ORCHESTRE PLACE SYMPHONIQUE DES ARTS

DE SALLE WILFRID-PELLETIER FRANZ-PAUL DECKER, directeur artistique

6 FÉVRIER 1968 ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTREAL

Directeur artistique FRANZ-PAUL DECKER Music Director

Chefs émérites WILFRID PELLETIER, D.M., C.M.G. Conductors emeritus

Assistant chef d’orchestre PIERRE HÉTU Assistant Conductor

TRENTE-QUATRIÈME SAISON 1417e CONCERT 6 FÉVRIER 1968

PLACE DES ARTS

SALLE WILFRID-PELLETIER ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTREAL

Directeur artistique'. FRANZ-PAUL DECKER, Music Director Chefs émérites'. WILFRID PELLETIER / ZUBIN MEHTA, Conductors Emeritus Assistant chef d'orchestre: PIERRE HÉTU, Assistant Conductor

VIOLON SOLO VIOLONCELLES CORS CONCERT MASTER Walter Joachim Joseph Masella Calvin Sieb Michael Kilburn Giulio Masella Lotte Brott Paul Verdone Maurice Charbonneau William Karstens André Mignault Paul Masella lers VIOLONS Richer Robitaille Otto Armin Dorothy Bégin Mildred Goodman lean Raster TROMPETTES Eugene Husaruk Lyse Vezina James Ranti D’Arcy Shea Emile Préfontaine Serge Chevanelle Raymond Dessaint Michael Carpenter Jean-Louis Chatel Antoinette Groulx Jean-Luc Morin Frank Sergi Edward Kudlak lohn Charuk BASSES Marielle Robichaud TROMBONES Eugene Nemish Thomas Martin Joseph Zuskin Norman Herschorn David Ertel Jerry Kuhl lerry L. Csaba Antonio Di Chiaro Vincent Clarke Lafleche Robitaille Jacques Gagnon Ted Griffith, tromb.-basse Ireneus Bogajewicz Peter Dagostino Sheldon Cantor Joan H. Kuhl TUBA Christy Slater 2èmes VIOLONS Robert Ryker

FLÛTES Morry Kernerman TIMBALES Alfred Masella Wolfgang Kander Louis Charbonneau Gerald Sergent Jean C. Morin Victoria Mégalos Jean-Paul Major Isaac Braunstein Gretchen Weaver, piccolo PERCUSSION Adolfo Bornstein Mario Masella Guy Lachapelle Regine L. Iacurto HAUTBOIS Tom Cavanagh Sonia Jelinkova Melvin Berman Pierre Beluse Eugène Bastien Eugene Box Alfred Fielek Pietro Masella HARPE Gratiel Robitaille Pierre Rolland, cor anglais Marie I. Lorcini

CLARINETTES ALTOS PIANO-CÉLESTE Raphaël Masella Leslie Malowany Emilio Iacurto Armas Maiste Robert Verebes lean Lafontaine Lazaro Sternic Gilles Moisan. clar.-basse William Lunn BIBLIOTHÉCAIRES lanos Csaba Roland Leclaire Paul Armin BASSONS Jules Payment, assistant Claire Provost Rodolfo Masella Ben Stolow Sidney Rosenberg GÉRANT Lärche Paul Maurice Zanettin Maria Clanner René Masino Roméo Mastrocola Lucien Robert Ben Schneider, contre-basson René Auger, assistant

L’instrument utilise par le violon-solo est un Stradivarius prêté par le Montreal Star. The violin used by the concertmaster is a Stradivarius on loan from the Montreal Star.

3

RUBINSTEIN et MEHTA RUBINSTEIN and MEHTA Deux grands artistes, aussi deux grands amis, Two great artists and good friends join to lors d’une répétition à Tel-Aviv durant l’été make music in Tel Aviv, Summer, 1963, on 1963. Montréal souhaite la bienvenue à ces the occasion of the launching of the new deux maîtres et amis de notre ville. government under Mr. Eshkol. Nos remerciements les plus sincères à M. Mehta qui a gracieusement accepté de Montreal salutes and welcomes these two remplacer Wilfrid Pelletier pour diriger le eminent artists and old friends of the city. concert de ce soir. Our thanks to Mr. Mehta for stepping in Nous sommes heureux de vous faire part que to replace his colleague Wilfrid Pelletier, M. Pelletier est en bonne voie de guérison. recovering well from his recent illness.

7 PROGRAMME

Le concert de ce soir est sous la présidence de M. Jean Martineau, C.R., président du Conseil des Arts du Canada

Au pupitre/Conductor Mozart ZUBIN MEHTA SYMPHONIE no 35 K.385 “Haffner” en ré majeur/in D Major Soliste/Soloist I Allegro con spirito ARTUR RUBINSTEIN II Andante pianiste III Menuetto IV Finale: Presto

Schumann CONCERTO pour piano op. 54 en la mineur/in A Minor I Allegro affettuoso II Intermezzo: Andante gracioso III Allegro vivace Soliste ARTUR RUBINSTEIN Soloist

ENTRACTE

Chopin CONCERTO pour piano no 1, op. 11 en mi mineur/in E Minor I Allegro maestoso II Romanza : larghetto III Rondo: vivace Soliste ARTUR RUBINSTEIN Soloist piano Steinway

Afin de nous conformer à la tradition La partition et le materiel d’orchestre internationale des concerts symphoniques et de de cette œuvre ont été offerts à la musicothèque maintenir le bon équilibre des programmes, les de l’OSM par le Comité Féminin, en avril 1956, solistes invités ne donneront pas de rappels. en hommage à Madame J. C. E. Trudeau. In order to comply with the international The score and orchestral material of this work procedure of symphony concerts and to were donated to the MSO by the Women’s maintain the proper balance of programmes, Committee in April 1956 as a tribute to guest soloists will not give encores. Mrs. J. C. E. Trudeau.

13 SYMPHONIE no 35 en ré majeur "Haffner" K. 385 W. A. Mozart (1756-1791)

La symphonie Haffner (no 35) est la le 7 août, l’œuvre était achevée et expédiée, première des six composées par Mozart au et ce avec une Marche nouvelle. Wolfgang, cours de son ultime période viennoise. Mais infatigable, s’était marié trois jours plus tôt ! elle occupe une place à part dans la mesure En décembre de la même année, songeant où elle ne fut pas conçue, à l’origine, à plusieurs concerts prévus pour le printemps comme une symphonie proprement dite. suivant, Mozart demanda à son père de lui C’est au cours de l’été 1782 que Mozart, renvoyer sa partition. Il la reçut bientôt, et préoccupé par la première représentation sa réponse n’est pas sans intérêt: “La de l’Enlèvement au Sérail qui allait avoir lieu nouvelle symphonie pour Haffner m’a (16 juillet), et aussi par son propre mariage, tout à fait surpris, car je n’en savais plus reçut de son père Léopold resté à Salzbourg un mot. Elle doit certainement faire bon une lettre l’informant que le bourgmestre de effet” (15 février 1783). Mozart s’empressa la ville, Siegmund Haffner, désirait recevoir d’ajouter des flûtes et des clarinettes à de lui une nouvelle Sérénade. Nouvelle, car l’orchestre, et c’est comme Symphonie qu’il Mozart avait déjà écrit une partition fit jouer l’œuvre le 23 mars, au cours d’un analogue (K. 250) pour Haffner en 1776; concert extrêmement riche ne comprenant Sérénade, car la musique devait notamment, pas moins de dix œuvres de lui. C’est sous pour correspondre aux festivités auxquelles cette forme, en quatre mouvements et sans elle était destinée (Haffner venait d’être Marche, qu’elle est parvenue jusqu’à nous. anobli et tenait à célébrer dignement Il faut dire que la musique conçue à l’événement), se composer d’environ cinq l’origine par Mozart, et c’est là un de ses à six mouvements (dont deux Menuets) et principaux mérites, se prêtait à ce genre de être précédée d’une Marche. La réaction de “transformation”. Certes, elle correspondait Mozart ne fut pas celle d’un laquais: “Et par sa coupe à ses anciennes sérénades je devrais encore écrire une symphonie ? salzbourgeoises ou à celles d’un Michael Comment serait-ce possible ? Enfin, bon, Haydn. Certes, l’esprit galant avait fini je l’écrirai la nuit, autrement je n’en sortirai par faire de la Sérénade un genre assez pas. Et que ce sacrifice soit pour vous, conventionnel, à mi-chemin entre la musique mon très cher père ! Vous recevrez sûrement de chambre et la musique symphonique: quelque chose à chaque courrier. Je musique de chambre d’apparat, ou musique travaillerai aussi rapidement que possible et, symphonique de dimensions et de portée autant que me le permettra cette hâte, réduites. Mais des deux “Sérénades” écrites lisiblement” (20 juillet). par Mozart en 1782 ( Ut mineur pour vents K. 388 et Haffner K. 385), l’une rejoint Mozart se mit au travail. Le 27 juillet, intérieurement la pure musique de chambre, il envoya le premier mouvement. Le 31, le et l’autre la symphonie dans toute sa finale était terminé, mais pas encore grandeur, pour avoir su justement se YAndante et les deux Menuets. Dans une débarrasser toutes deux par l’esprit de la lettre à son père, le compositeur alla jusqu’à même défroque galante. Rien d’étonnant lui conseiller, au cas où lui-même n’aurait dans ces conditions à ce que la Symphonie pas le temps d’écrire une nouvelle Marche, Haffner, dans sa “version” définitive, ait de reprendre celle (K. 250) qui accompagnait acquis une place de choix dans les jadis la Sérénade Haffner de 1776. Mais programmes de nos concerts !

14 A MUST FOR YOUR RECORD LIBRARY UN DISQUE INDISPENSABLE À VOTRE COLLECTION

MERCURE : Lignes et Points MATTON : Mouvement Symphonique no 2 Direction: ZUBIN MEHTA “Il est certain que, surchargé de besogne au point où il l’était en juillet 1782, la commande salzbourgeoise a dû causer (à PRÉVOST: Fantasmes Mozart) une sorte d’exaspération. Et il est SOMERS: Fantasia for certain qu’un sentiment d’énervement même, assez voisin de la colère, se traduit à nous Direction: PIERRE HÉTU dans l’étonnant premier Allegro (George de Saint-Foix). Il est permis de trouver aux caractéristiques du morceau des raisons moins épisodiques, et par exemple la certitude qu’avait Mozart que cette œuvre précise serait exécutée à Salzbourg, dans une ville qu’il n’aimait pas, devant des gens (comme l’archevêque Colloredo ou un certain comte d’Arco) dont il avait eu jadis toute raison de se plaindre ! Le saut d’octaves du début parcourt presque tout le mouvement, qu’on pourrait presque (c’est rare chez Mozart) qualifier de monothématique. L’Andante en sol majeur fait contraste par son apaisement, son absence de sursauts. Mais le Menuet retrouve les grands sauts du premier mouvement. Il constitue un des deux centres de gravité de l’ensemble. Quant au finale Presto, qu’il faut prendre “aussi vite que possible”, c’est un rondo enjoué dont le “Le disque de l’OSM un succès complet” thème principal, entendu quatre fois, ressemble comme un frère à celui de l’air Claude Gingras — La Presse d’Osmin Ha, wie will ich triumphieren ! de l’Enlèvement au Sérail. Connaître le sens de ces paroles — Ah quel sera mon “Performances that are wonderfully triomphe ! — conduit à se demander si transparent” Mozart ne songeait pas encore une fois, Jacob Siskind — The Gazette en composant pour Salzbourg, à la vie qu’il espérait mener à Vienne après les déceptions et les humiliations subies par lui, de longues années durant, dans sa ville natale.

Marc Vignal

rca Victor

15 CONCERTO en la mineur op. 54 Robert Schumann (1810-1856)

Schumann, qui était pianiste, eut depuis sa l’après-midi” (Clara, août 1841). jeunesse l’idée de composer un Concerto Quatre ans devaient encore s’écouler avant pour son instrument favori. On retrouve que Schumann ne reprenne son manuscrit; dans ses carnets une esquisse remontant à ce fut pour ajouter deux mouvements à la 1827. Il reprit le projet en 1833 et en parla Fantaisie déjà composée. Le 31 juillet 1845, à son maître Friedrich Wieck, le père de il mit le point final à un Andantino et rondo sa future femme Clara. Il en reparla en pour piano et orchestre, conçu comme 1839 à Clara elle-même, ajoutant: “Cela deuxième et troisième mouvements d’un devient quelque chose d’hybride, tenant de Concerto qui devait porter le numéro la Symphonie, du Concerto, de la grande d’opus 54. Ce qui est remarquable, c’est Sonate”. Il nota par ailleurs: “Je ne peux que Schumann malgré cette longue écrire un Concerto pour virtuose, et je dois interruption soit parvenu à sauvegarder penser à quelque chose d’autre”. l’unité d’inspiration par delà les parentés A cette époque, Schumann n’avait écrit que unissant les thèmes des divers mouvements, de la musique pour piano seul, ce n’est qu’à et surtout que les sentiments exprimés au partir de 1840 qu’il devait aborder le genre début trouvent naturellement leur du Lied (un de ses plus grands titres de aboutissement dans le Finale. La première gloire), puis ceux de la musique de chambre audition eut lieu le 4 décembre 1845, et de la musique pour orchestre. Ce à quoi avec Clara au piano et le dédicataire Hiller il songeait n’était de toute façon pas le à la tête de l’orchestre de Dresde. Clara Concerto en la mineur opus 54 tel que joua ensuite le Concerto en janvier 1846 au nous le connaissons actuellement, mais une Gewandhaus de Leipzig sous la direction de Fantaisie en la mineur correspondant au Mendelssohn, puis à Vienne et à Prague seul premier mouvement de l’opus 54 sous sous celle de Schumann lui-même. Le succès sa forme définitive. C’est dans le journal fut tel que le célèbre éditeur Breitkopf tenu par Robert et Clara après leur accepta de le publier aussitôt. Il n’est pas mariage (septembre 1840) que nous interdit d’estimer que la prodigieuse retrouvons trace de cette Fantaisie, dont interprète qu’était Clara fit beaucoup pour l’achèvement semble avoir coïncidé avec les la célébrité immédiate du Concerto pour débuts du mariage : “La Fantaisie en la piano de Schumann. mineur est mise au net et prête à être jouée” L’œuvre de toute façon reste bien la plus (Robert). “LaSymphonie (no 1) de belle composée dans ce genre à l’époque Robert a été répétée encore une fois au romantique, sinon au XIXe siècle. Elle Gewandhaus de Leipzig. J’ai joué aussi la renonce certes au dramatisme beethovenien, Fantaisie en la mineur. Je l’ai jouée deux fois mais aussi et surtout à la virtuosité extérieure et trouvée merveilleuse. La partie de piano si souvent recherchée dans les Concertos est si délicatement enchevêtrée avec aux débuts du XIXe siècle. La dictature du l’orchestre qu’on ne saurait imaginer l’une virtuose, le déclin de l’orchestre, avaient sans l’autre. Je me fais une fête de la jouer marqué ce genre de musique après les en public mais il faudra que cela marche années 1800-10, détournant de lui — ainsi sensiblement mieux qu’à la répétition Beethoven dès 1809 — les créateurs d’aujourd’hui. La joie que m’ont causée la authentiques : il n’existe de Concerto de Symphonie et la Fantaisie m’a tellement maturité ni de Schubert, ni de Chopin ! D’où bouleversée que j’en ai été malade tout cet aphorisme de Schumann en ses débuts,

16 ¿)l nous est agréable De présenter nos hommages

et D’offrir nos meilleurs voeux alors qu’il avait pourtant sous les yeux les premières tentatives d’un Mendelssohn : “Nous devons attendre avec confiance le à tOrchestre génie qui nous montrera une façon brillante et nouvelle d’unir l’orchestre et le piano”. Il ne se doutait guère que ce génie, ce symphonique De serait lui ! Le piano s’oppose moins à la masse ©fl/Lontréal orchestrale qu’il ne s’y intègre, dialogant | hiiBi avec chaque groupe d’instruments. Il n’y a domination ni de l’un ni de l’autre. | Banque Canadie Tendresse, discrétion et pudeur sembleraient | ta banque qui a te définir cette musique si la brillance, et parfois I satisfaire sa clienti. l’éclat, ne venaient s’y ajouter, comme pour évoquer en passant d’autres caractéristiques du genre. Mais il n’y a aucun “effet”, encore moins de traits démonstratifs. D’autant que de la première à la dernière mesure, le Concerto opus 54 baigne dans un climat poétique d’une intensité rare, et qui en définitive en fait tout le prix. Les thèmes se retrouvent, transformés, d’un mouvement à l’autre, mais pas au point de donner naissance à des rappels gênants, parce que trop évidents. La Fantaisie originelle est un Allegro affetuoso dominé par un thème exposé par le piano après quelques mesures d’introduction, et utilisant beaucoup dans un but expressif les oppositions des mode mineur et majeur. L’Intermezzo est plus “dialogue” entre le soliste et l’orchestre. Ce dialogue est intime, et un beau solo de violoncelle souligne au milieu du mouvement l’aspect “musique de chambre” du discours. Le Finale, après une courte préparation thématique, s’enchaîne sans interruption. Son thème est issu du motif central du premier mouvement. C’est, tant sur le plan expressif (mode majeur) que sonore, l’exutoire de la tension accumulée au début de la partition, et simplement mise entre parenthèse dans son volet central.

Marc Vignal

17 CONCERTO no 1 en mi mineur opus 11 Frédéric Chopin (1810-1849)

Robert Schumann ayant redonné ses lettres virtuosité de plus ou moins bon goût, étalée de noblesse au concerto romantique, au détriment de la densité musicale, de la d’autres pouvaient poursuivre la voie par lui pensée, du style. Certes, les concertos de tracée : ainsi Liszt et ses deux Concertos Chopin — mais pouvait-il en être autrement (1848 et 1861), Brahms et son premier étant donné notamment que leur auteur Concerto ( 1854), ou encore Edouard Grieg n’avait pas vingt ans ? — évoquent parfois (1868). Tel ne devait pas être le cas de ces modèles douteux. Mais c’est par de Frédéric Chopin, mort dès 1849, et dont les simples détails et par une deux Concertos pour piano remontent à ses moins originale, moins avancée, que années d’extrême jeunesse ( 1829-30). l’écriture pianistique ! L’audition du A ce moment, Chopin n’avait pas encore Concerto en mi confirme immédiatement quitté la Pologne, et tous deux furent qu’il est postérieur à celui en fa. destinés à l’origine à la vie musicale de L’introduction orchestrale de l’Allegro Varsovie. Dès le 17 mars 1829, Chopin fit mœstoso initial est plus longue, entendre au Théâtre National, pour son plus riche. Elle est bâtie sur trois thèmes premier concert public, le Concerto en fa principaux, dont les deux derniers s’opposent mineur connu actuellement sous le no 2 à la scansion affirmée du premier. Le (opus 21 ). Le succès s’étant révélé troisième est nettement coloré par les flûtes. considérable, il entreprit sans tarder un Pour le reste le piano dominera, exception second essai: ce devait être le Concerto faite de deux brefs tutti au centre du en mi mineur no 1 (opus 11), terminé le mouvement. Au contraire, la Romance 21 août 1830 et créé à Varsovie le 11 (second mouvement) repose sur une octobre de la même année. La numérotation présence constante (ou presque) de actuelle des deux Concertos de Chopin l’orchestre. La structure en est beaucoup provient donc de leur date non pas de plus libre, soumise aux caprices du rêve. composition, mais bien de publication (1833 Le Rondo terminal est éclairé pour sa part, et 1836 respectivement). et ce d’un bout à l’autre, par la tonalité de mi majeur. C’est une page brillante, Trois semaines après l’audition de son juvénile, exhubérante même. Tout s’achève Concerto en mi, Chopin dut quitter Varsovie sur une gerbe sonore ponctuée, à l’orchestre, et la Pologne sans se douter que c’était pour de quatre larges accords. toujours. Arrivé finalement à Paris, il y Marc Vignal rencontra le fameux Kalkbrenner, un des grands pianistes du moment: pour le “dédommager” de ne pas se présenter à lui L’Orchestre Symphonique de Montréal comme élève, il lui offrit la dédicace de son désire remercier œuvre ! Ce qui pour nous est plus intéressant, le Conseil des Arts de la Région c’est de pouvoir constater à quel point Chopin, dès l’abord et malgré son relatif métropolitaine de Montréal, isolement, avait su s’élever au dessus du le Conseil des Arts du Canada niveau d’un Kalkbrenner justement ou encore et le Ministère des Affaires Culturelles d’un Hummel, compositeurs qui, dans le du Québec domaine du Concerto par exemple, dictaient de leurs généreuses subventions. le goût du jour par le truchement d’une

18 SYMPHONY No. 35 in D major, "Haffner", K. 385 Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)

Composed in 1782, the year of Mozart’s marriage things about it — shortcuts and innovations to Constance Weber, for the Haffner family in Salzburg. Its four movements are marked that, far from marring the effect Allegro con spirito; Andante; Minuetto and Trio; of the whole, enhanced and added Presto, and it is scored for 2 flutes, 2 oboes, 2 clarinets. 2 bassoons, 2 horns, 2 trumpets, originality to a work that might otherwise drums, and strings. have followed more traditional paths. The “Haffner” was the first The first movement, for example, has only of the last group of symphonies left one subject instead of the more common by Mozart in the final years of his short life. two, and that subject is introduced He was 26 when he wrote it, and after by a rhythmic figure of startling character; it were to come the “Linz”, the “Prague”, Mozart described it to his father and the three great symphonies of 1788. as “pretty fiery”. He was reluctant to take on the job The main theme of the first when it came to him, via his father, movement, Allegro con spirito, pervades and little wonder, for he was fully occupied the whole movement and is subjected to a with other matters at the time, including catalogue of contrapuntal devices from every the intrigues and pressures surrounding quarter of the orchestra, a feature that is the first performance of his first important often attributed to Mozart’s exposure, opera, “Die Entführung aus dem Serail”. in the year preceding the “Haffner”, to the Moreover, he was a bit peevish over the fact music of Bach and Handel in private that his father had not yet given his blessings performances. Later in the movement to his marriage with Constanze. a new theme, in A major, does appear; some writers, Hans Keller among them, It is all the more remarkable, then, regard this new theme as a second subject, that with these things on his mind, Mozart but if it is, it is still heard in combination nevertheless managed to write the symphony with the first subject, and very much in a few days’ time and make something dominated by it. lasting of it. Perhaps it is an example The second movement, Andante, seems of what can happen on occasions when more conservative by comparison, and more a great artist must write under pressure. characteristic, in the minds of some Actually, the order had been for a hearers, of a serenade than a symphony — serenade, and indeed in its original form the an understandable point in view of “Haffner” commission had included Mozart’s earlier intentions. Its mood a march and a second minuet, in addition is pleasant and pastoral and there is nothing to the four movements that later made up to startle the ear. The Minuet and Trio the symphony. The haste and fever third movement is similarly fresh and under which Mozart turned out the work uncomplicated, with a soothing, flowing no doubt account for one or two daring quality especially pervading the trio.

19 You get 50% more interest in a True The closing movement, Presto, takes one back a bit to Haydn in spirit; there is a Savings briskness and a bustle about it, and it races along to its close with the purposefulness Account of an overture to an opera buffa. Here again one is reminded of the levity and the brevity of a serenade — and yet this movement, as much as its companions, is truly symphonic in the scale of its ideas, Bank of Montreal and in the style of their development. Canada's First Bank It had been a busy summer, all in all, Ask today about a 4'/2% True Savings Account. and the “Haffner” had simply been an interruption in it. In August he would be married to Constanze, and somehow the “Haffner” seems now to reflect the certainty and the contentment of Mozart’s decision to marry her, however cool his father was to the idea. If it was not to be the Prochain concert de Gala grand passion of his life, it would at least Next Gala Concert be a comfortable domestic liaison. “She is not ugly” he had written to his father, “but at the same time far from beautiful. Her whole beauty consists of two Mardi little black eyes and a pretty figure. She has no wit, but she has enough common 20 février sense to enable her to fulfil her duties as a wife and mother . . . she understands housekeeping and has the February 20 kindest heart in the world. I love her Tuesday and she loves me with all her heart. Tell me whether I could wish myself a better wife.” Francean Campbell AU PUPITRE / CONDUCTOR FRANZ-PAUL DECKER The Montreal Symphony Orchestra wishes to express its deep gratitude to the Arts Council of Greater Montreal, SOLISTE / SOLOIST the Department of Cultural Affairs ANDRÉ WATTS of the Government of Quebec pianiste and the Canada Council for their generous grants.

20 CONCERTO in A Minor, Opus 54

Robert Schumann (1810-1856)

Robert Schumann’s only piano concerto was reception. Such was the case, however, composed in two stages — the first in 1841, and more than once when Schumann’s the rest in 1845. Clara Schumann was the soloist in its first performance in Leipzig at the devoted wife played the concerto before Gewandhaus in 1841, in its earlier version. even a discerning audience of the day. There are three movements: Allegro affetuoso; H. F. Chorley, for example, who wrote Intermezzo; Allegro vivace. It is scored for 2 flutes, 2 oboes, 2 clarinets, 2 bassoons, 2 horns, for various prestigious London newspapers, 2 trumpets, tympani, and strings. reported that the “chief novelty” Dedicated to Ferdinand Hiller. of the evening was received warmly on the grounds of the Lady’s (Clara’s) Girls who fall in love with composers playing, but that “we cannot fancy can be very useful to them if they happen the Concerto adopted by any performer to be pianists. Clara Schumann (née Wieck) in London . . had written to Robert Schumann asking him to compose something for her to play. The first movement, Allegro affettuoso, It should be brilliant, of course, and neither opens with the piano from the start, an too long nor too short; also it should innovation that must have startled many a be comprehensible to the public. It was not hearer of that day. Then the woodwinds an unreasonable request for a performer and horns introduce the wistful little tune to make of a composer even by today’s that resembles Three (sad) Blind Mice, standards. But Clara had the grace and this theme dominates the movement to add that she apologized for asking a from this moment forward. A little genius to compromise his high standards. motif in C major complements the main theme and is warmly exploited Schumann was averse to the idea by piano and strings. of a concerto in three completely independent movements, and produced instead a work The second movement, Intermezzo-. in a single movement, a “Phantasie” Andantino grazioso, is in the bright key in A minor. Clara played it for the first time of F major and is in an ordinary three-part not at a public concert, but at a rehearsal form. It is music of a light, simple, of the Gewandhaus orchestra. Publishers and pleasant nature, with much dialogue took little interest, however, in a between solo instrument and orchestra. one-movement work and Schumann in the The lower strings have a lyrical passage end was persuaded to write two more in C major that connects directly with movements, in the early summer of 1845. the last movement, and hints at the first. The whole concerto was played, by Clara, at Dresden in December of 1845, The closing movement, Allegro vivace, and at Leipzig a month later, with no less is in sonata form, with the soloist stating a personage than Mendelssohn as conductor. the chief theme. A second theme appears, of By then Clara had been Mrs. Schumann much rhythmic interest characterized for five years. by a kind of syncopation. Contrapuntal elements appear, and a free fantasia It may be difficult to imagine now on themes heard earlier. There is that such a work as the Schumann concerto an extended coda. ever fell on hostile ears, or that there was ever an audience that failed to give it a warm Francean Campbell

21 CONCERTO No. 1 in E Minor, Opus 11

Frederic Chopin (1810-1849)

Composed in 1830 in Warsaw; dedicated by his early success; he must have known to the pianist and teacher Friedrich Kalkbrenner: that it was a success resting primarily published in 1833. Three movements: on the combination of youth and glamour Allegro maestoso; Romance; Rondo. and an unbeatable keyboard facility. If Chopin had been a student in one He was not at all arogant about himself, of our music schools or conservatories for example, when he wrote to his former today, instead of in Warsaw in 1830, teacher at the Conservatory, Joseph Elsner: he would probably be enrolled in a class “In order to be a great composer, one needs in orchestration. His teachers would have an enormous amount of knowledge, which, pointed out to him, quite likely, that it’s all as you taught me, one does not acquire very well to compose brilliant things from listening only to other people’s work, for the solo piano, but to expect a full but even more from listening to one’s own... orchestra to supply a simple accompaniment I have to think of clearing a path for myself to them was going a bit far. in the world as a pianist, and I must put off Moreover, such a work would not get until later those higher artistic aims played more than once or twice in any case. your letter so rightly presents.” This is the view that many musicians Those “higher aims” may have taken hold toward the piano concertos of shape in the extraordinary body of works Frederic Chopin, although few of them ever that Chopin produced, beginning in Paris deny that when it comes to the piano parts in 1831, with the Opus 23-24 of these concertos, Chopin’s ideas and polonaises and mazurkas. It was at individuality are as much to be admired this point that Chopin began to win the today as they were in his own day as the respect and affection of his fellow composers romantic young virtuoso of Warsaw. and performers, and it was a source Chopin himself elected to leave of much satisfaction to him that they thought alone, however, and concentrate on the highly of him. “The proof of their regard”, solo piano. George Dannatt, among others, he wrote, “is that they dedicate their pieces holds that “his decision to keep to it was to me, even people with tremendous absolutely justified.” reputations, before I dedicate mine to them.” His decision was not made, fortunately, The first movement, Allegro maestoso until after he had produced six works risoluto, opens with an unusually long for solo piano and orchestra (one of them ritornello for the piano; the first subject was never scored) including the two is treated to elaborations and ornamentations concertos -— the first of which is now until the second subject appears, numbered as the second, and vice versa. in the major key but, surprisingly, on the No one seems to have discouraged him from tonic rather than the more common writing such large-scale works, and on the relative major. It is a singing theme contrary, the two concertos arrived at a pleasingly contrasted with the first one. prompt and sensational popularity The development section is devoted and remain so to this day — which is a principally to brilliant passages for the piano. lesson of some kind to music academicians. The second subject reappears in the key Chopin, moreover, was not unduly swayed it would normally have assumed in the

22 first place, G major. There is an interesting beautiful memories — for instance, coda, employing an unusual bass, and on a fine, moonlight, spring night.” with a brief visit to the key of C major, The finale, Vivace, a Rondo is bright, the movement ends in the home elegant, and utterly effervescent, key of E minor. beginning with a simple, dance-like theme The second movement, Larghetto, for the piano in E major, and later is termed a Romance, and is in E major. bringing in a more subdued but equally Muted strings introduce the quiet, charming second subject, in A major — reposeful main theme, followed soon after the right hand introducing it in octaves. by a similar theme in B major. These two are The first theme is trickily heard treated to exceedingly elaborate decoration, a semitone lower, then hastily restored interspersed with rushes of romantic to E major. After an extended development outpourings, coloured by retards and that touches a new high in ornamental diminuendoes. Chopin himself is said figures, the movement reaches a final passage to have described it as “the impression of brilliant scales and arpeggios and comes which one receives when the eye rests on a to a sharp, short stop. beloved landscape that calls up in one’s soul Francean Campbell

23