Isabelle Fauduet LES TEMPLES DE TRADITION CELTIQUE

Quinze ans après la parution de l’ouvrage sur les temples de tradition celtique, LES TEMPLES près de 300 sites cultuels ont été découverts sur le territoire français et des données nouvelles ont été rassemblées sur des sanctuaires déjà connus. Dans cette nouvelle publication, les lieux de culte sont traités dans une perspective DE TRADITION CELTIQUE plus étendue pour montrer la variété des pratiques en Gaule. Ces édifi ces, Nouvelle édition revue et augmentée couramment dénommés “fanum/fana”, associent tradition indigène et caracté- ristiques venues de Rome. Ils sont ici étudiés dans leur environnement. On en compte plus de 800 actuellement en France. Au moment où le monde du sacré connaît un regain d’intérêt il est important de s’interroger sur les liens entre les divinités et leurs dévots, entre les sanctuaires et les cités et leur territoire. Après un historique des recherches, ce livre présente les sanctuaires dans leur environnement puis les données sur l’architecture et l’évolution des structures, mieux connues grâce aux recherches récentes. Les différentes conceptions architecturales sont présentées en portant l’accent sur les nouvelles découvertes – du petit temple carré à l’édifi ce habillé à la romaine. Leur évolution est retracée, suivie par une présentation des divinités et des pratiques cultuelles où l’on observe de façon diverse les liens entre les dévots et LES TEMPLES DE TRADITION CELTIQUE la cité, avec la diffi culté d’appréhender la distinction entre culte privé et culte public ou offi ciel. Les pratiques cultuelles sont développées en intégrant les témoignages épigraphiques et archéologiques, en mettant l’accent sur les nou- velles données recueillies, qui vont de l’ex-voto miniature aux vestiges fauniques. Cette étude est accompagnée de notes, d’une bibliographie mise à jour, d’un index thématique et d’un inventaire des sites avec une cartographie

Archéologue, Isabelle Fauduet étudie les pratiques cultuelles en Gaule romaine. Ingénieur au CNRS, USR 710 – L’Année épigraphique, elle s’intéresse aux objets de la vie quotidienne et participe au programme européen FERCAN sur les théonymes celtes connus par l’épigraphie. Elle a publié aux éditions Errance Les Temples de tradition celtique en Gaule romaine (1993) et l’Atlas des sanctuaires romano- Isabelle Fauduet celtiques de Gaule (1993).

éditions errance ISBN 978-2-87772-416-6 DÉP. LÉG. : AVRIL 2010 29 € TTC France www.editions-errance.fr 9:HSMIRH=\WYV[[: éditions errance Illustration de couverture : Le sanctuaire d’Argentomagus (Indre) avec ses deux fanaa et, au premier plan, une chapelle carrée avec pronaos. Aquarelle de Jean-Claude Golvin. D’après Coulon, Golvin, 2006.

Archéologue, Isabelle Fauduet étudie les pratiques cultuelles en Gaule romaine. Ingé- nieur au CNRS, USR 710 – L’Année épigraphique, elle s’intéresse aux objets de la vie quotidienne et participe au programme européen FERCAN sur les théonymes celtes connus par l’épigraphie.

Pour recevoir gratuitement notre catalogue et des informations sur les nouveaux titres publiés par les Editions Errance concer- nant l’archéologie, l’histoire et le patrimoine, © Editions Errance, Paris, 2010 veuillez nous adresser vos coor- 7, rue Jean-du-Bellay 75004 Paris données ou nous envoyer votre Tél. : 01 43 26 85 82 carte de visite. Fax : 01 43 29 34 88 [email protected] ISBN : 978-2-87772-416-6

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2 223/03/103/03/10 16:0716:07 SOMMAIRE

PRÉFACE 7 PRÉAMBULE 9 Le temple gallo-romain, dit fanum 9 INTRODUCTION 11 I. TÉMOIGNAGES ANTIQUES ET HISTORIQUES DE LA RECHERCHE 17 1. Témoignages antiques 17 a. Les sources littéraires 17 b. Les sources épigraphiques 18 Temples en relation avec des divinités 19 c. Les sources iconographiques 22 2. Historique et état des recherches 22 a. Historique des découvertes 22 b. Le développement des recherches 28 II. LE SANCTUAIRE DANS SON ENVIRONNEMENT 43 1. L’environnement 43 a. L’implantation topographique 43 b. L’environnement antique 44 Position dans la cité 44 Les voies antiques 48 2. Les sanctuaires dans l’espace urbain et rural 48 a. Sanctuaires des chefs-lieux de cité 49 b. Sanctuaires des agglomérations “secondaires” 52 c. Monuments publics associés 58 d. Sanctuaires ruraux ou isolés 62 e. Liens entre sanctuaire et domaine funéraire 67 III. L’ESPACE SACRÉ 73 1. Délimitation de l’enceinte 73 a. Le mode de clôture 73 b. L’entrée du péribole 76 c. Le portique et la monumentalisation de l’espace sacré 77 2 L’aire sacrée 81 a. L’aire de circulation 81 b. La place du fanum dans l’aire sacrée 81 c. Bâtiments et constructions annexes 89

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3 223/03/103/03/10 16:0716:07 d. Aménagements divers 91 Autels 92 Bassins 92 Ensembles clos 93 IV. LE TEMPLE 99 1.Typologie 99 a. Temples à plan centré 99 Le temple à simple galerie périphérique 99 Le temple à galerie et double cella 107 Le temple à galerie et pronaos ou temple mixte 107 b. Temples sans galerie 112 Le temple à cella circulaire 112 Le temple à “pronaos” ou porche 113 Temples à simple cella 117 Les temples sous-jacents à un temple à galerie 118 Les enclos à édifi ces multiples 120 2. Architecture 120 a. Orientation et délimitation 122 b. L’entrée du temple 122 c. Les dimensions 125 d. Matériaux 126 e. La toiture 127 f. L’élévation 128 g. Le sol 132 h. Le décor 132 Revêtements peints 132 Le décor architectonique 135 i. Les aménagements internes 135 V. CHRONOLOGIE DU SANCTUAIRE 143 1. L’apparition des temples 144 a. Les antécédents 144 b. Les édifi ces cultuels à simple cellaa 149 2. Les premiers temples à galerie 149 3. Phases de développement et de réaménagement 151 4. Destruction et abandon des sanctuaires 160 5. Le devenir des sanctuaires 163 VI. L’ORGANISATION DU CULTE 171 1. Offi ciants et dévots 171 a. Clergé et desservants 171 b. Les dédicants 174 Actes d’évergésie 174 Dédicaces privées 178 De l’identité de certains dévots 179

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 4 223/03/103/03/10 16:0716:07 c. Représentations de dévots 180 d. Accessoires du culte 183 2. Pratiques cultuelles 185 a. Sacrifi ces 186 b. Processions et jeux 191 c. Des ablutions à la divination 194 d. Les activités autour du sanctuaire 197 VII. DIVINITÉS ET CULTE IMPÉRIAL 207 1. Divinités, témoignages de l’épigraphie 207 a. Divinités “classiques” 209 Mercure 209 Apollon 211 Mars 212 Jupiter 213 Minerve 213 Autres divinités 214 b. Divinités locales ou indigènes 214 Dieux / théonymes masculins 214 Divinités féminines 216 2. Les représentations fi gurées, sculpture et bronzes 218 La sculpture 219 Les fi gurines en bronze 224 Les fi gurines en bronze de Mercure et ses attributs 227 3. Le culte impérial 230 VIII. LES OFFRANDES 237 1. Vœux et offrandes, dédicaces 239 2. Dépôts d’armes 244 3. Miniaturisation 245 4. Monnaies 247 5. La statuaire 249 6. Les ex-voto anatomiques 252 Ex-voto en forme d’yeux 257 Lyonnaise / Lingons 257 Autres provinces 258 7. Rouelles, anneaux, amulettes 258 8. Plaquettes et feuilles votives 259 9. Objets de la vie quotidienne 260 10. Offrandes périssables, végétales 263 11. Usages de la vaisselle en céramique 264 12. Lampes 268

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 5 223/03/103/03/10 16:0716:07 CONCLUSION 275

BIBLIOGRAPHIE 279

GLOSSAIRE 297

ANNEXES 299 Offrandes métalliques 300 Liste des sanctuaires dans l’ordre alphabétique des communes 303 Cartes 315

INDEX 347

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 6 223/03/103/03/10 16:0716:07 PRÉFACE

Dans le titre, l’expression « temples de tradition celtique », choisie par l’éditeur pour la première édition, a été conservée. Il faut comprendre temples romano- celtiques, édifi ces rencontrés dans les anciens territoires celtes, qui se distinguent des temples classiques par la présence d’une galerie. Cette réédition du livre publié en 1993, qui avait bénéfi cié des recherches antérieures de Dominique Bertin, prend en compte les nouvelles découvertes et études qui se sont multipliées ces dernières années et s’appuie également sur L’Atlas des sanctuaires romano-celtiques, paru la même année. Quelque 300 sites nouveaux ont été recensés en France et leur présentation ne peut être exhaustive, un tour d’horizon dans les différents domaines a été privilégié. L’illustration a été enrichie grâce à la documentation fournie par archéologues, musées et prospecteurs (en particulier les photos aériennes de P. Eudier et A. Étienne, J. Dassié, R. Goguey et du Centre de Recherches archéologiques aériennes en Auvergne ; les aquarelles de J.-Cl. Golvin). Je les en remercie vivement, ils sont nombreux et je ne peux les citer tous, P. Aupert, M. Bonneau, I. Cartron, B. Clémençon, Chr. Delplace, J.-P. Delor, G. Barbet, L. Joan, M. Durand, E. Ferber, G. Fercoq du Leslay, L. Jeanne, J.-M. Laruaz, G. Leclerc, J. Maniez, C. Maniquet, S. Martin-Kilcher, J. Meissonnier, N. Paridaens, T. Pothin, D. Rigal, D. Schaad, P.-A. Schwarz, M. Segard, J.-P. Séguret, G.-P. Woimant, le Service d’Archéologie, Direction de Liège ; les informations sont parfois inédites, en particulier celles fournies par D. Pouille, J.-J. Gaffi ot, K. Robin, N. Tisserand, F. Verneau. Merci aussi à Romain Pigeaud pour son dynamisme et à tous ceux qui m’ont encouragée à actualiser ce dossier des sanctuaires. La cartographie a été réalisée à partir des cartes de l’Atlas ; pour la carte de la région Centre, à partir d’un DAO de Chr. Bailly, pour celle de l’Aquitaine romaine, du DAO de N. Petoxo, Ausonius.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 7 223/03/103/03/10 16:0716:07 LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 8 223/03/103/03/10 16:0716:07 PRÉAMBULE

Le temple gallo-romain, dit fanum Ce type d’édifi ce cultuel, répandu à partir de l’époque augustéenne dans les an- ciens territoires celtiques, se caractérise par un plan centré, qui est constitué le plus souventd’une cellaa carrée au centre, pièce réservée à la statue de la divinité, entourée d’une galerie ou déambulatoire. Généralement, la cellaa est surélevée avec un toit à deux pans (en bâtière) et des ouvertures pour assurer l’éclairage – d’après les rares ves- tiges conservés de murs en élévation. La galerie, fréquentée par les fi dèles, se présente le plus souvent sous la forme d’un portique dont le toit est soutenu par des poteaux ou des colonnes. Les poteaux, dans un certain nombre de sites, devaient être placés sur des murs bas ou murs bahuts. Par ce “promenoir”, dallé ou empierré, où l’on pouvait fi xer ou déposer des offrandes, le temple gallo-romain, ou romano-celtique, se distingue du temple gréco-romain dont la cella, rectangulaire, est précédée d’un pronaos, pièce servant de vestibule – ou encore grand hall à colonnade. L’entrée est souvent disposée à l’Est et dans les constructions les plus modestes elle est marquée par un seuil ; ailleurs, elle est monumentalisée avec un porche ou le temple est bâti sur un podium précédé d’un escalier, un emprunt à l’architecture classique ; il s’agit dans ce cas d’architecture mixte. De nombreuses variantes ont été observées : en dehors du temple à “double carré” concentrique, on rencontre des formes polygonales ou circulaires, des cellaee intégrées dans une galerie commune ou précédées soit d’un porche, soit d’un ample vestibule. Il faut ajouter les temples construits sans galerie mais dont le portique adossé au mur d’enceinte peut en quelque sorte se substituer à celle-ci. Le temple est implanté dans une cour habituellement fermée par un mur d’en- ceinte qui succède parfois à un fossé ou à une palissade et qui délimite ainsi le péri- bole, l’enceinte sacrée.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 9 223/03/103/03/10 16:0716:07 Ensemble cultuel de Pithiviers-le-Vieil (Loiret). Aquarelle de J.-C. Golvin. D’après Coulon, Golvin, 2006.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1010 223/03/103/03/10 16:0716:07 INTRODUCTION

“Quand les voyageurs pieux rencontrent sur leur route un bois sacré ou quelque lieu saint, ils ont coutume de se mettre en prière, d’offrir un ex-voto, de s’arrêter un moment (…) un autel ceint de guirlandes de fl eurs, une grotte ombragée de feuillages, un chêne chargé de corness (…) un tertre consacré par une enceinte, un tronc d’arbre sculpté par la doloire en fi gure humaine (…).” Cette évocation des campagnes du IIe s., tirée des Floridess d’Apulée, que Raymond Chevallier cite dans son ouvrage sur les voies romaines, pourrait s’appliquer à la Gaule.

La moindre bourgade, le moindre domaine en Gaule devaient être dotés d’un lieu de culte qui pouvait se présenter sous des formes diverses : vaste complexe religieux, aire cultuelle délimitée par un enclos abritant ou non des bâtiments1, simple temple ou chapelle. Des lieux de dévotion sont en effet reconnaissables par des dépôts votifs : dans un édicule carré comme à Varces (Isère) ou dans une grotte comme au sud du Massif central2 à l’emplacement d’une source comme à Chamalières ou à Chaumont, dans la forêt de Corgebin, et à Montlay, ou d’un point d’eau comme au lac de Saint- Andéol3, ou encore au pied de reliefs rupestres dans le Nord-Est de la Gaule et en plein air, sans structures bâties, comme en Provence4 et dans les vallées pyrénéennes ou sur les crêtes (Schenck-David 2005). Devant la diversité des lieux cultuels on s’interroge tout naturellement sur la notion de lieu de culte ; en dehors des sites de dévotion mentionnés il faut tâcher de distinguer les sanctuaires commandés par les délégués de l’administration pour les cultes offi ciels, par les évergètes pour des cultes publics (mais pas nécessairement) et les temples édifi és dans les domaines ruraux ou aux alentours (cultes privés et communautaires)5. Et là intervient la notion de statut puisque l’implantation d’un sanctuaire obéit à des règles, rappelées par John Scheid6. Mais jusqu’à quel niveau et à partir de quand dans les Gaules ?

L’implantation des lieux de culte varie suivant les régions, les époques et la nature du culte. Ils ont connu des formes diversifi ées au fur et à mesure du développement des techniques de construction et de la parure monumentale des agglomérations, couplé avec l’infl uence de Rome dans la vie des cités et l’importation de cultes divers. En dehors de la Narbonnaise, le temple gréco-romain (cellaa rectangulaire précédée d’un pronaoss et édifi ée sur un podium) est rare en Gaule si ce n’est dans des chefs- lieux de cité. Les sanctuaires mithriaques, caractérisés par une nef centrale bordée de banquettes, mieux connus dans les Trois Gaules depuis les années 80, sont surtout

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1111 223/03/103/03/10 16:0716:07 présents, dès le IIe s., dans la partie orientale de la Gaule et on ajoutera la présence aussi d’un sanctuaire germanique à Arras7. Les temples de plan centré et leurs variantes, répandus à partir de l’époque au- gustéenne, sont les plus représentatifs et ont été reconnus dans les anciens territoires celtiques. Nombreux dans les Trois Gaules et les deux Germanies (suivant le décou- page administratif du IIe s.), ainsi que dans le sud de la Bretagne, ils sont présents, sur une plus faible échelle, dans les provinces danubiennes jusqu’en Dacie, comme à Sarmizegetusa (Roumanie), et en Mésie, à Pliska (Bulgarie)8. Ils sont rares dans le sud-est de la Narbonnaise et pratiquement absents au sud de la Garonne et dans la péninsule Ibérique9. Le modèle le plus commun est celui d’une cellaa entourée d’une galerie, déambulatoire accessible aux fi dèles (l’ambituss des Latins), architecture que les érudits distingueront dès le XIXXe du temple d’origine italique et que les archéolo- gues décriront en utilisant le terme fanum. Ces temples sont au centre de cette étude qui met l’accent sur les découvertes situées en Gaule, tout en tenant compte des sites faisant partie de la Germanie (en France, Suisse, Belgique ; une partie d’entre eux était recensée dans la Base de données qui accompagne l’atlas des sanctuaires roma- no-celtiques, voir infra). Pourquoi romano-celtique ? Qu’est-ce qui unit un petit temple à double carré concentrique et un édifi ce imposant comme celui de la tour de Vésone à Périgueux dont le décor relève davantage de canons classiques ? Albert Grenier a rappelé dans son Manuel d’archéologie gallo-romainee les deux caractéristiques du temple gallo-ro- main : une cellaa entourée d’une galerie et la délimitation d’une aire sacrée (temenoss). Bien sûr la porticus est une caractéristique romaine qui se développera progressive- ment dans les provinces, comme l’avait déjà souligné Lewis dans son ouvrage sur les temples de Bretagne (Lewis 1966, p. 9), et la circumambulation n’est pas une particularité gauloise puisqu’elle est pratiquée ailleurs, chez les Grecs par exemple, dont les usages sont mieux connus par les textes (Mehl 2002)10. La mention de Stra- bon relative à une circumambulation correspond à une coutume antérieure, ainsi que cela a été signalé à diverses reprises11. Le rite a précédé l’adoption de la galerie, comme l’a rappelé Alasdair Watson (Watson 2007, p. 189), et ce sont les populations des territoires cités plus haut qui ont eu recours à cette technique en couvrant un espace autour de la cella, respectant une tradition ; une acculturation, plutôt qu’une création, qui sera observée après la Conquête, en 52 av. J.-C., progressivement et de façon inégale (voir infraa chap. V). Pourquoi fanum ? Par commodité et de façon paradoxale puisque ce terme est utilisé par des auteurs latins pour des édifi ces différents et dans divers contextes12 ; quelques exemples seront cités pour montrer la diffi culté d’établir une défi nition. Pour Varron, il serait avant tout un lieu sacré consacré par un pontife tandis qu’un templum serait en plus inauguré par un augure (De lingua Latinaa VI, 54). Tite-Live emploie indifféremment fanum et lucuss (et templum) (XXVI et XXVIII) et Cicéron emploie sans précisions templum ou aedes, tandis qu’il a écrit qu’il allait faire bâtir un

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1212 223/03/103/03/10 16:0716:07 fanum à la mémoire de sa fi lle Tullia13. Pour Suétone, il y a une distinction lorsqu’il rapporte que César a pillé fana templaque (correspondent-ils à une architecture diffé- rente ?) (César, LIV, 2). Fronton, qui rapporte une lettre de Marc Aurèle, juxtapose les trois mots delubrum, fanum, templum, ce qui laisse supposer trois types de lieux sacrés qui représenteraient les termes esplanade, chapelle, édicule ou petit temple et grand temple ou sanctuaire (IV, 4) ? On ne s’étendra pas sur cette question qui a fait l’objet de commentaires, le premier par Bouché-Leclercq dans le Daremberg et Saglio (fanum, p. 973-977). Dans son étude des temples chez les Tongres et les Trévires (infra), Yves Cabuy a repris les citations antiques en montrant les incerti- tudes qui demeurent sur les défi nitions. Pierre Gros a rappelé l’ambiguïté du mot, pour utilisation dans une terminologie (Gros 1996, p. 199). Plus récemment, Annie Dubourdieu et John Scheid ont examiné les occurrences des expressions relatives aux lieux de culte à partir des auteurs latins et des grands corpus épigraphiques, templum étant la plus fréquente et fanum étant surtout utilisé à l’extérieur de Rome ou des agglomérations, avec un fl ottement dans l’usage puisque le même édifi ce peut être désigné de deux façons14. Les documents épigraphiques connus en Gaule ne permettent pas de différen- cier les mots mais les auteurs du Bas-Empire et du VIe s. utilisent le plus souvent le terme fanum pour promouvoir la destruction des lieux de culte païens (Filotas 2005, p. 195-196), ainsi Sulpice Sévère, Césaire d’Arles, Grégoire de Tours ou des Édits impériaux. Il est employé encore plus tard à l’époque de Charlemagne à propos des temples chez les habitants de la Frise (Dowden 2000, p. 133). Il est resté dans la toponymie sans qu’on puisse lui associer une construction précise, même si des ves- tiges sont été reconnus dans des localités où des toponymes renvoient à une présence antique : Fanum Martis à Corseul est-il en relation avec le temple du Haut-Béche- rel ? À la suite de Léon de Vesly, qui a dénommé fanaa les temples qu’il a étudiés en Normandie (Vesly 1909), le terme sera employé par les archéologues pour distinguer un édifi ce de plan centré (parfois par extension pour une simple cellaa carrée) d’un temple de plan classique, ceci indépendamment de toute interprétation sur le mot et les cultes. D’où l’expression celto-romain ou, chez les Anglo-saxons, “Romano- Celtic” quand on décrit un ensemble qui associe éléments de tradition locale ou “indigène” et techniques de construction venues de Rome.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1313 223/03/103/03/10 16:0716:07 NOTES : 1 Parmi les enclos sans édifi ce cultuel, on citera celui d’’Ambrussum, en périphérie de l’habitat, qui abrite un autel à partir de l’époque augustéenne, avec une succession de dépôts votifs : Fiches et al. 2007. 2 Helly 2000 ; Vidal, Vernhet, Pujol 2000, ainsi que dans des grottes du Centre-Ouest : S. Ducongé, J. Gomez de Soto, Les dépôts à caractère cultuel en milieux humides et dans les cavités naturelles du Centre-Ouest de la France de l’âge du Fer, in L’Âge du Fer dans l’arc jurassien, p. 477-492. 3 Thomas 2003 ; J. Dupont, J. Bénard, Le sanctuaire gallo-romain à bois votifs de La Fontaine Segrain, à Montlay-en-Auxois (Côte-d’Or), RAE, 46, 1995, p. 59-78. Gruat et Izac-Imbert 2002 ; et P. Arcelin, P. Gruat, La France du Sud-Estt, in Arcelin, Brunaux éd. 2003, p. 169-179. 4 Barruol 1994 et idd., Les sanctuaires gallo-romains, in Atlas culturel des Alpes occidentales, p. 214- 215. Ou parfois pressentis par la densité des inscriptions religieuses : R. Häussler, Pouvoir et reli- gion dans un paysage gallo-romain : les cités d’Apt et d’Aix-en-Provence, in Romanisation et épigra- phie, p. 155-248. 5 Les études réunies dans Sanctuaires et sources dans l’Antiquité soulèvent la question des sources do- cumentaires pour appréhender cette notion. 6 J. Scheid, Réfl exions sur la notion de lieu de culte dans les Gaules romaines, in Archéologie des sanc- tuaires, p. 19-25. 7 M.-A. Gaidon-Bunuel, Les mithraeaa de Septeuil et Bordeaux, Revue du Nordd, 73, 1990, p. 49-58. A. Jacques, Les cultes à Arras au Bas-Empire, Arras, 1990, p. 74-85. 8 Sarmizegetusa, dans un ensemble cultuel consacré à Esculape et Hygie : A. Rusu-Pescaru, D. Alicu, Templele romane din Dacia, I, Deva, 2000, p. 32 sq. L. Donceva-Petkova, Pliska, heidnische und christliche Haupstadt der Bulgaren, Antike Weltt, 32, 4, 2001, p. 359-364 (mis au jour sous une église). En Pannonie, les vestiges d’un édifi ce de culte datés des IIIe - IVVe s. sont plus diffi ciles à interpréter : M. Jeremic, Les temples payens de Sirmium, Starinar, 66, 2006, p. 167-194. 9 Barruol 1994 mais plusieurs sont connus dans le Languedoc (Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon). Des prospections en révéleraient peut-être dans le nord de l’Italie, en contact avec la Gaule et les Alpes : un temple a été signalé récemment au nord du lac de Côme, à Torre di Olonio : E. A. Arslan, Tra Svizzera e Italia. Quarant’anni di esperienze umane e scientifi che di un archeologo lombardo, Annuaire d’archéologie suisse, 90, 2007, p. 63-68. 10 L’auteur met en avant la notion de circularité, associée à l’opposition droite/gauche, rituel consis- tant à tourner autour de l’autel lors des cérémonies. 11 Déjà P.-M. Duval, Les dieux de la Gaule, Paris, 1976, p. 103-104, souligne que cette mention concerne une population de Samnites, plus ancienne ; les Gaulois honorent la divinité en tournant autour. Ce rite de circumambulation, ou plutôt rotation, est suggéré dans Pline l’Ancien, XXVIII, 5, 25. 12 Pour une terminologie, on se référera à F. Castagnoli, Il tempio romano: questioni di terminologia e di tipologia. Papers of the British School at Romee 52, 1984, p. 7-9 et A. Fridh, Sacellum, sacrarium, fanum and related terms in Greek and Latin studies in memory of C. Fabricius, Uddevalla, 1990, p. 173-187. 13 J. Scheid, Pline le Jeune et les sanctuaires d’Italie. Observations sur les lettres IV, 1, VIII, 8 et IX, 39, dans Splendidissima civitas : études d’histoire romaine en hommage à François Jacques, réunies par A. Chastagnol, S. Demougin, C. Lepelley, Paris 1996, p. 241-258. 14 A. Dubourdieu, J. Scheid, Lieux de culte, lieux sacrés. Les usages de la langue, l’Italie romaine, in Lieux sacrés, lieux de culte, p. 59-80. Le terme templum est le plus fréquent, 255 cas (mais rarement dans les inscriptions, 5 dans le CIL XIII, 16 dans L’Année épigraphiquee entre 1960 et 1994).

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1414 223/03/103/03/10 16:0716:07 LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1515 223/03/103/03/10 16:0716:07 Villetoureix (Dordogne). Cella intégrée dans un manoir. Congrès archéologique de Francee 1858.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1616 223/03/103/03/10 16:0716:07 I. TÉMOIGNAGES ANTIQUES ET HISTORIQUES DE LA RECHERCHE

1. Témoignages antiques

a. Les sources littéraires Les textes antiques ne livrent aucun commentaire sur les temples gallo-romains et presque aucune mention ne peut être mise en relation avec des vestiges archéo- logiques. L’existence de sanctuaires dans la Gaule du premier siècle avant notre ère est brièvement mentionnée : Strabon cite des édifi ces cultuels en Narbonnaise et un autre à l’embouchure de la Loire, d’après Posidonios ; il rappelle les nombreuses consécrations d’offrandes dans le sanctuaire de Toulouse1. Suétone indique plus tard que César a fait piller de nombreux fana templaquee (supra). Un temple était édifi é au sommet des Alpes d’après Pétrone, un lieu sacré avec des autels d’Hercule (au col du Petit-Saint-Bernard ?)2. Pline l’Ancien rapporte l’existence d’un sanctuaire à l’em- placement d’une source à Tongres et d’un autre dans la cité des Arvernes, qui aurait abrité la célèbre statue de Mercure exécutée par Xénodore. Malheureusement aucun indice en dehors de dédicaces au dieu n’a été retrouvé sur le sanctuaire du sommet du puy de Dôme qui permette de confi rmer la relation entre ce dernier et le texte de Pline (XXXI, 2, 12 et XXXIV, 18, 45). On rencontre à partir du Bas-Empire quelques mentions par des auteurs chrétiens : Le Panégyrique de Constantin par Eumène en évoque un à Autun, un autre, “le plus beau du monde” dédié à Apollon , à Grand où l’empereur aurait eu une vision, à moins qu’il ne s’agisse du temple de Faimingen en Rhétie3. Sulpice Sévère cite un temple grandiose à Amboise (Diall. III), Grégoire de Tours mentionne un delubrum dédié à Vasso Galate, détruit par le roi des Alamans et dont des vestiges ont été retrouvés à Clermont-Ferrand4. L’existence de temples est rapportée dans les Vies de Saints, avec les réserves à faire sur l’authenticité des témoignages : saint Gall en a vu un non loin de Cologne, peuplé de statues (d’après Grégoire de Tours, Vitae patrum, VI,2), saint Mellon en aurait détruit dans la région de Rouen au IIIe s. et Martin de Tours dans diverses localités de Bourgogne et du Centre, à Levroux (Indre) notamment (Vita S. Martini, XIII, 1-8). Les faits précis sur l’action de Martin sont modestes comme André Chastagnol l’a souligné à propos de son séjour chez les

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1717 223/03/103/03/10 16:0716:07 Bituriges5. La passio Saturnini, au Ve s. (Beaujard 2004), rapporte un récit qui relate la comparution de l’évêque de Toulouse devant le temple de la Triade capitoline en 250 (pour l’obliger à participer aux rituels). Les édits impériaux témoignent de leur densité par les interdictions qu’ils émettent (L’Huillier 2006) et les Actes des Conciles, les lettres envoyées au clergé traduisent le souci des Pères de l’Église devant le maintien des temples païens et leur fréquentation. Raymond Chevallier a proposé des pistes de réfl exion sur ces sources conjuguées avec des enquêtes ethnographiques et des répertoires iconographiques6 (voir Dowden 2000 et Filotas 2005).

b. Les sources épigraphiques Les documents épigraphiques ne sont guère plus loquaces. Le plus ancien lieu de culte attesté en Gaule sur une dédicace est le nemeton consacré à Belesama, à Vaison, par Segomaros, un magistrat de Nîmes (RIG, I, G-153)7. Une série de dédicaces de l’époque impériale cite des monuments religieux mais peu d’inscriptions ont été recueillies en contexte cultuel : un templum est mentionné sur une dédicace de Péri- gueux (la tour de Vésone ?), une aedes à Pelm (dont la dédicace est de 124 ap. J.-C.), à Niedaltdorf, Saint-Marcel//Argentomagus, Trèves ; tout récemment, à Windisch, la fouille d’un nouvau sanctuaire a livré un bloc sur lequel est mentionnée la dédicace d’un novum templum à Mercure (étude en cours par R. Frei-Stolba).

Saint-Marcel / Argentomagus. Une aedess offerte par Q. Sergius Macrinus. Musée d’Argentomagus. Photo studio R. Gesell.

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1818 223/03/103/03/10 16:0716:07 Temples en relation avec des divinités

Divinité Templum Aedes Apollon Niedaltdorf (AEE, 1991, 1249=1995, 1104)

Mars Nantes (CIL, 3101) Mars Mullo Rennes (AEE, 1969/1970, 405) Mars Mars ? Aime (ILAlpees, I, 4) MarsVeracinius Brison-St-Innocent (ILN-Vienne 696 Mujouls (AEE, 1971, 241) Mars Glanum (AEE, 1946, 152) Mercure St-Germain-la-Campagne (CIL, 3177) Lyon (CIL, 1769 avec Maia) Mercure Felix Saint-Marcel (AEE, 1973, 341-342) Mercure Niederbronn (CIL, 6055) Idenheim (CIL, 4123) Wissembourg (CIL, 6078) Kleinich (Finke, 80) Wasserbillig (CIL, 4208 = AEE, 1987,771) Mercure Cissonius Besançon (CIL, 5373) Mercure Uess (BRGK 1937, 137 et ) Excingiorigiatis Jupiter Bordeaux (CIL,569) Les Échelles (CIL, XII, 2426 = ILN- Vienne 625) Erge Montsérié ( CIL, 195) Intarabus Trèves (CIL, 11413) Niersbach (CIL, 4128) et Stanna Périgueux (ILA-Pétrucores, 19-21) Vintius ? Hauteville (CIL, XII, 2558) Caiva Pelm (CIL, 4149) Entrains (CIL, 2902 = AEE, 1897, 14) Dunisia, Segeta Bussy (CIL, 1646) Fortuna Lyon (CIL, 1732) Maia Genève (CIL, XII, 1913, 121 = ILN- Vienne, 826) Matres Lyon (CIL, 1759) St-Romain-en-Gal (CIL, XII, 1823 = ILN- Vienne, 13) Matrona Balesmes (CIL, 5674 = ILGGB, 608) Minerve Yzeures (CIL, 3075 = AEE, 1898, 150 ) Quadriviae Strasbourg (CIL, 5971) Ritona St-Honoré (CIL, 2813) Trèves (Altbachtal) (Finke30) Montaren (CIL XII, 2927) Rosmerta Wasserbillig (cf. Mercure) Uess (cf. Mercure) Niedaltdorf (AEE, 1991, 1248) Solimara Bourges (CIL, 1195) Tutela Périgueux (ILA-Pétrucores 16)

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 1919 223/03/103/03/10 16:0716:07 Pour les sites de Germanie (hors de France), on citera, en Suisse, un templum à Nonfoux (à Mars Caturixx ? CIL, 5046), Solothurn (à Apollon, CIL, 5169), Mou- don (Jupiter, CIL, 5043), Windisch (Jupiter, CIL, 5194), en Rhénanie, par exemple à Bingen (Mars Tou[tenus] : AEE 1927, 70 = 1940, 123) ; il est utilisé aussi à Marti- gny, pour Jupiter (AEE, 1998, 871), et sur une tabula ansataa du Grand-Saint-Bernard (CIL, V, 6876) pour Poeninus. Une aedess est associée, en Rhénanie, à Mercure à Dürrmenz (AEE, 1992, 1283) et à Mayence (AEE, 1906, 154), à Apollon et Sirona à Grossbottwar (201 p. C., CIL, 6458) ; à Visucius et Neptune à Heidelberg (CIL, 6403), Sunuxsall à Hoven (CIL, 7917), Maia à Gemersheim (CIL, 6095).

Relief du Titelberg. Collection du Musée national d’histoire et d’art du Luxembourg. Photo Albert Biwer.

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2020 223/03/103/03/10 16:0716:07 L’identifi cation de l’édifi ce est incertaine sur des inscriptions fragmentaires8 et la divinité n’est pas connue dans certaines dédicaces : - mention d’un templum à Montjustin (AEE, 1955, 109 = ILN-Aix 181), Anse (CIL, 1659), Brison-Saint-Innocent (CIL, XII, 2458 = ILN-Vienne, 696, offert par un fl amen Martiss) ; Nattenheim (CIL, 4134) ; - d’une aedes à Jublains, Grand-Bourg (Creuse) (CIL, 1439, fragmentaire, fu- néraire ?), Laplume (CIL, 920 = ILA-Nitiobroges, 26), Rezé (AEE, 1983, 690, où le dessin d’un caducée remplace le nom du dieu ?), Tolosaa (CIL, XII, 3788). L’existence de temples est attestée principalement dans des chefs-lieux de cité, ainsi que dans quelques agglomérations. Leur construction est mentionnée surtout en Germanie (Follmann-Schülz 1986 et Derks 1998 pour le nord du Belgium et la Germanie inférieure, et Lobüscher 2002). Le terme n’est pas révélateur d’un type d’édifi ce, templum pouvant être utilisé pour des temples en milieu rural (un associé à Sérapis en Bretagne, RIBB 658) et dans le sens d’aedess (supra). On remarque que Mars et Jupiter sont associés à templum tandis que le terme aedess est utilisé pour Mercure et les divinités locales (sauf quelques exemples en Germanie et dans des chefs-lieux). Le terme fanum, plus rarement attesté, est attaché à une divinité : Agen (CIL, 913 = ILA-Nitiobroges, 5, a fano Ioviss), Rancon (CIL, 1449, fanum Plutoniss), Tar- dets (CIL, 409), Trèves (CIL, 3653 = AEE, 1896, 100, Mars Intarabuss), Villeneuve ? (AEE, 1991, 1219, Mars ?), Lhuis (ILTG, 306 = ILAin, 37), Bierbach (ou signum ? à Mercure : Nesselhauf, 55). Il est utilisé en Bretagne, notamment sur des tablettes de défi xion, à Bath (AEE, 1986, 465 et Tomlin, 42 et 45, infraa chap. VI) et Uley (AEE, 1979, 384) (RIB, 2503, 127, fanum Isidiss sur un pot à Southwark) tandis que les termes megaron et sanctum sont employés sur les défi xions déposées dans le sanc- tuaire de Magna Materr à Mayence (AEE, 2005, 1124-1126) ; un fanum (de Bellone) à Trujillo/Turgalium est le premier attesté par l’épigraphie en Hispaniaa (AEE, 2005, 766, offrande d’un triclinium). D’autres termes correspondent à un bâtiment cultuel ou à un accessoire associé à un lieu de culte, là encore rarement rencontrés en contexte cultuel. Quelques-uns fi gurent dans des inscriptions gallo-latines, par exemple un attedion offert à Lucina Diclin- dans le sanctuaire de Nuits-Saint-Georges (AEE, 2001, 1387) ; un siège pour le temple d’’Anvalloss à Autun (ieuru Anval(l)onnacu canecosedlon (RIGG, II, 1, L-10 ; la terminaison Anval(l)onnacu suggère un local, un temple ?). Une cellaa est dédiée à Larraso à Moux (Aude) (CIL, XII, 5369). Ailleurs, le donateur fait construire un bâtiment annexe ou d’autres aménagements : un mur d’enceinte à Lhuis (Ain) (cir- cumsaeptum fani et adituss voir supra) (terme rencontré aussi à Coblence : Quadriuis circumsaeptum et portam.. CIL, 7623), à Mesves (Nièvre) (CIL, 2895 …murum inter arcus duoss), à Périgueux (consaeptum omne circa templum et basilicas duas, voir supra) ; des hospitaliaa à Wasserbillig avec l’aedess ; une triburnaa à Idenheim (qui accompagne aedes duas, avec un torse de Mercure découvert dans les substructions) ... ; une “mace- riem caementiciam circa hoc templum”” à Balesmes (source de la Marne) (ILGB, 608) ;

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2121 223/03/103/03/10 16:0716:07 une araa à Trèves et Mujouls, une porticuss à Orléans, à la Fontaine de l’Étuvée (CIL, 3063) ; puteum à Taviers et Tawern (Faust 2002) ; aediculaa pour des nymphes à Uzès (CIL, XII, 2926) ; des sediliaa à Lyon (ILTGG, 228) et Rodez (AEE, 1994, 1215). Le do- nateur précise parfois qu’il fait construire avec les “ornements” (cum suis ornamentiss) ou qu’il s’agit d’une réfection ou d’une reconstruction (voir infra). On ne s’étendra pas sur ces termes qui ont donné lieu à des analyses récentes (Van Andringa 2002, p. 108-112, Mathieu 20049, Raepsaet-Charlier 2006 et 2007).

c. Les sources iconographiques Les représentations fi gurées doivent être interprétées avec prudence. On a souvent assimilé les petits édicules en pierre du Luxembourg à des représentations de temples. Celui du Titelberg présente une tour centrale bordée de deux bas-côtés munis tous d’un toit à double pente (Esp V, 4193), voir p. 20. Ce sont, pour la plupart, des édi- fi ces à simple cellaa comme à Dalheim10 où une déesse fi gure dans un édicule dont le toit à double pente est soutenu par des colonnes. Ce type d’édifi ce a été reconnu sur des monnaies gauloises de la basse vallée de la Seine, postérieures à la Conquête11. Pensons aussi aux feuilles votives métalliques, en particulier celles d’argent et en or qui ont été trouvées à Ashwell, près de Baldock (Hertfordshire), où Senuna, divinité féminine sous les traits de Minerve, est représentée à l’intérieur d’une cella12. C’est l’image d’une cellaa entourée d’un portique que l’on reconnaît sur un frag- ment de peinture dans un caisson de voûte à Narbonne13. D’autre part, sur un vase à Sains-du-Nord, un Mercure fi gure à l’intérieur d’une cella, encadrée de portiques à l’intérieur desquels sont représentés des bustes ; ils ont été interprétés comme des portraits impériaux (Van Andringa 2000). Récemment, un temple miniature cir- culaire avec pronaos a été mis au jour à Rennes, à la Visitation, maquette ornemen- tale ? (fouilles Pierre Chevet, Inrap). Une dernière catégorie de sources pourrait être utilisée, celle des données toponymiques. La dénomination de nombreuses localités garde le souvenir d’un nom antique relié à la présence d’un lieu sacré, en particulier celles qui comportent une racine issue du gaulois (Lacroix 2007, p. 194 sq.).

2. Historique et état des recherches

a. Historique des découvertes Les premiers temples reconnus comme tels sont signalés par “antiquaires” et voya- geurs à partir de la fi n du XVIe s. (une dizaine avant 1800), notamment la tour de Vésone, ceux de Villards-d’Héria, du Hérapel ou encore le Montmartre à Paris et au sommet du puy de Dôme. Des lithographies représentent certains de ces édifi ces en- core debout14. Une cellaa est intégrée dans la construction d’un manoir du Moyen Age (Villetoureix) et d’autres serviront de carrière ou d’entrepôt, à Autun par exemple (signalé en 1585), comme la Maison Carrée à Nîmes.

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2222 223/03/103/03/10 16:0716:07 Les premières investigations d’envergure sont entreprises en 1774 par Grignon, avec le soutien de Louis XV, sur le Châtelet-de-Gourzon dont la publication sera accompagnée de nombreux dessins. D’autres opérations seront encouragées à Jublains, au sommet du puy de Dôme, au Mont Beuvray, au Vieil- Évreux, plus tard à Alésia. L’impulsion est donnée par quelques érudits, tels que J.-G. Bulliot, en Bourgogne, qui étudie l’évangélisation de la région par saint Martin, et le Père de La Croix en Poitou. Viollet-le-Duc, à l’initiative de Napoléon III, explore le site de Champlieu dont les restitutions du temple seront corrigées15. Le premier inventaire, dressé par Arcisse de Caumont en 186916, décrit surtout des temples de type classique et des édifi ces mis au jour au cours de fouilles pratiquées dans des agglomérations (Périgueux, Le Vieil- Évreux, Nizy, Mandeure…). À la fi n du XIXXe s. et dans les décennies qui suivent, des inventaires régionaux sont publiés, en particulier par Léon de Vesly qui répertorie les petits temples à plan centré de la vallée de la Seine, pour lesquels il utilise le terme fanum et qui propose une chronologie à partir des monnaies recueillies (Vesly 1909). C. Jullian intègre ce type d’édifi ces cultuels dans son ouvrage sur la Gaule, publié en 1920, en soulignant leur originalité par rapport aux édifi ces classiques. Parallèlement, en Allemagne, F. Hettner et J. Jacobs étudient les sanctuaires du territoire trévire, un inventaire des sanctuaires ronds et polygonaux est dressé par H. Koethe et F. O e lmann propose une classifi cation des temples17. L’ensemble cultuel exceptionnel de l’Altbachtal de Trèves sera l’un des premiers explorés de manière intensive (Gose 1972 reprenant les données publiées par Koethe). Les premiers sanctuaires décrits étaient encore visibles et les premières fouilles consistaient souvent à dégager des murs, avec des relevés sommaires ; seuls les ni- veaux les plus récents étaient explorés, parfois seulement à l’intérieur ou aux abords immédiats du temple repéré.

Narbonne. Peinture sur une voûte dans une domus, Clos-de-la-Lombarde, où l’on reconnaît un temple à plan centré. D’après M. et R. Sabrié, 1995 (note 13).

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2323 223/03/103/03/10 16:0716:07 Autun. Le temple dit “de Janus” en périphérie de la ville antique, capitale des Eduens. Les prospections des années 1980 ont révélé qu’il était au cœur d’un vaste complexe religieux. Photo R. Goguey.

À partir des années 1950, de nouvelles études voient le jour18. A. Grenier, dans son Manuel d’archéologie, dresse un répertoire des sanctuaires gallo-romains, rassem- blés par région, avec plans et références bibliographiques. Il reste un ouvrage de base, même si certaines interprétations sont à revoir. Un inventaire des temples de la Bretagne romaine est réalisé avec une synthèse sur la question (Lewis 1966). Paral- lèlement, des fouilles sont entreprises dans différentes régions, parfois sur des sites déjà reconnus. C’est le cas au Châtelard de Lardiers, à Genainville, aux Sources de la Seine ou Nuits-Saint-Georges, et l’on portera davantage l’attention à l’étude de la stratigraphie et du petit mobilier. Le souci de reconnaître les aménagements annexes, les limites de l’enceinte sacrée et les premières couches d’occupation n’est devenu systématique que ces dernières décennies. Le nombre de découvertes varie selon les régions. Si elles étaient nombreuses en Bourgogne, Rhénanie, Bretagne et en Normandie au XIXXe s., grâce aux recherches des érudits locaux, leur répartition inégale pour les découvertes postérieures à 1960 s’explique par la présence ou non de prospecteurs aériens, le type de couverture végé- tale et de terrain, l’accessibilité des zones, l’état actuel du terrain bouleversé ou non par travaux agricoles, faits de guerre, urbanisation. Une première Table ronde est organisée en 1973 autour de la question de l’implantation des sanctuaires19. Dans sa thèse de 3e cycle soutenue à cette époque, Dominique Bertin inventorie les temples de plan quadrangulaire dans les anciens territoires celtes, en dehors de la Bretagne ; elle souligne l’importance du lieu de culte sur le territoire et se penche sur l’origine, le rôle et les prolongements de ces édifi ces20. Suivra un inventaire des sanctuaires

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2424 223/03/103/03/10 16:0716:07 Sommet du puy de Dôme, vue du grand sanctuaire de Mercure au XIXe s. romano-celtiques (Horne, King 1980), hormis ceux de Grande-Bretagne, répertoriés à part dans le même ouvrage (Rodwell 1980a)21. Les résultats des prospections aériennes renouvellent totalement la vision que l’on avait de l’implantation des temples. La première découverte aérienne remonte à 1955, à Fontaine-Valmont ; dans les années qui suivent, elles se concentrent en Picardie et en Beauce essentiellement (Agache, Bréart 1975 ; Agache 1978 et plus récemment Agache 1997 ; Jalmain 1970), puis dans le Centre-Est et en Berry, ainsi

Alésia. Carte postale illustrant les premières fouilles au Mont-Auxois, à la Croix-Saint-Charles. Construction à proximité du temple dédié à Apollon Moritasgus.

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2525 223/03/103/03/10 16:0716:07 Argentomagus. Le sanctuaire des Mersans en 1971, l’un des premiers sites où une opération de sauvetage d’envergure a été effectuée, avant des fouilles menées en adoptant le carroyage Wheeler et le tamisage systématique. Photo R. Albert.

que dans le Poitou (Richard 1987), la vallée de la Loire et en Bretagne22. La densité des sanctuaires ruraux a été mise en évidence en Picardie où nombre de vestiges étaient arasés par les travaux agricoles (une dizaine de sites étaient connus avant les prospections de Roger Agache). Dans le Centre, sur les 97 sites répertoriés en 1992, 78 ont été reconnus grâce aux survols réguliers des prospecteurs, essentiellement en Berry et dans la Beauce23. Des recherches systématiques dans des micro-régions ont confi rmé la densité des petits temples isolés ou associés à une villa, dans la Vienne, dans le bassin de Rennes par exemple. Si l’exploration des sanctuaires gallo-romains s’est développée jusqu’en 1980, les découvertes ultérieures sont principalement liées à la poursuite des prospections aé- riennes ou aux opérations préventives. En revanche, à la suite de la mise au jour du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde une enquête approfondie sur les sanctuaires laté- niens a renouvelé nos connaissances sur l’origine et l’évolution des temples. Le soin porté à l’analyse des niveaux les plus précoces, parfois non reconnus lors des fouilles anciennes, et l’inventaire du mobilier recueilli précédemment ont permis de recon- naître l’existence de sanctuaires antérieurs à la Conquête des Gaules, aussi bien dans le Centre-Ouest et en Bourgogne qu’en Picardie. La question des relations entre les mondes celtique et méditerranéen, le rôle des cités, les circonstances des fondations et le mode d’implantation ont été évoqués au cours du colloque de Saint-Riquier (Les sanctuaires celtiquess). Peu après l’ouvrage sur les temples des cités des Tongres et des Trévires (Cabuy 1991), une base de données sur les sanctuaires est présentée au cours du colloque

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2626 223/03/103/03/10 16:0716:07 Prospections aériennes en Bourgogne ; temples à plan centré dans un enclos, à Menou en 1976 (à l’extrémité d’une agglomération sur la voie Autun – Orléans) puis à Tresnay (mais le bâtiment pourrait appartenir aussi à un complexe funéraire) (Nièvre). Plus récemment, en 1992, à Fain-lès-Montbard (Côte-d’Or), aux abords d’une villa. Photos R. Goguey.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2727 223/03/103/03/10 16:0716:07 sur les sanctuaires en Gaule romaine tenu à Argenton-sur-Creuse (Les sanctuaires de tradition indigènee) ; elle sera diffusée avec l’Atlas des sanctuaires “romano-celtiques” de la Gaule (Fauduet 1993), réalisé à la suite des travaux entrepris par Dominique Bertin24.

b. Le développement des recherches La base de données recensait 653 sites connus en 1992 ; elle regroupait les sanc- tuaires fréquentés après la conquête des Gaules, implantés sur les territoires de la France, de Belgique, Luxembourg, Suisse et sur la partie de l’Allemagne rhénane correspondant au territoire trévire (une vingtaine de ces sites ont été considérés in- certains ou douteux et certains doivent dorénavant être écartés). Des fouilles sont conduites sur la majorité des 130 ensembles mis au jour avant 1900, ainsi que sur la centaine signalée dans les 60 années qui suivent. En revanche, sur les 415 reconnus entre 1960 et 1992, grâce notamment au développement des prospections aériennes, seuls 165 sites sont explorés25. Les informations tirées de deux cents ans d’exploration sont inégales suivant les circonstances de découvertes. Le faible nombre de temples répertoriés dans le sud de la Narbonnaise26 et de l’Aquitaine s’explique par la nature du terrain et par des fac- teurs culturels (utilisation de grottes dans le sud du massif central, aires sacrées sans structures bâties)27 et leur répartition inégale dans le territoire est liée aussi à l’im- portance plus ou moins grande des prospections aériennes. En l’absence de fouilles, la prudence s’impose parfois avant d’interpréter les structures : un édifi ce à double carré concentrique vu du ciel peut s’avérer être une tour d’angle d’une habitation,

Montierchaume (Indre). Fanum en Champagne berrichonne. Photo J. Holmgren.

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LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2828 223/03/103/03/10 16:0816:08 Bergonne (Puy-de-Dôme) Les prospections de cette association ont révélé plusieurs lieux de culte ; d’autres sont menées par B. Dousteyssier. Un certain nombre de sites recensés doivent bien sûr être contrôlés au sol. Photo CERAA.

Voingt (Puy-de-Dôme). Un deuxième fanum, à Coutissou. Photo CERAA.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 2929 223/03/103/03/10 16:0816:08 Corneuil (Eure). Photo P. Eudier, A. Étienne.

Sylvains-les-Moulins (Eure). Photo P. Eudier, A. Étienne.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3030 223/03/103/03/10 16:0816:08 Boisset-les-Prévanches (Eure). Le temple principal, avec porche à l’entrée, au centre, un autre à un angle du péribole qui mesure 68 m de côté. Photo P. Eudier, A. Étienne.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3131 223/03/103/03/10 16:0816:08 Montaigu-la-Brisette (Manche). Un fanumm dans son enclos, associé à un habitat, exploré en 2003. Un des rares édifi ces cultuels rencontrés dans le département. Photo et relevé L. Jeanne, C. Duclos, L. Le Gaillard, L. Paez-Rezende, Inrap.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3232 223/03/103/03/10 16:0816:08 Naves, “Tintignac” en 1842. Les fouilles du XIXe s. (le site a été signalé par Prosper Mérimée) révèlent un temple à double cellaa (en haut), dénommé “Boutiques”. Les recherches récentes à son emplacement ont livré une succession de bâtiments cultuels depuis le IIe s. av. J.-C. au moins.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3333 223/03/103/03/10 16:0816:08 M 30 119,29

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Galerie

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M 18 M 13 M 22 M 23

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Péribole us 41b 117,51 M 15 117,59 117,52 117,50 D 04 st 30 D 03 D 02 D 01 117,70 us 27

117,45 M 12 M 17

us 74 M 37 M 27 M 35 M 11 M 24 117,82 M 09 117,61 117,60 M 10 M 06 M 08

M 07

M 05 116,70 Portique M 04 M 26b

M 25 M 28

M 03

117,98 S 01 117,30 117,96 117,42

120,02 phase 1 : habitat ? (20/50 BC) M 34 phase 2 : portique (50 BC) M 02 M 26a M 29 phase 3 : temple (post. 50 BC) 119,94 M 13 restitution de contreforts M 01

voies/circulation Phases 1-habitat ? / 2-portique / 3-temple Cahors (46) 0 3 12 m DAO : Didier Rigal Inrap, Pierre Texier Inrap Fig. 3

mur du péribole et la voirie, sous le temple des traces d’un habitat antérieur. DAO M. Coutureau, D. Rigal, P. Texier, Inrap.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3434 223/03/103/03/10 16:0816:08 Bais (voir p. 37). Photo D. Pouille.

Ruitz (Pas-de-Calais). Un rare fanumm exploré dernièrement (en 2009) dans le nord de la France, à la frontière des Morins et des Atrébates, qui pourrait avoir été édifi é au cours de la seconde moitié du Ier s. et démantelé un siècle plus tard. Information et relevé J. Maniez, Conseil général du Pas-de-Calais.

LLeses TTemplesemples OOK.inddK.indd 3535 223/03/103/03/10 16:0816:08 comme l’a souligé R. Agache, un camp ou encore un mausolée comme l’ont constaté M. Heurteaux à Molinons (Baray éd. 2004) et H. Laurent à Chavéria. Les blocs en remploi dans un lieu de culte chrétien peuvent provenir d’un autre secteur du site ; on l’observe à Yzeures-sur-Creuse où les blocs d’une colonne de Jupiter avaient dû être apportés pour servir à la construction de l’église du village. Depuis une quinzaine d’années, un regain d’intérêt pour le domaine religieux sus- cite des rencontres thématiques, en particulier celles qui ont porté sur les Sanctuaires aquitainss et sur les Temples ronds, à Bordeaux, puis sur l’’Archéologie des sanctuaires et l’Archéologie du sacrifi ce animall (en 2002), les colloques Mars en Occidentt à Allonnes, Topographie sacrée et rituels, à partir des découvertes d’Avenches, et ceux qui ont traité des dépôts cultuels à Bienne (L’âge du Fer dans l’arc jurassien) et à Frauenberg (Blut und Wein). Le nombre de publications détaillées n’est pas important mais peu de sanctuaires restent totalement inédits. Depuis la parution de l’’Atlas, une quinzaine de sanctuaires ont été publiés de façon approfondie en France et l’on ajoutera les syn- thèses sur Ribemont-sur-Ancre, Allonnes, Naves, et sur plusieurs sanctuaires du Lan- guedoc (dossier dans la RAN 2007). Dans l’espace rhénan, plusieurs monographies sont parues, ainsi qu’un grand dossier sur Avenches (Topographie sacrée et rituelss)28. Depuis la diffusion de la base de données, près de 300 nouveaux sites ont été recensés en France. Des fouilles ont été conduites sur des sanctuaires explorés pré- cédemment en liaison avec des projets de mise en valeur des sites qui ont permis de corriger les plans, d’affi ner les chronologies et de compléter les données architec- turales29. Parallèlement à des bilans régionaux30, la recherche s’est développée dans plusieurs directions : - L’étude des limites de territoires et des cheminements a permis de cerner l’im- plantation des sites cultuels dans l’environnement, en Limousin (Desbordes 1996) et en Auvergne notamment (dans le bassin de Clermont-Ferrand où plus de 60 lieux de culte ont été repérés), couplée avec les recherches aériennes (Mitton 2007). Les prospections aériennes font mieux connaître la superfi cie de certaines agglomérations avec localisation des ensembles cultuels, notamment en Seine-et-Marne (Philippe 2003), à Naix/Nasium en Lorraine (Mourot, Dechezleprêtre éd. 2004 ; Mourot, Frigério, 2000) et Barzan (Aupert et Dassié 1998), et leur développement dans des zones peu prospectées auparavant a permis de repérer toute une série de temples31. L’occupation du territoire est bien cernée dans certaines régions, comme la vallée de l’Eure, grâce aux survols réguliers32. - Les recherches récentes dans des régions peu documentées précédemment ont donné des résultats intéressants sur la fréquentation des sanctuaires, ainsi en Basse- Normandie où trois des ensembles cultuels mis au jour ont révélé une fréquentation du Ierr s. av. J.-C., à Aunou, Nécy et Macé (voir le dossier “Dix ans de découvertes archéologiques dans l’Orne”). En Rhône-Alpes, où le nombre de sanctuaires est mo- deste, un nouvel ensemble constitué de plusieurs édifi ces cultuels a été découvert à Présilly.

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