La Belgique À L'heure Allemande

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La Belgique À L'heure Allemande Cet ouvrage est le plus complet, le plus important et le plus attachant de tous ceux que vous avez signés jusqu'à ce jour. Théo Fleischman. 25 octobre 1977 Un vaste sujet traité avec une concision, une profondeur et une objectivité remarquables, tout en l'émaillant d'anecdotes, qui en accroissent encore l'intérêt. Jean Cleeremans, Le Vétéran. 12 octobre 1977 Un ouvrage foisonnant, d'une haute tenue. Alain Antoine, La Dernière Heure 19 janvier 1978 L'ouvrage de de Launay, qui (*) n'est ni professeur, ni Belge, ni historien, n'est pas innocent. José Gotovitch, Le Drapeau Rouge 14 novembre 1977 L'indépendance et la témérité de J. de Launay ne fléchissent à aucun moment. Pol Vandromme, Le Rappel. 4 février 1978 Que l'on partage ou non les options de J. de Launay et même si l'on critique certaines de ses vues, on doit lui savoir gré d'avoir démontré que parallèlement à l'activité de la Résistance, il s'est livré un combat de tous les jours pour la survie. Et ce combat a été victorieux. Georges H. Dumont, La revue générale février 1978 (*) comme Hérodote. Note de l'auteur. Du même auteur : Chez Albin Michel, Paris La Grande Débâcle, 1944-45. Sept millions de civils fuient devant l'Armée rouge. 1985. aux Presses de la Cité, Paris Histoire secrète du pétrole. 1985 (en collaboration avec J.M. Charlier) chez Rossel, Bruxelles Marché noir et fausse monnaie du IIIe Reich. 1983 (en collaboration avec J.M. Charlier) chez RTL Editions, Luxembourg Affaires spéciales du IIIe Reich. 1985 (en collaboration avec P. de Saint-Hilaire) chez Paul Legrain, Bruxelles Psychologie et sexualité des grands contemporains. 1978 Jacques de Launay La Belgique à l'heure allemande A mes amis belges de la guerre et de la résistance, George de Lovinfosse, Léon Rochtus, Serge de Thibault de Boesinghe, qui, comme moi, voulurent, dès 1945, tendre une main loyale à leurs adversaires de la veille, dans l'esprit des libertés démocratiques auxquelles nous sommes profondément attachés. A mes éminents amis français Robert Aron (t) et le colonel Rémy. Nous tenons à remercier Messieurs J. De Schutter, Jo Gérard, le Musée de l'Armée et le Centre de la 2 Guerre mondiale dont les documents nous ont permis d'illustrer ce volume ainsi que tous les collaborateurs directs et indirects grâce à qui il a pu être réalisé. Photos Belga : pp. 110, 113, 114, 124. © 1977, Paul Legrain éditeur, Bruxelles, Belgique. Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit. et notamment par photocopie ou microfilm est interdite sans autorisation écrite de l'éditeur. Constat « Le connu apparent n'est pas le réel. Et trente ans après les faits, il n'est pas possible d'écrire l'histoire au départ des seules traces écrites retrouvées. « J'ai tenté non sans ambition, mais sans prétention, de retrouver et de faire parler, en marge des documents, quelques dizaines de témoins encore vivants, pour restituer dans son climat d'époque la vie des Belges sous l'occupation. « Oui, je sais que tout chercheur qui découvre de nouvelles données, de nouvelles traces historiques provoque des réticences, des critiques nées de l'ancienne façon de voir qui se défend. J'en ai pris le risque. « Je ne prétends pas à l'objectivité, je ne crois pas à cette qualité des historiens, mais je puis assurer le lecteur de ma sincérité et du rapport exact des propos et des souvenirs des témoins interrogés auxquels j'ai toujours accordé un préjugé de bonne foi. « Le jugement final - hors mes constatations de fait - revient au seul lecteur, en son âme et conscience. « Je ne puis citer tous les témoins qui ont eu la grande amabilité de me parler et souvent de m'ouvrir leurs dossiers, certains l'ayant fait en me priant de ne pas révéler leurs noms. J'ai respecté cette volonté et cédé mes dossiers où figurent ces noms et ces pièces inédites - plusieurs milliers de pages - à une institution spécialisée qui pourra en accorder l'accès dans un délai raisonnable, après extinction des passions. « J'ajoute que j'ai écrit, non pour les professeurs, mais pour le grand public. L'appareil érudit de ce livre est considérable, sources vérifiées, recoupées dans un souci permanent d'exactitude scientifique, mais j'ai suivi, pour ne pas alourdir la lecture, la revendication, et de mon éditeur et de nombreux lecteurs, d'éliminer les références bibliographiques et les notes savantes. « L'histoire est un puzzle sans fin, j'espère avoir, dans cet essai, reconstitué une bonne partie du jeu ». 1 « Quelque chose de pourri dans le Royaume de Belgique ? » Le matin du 10 mai 1940, les citoyens du royaume de Belgique éprouvèrent, à de rares exceptions près, l'impression que le rideau s'ouvrait sur le premier acte d'un drame. Un drame dont personne ne comprenait vraiment l'importance ou la portée, mais dont nul ne doutait qu'il s'agissait de la liberté et de l'indépendance nationales. Aux avant-postes, au canal Albert, la lassitude régnait. « Nous avions été mobilisés trois fois de 1937 à 1940, me dit C., sergent-grenadier, et nous vivions dans une incertitude déprimante. Ces soldats du peuple, ils allaient être 600.000 aux appointements de 30 centimes par jour, étaient bizarrement pacifistes et résolus. Ce qu'on appelait « l'idéologie kaki ». « Le 9 mai, à 21 heures, c'était un jeudi, je descends prévenir mes hommes : — Les permissions sont rétablies. « Après tout ce temps d'alertes successives, de fausses alertes, enfin la paix redevenait probable. « Le 10, à 4 heures du matin, contre-ordre. Je redescends. - Debout les gars. Ça va barder ! « Ce branle-bas imprévu, inattendu, fut d'abord pour nous un soulagement. Enfin, on allait se battre. « Effectivement, on se battit, mais peu. Presque toujours obligés de nous replier. La nuit. Pour à nouveau refaire face le lendemain. « Mon unité a fait 250 kilomètres à pied en 18 jours. Et puis les Allemands nous ont submergés. « Des Allemands auxquels on ne s'attendait pas. Des jeunes gars élancés, aux bras nus, bien musclés, bien nourris, décontractés. « Et l'un de nous s'exclama : — Tu te rappelles la dernière revue de détail par le major Piron. Quand il a vu T. qui n'avait plus de bouton de col, sous la cravate, il a dit : « Mais vous êtes tout nu, mon ami. M' ferez quatre jours ! ». « Nous ne comprenions pas et, face à ces athlètes allemands qu'on disait sous-alimentés, nous étions, nous, les minables, ma vêtus, malgré l'effort surhumain de la nation toute entière, des ploucs à poitrines de poulet ! ». Pour les civils, devenus, dès le premier coup de canon, les Belges de l'arrière, la situation était tragique, mais enfin claire. Il y avait un ennemi, un seul et l'unanimité nationale s'était reconstituée face au danger commun. La discussion qui passionnait tous les Belges depuis septembre 1939, pour ou contre la neutralité, était devenue sans objet. De nos jours, en ces années 70, on croit beaucoup aux sondages. Tel qui veut arrondir ses fins de mois, tel autre qui s'emploie part-time, telle épouse cherchant à meubler ses matinées, acceptent de jouer les « échantillons représentatifs » et de répondre, anonymes et irresponsables, aux questions « ouvertes ou fermées » des instituts d'opinion. Peut-on extrapoler depuis cette base fragile ? « Statistiquement », oui : cet adverbe est tout un programme. Pour ma part, ayant été sondeur et sondé, j'avoue mon scepticisme ne voyant que tendance, là où ceux-ci décèlent un pourcentage, que donnée à pondérer, là où ceux-là tracent des perspectives. Orgueilleusement et modestement, je préfère m'en tenir, pendant que ma mémoire est encore fidèle, à mes souvenirs personnels, à mes notes de l'époque (prises au jour le jour depuis 1936), aux journaux de tous partis de cette période, aux récits écrits ou oraux des témoins de première main. Sincérité sans détours vaut mieux qu'objectivité utopique. Et puisque l'Histoire est choix, chacun pourra corriger, à travers sa propre subjectivité, mes angles de prises de vues. De 1936 à 1939, les Belges manifestaient tous un assez grand mécontentement. Et puisqu'ils refusaient de regarder vers une Allemagne dont le nationalisme résonnait de bruits de bottes sans pour autant trouver de sécurité dans une France divisée par les mouvements sociaux, chômeurs et politiciens marchant régulièrement de la Bastille à la Nation ou de la Nation à la Bastille, les citoyens se querellaient sans fin à propos de leurs Eupen, Malmedy et Moresnet furent rattachés au Reich le 17 mai 1940. A remarquer : le document était prêt depuis quelque temps, seule manquait la date. problèmes nationaux. Je ne pense pas médire en affirmant qu'il y avait alors « quelque chose de pourri dans le royaume de Belgique ». Pour les observateurs étrangers, dont j'étais, des signes extérieurs ne trompaient point. Sur la côte belge, de La Panne à Blankenberghe, les touristes français essuyaient des rebuffades : pneus crevés, fausses indications routières, refus de parler français de certains commerçants. Alors même que, en pays wallon, ils étaient entourés d'une sympathie exubérante, fleurie de bons conseils sur la manière de diriger la France. C'était la façade. En tout état de cause, le ras de marée du Rexisme du 24 mai 1936 (33 mandats parlementaires sur 202) avait échoué. Incité par Mussolini à ne conquérir le pouvoir que par la voie légale, Degrelle s'était refusé, le 25 octobre 1936, à laisser ses partisans réaliser un putsch et, depuis ce jour, le Rexisme n'avait cessé de décroître. N'empêche que ce tribun hors-format n'avait fait que canaliser les ressentiments de l'opinion contre la « politico- finance ».
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