significatives des volumes de crue sur les rivières françaises (et encore moins qui puissent être clairement imputées au changement climatique) n’est pas surprenante. Les rivières à régimes nivo-glaciaires semblent manifester des évolutions plus sensibles de leurs régimes saisonniers (Lang et Renard, 2007).

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Concernant les débits solides dans les cours d’eau à forte pente, on distingue classiquement deux modes principaux de transport. Le transport solide par charriage est déterminé par les stocks de sédiments mobilisables dans les bassins versants, mais également par les valeurs des débits liquides de crues auxquels correspond une « capacité maximale de transport ». Cette relation déterministe n’existe pas pour les écoulements de laves torrentielles, beaucoup plus concentrés en sédiments puisque ceux-ci peuvent représenter plus des trois quarts du volume de ces mélanges. Le volume des laves torrentielles est bien plus déterminé par les volumes de sédiments mobilisés en masse dans les bassins versants à l’occasion de précipitations abondantes et intenses. Même si aucune tendance ni évolution n’est aujourd’hui détectable, il ne paraît pas déraisonnable d’imaginer que les volumes mobilisables par les laves torrentielles, et de façon secondaire par les crues avec charriage torrentiel, seront accrus en raison de la fonte du pergélisol là où il est présent, ou du recul des glaciers qui dans certains cas pourraient remettre des matériaux morainiques à la disposition des torrents (Béniston et Stephenson, 2004).

Les mouvements de versants

Il y a une grande diversité de mouvements de versants, glissements de terrain de différentes formes, chutes de pierres, de blocs, écroulements en masse, etc… Cette caractéristique limite significativement la constitution de bases de données exploitables pour détecter des évolutions de ces phénomènes très diversifiés. Ils sont eux aussi régis par divers processus d’altération et dégradation, susceptibles d’être plus ou moins directement influencés par des changements climatiques. Une augmentation des précipitations, par exemple associée à une fusion nivale plus précoce, aurait sans doute pour effet de favoriser les glissements de terrain. Par ailleurs, une évolution de la végétation des versants sensibles aux glissements pourrait avoir un effet de stabilisation (Meusburger et Alewell, 2008). Mais si l’évolution des précipitations s’accompagne d’une augmentation du risque d’incendie (Zumbrunnen et al., 2009), les conséquences pourraient être tout à fait inverses. En revanche, une augmentation, dans les zones concernées, des occurrences de mouvements de versants sous l’effet de l’augmentation probable de la fonte du pergélisol, des alternances gel-dégel, des périodes de sécheresse et de canicules estivales, est prévisible.

Quelles réponses ?

Ce contexte place indiscutablement les acteurs de la prévention des risques naturels en montagne face à une obligation de prise de décision et d’action en situation d’incertitude. Différents scénarios peuvent être élaborés en fonction du niveau de connaissances. Des contradictions entre scénarios peuvent émerger, en raison des incertitudes qui les accompagnent. Bien sûr la poursuite des recherches amoindrira progressivement les incertitudes, sans toutefois les faire disparaître. Aussi, un des premiers impacts du changement climatique, dans la plupart des domaines parmi lesquels celui de la gestion des risques naturels, est d’imposer la prise de décisions dans un contexte d’incertitude. Ces décisions concernent autant l’adaptation que l’atténuation. Mais les effets bénéfiques à

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attendre sont certainement plus globaux pour les mesures d’atténuation, et plus locaux ou régionaux pour les mesures d’adaptation, donc plus pertinents en regard de préoccupations de développement des territoires de montagne, aux plans économique et touristique notamment.

Adapter la prévention des risques naturels

En matière de prévention des risques naturels, une politique de prévention adaptée ne pourra être construite, en tout cas à court et même moyen termes, sur la base d’hypothèses solides des effets du changement climatique sur les phénomènes en jeu. C’est davantage sur les méthodes de prévention elles-mêmes qu’il faut s’interroger, sur l’efficacité des politiques publiques et instruments de l’action publique pour la prévention des risques. Les dispositifs mobilisés actuellement en France visent principalement trois registres complémentaires que sont l’information préventive, la réglementation de l’utilisation du sol (avec le Plan de Prévention des Risques Naturels prévisibles) et l’organisation des mesures de sauvegarde en cas d’occurrence d’un événement naturel dommageable (avec le Plan Communal de Sauvegarde). L’adaptation au changement climatique dans ce domaine suggère de s’interroger sur la robustesse de ces dispositifs à des évolutions diverses et mal connues des phénomènes potentiellement dangereux. Des adaptations et améliorations des outils eux-mêmes, de leur mise en œuvre, de leur articulation, devraient pouvoir émerger de cet examen. La question de l’évolution des hypothèses de définition de l’évènement retenu comme référence pour les choix de zonage ou d’aménagement se posera inévitablement. L’adaptation suppose cependant qu’on sache à quoi il faut s’adapter. Si les prévisions futures sont impossibles, au moins faut-il savoir quelles sont les évolutions déjà avérées. Il y a un réel besoin de constitution de bases de données et d’observatoires sur lesquels les évolutions à venir pourront être suivies sur le long terme, pour d’une part, améliorer la connaissance des différents modes d’expression du changement climatique, et d’autre part fonder les décisions sur des bases aussi solides et objectives que possible. Ces bases de données et observatoires doivent être organisés, mis en réseau, et acquérir une dimension européenne. Des particularismes régionaux apparaitront probablement dans certaines manifestations du changement climatique (il en apparait déjà pour certains paramètres). Il importera, pour que ces différences puissent être validées, de disposer de protocoles d’observations et de traitement de données cohérents, voire identiques. De même, les modèles exploitant ces données pour détecter d’éventuelles tendances imputables au changement climatique devront être confrontés entre eux.

Vers l’adaptation de l’économie de la montagne

Mais une politique d’adaptation à l’échelle d’un territoire ne saurait se limiter à la seule problématique de la prévention des risques naturels. Les stratégies d’adaptation à envisager sont par nature « multi-sectorielles » et la prévention des risques naturels n’en constitue qu’une composante. Le changement climatique, phénomène global, traverse les différentes composantes de l’environnement montagnard : à une lecture centrée sur les risques naturels, et leur prévention, il impose une approche plus globale, intégrant les divers modes d’aménagement des territoires montagnards. En la

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matière, la montagne française, et particulièrement le massif alpin, a été très largement développée grâce au tourisme, notamment celui porté par les stations de sports d’hiver. Au sortir de la seconde guerre mondiale, les stations ont été perçues comme un véritable outil d’aménagement du territoire, destiné à contrecarrer le déclin rural, tant économique que démographique. Aujourd’hui, les stations de sports d’hiver sont considérées comme un levier de développement, synonymes d’emplois, de regain démographique. Aussi, le maintien du tourisme hivernal, à défaut de son embellie, constitue à l’évidence un objectif central pour l’ensemble des acteurs du tourisme. Le récent slogan du Syndicat National des Téléphériques de France4 (2008), chambre syndicale des opérateurs de remontées mécaniques, en est une illustration pertinente : «Le tout ski est peut-être fini, mais sans le ski, tout est fini ! », et témoigne de la prégnance de l’activité ski dans le fonctionnement et la structuration des stations et plus globalement des territoires. On conçoit alors aisément que les principales mesures relatives au tourisme hivernal ont essentiellement mis l’accent sur la sécurisation de l’activité ski. Le développement des installations de neige de culture en est un indicateur pertinent. Selon les données ODIT (2009), le nombre de stations équipées en neige de culture est passé de 10 à 204 sur la période (1980-2009). Surtout la surface globale de domaine skiable enneigé artificiellement est passée pour la saison 1994/95 d’environ 100 hectares à 5 333 hectares pour la saison 2008/09. Malgré cette forte progression, les stations françaises, dans le domaine de la neige de culture, n’atteignent pas encore les niveaux espérés de nos concurrents autrichiens ou italiens. La place de la production de neige de culture dans le fonctionnement des stations est significative de l’intrusion du changement climatique dans l’argumentaire. En effet, la production de neige de culture est antérieure à l’affirmation du changement climatique et de sa réalité en territoires montagnards. En effet, suite aux premiers hivers sans neige des années 1990, prenant conscience de la dépendance de l’activité des stations à l’élément naturel, les stations ont alors engagé leurs premiers programmes de production de neige de culture ; on parlait alors d’enneigement artificiel. Ces installations répondaient à plusieurs objectifs combinés : permettre des dates d’ouverture fixes pour les domaines skiables ; garantir le retour skis aux pieds en cœur de station ; assurer un domaine skiable minimal en cas d’aléas climatiques sévères,… des raisons davantage motivées par l’amélioration de la qualité du produit touristique que par des évolutions climatiques redoutées. Dans ce contexte sont principalement concernées les stations d’altitudes, au vu de leur forte dépendance à l’activité neige, leur imposant un nombre de jours d’ouverture minimal des domaines skiables. Progressivement, la prise en compte du changement climatique et de ses impacts sur la couverture neigeuse a conduit à une diffusion des programmes d’installations de production de neige de culture. Ce sont notamment les stations localisées en moyenne montagne, a priori plus sensibles à la diminution du manteau neigeux, qui ont récemment le plus investi dans ce domaine. Cette progression a donné lieu ces dernières années à de fortes controverses autour d’une part, des conditions de production de neige de culture et d’autre part, de la pression exercée sur le milieu naturel. Par l’intermédiaire d’une campagne médiatique, le SNTF réaffirme que la neige de culture est exclusivement composée d’eau et d’air, sans aucune adjonction d’adjuvants. Les débats les plus vifs portent sur la question de la ressource en eau, indispensable pour produire la neige de culture. Ils mettent en avant les enjeux de

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conciliation des usages, entre eau potable et eau dédiée à la neige de culture en période d’étiage ; ils questionnent également la pression sur la ressource en eau (Paccard, 2010) pour certains sites déjà touchés par des périodes plus ou moins longues de pénurie. Enfin, progressivement, la controverse s’est déplacée vers les besoins en énergie, notamment électrique, pour la production de neige de culture. Le changement climatique a pu expliquer l’émergence de nouvelles prestations touristiques. Ainsi, certains sites ont développé une offre intégrant les mauvaises conditions d’enneigement, avec des remboursements possibles de forfaits auprès du client. Dans le même esprit, il est légitime de penser que le changement climatique risque de renforcer le recours au système Nivalliance mis en place par les opérateurs de remontées mécaniques au début des années 2000. Le maître-mot dans ce dispositif est solidarité, avec un principe simple rappelé par le SNTF : « chaque année, en début de saison, tous les opérateurs paient une prime d’assurance, basée sur leur chiffre d’affaires. En fin de saison, si le chiffre d’affaires de la saison est nettement en retrait par rapport à la moyenne de ses trois derniers chiffres d’affaires, l’exploitant est dédommagé d’une fraction de son sinistre »5. Ces démarches, qu’elles soient localisées ou plus sectorielles, interpellent plus largement la viabilité de l’ensemble des stations dans le contexte de changement climatique, en termes de rentabilité économique, d’évolution de clientèle, d’exigence de renouvellement de leur parc d’infrastructures touristiques,… Tous les sites peuvent- ils développer de la neige de culture sans risques économiques ? Quelles prestations touristiques sont à concevoir pour assurer le niveau de clientèle voire le développer ? Autant de questions qui mettent en exergue le besoin de prospective touristique et qui interpellent les politiques publiques. Ces dernières ont pu imposer de nouveaux critères dans les procédures. C’est notamment le cas de la prise en compte des conditions d’enneigement et de leurs évolutions dans l’argumentaire des dossiers d’Unités Touristiques Nouvelles, depuis le décret de 2006. De manière plus globale, l’action publique, portée par les départements et les régions, a dû intégrer les facteurs du contexte global (notamment changement climatique), dans lequel les stations évoluent. Là encore, les stations de moyennes montagnes sont directement concernées par ces politiques publiques, conçues et mises en œuvre aux différents échelons départementaux, régionaux et d’Etat. A titre d’exemple, depuis maintenant plusieurs contrats de plan, la région Rhône-Alpes a développé des dispositifs d’accompagnement des stations de moyenne montagne. Dans ce cadre, les différents dispositifs ont progressivement intégré les aléas climatiques (contrats de stations moyennes sur la période 2000-2006) et aujourd’hui, les contrats de stations durables s’attachent à encourager la diversification des sites. Là encore, les pratiques de diversification apparaissent souvent contingentes du changement climatique dans les discours et les argumentaires (Marcelpoil, François, 2010). Or la diversification a préexisté à la mise en évidence des dérèglements du climat et de la recherche des causes. La diversification touristique traverse l’ensemble des stations et questionne le modèle économique des stations ainsi que les options économiques prises par les territoires supports et leur orientation, plus ou moins focalisée sur le tourisme.

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La lecture des territoires de montagne par la vulnérabilité

Les développements précédents ont souligné combien les territoires montagnards, dans des registres variés, sont pleinement concernés par le changement climatique. Pour les risques naturels, la question de l’occurrence de catastrophes liées à des événements plus extrêmes qu’aujourd’hui (Décamps et Mathieu, 2005) est en jeu et pour l’économie touristique hivernale, l’effet du changement climatique sur le manteau neigeux est au cœur des préoccupations (Etchevers et Martin, 2002 ; OCDE, 2007). Ces logiques se déclinent à des niveaux territoriaux fins et les acteurs du territoire concerné intégreront nécessairement, voire même « mettront en concurrence » les objectifs et enjeux de la protection contre les risques naturels avec les autres enjeux et objectifs qu’ils considéreront comme stratégiques sur leur territoire. La hiérarchisation des enjeux pourra évidemment varier d’un territoire à l’autre. Une illustration de cette intégration d’enjeux variés peut être donnée par les retenues d’altitude. D’abord conçues, pour grand nombre d’entre elles, à des fins de production de neige de culture, les retenues d’altitude servent clairement des enjeux de sécurisation économiques d’une activité touristique hivernale. Mais ces ouvrages sont aussi exposés aux aléas naturels de montagne (avalanches, chutes de blocs, glissements de terrain, écoulements torrentiels), et potentiellement générateurs de phénomènes dangereux en cas de submersion ou de ruine de l’ouvrage hydraulique de fermeture de ces retenues. La nouvelle réglementation sur la sécurité des ouvrages hydrauliques (décret du 11/12/07 et arrêtés du 20/02/08 et 12/06/08) renforce d’ailleurs la prise en compte de ces risques spécifiques dans la conception et l’instruction de ces projets de retenues, et contribue ainsi à articuler davantage développement de l’activité touristique et prévention des risques. Partant des effets du changement climatique sur les territoires montagnards, nous proposons une lecture en termes de vulnérabilité. Il s’agit de rééquilibrer l’analyse face à une vision exclusivement tournée vers la menace, caractérisée par une forte incertitude, et une vulnérabilité seulement comprise sous l’angle de l’exposition passive que présente le territoire face à la menace d’origine naturelle. La vulnérabilité doit être lue à la fois comme résultante de l’impact, mais aussi et surtout comme élément préexistant du territoire. Ceci permet ainsi de mettre l’accent sur les marges de manœuvre possibles pour les territoires de montagne vis-à-vis des changements climatiques. En géographie, le qualificatif de naturel dans les expressions de catastrophes « naturelles » ou de risques « naturels » est remis en cause. Ainsi, sur un territoire donné, les catastrophes seraient bien moins dues à l’existence de phénomènes naturels, qu’aux conditions d’exposition, de développement des activités humaines sur ce territoire. Le niveau de risque et l’ampleur d’une catastrophe peuvent être également déterminés par la capacité de réponse du territoire avant, pendant et après la catastrophe. Dans les schémas classiques actuels, un événement extrême, de nature climatique ou autre, est un événement rare en ampleur, en fréquence et/ou en durée. Cet événement que l’on peut qualifier de perturbation externe peut conditionner et induire une réponse extrême des attributs du système ou du territoire impacté. Cette lecture distingue la perturbation de la réaction. Néanmoins, elle traduit uniquement une vision descendante, externalisante et active de la menace, caractéristique du paradigme « aléa

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centré » ou « physique » du risque. La réponse à la perturbation est certes identifiée mais elle est cantonnée et très largement fonction des caractéristiques de la perturbation. En somme, c’est la nature de la perturbation qui compte d’abord, comprise comme agression d’un système ou d’un territoire plus ou moins passif. Ce système serait pour sa part plus ou moins résilient, capable de s’adapter aux changements et d’amortir les perturbations, mais aussi de se réorganiser après des crises (Walker et al., 2002). Dans le contexte du changement climatique, une vision complémentaire de celle décrite par une trajectoire "impactante" allant d’une source exogène sur une cible, du milieu sur l’homme, de la nature sur la culture, est possible. Ainsi le « mutuality paradigm » (Oliver Smith, 1999) considérant les liens plus complexes entretenus entre vulnérabilité, perturbation et capacité de réponse, apparaît plus équilibré. Dans cette perspective, la capacité de réponse du territoire pourrait être amoindrie par une mauvaise prise en compte de perturbations potentielles par les acteurs, en charge par exemple de la prospective touristique, ou bien de la gestion des risques naturels. La capacité de réponse pourrait aussi être touchée par l’existence de procédures ou dispositifs trop rigides, inscrits dans une illusoire maitrise des phénomènes perturbateurs ou de leurs effets. Le couple aléa/vulnérabilité, sans doute encore majoritairement compris comme le déterminisme de l’aléa sur la vulnérabilité, peut donner une vision réductrice et segmente les approches. Concevoir la vulnérabilité dans une acception active, interactionnelle et évolutive suppose de reconnaitre que tous les éléments dynamiques qui composent le territoire montagnard ne répondent pas de manière identique à une même perturbation. Le degré de vulnérabilité est avant tout influencé par des facteurs endogènes au territoire, que ceux-ci soient d’ordre anthropique (manque de prospective, rigidité des dispositifs, faible diversification, carence de concertation et de participation, dilution des processus de décision, déresponsabilisation, segmentation de l’action…) ou environnemental (milieux sensibles et/ou fragilisés par des dégradations anthropiques). Comme le propose A. Magnan (2009), il s’agit bien de considérer deux types de vulnérabilité, l’une « intrinsèque » au départ de la perturbation et l’autre « résultante » en tant que résultat de cette perturbation. La lecture de la vulnérabilité doit être évolutive et reconnaître que l’exposition d’un territoire au risque n’est pas constante dans le temps. Cette perspective dynamique de la vulnérabilité constitue un lien important entre l’approche classique de la vulnérabilité et celle prenant en compte les risques graduels inhérents au changement climatique. Elle invite à un suivi du niveau de vulnérabilité plus qu’à des évaluations ponctuelles. Réduire la vulnérabilité des territoires montagnards vis-à-vis des impacts des changements globaux (aggravation éventuelle des phénomènes extrêmes ou rareté de la ressource neige par exemple) suppose un travail de fond sur le fonctionnement même du territoire dans sa relation au milieu, mais aussi aux activités qui s’y développent. Il s’agit bien moins de mettre en œuvre des mesures ponctuelles (développement de la neige de culture, préconisation de revanches de digues de protection, ….) que de faire émerger une conception plus globale sur la mutation des activités touristiques, des pratiques d’aménagement et d’occupation de l’espace, des outils d’aide à la décision et des processus démocratiques qui doivent accompagner les changements climatiques comme sociétaux. Si la lecture du passé doit faciliter

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l’exercice de projection, l’innovation et l’intégration des enjeux sur les territoires semblent plus que nécessaires afin de réduire les vulnérabilités intrinsèques, comme résultantes. Un des enjeux de recherche vise à mieux mettre en relation organisation des connaissances scientifiques et processus de prise de décision (Sarewitz et Pielke, 2001) et ce dans un exercice de rééquilibrage des contributions respectives aux approches sur les risques, des différentes disciplines scientifiques par définition pluridisciplinaires.

Conclusion

Les territoires de montagne sont indiscutablement des laboratoires pertinents de l’observation du changement climatique et de ses effets. Ils constituent également des exemples pour le suivi et l’évaluation des stratégies et des pratiques des acteurs privés comme publics, au quotidien. L’enjeu pour le devenir de ces territoires de montagne peut passer par plusieurs conclusions en forme de recommandations. La première porte sur la nécessité de poursuivre l’acquisition de connaissances solides sur le changement climatique et son ampleur. Ceci repose à la fois sur la mise en place de dispositifs opérationnels, tels que le déploiement de réseaux d’observation des variables hydro-météorologiques en montagne mais également sur la mutualisation des compétences techniques et scientifiques, allant de pair avec une mutualisation financière pour élaborer et gérer ces systèmes d’observation partagés et pérennes. La seconde décline la notion de suivi du changement climatique à une échelle territoriale infra, avec la pertinence d’approches territorialisées d’expérimentations. La focalisation sur un territoire circonscrit permettrait d’identifier et de qualifier les effets du changement climatique, en appréhendant d’une part, les interrelations entre secteurs d’activités économiques présents sur le territoire et d’autre part, les interactions entre économie et phénomènes naturels. Une telle démarche, certes lourde sur le plan méthodologique, contribuerait à nourrir les stratégies d’adaptation des acteurs, en appréciant territorialement les impacts et non en se contentant de lire les impacts thème par thème, secteur par secteur, en délaissant l’intégration des modes d’aménagement du dit territoire et in fine, de ses vulnérabilités territoriales. Enfin, en termes d’action publique, ces expérimentations contribueraient à rapprocher les univers des sciences de l’ingénieur et des sciences sociales et humaines, à impliquer dans la décision et les mesures d’adaptation, les systèmes d’acteurs. Plus largement, le changement climatique impose de questionner la prise de décisions, les acteurs, les indicateurs, les outils et dispositifs mobilisés. A titre d’exemple, si aujourd’hui, le changement climatique n’a a priori pas d’effets sur les modalités de mise en œuvre des PIDA (Plan d’Intervention pour le Déclenchement des Avalanches) sur les domaines skiables, on peut toutefois penser à l’élaboration d’indicateurs rendant compte de l’évolution de l’action publique vis-à-vis du changement climatique dans ce registre. L’enjeu serait de voir comment les acteurs infléchissent, modifient, adaptent ce dispositif, en fonction de leur perception du changement climatique. Dans le même esprit, l’adaptation suppose aussi que soient privilégiées des décisions elles-mêmes adaptables, éventuellement « réversibles », quelquefois qualifiées également de « sans regret ». Il sera nécessaire pour cela de travailler à améliorer leur traçabilité.

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NOTES

1. GIEC, Groupe Intergouvernemental des Experts du Climat. 2. ClimChAlp, Programme Interreg,3B Espace alpin, Climate Change, Impacts and adaptation strategies in the Alpine Space 2006-2008. 3. http://www.nimbus.it/glaciorisk/gridabasemainmenu.asp 4. Devenu « Domaines skiables de France » en 2010. 5. Consultable sur le site du SNTF : http://www/sntf.org

RÉSUMÉS

Le changement climatique est aujourd’hui une réalité au niveau international comme à celui des territoires locaux. Les travaux récents mettent préférentiellement l’accent sur l’analyse des conséquences du changement climatique. Cet article se propose de questionner et de qualifier l’impact du changement climatique dans les territoires montagnards des Alpes. Un premier axe de réflexion concerne l’évolution de la dangerosité de la montagne. Une montagne plus dangereuse se profile-t-elle ? Selon quels types de risques et avec quelles intensités ? Cependant, l’approche des risques naturels et de leur dynamique face au changement climatique ne saurait occulter le type d’activités économiques et les modes d’aménagements déjà existants de ces territoires. En ce domaine, l’économie touristique est prédominante en montagne. Sa pérennité comme sa vitalité constituent à l’évidence une priorité pour les acteurs territoriaux. Ces derniers ont mis en place des stratégies d’adaptation face au changement climatique. Pour mettre en place des approches intégrées face au changement climatique, les relations croisées entre risques naturels et modes d’aménagement des territoires montagnards appellent à encourager des lectures en termes de vulnérabilité territoriale.

Climate change is today a reality at both the international and more local levels. Recent studies have focussed mainly on analysing the consequences of climate change. The present article seeks to examine and qualify the impact of climate change in the mountain areas of the Alps. A first line of enquiry concerns the changing level of danger in the mountain environment. Are mountain areas becoming more dangerous and, if so, in terms of what types of risks and to what degree? However, adopting an approach based on an analysis of natural hazards and their dynamics in response to climate change cannot ignore the economic activities and types of development that already exist in these areas. In this respect, the tourism economy is

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predominant in mountain regions. Its durability and vitality undoubtedly constitute a priority for local actors. It is not surprising therefore that the latter have set up strategies for adapting to climate change. For planners and decision-makers to ensure integrated approaches in dealing with climate change, it is important that the complex links between natural risks and the types of development in mountain areas are better understood, which calls for a more detailed analysis of the environment in terms of territorial vulnerability.

INDEX

Mots-clés : Alpes, Changement climatique, risques naturels, tourisme hivernal, vulnérabilité territoriale Keywords : Alps, Climate change, natural hazards, territorial vulnerability, winter tourism

AUTEURS

DIDIER RICHARD Cemagref Grenoble, Unité Erosion Torrentielle Neige et Avalanches, [email protected]

EMMANUELLE GEORGE-MARCELPOIL Cemagref Grenoble, Unité Développement des Territoires Montagnards, emmanuelle.george- [email protected]

VINCENT BOUDIÈRES Pôle Alpin d’étude et de recherche pour la prévention des Risques Naturels

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Climate change and the development of mountain areas: what do we need to know and for what types of action?

Didier Richard, Emmanuelle George-Marcelpoil and Vincent Boudières

EDITOR'S NOTE

Translation: Brian Keogh

1 Climate change is today a reality at the international level (IPCC, GIEC, 2007) as well as more local levels. Because of their characteristics, and especially their fragility, mountain areas are particularly relevant laboratories for studying climate change and its consequences. Our knowledge about climate change is continually being refined as its reality becomes increasingly apparent. This is particularly the case for the accelerating increase in average temperatures over the last twenty years. Changes in other climatic variables, however, have not been so clearly discernable. This is the case for precipitation figures, for which it has been difficult to identify a clear trend, such has been their variability. Considerable care must therefore be exercised in their interpretation. Current knowledge on future climate changes also suffers from another shortcoming. Models of future climate change, set up in the GIEC1, are based on regional scales in the planetary sense of the term, that is, on a resolution of about a few hundred square kilometres. These models are therefore incapable at the moment of taking into account the variability observed at the scale of mountain massifs such as the Alps, resulting from local phenomena related to topography, valley effects, contrasting exposures, and different altitudes.

2 There is therefore considerable uncertainty, firstly about climate change itself, and then about the consequences in terms of natural hazards and the frequency and intensity of such events. Indeed, the extreme manifestations of such phenomena must

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be taken into account far more than the averages, which currently are quite logically the focus of climate change analyses. In addition, the first part of our study will explore the changing nature of the different risks in response to climate change. This analysis in turn brings us to examine the way in which both economic and political actors perceive and react to climate change. The second part of our study therefore brings us back to adaptation strategies. However, it would seem important to extend this observation by analysing mountain areas in terms of their vulnerability, given that their socioeconomic development is closely linked with the dynamics of natural risks. We will explore this perspective in the final part of the study.

3 From a methodological point of view, the analyses put forward in this article are based on the participation of the authors in different studies relating to climate change: an Interreg Climchalp2 programme, participation in an exploratory study on climate change in the Alps at the request of the mountain area’s regional authority (DATAR, 2008), and monitoring of local initiatives and strategies conducted in the French Alps or in other mountain areas.

Are mountain areas becoming more dangerous?

4 This is an interesting question that needs to be addressed if we are to plan for the future, but one that is not easy to answer in that the impacts of climate change on those phenomena that generate natural risks in mountain areas are at least as uncertain as elsewhere, if not more so. Furthermore, it is important to understand how climate change will affect land use in mountain areas and the associated activities, as well as the consequences of such developments on risk management.

5 With respect to the changes affecting different phenomena, the only clear trend observed today is the rise in average temperatures. However, there are few phenomena that generate natural risks in mountain areas that are determined solely by temperature. Precipitation, for example, is often a predominant factor in the generation of extreme phenomena. But the scenarios for changing precipitation patterns are still very uncertain. The knowledge base of “Alpes-Climat- Risques”, prepared by the Pôle Alpin des Risques Naturels (Alpine natural risk centre) as part of the Interreg IIIB Espace Alpin ClimChAlp (2006-2008) project in partnership with the ONERC and the Rhône-Alpes Region, provides a review of available literature both on changes in the natural phenomena that generate risks in the Alpine Arc under the influence of climate change and on theimpact for natural risk management (Loglisci et al., 2008; Prudent et al., 2008). Based on the summaries provided by this base, the types of natural phenomena that generate natural risks are examined, beginning with those that appear to be more directly influenced by temperature.

Phenomena of glacial origin

6 Even for phenomena of glacial origin, which a priori are amongst those most related to temperature, are not solely determined by temperature. Thus winter accumulations of snow and radiation, for example, influence both the mass and dynamics of glaciers. However, many glaciers will continue to retreat considerably, and in some cases will disappear (North et al., 2007). The glacier systems whose accumulation zones are situated at altitude will be less affected, particularly if the hypothesis of an increase in

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winter precipitation is confirmed, since above about 2 500 m winter precipitation will continue to fall in the form of snow (Durand et al., 2009).

7 The risks to be feared as a consequence of the accelerated melting of glaciers are of several types. A European database for events of glacial origin has been set up as part of the Glaciorisk3 project (Richard, Gay, 2004). Some of these phenomena result from the flow of water, often brutal, in its liquid form after having been momentarily stored in a glacial landform: sudden rupture or emptying of glacial lakes, emptying of intraglacial pockets of water. Other phenomena result from the gravity movement of water masses in solid form (ice) which become detached from the glacier: falling seracs or breaks in the glacier due to rapid changes in glacier length or to “cold” glaciers (where the ice adheres to the bedrock) that evolve to “temperate” glaciers, where adherence is no longer assured and the temperature at the base of the glacier allows water to flow beneath it (Vincent et al., 2007).

8 The consequences of these two types of phenomena are markedly different. The emptying of glacial lakes or water pockets may produce floods downstream of the glacier, depending on the volumes of water involved and the suddenness of the outflow. These floods may act like a mountain torrent, carrying heavy loads of sediment, or even like lava flows if the amount of sediment transported is particularly concentrated. In the case of glacial lakes, such drainage may be due to a break in the natural dam that created the lake or to a break in the dam made of ice and/or moraine materials. They may also result from the sudden drop into the water of a large volume of ice (calving), rocks (rockfall), earth (landslide) or snow (avalanche), generating a spillover on the natural dam if the “run-up” is sufficient.

9 Falls of ice may also generate direct damage in downstream zones: destruction of chalets, infrastructures, forest stands, hikers… They may also have indirect consequences, such as triggering avalanches or the formation of torrential flows if the mass of ice temporarily blocks a flow.

10 Added to this are phenomena that can follow the melt of the permafrost, soils which contain ice that may return to a liquid state under the influence of a warmer climate. This can result in rock subsidence or movements of the slopes where water in its liquid form no longer “cements” the terrain as it did in the form of ice (ProClim, 2005). Fresh sediments would thus become mobile under the effect of torrential flows or other erosive processes in the catchment basins concerned.

11 The rarity of these events obviously precludes any generalisation, but a certain multiplication of these manifestations of glacial origin is nevertheless to be feared under the influence of increasing average temperatures.

Avalanches

12 After glacial phenomena, it is undoubtedly those relating to snow that should be most directly influenced by a increase in temperatures and the reduction in the number of days when freezing occurs. A gradual reduction in snowfall at medium altitudes (number of days with snow covering the ground and accumulations of snow) has been observed (Durand et al., 2009). Measurements made by MétéoFrance at the Col de Porte above Grenoble provide a precise picture, but unfortunately they only concern this particularly well-instrumented and well-monitored site (Etchevers and Martin, 2002). However, the measurements indicate that overall precipitation, in the form of snow or

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rain, has not decreased, which seems coherent with the hypothesis of a probable increase in winter precipitation. Numerous avalanche corridors have their departure or source zones at altitudes where winter precipitation will continue in the form of snow. We may also experience more frequent and more marked mild spells in winter than at present. The average increase in temperatures may also be reflected in different types of snow (cold, dry, wet, heavy) and perhaps more spatial and temporal variations than today (Baggi et al., 2009). What effect will the different possible combinations of these potential modifications have on the type of avalanches affecting threatened areas? Are we to expect increases in frequency, stopping distances, the volumes of snow in movement, and the pressures developed? Recent studies, which are still only provisional, do not seem to reveal any detectable trends in the number of avalanches, though there has been a slight tendency towards shorter stopping distances since the 1980s (Eckert et al., 2010). But again, it only concerns average trends, which cannot preclude the possibility of events occurring that are even more extreme than we have known to date. The abnormal number of avalanches during the winter of 2008-2009 is a perfect illustration of this risk.

River and mountain torrent floods

13 It is important to distinguish between the essentially liquid floods of alpine rivers flowing along valley bottoms with a moderate slope from the floods of mountain torrents where the slope enables the mobilisation of large quantities of sediment, which may become preponderant in the overall composition of the flow. Both components, liquid and sedimentary, of the floods on these mountain rivers are examined here.

14 The formation of runoff and liquid discharges involves numerous interactions and successions of multiple processes. The response of a river to two rainy episodes that are exactly the same may thus be totally different if the initial conditions are not the same: snow cover, initial soil saturation state, state of plant cover, slope surface conditions, etc. Anthropogenic factors, and in particular land use, are not the least of the factors that influence the response of a river to climatological “forcing”. Thus the absence of significant changes in flood volumes on French rivers (and even less that which can be clearly attributed to climate change) is not surprising. Rivers with snow and ice regimes seem to exhibit more marked changes in their seasonal regimes (Lang and Renard, 2007).

15 With regard to solid discharges in rivers with steep gradients, a distinction is generally made between two main types of transport. Solid transport in the form of bedload is determined by the amount of sediment that can be mobilised in the catchment basins, but also by the liquid discharges of floods corresponding to “maximum transport capacity”. This deterministic relationship does not exist for torrential lava flows, which have a much higher concentration of sediments, sometimes representing more than three quarters of flow volume. The volume of lava torrents is much more influenced by the volume of sediments mobilised in the catchment basins when there is abundant and intense precipitation. Even if it is not possible today to detect any trend or changes, it is not unreasonable to suppose that the volumes that can be transported by lava torrents, and in a secondary manner by river floods in the form of bedload, will increase because of melting permafrost, when present, or the retreat of glaciers, which

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in certain cases could make moraine materials available for mountain torrents (Béniston and Stephenson, 2004).

Slope movements

16 A wide variety of slope movements exists, including different forms of landslides, creep, rockfalls, and falling blocks. This characteristic significantly limits the constitution of exploitable databases to detect changes in these very diverse phenomena. Such phenomena are also governed by different weathering and degradation processes that are likely to be directly influenced to a lesser or greater extent by climate change. An increase in precipitation, for example, associated with earlier snowmelt would no doubt favour landslides. Furthermore, a change in the vegetation on slopes that are vulnerable to landslides could have a stabilising effect (Meusburger and Alewell, 2008). But if the change in precipitation patterns is accompanied by an increase in fire risks (Zumbrunnen et al., 2009), the consequences could be entirely different.

17 On the other hand, in the concerned areas, an increase can be expected in the number of slope movements under the influence of the probable increased melting of permafrost, alternating freeze-thaw periods, and periods of drought and summer heat- waves.

What response?

18 This context of climate change unquestionably places the actors involved in the prevention of natural risks in mountain areas in a position where they are obliged to take a decision and to act in a situation of uncertainty. Different scenarios may be prepared in function of the level of knowledge available. Contradictions between scenarios may also emerge on account of the uncertainties inherent in their preparation.

19 Obviously further research will progressively reduce these uncertainties, without them entirely disappearing. Thus, one of the first impacts of climate change in most fields, including the management of natural risks, is to impose decision-making in a context of uncertainty. These decisions concern adaptation as much as attenuation. But the hoped-for beneficial effects are certainly more general for the attenuation measures, and more local or regional for the adaptation measures, and thus more relevant with regard to the preoccupations for developing mountain areas, namely from an economic and tourism point of view.

Adapting the prevention of natural risks

20 With regard to the prevention of natural risks, a suitably adapted prevention policy cannot be developed, at least in the short or even medium term, on the basis of solid hypotheses of the effects of climate change on the phenomena involved. It is more important to examine the methods of prevention themselves, the effectiveness of public policies and the instruments of public action for preventing risks. The measures currently used in France are mainly aimed at three complementary registers, information on prevention, land-use regulations (with the Prevention Plan for

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predictable Natural Risks) and the organisation of protective measures in the event of a harmful natural phenomenon occurring (with the Communal Protection Plan). Adaptation to climate change in this field suggests the need to examine the robustness of these measures in relation to the different and poorly defined changes of potentially dangerous phenomena. Adaptations and improvements to the tools themselves, their implementation, and the way they are used in relation to one another should emerge from this examination. The question of changes in the hypotheses defining the event selected as a reference for zoning or development choices will also inevitably be asked.

21 Adaptation, however, assumes that it is known to what situation the adaptation is being made. If future forecasts are impossible, it is important to at least know what changes have already been observed. There is therefore a real need to build up a database and to implement observation procedures so that future changes can be monitored over the long term. This will improve our knowledge of the different manifestations of climate change and will enable decisions to be based on information that is as sound and objective as possible. These databases and observation procedures must be organised and networked, and must take on a European dimension. Regional particularities will probably appear in certain manifestations of climate change (this is already the case for certain parameters). For these differences to be validated, it will be important to establish coherent, if not identical, observational and data processing protocols. Similarly, the models used to analyse the data with a view to detecting possible trends resulting from climate change must also be comparable.

Towards an adaptation of mountain area economies

22 An adaptation policy at the scale of a particular territory should not be limited simply to addressing the issue of natural risk prevention. By their very nature, adaptation strategies will have to be “multisectoral” and the prevention of natural risks is but one component. Climate change is a global phenomenon and involves numerous components of the mountain environment: understanding natural risks, and their prevention, calls for a more global approach, integrating different development methods for mountain areas. In this regard, the mountain areas of France, and especially the Alps, have been largely developed thanks to tourism, and particularly winter sports.

23 At the end of the Second World War, mountain resorts were seen as a real planning and development tool, capable of counteracting rural decline from both an economic and demographic point of view. Today, winter resorts are considered as a lever for development, synonymous with jobs, and increasing population. Maintaining winter tourism, if not further developing it, also undoubtedly constitutes a central objective for all actors in the tourism industry. The recent slogan of the Syndicat National des Téléphériques de France4 (2008), the French national union of ski lift operators, is a good example: “The time when skiing alone was sufficient is over, but without skiing, everything is over (translation)!” and bears witness to the preponderant role of skiing in the operation and structure of resorts and, more generally, of entire areas.

24 It is therefore easy to understand why the principal measures relating to winter tourism have essentially focused on securing the position of skiing. The development of artificial snow machines is a reflection of this concern. According to ODIT data (2009), the number of resorts equipped with such installations has increased from 10 to 204

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over the period 1980-2009, while the total ski area covered by this equipment has gone from about 100 hectares in 1994/95 to 5 333 hectares for the 2008/09 season. Despite this rapid progression in the field of artificial snow making, the French resorts have still not reached the hoped-for levels of our Austrian and Italian competitors.

25 The role of artificially produced snow in the operation of winter resorts is a significant reflection of the increasing influence of climate change. However, artificial snow began to be used in resorts even before climate change was recognised and accepted as a reality in mountain areas. Thus, following the first winters without snow in the 1990s, and realising the dependence of resort activities on natural elements, the resorts embarked on their first programmes to produce artificial snow, or “cultivated” snow as it later became known in France. These installations met several objectives, making it possible to fix dates for the opening of the ski season, guaranteeing the possibility of returning to the heart of the resort on skis, and ensuring a minimum area for skiing in the event of unfavourable weather conditions, reasons that were as much motivated by the need to improve the quality of the tourism product as by the feared climate changes. In this context, the most concerned resorts were those situated at higher altitudes, given their strong dependence on snow-based activities and their need to be able to guarantee the resort being open for a minimum number of skiing days.

26 Gradually, as climate change and its impact on snow cover were taken more seriously, installation programmes for snowmaking equipment became more widespread. Recently, it has been mainly the mid-altitude resorts, which a priori are more sensitive to a decrease in the snow cover, which have invested most heavily in such facilities. This development has given rise in recent years to strong controversy both over the conditions required for the production of snow and over the pressure exerted on the natural environment. By means of a media campaign, the SNTF has reaffirmed that artificial snow is exclusively composed of water and air, without any additives. The liveliest debates have concerned the question of water resources, indispensable for producing artificial snow. They underline the issue of conciliation among competing uses, namely between drinking water and water destined for producing snow in low water periods; they also raise concerns about pressure on water resources (Paccard, 2010) for certain sites that are already affected by shortages. Finally, little by little, the controversy has shifted towards energy needs, particularly electricity, to produce the artificial snow.

27 Climate change has also been instrumental in bringing about new services and products offered by the tourism industry. Thus some sites have developed offers integrating bad snow conditions by offering to reimburse customers for ski passes in the event of such conditions. In the same manner, it seems likely that climate change may well encourage a return to the Nivalliance system set up by ski lift operators at the beginning of the 2000s. The keyword in this system is solidarity, based on the following simple principle, as outlined by the SNTF: “every year, at the beginning of the season, all the operators pay an insurance premium based on their average turnover. At the end of the season, if turnover is well below the average of the turnover for the last three years, the operators are compensated for a fraction of their losses (translation)” 5.

28 These measures, whether they be localised or based more on an activity sector, call into question more generally the viability of all resorts in the context of climate change, in terms of economic profitability, changing clientele, the need to renew tourist infrastructures, etc. Can all the sites provide artificial snow without running into

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economic difficulties? What services need to be provided to maintain a certain level of visitors, or even to further develop it? Such questions underline the need to plan for the future of winter tourism and the appropriate public policies.

29 Indeed, it is public policy that has in recent years imposed new criteria in planning procedures. Thus snow conditions and changes affecting them have to be taken into account in applications submitted under the Unités Touristiques Nouvelles (New Tourism Units) programme since the decree of 2006. More generally, public action, implemented by the French administrative departments and regions, has had to integrate factors of the more global context (particularly climate change) in which resorts operate. Here again, the mid-altitude resorts are directly concerned by these public policies, designed and implemented at the different departmental, regional and national levels. By way of example, for a number of years now, the Rhône-Alpes region has been developing measures to help mid-altitude resorts. Within this framework, different measures have gradually integrated climate risks (agreements for mid- altitude resorts for the period 2000-2006), while today the agreements for sustainable resorts are aimed at encouraging a diversification of resort activities.

30 Here again, diversification practices often appear contingent upon climate change in rhetoric and discussions (Marcelpoil-François, 2010). However, diversification existed even before the observations on climate change and the search for causes. The diversification of tourist activities affects every resort and calls into question the economic model adopted by resorts as well as the economic options taken by the supporting regions, and particularly the orientation with respect to tourism.

Understanding mountain areas in terms of vulnerability

31 As we have seen, mountain areas are considerably affected by climate change, and in numerous ways. With regard to natural risks, the occurrence of catastrophes related to events that are more extreme than today (Décamps and Mathieu, 2005) is an important issue and, for the winter tourism economy, the effect of climate change on snow cover is of the utmost concern (Etchevers and Martin, 2002; OCDE, 2007. These considerations are taken into account at the different territorial levels and the various actors concerned will necessarily integrate, and even “weigh up”, the different objectives and issues regarding the protection against natural risks with the other issues and objectives that they consider strategic in their area. The hierarchy of issues will undoubtedly vary from area to another. An illustration of this integration of the various concerns can be seen in the mountain reservoirs. A lot of these were primarily built for producing artificial snow and clearly serve the purpose of making a winter tourist activity more secure economically. But these structures are also exposed to the natural hazards of mountain areas (avalanches, rockfalls, landslides, torrential flows), which are potentially generators of dangerous phenomena in the event of the hydraulic structure closing these reservoirs becoming submerged or damaged. New regulations on the safety of hydraulic structures (decree of 11/12/07 laws of 20/02/08 and 12/06/08) have also reinforced requirements regarding the consideration of such specific risks in the design and administrative authorisation of these reservoir projects, and have thus helped further the links between the development of tourist activities and risk prevention.

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32 Starting from the effects of climate change on mountain areas, we propose to examine these areas in terms of their vulnerability. The aim is to arrive at a more balanced analysis of the situation as opposed to a vision that is exclusively focused on the threat, characterised by strong uncertainty, and a vulnerability that is only seen in terms of the passive exposure of the area to the threat from natural causes. Vulnerability must be understood both as the result of the impact and, above all, as an element that was pre-existing in the area. This approach makes it possible to focus on the margins for manoeuvre for mountain areas in response to climate change.

33 In geography, the term “natural” as used in the expressions natural catastrophes or natural risks is being called into question. Thus, in a given territory, it is suggested that catastrophes are not so much due to the existence of natural phenomena as to the conditions of exposure and the development of human activities in the area. The level of risk and the extent of a catastrophe may also be determined by the capacity of a territory to respond before, during, and after the catastrophe. In the current classic scenarios, an extreme event, of climatic or other origin, is an event that is rare in its intensity, frequency and/or duration. This event that may be qualified as an external disturbance may influence and lead to an extreme response in the attributes of the system or impacted territory. This interpretation distinguishes the disturbance from the reaction. Nevertheless, it only expresses the threat in terms of what is imposed by an external natural phenomenon, characteristic of the risk paradigm focusing on the natural hazard or the “physical”. The response to the disturbance is certainly identified but it is confined and very much a function of the characteristics of the disturbance. In short, it is the nature of the disturbance that counts above all, understood as the aggression of a more or less passive system or territory. This system is itself resilient to a certain extent, capable of adapting to change and absorbing the disturbances, but also of reorganising itself after the crises (Walker et al., 2002).

34 In the context of climate change, a complementary vision to that described by a line of reasoning that goes from an exogenous source to a target, from the natural milieu to man, from Nature to culture, is possible. Thus the mutuality paradigm (Oliver Smith, 1999), considering the more complex links maintained between vulnerability, disturbance and capacity to respond, appears more balanced. From this perspective, the capacity of a territory to respond could be weakened if the potential disturbances of climate change are not taken into account in a satisfactory manner by those responsible, such as those in charge of tourism planning or the management of natural risks. The capacity to respond could also be affected by incorporating procedures or measures that are too rigid into an illusory mechanism to control disturbing phenomena or their effects.

35 The hazard/vulnerability relationship, which is no doubt still mainly understood as the deterministic effect of hazard on vulnerability, can provide a simplistic vision and separate the different approaches. Understanding vulnerability in an active, interactional and dynamic context means recognising that all the constituent dynamic elements of mountain areas do not respond in the same way to a particular disturbance.

36 The degree of vulnerability is above all influenced by factors endogenous to the area, whether these be anthropogenic (lack of forecasting, rigidity of measures, limited diversification, lack of consultation and participation, dilution of decision-making processes, responsibility issues, lack of concerted action, etc.) or environmental

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(sensitive milieus and/or milieus made fragile by anthropogenic degradation). As A. Magnan (2009) suggested, it is a question of considering two types of vulnerability, one “intrinsic” to the start of the disturbance, and the other “resulting” from this disturbance.

37 Vulnerability must be interpreted in an open-ended manner, where change is possible and where it is recognised that exposure of an area to risk is not a constant over time. This dynamic perspective on vulnerability constitutes an important link between the classic approach to vulnerability and an approach that takes into account the gradual risks inherent in climate change. It calls for monitoring the level of vulnerability rather than occasional assessments. Reducing the vulnerability of mountain areas with respect to the impact of global changes (possible aggravation of extreme phenomena or rarity of snow resources, for example) involves careful assessment of the way areas actually function in their relationship not only with the milieu but also with the activities that develop there. It is not so much a question of introducing measures here and there (development of artificial snow facilities, recommendations on the safety margin on protective dykes) as to deciding on a more global plan covering changes in tourist activities, land-use and development practices, decision-making tools and the democratic processes that must accompany social as well as climate change. Although understanding the past should facilitate projections for the future, innovation and the integration of issues in the areas concerned would appear more than necessary to reduce intrinsic as well as resulting vulnerabilities. One of the challenges of research is to try to improve the links between the organisation of scientific knowledge and decision-making processes (Sarewitz and Pielke, 2001), and to do so in a manner that better balances the respective contributions to risk studies of the different scientific disciplines.

Conclusion

38 Mountain areas unquestionably constitute useful laboratories for observing climate change and its effects. They also provide examples for the monitoring and assessment of strategies and practices of both private and public actors on a daily basis. The challenge for these mountain areas in the future can perhaps be best understood in terms of several conclusions in the form of recommendations.

39 The first concerns the necessity of continuing to build up a solid base of knowledge on climate change and its extent. This requires not only introducing operational measures, such as the deployment of networks to observe hydro-meteorological variables in mountain areas, but also pooling technical and scientific expertise, along with financial cooperation to set up and manage these shared observation systems over the long term.

40 The second conclusion concerns the monitoring of climate change within a given territory at scales that are relevant to planning. Focussing on a defined territory would make it possible to identify and qualify the effects of climate change, by examining, on the one hand, the interrelations between the sectors of economic activity present within the territory and, on the other, the interactions between the economy and natural phenomena. Such an approach, which is certainly heavy from a methodological point of view, would provide input for adaptation strategies on the basis of an appreciation of spatial impacts rather than simply examining impacts in terms of type,

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or sector by sector, and ignoring the integration of planning measures to develop the said territory and, ultimately, ignoring its particular vulnerabilities.

41 Finally, in terms of public action, these experiments would help close the gap between engineering sciences and the social and human sciences, and help involve the different systems of actors in decisions and adaptation procedures. More generally, climate change calls into question decision-making, the actors involved, the indicators, social as well as physical, and the tools and devices mobilised. By way of example, although today climate change does not, a priori, have any effects on the methods of implementing PIDAs (Intervention Plans for the Triggering of Avalanches) in ski areas, it is possible to imagine defining indicators to reflect changes in public action in this field in response to climate change. It would be interesting to see how the different actors modify or adapt this mechanism according to their perception of climate change. In the same vein, adaptation also implies that the preferred decisions would themselves be adaptable, and possibly “reversible”, sometimes qualified as “no regrets” decisions. For this reason, efforts should be made to improve their traceability.

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NOTES

1. GIEC, Groupe Intergouvernemental des Experts du Climat (Intergovernmental group of climate experts). 2. ClimChAlp, Programme Interreg,3B Espace alpin, Climate Change, Impacts and adaptation strategies in the Alpine Space 2006-2008. 3. http://www.nimbus.it/glaciorisk/gridabasemainmenu.asp 4. This became “Domaines skiables de France” in 2010. 5. May be consulted on the SNTF site: http://www/sntf.org

ABSTRACTS

Climate change is today a reality at both the international and more local levels. Recent studies have focussed mainly on analysing the consequences of climate change. The present article seeks to examine and qualify the impact of climate change in the mountain areas of the Alps. A first

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line of enquiry concerns the changing level of danger in the mountain environment. Are mountain areas becoming more dangerous and, if so, in terms of what types of risks and to what degree? However, adopting an approach based on an analysis of natural hazards and their dynamics in response to climate change cannot ignore the economic activities and types of development that already exist in these areas. In this respect, the tourism economy is predominant in mountain regions. Its durability and vitality undoubtedly constitute a priority for local actors. It is not surprising therefore that the latter have set up strategies for adapting to climate change. For planners and decision-makers to ensure integrated approaches in dealing with climate change, it is important that the complex links between natural risks and the types of development in mountain areas are better understood, which calls for a more detailed analysis of the environment in terms of territorial vulnerability.

Le changement climatique est aujourd’hui une réalité au niveau international comme à celui des territoires locaux. Les travaux récents mettent préférentiellement l’accent sur l’analyse des conséquences du changement climatique. Cet article se propose de questionner et de qualifier l’impact du changement climatique dans les territoires montagnards des Alpes. Un premier axe de réflexion concerne l’évolution de la dangerosité de la montagne. Une montagne plus dangereuse se profile-t-elle ? Selon quels types de risques et avec quelles intensités ? Cependant, l’approche des risques naturels et de leur dynamique face au changement climatique ne saurait occulter le type d’activités économiques et les modes d’aménagements déjà existants de ces territoires. En ce domaine, l’économie touristique est prédominante en montagne. Sa pérennité comme sa vitalité constituent à l’évidence une priorité pour les acteurs territoriaux. Ces derniers ont mis en place des stratégies d’adaptation face au changement climatique. Pour mettre en place des approches intégrées face au changement climatique, les relations croisées entre risques naturels et modes d’aménagement des territoires montagnards appellent à encourager des lectures en termes de vulnérabilité territoriale.

INDEX

Mots-clés: Alpes, Changement climatique, risques naturels, tourisme hivernal, vulnérabilité territoriale Keywords: Alps, Climate change, natural hazards, territorial vulnerability, winter tourism

AUTHORS

DIDIER RICHARD Cemagref Grenoble, Unité Erosion Torrentielle Neige et Avalanches, [email protected]

EMMANUELLE GEORGE-MARCELPOIL Cemagref Grenoble, Unité Développement des Territoires Montagnards, emmanuelle.george- [email protected]

VINCENT BOUDIÈRES Pôle Alpin d’étude et de recherche pour la prévention des Risques Naturels

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