Les Contre-Perfomances Des Campagnes D'information Et De Prévention
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u Focus Foc s us ocus Foc F d’une pensée et d’une action communes” Les contre-performances des campagnes (1). Pour notre part, à la liste de ceux devant subir en priorité une formation, d’information et de prévention nous ajouterons les journalistes. En effet, pour que la lutte aboutisse, il faut que tout J.P. de Mondenard* le monde ait vraiment envie de jouer le jeu et, bien sûr, dans le même camp. Or, à Lorsqu’éclate une affaire de dopage, chacun (pouvoirs publics et chaque affaire de dopage, il y a trop de dis- cordance entre les avis, les règlements des dirigeants) y va de son couplet : “Dans les plus brefs délais, une fédérations et les sanctions. Le tout favori- sant sans conteste la désinformation et, par campagne d’information sera faite sur les méfaits du dopage et corollaire, l’apologie du dopage. l’utilisation des produits interdits.” En ce qui concerne le volet Pour mettre en place une prévention efficace, il est clair qu’il faut faire l’effort d’une préventif et éducatif de la lutte antidopage proprement dite, réflexion sur les facteurs favorisants le l’histoire, en la matière déjà ancienne, est un éternel recommen- dopage. On ne peut décidément s’arrêter sur des causes “superficielles” comme cement. En effet, le premier colloque européen d’Uriage consa- celles qu’invoquent, par exemple, ceux qui cré au dopage, date déjà des 26 et 27 janvier 1963 et réunis- affirment qu’en raison de la longueur de la liste des produits visés, ils ne peuvent se sait scientifiques, pharmacologues, médecins et journalistes spor- soigner. À cette excuse trop facile, nous pré- tifs, pratiquants de haut niveau et sportifs professionnels, afin, férons la superposition de deux causes bien différentes dans leur nature comme dans les annonçaient-ils, d’éradiquer le dopage ! remèdes qu’elles suggèrent. L’une, profonde et fondamentale, liée à ses structures ances- Du surplace qui dure depuis 1981 trales : la multiplication des épreuves qui éprouve de plus en plus tous les champions ; “Dans la catégorie de ceux qui font semblant de participer à l’effort commun d’éducation des l’autre, plus circonstancielle mais jouant un sportifs sur le dopage, on trouve en bonne place l’imposant “Manuel d’éducateur sportif ”. Déjà rôle aggravant surtout dans les disciplines les en 1981, j’avais stigmatisé les carences de cet ouvrage, sorte de bible officieuse préparant aux plus exigeantes : un encadrement paramédi- très officiels brevets d’État. À l’époque, j’écrivais : “En cinq cent vingt pages, il passe au crible cal inapte et dangereux. tous les tenants et aboutissants du sport mais n’accorde que soixante six lignes au dopage, dont À propos des cadences infernales entretenues près de la moitié à la seule législation !” Aujourd’hui, en 2000, alors qu’on doit en être à la 10e par les dirigeants, les organisateurs de édition publiée et qu’il a grossi de près de 400 pages, on comptabilise toujours le même nombre courses et les employeurs, Marcel Tinazzi, de lignes qu’il y a dix-sept ans. D’ailleurs, rien n’a changé non plus en ce qui concerne les textes l’ex-président de l’Union nationale des législatifs où on en est toujours à la loi Herzog, votée en 1965 et, bien sûr, dans la liste des prin- coureurs professionnels (UNCP), stigmati- cipaux agents dopants, les auteurs omettent les hormones peptidiques (hormone de croissance, sait déjà il y a une quinzaine d’années la érythropoïétine, etc.). dérive des stakhanovistes du coup de pédale : Ce n’est vraiment pas très sérieux d’autant plus qu’il est quasi certain que les deux pages et “Avant tout, le mal dont souffre le vélo, soixante-six lignes n’ont jamais été vérifiées depuis 1981, puisqu’on peut lire “En France, le c’est qu’il y a trop de courses. Le calendrier congrès d’Oriage”, alors que c’est bien sûr Uriage, près de Grenoble, qui a accueilli les 26 et est trop embrouillé. Et, à la sortie, les cou- 27 janvier 1963, tous les concernés – journalistes sportifs, médecins, toxicologues, athlètes, reurs sont trop fatigués. Le dopage, on n’en etc. – pour débattre et trouver d’éventuelles parades à cette importante dérive de la compéti- parlerait pas s’il y avait trois courses par an. tion. Fait aggravant, on retrouve le même texte à peu de chose près dans le livre de Gérard er e Les coureurs sont prisonniers du système. François consacré au brevet d’État d’éducateur sportif 1 et 2 degré et publié en 1994 par le Ils courent toute l’année, ils sont fatigués, ils même éditeur. sont prisonniers de leurs employeurs, du Au total, on a du mal à croire que ces gens-là sont vraiment soucieux d’informer les éduca- teurs auxquels ces ouvrages sont destinés en priorité. On peut également avoir des doutes sur calendrier des courses et, pour suivre, ils sont l’actualisation des autres informations.” parfois obligés de tricher. Voilà, nous sommes Propos recueillis par P. Depostis enfermés dans un système stupide” (2). Les chiffres ont donc leur mot à dire. Ainsi, En premier lieu, il faut, sur le plan de la formation et l’éducation était libellée ainsi : prévention, accélérer la recherche en diété- “Le congrès d’Uriage attire l’attention sur tique, entraînement, musculation et récupé- le fait qu’un travail rentable ne pourra se ration afin d’apporter des réponses pra- réaliser que si, dans la formation des uni- * Médecin du sport. Le Dr J.P. de Mondenard tiques aux entraîneurs et aux sportifs. Le versitaires, des médecins, des éducateurs et vient de publier “Dopage, l’imposture des per- deuxième point essentiel qui abordait l’in- des entraîneurs, on retrouve la possibilité formances”, aux Éditions Chiron. 35 u Focus Foc s s ocus ocu Henri Pélissier,F vainqueur du Tour de être décelées Fà l’occasion des contrôles anti- sportifs, de leur dire ce qui est utile, ce qui France 1923, avait trente jours de courses dopage habituels, réalisés tant à l’occasion est nuisible ? Et puisque nous parlons de annuels à son programme, alors que des compétitions que des entraînements. Et, cyclisme, la Fédération française – qui sait Bernard Vallet affirme avoir atteint 225 jours plus que jamais, des actions de prévention et bien encaisser les millions de l’organisa- de courses en 1985, ce qui fait tout simple- d’éducation doivent être mises en œuvre à tion des championnats de France – la FFC, ment une progression de 750 % ! Autre tous les niveaux” (3). Toujours à la même donc, nous dira-t-elle combien elle a orga- chiffre à méditer : l’aîné des Pélissier, en époque, dans l’Orléanais Cyclisme, il en nisé de causeries de propagande, combien dix-huit années de courses profession- résume les points essentiels : “Il faut amélio- elle a réalisé de films éducatifs sur l’entraî- nelles, a effectué 52 000 km en courses, rer la prévention et l’information, mettre en nement et l’hygiène sportive ? C’est bien alors qu’Eddy Merckx, cinquante ans plus œuvre des moyens de contrôle plus élaborés, joli de sévir maintenant alors qu’on n’a tard, en treize saisons, a roulé 400 000 km mener une chasse sans merci contre les pour- jamais rien fait de constructif auparavant” à l’avant du peloton. En clair, cela veut dire voyeurs, biologistes, chimistes et médecins (6). En mai 1977, Olivier Dussaix, alors que, pendant que le premier parcourait 1 km complices” (4). Un an plus tard, Laurent président de la FFC, et Jean-Pierre Soisson, à 25 km/h, le champion bruxellois en faisait Brochard, l’un des protagonistes de l’affaire secrétaire d’État à la Jeunesse et aux 10 à 37 km/h ! Tant que sera entretenu un Festina du Tour 1998, est interrogé sur cette Sports, avaient signé un accord qualifié milieu aussi favorable à l’excès, il sera vain question par Sport et Vie : “Depuis que vous d’historique par La France Cycliste, le de compter sur une prise de conscience des pratiquez le cyclisme de haut niveau, avez- journal de la FFC (7). Dans cette conven- principaux intéressés. Peut-on espérer une vous reçu, ne serait-ce qu’une fois, une infor- tion entre les deux parties, l’État promettait véritable prise de conscience des dirigeants mation sur le sujet ?” Réponse de Brochard : un effort sans précédent en faveur de son devant leurs responsabilités ? Et envisager “Non, jamais. C’est vrai que ça manque. encadrement ainsi que de son équipement. l’effort d’éducation qui doit en sortir ? Il Dans les petits clubs, ce serait bien de passer En contrepartie, la fédération s’engageait avec n’est pas utile d’énumérer ici la liste des le message de temps en temps. À mon avis, l’aide de ce dernier à assurer entre autres : mesures indispensables. Chaque fédération ce n’est pas quelque chose qui se pratique – une éducation sportive des jeunes depuis agite plus ou moins régulièrement le hochet très souvent” (5). la catégorie des prélicenciés ; d’un encadrement sinon professionnel, du Si l’on en croit Abel Michéa, journaliste à – à poursuivre son action sur le plan médical moins parfaitement compétent. L’Humanité à la fin des années 1960, cette dans le domaine de l’information, des exa- carence au niveau de la pédagogie anti- mens approfondis et des contrôles ; Essentiel : améliorer l’informa- dopage n’est pas récente : “Mais qui prend – à veiller particulièrement à ce que ses tion et la prévention la peine d’éduquer sur ce sujet les jeunes comités régionaux appliquent avec effica- Les méthodes de formation existent.