Arrondissement De Saint-Omer
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DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU DEPARTEMENT DU PAS-DE-CALAIS PUBLIÉ PAR LA COMMISSION DÉPARTEMENTALE DES MONUMENTS HISTORIQUES Arrondissement de Saint-Omer TOME III SUEUR-CHARRUEY, IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR 20 ET 22 PET1TE-PI.ACK 1883 DICTIONNAIRE DU PAS-DE-CALAIS , ^ Y t\ l & ^ " " " '" ' ' ' E "ÏÏKPOT UXAL\ 0»SK"rie Calasi"^ '! [MM- ' "' 18 H DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE nu DÉPARTEMENT DU PAS-DE-CALAIS PUBLIÉ PAR LA COMMISSION DÉPARTEMENTALE DES MONUMENTS HISTORIQUES Arrondissement de Saint-Omer TOME III SUEUR-CHARRUEY, IMPRIMEUR-LIBRAIRE-ÉDITEUR 20 ET 22 PETITE-PLACE 1883 l?n "^- ' ■ ' :-f CANTON NORD DE SAINT-OMER CLMRMARAIS Clarus mariseus xue siècle, cartSith. Claromaresch 1143, A. Mir. dip. belg. 'Claremaresch, 1142, A.. Mir. dip. belg. Clermaresch, 1270. A. Duchesne, maison de Guines. Domus de Claromarese, 1164. A. Duchesne, maison de Guines. Clairmarais, doit son origine à la célèbre abbaye de ce nom, de l'ordre de Citeaux, fondée par Saint Bernard en 1142. Le pays qu'allait fertiliser la nouvelle colonie était alors inculte, la forêt de Rihoult s'étendait jusqu'au pied des marais qui environnent Saint-Omer de ce côté. Ce fut là dans les envi rons de son château,, que sur un terrain concédé par Thierry d'Alsace, comte de Flandre, s'éleva la première demeure des religieux cisterciens qu'envoyait l'abbaye de Clairvaux.Les pre- • mières années furent pénibles, la terre était ingrate, couverte de ronces ou de bois; il fallut la défricher, dessécher les marais, arracher les joncs et les roseaux et parvenir par un labeur in cessant à faire produire à la terre ce qu'elle semblait refuser. L'abbaye naissante ne resta pas longtemps dans cet état de dénuement, les dons affluèrent bientôt; les hautes vertus de son premier abbé Gunfrid, et l'illustration de son fondateur Saint Bernard, dont la médiation était invoquée de tous côtés par les _ 2- seigneurs et les princes, lui attirèrent de nombreuses donations, parmi lesquelles il faut citer surtout le domaine de Nieurlet (aujourd'hui Muncq-Nieurlet).Cependant malgré l'augmentation de ses propriétés,le nombre des religieux s'étant accru considé rablement, la détresse régnait toujours dans le monastère. Voyant que Clairmarais ne pouvait subvenir à l'entretien et à la nourriture de ses habitants, Gunfrid conçut l'idée de le transférer dans le nouveau domaine deNieurlet,qu'il devait à la générosité du comte et de la comtesse de Guines. Il entreprit plusieurs voyages pour solliciter l'autorisation d'opérer la trans lation qu'il désirait. Elle lui fut enfin accordée, grâce à l'inter vention de Saint Bernard, qui obtint également du souverain Pontife que l'abbaye du Clairmarais et toutes ses dépendances seraient désormais placées sous la protection immédiate du Saint Siège. Le nouveau monastère fut donc entrepris par Gunfrid, mais la mort l'arrêta au milieu de son œuvre. Son successeur l'abbé Guillaume mit tous ses soins à la continuer, et il hâtait, autant que possible, le moment désiré où il pourrait y transporter dé finitivement ses religieux, lorsque le Comte de Flandre, Thierry d'Alsace, qui voyait avec peine la colonie naissante s'éloigner de son domaine de Rihoult, et du lieu de leur première fonda tion, offrit à l'abbé Guillaume un terrain plus vaste, plus com mode, moins exposé aux inconvénients que le premier pour y former un autre établissement. Cette offre fut acceptée avec reconnaissance, les travaux de Nieurlet furent abandonnés vers 1152, les pierres transportées à Rihoult et le nouveau monas tère s'éleva bientôt dans l'emplacement qu'il a occupé jusqu'en 1792. Les bâtiments n'étaient pas encore achevés que le monastère reçut dans ses murs l'illustre archevêque de Cantorbery, Thomas Becket. L'accueil qui lui. fut fait par les moines de Clairmarais leur valut les remerciements et les félicitations du souverain Pontife. Ce ne fut toutefois que treize ans après leur commencement, que les constructions du nouveau monastère furent assez avancées,pour permettre de songer à unetranslation — 3 — que l'abbé Guillaume appelait de tous ses vœux. Les bâtiments' étaient couverts et ils suffisaient déjà à recevoir de nombreux solitaires. La translation fut donc décidée, et le Vendredi Saint de l'année 1166, les religieux quittèrent processionnellement le vieux monastère, pour aller prendre possession de.leur nou velle demeure, précédés de l'abbé portant le reliquaire.de la vraie croix donné par Thierry d'Alsace, et qui parvenu jusqu'à nous est connu sous le nom de (ïroix de Clairmarais. Toutefois bien que, d'après les annalistes, le nouvel édifice ressemblât plutôt à une résidence seigneuriale qu'aune étroite et chétive solitude comme la précédente, il n'était pas complètement ter miné.Indépendamment d'autres parties inachevées, l'abbé Guil laume ne put élever que la grande nef de l'église et les colla téraux ; sa mort arrivée en 1169 empêcha qu'il put achever l'œuvre qu'il avait entreprise. Sous le successeur de Guillaume, la prospérité du nouveau monastère s'accrut d'une manière sensible : les donations affluant de divers seigneurs, aussi cet état florissant ne tarda pas à exciter la jalousie. Les moines de Saint Bertin ne voyaient pas sans envie s'élever à leur porte une abbaye dont la renom mée menaçait de leur faire ombrage; ils suscitèrent aux enfants de Saint Bernard des tracasseries de divers genres, et cela leur était facile. Les propriétés concédées aux deux monastères étaient tellement enchevêtrées et se touchaient par tant de points que la chose devait infailliblement arriver.Ce fut sous le 3e abbé de Clairmarais, David, que commença la première discussion au sujet de dîmes et de limites de terrains; elle dura vingt trois ans et ce ne fut pas la dernière. Les Abbés de Clairmarais eurent encore à cette époque à subir des embarras d'un autre genre ; il leur fallut résister aux pré tentions des héritiers des donateurs, qui prétendaient leur re tirer ce qui leur avait été concédé. Ils durent se pourvoir de vant le souverain Pontife qui parvint à faire revenir les pertuba- teurs de leur repos à des meilleurs sentiments. Les maux de la guerre se firent sentir aussi à diverses reprises ; la première fois lorsque Baudoin comte de Flandre vint en 1193 mettre leL — 4 — siège devant St-Omer; puis vers 1204 lorsque le môme prince vquluts'.çmpar'erdu château d'Arqués,ce qui fit subir au monas tère de Clairmarais peu éloigné de là, de graves préjudices et des pertes notables. Il n'entre pas dans notre plan de faine une histoire détaillée de l'abbaye, ou de rapporter tous les faits qui la concernent, d'autres l'ont fait avant nous d'une manière beaucoup plus heu reuse et notamment H. de Laplane. Nous passerons par consé quent sous silence une assez longue période pendant laquelle on rencontre les abbés poursuivant l'amélioration de leur mo nastère, obtenant de nouvelles concessions ou la confirmation d'anciennes. Mentionnons seulement le don de 300 mesures dans la forêt de Rihoult, faite à l'abbé Lambert, l'an 1218, par Louis. fils aîné du roi de France. Parmi les prélats qui se succédèrent dans cet intervalle, il y en eut quelques uns qui marquèrent dans l'histoire, soit par les négociations auxquelles ils se trouvèrent mêlés, soit par d'au tres circonstances. Et d'abord nous trouvons Simon de Marquet te, qui reprit l'oeuvre interrompue de la construction de l'Église de l'abbaye, en 1226, et l'acheva complètement sauf les voûtes du transept. Ce fut aussi ce prélat .qui en 1247 construisit la petite chapelle que l'on voit encore à côté de la Porte d'entrée et qui e,st connue sous le nom de chapelle des domestiques. Robert de Béthune, ou plutôt de Dampierre qui lui succéda, tout en voyant s'améliorer la situation .matérielle dumonastère: par les dons et les.acquisitions:suçcessives, dues à ses soins,ne négligeait pas la culture des lettres. On a de lui un manuscrit original reposant à la bibliotheque.de Saint-Omer, et en tête, du quel il est représenté offrant son livre à la .Vierge. Pendant l'administration d'Henri d'Ypres, 20e abbé, les Flamands envahirent l'Artois; une bataille.sanglante eut lieu sur le territoire d'Arqués en 1301. La proximité du monastère lui fit ressentir le contre-coup, des dévastations que ces événe-: ments causèrent au pays. La préoccupation des religieux était habituellement si forte, que pendant six années jusqu'en 1307, l'on négligea d'écrire dans les. annales de la. communauté, le ~ 5 — récit de ce qui s'était passé. Lorsque le calme revint, l'abbé Henri voulut continuer les travaux de son église interrompus depuis le temps de Simon de Marquette. 11 acheva la toiture, et entreprit mène le petit clocher placé à la croisée du choeur et du transept, lequel ne fut cependant terminé que plus tard sous un de ses successeurs. Cet abbé eut aussi, vers la fin de sa- prélature,à faire face aux désastres que caùsèrentlôs guerres et l'inondation survenue en 1316 qui fit un tort considérable aux récoltes. La période qui commençait sous les successeurs d'Henri d'Ypres, fut une époque de désastres pour la partie de l'Artois où se trouve l'abbaye de Clairmarais, et dont celle-ci devait fata lement se ressentir. Elle fut inaugurée par une révolte de Robert d'Artois, revendiquant les armes à la main, le riche héritage dévolu par la Cour de Paris à sa tante Mahaut, et s'efforçant d'attirer Saint-Omer dans son parti. Puis vinrent les guerres de rivalité entre la France et l'Angleterre, et la fatale bataille de Crécy, à la suite de laquelle Edouard III, s'étant emparé de Calais, eut un pied à terre pour débarquer ses troupes qui plus d'une fois vinrent désoler le pays.