24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Conseil supérieur de l’audiovisuel

Avis no 2018-10 du 12 décembre 2018 relatif au rapport d’exécution pour l’année 2017 du contrat d’objectifs et de moyens conclu entre l’Etat et NOR : CSAC1902132V

Conformément à l’article 53 de la loi no 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (ci-après : « le Conseil ») est appelé à rendre un avis sur le rapport annuel d’exécution du contrat d’objectifs et de moyens (ci-après : « COM ») qui a été conclu entre l’Etat et la société nationale de programme Radio France pour la période 2015-2019. Le présent avis du Conseil porte sur l’année 2017, troisième année d’exécution du COM. Le COM 2015-2019 assigne à la société nationale de programme Radio France trois grands axes stratégiques : – développer une stratégie éditoriale visant à renforcer la complémentarité entre les différentes stations afin de proposer une offre de référence à un large public dans un environnement multimédia ; – conforter son rôle d’acteur majeur de la création musicale et culturelle française en s’adressant à tous les publics ; – moderniser la gestion de l’entreprise en renforçant notamment le dialogue social et mettre en œuvre les conditions de retour à l’équilibre. Ces orientations sont déclinées en 13 objectifs généraux dont le suivi repose notamment sur 11 indicateurs quantifiés. I. – Radio France, radio de référence à l’ère numérique : Objectif 1 : Toucher le plus large public par une gamme de radios complémentaires : – Une offre bien identifiée et perçue favorablement. Radio France a conforté en 2017 le positionnement désormais bien établi de chacune de ses antennes. La diversité et la complémentarité des offres du groupe sont très nettement perçues par le public, comme le montrent les résultats de l’enquête sur la perception de l’image de Radio France menée par IPSOS en décembre 2017.

Indicateur 1 Perception de l’image de Radio France en 2017 « Etude quantitative réalisée auprès d’un panel représentatif des auditeurs, sur la base d’un questionnaire comprenant des items de satisfaction, d’appréciation, de différenciation » (% en 2016)

Tout à fait Plutôt Pas du tout Radio France… d’accord Plutôt d’accord Ne sait pas pas d’accord d’accord

Est composé de stations qui ont chacune leur 32 % 51 % 9 % 5 % 2 % propre personnalité (29 %) (57 %) (8 %) (5 %) (1 %)

28 % 53 % 9 % 9 % 2 % Aborde les grandes questions de notre temps (25 %) (56 %) (8 %) (8 %) (3 %)

28 % 52 % 9 % 9 % 3 % Remplit sa mission de partage des savoirs (25 %) (54 %) (9 %) (9 %) (4 %)

29 % 50 % 9 % 10 % 3 % Est sérieux et rigoureux (25 %) (54 %) (8 %) (9 %) (4 %)

25 % 52 % 11 % 9 % 3 % Aide à comprendre le monde (23 %) (54 %) (9 %) (10 %) (4 %)

25 % 49 % 10 % 10 % 6 % Vous inspire confiance (23 %) (52 %) (7 %) (11 %) (7 %)

33 % 39 % 12 % 12 % 5 % Se distingue des stations de radio privées (27 %) (43 %) (10 %) (14 %) (5 %)

Offre des programmes suffisamment variés pour 20 % 50 % 10 % 14 % 6 % que s’y expriment les opinions (19 %) (51 %) (10 %) (13 %) (7 %) 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Tout à fait Plutôt Pas du tout Radio France… d’accord Plutôt d’accord Ne sait pas pas d’accord d’accord

Représente bien ce que l’on peut attendre du 23 % 47 % 10 % 13 % 7 % service public (22 %) (52 %) (9 %) (10 %) (8 %)

21 % 47 % 7 % 19 % 6 % S’adresse à tout le monde (22 %) (48 %) (7 %) (17 %) (6 %)

Propose la grande majorité des genres musicaux 19 % 47 % 13 % 17 % 4 % et culturels (16 %) (53 %) (12 %) (15 %) (5 %)

17 % 48 % 13 % 15 % 7 % Respecte le pluralisme de l’information (15 %) (51 %) (11 %) (14 %) (9 %)

Est attentif à une juste représentation des femmes 15 % 48 % 28 % 8 % 2 % sur ses stations (14 %) (48 %) (27 %) (8 %) (3 %)

14 % 47 % 16 % 18 % 5 % Place le public au cœur de ses préoccupations (13 %) (50 %) (16 %) (16 %) (6 %)

14 % 47 % 14 % 19 % 6 % Représente bien la diversité de la société (13 %) (48 %) (12 %) (20 %) (7 %)

13 % 45 % 11 % 24 % 7 % Est innovant/créatif (13 %) (48 %) (13 %) (20 %) (7 %)

11 % 42 % 15 % 23 % 10 % Est impartial dans la présentation de l’information (11 %) (45 %) (13 %) (20 %) (12 %)

Est indépendant vis-à-vis des pouvoirs économi­ 12 % 36 % 20 % 22 % 11 % ques (14 %) (39 %) (19 %) (18 %) (10 %)

12 % 33 % 18 % 22 % 15 % Est indépendant vis-à-vis des pouvoirs politiques (10 %) (37 %) (17 %) (21 %) (16 %) Enquête IPSOS, décembre 2017, sur la base d’un échantillon représentatif des auditeurs radio. Enquête IPSOS, décembre 2016, sur la base d’un échantillon représentatif des auditeurs radio. Radio France, rapport sur l’exécution du COM. Globalement stables par rapport à 2016, les résultats de l’enquête menée en 2017 montrent que le groupe bénéficie d’une image positive qui repose largement sur la différenciation liée à ses missions de service public. Les résultats de cette enquête montrent également que les taux d’adhésion les plus faibles parmi l’ensemble des affirmations mesurées concernent l’indépendance du groupe vis-à-vis des pouvoirs économiques et politiques. Ces taux sont en outre en diminution par rapport à 2016 : 53 % des auditeurs interrogés étaient tout à fait d’accord ou plutôt d’accord s’agissant de l’indépendance à l’égard des pouvoirs économiques, 47 % s’agissant de l’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques. – Des audiences en hausse sur la majorité des antennes. La progression des audiences du groupe et de la majorité de ses antennes, en particulier sur leur public cible, témoigne également de la capacité du groupe à s’adresser à divers publics.

Indicateur 2 Audience cumulée sur un jour moyen

2014 2015 2016 2017 2017 2018 2019 Réalisé Réalisé Réalisé Objectif Réalisé

France Inter 9,7 10,2 10,9 10,3 11,3 10,3 10,4

France Bleu 7,5 7,3 6,9 7,6 6,8 7,7 7,8

Franceinfo : 7,8 7,8 8,1 8,3 8,6 8,4 8,5

FIP 1,0 1,0 1,0 ≥ 1,0 1,0 ≥ 1,0

Mouv’ 0,4 0,3 0,5 1,0 0,7 1,1 1,2

France Culture 2,1 2,1 2,1 ≥ 2,1 2,3 ≥ 2,1

France Musique 1,4 1,5 1,6 ≥ 1,6 1,6 ≥ 1,6

Total Radio France 25 25,3 25,9 25,5 26,9 25,5 26

Média radio 81,8 81,1 80,0 ≥ 80,0 79,5 ≥ 80,0 Source : Médiamétrie. Individus de 13 ans et plus. 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Par rapport à 2016, l’audience cumulée du groupe sur un jour moyen a progressé d’un point pour atteindre 26,9 %, un chiffre nettement supérieur à celui prévu par l’indicateur 2 du COM, dans un contexte pourtant marqué par la lente érosion de l’audience globale du média radio. Il est à noter que a réalisé une performance très nettement supérieure (+ 1 point) à celle prévue par le COM. Pour la première fois, franceinfo : a enregistré une audience cumulée supérieure à l’objectif inscrit dans le COM, grâce à une progression de 0,5 point sur un an. Deux stations restent en retrait par rapport à l’objectif fixé : a vu son audience continuer à diminuer et s’éloigner ainsi de la trajectoire prévue par l’indicateur, tandis que les audiences de Mouv’, bien qu’en croissance continue, n’ont pas encore atteint leur valeur cible.

Indicateur 3 Audience cumulée par tranche d’âge L’évolution annuelle sur la cible doit être supérieure ou égale à l’évolution de l’audience cumulée de la station sur l’ensemble des cibles (mesurée par l’indicateur 2)

Audience cumulée Evolution 2016-2017

Station Cible observée 2014 2015 2016 2017 2017 2017 Réalisé Réalisé Réalisé Réalisé Objectif Réalisé

France Inter 35-49 ans 8,3 8,9 9,2 10,9 ≥ + 0,4 + 1,7

France Bleu 35-64 ans 8,7 8,3 7,8 7,4 ≥ – 0,1 – 0,4

Franceinfo : 25-49 ans 7,8 8,0 7,7 8,3 ≥ + 0,5 + 0,6

FIP 25-49 ans 1,1 1,2 1,2 1,2 ≥ + 0,0 + 0,0

Mouv’ 13-24 ans 0,5 0,6 0,9 1,7 ≥ + 0,2 + 0,8

France Culture 50-64 ans 3,1 2,8 2,3 2,6 ≥ + 0,2 + 0,3

France Musique 50-64 ans 1,8 1,7 1,5 1,6 ≥ + 0,0 + 0,1 Source : Médiamétrie Toutes les stations à l’exception, une nouvelle fois, de France Bleu présentent une trajectoire d’audience annuelle conforme aux dispositions du COM sur leur cible stratégique définie par l’indicateur 3 visant à évaluer notamment le rajeunissement des publics. France Inter et Mouv’affichent une hausse particulièrement notable sur leur public cible. Malgré une légère hausse sur un an, France Culture et France Musique ont vu leur audience diminuer entre 2014 et 2017 sur la cible des 50-64 ans. – Une couverture territoriale en légère progression. En 2017, seule France Bleu a bénéficié d’une extension de sa couverture. La mise en service de cinq nouveaux émetteurs FM dans la région Occitanie, désignée comme prioritaire dans le COM, a permis à 275 000 nouveaux habitants de recevoir les programmes de France Bleu Béarn et de France Bleu Toulouse, devenue France Bleu Occitanie en décembre 2017. Diffusées à partir de 456 émetteurs, les stations du réseau France Bleu touchent, d’après Radio France, 86,3 % de la population et conservent donc un taux de couverture inférieur à ceux de France Inter (627 émetteurs), France Culture et France Musique (respectivement 506 et 504 émetteurs). Le projet d’ouverture d’une station locale supplémentaire à Lyon n’a, quant à lui, toujours pas abouti en 2017. Objectif 2 : Intégrer les nouveaux usages de la radio : – Des offres numériques complètes mais dispersées. La mise en œuvre de la « stratégie de diffusion multicanale » de Radio France a été poursuivie en 2017. Radio France assure de manière efficaceet exhaustive la mise à disposition de l’ensemble des programmes des stations en « streaming » et en podcasts sur les sites et applications du groupe et se positionne donc, en accord avec l’objectif du COM, comme une « hyper-radio » dont les contenus sont accessibles à la demande sur une grande variété de supports. Le Conseil relève que les environnements numériques du groupe répondent aux « fondamentaux de la radio broadcastée » inscrits dans le COM, à savoir la gratuité, l’anonymat et l’instantanéité, et ne comportent que très peu de publicité. Le lancement en septembre 2017 du portail « Un monde de Radio France » visait à faciliter l’accès aux programmes du groupe en proposant une porte d’entrée unique vers l’offre numérique des différentes antennes. Néanmoins, l’ambition de proposer une « radio sur-mesure » affichée lors du lancement de cette offre n’a été, à ce jour, que très partiellement mise en œuvre. L’objectif de personnalisation du flux d’écoute apparaissant comme particulièrement pertinent pour s’adapter aux nouveaux usages, Radio France doit poursuivre son action visant à enrichir les modalités d’accès aux contenus en ligne. – Des audiences numériques en forte croissance. Les performances réalisées par les programmes de Radio France distribués sur le numérique affichent des niveaux très supérieurs par rapport aux objectifs définis à l’indicateur 4 et témoignent de la bonne adaptation de 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137 l’offre de Radio France au développement de l’écoute de la radio sur le numérique. La mise en place d’un point d’entrée unique semble être en mesure de faciliter davantage encore le développement de l’audience numérique du groupe.

Indicateur 4 Audiences numériques (moyennes mensuelles, millions)

2014 2015 2016 2017 2017 Réalisé Réalisé Réalisé Objectif Réalisé 2018 2019

Visites mensuelles tous supports1 (depuis septembre 2016 : hors fran­ 20,9 20,7 26 36,7 ceinfo :)

Visites mensuelles franceinfo : (depuis -- -- 57,4 93,4 septembre 2016)

Total visites mensuelles 20,9 20,7 83,4 24,2 130,1 25,4 26,7

Ecoutes mensuelles à la demande tous supports2 18,8 32,3 58,6 21,8 92,5 22,9 24 (depuis septembre 2016 : hors fran­ ceinfo :)

Podcasts téléchargés hors de France 4,5 6,4 9 -- 13 -- -- Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. 1 Visites sur le portail Radio France et les sites et applications France Inter, France Culture, France Bleu, France Culture, Mouv’, FIP et France Info (jusqu’en septembre 2016). 2 Podcasts, audio et vidéo à la demande (hors vidéos franceinfo :). Même sans tenir compte des audiences de la plateforme franceinfo : – qui regroupe, en plus des contenus provenant de la station de Radio France, les contributions de France Télévisions et des autres sociétés acteurs de l’audiovisuel public – les offres numériques des stations réalisent de très bonnes performances grâce à une dynamique de croissance très soutenue. Au vu du décalage entre les objectifs du COM et les résultats d’audience numérique de Radio France, l’indicateur 4 aurait pu, comme le prévoit le COM, être révisé et complété afinde réévaluer à la hausse les objectifs à atteindre et de distinguer les différents modes d’accès aux programmes (« streaming », podcasts, applications, vidéos…) grâce à de nouveaux outils de suivi. – Le développement d’une offre purement numérique. Au-delà de la mise à disposition des programmes issus des antennes linéaires, le « développement de la présence numérique » prévu par le COM repose également sur la mise en place d’offres exclusivement accessibles en ligne. L’année 2017 a été marquée par l’élargissement de la gamme de webradios proposées par les stations musicales depuis 2015 : le lancement de deux nouvelles webradios par FIP et d’une supplémentaire par France Musique permet désormais aux deux stations de proposer chacune un catalogue de sept services musicaux thématiques en continu. Le premier podcast « natif », c’est-à-dire proposant des contenus qui ne font pas l’objet d’une diffusion sur les antennes, a également été lancé en 2017 par France Culture, avant que les contenus de ce type ne se multiplient en 2018 dans différents genres. Cependant, l’engagement contenu dans le COM concernant la valorisation des archives sonores de Radio France dans l’offre numérique de France Culture n’a pas encore trouvé de réalisation. – Des actions en faveur de l’innovation qui se poursuivent. Comme prévu par le COM, Radio France mène des expérimentations pour favoriser l’innovation dans deux champs en particulier : l’expérience utilisateur de l’écoute du son et les nouveaux modes de distribution du son. La stratégie d’innovation du groupe a porté en 2017 sur le développement de flux radiophoniques destinés aux enceintes connectées et sur la sonorisation en 3D, qui a notamment permis la tenue de concerts et de séances de « cinéma sonore » à la . Objectif 3 : Adapter les modes de production à l’ère du média global. La signature en juillet 2017 du premier accord sur la transition multimédia entre la direction de Radio France et quatre organisations syndicales a constitué une étape majeure dans l’évolution des modes de production prévue dans le cadre du COM. Signé pour une durée de quatre ans (2017-2020), l’accord détermine les modalités de la contribution de l’ensemble des métiers à la production de l’offre numérique du groupe (mise en ligne des émissions de radio, d’informations et de la radio filmée). Il encadre ainsi les conditions de travail et de formation des collaborateurs du groupe. Le Conseil souligne toutefois que la réforme des outils et des modes de production radiophonique qui a été entamée reste inaboutie et doit être menée à terme. 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Objectif 4 : Garantir une information de référence. L’année 2017 a été marquée par une actualité nationale et internationale dense qui nécessitait un traitement de l’information exigeant et diversifié, comme le recommande le COM 2015-2019 de Radio France. Le groupe public a ainsi répondu à cette exigence à travers plusieurs actions : – la vérification des faits. Créée en 2016, l’« agence franceinfo : » a poursuivi sa mission afin d’offrir une information complète et fiable ; – la présence de l’investigation sur les antennes. Genre emblématique du secteur public, l’investigation a été pleinement traitée sur les antennes du groupe en 2017 grâce à l’équipe de la Cellule investigation de Radio France, constituée de 5 enquêteurs et dirigée par Jacques Monin ; – la mise en place d’un dispositif d’envergure lors des élections. Radio France a, d’une part, globalement veillé au respect du pluralisme lors des élections présidentielle et législatives et, d’autre part, proposé une offre riche au cours de cette période électorale. A titre d’exemple, lors du dispositif « Politique-Partie », du 22 au 25 mars 2017, le groupe public a diffusé de nombreuses émissions spéciales en présence des candidats et a mis à l’antenne des débats et des pastilles humoristiques ; – le traitement approfondi de l’information internationale. Grâce aux neuf envoyés spéciaux permanents dans le monde ainsi qu’à un certain nombre d’émissions consacrées à ces questions, Radio France s’est particulièrement intéressée aux questions internationales et européennes. Il est à relever que le projet de création d’une nouvelle Direction de l’information internationale a été lancé en 2017 par le groupe public. Le Conseil encourage ainsi Radio France à poursuivre son investissement dans le traitement des problématiques internationales, a fortiori en 2019, année des élections européennes ; – le développement de l’offre publique d’information franceinfo : , premier média global d’information (cf. partie 1 objectif 2.2 des audiences numériques en forte croissance et partie 3. objectif 12 renforcer les coopérations avec les organismes de l’audiovisuel public) ; – le développement de l’offre de proximité (cf. partie 1, objectif 1.3 une couverture territoriale en légère progression). Il est à noter que toutes les antennes de France Bleu peuvent proposer un programme local au lieu d’assurer la diffusion des programmes nationaux et n’offrent ainsi pas le même volume de décrochages locaux. Le Conseil se montrera particulièrement attentif à la volumétrie qui sera réservée aux émissions régionales sur France Bleu à l’avenir. Le rapport sur l’exécution du cahier des missions et des charges de Radio France – année 2017 publié par le Conseil présente un bilan détaillé de l’offre d’information de Radio France. II. – Radio France, acteur de la musique et de la culture. La réorganisation de la Direction de la musique et de la création culturelle (DMCC) avait notamment permis la création d’un secrétariat général, la refonte complète de l’identité graphique des quatre formations de l’auditorium ou encore la réorganisation en deux pôles coordonnés afin de spécialiser les équipes. Lors de l’année 2017, la DMCC a poursuivi ce travail de restructuration afind’accompagner Radio France dans son ambition d’affirmerson rôle d’acteur de la musique et de la culture. Objectif 5 : Rendre la musique classique accessible à tous : – Une production musicale répondant aux missions de service public. Une des spécificités du secteur public de l’audiovisuel repose sur sa mission de rendre accessible au plus grand nombre une production musicale de qualité, diversifiée et disponible sur tous supports. L’année 2017 a permis à Radio France de répondre à cet objectif : – en proposant de nouveaux horaires de représentation : Radio France a mis en place des concerts de musique de chambre réguliers programmés par les formations à des horaires inhabituels afin d’élargir les possibilités du public de venir assister aux concerts ; – en se rapprochant des territoires : la signature, le 29 septembre 2017, d’un accord de partenariat entre la SNCF et Radio France permet aux formations de réduire le coût de leurs déplacements et ainsi de développer leur présence en régions ; – en s’ouvrant à des genres musicaux moins « traditionnels » que ceux habituellement proposés par la Maison de la Radio. En effet, la musique de chambre, les concerts symphoniques ou encore le jazz ont côtoyé des projets tels que le « Hip Hop Symphonique » en collaboration avec Mouv’ou des concerts fictions imaginés par France Culture ; – en répondant aux besoins de l’industrie cinématographique. La qualité des formations musicales et l’expertise en matière de son du groupe public ont permis l’enregistrement, au studio 104, par l’ONF, de la bande originale du film Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson. Il est à noter que Radio France a également répondu à sa mission de service public en poursuivant ses travaux avec les musiciens amateurs et en étendant ses actions conçues pour le jeune public (cf. partie 2. Objectif 8 connaître les publics et accompagner les jeunes publics) – Une programmation musicale diversifiée. La qualité de l’offre musicale de Radio France repose également sur sa diversité. Les antennes du groupe ont organisé de nombreux concerts pop-rock ou de jazz sans pour autant réduire les rendez-vous de musique de 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137 chambre, de musique symphonique, d’opéra ou encore les récitals. La quasi-totalité des genres musicaux a ainsi été représentée à l’auditorium et au studio 104 en 2017. Les résultats de l’indicateur 5 du COM 2015-2019 relatif à la diversité de l’offre de ces prestations musicales sont en forte progression depuis 2014. En effet, 215 compositeurs différents ont été joués en 2017 (+29 en un an) soit une augmentation de 141 % en trois ans. En outre, malgré une légère baisse depuis l’année dernière, 346 œuvres différentes ont été interprétées soit une augmentation de 53 % depuis 2014. Le groupe indique avoir accordé une place importante à la musique française et aux artistes français dans le cadre des prestations musicales.

Indicateur 5 Diversité de l’offre de concerts des formations musicales

2014 2015 2016 2017 Réalisé Réalisé Réalisé Réalisé

Nombre de compositeurs joués 89 114 186 215

Nombre d’œuvres jouées 226 305 387 346 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. – francemusique.fr, une offre répondant aux nouveaux usages de la musique classique. Le nouveau site francemusique.fr avait été mis en ligne à la fin de l’année 2016. En décembre 2017, Radio France a mis à la disposition du public un catalogue de concerts et d’œuvres musicales, en accès gratuit, en direct ou à la demande. Un « espace concerts » vient compléter l’offre des sept web radios de France Musique en proposant plus de 1 500 œuvres musicales issues des captations des concerts depuis l’auditorium de Radio France, de festivals ou encore des émissions de France Musique. La signature en décembre 2017 d’un accord avec Arte doit permettre la mise à disposition de nombreuses captations vidéo des concerts des orchestres de Radio France, d’autant que l’auditorium de la Maison de la Radio a été équipé en caméras au début de l’année 2018. Objectif 6 : Faire rayonner la création et la diversité culturelle : – Radio France, soutien majeur de la création. En 2017, Radio France a poursuivi sa politique active de commandes dans les domaines littéraire et musical. Ce soutien à la création fait l’objet d’un indicateur dans le COM 2015-2019 du groupe. Au regard des objectifs fixés, le Conseil constate que l’indicateur a été en grande partie respecté : – en ce qui concerne les commandes de textes littéraires, France Inter a acquis 70 textes de fiction, la direction de la musique et de la création musicale en a commandé 1 et France Culture s’en est procuré 26. Il est à noter que parmi ces derniers, 25 sont des adaptations d’œuvres littéraires. Le total de ces commandes s’élève ainsi à 97 pour un objectif fixé à 94 ; – en ce qui concerne l’acquisition de droits d’œuvres dramatiques, le Conseil constate que l’indicateur n’a pas été respecté en 2017. En effet, l’objectif a été fixé à 53 œuvres minimum et le réalisé 2017 s’élève à 45 (42 pour France Culture et 3 pour France Inter) ; – enfin, s’agissant des commandes d’œuvres musicales, l’objectif a été largement atteint car le groupe a acquis 82 de ces œuvres pour un minimum fixé à 53.

Indicateur 6 Soutien de Radio France à la création

2014 2015 2016 2017 2017 Réalisé Réalisé Réalisé Objectif Réalisé 2018 2019

Commandes de textes littéraires 91 89 93 > 94 97 > 94

Acquisition de droits d’œuvres dramati­ 51 28 62 > 53 45 > 53 ques

Commandes d’œuvres musicales 52 58 85 > 53 82 > 53

Total des commandes et acquisitions 194 175 240 > 200 224 > 200 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. Acteurs majeurs dans le soutien à la création, France Culture et France Inter produisent et diffusent de nombreuses fictions avec une part non négligeable accordée à la fiction inédite. Il est à noter que les musiques originales acquises par France Culture ont été intégrées à la réalisation de ces fictions. Le Conseil salue la qualité de ces fictions qui, selon Radio France, ont fait l’objet de plus de 900 000 téléchargements en 2017. Autre spécificité du service public, le documentaire est très présent sur les antennes de Radio France. Durant l’été 2017, France Culture a notamment proposé des séries documentaires telles que Les grandes traversées. Il 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137 s’agit de dix heures de programmes documentaires consacrés aux personnalités emblématiques du patrimoine culturel ou aux figures historiques. – La poursuite de la promotion des jeunes talents. Radio France a poursuivi la promotion de jeunes talents en 2017. Bien qu’il s’agisse d’une obligation non quantifiée pour la plupart des antennes du groupe public, le Conseil relève un certain nombre d’émissions mettant en avant les artistes en devenir à l’instar de Foule Sentimentale sur France Inter ou de Nouvelle Scène sur France Bleu. Mouv’étant la radio de découverte et de développement de la jeune scène française urbaine, la radio s’est vue imposer un objectif quantifié dans le COM 2015-2019. La part des nouveaux talents francophones sur Mouv’doit ainsi être supérieure à 25 % d’ici 2019. Pour l’année 2017, ce taux s’élève à 36,2 % (+ 2 points en un an). Pour répondre à cette obligation, la radio diffuse notamment Top Mouv’Booster, une émission quotidienne consacrée aux nouveaux talents et aux nouvelles productions francophones. – Une politique active de promotion de la diversité musicale. A l’exception de deux d’entre eux, l’ensemble des objectifs de l’indicateur 7 du COM, relatif à l’évolution de la diversité de la programmation musicale de Radio France de 2015 à 2017, a été atteint. La part des nouveautés a significativement augmenté sur l’antenne de France Inter, atteignant ainsi 54,5 % de la programmation totale. Malgré cette programmation riche, le nombre de titres francophones différents sur l’antenne est en recul pour la deuxième année consécutive, de 2 853 à 2 740, se situant ainsi en dessous de l’objectif fixé par le COM. Enfin, bien que Radio France déclare qu’en moyenne cinquante disques par jour sont programmés sur France Inter (en semaine), le nombre de titres différents diffusés a diminué (9 340 titres) se situant pour la deuxième année consécutive en dessous de l’objectif. S’agissant de France Bleu, la radio veille à mettre en avant, par la musique notamment, les langues de France et la variété. Elle consacre ainsi plus de 50 % de son temps de diffusion à la musique. S’agissant des titres francophones diffusés sur France Bleu, le taux demeure élevé en 2017 et atteint 60,8 %. FIP, quant à elle, a poursuivi une politique de promotion de la diversité musicale en diffusant en moyenne 2 181 titres différents par semaine. FIP, caractérisée par son éclectisme musical, a continué de proposer une sélection originale alliant les styles et les époques. Enfin, Mouv’, radio à dominante musicale hip-hop et RnB, progresse significativement sur les deux critères : chansons d’expression française (40,2 % soit + 3,6 points) et exposition de nouveaux talents (36,2 % soit + 2 points) dépassant ainsi les objectifs fixéspar le COM en matière de diffusion de chansons d’expression française (> 35 %) et de nouveaux talents (> 25 %).

Indicateur 7 Diversité de la programmation musicale de Radio France

2014 2015 2016 2017 2017 2018 2019 Réalisé Réalisé Réalisé Objectif Réalisé

Part des nouveautés dans les 51,9 % 43,2 % 49 % > 50 % 54,5 % > 50 % titres

France Nombre de titres différents par an 14 077 10 351 9 793 > 10 000 9 340 > 10 000 Inter

Nombre de titres francophones 3 981 3 093 2 853 > 3 000 2 740 > 3 000 différents par an

France Bleu Part des titres francophones 63,3 % 62,7 % 60,9 % > 60 % 60,8 % > 60 %

Part des titres francophones 27,8 % 31,4 % 36,6 % > 35 % 40,2 % > 35 % Mouv’ Part des nouveaux talents franco­ 25,9 % 28,6 % 34,2 % > 25 % 36,2 % > 25 % phones

Nombre de titres différents par FIP semaine 2 083 2 028 2 073 > 2 000 2 181 > 2 000 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. – Un groupe public au service des industries culturelles. Radio France a mis en œuvre un certain nombre d’initiatives afinde poursuivre sa mission de démocratisation de la culture. France Inter et France Culture ont ainsi poursuivi la diffusion d’émissions consacrées à l’actualité culturelle à l’instar respectivement de Boomerang ou de A livre ouvert. FIP, quant à elle, a continué de soutenir la production musicale à travers des émissions telles que Les sélections FIP. Les chaînes ont par ailleurs attribué des prix culturels notamment dans le domaine du cinéma (prix commun décerné par France Musique et la Sacem ou encore le prix « France Culture Cinéma des étudiants ») et dans le domaine littéraire (le prix du « Livre Inter »). 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

En 2017, Radio France a également développé de nombreux partenariats avec les institutions, les festivals de musique, lors de rendez-vous culturels et littéraires ou lors de carrefours d’audience (comme la Foire de Paris ou la Fête de l’Humanité). Le groupe public a enfin prolongé l’offre de ses antennes et de ses formations musicales notamment en matière d’éditions écrites (livre-CD « Trois minutes à méditer » ou encore du livre illustré « On va déguster la France »), d’œuvres musicales (première compilation de France Musique « Au panthéon de Lodéon ») ou encore de ventes aux enchères (vinyles). Objectif 7 : La Maison de la radio, nouveau lieu et nouveau lien avec le public : En 2017, plus de 283 000 personnes sont venues à la Maison de la Radio pour assister à un concert, une émission en public, un événement exceptionnel ou une activité pédagogique. Plus de trois ans après l’ouverture de l’auditorium, Radio France déclare un taux de remplissage proche de 90 % lors des premiers concerts symphoniques de la saison 2017-2018. En outre, le nombre de concerts a augmenté de près de 50 % entre 2015 et 2017 tout en conservant une offre de qualité. La diminution de 17 % du nombre d’émissions proposées en public ne s’est pas faite au détriment de leur fréquentation globale. En revanche, le nombre d’événements exceptionnels ainsi que leur fréquentation ont tous les deux baissé en deux ans. Le Conseil regrette par ailleurs que le nombre d’événements destinés aux jeunes publics et aux familles ait également connu une baisse passant ainsi de 165 à 136 en un an (– 18 %). Il relève cependant la sensible hausse des événements à destination des scolaires (+ 4 %) sur la même période. L’année 2017 a enfin été marquée par l’ouverture d’un restaurant et d’un bar restaurant dans la Maison de la Radio afin de répondre à une attente des publics qui fréquentent les activités radiophoniques et les concerts.

Indicateur 8 Nombre d’événements produits à la Maison de la radio et fréquentation

Nombre d’événements 2015 2016 2017 Fréquentation Réalisé Réalisé Réalisé

587 516 483 Emissions en public 59 356 65 964 67 510

20 12 8 Evénements 25 411 41 428 33 001

153 181 227 Concerts 96 622 133 933 164 150

367 586 600 Activités pédagogiques 8 965 18 456 18 742

1 127 1 295 1 318 Total événements 192 354 259 781 283 403

156 165 136 Dont jeunes publics 14 241 24 764 19 061

187 347 361 Dont scolaires 16 129 19 433 22 029 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. Objectif 8 : Connaître les publics et accompagner les jeunes publics : – Une connaissance des publics qui s’enrichit. Afin d’enrichir sa relation avec ses « auditeurs/internautes/visiteurs », Radio France déclare avoir poursuivi en 2017 les travaux menés par le département du marketing relationnel à partir des données collectées sur les visiteurs des offres numériques et les spectateurs des concerts, tout en se montrant attentif au respect de la protection des données personnelles. L’exploitation des bases de données ainsi constituées permet au groupe d’affiner la connaissance qu’il a de ses publics, mais n’a pas encore abouti à la mise en place d’outils de recommandation destinés à cibler des publics et à personnaliser le parcours des internautes dans l’offre du groupe comme l’envisage le COM. – Des actions à destination de la jeunesse en développement. Conformément aux engagements du COM, l’action de Radio France dans les domaines de l’éducation artistique et culturelle et de l’éducation à l’information a été renforcée. Le rapport sur l’exécution du cahier des missions et des charges de Radio France – année 2017 publié par le Conseil présente un bilan détaillé de l’offre de Radio France à destination du jeune public et des initiatives menées par le groupe en matière d’éducation aux médias. Les programmes à destination des plus jeunes diffusés à l’antenne du groupe sont peu nombreux mais répondent pleinement à la mission d’éducation, de transmission culturelle et d’information assignée au groupe. En outre, France Inter a lancé en septembre 2018 la série de podcasts originaux Oli pour renforcer ses liens avec les enfants. 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

En plus de son offre de concerts pour le jeune public, Radio France propose des ateliers pédagogiques et développe de nombreux partenariats avec des établissements scolaires. Le groupe déclare avoir organisé près de 600 activités à la Maison de la radio consacrées à la découverte du lieu et de ses métiers. En 2017, Radio France a maintenu sa participation aux dispositifs « A l’école des ondes » et « Inter’class ». Le programme « Mon micro citoyen » a été mis en place pour l’année 2017/2018 par France Bleu dans cinq académies. Ces initiatives sont menées en collaboration avec le ministère de l’Education nationale et le Clémi (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information). Ces initiatives ont été complétées en 2018 par le lancement des portails numériques « VOX, ma chorale interactive » et l’« atelier franceinfo junior » qui mettent à la disposition de l’ensemble des enseignants et des élèves des ressources pédagogiques qui permettent une large diffusion de l’expertise acquise par le groupe en matière d’éducation artistique et culturelle et d’éducation aux médias. III. – Radio France, entreprise moderne et responsable : Objectif 9 : Renforcer le dialogue social et accompagner les réformes : – Un climat social plus apaisé. Après le mouvement social de 2015 et l’année 2016 marquée par certaines tensions, l’année 2017 traduit une amélioration du climat social. Radio France s’était engagée à renouveler le dialogue social au sein de l’entreprise, à travers l’application d’un calendrier social par la direction et les organisations syndicales. La mise en place d’un outil de dialogue social, préconisée par le médiateur à la suite du conflit social du printemps 2015, est un objectif inscrit dans le COM (1). Le Conseil avait regretté dans son avis sur l’exécution du COM pour l’année 2016 que cet outil « n’ait pas été mis en place avant 2017 », estimant que « la conduite des réformes structurelles nécessaires à la modernisation de l’entreprise doit être accompagnée d’une concertation constante avec les salariés » (2). A l’instar des autres grandes entreprises, Radio France a mis en place en 2017 un baromètre social, repris dans l’indicateur 9 du COM. Les résultats de la première mesure effectuée par cet outil, issus d’une enquête menée du 27 mars au 10 avril 2017 auprès de l’ensemble de son personnel, sont convenables. Avec un taux de participation inférieur à 50 % (un agent sur trois et 44 % si l’on exclut les salariés vacataires), le taux global d’opinions positives mis en avant par Radio France dans son rapport est légèrement supérieur à la moyenne (53 %). Ce résultat a conduit Radio France à engager des actions, dont il sera possible de mesurer les résultats sur la base des prochains baromètres. Par ailleurs, Radio France s’était engagée dans le cadre de son COM à ouvrir de « nombreux chantiers sociaux » afin de renouveler le dialogue avec les partenaires sociaux. En premier lieu, une réforme des moyens de production avait été préconisée par la Cour des comptes, qui a évoqué « une organisation et des moyens de production à transformer » (3). La Cour avait constaté que le décloisonnement des métiers, rendu nécessaire par la numérisation des équipements de production, n’avait pas été encore mis en œuvre. Cette adaptation et l’évolution des outils et des modes de production radiophonique restent à mener, bien que celles-ci soient d’ores et déjà entamées. Parmi les autres « chantiers sociaux » annoncés par le COM, l’accent a été mis en 2017 sur la formation du personnel et sur le lancement du chantier de modernisation du système d’information RH (SIRH). De plus, l’accord sur la nouvelle organisation des instances représentatives du personnel devrait être prochainement signé. Certains chantiers sociaux devant être conduits sur la durée du COM, sans échéance particulière, semblent encore en phase de lancement : prévention des risques psychosociaux, gestion des emplois et des compétences, qualité de vie au travail, politique de mobilité.

Indicateur 9 Baromètre social Consultation réalisée par Radio France du 27 mars au 10 avril 2017. Taux de participation : 34 %

Questions Cumul d’opinions positives

Mes missions 70 %

Mon environnement de travail 54 %

Les relations internes 55 %

L’encadrement 59 %

Le fonctionnement de ma direction 43 %

La circulation de l’information interne 44 %

Mon parcours professionnel et ma rémunération 44 %

Les valeurs et la culture de l’entreprise 73 % 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Questions Cumul d’opinions positives

La responsabilité sociale de l’entreprise 57 %

La vision et le projet de l’entreprise 39 %

Moyenne globale, selon Radio France 53 % Source : Radio France, rapport d’exécution du COM – Un nouvel accord collectif a été conclu en mars 2017, conformément à l’engagement du COM. La Cour de comptes avait recommandé d’intégrer, dans les accords d’entreprise et dans la grille des emplois, une définition des métiers qui comporte les nouvelles compétences et qualifications liées à l’évolution des technologies numériques (4). Après près de 7 années de négociation, la direction de Radio France et trois organisations syndicales ont signé, le 31 mars 2017, un nouvel accord collectif (NAC) qui se substitue à la convention collective de la communication et de la production audiovisuelle (CCCPA) et aux accords d’entreprise venant compléter celle-ci. Cet accord d’entreprise fixe un cadre conventionnel complet pour les personnels techniques et administratifs de production (PTA), les contrats à durée déterminée d’usage (CDD-U) et les musiciens des formations musicales permanentes. Un premier volet de ce nouvel accord collectif avait été signé le 1er janvier 2016 pour les journalistes. L’accord introduit une nouvelle nomenclature des emplois qui intègre la dimension multimédia, comme l’avait demandé la Cour des comptes, avec une définition des métiers qui tient compte des compétences et qualifications liées aux technologies numériques. Il simplifie également le système de rémunération, ouvre les possibilités d’évolution de carrière pour les personnels techniques et administratifs de production, remplace les commissions paritaires annuelles par une commission de suivi des carrières et assouplit l’organisation du travail des musiciens. Dans son rapport annuel pour 2017, le contrôleur général économique et financier considère que cet accord collectif, tout en supprimant le paritarisme, demeure favorable au personnel. Il précise que les règles de planificationdes congés restent complexes et que les métiers sont encore « enfermés dans des définitionsrigides ». – Des avancées dans le domaine de l’encadrement, des engagements sur le développement des compétences et la mobilité à concrétiser. Radio France s’est engagée dans le COM à adapter ses pratiques managériales, notamment par des actions de formation et de dialogue (entretien individuel annuel généralisé à l’horizon 2016), et par une gestion administrative évoluant vers un rôle d’appui managérial (pour le suivi des budgets et le pilotage de l’activité). Elle s’était également engagée à adapter son organisation pour permettre un décloisonnement d’une part, entre les chaînes et les directions transverses et d’autre part, entre Paris et les antennes régionales. Pour l’ensemble du personnel, un accord de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) devait être conclu après la signature du NAC. Radio France s’est également engagée en faveur d’une politique de formation et de mobilité au sein de l’entreprise, passant par un plan de formation ambitieux et la création d’un référentiel des métiers et des compétences. La modernisation du système d’information de gestion des ressources humaines (SIRH), permettant d’alléger le travail administratif des managers, devait accompagner cette politique. Le contrôleur général économique et financier a confirmé les progrès accomplis dans ce domaine en 2017, avec un recrutement plus diversifié des managers et une politique de formation de ceux-ci plus ciblée. S’agissant de la formation, l’ambition affichée par le COM devrait se concrétiser à partir de 2018. L’accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et carrières est pour l’instant en préparation, au sein de la délégation créée à l’issue de la signature de la NAC en avril 2017. De même, l’accord sur la transition audiovisuelle ayant été signé à l’été 2017, seuls 220 collaborateurs ont pour l’instant suivi une formation multimédia (sur 6 000 formations dispensées en 2017 et un effectif total de 4 594). Par ailleurs, la refonte du SIRH a été engagée, pour un déploiement en 2019. Objectif 10 : Améliorer les performances et garantir l’exemplarité de la gestion : – Des progrès accomplis dans le domaine du contrôle des coûts. La Cour des comptes recommandait la mise en place d’une « politique de transparence et de contrôle des coûts à Radio France ». Elle demandait en particulier de faire du système de comptabilité analytique un outil d’aide à la décision « plus fin » (recommandation no 8) et, en matière d’achats, de poursuivre la remise en concurrence des contrats existants (recommandation no 9). Radio France s’est engagée dans le cadre de son COM à moderniser sa gestion, en réformant son système d’achat, en établissant un schéma directeur d’évolution de ses systèmes d’information de gestion, en exigeant l’exemplarité et la transparence des dépenses des dirigeants et en améliorant la diffusion interne de l’information financière. En 2017, « Radio France a pris des mesures de renforcement de sa politique de contrôle interne » (5). Un nouveau règlement intérieur des achats et des marchés a été approuvé par le conseil d’administration le 5 juillet 2017 afin d’intégrer les recommandations de la Cour des comptes. Notamment, le seuil des marchés soumis à l’approbation du conseil d’administration a été abaissé à 5 M€. Le programme Thésaurus, lancé en 2016 pour unifier les normes internes, a été poursuivi en 2017, ainsi que le programme Sineo, destiné à moderniser les systèmes d’information de gestion, lancé également en 2016. 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Le rapport du contrôleur général économique et financier confirme une amélioration du contrôle interne depuis 2015 et évoque « la remise en ordre de la fonction achat » et « la modernisation des systèmes d’information ». Il rappelle que le contrôle interne demeure néanmoins « notoirement faible ». Le Conseil partage ce diagnostic. Dans son rapport annuel 2017 établissant le bilan de son action, il avait constaté que si l’audit et le contrôle interne avaient bien été dotés de nouveaux moyens en 2016, des efforts importants restaient à accomplir pour améliorer ce contrôle. Si une partie de ces efforts a été accomplie en 2017, le Conseil constate que le contrôle interne n’a pas encore conduit à réduire les charges externes. – Une croissance de la masse salariale et des emplois occasionnels modérée mais supérieure aux objectifs du COM. La question de la masse salariale demeure, selon l’Assemblée nationale (6), le « second point de vigilance » pour Radio France, après le chantier. La Cour des comptes a souligné (7) que « la masse salariale ne pourra regagner des marges de manœuvre financières que si les charges de personnel sont mieux encadrées. La refondation du modèle social, aujourd’hui marqué par sa très grande rigidité, avec la conclusion d’un nouvel accord d’entreprise pour les personnels techniques et administratifs, n’en constituera qu’une première étape, trop longtemps différée » (8). Le COM a effectivement prévu une stabilisation de la masse salariale, tout en intégrant de nouveaux métiers et en diminuant la part des emplois occasionnels et le recours à l’intermittence grâce notamment à une meilleure gestion des congés. Le COM prévoyait une baisse des charges de personnel de 7,3 M€ en 2017. L’objectif du COM n’a pas été tenu, la masse salariale demeurant en progression (de 5,0 M€), malgré la légère baisse des effectifs (voir plus bas).

Indicateur 11 Masse salariale (M€)

2015 2016 2017 2017 Réalisé Réalisé Objectif Réalisé 2018 2019

Masse salariale 397,0 401,2 394,6 406,2 398,2 394,3 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. En 2017, l’effectif total de Radio France a baissé de 19 ETP (9), prolongeant une tendance observée depuis plusieurs années qu’il convient de souligner. Cette baisse, qui devrait s’intensifier en 2018 avec une réduction de 75 ETP prévue (10), s’accompagne cependant d’une progression des emplois non-permanents, pigistes et vacataires inclus (+ 18 ETP). L’objectif, clairement mis en avant par le COM, de réduction de la part des emplois occasionnels, n’a donc pas été respecté en 2017.

Évolution de l’effectif de Radio France (ETP)

Variation 2014 2015 2016 2017 2016-2017

Permanents (CDI) 4 241 4 218 4 198 4 161 – 0,9 %

Non permanents (CDD) 350 327 328 348 6,1 %

Cachetiers, pigistes, stagiaires, formations 67 84 87 85 – 2,3 %

Total ETP 4 658 4 629 4 613 4 594 – 0,9 % Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. – La responsabilité sociale et environnementale. Le COM prévoit que Radio France inscrive la responsabilité sociale, sociétale et environnementale au cœur de sa stratégie de développement (objectif 10.3). En premier lieu, Radio France s’est engagée à poursuivre une politique d’égalité des chances et a pris dans ce domaine des engagements chiffrés dont le suivi est publié dans le rapport annuel. L’année 2017 a été marquée, pour Radio France, par la confirmation de son label « diversité » à l’issue d’un audit d’évaluation. Plusieurs actions notables ont été menées en 2017. Les formations destinées aux collaborateurs en charge de l’accueil du public ont intégré les thématiques de l’égalité, de la discrimination et de la diversité. En ce qui concerne les personnes en situation de handicap, leur taux d’emploi a augmenté de 3,56 % en 2016 à 4,02 % en 2017 et 21 stagiaires en situation de handicap ont été accueillis en 2017. Par ailleurs, le nouvel accord d’entreprise prévoit la mise en œuvre d’un programme en faveur des travailleurs en situation de handicap. Le groupe s’est également associé à des partenaires associatifs et institutionnels. Il a développé une démarche avec des associations et des établissements scolaires pour favoriser les rencontres entre le monde professionnel et les jeunes issus de zones sensibles ou en situation de handicap. En revanche, s’agissant de l’égalité entre les hommes et les femmes, le Conseil constate que la part des femmes au sein de l’effectif de l’entreprise et de ses différentes instances de direction a baissé en 2017. A titres d’exemples, le groupe compte 38,1 % de femmes parmi les cadres de direction contre 41,8 % en 2016 (– 3,7 points), 43 % de 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137 femmes au sein du Comité éditorial (stable par rapport à 2016) et 38,5 % de femmes dans le conseil d’administration contre 42 % en 2016 (– 3,5 points). Enfin, l’ensemble des actions menées en matière de responsabilité environnementale fait l’objet d’un rapport détaillé présenté au conseil d’administration et inséré au rapport annuel pour 2017. – L’engagement d’amélioration de l’information financière et d’exemplarité de la gestion est à poursuivre. S’agissant de la transparence de l’information, la démission conjointe, en juillet 2018, de trois des membres du comité relatif à l’honnêteté, l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes nommés par le conseil d’administration de Radio France a conduit la présidente de Radio France à confirmer au Conseil, par courrier du 15 octobre 2018, la nomination de trois nouveaux membres. Le comité d’éthique de Radio France a rendu, le 7 juin 2018, son premier rapport annuel au titre de l’année 2017. Dans ce bilan, le comité indique s’être heurté à deux principales difficultés. La première vise le manque de publicité autour de sa création ne permettant pas aux auditeurs et aux collaborateurs d’en avoir connaissance et de le saisir au besoin. Le manque de « pouvoir propre » du comité constitue selon lui la seconde difficulté. Objectif 11 : Mener la réhabilitation à son terme dans le respect des personnels : – Un engagement qui vraisemblablement ne pourra pas être respecté. Initiée en 2003 et lancée en 2009, la réhabilitation de la Maison de la Radio constitue selon le COM « un projet hors norme » dont l’achèvement du programme, prévu en 2018, « fait désormais figure d’impératif pour les salariés comme pour l’entreprise et l’Etat ».

Coût Final Estimé du chantier de réhabilitation de la Maison de la Radio (M€ courants)

2015 2016 2017

Coût Final Estimé 430 432 432 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. Dès 2015, la Cour des comptes a évoqué une « dérive vertigineuse des coûts ». Etablie à l’origine pour un montant de 265 M€, la facture de ces travaux avait atteint 430 M€ en 2015. Elle a conclu que cette opération « mal maîtrisée » fragilisait les comptes de l’entreprise. Une partie de cette dérive provient de l’extension du périmètre initial du marché, celui-ci ne comprenant ni la réfection du parking ni l’extension de l’auditorium. De même, la réfection des studios moyens qui devait être traitée indépendamment du chantier principal a été intégrée à celui-ci en 2014. A périmètre constant, une autre partie du surcoût est due à la sous-estimation des nuisances sonores – qui a conduit à suspendre les travaux à certains horaires – à de nombreuses malfaçons et litiges avec les prestataires, et à des aléas défavorables, comme la découverte d’amiante. L’Etat s’est efforcé d’encadrer les travaux de réhabilitation de la Maison de la Radio par le COM et de faire face à la hausse du coût du chantier au moyen d’un financement supplémentaire de 80 à 150 M€, soit une dotation en capital de 55 millions d’euros versée en deux fois, le versement d’une subvention d’investissement complémentaire de 25 M€, répartie sur les exercices 2016, 2017 et 2018 et la possibilité de recourir à un emprunt dans la limite de 70 M€. Fin 2017, la Commission des affaires culturelles du Sénat a exprimé dans son avis sur le projet de loi de finances 2018 (11) « des craintes persistantes sur l’issue du chantier de la Maison de la Radio », « de nombreuses anomalies [ayant] été constatées à l’issue de la livraison de la précédente phase du chantier, ce qui se traduit par un important retard dans le calendrier. ». Un second rapport du Sénat a confirméce diagnostic (12), et indiqué que l’horizon d’achèvement du chantier était désormais l’année 2022. Lors de son audition par la Commission des affaires culturelles du Sénat (13), la ministre de la culture de l’époque avait confirmé que « le chantier connai [ssait] t un nouveau retard important. ». La loi de finances pour 2018 a pris acte de ce retard en réduisant de 24,6 M€ la contribution audiovisuelle publique affectée à l’investissement de Radio France pour 2018. Le Gouvernement a précisé à cette occasion qu’il avait confié une mission d’expertise à Jean-Pierre Weiss, ingénieur des ponts et chaussées spécialisé dans les grandes infrastructures publiques, afin de définir, avec Radio France, le scénario le plus adapté pour achever la dernière phase du chantier. Les conclusions de la mission d’expertise, qui comportaient plusieurs scénarii, auraient été présentées au conseil d’administration du 16 février 2018. Ce conseil aurait pris acte d’un décalage de plusieurs années du chantier, l’échéance exacte restant à préciser, mais se situant, conformément aux indications du rapport du Sénat, au-delà de 2022. Le Conseil constate ainsi que l’objectif 11 du COM (« mener la réhabilitation à son terme ») ne sera vraisemblablement pas tenu. Des incertitudes pèsent également sur le budget du chantier. Si l’on se fonde sur ce qui a été observé jusqu’à présent, le report de la fin du chantier induira mécaniquement une augmentation de son coût final. Le rapport d’exécution du COM pour 2017 fait état d’un « Coût Final Estimé » de 432 M€, soit le même qu’en 2016. Le Sénat, dans un rapport de sa commission des finances sur le Projet de Loi de Finances 2019 (14), a confirmé que « le chantier de réhabilitation continue à constituer un sujet de préoccupation » et a déploré le manque d’information à ce sujet. 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Objectif 12 : Renforcer les coopérations avec les organismes de l’audiovisuel public : Le Conseil avait relevé dans son avis sur le rapport d’exécution du COM pour l’année 2016 l’apport décisif de Radio France, et notamment des équipes de franceinfo : , au lancement de la chaîne d’information en continu. A l’instar de la stratégie numérique, la stratégie de coopération de Radio France, telle que la définissait le COM, a été révisée par l’actionnaire public en faveur d’une accélération de cette coopération. Pour Radio France, il s’agit en premier lieu d’engager une collaboration entre France Bleu et France 3. Le 21 décembre 2017, Mme Françoise Nyssen, alors ministre de la culture et de la communication de l’époque, a désigné, en lien avec les dirigeants des sociétés, les domaines de coopération de ces sociétés : la reconquête du jeune public, les coopérations internationales avec une forte dimension européenne, l’offre de proximité, les offres communes en ligne (déjà évoquées plus haut) et les ressources transverses. Plus récemment, le communiqué du Premier Ministre du 19 juillet 2018 relatif à la transformation de l’audiovisuel public a arrêté les orientations de l’actionnaire public dans ce domaine. Ainsi, la réforme de France Bleu débouchera sur un rapprochement entre France Bleu et France 3, destiné à produire ensemble des programmes qui permettront à France 3 de passer de deux à six heures de diffusion locale quotidienne. Les premières expérimentations ont été annoncées pour le mois de janvier 2019. Les présidentes de Radio France et de France Télévisions ont confirmé, trois jours après l’annonce gouvernementale, un projet de « média global de proximité pour les années à venir », afin de « développer et conjuguer la force des réseaux et des marques France 3 et France Bleu ». Ce projet prévoit dans un premier temps le lancement d’une matinale commune dans plusieurs régions (Nice et Toulouse) en 2019, ainsi que des tests portant sur des émissions politiques, des programmes culturels ou encore des journées thématiques consacrées à la vie quotidienne des Français, sur le numérique ainsi que sur les stations et chaînes de télévision. Par ailleurs, un partenariat entre Radio France et Arte a été mis en place le 14 décembre 2017, avec la signature d’un accord de collaboration prévoyant le développement de nouvelles offres musicales pour tous les publics. Cette stratégie commune s’articule autour de trois grands projets : un large choix de concerts et d’offres musicales, la création d’un festival d’été et le développement de projets numériques de formation à la pratique chorale. Enfin, en novembre 2018, les six entreprises de l’audiovisuel public (incluant Arte et TV5 Monde) se sont associées pour lancer « Culture prime », un média social culturel exclusivement accessible à ce stade sur Facebook, visant à favoriser l’accès à la culture et à la connaissance au plus grand nombre. Objectif 13 : Mettre en œuvre les conditions de retour à l’équilibre : Le COM demande à Radio France de mettre en œuvre les conditions d’un retour à l’équilibre financier en 2018, en augmentant les ressources propres et en maîtrisant davantage ses charges, l’Etat garantissant en contrepartie un soutien exceptionnel des investissements de l’opérateur public. Comme le montre le tableau ci-dessous, Radio France se maintient dans la trajectoire financière de réduction de son déficit fixée par le COM et envisage un retour à l’équilibre en 2018. Son résultat net en 2017 (– 4,8 M€) est légèrement plus favorable que la prévision du COM (– 6,5 M€), tandis que son déficit d’exploitation (– 10,1 M€) reste supérieur à l’objectif fixé.

Indicateur 11 Résultats de Radio France et trajectoire financière du COM (M€)

2015 2016 2017 2017 Variation Réalisé Réalisé Objectif Réalisé 2016-2017 2018 2019

Résultat net -19,2 -10,6 -6,5 -4,8 5,8 2,8 11,9

Résultat d’exploitation(1) -24,6 -16,3 -9,1 -10,1 6,2 -0,6 10,1

Masse salariale 397,0 401,2 394,6 406,2 5,0 398,2 394,3

Trésorerie -40,4 0,8 2,1 4,4 3,6 -39,5 -6,3

(1) résultat d’exploitation au sens du COM Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. – Un développement des ressources propres. Les ressources propres de Radio France ont progressé de 2,6 M€ par rapport à 2017, soit + 10 %, dépassant de 11 M€ la prévision du COM. Cette progression repose sur celle des recettes publicitaires (+ 5,5 M€, soit + 10 %), les autres ressources propres (ventes et prestations de services) baissant de 2,8 M€, bien que le COM engage la société à diversifier ses recettes (15). 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Ressources propres perçues par Radio France (M€)

2017 2015 2016 Prévision 2017

Publicité et parrainage 40,1 44,0 49,5

Autres recettes propres 26,4 31,6 28,7

Total 66,5 75,6 66,9 78,2 Source : Radio France, rapport sur l’exécution du COM. Le décret du 5 avril 2016 modifiant le cahier des charges de Radio France prévoit un accès plus large de la société à la publicité. Le COM limite cette ouverture en prévoyant que « les ressources publicitaires traditionnelles ne pourront excéder un plafond de 42 M€ par an sur toute la durée du COM ». Le plafond de 42 M€ fixé par le COM ne porte pas sur l’intégralité des recettes publicitaires mais seulement sur les « ressources publicitaires traditionnelles ». Le Conseil est conduit à s’interroger sur le périmètre de ces « ressources publicitaires traditionnelles ». Si le rapport communiqué par la radio publique au titre l’exécution du COM ne fait pas mention du montant des recettes publicitaires dites « traditionnelles », le groupe Radio France rend public, dans le cadre de son rapport annuel, le montant global et la ventilation des recettes associées à ce poste. Le rapport précité décompose désormais les recettes publicitaires entre les publicités commerciales et le parrainage, s’élevant à 40,9 M€, la publicité digitale, pour 2,5 M€, et les messages d’intérêt général, pour 5,0 M€. Avant 2017, le montant des recettes publicitaires (publicités commerciales et parrainage) ne distinguait pas les messages d’intérêt général et comprenait les recettes liées à la diffusion de ce type de message. A la demande du Conseil, Radio France a communiqué cette ventilation depuis l’année 2014.

Recettes publicitaires de Radio France (M€) (1)

2014 2015 2016 2017

Recettes publicitaires 42,0 40,1 43,8 49,4

Dont :

Publicité commerciale et parrainage 35,6 34,0 35,6 40,9

Messages d’intérêt général 4,8 3,9 5,5 5,0

Sous total : 40,4 37,9 41,1 45,9 Recettes publicitaires support radio

Publicité numérique 1,1 1,7 1,9 2,5

Recettes de mise à l’antenne 0,5 0,5 0,8 1,0 Sources : Radio France (2014 et 2015 : annexe au rapport de gestion ; 2016 : présentation du 02/2017 au CSA ; 2017 : rapports d’activité) 1 2013 non disponible Radio France a indiqué avoir proposé l’exclusion des messages d’intérêt général du volume des messages publicitaires à son conseil d’administration le 22 décembre 2017 dans le cadre du vote du budget 2018. Le budget 2018 distingue en effet pour la première fois, au sein des ressources attendues, les recettes publicitaires et les messages d’intérêt général. Si comme le considère Radio France, les « recettes traditionnelles » désignent uniquement la publicité commerciale et le parrainage, excluant les messages d’intérêt général, ces « recettes traditionnelles » s’élèvent en 2017 à 40,9 M€ et l’engagement du COM est donc respecté. Si les « recettes traditionnelles » désignent les « recettes publicitaires support radio », ces recettes s’élèvent en 2017 à 45,9 M€ et le COM n’est pas respecté. En conclusion, le Conseil n’est pas en mesure d’apprécier le respect de l’engagement de plafonnement des recettes publicitaires, compte-tenu de la modification de la présentation statistique de celles-ci. Il suggère aux tutelles de la société de préciser si les messages d’intérêt général doivent être pris en compte au sein de ces recettes. – Une maîtrise encore insuffisante des charges d’exploitation. Le COM, reprenant largement une analyse présentée en 2015 par la Cour des comptes dans son rapport « Assainir la gestion pour préparer l’avenir », demandait à Radio France (objectif 10.1) de maîtriser davantage ses charges d’exploitation, en stabilisant ses charges externes au moyen de trois leviers : une politique d‘achats plus efficace, un contrôle de gestion renforcé et l’optimisation des charges immobilières. Cette politique n’a pas encore porté ses fruits. En 2017, les charges d’exploitation progressent (+ 6,7 M€ (16)) alors que le COM prévoyait une baisse de 12 M€ en 2017. Le budget tablait, lui, sur une progression de seulement 0,9 M€. Cette progression concerne toutes les charges, à l’exception des achats, qui bénéficient de l’arrêt de la diffusion en ondes longues (– 6,9 M€). La masse salariale continue, quant à elle, à progresser (de 5,1 M€). 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Les charges d’exploitation ne contribuent donc pas encore directement à l’amélioration du résultat par la réalisation d’économies. Le présent avis sera publié au Journal officiel. Fait à Paris, le 12 décembre 2018. Pour le Conseil supérieur de l’audiovisuel : Le président, O. SCHRAMECK

(1) Extrait du COM : « des outils de dialogue social seront également mis en place dans les 6 mois suivant la signature du COM à l’instar des baromètres sociaux… » (2) Avis no 2016-11 du 27 juillet 2017 relatif au rapport d’exécution pour l’année 2016 du contrat d’objectifs et de moyens conclu entre l’Etat et Radio France. (3) Radio France : assainir la gestion pour préparer l’avenir – Cour des comptes – 2015 (4) Recommandation no 11 du rapport « Assainir la gestion pour préparer l’avenir » précité (5) Rapport d’exécution du COM pour l’exercice 2017 – Radio France – juillet 2018 (6) Rapport de la commission des affaires culturelles sur le projet de loi de Finances pour 2018 (7) « Radio France : les raisons d’une crise, les pistes d’une réforme » – Cour des comptes – avril 2015 (8) En conséquence, la Cour formulait les recommandations suivantes : – mettre en place dans le COM, des indicateurs « cibles », pour la masse salariale et le recours aux cachetiers et pigistes et abaisser la part des charges salariales dans le total des charges d’exploitation – prendre en compte, dans les accords d’entreprise et dans la grille des emplois, une définition des métiers qui comporte les nouvelles compétences et qualifications liées à l’évolution des technologies numériques (Radio France). (9) Source : rapport financier 2017 (10) Source : Comité Central d’Entreprise de Radio France (11) 23 novembre 2017- rédacteur : M. Jean-Pierre Leleux : « 10 Selon la DGMIC, de nombreuses anomalies ont été constatées à l’issue de la livraison de la précédente phase du chantier ce qui se traduit par un important retard dans le calendrier. Ces retards ont des conséquences en termes de besoin de financement qui serait inférieur de 50 millions d’euros aux prévisions compte tenu du décalage des travaux prévus en 2018 et 2019. (12) « La finalisation du chantier de réhabilitation reste cependant un sujet de vigilance. Des incertitudes juridiques pèsent sur la suite du chantier, qui ne semble pas devoir s’achever à court terme, l’estimation actuelle portant à 2022 la findes travaux. Ces retards de réalisation entraînent des coûts non négligeables en termes de fonctionnement : les locations extérieures nécessaires à l’installation des équipes situées en zones de travaux coûtent par exemple à 10 millions d’euros par an. Une mission d’expertise a été confiée par le Gouvernement à Jean-Pierre Weiss, ingénieur des ponts et chaussées spécialisé dans les grandes infrastructures publiques, afin de définir, avec Radio France, le scénario le plus adapté pour achever la dernière phase du chantier. Françoise Nyssen, ministre de la culture, a par ailleurs confirmé le soutien de l’Etat pour la poursuite du chantier » (13) Audition du mercredi 25 octobre 2017 sur le projet de loi de finances pour 2018. (14) « Radio France, une interrogation de taille sur le financement du chantier de la Maison de la Radio », rapport de la Commission des finances du Sénat, 31 octobre 2018 (15) Voir plus loin « Les axes de diversification » dans la partie « La stratégie de développement : numérisation et diversification des ressources » (16) Selon le compte de résultat 2017 de Radio France 2017 Réalisation des indicateurs du COM 2015-2019

Indicateur de référence Objectif

Indicateur 2 Atteint Audience cumulée sur un jour moyen (sauf pour France Bleu et Mouv’)

Indicateur 3 Atteint Audience cumulée par tranche d’âge (sauf pour France Bleu)

Indicateur 4 Atteint Audiences numériques

Atteint Indicateur 6 (sauf pour l’acquisition des œuvres Soutien de Radio France à la création dramatiques)

Indicateur 7 Atteint Diversité de la programmation musicale de Radio France (sauf pour France Inter)

Atteint : Indicateur 11 résultat net et trésorerie Evolution de la masse salariale, du résultat d’exploitation et du résultat net et du niveau de trésorerie Non atteint : masse salariale et résultat d’exploitation

Indicateur de référence Suivi

Indicateur 1 Mesure effectuée Perception de l’image de Radio France 24 janvier 2019 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 99 sur 137

Indicateur de référence Suivi

Indicateur 5 Données transmises Diversité de l’offre de concerts des formations musicales

Indicateur 8 Données transmises Nombre d’événements produits à la Maison de la radio et fréquentation

Indicateur 9 Mesure effectuée Baromètre social

Indicateur 10 Données 2017 non réactualisées Respect du Coût Final Estimé investissement du programme de réhabilitation