BAT Ordre Des Avocats 2010 05 03
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Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Nîmes EDITORIAL Cet ouvrage constitue l’édition officielle des travaux mis en œuvre durant les Rencontres Internationales de Droit Taurin qui ont eu lieu à Nîmes du 17 au 20 septembre 2009. À l’occasion de cette manifestation, ont été recueillies les réflexions et analyses de nombreux auteurs et praticiens sur le thème : « le Toro et son combat : la part ou l’apport du Droit ? ». Le texte de ces interventions est reproduit ci-après intégralement. Le texte de l’allocution du Bâtonnier Gérard CHRISTOL n’est pas retranscrit par choix de l’intéressé de s’approprier la pensée de René CHAR accordant la préférence de la trace aux preuves. Luc JALABERT, Juan Pedro DOMECQ et Victor MENDES doivent être remerciés pour leurs interventions. Cet ouvrage a pu voir le jour grâce aux efforts constants du Bâtonnier Olivier GOUJON et de Maître Emmanuel DURAND qui méritent également d’être remerciés. Ainsi, se trouve parachevé le premier tercio nîmois de ces Rencontres. Patrick LEONARD Bâtonnier de l'Ordre 1 2 1. L’IMPACT ÉCONOMIQUE DES MARCHES TAURINS LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES DE LA CORRIDA Par Monsieur Jean François AUBY Il m’appartient, dans le cadre de ce colloque, de traiter des retombées économiques de la corrida. Traiter des retombées économiques de la corrida est un exercice qui soulève des problèmes méthodologiques importants. On mesure bien quel est l’enjeu : il est d’identifier l’effet de chaîne que provoque l’organisation des spectacles taurins sur tout un ensemble d’acteurs économiques qui en bénéficient, et ils sont évidemment nombreux. Ceci peut participer, même si ce n’est pas l’argument essentiel, de la défense de la corrida. Outre les acteurs directs des spectacles (toreros, éleveurs, personnels des arènes, impresarios, apoderados), ce sont tout un ensemble de métiers qui bénéficient de leur organisation (hôtels, restaurants, bars, imprimeurs, agences de communication etc…), et on peut même parler des avocats puisque nous sommes ici dans un colloque organisé par des barreaux, car il y a, en France notamment, du conseil et du contentieux taurin. Cette difficulté se renforce par la faiblesse ou l’absence de données ou d’études sur le sujet. Il n’existe pas, en France, d’organisation professionnelle dont l’une des fonctions pourrait être de fournir des études sur le sujet. L’administration, quant à elle, préfère ne pas s’en préoccuper puisque la tauromachie n’est pas véritablement reconnue, ni par le Ministère en charge de la Culture, ni par le Ministère en charge des Sports, seule l’administration fiscale s’y intéressant véritablement pour récupérer de la TVA. On peut cependant essayer de faire quelques extrapolations permettant de mesurer ce qu’est l’impact économique de la tauromachie. En Espagne, où le secteur est naturellement plus administré et mieux connu, le chiffre d’affaires de la tauromachie est estimé à 1500 M€. Ce chiffre ne tient pas compte naturellement de la forte baisse de 2009 qu’évoquent largement les quotidiens espagnols. 3 Le site du Ministère espagnol de l’Intérieur indiquait, pour la temporada 2008, 2218 spectacles majeurs et 1077 spectacles mineurs, et environ 13600 animaux combattus. Le chiffre cité par certains auteurs est beaucoup plus important (on évoque 17.000), mais il inclut des spectacles non référencés comme les encieros. En France, le nombre de spectacles taurins représente un peu moins de 10% du nombre de spectacles taurins donnés en Espagne. Si l’on tient compte du fait que les spectacles dits mineurs sont moins nombreux en France qu’ils ne le sont en Espagne, on peut chiffrer le chiffre d’affaires de la tauromachie en France, en y incluant des tauromachies différentes que sont la course camarguaise et la course landaise, à environ 180 millions d’euros. Reste alors à mesurer l’impact économique indirect de ces manifestations, avec toutes les réserves qu’implique cette méthode. Dans une étude, qui date un peu, du Conseil Régional Languedoc- Roussillon, consacrée justement à la feria de Nîmes, le Conseil Régional avait calculé un chiffre d’affaires induit avec un coefficient multiplicateur de 8. Ce coefficient multiplicateur nous paraît excessif et peut-être est-il spécifique à une feria déterminée, qui ne se limite pas d’ailleurs au spectacle taurin, puisqu’il y a bien d’autres manifestations durant une feria. Il nous paraît raisonnable de prendre un coefficient multiplicateur de 3, ce qui pourrait conduire à chiffrer l’impact économique direct et indirect de la tauromachie en France à 500 millions d’euros. Si l’on considère que la part de la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires moyen est de 40% (chiffre moyen rappelé par la commission COTIS), puisque le produit intérieur brut est la somme des valeurs ajoutées, la contribution de la tauromachie à la richesse nationale serait de 200 millions d’euros. Rapporté à des données macro-économiques, ce chiffre n’est évidemment pas très impressionnant. Si l’on rappelle que le produit intérieur brut de la France est d’environ 1800 milliards d’euros, cela ne représente guère que 0,01%, ou si l’on préfère 1/10.000 eme dudit produit intérieur brut. La même méthode de calcul utilisée en Espagne, compte-tenu des différences d’activités et de produit intérieur brut, aboutit à un montant de 0,18% du produit intérieur brut, soit quelque chose de nettement plus significatif. 4 Ceci est cohérent avec les études menées en Espagne. Certaines ont estimé à 200.000 le nombre de postes de travail liés à la tauromachie. Cela représente 1% de la population active. Mais ce chiffre, sans doute exagéré, inclut, pour l’essentiel, des emplois à temps partiel. Si l’on prolonge le raisonnement en termes d’emplois, l’activité tauromachique représenterait de l’ordre de 4 à 5000 emplois en équivalent temps plein, sachant qu’il s’agit d’une activité à forte intensité de main d’œuvre. Mais la comparaison par rapport au produit intérieur brut national n’a guère de sens si l’on veut bien se souvenir que la tauromachie en France n’existe en fait que dans deux régions (la Région Languedoc- Roussillon et ses confins tels Arles, et la région sud de l’Aquitaine avec ses confins gersois). Or, le produit intérieur brut cumulé de ces deux régions n’est guère que de 145 milliards d’euros. On peut donc estimer que l’activité taurine pèse 0,14% du PIB de ces deux régions, et que, de ce fait, globalement, le poids de la tauromachie en Aquitaine et en Languedoc-Roussillon est assez comparable en valeur relative à ce qu’il est en Espagne. Il s’agit donc bien d’une activité économique significative. Si l’on prend le phénomène feria (Nîmes, Arles, Béziers, Dax, Mont- de-Marsan, Bayonne), il est évident que l’impact local est encore plus fort. Même si la corrida n’est pas toute la feria, il n’y a pas de feria sans corrida. C’est bien évidemment le cas à Nîmes. Si l’on reprend les chiffres du CESR de 1996, en les actualisant, le chiffre d’affaires de la feria de Pentecôte serait de 80 M€. Avec la feria des Vendanges, on arriverait à 100 M€, soit une valeur ajoutée de 40 M€. Or, le PIB nîmois peut être estimé à 3500 M€, soit 7% du PIB de la Région. L’activité tauromachique représenterait donc plus de 1% du PIB de la Ville. Cela correspondrait à l’équivalent de 1000 emplois à temps plein. Mais on peut estimer que 5000 à 10000 nîmois ont leurs activités directement ou indirectement, et à des degrés variés, liés à la feria. Il s’agit naturellement d’estimations discutables, mais qui donnent un ordre de grandeur. En lisant la presse espagnole qui s’alarmait de la forte baisse du nombre de spectacles, chiffrée à environ 25% sur deux ans, la France étant apparemment beaucoup moins touchée, on mesure ce que cela représente en termes d’activités, et donc en termes d’emplois. 5 Il y a quelques jours, le Prix Nobel d’Economie, Monsieur Joseph Stiglitz, remettait au Président de la République un rapport sur la mesure de la richesse nationale. Il proposait de mesurer le bonheur et l’art de vivre. Je suis persuadé que si l’on parvient à trouver les instruments adéquats, la contribution de la tauromachie dans nos contrées pèsera plus lourd que le seul PIB. 6 LAS REPERCUSIONES ECONÓMICAS DE LA CORRIDA Par Monsieur Jean François AUBY En este coloquio, me toca tratar de las repercusiones económicas de la corrida. Tratar de las repercusiones económicas de la corrida es un ejercicio que plantea problemas metodológicos importantes. Se mide perfectamente lo que está en juego: Se trata de identificar el efecto de cadena que provoca la organización de espectáculos taurinos sobre un conjunto de actores económicos que benefician de ello, y evidentemente son numerosos. Esto puede participar, incluso si no es el argumento esencial a la defensa de la corrida. Además de los actores directos de los espectáculos (toreros, ganaderos, personal de la plaza, empresa, apoderado), son un conjunto de profesiones que benefician de su organización (hoteles, restaurantes, bares, impresores, agencias de comunicación etc…), y se puede incluso hablar de los abogados ya que estamos aquí en un coloquio organizado por la profesión, puesto que existe en Francia, consejo y contencioso taurino. Esta dificultad se incrementa por la flojedad o ausencia de datos o estudios sobre el asunto. En Francia, no existen organizaciones profesionales cuyas funciones podrían ser las de aportar estudios sobre este asunto. En cuanto a la administración, prefiere no preocuparse de ello porque la tauromaquia no está verdaderamente reconocida, ni por el ministerio encargado de la cultura, ni por el ministerio encargado del deporte, sólo la administración fiscal se interesa verdaderamente para recuperar la IVA.