ARTS-SPECTACLES !Je noire envoye sp écial aux Etats-Unis Citizen Kaas

Après sept ans d'une carrière européenne fulgurante de Paris à Moscou, la petite Lorraine a décidé de conquérir l'Amérique. Avec le• soutien total de Columbia, qui y croit dur comme fer. Good luck ! - 'est une petite carte postale en noir et grandes villes — Dallas, Chicago, Miami, Atlanta... — blanc scotchée sur les murs du campus en restant plusieurs jours dans les clubs. » Ou qu'elle de l'université de Georgetown, à Wa- accepte un rôle dans un film, comme celui que shington : la torchsinger , Martin Brest lui avait proposé dans le remake de « 's number orle "chanteuse" » « Parfum de femme » avec Al Pacino, « le Temps (sic), donnera un concert au Gaston Hall, une d'un week-end ». « A l'époque, je n'avais pas le salle de style américano-rococo-religieux au troi- temps, explique Patricia. Mon anglais n'était pas for- sième étage d'un très gothique et hypothétique midable et, de toute façon, je n'étais pas prête à a on- Healy Building. « Une "torchsinger", explique ter la caméra. Avant de me lancer au cinéma, je veux Denis Oppenheimer, manager de Patricia pour les être sûre que ce soit bien. » C'est d'ailleUrs pour les - Etats-Unis, c'est une chanteuse qui s'est brûlé les ailes mêmes raisons qu'elle a refusé le rôle de la fille des aux feux de l'amour et qui vient raconter son histoire Maheu dans le « Germinal » de Claude Berri, mal- au public. Patricia, c'est la meilleure chance française gré les encouragements de son manager et associé en Amérique depuis Chevalier, Piaf et Montand. Ceux Cyril Prieur. qui ont réussi ici étaient toujours "truly french". » Après sept ans d'une carrière fulgurante en , le réalisateur anglais des disques de - France et dans les pays francophones, puis en Al- Sade qui a fait le dernier de Patricia, « Je te lemagne et en Russie (où elle a « vendu » dis vous », croit lui aussi à la carrière américaine 600 000 exemplaires de son deuxième disque), de la petite fille de Forbach : « Son enfance, les fêtes Patricia tente le casse mondial. Avec de bonnes de la bière à 13 ans, tout ça, c'est l'American Dream. chances de réussir. Son premier album, « Made- Quand les Américains apprendront cette histoire, elle moiselle chante... » (2 millions d'exemplaires dans va exploser » le monde), s'était vendu à 80 % en France ; les Columbia croit au big deal et joue à fond la carte ventes allemandes représentaient à peine 4 % des Kaas, sous l'impulsion de son patron Don Ienner françaises. Le dernier disque, « Je te dis vous », se qui a craqué pour la french torchsinger. L'ancienne vend à 45 % en France (500 000 exemplaires au capitaine des majorettes de Stiring-Wendel, qui ef- bout de six mois) ; cette fois, les ventes allemandes fectue sa troisième tournée aux Etats-Unis en trois atteignent 40 % des françaises. Même le Japon ans, est représentée sur le territoire américain par frémit : 15 000 au premier, 30 000 au second, un la plus grande agence, celle de William Morris, score déjà atteint pour le troisième en à peine six dont les vedettes s'appellent Aretha Franklin ou mois. Il est vrai que là-bas, Patricia est également James Taylor. Et le dernier album de Patricia, qui Patricia Kaas :u Maintenant, j'ai envie connue grâce à une pub tournée pour les cassettes s'appelle ici « Tour de charme », a été fabriqué d'autre chose. Qu'on me trouve jolie. TDK. « Ce pari mondial est un choix délibéré, spécialement aux Etats-Unis, ce qui est une Qu'on ne m'aime pas seulement pour ma voix, affirme Robin Millar. Quand on s'est vus la première marque supplémentaire de confiance de la part de mais aussi pour moi. Avant, je n'osais pas fois pour parler de son nouvel album, elle m'a dit Columbia. exploiter mes idées. Aujourd'hui, oui. » qu'elle était prête à risquer de perdre une partie de son Après la fac de Georgetown qui a accueilli, ce public populaire français pour faire la musique de qua- soir-là, 800 spectateurs dont une bonne moitié de • lité qu'elle aime. D'autre part, elle espérait que même Français et quelques Ukrainiens fascinés, Patricia tout pour l'avoir. Peut-être échouera-t-il mais au si elle vendait moins en France, elle toucherait un pu- s'est produite au prestigieux Lincoln Center de moins il aura tout tenté. Pour moi, l'Amérique, c'est blic plus vaste à l'étranger. » New York, au Henry Fonda Theater de Los An- pareil. Je veux pouvoir me dire : "J'ai essayé." De Critiquée dans l'Hexagone pour certains de ses geles et au Bimbo's, un club chic de San Fran- toute façon, c'est une belle histoire. » textes jugés trop franchouillards, Patricia Kaas dé- cisco. Des salles moyennes au public un peu lent à Chez Columbia, Sandra Oei, directeur du mar- cide de ne plus se laisser enfermer dans une image dégeler et à l'acoustique parfois approximative qui keting de Columbia qui couve sa protégée d'un « Mademoiselle chante le 'blues tendance Fête de ont fait souffrir ses nouveaux musiciens — jamaï- ceil de mère poule amoureuse, sait que le succès la Mirabelle ». Après un deuxième album dont la cains et anglais, plus un Français. On est loin des peut être lent à se dessiner. «Mais il sera énorme... plupart des titres ont encore été signés par le duo foules enthousiastes que l'ancienne débutante du Patricia doit venir ici dans l'état d'esprit où elle était qui a fait son succès, François Bernheim et Didier Rumpelkarnmer de Sarrebruck a l'habitude de quand elle montait sur scène il y a dix ans en France. Barbelivien, et une tournée de 180 dates à travers drainer, en France, en Allemagne ou en Russie. Aux Etats-Unis, elle ne peut pas avoir les grandes sta- le monde, Patricia s'arrête pour faire le point. Mais Patricia Kaas est du genre obstiné : elle tions de radio car ses chansons sont trop complexes « J'ai beaucoup regardé-mes télés, mes photos et mes prendra le temps qu'il faudra pour conquérir pour entrer dans le Top 40. Elle est juste programmée interviews et j'ai constaté que je ne me reconnaissais l'Amérique mais elle « les aura ». «Je suis patiente et sur les radios intellos NAC (New Adult Contempo- pas dans l'image que je donnais de moi-même. Pour- volontaire, explique-t-elle. Repartir de zéro m'excite. rary) qui passent Al Iarreau, Sade ou Nathalie Cole. tant, je savais de quoi j'avais envie de parler : de Quand un homme désire vraiment une femme, il fait L'idéal serait qu'elle fasse une tournée dans toutes les l'amour et de l'amitié, de la femme. Quand j'étais pe- 1241 LE NOUVEL OBSERVATEUR