Antanas Sutkus
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Centre de photographie - Toulouse Antanas Sutkus Un regard libre Le Château d’Eau – 1 place Laganne 31300 Toulouse – Tel +33 561 77 09 40 www.galeriechateaudeau.org Lituanien né en 1939, Antanas Sutkus est considéré comme l’un des plus grands photographes de l’ex Union soviétique. Photographe autodidacte, il a construit son oeuvre sous le régime communiste. Déjouant les pièges de la censure politique comme ceux de l’anecdote, il décrit la vie de tous les jours d’une manière juste, tendre, ironique parfois, toujours forte dans une écriture vive, rétives aux systèmes et aux influences. Antanas Sutkus, souvent considéré comme photographe humaniste, n’est cependant ni un Doisneau, ni un Cartier-Bresson. Il promène son oeil malicieux sur ses congénères mais ne se contente pas de monter leur quotidien et ne se perd pas dans les pièges de la géométrie. Alors que ses compatriotes se laissent aller aux influences du réalisme socialiste soviétique, Antanas Sutkus, lui, fait “autrement” : ses cadrages, toujours variées, sont à la fois construits et spontanés, il s’accorde même des accidents. Comme le dit si bien Ben Lewis, «il y a des images et il y a des contre-images. Une contre-image est produite comme un acte de résistance contre une image dominante, officielle et publique. La vaste archive d’Antanas Sutkus comportant 700.000 photographies autour de la vie quotidienne de la Lituanie communiste entre 1956 et 1989, est l'une des plus importantes librairies au monde de contre-images jamais produite. Chaque photographie de Sutkus est, pour paraphraser Orwell, « une mince contre-révolution », un acte d'opposition contre l'idéologie visuelle de l'état.» Pour un public actuel, il sera parfois difficile de voir ce qui failli causer beaucoup d’ennui à Antanas Sutkus qui échappa de peu à la prison. Ce sont souvent de simples détails qui vont à l’encontre des règles érigées par la propagande soviétique : des gens en haillons, un petit pionnier qui ne sourit pas, des ouvriers qui se reposent… cependant chaque image recèle un peu de subversion teintée de la douceur du regard de ce grand photographe. Jean-Marc Lacabe A Lithuanian born in 1939, Antanas Sutkus is considered as one of the greatest photographers to come out of the former Soviet Union. A self taught photographer, he was active under communism. With little room to manoeuvre in a system of political censorship, he found a playground in telling a tale, describing everyday life with a tender eye which is just right, sometimes ironic and always a strong vivacious style which stood out from the influences and the system. Sutkus’ work is testimony to his free roving eye... Antanas Sutkus, often considered to be a humanist photographer, is not a Doisneau nor a Cartier- Bresson. His sharp eye sees his fellow man but he is not satisfied simply showing off the everyday nor does he get caught up in the geometry of the composition. While his compatriots succumbed to the influence of the soviet social realism, Sutkus, on the other hand went his own way: his shots, always different, preconceived, yet spontaneous, where even accidents were allowed. As Ben Lewis finely put it, “there are images and their are anti-images. An anti-image is the product of an act of resistance against the official, public and dominant image. The vast archive of Antanas Sutkus’ is made up of 700,000 photographs of everyday life in Communist Lithuania between 1956 and 1989, it is one of the most important libraries in the world of anti-images. Every one of Sutkus’ photographs, to paraphrase Orwell is a small counter revolution, an act of opposition against the visual ideology of the state”. For the contemporary public, it is difficult to see what might have created problems for Sutkus, who wasn’t far from being sent to prison. Often they are simple details which go against the soviet propaganda: people in rags, a little pioneer who isn’t smiling, workers resting... while every image possesses a bit of subversive soul, it’s shaded by the gentle eye of the great photographer. Repères biographiques Antanas Sutkus est né le 27 juin 1939, région de Kaunas, en Lituanie. De 1958 à 1964, il a étudié le journalisme à l'université de Vilnius. Il est l'un des fondateurs de la Société Lituanienne de l'Art Photographique. Il a réalisé plus de 120 travaux. Parmi eux : Le peuple lituanien (1959), La Lituanie vue par un oiseau (1973-1980), Les réunions avec la Bulgarie (1972-1979), Les lituaniens du monde (1991-1994), Nostalgie des pieds nus (1959-1979), Pro Memoria : Aux martyrs vivants du ghetto des Kaunas (1994-1997), Le temps passé (1999) Il reçoit de nombreux prix, dont le Prix de la fondation Hasselblad en 2002. Depuis 1969 les photographies d’Antanas Sutkus font l’objet de très nombreuses expositions onographiques et de groupe dans les pays de l’ex Union Soviétique. Cependant, il pu participer à différents concours dans le monde via l’Union des Photographes Lituaniens. A partir de 1991 son travail est exposé dans des lieux prestigieux à Osaka, Londres, Munich, Tokyo, Munich, Berlin, New-York… Au total les photographies d’Antanas Sutkus a fait l’objet de plus de 100 expositions monographiques, et d’innombrables expositions collectives. Il a reçu plus de 100 prix et plus d’une vingtaine d’ouvrages lui sont consacrés. Il est, en outre, l’auteur de nombreux livres sur la Lituanie et les pays de l’est. Il est également connu pour avoir immortalisé Sartre et Simone de Beauvoir lors de leur séjour en Lituanie en été 1965. Alors tout jeune photographe (26 ans), il les suivit durant 5 jours au cours d’un voyage officiel. A la mort du philosophe, ses images ont fait le tour du monde. C’est pourtant bien après que le monde occidental découvre le nom de Sutkus et son oeuvre remarquable. Ses travaux sont présents dans de nombreuses collections : Musée d’art Lithuanien, Vilnius- Bibliothèque nationale, Paris -Victoria and Albert Museum, Londres - Musée de la photographie Helsinki - Centre international de la photographie, New-York - Institut des arts de Chicago - Musée d’Art de Minneapolis, Musée d’art de Boston - Musée d’art moderne de Stockholm, La Maison de la photographie à Moscou - Musée de la photographie, Prague, Le Château d’eau, Toulouse. Since 1969, the photographies of Antanas Sutkus were subjected to many solo and group exhibitions in the ex Soviet Union. However, he was able to participate to different competitions through Photography Art Society of Lithuania. From 1991, his work is exhibited in prestigious places in Osaka, London, Munich, Tokyo, Berlin, New-York…with 100 solo and group exhibitions. He received more than 100 prizes and about twenty books were dedicated to him. Besides, he is the author of several books on Lithunia and eastern countries. Sutkus is renowned too for having immortalized Sartre and Simone de Beauvoir when they visited Lithuania in 1965 ; He was 26 years old when he had an opportunity to spend 5 days with them during an official visit. In the death of Jean-Paul Sartre his images went around the world; But it’s only later that the western world discovered Sutkus name and his outstanding work. His works are in the collections of Lithuanian Museum of Art, Vilnius, Victoria and Albert Museum, London, Museum of Photography, Helsinki, International Centzr of Photography, New-York, Institute of Arts, Chicago, Art Museum, Minneapolis, Art Museum, Boston, Museum of Modern Art , Stockholm, The Moscow House of photographie, Museum of photography Prague, The Château d’Eau, Toulouse « J’ai passé cinquante ans de ma vie créative en ville, mais mes racines sont à la campagne. Si je n’avais pas grandi là-bas, si je n’avais pas senti le frémissement du vent dans les feuilles d’érables, vu l’ondoiement des champs de blés, écouté le battement de la pluie sur le toit de la grange, je serais difficilement devenu photographe. Mes débuts sont là-bas. » (Antanas Sutkus) Antanas Sutkus est considéré comme l’un des maîtres de la photographie mondiale et est souvent surnommé le "Homère de la photographie lituanienne” tant l’oeuvre de sa vie forme un assemblement continu et épique de fragments de la vie de tous les jours. Sutkus a constitué une archive immense, guidant son arsenal d’une manière créative, ouvrant perpétuellement de nouveaux thèmes et les creusant toujours plus en profondeur. Ses oeuvres transcendent les limites de la culture locale. Pour lui, la photographie a toujours été un moyen de lire la réalité, et non de la recréer. La substance de son travail pourrait être définie par un seul mot : être. La notion correspond aussi bien à la vérité révélée par le photographe qu’à l’esthétique existentialiste qui se manifeste dans son oeuvre. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un simple hasard si Sutkus, chargé de documenter la visite de Sartre et Simone de Beauvoir en Lituanie, a donné le jour à l’un des plus célèbres portraits du grand philosophe de l’existentialisme. Maître de “l’instant décisif”, Sutkus a su trouver son propre moyen de résistance discrète avec la photographie intimiste. Il arrive à décrire la vie de tous les jours de l’époque soviétique, sans le soviétisme, mais d’une manière intense, juste et tendre. Sutkus représente un pilier de la culture émergeante de cette époque, une génération remplie de promesses. Ses travaux les plus mémorables sont nés dans les années 50 et sont composés en opposition aux standards de l’idéal totalitaire qu'il a toujours ignoré. Le photographe a défini le thème central de son oeuvre dès les premières années de son activité artistique : sa série “ Le peuple lituanien” a érigé la vitalité d'un homme au-dessus de la grisaille de la vie soviétique.