E´ tude originale

De la foreˆ t naturelle aux agroforeˆ ts en Guine´ e forestie` re

Aboubacar Camara1 2 Re´ sume´ Patrick Dugue´ ´ ´ 3 Une demarche combinant geographie et agronomie a permis d’analyser les dynamiques Jean-Paul Cheylan spatiales des agrosyste`mes forestiers en Guine´e Forestie`re. La forte extension des asso- 2 Jean-Marie Kalms ciations de cultures pe´rennes entre elles (cafe´ier, kolatier, cacaoyer, fruitiers) et avec 1 Irag une ve´ge´tation forestie`re non plante´e–de´nomme´es « agroforeˆts » – a e´te´ observe´e dans BP 1523 3 villages de la re´gion de Kobe´la. Cette dynamique spatiale peut eˆtre assimile´ea` un Conakry cycle de renouvellement des e´cosyste`mes initialement domine´s par la foreˆt. Durant la Re´ publique de Guine´ e meˆme pe´riode d’environ 25 ans, les surfaces de coteaux affecte´es aux cultures vivrie`res France a` base de riz pluvial venant apre`s abattis-bruˆlis de recrus forestiers ont progresse´ modestement. Il y a eu dans ce cas une re´duction de la dure´e de la jache`re et un allon- 2 Cirad gement de la dure´e de la culture, ce qui obe`re le maintien de la fertilite´ du sol pour ce UMR Innovation syste`me de culture. Par contre les agroforeˆts apportent des services environnementaux TA-C 85/15 utiles : maintien de la biodiversite´ et de la fertilite´ du sol, controˆle du ruissellement et 73, rue J-F Breton 34398 Montpellier cedex 5 de l’e´rosion. En revanche, leur extension pourrait fragiliser la se´curite´ alimentaire des France populations rurales en re´duisant l’espace de´volu aux cultures annuelles vivrie`res, sur- tout en pe´riode de hausse des prix des produits alimentaires. Tout l’enjeu est donc de combiner a` l’e´chelle des exploitations et des espaces villageois, les diffe´rents syste`mes 3 Universite´ d’Avignon de culture afin de re´pondre durablement aux objectifs des agriculteurs et de la socie´te´. et des Pays de Vaucluse Mots cle´s:agroe´cosyste`me ; agroforesterie ; de´veloppement durable ; Guine´e; 74, rue Louis Pasteur 84029 Avignon cedex syste`me de culture. France The`mes : syste`mes agraires ; productions ve´ge´tales ; foreˆts ; ressources naturelles et environnement ; territoire ; foncier ; politique agricole et alimentaire. Abstract From natural forests to agroforests in the forest region A combined agronomic and geographic approach has helped to explain forest agrosystem spatio-temporal dynamics in the forest regions of Guinea. The important expansion of cropping systems associating various perennial crops (coffee, kola, cocoa, fruit trees) and native spontaneous forest species – called “agroforests”- has been observed in 3 villages of the Kobela area. This spatial dynamic can be considered as the renewing of an ecosys- tem dominated in the past by forest. During the same period of 25 years, the area of food crops on hills based on upland rice after slash and burn has increased slightly. In this case shortening of the fallow period has been observed simultaneously with an increase of cropping duration, leading to a soil fertility decrease trend. On the contrary, agroforests provide environmental services such as maintaining biodiversity and soil fertility, and reducing runoff and erosion. Still, they could also jeopardize food security for rural socie- ties by reducing annual food crop areas, especially in times of an increase in food prices. The challenge is to combine these various cropping systems at the village and farm scale in order to reach both farmer and societal objectives in terms of sustainable development. Key words: agroecosystems; agroforestry; cropping systems; Guinea; sustainable development. Subjects: farming systems; forestry; natural resources and environment; territory; land use; agricultural and food production policy; vegetal productions.

doi: 10.1684/agr.2009.0325 Tire´s a`part:A. Camara

Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 425 a plupart des diagnostics re´alise´s consistait typiquement en une pe´riode de mosaı¨ques au 1/50 000 de 1979 et une depuis un sie`cle en Guine´e fores- culture de 2 a` 3anssuivied’unejache`re image satellite SPOT 5 a` 2,5 m de re´solution L tie`re sur les syste`mes agricoles et d’une a` plusieurs de´cennies pour la re´ge´- de 2003. Du fait de l’exiguı¨te´ des bas-fonds ruraux mettent en avant le caracte`re ne´ration du couvert ve´ge´tal, permettant dans cette petite re´gion et de leur couver- «de´gradant et non durable » des syste`mes l’entretien la fertilite´ des sols. Cet agrosys- ture dans le passe´ par une ve´ge´tation dense de production agricole reposant sur te`me est reste´ en e´quilibre avec les res- a` base de palmier raphia, il n’a pas e´te´ pos- l’abattis-bruˆlis des recrus forestiers. L’im- sources naturelles mobilise´es car la faible sibledelescartographieravecpre´cision et minence d’une crise e´cologique et ali- densite´ de population, en ge´ne´ral infe´- d’analyser la dynamique de leur mise en mentaire est constamment proclame´e: rieure a` 10 hab/km2, induisait la mise en valeur entre 1979 et 2003. L’approche ge´o- de´forestation acce´le´re´e, e´rosion des sols, culture annuelle d’une petite proportion graphique est comple´te´e par une analyse perte de biodiversite´,pe´nurie vivrie`re, du territoire. Aujourd’hui, cet e´quilibre des pratiques paysannes fonde´e sur des etc. (Brasseur, 1956 ; Rossi, 1993). est devenu plus pre´caire (Rossi, 1993) car enqueˆtes re´alise´es aupre`s des 650 exploita- Ces constats alarmistes ont justifie´ plu- la densite´ de population a augmente´,attei- tions agricoles des trois villages et des sieurs programmes de de´veloppement gnant plus de 50 hab/km2 dans certaines entretiens avec des personnes ressources visant la protection de l’environnement zones rurales (Camara, 2007). La jache`re (autorite´s villageoises, responsables pay- par le classement de foreˆts et l’ame´nage- n’est plus assez longue (infe´rieure a` sans). Cette me´thode s’inspirant de la ge´oa- ment des bas-fonds pour limiter la 10 ans) pour permettre la re´ge´ne´ration gronomie de Deffontaines (1998) permet de´friche-bruˆlis des coteaux. Si le classe- de la foreˆt secondaire et de la fertilite´ du d’identifier les e´volutions des syste`mes de ment des foreˆts a e´te´ relativement effi- sol. En dehors des aires prote´ge´es, les production et des paysages ruraux. cace, les techniques d’intensification agri- foreˆts reliques ne couvrent plus que de cole ont e´te´ peu adopte´es par les petites superficies. On a donc affaire a` agriculteurs. Pour de´passer ces conclu- des syste`mes agraires postforestiers. sions ge´ne´rales, des analyses ont e´te´ Cet e´cosyste`me donne lieu a` trois syste`- Re´ sultats : entreprises pour affiner la compre´hen- mes de mise en valeur agricole : sion des changements en cours dans – le syste`me vivrier de coteaux sur dynamiques spatiales cette province de Guine´e forestie`re (Dela- de´friche-bruˆlis fonde´ sur la riziculture rue, 2007). Pre´sentant des travaux re´alise´s pluviale associe´e aux cultures alimentai- et e´ volution dans la Communaute´ rurale de de´velop- res secondaires (gombo, piment, oseille, pement (CRD) de Kobe´la (figure 1), cet taro…) en rotation avec l’arachide et le des syste` mes article s’inscrit dans cet objectif. Nous manioc. Ce syste`me est associe´ a` des montrerons l’e´volution spatio-temporelle peuplements de palmiers a` huile subs- de mise en valeur des syste`mes de mise en valeur dans cette pontane´s(Elaeis dura) de densite´ zone e´cologique de foreˆt humide et dis- variable (Madelaine et al., 2008) ; Les cartes d’occupation du sol de 1979 cuterons de leur durabilite´. – les syste`mes agroforestiers complexes et 2003 (figure 2) rendent compte de de´nomme´s par la suite « agroforeˆts », trois processus de « mise en valeur » de sont constitue´s de cultures pe´rennes cet e´cosyste`me forestier. comprenant une spe´culation principale Mate´ riel et me´ thode (cafe´ ou cacao) associe´ea` des cultures Disparition des foreˆ ts pe´rennes secondaires (kolatier, fruitiers) « naturelles » Contexte et sont conduits sous un couvert forestier de composition varie´e; La disparition de la foreˆt naturelle, est Notre zone d’e´tude, la CRD de Kobe´la sans doute l’e´volution la plus spectacu- 2 – le syste`me de culture de bas-fond ` (37 hab/km en moyenne en 2005), est constitue le domaine de la riziculture laire dans cette re´gion. A Nienh, la foreˆt repre´sentative de l’e´cosyste`me forestier inonde´e. Il associe a` la riziculture de sai- qui « bouchait l’horizon et faisait disparaıˆ- de Guine´e forestie`re. Ses paysages sont son des pluies un peuplement re´siduel tre presque comple`tement l’ide´ede caracte´rise´s par une succession de collines relief » (Brasseur, 1956), avait de´ja` com- de palmier raphia (Raphia ruffia) et par- ` ferralitiques et de pe´ne´plaines, draine´es fois en rotation, des cultures maraıˆche`res ple`tement disparu en 1979. A Konipara, par des cours d’eau faiblement encaisse´s de saison se`che. elle a e´galement totalement disparu dans des bas-fonds hydromorphes. Le cli- entre 1979 et 2003. A` Maouon, 20 % de mat de type sube´quatorial humide, avec la surface en foreˆtpre´sente en 1979 sub- 9 mois de pluie (2 000-2 500 mm/an), Analyse ge´ ographique sistent encore en 2003, graˆce au reclasse- permet une longue pe´riode ve´ge´tative et agronomique ment du Mont Yono en aire prote´ge´e (280 jours par an) favorable au de´veloppe- des pratiques paysannes (figure 2). Tant qu’il y a une portion de ment d’une agriculture tre`s diversifie´e foreˆt accessible (pas trop pentue, non incluant plantes annuelles et pe´rennes. L’analyse ge´ographique du territoire per- classe´e) l’agriculture pionnie`re sur Dans cette re´gion, les agrosyste`mes met d’analyser la distribution spatiale et abattis-bruˆlis continue a` se de´velopper. vivriers sont essentiellement base´ssur lesdynamiquesdessyste`mesdemiseen La menace de la disparition de la foreˆt l’agriculture itine´rante d’abattis-bruˆlis pro- valeur. Elle s’appuie sur une cartographie naturelle et de la biodiversite´ qu’elle ren- duisant principalement du riz pluvial, base diachronique d’occupation des sols de trois ferme est bien une re´alite´ qui justifie des de l’alimentation des populations locales villages de la CRD (Nienh, Maouon, Koni- mesures de protection surtout pour les (Porteres, 1966). Jusqu’a` la moitie´ du para) sur un pas de temps d’une ge´ne´ration espaces fragiles : massifs montagneux, e XX sie`cle, ce syste`me de mise en valeur humaine qui a mobilise´ des photo- foreˆts galeries, teˆtes de source.

426 Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 KOUNDARAKOUNDARA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE

MMALIALI 12°N12°N GAOUALGAOUAL KOUBIAKOUBIA LELOUMALELOUMA TOUGUETOUGUE SIGUIRISIGUIRI LABELABE DDINGUIRAYEINGUIRAYE PITAPITA 11°N11°N BOKEBOKE TELIMELETELIMELE DABOLADABOLA DALABADALABA KOUROUSSAKOUROUSSA MANDIANAMANDIANA FRIAFRIA MAMOUMAMOU KANKANKANKAN BOFFABOFFA KKINDIAINDIA FFARANAHARANAH 10°N10°N DUBREKADUBREKA COYAHCOYAH GUINÉE CONAKRYCONAKRY FFORECARIAHORECARIAH N KKEROUANEEROUANE W E KISSIDOUGOUKISSIDOUGOU 9°N9°N S BEYLABEYLA Légende GUECKEDOUGUECKEDOU Guinée forestère 060 100 MACENTAMACENTA Guinée maritime kilomètres CRD Haute Guinée Moyenne Guinée LLOLAOLA N'ZEREIOREN'ZEREIORE Kobéla Limite pays 13°W13°W 12°W12°W 11°W11°W 10°W10°W 9°W9°W 8°W8 °W Limite Préfecture YOMOUYOMOU Chef-lieu Préfecture

ALBADARIAH

SANGARDO KARALA

GBANGBADOU SOKOURALA KKISSIDOUGOUISSIDOUGOU

FERMESSADOU SAMANA DIASSODOU KOUMANDOU YOMEIRO BENDOU

BARDOU YENDE MILLIMOU FOUALA TONDIADOU SINKO MOUSSADOU WATANKA BINIKALA NIONSOMORIDOU GBACKEDOU VASSEREDOU BOFOSSOU BEYLABEYLA GBESSOBA KOUNDOUTERMESSADOU BALIZIA PANZIAZOU GUECKEDOUGUECKEDOU DIARAGUERELA MACENTAMACENTA TEKOULO SENGBEDOU KOUANKAN DARO FANGAMANDOU BOOLA OUENDE KENEMA SEREDOU FOUMBADOU OUREMAI KOROPARA Préfecture N'ZEBELA TUOMEY BEYLA GUEASSO FASSANKONI KOULE GUECKEDOU PALE LAINE GOUECKE SOULOUTA LOLA KOBELA KOKOTA GAMA BEREMA MACENTA KOYAMAH N'ZEREKORE SAMOE YOMOU BOWE YALENZOU LOLALOLA TOUNKARATA Sous-préfecture N'ZEREKOREN'ZEREKORE N'ZOO N Forêt classée BOSSOU PELA BOUNOUMA Route principale YOMOUYOMOU W E Route secondaire BANIE S Piste rurale BHEETA DIECKE GBIGNAMOU 0 25 50 km

Figure 1. Localisation de la CRD de Kobe´ la en Guine´ e forestie` re.

Figure 1. Situation of Kobela CRD in the forest regions of Guinea.

Diversite´ d’e´ volutions pontane´s (tableau 1). Il constitue encore donc le raccourcissement du temps de du syste` me vivrier aujourd’hui, la principale forme d’occupa- jache`re, de 10-20 ans il y a trois de´cennies tion de l’espace dans cette re´gion. Mais ce a` 4-5 ans aujourd’hui (figure 3). de coteaux sur abattis-bruˆ lis syste`me est en pleine mutation, confronte´ Le ratio [surface agricole utile pour les actuellement aux pressions foncie`res lie´es vivriers d’un territoire/surface re´ellement En 2003, 70 a` 80 % de la surface totale des a` l’accroissement des besoins alimentaires emblave´e en vivriers annuels l’anne´e i], territoires villageois e´tudie´ssontcouverts locaux et urbains et a` l’extension des agro- soit R = SAUvi/SCvi, permet d’exprimer par le syste`me de culture vivrier a` base de foreˆts. Ces facteurs ont entraıˆne´ une l’intensite´ de la pression sur le foncier riz pluvial et jache`re, sous palmiers subs- demande importante en terre cultive´eet cultivable. A` Nienh, ce ratio est passe´ de

Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 427 OCCUPATION DES TERRES DU VILLAGE KONIPARA OCCUPATION DES TERRES DU VILLAGE NIENH 1979 2003

1979

Agroforêts Cultures annuelles Habitat 0 0,5 1km Jachères

Reliques forêts OCCUPATION DES TERRES DU VILLAGE MAOUON Agroforêts Cultures annuelles 1979 2003 Habitat 2003 Jachères

Agroforêts Cultures annuelles Habitat Jachères Relique forêt

Figure 2. E´ volution de l’occupation du sol dans les trois villages d’e´ tude.

Figure 2. Land use change in the three villages.

5,2 a` 4,8 entre 1979 et 2003. Les surfaces de cultures vivrie`res, favorise´e par le front aussi possible que les chefs de me´nage cultive´es sont reste´es presque identiques. en colonisation sur les reliques de foreˆt, aient trouve´ d’autres solutions pour assu- Cela s’explique par l’accroissement de la dont 70 % ont e´te´ transforme´es en cultures rer la se´curite´ alimentaire de leur famille : dure´e de culture (passage de 2 a` 3ans, vivrie`res et jache`re. Comme il n’y a plus de les zones de bas-fonds ont toutes e´te´ voire 4 ans) et par une augmentation foreˆta` de´fricher, l’augmentation des sur- mises en culture, les agroforeˆts pourraient mode´re´e (36 %) de la population en un faces cultive´es ne peut de´sormais se faire fournir des revenus suffisants pour assu- demi-sie`cle : de 1 142 habitants en 1955 qu’au de´triment des jache`res, dont la dure´e rer entre autres, l’achat de riz, nourriture (Brasseur, 1956) a` 1 773 habitants en 2005 diminue proportionnellement. Cette situa- de base dans cette re´gion. (Camara, 2007). tion correspond a` celle qui est observe´e A` Maouon, le ratio R est passe´ de 9,1 a` 7,4. aujourd’hui a` Nienh. Cette faible diminution est due a` l’impor- Cette diversite´ des dynamiques agricoles Une forte extension tance de la relique de foreˆt du Mont Yono, se traduit par des rythmes diffe´rencie´sde des agroforeˆ ts de´classe´e au cours des anne´es 1970, puis re´duction du temps de jache`re, essentiel- reclasse´e en 2003. Pendant le de´classe- lement en fonction de la disponibilite´ en La diversite´ de composition des agrofo- ment, un front pionnier agricole s’y e´tait foreˆt. Mais la tendance a` une re´duction de reˆts est remarquable (Camara, 2007). installe´, et 80 % de la foreˆt ont e´te´ trans- la dure´e de jache`re est commune aux trois Soixante-six pour cent des parcelles forme´s en cultures vivrie`res-jache`re sites pour atteindre dans la majorite´ des d’agroforeˆts comprennent encore du (tableau 2). Si cette foreˆt classe´e est effec- cas 4 a` 5ans(figure 3). Les emblavures en cafe´ier mais ce dernier est presque tou- tivement e´pargne´e par de nouveaux cultures vivrie`res annuelles sur les jours associe´ a` une ou plusieurs autres de´frichements, la pression sur la terre coteaux n’ont pratiquement pas pro- cultures pe´rennes. Ce syste`me d’associa- agricole va augmenter (R = 4,3) bien que gresse´ a` Nienh et Maouon entre 1979 tion a` base de cafe´ier demande peu d’in- la surface cultive´e en vivriers n’ait pro- et 2003, ce qui laisse supposer non seule- vestissement au de´part et procure un gresse´ que de 10 % entre 1979 et 2003. ment que la population n’a pas trop aug- revenu re´gulier appre´cie´. La cafe´iculture A` Konipara, le ratio R a e´volue´ plus rapide- mente´ mais aussi que les rendements en culture pure sous ombrage de grands ment, passant de 10,3 a` 5,3. Cela s’explique n’ont pas beaucoup re´gresse´ malgre´ la arbres, ne repre´sente que 3 % des agrofo- par une augmentation de 66 % des surfaces re´duction de la dure´e de jache`re. Il est reˆts malgre´ les interventions en sa faveur

428 Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 de projets de de´veloppement (projets de double´ a` Konipara (169 %) et Maouon – la transformation des espaces vivriers de relance de la culture cafe´ie`re) pendant au (114 %). Cette augmentation n’est que de coteaux (cultures annuelles et jache`re) en moins une de´cennie. Les associations a` 69 % a` Nienh, village ayant de´ja` connu un agroforeˆts est encore plus remarquable. base de cacaoyer (26 % des agroforeˆts) de´veloppement plus ancien. Deux princi- Ce processus repre´sente 89 % des exten- et de bananier (11 %) sont issues de l’im- paux processus sont a` l’origine de l’exten- sions des agroforeˆts a` Maouon, 100 % a` plantation d’agroforeˆts sur les sols pro- sion des agroforeˆts (tableau 1) : Nienh et 40 % a` Konipara. Cela corres- fonds de bas de pente. Les associations a` – la transformation des reliques de foreˆt pond le plus souvent a` l’installation de base d’arbres fruitiers (oranger, man- en agroforeˆts est logique car ces espaces cultures pe´rennes apre`s une ou deux guier, citronnier, goyavier) ne repre´sen- fournissent apre`sunde´frichement rai- anne´es de riz pluvial. Les plants sont ins- tent que 3 % des agroforeˆts. Les palmiers sonne´ des conditions e´cologiques favo- talle´s en association avec des cultures re´si- hybrides plante´s depuis environ 5 ans, rables au de´veloppement des cultures duelles telles que le manioc, le bananier et correspondent a` seulement 4 % des par- pe´rennes (ombrage, humidite´, fertilite´). l’ananas. Plus rarement, quelques arbres celles agroforestie`res. L’huile ainsi pro- Ce processus est classique en Afrique tro- peuvent eˆtre plante´s autour de l’abri cons- duite est d’ailleurs moins appre´cie´epar picale humide, il a e´te´ observe´ en Coˆte truit dans la parcelle vivrie`re afin d’y les consommateurs que celle fournie par d’Ivoire dans les anne´es 1980 et 1990 par constituer un jardin de case arbore´ qui se les palmiers dura subspontane´s. Ruf (1995) et qualifie´ d’exploitation de la transforme progressivement en agroforeˆt L’extension de ces diffe´rents types d’agro- rente foreˆt. Il est particulie`rement remar- par plantation centrifuge d’arbres divers. foreˆts est la principale dynamique obser- quable a` Konipara ou` il correspond a` La distribution spatiale des agroforeˆts par ve´eaujourd’hui.Leursurfaceaplusque 50 % des extensions des agroforeˆts ; rapport au centre du village et leur aˆge

Tableau 1. E´ volution de l’occupation du sol des trois villages de 1979 a` 2003. Table 1. Land use change in the three villages from 1979 to 2003.

Village Nienh

Unite´ s d’occupation Surface (%) Surface (%) E´ volution (%) 1979 (ha) 2003 (ha) (ha) 1979-203 1979-2003 Habitat 12 0,4 24 0,7 12 103 Agroforeˆ t 513 15,6 868 26,3 354 69 Cultures vivrie` res 526 16 491 15 - 35 - 7 Jache` re 2 217 68 1 886 58 - 331 - 15 Relique foreˆ t000000 Total 3 268 100 3 267,92 100

Village Maouon

Unite´ s d’occupation Surface (%) Surface (%) E´ volution (%) 1979 (ha) 2003 (ha) (ha) 1979-203 1979-2003 Habitat 6 0,1 12 0,2 6 100 Agroforeˆ t 626 7,9 1 340 17,8 714 114 Cultures vivrie` res 751 10 823 11 73 10 Jache` re 3 606 48 4 798 64 1 192 33 Relique foreˆ t 2 475 33 490 6 - 1 985 - 80 Total 7 465 100 7 464 100

Village Konipara Unite´ s d’occupation Surface (%) Surface (%) E´ volution (%) 1979 (ha) 2003 (ha) (ha) 1979-2003 1979-2003 Habitat 9 0,3 17 0,5 8 85 Agroforeˆ ts 254 7 684 19,5 430 169 Cultures vivrie` res 311 8,7 519 15 208 67 Jache` res 2 070 59 2 265 65 195 9 Relique foreˆ t 840 24 0 0 -840 -100 Total 3 484 100 3 484 100

Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 429 Fréquence des parcelles vivrières en % anciens hameaux au sol riche, reliques de foreˆts, foreˆts galeries de bas-fonds. 70 Cela correspond aussi au besoin de jeunes me´nages qui cherchent a` s’approprier de 60 nouvelles terres propices aux cultures pe´rennes en s’e´loignant du village. – les agroforeˆts en production (7 a` 30 ans) 50 repre´sentent 60 % du total des agroforeˆts. Cela traduit bien la dynamique d’exten- ´ 40 sion des agroforeˆts observee par la carto- graphie diachronique pour la pe´riode 1979-2003, suite a` la libe´ralisation e´cono- 30 mique en Guine´e datant de 1984. – les anciennes agroforeˆts (plus de 30 ans) ne repre´sentent plus que 9 % du total des 20 agroforeˆts recense´es en 2005 ; elles sont principalement situe´es dans la ceinture 10 pe´rivillageoise (moins de 3 kilome`tres). Cela traduit l’absence de dynamique de plantation pendant la premie`re Re´pu- 0 blique (1958-1984) caracte´rise´eparun 1-3 ans 4-6 ans 7-10 ans syste`me de taxation, notamment du cafe´, Durée de jachère qui a dissuade´ les paysans d’investir dans ce secteur (Rossi, 1993 ; Delarue, 2007). Figure 3. Variabilite´ de la dure´ e de jache` re pour les parcelles vivrie` res a` base de riz sur coteaux (473 Ces analyses montrent qu’il y a eu ces parcelles pour les trois villages d’e´ tude en 2005). dernie`res anne´es une forte dynamique Figure 3. Fallow duration variability for rice-based cropping systems on hills (473 plots in the three vil- de plantation et de replantation dans ces lages studied in 2005). trois villages, les superficies en agroforeˆts ayant presque double´ partout entre 1979 et 2003. Les raisons de cette dynamique (tableau 2) permet d’identifier des e´le´- replantations ou des densifications d’an- sont-elles e´conomiques et/ou patrimo- ments de compre´hension des dynami- ciennes agroforeˆts de la ceinture pe´ri- niales ? Quels en sont les effets sur la ques de plantation dans cette re´gion. villageoise ; durabilite´ e´conomique, e´cologique et – les jeunes agroforeˆts de moins de 6 ans - la couronne 1 a` 3 kilome`tres du village sociale des syste`mes de production ? (encore improductives), repre´sentent concentre la moitie´ des jeunes agroforeˆts 31 % des agroforeˆts. Il y a bien une dyna- qui constituent l’extension de la ceinture mique re´cente et toujours actuelle de agroforestie`re pe´rivillageoise. plantation qui s’accompagne d’une diver- Au-dela` de cette ceinture, de 3 a` 12 kilo- sification des cultures pe´rennes, car le me`tres du village, les nouvelles agroforeˆts Pertinence cafe´ier et le kolatier tre`spre´sents dans sont plus rares (30 %) et se de´veloppent le les vieilles agroforeˆts n’occupent plus long des axes de communication. et durabilite´ que 25 % des jeunes agroforeˆts. Spatiale- Ces agroforeˆts proviennent parfois des ment ces extensions se structurent de la anciens jardins de case de campement des syste` mes fac¸on suivante : de culture de´ja` mentionne´s. Elles corres- - les jeunes agroforeˆts situe´es a` moins pondent aussi a` des plantations sur des de mise en valeur d’un kilome`tre du village sont des sites agrope´dologiques particuliers : Le syste` me vivrier de coteaux : Tableau 2. Aˆ ge et distance des agroforeˆ ts par rapport au centre du village. ancrage culturel et/ou performance Table 2. Agroforest ages and distributions from the village centre. e´ conomique ? ˆ Age des agroforeˆ ts Nombre % Distance au village Selon Delarue (2007), la baisse du rende- de parcelles 0-1 % 1-3 % 3-12 % ment en riz de coteaux est imputable a` la km km km re´duction de la dure´e de la jache`re pre´ce´- dente : 1 000-1 200 kg/ha apre`s 10 ans de 1a` 6 ans 281 31 53 21 143 34 85 36 jache`re versus 600-800 kg/ha apre`s une 7a` 30 ans 541 60 166 67 241 58 134 57 jache`re de 4 ans environ. De ce fait, la 31 a` 80 ans 80 9 30 12 32 8 18 7 productivite´ du travail diminue d’autant Total 902 100 249 100 416 100 237 100 plus conside´rablement que la gestion des adventices dans un riz cultive´ apre`s

430 Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 une jache`re de courte dure´e mobilise productions et des revenus. Par ailleurs, fonds afin d’accroıˆtre la production du beaucoup plus de travail. Le maintien de l’effet des agroforeˆts en termes de re´si- riz. L’objectif e´tait, comme a` Madagascar ce type de riziculture n’est donc pas lie´ a` lience e´cologique est certainement (Raunet, 1993) et au Vietnam (Erout et un objectif simple de productivite´ e´cono- important mais il n’a pas encore e´te´ quan- Castella, 2004) d’y produire une grande mique. Il est sous-tendu aussi par des tifie´. Les services environnementaux four- partie des besoins en riz des familles valeurs socioculturelles – nourrir sa nis par les agroforeˆts rappellent ceux afin de re´duire la riziculture pluviale sur famille avec son propre riz – et par des d’une foreˆt secondaire (Griffon et Mallet, coteaux et ainsi de pre´server les dernie`res habitudes alimentaires lie´es aux qualite´s 1999) : re´duction du ruissellement et de foreˆts. Mais dans la CRD de Kobela, les gustatives des varie´te´s locales de riz. l’e´rosion – notamment pour les zones bas-fonds ne repre´sentent qu’environ Ne´anmoins, une analyse uniquement pentues et les berges des cours d’eau, 5 % des terres cultivables, trop peu pour centre´e sur la production de riz sous- entretien d’un microclimat plus humide, constituer une alternative a` la riziculture estimerait la re´elle performance e´cono- habitat pour la faune et surtout pour les pluviale de coteaux. Par ailleurs, les mique des associations complexes « riz auxiliaires qui limitent l’incidence des diffe´rents ame´nagements se sont ge´ne´- + autres vivriers + palmier a` huile subs- parasites des cultures. De plus, la protec- ralement re´ve´le´s non durables apre`s pontane´ ». De fait, l’« huile rouge » artisa- tion et l’entretien d’espe`ces ve´ge´tales trois ou quatre anne´es d’utilisation. La nale issue de ces palmiers est devenue la dans ces agroforeˆts sont garants du main- baisse rapide des rendements en riz premie`re source de revenu mone´taire des tien de la biodiversite´ et des usages multi- dans ces situations a e´te´ observe´e et pour- me´nages ruraux de cette re´gion. Il ne faut ples qui en de´coulent : bois d’œuvre, van- rait s’expliquer par le faible entretien des pas non plus ne´gliger les productions des nerie, pharmacope´e, etc. Ces agroforeˆts ame´nagements par les paysans et surtout cultures associe´es souvent difficiles a` constituent aussi un patrimoine qu’on la modification du fonctionnement quantifier et celles des cultures en rota- peut le´guer a` ses descendants. Les agricul- hydrologique des bas-fonds : perturba- tion (arachide, manioc, banane) en teurs reconnaissent deux avantages tion du re´gime hydrique des sols semi- anne´es 2 et 3 apre`slade´friche-bruˆlis. majeurs a` ces agroforeˆts. Elles procurent tourbeux, isolement des bas-fonds Ainsi, le manioc progresse partout et avant tout une diversite´ de produits faci- ame´nage´sdelase´dimentation qui les contribue de plus en plus a` la se´curite´ lement commercialisables (cafe´, noix de alimentaient en e´le´ments nutritifs alimentaire des ruraux. Mais la de´grada- cola, cacao, bois, fruits divers, e´corces) (Delarue, 2007). Dans certains cas, tion des conditions de production de ce sans beaucoup de risques car l’investisse- des bas-fonds ame´nage´s ne sont plus syste`me de culture est re´elle : enherbe- ment en travail et surtout en intrants est cultive´s. La durabilite´ de la riziculture de ment excessif surtout, et baisse de la four- limite´. Mais une des raisons majeures de bas-fonds ame´nage´s et la rentabilite´ de niture de nutriments aux cultures par le l’inte´reˆt porte´ aux agroforeˆts est le besoin cet investissement sont donc a` tout le sol. Ainsi, certains agriculteurs pre´fe`rent pour les familles posse´dant beaucoup de moins incertaines. abandonner la riziculture de coteaux pen- terre de marquer leur emprise sur le fon- dant une anne´e ou deux afin d’allonger la cier a` une pe´riode ou` les demandes d’ac- dure´e de la jache`re, mais pour cela il leur cession a` la terre des jeunes me´nages sont Agencement spatial faut disposer de rizie`res de bas-fonds de plus en plus pressantes. Les qualite´s des diffe´ rents syste` mes pour assurer l’alimentation familiale. e´cologiques et les performances e´cono- de mise en valeur La re´duction de la dure´e de jache`re sera miques de ce syste`me de culture consti- aussi dommageable aux palmiers a` huile tuent aussi sur le long terme des e´le´ments Chacun des syste`mes de mise en valeur subspontane´s si utiles aux familles. Du importants de la durabilite´ des syste`mes e´tudie´s montre une certaine rationalite´ fait de l’invasion des jache`res de courte de production de cette re´gion. des producteurs. L’extension des agrofo- dure´eparChromolaena odorata,le reˆts observe´e dans la CRD de Kobe´la pose recru forestier a` base d’arbres he´liophiles Mise en culture la question de la recherche de la meilleure est compromis par le fort ombrage pro- combinaison entre les diffe´rents syste`mes duit par cette espe`ce semi-ligneuse. des bas-fonds : de culture sur les coteaux : riz pluvial De plus, son excellent rendement calo- une intensification + vivriers + palmier, d’une part, et agrofo- rique lors du brulis pre´ce´dent la remise non maıˆtrise´ e reˆts, d’autre part. Si l’extension des agro- en culture affecte la survie des jeunes pal- foreˆts se poursuit et correspond d’abord a` miers (Gauthier, 1996). Dans ces condi- En re´ponse a` la re´duction du temps de une logique foncie`re, c’est la durabilite´ tions, le nombre de palmiers risque de jache`re et a` la baisse des rendements du sociale du syste`me agraire qui sera mise de´croıˆtre au fils des anne´es. riz de coteaux, les bas-fonds sont aujour- a` mal : les familles de´tenant la terre pos- d’hui tous mis en valeur. La riziculture y se´deront de grandes superficies d’agrofo- Les agroforeˆ ts : est conduite le plus souvent en culture reˆts et pourront de moins en moins preˆter continue sans jache`re et apre`suname´na- ou louer de la terre pour les cultures un syste` me garant gement sommaire du bas-fond avec des annuelles (riz, manioc…) aux familles d’une certaine durabilite´ diguettes en terre. La valorisation des qui posse´daient a` l’origine peu de terre. e´ cologique bas-fonds en saison se`che reste encore Par ailleurs, l’accroissement des surfaces modeste malgre´ une nappe phre´atique d’agroforeˆts re´duit d’autant plus la super- L’association des cultures pe´rennes avec tre`s proche : un peu de nie´be´ de´robe´ et ficie disponible pour le syste`me « riz de des espe`ces arbore´es forestie`res ne per- quelques cultures maraıˆche`res. coteaux + vivriers » grand consommateur met certainement pas d’espe´rer un rende- A` partir des anne´es 1990, l’E´tat avec l’ap- d’espace, de´ja` mis a` mal par la re´duction ment e´leve´ de la culture principale. Son pui de bailleurs de fonds, a re´alise´ des du temps de jache`re. L’analyse de la dura- inte´reˆtre´side dans la diversification des ame´nagements hydro-agricoles des bas- bilite´ des syste`mes de production s’ave`re

Cah Agric, vol. 18, n° 5, septembre-octobre 2009 431 donc complexe et ne peut pas se limiter a` reforestation de la savane. Ainsi, les agri- Deffontaines JP. Les sentiers d’un ge´oagro- la juxtaposition des analyses relatives a` culteurs innovent en associant diverses nome. Paris : Editions Arguments, 1998. chaque syste`me de culture. C’est bien a` espe`ces pe´rennes cultive´es a` des plantes Delarue J. Mise au point d’une me´ thode d’e´ va- l’e´chelle du territoire villageois et a` celui subspontane´es issues des e´cosyste`mes luation syste´ mique de l’impact des projets de ´ de´ veloppement agricole sur le revenu des pro- de l’exploitation agricole qu’il faut appre- initiaux. Ils confortent ainsi une strate´gie ducteurs. E´ tude de cas en re´gion kpe`le`(Re´ pu- cier cette durabilite´ en tenant compte, par de recherche d’un revenu sur le long blique de Guine´e). The` se de doctorat en agri- exemple, de la marginalisation de certains terme en limitant les risques et en mar- culture compare´ e, AgroParisTech, Paris, 2007. groupes d’agriculteurs ou de l’impact du quant leur emprise sur un foncier agricole Erout A, Castella JC. Riz d’en bas, riz d’en de´veloppement d’un syste`me de culture de plus en plus convoite´. Cette « refores- haut : e´le´ ments structurants des syste`mes de au de´triment d’un autre sur la se´curite´ tation », que l’on devrait plutoˆt nommer production agricole d’une province de mon- alimentaire. tagne du nord du Vietnam. Cah Agric 2004 ; « agroforestation », ou « arborisation », 13 : 413-20. apporte des services environnementaux utiles a` la collectivite´ (controˆle de l’e´ro- Fairhead J, Leach M. Enriching the landscape: sion, maintien de la biodiversite´, produc- social history and the management of transi- tion ecology in the forest savanna mosaic of tion de bois d’œuvre) et aboutit a` des sys- the republic of Guinea. Africa : Journal of the Conclusion te`mes de culture montrant une bonne International African Institute 1996 ; 66 : 14-36. capacite´ de re´silience e´cologique. Mais Filipski M, Colin JP, Seignobos C. E´ mergence Cette e´tude montre l’inte´reˆt de l’approche elle pourrait poser des proble`mes d’instal- et e´ volution des droits de proprie´te´dansun ge´oagronomique pour comprendre les lation des jeunes me´nages et d’externali- contexte d’abondance foncie` re. Le cas du dynamiques spatiales des agrosyste`mes et sation de la production vivrie`re en re´dui- pays Yambassa (Cameroun). Cah Agric 2007 ; 16 : 387-93. doi : 10.1684/agr.2007.0129 l’e´volution des pratiques et des strate´gies sant l’espace localement de´volu aux des agriculteurs. Cette de´marche a permis cultures vivrie`res. En cette pe´riode de Gauthier L. Emprise des brousses a` Chromo- aussi de discuter de la durabilite´ des syste`- hausse des prix des produits alimentaires laena odorata sur le fond du V-baoule´(Coˆte d’Ivoire centrale). Journal d’Agriculture Tradi- mes de production qui en de´coulent. de base (riz, huile, ble´), il est important tionnelle et de Botanique Applique´e 1996 ; 39 : En Guine´e forestie`re, ces 20 dernie`res que les agronomes aident les agriculteurs 307-21. anne´es ont e´te´ marque´es par une forte a` se´curiser leur production vivrie`re. L’en- extension des agroforeˆts a` base d’associa- Griffon M, Mallet B. En quoi l’agroforesterie jeu pour la recherche et le de´velop- peut-elle contribuer a`lare´ volution double- tions de cultures pe´rennes, s’appuyant sur pement est donc d’associer a` la compre´- ment verte ? Bois For Trop 1999 ; 260 : 41-51. les ceintures pe´rivillageoises agroforestie`- hension des strate´gies paysannes, des res anciennes. Cette dynamique spatiale de´marches d’accompagnement de l’inno- Madelaine C, Male´ zieux E, Sibelet N, Manlay R. Semi-wild palm groves reveal agriculture des syste`mes agricoles peut eˆtre assimile´e vation et de prospective, afin de permet- change in Forest Guinea. Agroforestry Sys- a` un cycle de renouvellement de l’e´cosys- tre a` ces socie´te´s rurales d’atteindre leurs tems 2008 ; 73 : 189-204. te`me initialement domine´ par la foreˆtet objectifs sans compromettre leur cohe´- les jache`res de longue dure´e. Cette dyna- Porteres R. Les noms des riz en Guine´e.Paris: sion et leur avenir. ■ Laboratoire d’ethnobotanique du Muse´um mique de reconstitution d’une « e´cologie national d’histoire naturelle, 1966. forestie`re » n’est pas spe´cifique a` la Gui- ne´e forestie`re. On l’observe aussi dans Raunet M. Bas-fonds et riziculture.Actesdu Re´ fe´ rences se´ minaire d’Antananarivo, Madagascar, 9-14 des zones moyennement a` faiblement de´ cembre 1991. Collection colloques. Mont- peuple´es du Centre Cameroun ou` les pellier : Cirad-CA, 1993. Brasseur G. E´ tudes agricoles et e´ conomiques agriculteurs de´veloppent les agroforeˆts a` de quatre villages de Guine´ e Franc¸aise, Guine´e ´ base de cacaoyers et de cafe´iers dans un Forestie`re:VillagedeNiehen. Dakar (Se´ne´- Rossi.G.Evolution politique, de´ mographie et gal) : Institut franc¸ais d’Afrique noire, 1956. dynamique de l’environnement en Guine´e e´cosyste`me de transition foreˆt-savane forestie`re. Cahier d’Outre-Mer 1993 ; 46 : (Filipski et al., 2007). Dans les meˆmes Camara A. Dynamiques re´gionalesetsyste`mes 253-72. conditions climatiques, au nord de la Gui- ruraux en Guine´e forestie` re. Vers la concep- tion d’un observatoire pour le de´ veloppement. Ruf F. Booms et crises du cacao. Les vertiges ne´e forestie`re, Fairhead et Leach (1996) The`sedege´ ographie, Universite´ d’Avignon et de l’or brun.E´ conomie et de´ veloppement. observent des pratiques paysannes de des pays de Vaucluse, 2007. 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