<<

1

Pour joindre le service jeune public Grand Théâtre de Reims 13 rue Chanzy 51100 Reims Service Jeune Public : Caroline Mora 03 26 50 31 06 - [email protected] Laure Bergougnan, professeur relais, est présente tous les mercredis après midi 03 26 61 91 94 - [email protected]

Retrouver tous les livrets pédagogiques du Grand Théâtre sur le site du CRDP de Champagne-Ardenne : http://crdp.ac-reims.fr/artsculture/dossiers_peda/dossiers_peda.htm

2

Sommaire

LE SPECTACLE ...... 4 LA PRODUCTION ...... 5 LE COMPOSITEUR : (1842 - 1912) ...... 6 LE SUJET ...... 6 LE ROMAN DE l’ABBE PREVOST ...... 6 DU ROMAN AU LIVRET...... 7 SYNOPSIS ...... 7 RÔLES ET VOIX ...... 9 PISTES D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE ...... 10 PHILOSOPHIE : LESCAUT : « TRAITE DE MORALE » ...... 11 LITTERATURE : PORTRAIT DE MANON PAR ALFRED DE MUSSET...... 11 MUSIQUE : MANON, - COMIQUE ENTRE TRADITION ET MODERNITE...... 11 LES PISTES D’ECOUTES POUR UNE DECOUVERTE DE L’HEROINE ...... 12 POUR EN SAVOIR PLUS...... 13 ANNEXE ...... 14

3

LE SPECTACLE

4

LA PRODUCTION Manon : Poussette : Caroline MUTEL Javette : Sophie HAUDEBOURG Chevalier Des Grieux : Florian LACONI Lescaut : Olivier HEYTE Comte Des Grieux: Marcel VANAUD Brétigny: Serguei STILMACHENKO Guillot de Marfontaine : Christophe MONTAGNE

Costumes : Katia DUFLOT Décors : Emmanuelle FAVRE Chorégraphie : Eric BELAUD Eclairages : Marc DELAMEZIERE

Direction musicale : Vincent BARTHE Après avoir obtenu un Premier Prix à l’unanimité de direction d’orchestre au Conservatoire National Supérieur de Paris, Vincent Barthe remporte en 1993 le Prix Spécial Art Vocal (récompensant en particulier la meilleure épreuve avec chanteurs) et la Mention Spéciale du Jury du Concours International de direction d’orchestres Arturo Toscanini (Italie). En 1987, Vincent Barthe fait partie des cinq jeunes chefs français sélectionnés sur concours pour travailler avec Leonard Bernstein. Il s’est également perfectionné auprès de Pierre Dervaux. Agrégé de Musique, il enseigne à l’Université de Paris Sorbonne-Paris 6. Il est, de 1993 à 2001, directeur artistique de l’Orchestre et du Chœur des Universités de Paris. En 1996, il est nommé chef associé de l’Orchestre National des Pays de la Loire, responsabilité qu’il exerce jusqu’en août 2004. Vincent Barthe est actuellement directeur musical de l’Orchestre Bayonne Côte Basque. A l’invitation du journaliste Yvan Levaï, il a effectué avec cette formation un déplacement à Paris en juin 2004, au Théâtre Marigny, à l’occasion du 60ème anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie. En juin 2005, l’astrophysicien Hubert Reeves participera à un concert exceptionnel au cours duquel seront interprétés Les Planètes de Gustav Holst et, en création mondiale, Pluton du compositeur français Pierre Thilloy (commande de Musique Nouvelle en Liberté). Partageant ses activités entre les répertoires symphoniques et lyriques, Vincent Barthe est régulièrement appelé à diriger de grandes formations telles que l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, l’Orchestre National de Lille, l’Orchestre National d’Ile de , l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, l’Orchestre National de Lorraine, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre des Concerts Lamoureux, l’Orchestre Colonne, l’Orchestre de Picardie, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre Poitou Charentes, l’Orchestre d’Auvergne, l’Orchestre philharmonique de Nice, l’Orchestre lyrique de Région Avignon Provence, l’Orchestre symphonique d’Emilie-Romagne Arturo Toscanini (Italie), l’Orchestre du Brabant (Pays-Bas),… Invité régulier de l’Opéra d’Avignon et des Pays de Vaucluse, il y a dirigé de Donizetti, Candide de Bernstein et Norma de Bellini. Il y reviendra en février 2005 pour les Pêcheurs de perles de . Il dirigera également La Flûte enchantée de Mozart au Grand Théâtre de Reims en décembre 2005 et janvier 2006. Ses enregistrements : Les Concertos pour trompette de L. Mozart et J. Haydn avec Eric Aubier comme soliste et l’Orchestre de Bretagne,(Sony collection, 2000) ainsi que de G.P. Telemann et J.N. Hummel (Mandala, distribué par Harmonia Mundi, 2003).

Mise en scène : Nadine DUFFAUT Née à Boulogne-sur-Mer, Nadine Duffaut obtient une maîtrise de musicologie en Sorbonne, où elle aura pour maîtres Messieurs Chailley et Dufourcq. Elle fréquente parallèlement la classe de chant de Camille Mauranne au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris. Elle est successivement chef de chant à l’opéra de Rennes, chef des chœurs à l’opéra-théâtre d’Avignon, dont elle dirigera également la maîtrise. Elle crée sa propre école d’art Lyrique : Vocal Académie où elle signe ses premières mises en scène avec notamment La Grande Duchesse de Gerolstein, La Chaste Suzanne, Les Noces de Jeannette, Le Médecin malgré lui, L’Amour masqué, Orfée aux Enfers… En 2003-2004, elle est invitée par l’Opéra Royal de Wallonie pour Les Mousquetaires au couvent, par le théâtre de Tourcoing pour Tosca, par l’opéra de Toulon et le grand Théâtre de Reims pour Ciboulette. La saison 2004-2005 la conduit à Metz pour Tosca, Toulouse pour La Vie parisienne, Toulon pour La Fille du Tambour Major. Après Massy et Metz, elle reprendra en 2007 la production de Traviata à Vichy, Toulon, Avignon et Reims.

5

LE COMPOSITEUR : JULES MASSENET (1842 - 1912)

Jules Massenet est né près de Saint-Etienne, le 12 mai 1842. Issu d’une famille nombreuse, il fut initié à la musique par sa mère, femme cultivée, ancienne protégée de la duchesse d’Angoulême. Il entre en classe de piano au Conservatoire de Paris à l’âge de onze ans. En 1859, il reçoit le Premier Prix de piano et commence l’étude de l’harmonie et de la composition auprès d’Ambroise Thomas. Il obtient le prix de Rome en 1863 avec la cantate David Rizzio et part vivre à la villa Médicis, où il rencontre Liszt. Il entreprend son premier opéra en 1866, La Grand’ Tante, qu’il fait représenter l’année suivante à l’Opéra-comique ; il poursuit sa carrière lyrique avec Don César de Bazan (1872), Le Roi Lahore (1877) - son premier grand succès - et Hérodiade (1881). C’est avec Manon (1884), (1892) et Thaïs (1894) qu’il fait preuve de sa parfaite maîtrise de la scène. En 1878, Massenet est nommé professeur de composition au Conservatoire, poste qu’il occupa jusqu’en 1896 et dans lequel il témoigna de ses grands talents de pédagogue. Il su, en effet, développer le talent de ses élèves, sans imposer sa propre personnalité. Parmi eux, citons : Reynaldo Hahn, Charles Koechlin, Florent Schmitt, Ernest Chausson ou encore Gabriel Pierné.

« A-t-on entendu dire des jeunes modistes qu’elles fredonnaient la Passion selon Saint Mathieu ? Je ne le crois pas. Tandis que tout le monde sait qu’elles s’éveillent le matin en chantant Manon ou Werther. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est là une gloire charmante qu’envieront secrètement plus d’un de ces grands puristes qui n’ont pour réchauffer leur cœur que le respect un peu laborieux des cénacles. Ses confrères lui pardonnèrent mal ce pouvoir de plaire qui est proprement un don. » Debussy, à la mort du compositeur en 1912

LE SUJET Manon est partagée entre son désir de mener une vie domestique simple et exemplaire, faite de fidélité, d’abnégation auprès de l’homme qu’elle aime, et une vie facile, de plaisirs, de légèreté, à laquelle sa beauté enchanteresse l’invite chaque jour. Courtisée, elle cède rapidement aux promesses de l’argent, des cadeaux et des fêtes. Manon se repentira aux portes de la mort.

LE ROMAN DE L’ABBE PREVOST

Le roman de l’abbé Prévost La Véritable histoire du chevalier Des Grieux et de , inséré dans une œuvre plus vaste, Les Mémoires et aventures d’un homme de qualité, publiée en 1731, est à l’origine du livret de Manon. L’abbé semble s’être inspiré de faits réels : des recherches effectuées par Marion Vidal et dont elle a rendu compte dans Le Mystère de Manon Lescaut ont établi que Manon – qui s’appelait en réalité Marie – avait réellement existé, qu’elle était née en Picardie le 25 mars 1689 et avait eu à peu près le destin de l’héroïne de l’abbé Prévost qui en avait appris l’histoire du dernier amant, nommé Gilles de Royan. Le livre de l’abbé Prévost eut un succès immédiat et sa renommée traversa le XVIIIème siècle finissant et tout le XIXème, inspirant à Auber une première Manon Lescaut (1856), à Puccini l’opéra du même titre (1893) et à Hans Werner Henze son (1952). Manon est donc, avec Carmen, une figure dominante du théâtre lyrique.

6

DU ROMAN AU LIVRET

Massenet, le premier, a attiré l’attention d’ - également coauteur du livret de Carmen de Bizet et de celui de Lakmé de Delibes - sur le célèbre ouvrage de l’abbé Prévost. Le compositeur participa à l’élaboration du livret, en particulier à la scène de Saint-Sulpice (acte III) et à celle de la salle de jeux (acte IV). Quelques modifications distinguent l’opéra du roman original : Des Grieux, dans le roman, raconte l’histoire de Manon au narrateur, avec des changements spatio-temporels qui disparaissent dans l’opéra, moins riche en événements mais où les subtilités de cœur sont toujours présentes. Il est le malheureux protagoniste du roman, dont on suit la cruelle éducation sentimentale, tandis que dans l’opéra, c’est Manon qui tient le premier rôle. Manon meurt sur la route du Havre chez Massenet et non en Louisiane, comme à l’origine. Enfin, tout ce qui se prêtait à un tableau scénique vivant est traité avec plus d’ampleur.

 Le lieu et l’époque sont respectés SYNOPSIS

L’action a lieu en France, en 1721

ACTE I Dans une grande cour d’une hôtellerie à . Le ministre de Finances Guillot de Morfontaine et monsieur de Brétigny dînent avec trois femmes galantes. Le sergent Lescaut fait son apparition : avant de rejoindre ses compagnons, il doit accueillir sa cousine Manon à la descente de la diligence. La jeune fille, âgée de seize ans, va entrer au couvent. La cloche sonne pour annoncer l’arrivée du coche d’Arras ; la cour se remplit de badauds. Des voyageurs descendent de la diligence et parmi eux, Manon, que son cousin salue en ces termes : « C’est une belle fille qui fait honneur à la famille. » Manon est émue et étourdie : c’est son premier voyage. Sa beauté n’a pas manqué d’attirer la curiosité et de susciter des commentaires élogieux. Guillot de Morfontaine, en vieux débauché qu’il est, propose à Manon de s’enfuir avec lui après s’être vanté de sa richesse. Mais Lescaut arrive à point nommé pour rappeler à Manon les dangers qui menacent sa vertu et sa renommée : tout en déclarant à sa cousine qu’il est « le gardien de l’honneur de la famille », il va boire et jouer aux cartes et aux dés avec ses compagnons d’armes. Manon médite le conseil, lutte contre son désir et ses chimères car le couvent l’attend. Elle retourne s’asseoir sagement sur son banc de pierre lorsque arrive le chevalier Des Grieux qui, se croyant seul, exprime sa joie de revoir son père bientôt. Dès que Des Grieux voit Manon, il tombe amoureux et déclare avec transport à la jeune fille qui lui a révélé son nom : « Manon ! Vous êtes la maîtresse de mon cœur ! « Manon se présente comme une pauvre fille, pas mauvaise, mais que sa famille accuse de trop aimer le plaisir et qui, pour cette raison, la met au couvent ! Des Grieux, sans autre motif que l’amour qui l’enflamme, décide de mettre fin à cette injustice ; Manon, émue, lui offre sa vie et son âme. Le destin semble aider les amoureux, car Manon aperçoit le coche que Guillot avait préparé pour s’enfuir avec elle, et voit là le moyen de mettre à exécution leurs plans de fuite. Ils vivront à Paris, « pour jamais réunis et n’auront que des jours bénis ».

7

ACTE II Dans l’appartement où les amants mènent une modeste existence, rue Vivienne, à Paris. Des Grieux écrit à son père pour lui expliquer sa situation nouvelle et lui demander l’autorisation d’épouser Manon. Après une scène d’amour émouvante, mêlée d’une pointe de jalousie lorsque Des Grieux remarque un bouquet de fleurs qu’il n’a pas offert à Manon, Lescaut force la porte de l’appartement, disposé à mettre fin à une situation qui déshonore le famille ; il est accompagné de Brétigny qui, profitant de la discussion entre Lescaut et Des Grieux, courtise Manon et lui révèle que le soir même, on enlèvera Des Grieux par ordre de son père. Brétigny demande à Manon de ne pas s’y opposer. Si Des Grieux reste avec elle, son père le déshéritera, et si elle le laisse partir, Brétigny fera d’elle la « reine par la beauté » et lui offrira toute sa fortune. Manon doute par amour, se sent indigne de Des Grieux et ne veut pas qu’il souffre. Alors que Des Grieux est parti poster sa lettre à son père, elle s’assoit et chante sa romance « adieu, notre petite table » : elle a décidé de s’en aller et de quitter Des Grieux. De retour, le chevalier rêve d’un avenir pauvre et d’une vie honnête avec Manon ; ils vivraient tous les deux heureux, dans « une maisonnette toute blanche au fond des bois, sous ses tranquilles ombrages près des clairs et joyeux ruisseaux… » Mais le sort en a décidé autrement. Des Grieux ouvre la prote à des inconnus qui s’emparent de lui et le font monter de force dans une calèche qui l’emporte au loin.

ACTE III

Le cours-la-Reine, un jour de fête populaire

Guillot, Brétigny et Lescaut badinent avec des jeunes-femmes. Manon apparaît : elle est très belle et provoque les murmures d’admiration sur son passage. Elle se sent libre d’aller partout comme une reine, belle, heureuse, enviée : tout semble lui sourire. Dans le tourbillon de la fête populaire, le comte Des Grieux fait son apparition : il s’enquiert auprès de Brétigny de l’identité de cette belle femme : « Manon », lui répond celui-ci. Le comte comprend alors cet amour qui avait fait perdre la tête à son fils. Il apprend à Brétigny que son fils, entré dans les ordres, est donc désormais abbé Des Grieux. Manon, qui a surpris leur conversation, s’approche alors du comte et lui demande des nouvelles de cet abbé Des Grieux dont une amie à elle, autrefois, avait été amoureuse. Le comte, qui n’est pas dupe, lui dit que son fils a oublié cette vie antérieure ; Manon qui ne peut y croire, décide de se rendre à Saint-Sulpice et de reconquérir son ancien amant. Des Grieux, de son côté, a lui aussi pris une décision : celle de prononcer les vœux sacerdotaux. Manon, qui a réussi à entrer, retrouve Des Grieux à Saint-Sulpice et lui déclare son amour et son désir d’être pardonnée. Des Grieux la repousse d’abord, l’accusant d’avoir brisé son cœur, mais finit par céder à ses supplications éplorées. Les deux amoureux fuient ensemble.

ACTE IV

L’hôtel de Transylvanie est le lieu où se réunit le Tout-Paris.

A la table de jeu, sont assis, entre autres, Lescaut et Des Grieux, qui, à contrecœur, a accepté de tenter sa chance aux cartes pour satisfaire les désirs de luxe de Manon, qu’il aime plus que tout. Manon se montre très heureuse de ce mode de vie frivole, quand l’argent coule à flot. Des Grieux gagne partie sur partie ; excédé, Guillot l’accuse d’avoir triché. Il quitte les lieux en menaçant Des Grieux, et ne tarde pas à revenir accompagné de la police ; le comte Des Grieux arrive sur ces entrefaites, sépare les amants et fait arrêter Manon.

8

ACTE V Sur la route du Havre Manon est menée en charrette avec d’autres filles aux mœurs légères au port du Havre pour y être embarquée de force et envoyée en Amérique, recommencer une nouvelle vie. Des Grieux retrouve Lescaut, qui pensait pouvoir sauver Manon, mais dont les hommes de main ont fui en apercevant les « mousquets des archers ». Lescaut réussit cependant à soudoyer le garde afin qu’il libère momentanément, cette prisonnière « déjà malade, à demi morte ». Manon tombe dans les bras de Des Grieux, et lui demande de lui pardonner : « Qu’ai-je à te pardonner… Quand ton cœur à mon cœur vient de se redonner ! » Elle se souvient, un instant, de tout ce qu’elle a vécu : de l’auberge, du coche, de la route ombreuse… mais il est trop tard : elle expire dans les bras de son bien-aimé.

RÔLES ET VOIX MANON : lyrique avec un registre aigu optimal  L’interprète doit, en effet, chanter certaines coloratures de soprano léger et, tout à la fois, maintenir une ligne expressive correspondant à l’évolution du personnage qui passe de l’exaltation de la découverte de l’amour à la tragédie de la mort. La voix doit donc exprimer non seulement la sensualité, mais encore un certain dramatisme pour soutenir le dénouement.

DES GRIEUX : ténor lyrique  Le rôle n’exige pas une évolution intérieure aussi importante que celle de Manon bien qu’il vive le drame de sa vie dans la fameuse scène de Saint-Sulpice (acte III). Il doit cependant passer du rêve à une expression franchement dramatique.

LESCAUT : baryton Martin  « baryton Martin » : c’est-à-dire lyrique et agile comme l’était Jean-Blaise Martin (1768-1837) qui laissa son nom à cette tessiture particulière.

LE COMTE DES GRIEUX : basse chantante  Il représente le rôle, toujours difficile, du père terre-à-terre s’opposant à un fils étourdi par l’amour.

BRETIGNY : baryton GUILLOT DE MORFONTAINE : ténor

9

PISTES D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE

10

PHILOSOPHIE : MANON LESCAUT : « TRAITE DE MORALE »

Le roman de l’abbé Prévost fait s’affronter deux grandes catégories morales : « bonheur » contre « plaisirs ». On lira avec profit l’article de Michel Beretti « Du roman à l’opéra. »

 LIRE L’ARTICLE CITE EN ANNEXE

LITTERATURE : PORTRAIT DE MANON PAR ALFRED DE MUSSET

 LIRE LE POEME CITE EN ANNEXE

MUSIQUE : MANON, OPERA - COMIQUE ENTRE TRADITION ET MODERNITE

PETIT HISTORIQUE DE L’OPERA-COMIQUE

L’opéra-comique prend forme à Paris, au 18ème siècle. Il se caractérise par l’alternance des dialogues parlés et du chant, une action dramatique simple et une grande fraîcheur dans la musique. Parmi les grands maîtres de l’époque : Grétry avec notamment son fameux Zémire et Azor (1771) ou encore Méhul avec Irato (1801).

Le 19ème siècle marque l’apogée du genre, principalement avec les opéras-comiques de Boieldieu, dont La Dame blanche (1825) constitue le plus remarquable fleuron. De nombreux compositeurs s’illustrent dans l’opéra-comique, très en vogue : Ferdinand Hérold Adolphe Adam Halévy Ambroise Thomas Gounod Bizet Delibes Le singspiel dans les pays germaniques et la zarzula en Espagne sont des spectacles dramatiques et musicaux comparables à l’opéra-comique français.

Adrien Boieldieu

LA PLACE DE MANON DANS LE CORPUS DIXNEUVIEMISTE Manon révolutionne les schémas de l’opéra-comique français dans le sens où il ne s’agit pas d’une comédie, ni d’une tragédie comportant des éléments comiques mais bel et bien d’un opéra comprenant des passages parlés au cours de l’action et critiquant les mœurs de l’époque. Ces passages parlés se présentent sous deux formes : - soit a cappella : à « nu », sans accompagnement instrumental - soit sous forme de mélodrame = voix parlée sur fond instrumental

Massenet ne renonce pas pour autant à doter son œuvre d’arias ou de passages concertants traditionnels. Ceux-ci interviennent le plus souvent aux moments stratégiques du drame et ont donc une pertinence à la fois musicale et dramatique.

11

LES PISTES D’ECOUTES POUR UNE DECOUVERTE DE L’HEROINE

MANON : « JE SUIS ENCOR’TOUT ETOURDIE », ACTE 1, [CD, plage1]

 Situation de cet extrait dans l’opéra : c’est la première apparition de Manon dans l’opéra. Voyageuse néophyte, grisée par l’aventure, elle nous révèle qu’elle est encore toute « étourdie », « engourdie » car il s’agit son « premier voyage ».

L’auditeur la découvre à travers ce chant très naturel, d’une extrême grâce, à l’image du personnage. Massenet témoigne d’un sens très aigu de la prosodie : le texte est respecté dans sa déclamation, dans ses sonorités et son sens. L’accompagnement orchestral, en accord avec la situation dramatique et la plasticité de la jeune demoiselle, est d’une extrême délicatesse notamment avec les violons, très lumineux et scintillant dans leur registre aigu.

MANON : « VOYONS, MANON, PLUS DE CHIMÈRES », ACTE 1, [CD, plage 2]

 Situation de cet extrait dans l’opéra : Manon se met à rêver après avoir vu des femmes richement vêtues, dont l’une d’elles portait un collier aux grains d’or. Elle essaye de se convaincre de renoncer à ses tentations :

« Voyons, Manon, plus de chimères ! Où va ton esprit en rêvant ? Laisse ces désirs éphémères A la porte du couvent »

L’auditeur comprend alors, dès le premier acte, que Manon est attirée par une vie luxueuse, facile et brillante. Le paraître prend le pas sur l’être. Ce chant, tout aussi gracieux que le précédant, souligne la difficulté pour l’héroïne de renoncer à une vie fastueuse et amusante. Les mots : « chimères » et « amusant » sont mis en lumière par un décrochement dans l’aigu et une vocalise brillante pour le premier.

MANON : « ADIEU, NOTRE PETITE TABLE », ACTE II [CD, plage 3]

 Situation de cet air dans l’opéra : Manon, soumise à un chantage et attirée par une vie où Brétigny lui promet d’être « reine par la beauté », prend la décision de quitter Des Grieux.

Massenet fait preuve, là encore, de son génie de mélodiste. Le chant, sous le signe de la simplicité et de la pureté, ne renonce pas pour autant à une grande expressivité.

MANON : « JE MARCHE SUR TOUS LES CHEMINS », ACTE III, [CD, plage 4]

 Situation de cet air dans l’opéra : Manon, jouisseuse et infidèle, a « réussi » et mène une vie dans l’opulence.

« Je marche sur tous les chemins, Aussi bien qu’une souveraine ; On s’incline, on baise ma main, Car par la beauté je suis reine ! »

Cet air - brillant par ses vocalises sur les enfantines proclamations : « je suis reine », « je suis belle », - révèlent le côté factice et clinquant du personnage. C’est le triomphe absolu de la vanité dans le cœur de Manon. L’orchestration, elle aussi, permet de renforcer cette facette de l’héroïne, grâce aux brèves ponctuations des vents dans l’aigu : ponctuations très percussives, fanfaronnes et lumineuses.

12

POUR EN SAVOIR PLUS

BIBLIOGRAPHIE

BESSAND-MASSENET, Pierre, Massenet, Paris, Julliard, 1979. BRUNEAU, Alfred, Massenet, Paris, Delagrave, 1935. CONDE, Gérard, Massenet mes souvenirs, Paris, éditions Plume, 1992. OLIVIER, Brigitte, J. Massenet, itinéraires pour un théâtre musical, Actes Sud, 1996. SCHNEIDER, Louis, Massenet, Paris, Fasquelle, 1926.

Avant-scène Opéra N° 123, septembre 1989 : Manon

WEBOGRAPHIE http://www.musicologie.org/Biographie/m/massenet.htlm  Notice biographique, catalogue des œuvres, bibliographie, documents. http://www.lectura.fr/expositions/massenet/  Exposition virtuelle avec dossier pédagogique. http://www.bacfrançais.chez.com/manon.html  Quelques bases de révisions pour le bac français. http://www.mtholyke.edu/courses/nvaget/dixhuitieme/Prevost.html  Quelques pistes de réflexions très ciblées autour de l’œuvre de l’abbé Prévost. http://www.site-magister.com/manon.htm  Quelques points d’analyse du texte de l’abbé Prévost.

CONFERENCE

Vendredi 27 février 2009 – 18h

« Manon, le parangon de l’opéra comique » Par Francis Albou

Caisse d’Epargne Lorraine Champagne Ardenne – Reims rue Carnot - Reims Entrée libre Réservation conseillée : 03 26 50 03 92

13

ANNEXE

14

MICHEL BERETTI : extrait de l’article « Manon, du roman à l’opéra »

15

16

17

18

Alfred de Musset : NAOUMA

19

20

21

22

23