André Larquié président Brigitte Marger directeur général sommaire La capitale argentine organise chaque année un célèbre festival intitulé Tango et qui touche plusieurs centaines de milliers de passionnés. Pour faire écho à ce prestigieux rassemblement, cette série de concerts, entamée à la cité de la musique (du 4 au 6 mai) et organisée avec le soutien des institutions argentines, se prolongera avec six programmes au Théâtre National de Chaillot (du 9 au 27 mai) en continuant à mêler tango à danser et tango à chanter, cou- leurs « typiques » et figures du vanguardismo… vendredi 4 mai - 18h30 p. 8 rencontre - Tango, musiques urbaines d’Argentine amphithéâtre du musée vendredi 4 mai - 20h p. 9 concert - Susana Rinaldi « Tana que fuiste y seras » salle des concerts samedi 5 mai - 16h30 / dimanche 6 mai - 15h p. 15 concert - Lidia Borda amphithéâtre du musée samedi 5 mai - 20h p. 18 concert - Pablo Mainetti Quintetto - Trio Marconi salle des concerts samedi 5 mai - 22h30 p. 22 bal - Orchestre La Tipica rue musicale dimanche 6 mai - 16h30 p. 24 concert - Trio Mosalini/Beytelman/Caratini - Duo Mosalini/Sanchez salle des concerts biographies p. 28 suite de la programmation au Théâtre National de Chaillot... p. 40 Buenos Aires tango Buenos Aires tango tango : « Un inextricable corpus qui forme avec le temps un grand nombre de magnifiques musiciens dont des de Buenos Aires long poème civil » nota Jorge Luis Borges, à propos bandonéonistes comme Dino Saluzzi, Cesar Stroscio, à Paris du tango. De fait, héritier des payadas (poésies du Rodolfo Mederos ou Juan José Mosalini. XVIIe siècle dont il a conservé les caractéristiques Ainsi, durant deux décennies, le tango « à danser » libres du vers), à la confluence de musiques créoles et le tango « à écouter » suivent-ils chacun leur propre gauchos (milongas, vidalas, estilos, cielitos), de haba- logique. La danse, dans la magnifique ambiguïté de nera et de son, au fil des immigrations, le tango a son vocabulaire érotique, s’adapte aux recherches allégrement brassé rythmiques, instruments et chan- de la chorégraphie moderne, forte de son duo char- sons de toutes latitudes. A l’origine rythme à deux nel, « aveu de la difficulté de la communication entre temps de tonalité plutôt picaresque, il effectue une deux êtres », métaphore d’un siècle qui doute. Quand mue radicale sous les auspices de et les instruments derrière le bandonéon, signature du d’amilongado [dans le style milonga précédant le genre, poussent à des syncrétismes audacieux avec tango classique] devient cadencé, mélancolique, dra- le jazz, le musette, la musique de chambre. matique, passe au quatre temps et se marie à des Enfin vint la réconciliation. La étant un des paroles qui expriment l’interlope réalité sociale des lieux de ces retrouvailles. Sans doute parce que le faubourgs de Buenos Aires. La bourgeoisie faisant pays natal de Gardel a toujours conduit un dialogue sienne cette musique des bas-fonds, il se sophis- onirique, littéraire autant que philosophique, avec un tique, adjoint le piano à sa panoplie orchestrale. idiome musical dont on retrouve les traces dans la Jusqu’à prendre ses aises à travers la formule de terminologie et la mythologie tanguistes. Cette relec- « l’orchestre typique » [orquesta típica] riche de quatre ture du patrimoine tango avec les yeux du contem- ou cinq bandonéons, quatre violons, un piano, une porain étant conduite par des compositeurs/musiciens contrebasse, ainsi que plusieurs chanteurs. C’est le souvent installés en – dictature militaire oblige – début d’un âge d’or qui, à son apogée dans les qui en ayant engrangé d’autres expériences, ont com- années quarante, fera vivre dans la capitale portegne pris en exil les formidables potentialités d’une musique [Buenos Aires] jusqu’à 500 orchestres. Puis le tango, dont la forme entre temps est devenue universelle. contexte économique oblige, tombe de Charybde en A ce titre, l’affiche de la cité de la musique épouse Scylla. Les bals ferment, la musique anglo-saxonne les pleins et les déliés de cette saga musicale. envahit les ondes et, percluse dans ses clichés, la Puisqu’elle croise la suave élégance de l’orchestre musique canaille va devenir cacochyme. Même si typique « classique » et la novation des enfants de d’admirables formations (celles d’Osvaldo Pugliese, Piazzola. Avec, à la clef, de grandes voix qui ont servi Anibal Troilo, Leopoldo Federico, Horacio Salgan) aussi bien les fatals compositeurs que les sublimes entretiennent la flamme et sauvent le genre de la cari- poètes du Rio de la Plata, ce coin de planète, où une cature. Un contexte propice à l’apparition d’un cou- singulière nostalgie nègre, indienne et européenne, rant rénovateur qui juge que le lieu naturel du tango a su enfanter un si grand nombre d’impénitents n’est plus la salle de danse mais celle de concert et rêveurs. dont les plus éminents acteurs s’appelleront Astor Piazzola, Eduardo Rovira, Osvaldo Tarantino, Osvaldo Frank Tenaille Manzi, lesquels assument une forte influence des compositeurs classiques qu’il s’agisse de Bach, Mozart ou Bartók. « Nuevo tango » qui va inspirer un

4| cité de la musique notes de programme | 5 Buenos Aires tango Buenos Aires tango tango, tangos Errer sans repère aucun, dans la solitude de rues incon- éternel. Qui l’a entendue une fois, ne peut oublier Tania, nues. Aller sans savoir où, au rythme des souvenirs quatre-vingt douze ans (avoués) et dans sa gorge, la qui encombrent le cœur. Le tango, dit-on, chante la mémoire de l’amour. Des salons, le tango est passé marche de l’homme dans la ville. Il chante l’arrache- dans les théâtres, les music-halls, a investi le cinéma. Il ment à la terre natale, à l’enfance, à la mère et aux s’est gravé sur les disques de cire, a traversé les océans, amours. Le tango est le chant de l’exil. L’affirmation a voyagé sur tous les continents. Musique nomade, de soi en terre étrangère. Loin, si loin au-delà des musique des sans-adresse, des vagabonds, lourds de océans, dans les cités trop vastes, en quête d’un ce qu’ils ont perdu. Musique des rues. regard, le cœur dévasté. D’abord le tango s’est dansé, « Seul et triste, sur le trottoir / Va ce cœur transi / Par une parce que danser, c’est s’approcher l’un de l’autre, et tristesse de ruines / »... s’enlacer, et tout dire par les yeux, la pression d’une De la rue de Lappe aux rues sans joie de Berlin, ou de main, le frôlement d’une jambe. Les jambes se cher- Rome, de Londres ou de Madrid, le tango s’est lové chent, se croisent, se jouent l’une de l’autre. Les dans le cœur des déracinés. Entre tango musette et hanches chaloupent, le corps se plie. argentin, tango des bordels et des night-clubs, il y a un « Et tu sais pourquoi bat un cœur / Il suffit de dire quel lien, un point commun : le trouble du corps, de l’aban- bonheur / Et un rythme, un rythme d’amour / unira les don après la lutte. Le trouble du cœur. « Es el corason ». adieux pour toujours ». Le tango, la première fois qu’on l’entend, déjà on le Le tango, c’est du cœur qu’il parle. Cœur affolé de reconnaît. Déjà en soi, il était là. A chacune de ses désir, cœur navré de regrets. Dans la fureur et les pleurs, apparitions, on le redécouvre. Sans jouer d’une quel- l’homme chante, et même s’il est vrai qu’un « homme conque mode rétro, depuis toujours, chaque jour il viril ne doit pas pleurer », quoi de plus émouvant que les existe. Les révolutions techniques ne détruisent pas le larmes d’un macho. A travers la voix prometteuse de désir d’aimer, de s’étreindre, de se retrouver seul à Carlos Gardel, la voix blessée de Roberto Goyeneche, seul, uniques au monde. le tango traîne, entraîne des gages de plaisir, des traces La divine douceur de ses mains / N’était qu’à moi, pro- de détresse. digant / à mes peines la bonté / de ses caresses. Le tango s’est dansé dans les bordels, en un temps où Cours de tango, bals tango, récitals tango... Pas une la tradition interdisait la fréquentation des jeunes filles semaine sans. Comme le flamenco, comme le rock ou convenables. Si bien que convenable, le tango ne l’a les complaintes des pauvres amours – si Piaf était née jamais été. Car il est langage de séduction. Il dit l’af- argentine, elle aurait chanté le tango – comme les sau- frontement amoureux entre Homme et Femme. Le tango, vageries tsiganes : une vraie musique populaire, et qui, c’est à deux qu’il se danse, et c’est pourquoi on ne se musique des ports et des routes, se moque des fron- lasse pas de le danser. Des bordels, il est passé dans les tières, toutes, en particulier géographiques. La jeunesse saisons en un temps où s’encanailler faisait partie de ce du tango se nourrit des airs du temps. Il évolue sans se qu’il fallait faire. Et parce que désir et séduction ignorent trahir, ignorant superbement ses caricatures – signes les barrières sociales. Et puis quand les femmes ont pris de gloire. D’hier ou d’ajourd’hui, musiciens et chanteurs le droit de vivre et de dire leurs désirs, elles n’ont plus appartiennent à une même famille, dispersée – c’est de seulement dansé dans les bras d’un homme. De leur tradition – infiniment diverse, pareillement chaleureuse. Ce voix râpée par la vie, le tango, elles en ont chanté les sont les enfants du Tango. cris et les plaintes, et les défis. Elles se sont unies à lui jus- qu’à ce que la mort les sépare. Leur mort à elles, lui est Colette Godard

6| cité de la musique notes de programme | 7 vendredi rencontre vendredi Tana que fuiste y seras 4 mai - 18h30 4 mai - 20h amphithéâtre du musée Tango, musiques urbaines d’Argentine salle des concerts Juan Carlos Cuacci Punto de partida

Angel Villoldo / Enrique Santos Discépolo Michel Plisson, musicologue El Choclo Jeanne-Marie Vacher, producteur à France Culture Carlos Gardel / A. Lepera à l’occasion de la parution de Tango, du noir au blanc Melodia de Arrabal dans la collection Musiques du monde (coédition cité de la musique/Actes Sud) O. Avena / H. Negro Para cantarle a mi gente Loin de toute mythification, ce livre retrace l’histoire du tango, depuis les faubourgs de Buenos Aires jus- Nievas Blanco / Homero Expósito qu’à ses interprétations et à ses formations sur les Sexto piso scènes contemporaines. L’auteur explore cet uni- vers qui marie musique, danse, peinture, poésie, où / Jorge Luis Borges l’on chante l’argot des gauchos et les milongos de Alguien le dice al tango Borges et de Carriego au son du bandonéon. Ressuscitée de ses cendres il y a une vingtaine d’an- Sebastián Piana / Cátulo Castillo nées, cette « pensée triste qui se danse » a entrepris Tinta roja une reconquête universelle. Le disque de vingt et un titres réunit à la fois les plus grands interprètes Enrique Santos Discépolo (Gardel, Piazzolla, Susana Rinaldi), quelques raretés Qué vachaché et des titres incontournables comme El Choclo, Sur, ou La Cumparsita. Julián Plaza / Jorge Luis Borges Milonga de los morenos Michel Plisson est chargé de cours à l’université de Paris III, professeur en sciences sociales et ethno- Eladia Blazquez musicologue. Il a effectué lors des trente dernières Si Buenos Aires no fuera asi années de nombreux séjours en Amérique latine, notamment en Argentine et au Venezuela. Ses enre- Mariano Mores / Enrique Santos Discépolo gistrements ont fait l’objet d’une dizaines de disques Uno (voir traduction p. 13-14) et il a publié de nombreux articles dans des revues spécialisées. Anibal Troilo / Cátulo Castillo Desencuentro

Juan Carlos Cuacci La última diagonal Buenos Aires tango

Pedra Laurenz / José M. Contursi Susana Rinaldi Elle aurait pu faire carrière comme comédienne au Como dos extaños théâtre ou sur le grand écran, mais « le hasard objec- tif », cher aux Surréalistes, en décida autrement et, Enrique Cadicamo après un premier succès au 676 de la rue Tucuman, Intimas elle bifurqua définitivement vers le tango au début des années soixante-dix, investissant le genre avec Juan C. Cobián / E. Cadicamo son superbe tempérament. Ce n’était plus seulement Los mareados une femme qui chantait comme avaient pu le faire de si belles façons les Libertad Lamarque ou Mercedes José Dhames / Homero Manzi Simone, mais quelqu’un qui l’interprétait avec une Fuimos perception théâtrale et poétique qui lui était propre. Les grincheux ont grincé. Les novateurs ont bissé dès Mi H. Stamponi / Cátulo Castillo ciudad y mi gente, premier opus d’une discographie El último café riche aujourd’hui de vingt-cinq albums. Une disco- graphie qui en filigrane énonce ses partis pris, notam- Enrique Santos Discépolo ment en faveur des grands paroliers, tous ces letristas Martirio majeurs qui, chacun à leur époque et sur leur registre, surent apporter leur quôte-part à la rénovation du Angel Cabral / Michel Rive Gauche tango, les Homéro Manzi, Enrique Santos Discépolo, La Foule Homéro Exposito, Alfredo Le Pera, etc. Pour accompagner cette trajectoire singulière, rien Carlos Gardel / A. Lepera que du beau monde : les acteurs d’un tango évolutif El día que me quieras ou totalement « piazzolisé » ; Yehudin Menuhin ou Atahualpa Yupanqui aux encouragements ; un Julio Homero y Virgilio Expósito Cortazar, ami précieux, aux conseils, etc. Mais ne fal- Naranjo en flor lait-il pas de tels appuis quand la soldatesque tra- quait la sédition des esprits, et que des pans entiers Carmen Guzmán / Mandy de la culture argentine prenaient les chemins de l’exil. Porque vas avenir Dans ce jeu du destin, la France fit plus qu’apprécier son talent : elle l’adopta, et cela dès ses premiers durée du concert : 2 heures sans entracte concerts (1976-1977) dont ceux du Théâtre d’Orsay, du théâtre de l’Odéon (avec le soutien de Jean-Louis Barrault) ou de l’Olympia. C’est un fait, le tango-chanson, né avec la seconde Susana Rinaldi, chant génération d’immigrants, n’a cessé à travers les méta- Juan Carlos Cuacci, claviers, arrangement, direction phores de la détresse amoureuse, d’évoquer le déra- Walter Rios, bandonéon cinement, cette quête d’une (mère) patrie originelle, José Luis Colzani, batterie fatalement idéalisée. Que quelques décennies plus Juan Esteban Cuacci, piano tard le tango – dictature militaire oblige – ait été Lila Horovitz, contrebasse contraint de quitter sa (mère) patrie d’adoption, parut

notes de programme | 11 Buenos Aires tango Buenos Aires tango

lui faire retrouver ses accents originels. Pour le moins, Uno Uno s’il y a eu un effet Rinaldi, il est à rechercher dans l’expression d’un tango « déterritorialisé », délesté Uno Chacun va cherchant plein d’espoir des clichés d’une argentinité surannée ; un tango Busca Ileno de esperanzas Le chemin que ses rêves qu’elle a servi avec une si large palette d’interpréta- el camino que los sueños Ont promis à ses désirs. tions et des lectures à ce point émotionnelles, qui prometieron a sus ansias. C’est une luttre cruelle, infinie, expliquent la puissance évocatrice de son chant. Sabe que la lucha Mais on lutte et on se saigne es cruel y es mucha Pour la foi qui nous entête... F. T. pero lucha y se desangra por la fe que lo empecina. hommage Elle doit s’appeler Susana, objet parmi les fleurs De cette redoutable ville qui fait peur Uno Chacun va traîner dans des épines, Elle doit lutter, debout, de ces jeunes années va arrastrándose entre espinas Pour faire don de son amour. Et de mon être doit être amie, aimée y en afán de lar su amor Et l’on souffre, on se déchire, lucha, y se destroza hasta entender Pour comprendre un jour, enfin, Susana doit s’épanouir d’entre les pavés que uno se quedó sin corazón. Qu’il faut payer de son cœur, De ce patio d’hier, tel un épi de blé. Precio de castigo que uno entrega C’est la rançon de la vie : De son propre destin elle sera le cocher por un beso que no Ilega. Un baiser se fait attendre, Et des roses pour moi naîtront de son rosier O un amor que lo engañó Un amour vous a trompé... Vacio ya de amar y de Ilorar Vidé d’avoir aimé et de pleurer Mais moi, je l’aime ainsi, cordiale et militante tanta traición... Tant de trahisons ! Aimant sans fin le monde et tous ses habitants Avec, toujours en paix, un immense cœur vaillant. Si yo tuviera el corazón Ah, si j’avais toujours mon cœur, el corazón que di. Ce cœur que j’ai donné ! Je veux seulement qu’elle pense et qu’elle chante Si yo pudiera como ayer, Si je pouvais autant qu’hier Car, elle, quand elle chante, c’est elle qui ressent quere sin presentir. Aimer sans y penser... Et peu importe ce que pensent les autres ! Es posible que a tus ojos Je saurais fermer tes yeux que me gritan su cariño Qui me clament leur amour Catulo Castillo los cerrara con mis besos. De la force de mes baisers... traduction Michel Anfrol Sin pensar que eran como esos Sans penser à d’autres yeux, otros ojos los perversos, Ces autres yeux pervers los que hundieron mi vivir. Qui ont fait sombrer ma vie... Si yo tuviera el corazón... Ah, si j’avais gardé mon cœur, el corazón que di. Le cœur que j’ai perdu ! Si olvidara a aquel que ayer Si j’oubliais celle qui, hier, lo destrozó y hoy pudiera amarte... L’a déchiré... Si je pouvais t’aimer... me abrazaria a tu ilusión Et t’embrasser, toi, l’illusion, para Ilorar tu amor. Je pleurerais d’amour !

12 | cité de la musique notes de programme | 13 Buenos Aires tango

Pero Dios te puso en mi camino Mais le Bon Dieu t’a mis sur mon chemin samedi sin pensar que ya es muy tarde Sans penser qu’il est trop tard : 5 mai - 16h30 Luis Borda y no sabré cómo quererte. Je ne saurais comment t’aimer... dimanche Milonguera Déjame que Ilore como aquél Laisse-moi pleurer 6 mai - 15h que sufre en vida la tortura Comme pleure celui qui, vivant, subit amphithéâtre du musée Roberto Goyeneche de Ilorar su propria muerte. Le tourment de pleurer sa propre mort... De mi Barrio

Bueno como sos habrias salvado Pure comme tu es, tu aurais sauvé Enrique Santos Discépolo mi esperanza con tu amor. Mon espoir à force d’amour. Sueño de Juventud Uno, está tan solo en su penar. Chacun est si seul dans sa douleur, Uno, está tan solo en su dolor. Chacun est si aveugle dans sa peine... Homero Manzi / Antonio De Biassi Pero un frio cruel et voilà qu’un froid très cruel, Mano Blanca que es peor que el odio Pire que la haine – punto muerto de las almas C’est l’impasse de toute âme, Luis Navalesi tumba horrenda de mi amor... C’est le tombeau de l’amour – Rayuela Maldijo para siempre y me robó M’a volé et maudit à jamais toda ilusión... Mes illusions... Anibal Troilo / Catulo Castillo Si yo tuviera el corazón... Ah, si j’avais gardé mon cœur, Una Canción el corazón que di. Le cœur que j’ai perdu ! Si olvidara a aquel que ayer Si j’oubliais celle qui, hier, Sabastián Piana / Homero Manzi lo destrozó y hoy pudiera amarte... L’a déchiré... Si je pouvais t’aimer... Milonga Sentimental me abrazaria a tu ilusión Et t’embrasser, toi, l’illusion, para Ilorar tu amor. Je pleurerais d’amour ! Luis Borda Tu Ausencia M. Mores / E. S. Discépolo adapt. française de Norberto Gimelfarb anonyme En una Feca

Enrique Santos Discépolo / Homero Aldo Exposito / Virgilio Hugo Exposito Fangal

Juan Carlos Cobián Niebla del Riachuelo

M. Wayne / Dixon / Rose y Nichelini Las 12 de la noche

Enrique Cadiamo / Rosita Quiroga Apología Tanguera

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Homero Exposito Lidia Borda Parmi les nouveaux interprètes qui, ces dernières Naranjo en Flor années, ont réconcilié la jeunesse argentine avec le tango, se détache la figure de Lidia Borda. Se sou- Lucio De Mare / Homero Manzi venant que beaucoup de femmes, par leur interpré- Malena tation, avaient contribué à la grande geste tanguiste, Lidia Borda a investi des répertoires oubliés, notam- Fernando Solana / Astor Piazzolla ment ceux de la période 30-40, pour en exhumer des Vuelvo al Sur trésors, en l’occurence une majorité de tangos com- posés et/ou interprétés par des femmes, puis tombés aux oubliettes. Une démarche poursuivie en 1998 lorsque, avec les chanteuses Cristina Banegas et Lidia Borda, chant Liliana Herrero, elle s’investit dans Veledas criollas, Luis Borda, guitare, arrangements spectacle en forme de manifeste, qui affirme la réap- Inna Surzehnko, piano propriation du genre par les femmes. Depuis, on l’a Gustavo Battistessa, bandonéon vue accompagnée par de beaux complices dont Juan Falu, Antonio Pisano, Luis Cardei, le tandem Horacio Salgan / Ubaldo de Lio ou son frère, le guitariste Luis durée du concert : 1 heure 15 Borda... Elle a participé aussi à des pièces de théâtre et des comédies musicales (Birdland, Una fabula de jazz, Una señora de carne, La risa a toda costa, Dracula, La Casita de mis viejos et Desde el Alma). Et deux albums rendent compte de son travail : Entre sueños (des tangos, milongas et valses, arrangés par son frère, 1997) et Patio de tango (1999), titre d’un spectacle créé au Théâtre San Pedro de Porto Alegre (Brésil) avec Brian Chambouleyron (chanteur d’une extrême sensibilité) et le quatuor de l’arrangeur-gui- tariste Esteban Morgado (qui travailla dans le passé avec Roberto Goyeneche, Adriana Varela et ) qui l’accompagnent pour son séjour parisien.

F. T.

notes de programme | 17 samedi Anibal Troilo 5 mai - 20h Feliciano Latasa / Carlos Pesce Pa’ que bailen los muchachos salle des concerts Gran hotel Victoria Néstor Marconi / Leonardo Marconi Julio de Caro / Pedro Laurenz Bien de arriba Mala junta Castriotti / Contursi Juan Carlos Cobián / Enrique Cadicamo Mi noche triste Nieblas del Riachuelo Maffia / Stafolani Pedro Laurenz Taconeando De puro guapo Pedro Laurenz Pablo Mainetti Amurado Tango del pintor Néstor Marconi Anselmo Aieta / Francisco Garcia Jimenez Un vino de adios Palomita blanca Juan Carlos Cobián / Enrique Cadicamo Anibal Troilo / Homero Manzi Los mareados Sur Astor Piazzolla Juan Carlos Cobian Adios Nonino Mi refugio Néstor Marconi Pablo Mainetti Corrientes arriba La piedrita Anselmo Aieta durée : 40 minutes Corralera

Julio de Caro Pablo Mainetti Quinteto : El arranque Pablo Mainetti, bandonéon Germán Gustavo Martinez, guitare Néstor Marconi Marisa Hurtado, contrebasse Moda tango Hernán Leonardo Possetti, piano Leonardo Guillermo Ferreyra, violon Néstor Marconi Trio : Néstor Marconi, bandonéon Leonardo Marconi, piano entracte Oscar Giunta, contrebasse Buenos Aires tango Buenos Aires tango

Pablo Mainetti A trente ans, le bandonéoniste Pablo Mainetti affiche Néstor Marconi Trio Néstor Marconi – qui fait le voyage accompagné par Quinteto un solide parcours. Après des débuts à l’école de Oscar Giunta (contrebasse) et son fils Leonardo – fait musique populaire d’Avellaneda avec des professeurs partie du gotha des bandonéonistes. Après avoir joué de l’envergure de Daniel Binelli ou Rodolfo Mederos, il avec Jorge Basso, Horacio Salgán et Astor Piazzolla, se perfectionne avec Néstor Marconi et Julio Pane, étu- il met sur pied, dès 1973, le Vanguatrio dont l’appel- die la composition avec Santiago Giacobbe, puis fait lation illustre assez bien ses intentions esthétiques : ses classes dans des formations renommées (celles celles d’un groupe qui, à travers des arrangements de Daniel Binelli, Néstor Marconi, , inspirés du jazz, va s’employer à rénover le fonds tra- Rodolfo Alchourrón, Roberto Goyeneche) et des com- ditionnel. Musicien d’une extrême virtuosité au phrasé pagnies (Tango x 2, Tango 7 ou Cie Juan Carlos Copes). fort personnel, Néstor Marconi dont les qualités d’ar- En 1992, dans le pavillon argentin de l’Exposition de rangeur et de compositeur sont prisées, sera partie Séville, il interprète une œuvre de Rodolfo Mederos sur prenante de nombreuses collaborations. Se souvenir une chorégraphie d’Oscar Aráiz ; puis le Festival de en particulier de son tandem avec Roberto Goyeneche tango de Grenade le conduit en Espagne avant qu’il en 1989 pour le film de Solanas, Tangos del sur – ne s’établisse à Barcelone. Toujours aussi entreprenant, complicité qui le fit remarquer par les critiques, d’au- outre l’enregistrement de son Concert pour bandonéon cuns le désignant alors, comme successeur d’Astor et orchestre (avec l’Orchestre de chambre de Lliure, Piazzolla. Pour le moins, Néstor Marconi, qui a parti- sous la direction de Josep Pons), il participe à de nom- cipé à de nombreux enregistrements, a une griffe, un breux hommages à Astor Piazzolla tant à Barcelone, tempérament et une approche des plus spécifiques. Madrid, Paris (avec Amélita Baltar et Julio Bocca) qu’à Avec Oscar Giunta, ils ont eu le privilège d’avoir inté- Rome (avec Maximiliano Guerra). Il compose la musique gré le Nuevo Quinteto Real d’Horacio Salgan. des ballet Diario de unas horas et Gestos del Camino pour la compagnie La Nomina imperial. Il crée le groupe F. T. La Morocha et devient membre du Quintet Araca et du Quartet Vidal, Mainetti, Fumero, Bardagi. On le voit aussi participer comme soliste à l’enregistrement de la Messe à Buenos Aires de Martin Palmieri (avec l’Orchestre phil- harmonique de Lettonie) et diriger l’orchestre de la créa- tion Tango-Tango au Kristal Palast Variete de Leipzig. Revenu au pays, il retrouve la compagnie Tango X 2 et participe en tant que soliste à la création Una noche de tango, intègre l’Orchestre de tango de Buenos Aires (sous la direction de Raúl Garello et Carlos García), accompagne la chanteuse Amélita Baltar et forme son propre quintette. Derniers faits d’armes ces derniers mois : une tournée au Japon avec l’Octeto Eléctrico de Daniel Piazzolla et l’enregistrement de l’album Hôtel Victoria. Un éclectisme qui fait de lui une des figures majeures de la relève lors du dernier festival Buenos Aires Tango en Argentine en mars dernier.

20 | cité de la musique notes de programme | 21 Buenos Aires tango samedi bal tango* Juan Cedròn Longtemps en France le Cuarteto Cedron fut, pour 5 mai - 22h30 Orchestre La Tipica un large public, considéré comme l’un des meilleurs rue musicale ambassadeurs du tango. Ce statut, il le devait au fait El Andariego qu’il s’était nourri à la source des maîtres du genre. Mais s’il faisait découvrir la poésie de Tunon ou de Homero Manzi / Anibal Troilo Gelman, le Quatuor interprétait aussi des tangos tra- La última Curda ditionnels et n’avait jamais renié le tango dansé. En 1988, pour le spectacle Mémoire de Buenos Aires, Mariano Mores la formation est amenée à retrouver les arrangements Tanguera originaux du répertoire, ainsi qu’à revisiter les forma- tions successives qui ont marqué l’évolution du tango, Homero Expósito / Domingo Federico du trio violon/flûte/guitare au sextuor des années Yuyo verde 1920-35, puis au grand orchestre des années 1940- 55. Puis, regain du bal populaire aidant, dans la fou- Agustín Bardi lée de cette synthèse musicale et chorégraphique, La Racha l’équipe de Juan Cedron va réaliser « un rêve de gosse » en créant La Tipica – formation qui se veut José-María Contursi / Anibal Troilo fidèle à l’esprit des grandes formations qui animaient Toda mi Vida les bals populaires dans l’Argentine des années fastes lorsque le disque, le cinéma, le théâtre s’emparent Osvaldo Pugliese du tango et le propulsent en Amérique Latine et en Negracha Europe. Epoque faste durant laquelle le tango, grave Malandraca ou drôle, canaille ou nostalgique, tient avec superbe la chronique sceptique de son temps. José-María Contursi / Anibal Troilo Formée par et autour du Cuarteto Cedron (devenu Valsecito amigo quintette), La Tipica rassemble donc quatorze musi- ciens autour de Juan Cedron. Et son répertoire met à Homero Manzi / Anibal Troilo l’honneur les maîtres de l’Âge d’or (Carlos Gardel, Sur Osvaldo Pugliese, Anibal Troilo, Julio De Caro, etc.), comme il se doit dans les arrangements d’époque, Anibal Troilo selon une subtile alternance de grands classiques, La Trampera candombés, milongas, valses : un cocktaïl qui a pour ambition de recréer l’atmosphère qui présidaient aux Celedonio Flores / Pintín Castellanos bals des rives du Rio de la Plata. La Puñalada F. T. Juan Cedròn, chant, direction Orchestre La Tipica * Le samedi 5 mai, en prélude au bal, deux cours de tango Philippe Leygue, DJ argentin sont proposés gratuitement (à 14h et à 16h, durée 2h chacun) par Victoria Vieyra et Jean-Sébastien Rampazzi Victoria Vieyra, Jean-Sébastien Rampazzi, danse (réservation obligatoire au 01 44 84 44 84).

notes de programme | 23 dimanche Juan José Mosalini 6 mai - 16h30 Emilio Balcarce Fantasias Camperas y Urbanas salle des concerts La Bordona Osvaldo Ruggero Paulos-Rubinstein Bordonéo y 900 Inspiración

Patrice Caratini Juan José Mosalini, bandonéon Le Crabe Leonardo Sánchez, guitare Osvaldo Caló, piano Juan José Mosalini Dominique Debart, direction Violento L’Ensemble - Orchestre régional de Basse- Normandie Gustavo Beytelmann Raices II

Horacio Salgán Suite argentine

Charlie Mingus Fables of Faubus

Juan José Mosalini, bandonéon Gustavo Beytelmann, piano Patrice Caratini, contrebasse

entracte

Astor Piazzolla Hommage à Liège, double concerto pour guitare, bandonéon et orchestre à cordes

Milogón Festivo Buenos Aires tango Buenos Aires tango

Trio Juan José Mosalini, l’un des meilleurs ambassadeurs Cuarteto Cedrón), et s’est-il impliqué dans de nom- Mosalini/Beytelmann/ du bandonéon en Europe, a grandi dans la grande breuses aventures artistiques. C’est en tous cas ce Caratini tradition de la musique populaire argentine. Fils d’une souci du partage de l’expérience qui l’a conduit à famille d’artisans musiciens, professionnel dès dix- jouer avec l’Orchestre régional de Basse-Normandie. sept ans, il se produira avec quelques-uns des Cela de pair avec le guitariste Leonardo Sánchez, meilleurs orchestres ou solistes de son pays : José trente-cinq ans (fondateur du groupe Gomina, Basso, Léopoldo Federico, Astor Piazzolla, Osvaldo membre du quintette Mosalini/Agri ou directeur musi- Pugliese, Edmundo Rivero, Horacio Salgán, Jorge cal-interprète de plusieurs créations dont Libertango, Dragone, Ernesto Baffa... Ainsi, dès son installation en Revolver, Fantasma del Rio de la Plata). Dans la France, en 1977, saura-t-il exprimer ses goûts nova- généalogie du tango, la guitare et le bandonéon for- teurs tout en restant fidèle à l’esprit originel de « la ment un couple clé. Juan José Mosalini et son com- musique canaille qui se danse », cela à travers divers plice contribuent, à leur manière, à poursuivre cette groupes qui marqueront l’histoire du Tango made-in- conversation instrumentale et stylistique. Avec vir- France, à l’enseigne de Guardia Nueva, Tiempo tuosité et sensibilité, leur musique issue du « Nouveau Argentino et Canyengue. Le bandonéon, qui fit son Tango » se nourrit de jazz, de folklore, de musique entrée dans le tango dans les années dix, contribua contemporaine. largement aussi à la maturité du genre à travers le trio de base bandonéon-contrebasse-piano. Juan F. T. Jose Mosalini s’en est souvenu et poussa plus avant la formule esthétique. Ainsi, en 1982, se lie-t-il au pia- niste Gustavo Beytelmann et au contrebassiste Patrice Caratini pour un trio qui va marier les couleurs et les swings du tango, du jazz, de la musique contempo- raine et de la musique de chambre. Soit trois approches et trajectoires musicales mises au service d’une œuvre ouverte, exigeante et sensuelle qu’at- testent les albums (La Bordona, Imagenes, Violento, chez Label bleu). Une démarche passionnante, qui au fil des sessions, loin des collages et fusions de saisons, va accoucher véritablement d’une identité musicale du troisième type.

Duo Soliste de nombreux orchestres en Europe, Juan José Mosalini/Sanchez Mosalini est également un pédagogue soucieux de la transmission, dans le sillage de son maître spirituel Osvaldo Pugliese, avec lequel lui-même avait eu la chance d’apprendre durant sept ans. Ainsi fut-il, en 1988, à l’initiative du premier cours de bandonéon à l’École nationale de Musique de Gennevilliers (rejoint par la suite par César Strocio, cofondateur du

26 | cité de la musique notes de programme | 27 Buenos Aires tango Buenos Aires tango biographies Buenos Aires . Elle se pré- de son répertoire. Sans se l’Uruguay]. Parmi les nom- à Mar del Plata pour son Rome, Madrid, Mexico, sente dans la grande salle priver des moments les plus breuses distinctions dont disque Sin estridencias Montevideo, Copenhague, de l’Unesco en 1978, 1984 représentatifs de ce genre elle a été l’objet, citons : le (1999), le Grand Prix de Helsinki, Stockholm, etc. À Susana Rinaldi et 1990. En 1991, elle réa- difficile, elle réussit à en titre de Chevalier de l’Ordre Finlande au titre de la partir de là vont suivre de a suivi des études de chant lise et interprète en donner le plus large éventail, des Arts et de l’Éducation « Reine du tango » (1999) et nombreuses comédies au Conservatoire national Argentine l’œuvre dont elle à nous promener le long artistique (à Paris) en recon- le Grand Prix de la Sadaic musicales comme La Cage de musique et a étudié l’art est l’auteur : Tangos de d’une soirée, sur les trottoirs naissance de son action en [la Sacem argentine] pour aux Folles avec Tato Bores dramatique à l’École d’art mala vida. Cette même de la ville du tango, ce faveur de la musique popu- avoir été considérée et Carlos Percivalle "Sugar", dramatique de Buenos année, elle est invitée pour “Buenos Aires Querido“ laire (1977), le Sagittario comme la « meilleure Alta Sociedad et Molly Aires. Elle débute au théâtre la clôture du Festival de dont Gardel s’était fait le d’Oro en Italie (1978), le Prix ambassadrice du tango à Brown, dont certaines et se fait tout d’abord Saint-Jacques-de- chantre. » Elle est actuelle- Garcia-Lorca à Cuba l’étranger » (2000). seront montées par la suite connaître en qualité de Compostelle qui avait été ment à la tête du Secrétariat (1985), le Prix Luigi-Tenco à en Colombie avec David comédienne, travaillant inauguré par José Carreras. de la Culture argentine où San Remo (1986), le Targa Juan Carlos Cuacci Stivel pour directeur. Avec aussi bien à la radio, à la En 1992, en tant qu’invitée elle œuvre pour d’Oro à Florence (1987), le commence ses activités Susana Rinaldi, il participe à télévision, au cinéma qu’au d’honneur, elle chante à l’Association des Acteurs titre de Chevalier de l’Ordre musicales en 1960 en tant plusieurs spectacles dont théâtre. Elle chante pour la l’Expo Sevilla. L’éminent argentins pour la défense de San Martin de Tours que musicien de jazz. En Dale Nomás, Y Vamos Ya, première fois à Buenos poète Julio Cortazar a écrit de leurs droits. Parmi ses (1987), le titre de Chevalier 1964, il entre à l’université Vamos Todavía, Tangos de Aires dans un café-concert d’elle : « Susana Rinaldi sait projets artistiques, elle a de l’Ordre des Arts et des de La Plata en classe de la Mala Vida, Gotán ; et (le premier de ce genre exis- que le tango a été avant, et programmé une prochaine Lettres à Paris (1990), le titre perfectionnement de direc- avec Juan Carlos Copes et tant dans la capitale) qui surtout à Buenos Aires, une tournée en Espagne de « citoyenne illustre » de tion d’orchestre et Raúl Lavié Tiempos del Mal s’appelait La Botica del musique des faubourgs (Barcelone, Madrid, Murcia, Buenos Aires (1990), l’ordre d’arrangement choral, puis Vivir, Sin Estridencias et Angel (La Boutique de comme la java et le blues, Carthagène... avec le Grand des Palme al Merito en Italie dirige le Chœur universitaire Tangos de una Noche. Ses l’ange). Elle était alors la pre- un testament de la cité, sa Orchestre symphonique de (1991), le titre d’« ambassa- et la Chorale Ars Nova. En activités en tant que chef mière femme à s’approprier chronique des nuits Murcia avec, au pro- drice de Bonne Volonté » à 1968, il assure la direction d’orchestre le mènent à dans son pays la formule d’amour, d’abandon et de gramme, un spectacle l’Unesco (1992), le Prix du Chœur de chambre de collaborer avec l’Orchestre du one man show... Elle mort, sa nostalgie d’un semblable à celui donné il y Lobo de Mar (1995), le titre la Province de San Luis et philharmonique de Bogota, donne ensuite plusieurs bonheur impossible, son a un an en Finlande) puis de Citoyenne d’honneur de réalise la même année les avec lequel il crée la Misa récitals de tango en constat de pauvreté, sans part au Venezuela ; elle a la ville de Mar del Plata premiers arrangements Negra de Julio Quevedo en Argentine et fait des tour- espoir de rachat. La voix de ensuite choisi de revenir sur (1995), le Prix Estrella de pour le groupe récemment 1989 ; avec Susana Rinaldi nées en Uruguay, au Brésil, Susana Rinaldi est une voix scène en tant que comé- Mar pour la « meilleure pro- formé Opus Cuatro, dont il avec qui il se produit au Pérou et au Chili. Elle de perfection dont elle se dienne à la fin de cet été à duction » et le « meilleur est l’arrangeur actuel. accompagné de chante à Paris en 1976 sert, sans jamais appuyer, Buenos Aires. Elle va égale- costume » (1996), l’inaugu- Depuis 1972, il travaille en l’Orchestre du tango de (Théâtre d’Orsay, présentée mais en créant, dès la pre- ment enregistrer, ration de la « rue tant que musicien, arran- Buenos Aires et l’Orchestre au public au français par mière note ou au premier accompagnée par le poète Susana-Rinaldi » à Buenos geur et directeur artistique symphonique de Caracas. Jean-Louis Barrault, avec mot, une tension que le et l’Orchestre Aires (1996), Médaille de de Susana Rinaldi. Avec Il travaille également avec des textes de Cortazar et public subit comme un sor- symphonique du Chili, une vermeil de la Ville de Paris elle, il s’est produit dans des orchestres du monde Hector Bianchotti), en 1977 tilège. Et puis, il y a le choix. œuvre qu’Astor Piazzolla (1997), le titre de docteur des villes importantes entier : l’Orchestre attitré de et 1980 (Olympia), en 1977 Jamais le vulgaire, hélas si avait écrite avec Ferrer il y a honoris causa de l’université comme Paris, Rio de la télévision de la ville de et 1978 (Théâtre de la Ville) fréquent des tangos trente ans : l’Oratoire de de Costa Rica (1998), le Janeiro, Sao Polo, Buenos Mexico, le Stockholm et en 1984 aux Trottoirs de célèbres, n’aura fait partie deux peuples [l’Argentine et Grand Prix de la Trajectoire Aires, Caracas, Milan, Sparvagsmans Musikkar,

28 | cité de la musique notes de programme | 29 Buenos Aires tango Buenos Aires tango l’Orchestre philharmonique Bolivie, en Uguguay et au Puente, participé à l’hom- internationale ainsi que Juárez, avec qui il se pro- Juan Esteban Cuacci de Mendoza, l’Orchestre Paraguay. Après avoir créé mage à Jorge Luis Borges dans diverses émissions duit à l’Expo Sevilla en L’instrument principal de philharmonique de l’ensemble Músicos de au Théâtre général San télévisées. En même Espagne en 1992, accom- Juan Esteban Cuacci est le Montevideo, l’Orchetre du Buenos Aires, où il reste Martín aux côtés d’artistes temps, il continue de s’illus- pagné d’Alberto Cortes. De piano, mais il joue égale- premier festival de musique trois ans, le bandonéoniste comme Federico Luppi, trer dans le milieu même, sous la direction de ment de la guitare et de la de Punto del Este, s’installe à Paris, où il Patricio Contreras, Manuel symphonique, jouant Nestor Marconi, il intègre basse électrique. Il est aussi l’Orchestre symphonique donne des récitals et enre- Callau, Hugo Arana, comme musicien supplé- un programme culturel de arrangeur et compositeur. Il de Mar del Plata et gistre avec des musiciens Susana Rinaldi, Bernardo mentaire avec l’Orchestre musique folklorique et de a commencé à se produire l’Orchestre attitré de Tango français et argentins, dont Baraj sous la direction de philharmonique du théâtre tango pendant plusieurs dans des spectacles à par- Markinat de Sinajoki en Horacio Molina et Jairo. De Leonor Manso. La particu- Colón dirigé par des chefs années. En 1997, il réalise tir de 1991 ; citons : Molly Finlande. retour en Argentine, il fait larité de cet artiste réside tels qu’Ignacio Calderón et des performances à Tokyo Brown en 1991 (avec des représentations dans dans la variété des genres, Simon Blech. Dans les au Japon avec Walter Rios Susana Giménez), Minas Walter Ríos divers théâtres et enregistre qui vont du tango jusqu’au années 80, il rejoint et un orchestre de musique Fieles de Gran Corazon de est né en 1942 à San un disque en duo avec le rock, en passant par le folk- l’Electrica Rioplatense, urbaine. En 1998, il est bat- Susana Rinaldi en 1993, Eduardo, dans la province guitariste Ricardo lorique, y compris le groupe de fusion ayant teur invité à l’Orquesta Recuerdos y Porvenir en de Santa Fé. Il a fait Domínguez. En décembre reggae. pour leader Emilio del Filarmónica de Montevideo 1993 et 1994 (avec Susana connaissance avec la 1987, il part pour la pre- Guerci. Il s’illustre dans le en Uruguay qui accom- Rinaldi), Canciones para musique à cinq ans, en mière fois au Japon, et y José Luis Colzani tango avec d’éminents pagne Susana Rinaldi, Mirar de Maria Elena Walsh compagnie de son père, effectue une tournée au Il commence ses études de artistes comme Susana expérience qu’il répète en 1993 (arrangements et puis continue à étudier à cours de laquelle il se pro- percussion à onze ans au Rinaldi, avec qui il se pro- avec la Sinfónica Nacional direction), Gotan de Julio Rosario. En 1960, il arrive à duit sur les scènes les plus Conservatoire Manuel de duit au Mexique, en de Venezuela et la Sinfónica Tahier de1995 à 1997 (avec Buenos Aires, intègre le importantes de Tokyo et Falla avec pour professeur Colombie, au Chili, en de Mendoza en Argentine, Susana Rinaldi, Raúl Lavie, Conservatoire national de Nagoya. Ses travaux Barilli. Il intègre le groupe de Uruguay, en Allemagne, et sous la direction de Juan C. Juan Carlos Copes et Musique et fait partie de récents comprennent percussions du conserva- en Grèce. De même, avec Cuaci, Sergio Ruetsch, et María Nieve), Tangos de divers orchestres typiques. notamment la direction toire, jouant divers Atilio Stampone, il joue Federico García Vigil. Il se una Noche de Venano de Cinq ans plus tard, il forme musicale de Forever Tango instruments. Parallèlement, dans le ballet Tango, sous produit avec le quartette et avec Susana Rinaldi en l’ensemble Tango Trío et ; la collaboration avec le il étudie la batterie avec la direction d’Oscar Araiz Mario Parmisano à 1997, Tiempos del Mal Vivir accompagne des person- Septeto Argentino ; la Alberto Alcalá et intègre au Théâtre Colón, expé- Sarmiento et à Paraná, de et avec Susana Rinaldi nalités comme Edmundo direction de la fameuse divers groupes de rience qu’il renouvelle dans un récital qu’organise en 1997 au Teatro San Rivero, Hugo del Carril, maison de tango El viejo l’époque. Durant l’année actuellement avec le dan- le Centre culturel du théâtre Martín de Buenos Aires, et Roberto "Polaco" almacén ; des collabora- 1974, il voyage en Europe, seur Julio Bocca, à New San Martín, aux côtés de Companeros del Alma de Goyeneche, Roberto tions fréquentes avec où il se produit avec plu- York et divers autres pays. Il musiciens comme Susana Rinaldi en 1997 (en Rufino, Rubén Juárez et Susana Rinaldi ; et la direc- sieurs groupes et se produit et enregistre Guillermo Vadalá et Suède). Il a commencé très Néstor Fabián. Ríos donne tion musicale du Festival de commence à travailler en avec Raul Lavié, José Alejandro Santos. Enfin, tôt à se produire sur scène vie au Quinteto de Música Cosquín. Il a récemment Italie comme musicien de Colángelo, avec le Walter avec le quartette Ernesto en concert avec d’éminents de la ville de Buenos Aires. pris part au Festival de Jazz studio. Au bout de quatre Ríos Sexteto, Julián Plaza, Dmitruk il joue de temps en artistes tels que Susana Il donne plusieurs presta- de Stockholm, où il a par- ans, il revient à Buenos Libertad Lamarque, temps au Jazz & Blues, au Rinaldi, Liza Minelli, Julio tions dans divers pays, tagé la scène avec des Aires où il se produit et Roberto Goyenche, Hugo Jazz Club, et au théâtre Bocca... essentiellement en notamment en Espagne, grands comme Chick enregistre avec des artistes Marcel, María Graña, San Martín. Argentine et en Suède au Chili, au Pérou, en Corea, Ray Charles, et Tito de renommée nationale et Adriana Valera, Rubén (depuis 1998).

30 | cité de la musique notes de programme | 31 Buenos Aires tango Buenos Aires tango

Lila Horovitz avec l’Orchestre acadé- oubliettes. Depuis 1989, Tango. Durant la saison Copes et Tango Forever. A musique d’Astor Piazzolla a étudié la basse électrique mique du théâtre Colon, et elle chante avec des musi- 1999-2000, elle a voyagé l’occasion du Festival de et le Cuarteto tango/folklore et la contre- s’est produite avec le ciens de renom (1990 : en France (Strasbourg, Tango de Grenade et de Vidal/Mainetti/Fumero/Bard basse tango entre 1995 et groupe Deep Purple Duo de Marionetas, Juan Paris, Bayonne et Biarritz) l’Exposition Séville 92, il agi. Il dirige l’orchestre du 1998 à l’Ecole de Musique accompagné de Falú & Luis Borda ; 1994 : avec la compagnie part en Espagne, et inter- spectacle Tango-Tango, au Populaire d’Avellaneda en l’Orchestre symphonique Los Moyanos ; 1995 : Recuerdos son Recuerdos, prète, sur le pavillon Kristal Palast Variete de Argentine. Elle a suivi les de Buenos Aires au stade Antonio Pisano, Luis au (avec les argentin de l’Exposition, Leipzig, pour accompagner cours de Guillermo Vadalá, Luna Park à Buenos Aires Cardei, Luis Borda mêmes artistes), en une œuvre de Rodolfo les danseurs Ricardo et Cesar Franov, Máximo comme contrebassiste, et Quarteto ; 1996 : Los Allemagne avec son qua- Mederos, avec une choré- Nicole. Puis il se réinstalle à Rodríguez (basse élec- a également participé à Gigantes de Buenos Aires ; tuor, à Porto Alegre au graphie de Oscar Aráiz. Il Buenos Aires, où il tient le trique), de Carlos Vega et l’opéra Gianni Schichi de G. 1998 : Horacio Salgán- Brésil et en Italie pour le reste travailler à Séville, puis solo de bandonéon au Daniel Buono (contre- Puccini au théâtre Avenida Ubaldo De Lio) et participe Festival Roma Europa part à Barcelone, où il s’ins- spectacle Una Noche de basse), et de Pedro Aguilar à Buenos Aires avec à des comédies musicales (Turin). Elle a participé au talle. Il a également Tango de l’ensemble Tango (harmonie et composition). l’Orchestre Juventus Lyrica. et des pièces de théâtre (en festival international de participé à chacun de ces x 2. En 1998, il intègre Entre 1993 et 2001, elle En 1996, elle a reçu le prix 1989 Birdland, Una fabula tango de Buenos Aires ainsi hommages à Astor l’Orchestre du Tango de s’est produite en tant que du Meilleur Groupe de de jazz, Una señora de qu’au cycle Venano Piazzolla : à Paris avec Buenos Aires, sous la bassiste et contrebassiste Jeunes de Tango, et en carne ; en 1990 La risa a Porteño de la même ville. Amelita Baltar et Julio direction de Raúl Garello et avec divers artistes et for- 2000, le premier prix du toda costa ; en 1992 Bocca, à Barcelone au Carlos García. L’année sui- mations dans le monde concours Jeunes du Sud Dracula, en 1995 La Casita Pablo Mainetti Festival Grec’96, à Rome vante, il accompagne de entier et s’est illustrée aussi avec le quartette de contre- de mis Viejos ; en 1996 Né à Buenos Aires en avec Maximiliano Guerra, nouveau la chanteuse bien en musique populaire basses Gravissimo pour sa Desde el Alma). En 1997, 1971, il commence à étu- au Théâtre Opéra de Amelita Baltar au Théâtre qu’en musique classique. propre œuvre Tango Grave. elle enregistre son premier dier le bandonéon à l’École Buenos Aires avec Daniel Maipo. Toujours en 1999, il Pour la musique populaire, album Entre Sueños avec de Musique populaire de Binelli et à Madrid dans le forme son quintette qui, elle a accompagné le quin- Lidia Borda des tangos, des milongas Avellaneda, avec, entre cadre du Festival pour le moment, s’est pro- tette instrumental Tangata Née en 1966 en Argentine, et des valses, arrangé par autres, des professeurs d’Automne. Par ailleurs, il duit à l’Institut de Rea dans des tournées elle étudie le chant, puis le son frère, le compositeur et comme Daniel Binelli et écrit la musique du ballet Coopération ibéroaméri- mondiales (Etats-Unis et théâtre dès 17 ans. Elle fait guitariste Luis Borda. En Rodolfo Mederos. Il se per- Diario de unas horas et caine (ICI), au Deuxième Europe, 1996 à 1998), partie de la génération des 1998, elle se produit avec fectionne ensuite Néstor Gestos del Camino pour la Festival international de Facundo Saravia (Cordoue jeunes chanteuses qui, ces la chanteuse et comé- Marconi et Julio Pane, tout compagnie La Nomina Tango parrainé par la Ville en Argentine, 1997), dernières années, ont dienne Cristina Banegas et en étudiant la composition Imperial, avec qui il joue de Buenos Aires, et au Susana Rinaldi (Washington rendu le tango à nouveau la chanteuse Liliana Herrero avec Santiago Giacobbe. Il dans de grandes villes Deuxième Festival de et New York, 1999), le accessible à la jeunesse de dans une série de concerts commence à travailler avec d’Europe et d’Asie. A Tango de Porto Alegre au spectacle de tango, folklore Buenos Aires. Son réper- intitulée Veladas Criollas qui divers orchestres, dont Barcelone, il enregistre le Brésil. Il a réalisé les arran- et flamenco Malambo toire est exceptionnel : il est révolutionne la scène celui de Daniel Binelli, Concerto pour bandonéon gements du quintette, sauf (Stockholm, Oslo, constitué de tangos des tango. En mai, 1999 elle est Néstor Marconi, Atilio et orchestre d’Astor pour les compositions Götegborg, Västeras, années 30 et 40. Une invitée au 2e Festival de Stampone, Rodolfo Piazzolla, avec l’Orchestre d’Astor Piazzolla. Il s’est 2000), Juan Esteban majorité de ces tangos a Buenos Aires. Suite à ce Alchourrón, Roberto de Chambre de Lliure, sous récemment joint à l’Octeto Cuacci et Mike Agusson été composée et/ou inter- grand succès, la ville de Goyeneche, et dans les la direction de Josep Pons. Eléctrico, lors d’une tour- (Stockholm, 2001). Entre prétée par des femmes, Buenos Aires produit son compagnies Tango x 2, Il intègre ensuite le quintette née au Japon, avec des 1999 et 2000, elle a joué puis est tombée aux deuxième album, Patio de Tango 7, Juan Carlos Araca pour interpréter la œuvres d’Astor Piazzolla.

32 | cité de la musique notes de programme | 33 Buenos Aires tango Buenos Aires tango

Néstor Marconi principaux orchestres dombe, de valse et de cha- la France. Au fil des ans, le Orchestre La Tipica phique qu’il présente avec Aujourd’hui, le maître d’Angleterre, de Suisse, marrita ; car si le tango est style de l’ensemble va s’af- La Tipica est constitué à la participation de spécia- Néstor Marconi est consi- d’Autriche, d’Allemagne, devenu en Europe une firmer et s’enrichir avec les l’image et dans l’esprit des listes du genre, comme déré comme l’un des d’Espagne, de France, du sorte de « label » de rencontres, les apports de grandes formations qui ani- Gustavo Beytelmann, Juan joueurs de bandonéon les Canada et des États-Unis. l’Argentine, une multitude chacun et une solide pra- maient les bals populaires José Mosalini et le grand plus importants et les plus Néstor Marconi a donné de rythmes et de traditions tique de l’improvisation, dans l’Argentine des Antonio Agri. Ce spectacle reconnus au monde. des concerts mémorables musicales y existent, que sans renier ses valeurs pre- années 40-50. Formée par l’amène à retrouver les Depuis le début des au Théâtre Colon de Juan Cedron explore à la mières : exigence artistique, et autour du Cuarteto arrangements originaux du années 70, son nom a été Buenos Aires. Avec le vio- recherche d’une couleur émotion, poursuite d’une Cedron, elle rassemble répertoire et à faire revivre associé à celui de célébri- loncelliste Yo-Yo Ma, il a toute personnelle et sans esthétique et d’une quatorze musiciens : six sur scène les formations tés comme Astor Piazzolla, joué à Seattle, Los cesse renouvelée. Par-des- conscience sociale parta- violons, alto, violoncelle, successives qui ont mar- Enrique Francini, Héctor Angeles, Miami, sus tout, il fait prévaloir gées. Aujourd’hui, c’est le contrebasse, trois bando- qué l’évolution du tango. Stamponi ou le grand Washington et New York. l’émotion, dont une remar- jeune Manuel Cedron qui néons, piano et chant. Le Quelques années plus tard, Horacio Salgán, avec qui il Actuellement, Nestor quable technique tient magistralement le répertoire de la Tipica met c’est le regain du bal popu- fait partie aujourd’hui du Marconi continue ses instrumentale renforce l’effi- fuelle (bandonéon) et à l’honneur les maîtres laire : le nouveau millénaire Nuevo Quinteto Real. Il a représentations au Club del cacité. C’est à la recherche Roman Cedron la contre- incontestés du tango : s’annonce sous le signe participé à des projets Vino avec le Trio Real et le de cette couleur qu’il entre- basse, tandis qu’Emilio Pugliese, Troilo, De Caro, d’une humanité positive, comme l’opéra-tango Nuevo Quinteto Real. prend de donner une place Cedron vient ajouter son Gardel... dans les arrange- sensuelle et chaleureuse. María de Buenos Aires. prédominante au bando- violon à un quatuor devenu ments d’époque. Aux Les bals de quartier renais- Néstor Marconi s’est pro- Juan Cedron néon, incitant quintette. Et la fascination grands classiques du sent ici et là, le public se duit sur des scènes La créativité de Juan l’instrumentiste à dévelop- de cet étrange et violente genre, elle mêle candom- presse aux guichets d’une prestigieuses aux États- Cedron témoigne depuis per le « dramatisme » de la beauté s’exerce toujours bés, milongas et valses, nouvelle expression artis- Unis, en Europe, en Asie et toujours d’une recherche main gauche. Ainsi, à une sur le public. Au travers de faisant ainsi revivre l’atmo- tique, d’une nouvelle en Amérique. Il a égale- esthétique vitale. Avant tout époque où l’on pouvait multiples rencontres et sphère d’un bal sur les pratique culturelle : celle de ment joué avec Frank compositeur, il décide très penser que le tango s’était créations musicales rives du Rio de la Plata, la fête. C’est pourquoi en Sinatra, sous la direction jeune de travailler la poésie, figé autour de figures du (Ensemble El Noneto, avec un goût de fête 1998, les musiciens du de Don Costa. Il a participé et crée, sur des textes passé, Juan Cedron lui spectacles Mémoire de donné à chaque soirée. Cuarteto Cedron réalisent au film Sur du réalisateur remarquablement élaborés, donne un nouvel essor, à Buenos Aires et Mémoire Parce qu’il s’est nourri à la un rêve – un rêve de gosse Pino Solanos avec Roberto une musique originale, sans travers le Cuarteto Cedron. des Mayas, création de Les source de ceux qui, à – en faisant naître La Goyeneche. Néstor renier pour autant ses res- L’ensemble réunit d’abord Milongas d’Antigone avec l’époque, furent les maîtres Tipica, à l’image des Marconi a aussi participé sources traditionnelles. Ses autour de Juan Cedron la Compagnie du Chêne incontestés du tango, le orchestres typiques qui au film Tango du réalisateur inspirateurs poétiques sont (voix et guitare) le bando- Noir d’Avignon, orchestre Cuarteto Cedron en a inté- synthétisaient ces valeurs espagnol Carlos Saura. Julio Huasi, Raúl Gonzalez néon de César Stroscio, le de tango La Tipica et bien- gré l’esthétique et les dans l’atmosphère bruis- Lors d’une très longue Tunon, Juan Gelman, violon de Miguel Praino tôt un drame musical éléments techniques tout sante, frondeuse et tournée au Japon entre Francisco Urondo, Roberto (qu’il troquera bientôt pour d’après Les sept Fous de en produisant une musique laborieuse du Buenos Aires 1988 et 1991, il a présenté Arlt, Acho Manzi, Dylan un alto aux sonorités plus Roberto Arlt), Juan Cedron charnelle, éminemment de l’époque. Si La Tipica son spectacle Tanguísimo Thomas, Bertold Brecht... Il graves, plus charnelles) et poursuit une trajectoire vivace. En 1988, il conçoit rassemble pour cela des avec l’Octeto Buenos compose sur des rythmes la contrebasse de Jorge ouverte, éclectique etr le spectacle Mémoire de musiciens de sensibilité et Aires. Il a également été de tango, mais aussi de Sarraute. En 1972, c’est le extraordinairement riche. Buenos Aires, synthèse de formation variées, c’est invité comme soliste par les milonga, de estilo, de can- départ pour l’Espagne, puis musicale et chorégra- uniquement ce répertoire,

34 | cité de la musique notes de programme | 35 Buenos Aires tango Buenos Aires tango dans ses arrangements ori- sionnel à 17 ans. De 1962 contrebassiste Patrice Piazzolla pendant sa tour- chanteurs (Georges Trois albums témoignent de ginaux, qu’elle interprète. à 1976, il travaille avec les Caratini avec qui il enre- née européenne de 1977. Moustaki, Colette Magny, ce travail, ainsi que de nom- plus grands orchestres et gistre trois albums (La De 1981 à 1992, au sein Maxime Le Forestier). En breux concerts en France, chant, direction solistes d’Argentine. Il se Bordona, Imagenes et du Trio Mosalini- 1977, il crée, avec Marc Europe et Amérique du Juan Cedròn produit entre autres avec Violento). Il compose éga- Beytelmann-Caratini, il se Fosset, un duo contre- Sud. À partir de 1989, dans José Basso, Leopoldo lement des musiques de produit sur les scènes euro- basse/guitare qui fait très la continuité de ces petites bandonéons Federico, Astor Piazzolla, films puis entame la rédac- péennes et américaines. Il vite parler de lui, apportant formations acoustiques, il Daniel Cabrera Osvaldo Pugliese, Susana tion d’une méthode de compose pour la télévision fraîcheur et nouveauté dans crée, avec Martial Solal et Manuel Cedròn Rinaldi, Edmundo Rivero, bandonéon. En 1989, il et le cinéma italiens le paysage musical. Le duo Dominique Pifarely, un trio Facundo Torres Horacio Salgán, Jorge crée le premier cours de (Immacolatta e concetta de enregistre trois albums (dont où règne une grande liberté Dragone, Ernesto Baffa, bandonéon de France au Salvatore Piscicelli), pour le Boîte à musique, primé par d’improvisation. En 1997, il pianos etc. Au cours des mêmes Conservatoire de cinéma français (Corps per- l’Académie du jazz en réunit le Caratini Jazz Jeanne-Marie Golse années, il fonde, avec le Gennevilliers. Puis en dus d'Eduardo de 1979), et s’associe à Ensemble, formation de Laurent Guanzini bandonéoniste Daniel 1992, Mosalini crée le Gregorio) et le cinéma alle- d’autres grands du jazz, douze musiciens, avec Binelli son premier Grand Orchestre de tango mand (Sin querer de Ciro dont Maurice Vander, Didier lequel il crée chaque année violons ensemble, Guardia Nueva, avec lequel il sort leur Capellari, 1997). De 1995 à Lockwood et Stéphane un nouveau programme. Le Anne Villette qui s’avère être une expé- second album Ciudad 1998, il est compositeur en Grappelli, avec lequel il CD Darling Nellie Gray, Dominique Lemonnier rience riche et originale du triste en avril 2001 et qui résidence à Dijon. Depuis effectue une tournée mon- variations sur la musique de Emilio Cedròn tango d’avant-garde. En sera présenté fin ami à 1996, il est directeur artis- diale en 1983. En 1980, Louis Armstrong, paru chez Florent Naton 1977, il s’installe en Chaillot. tique du département de Patrice Caratini réunit le Label Bleu en 2000, réunit Vincent Goyer France : un pays qu’il choi- tango de Rotterdam. Onztet, orchestre à mi-che- tous les suffrages de la cri- sit comme nouvelle patrie Gustavo Beytelmann min entre la petite formation tique. alto musicale. Il y retrouve Né en Argentine en 1945, il Patrice Caratini et le big-band, alliant la sou- Miguel Praino d’autres musiciens argen- fait ses études à l'Institut Né en 1946 à Neuilly-sur- plesse de l’une à l’éclat de Leonardo Sánchez tins avec lesquels il crée supérieur de musique de Seine, Patrice Caratini fait l’autre. L’album Endeka Né en Argentine en 1966, violoncelle Tiempo Argentino. Il enre- l'université de Rosario. Puis ses débuts autodidactes à (1982) est deux fois primé Leonardo Sánchez effectue Jérôme Desbordes gistre un album, Tango il étudie la composition à la contrebasse avec des (Académie du jazz et sa formation musicale dans Rojo, où l’on retrouve le Buenos Aires avec groupes de jazz amateurs Académie du disque fran- son pays, où il obtient son contrebasse pianiste Gustavo Francisco Kröpfl. A Buenos en 1965. À partir de 1969, çais), et Viens dimanche diplôme de professeur de Román Cedròn Beytelmann, le flûtiste Enzo Aires, il est arrangeur et tout en étudiant au sera à nouveau distingué guitare, et à Paris (licence Gieco et le guitariste directeur musical de la mai- Conservatoire de Versailles par l’Académie du jazz en en musicologie). En 1990, il Juan José Mosalini Thomas Gubitsch. En son de disques Microfon. Il avec Jacques Cazauran, il 1987. En 1983, Patrice obtient le Premier prix de Né en 1943 d’une famille 1978, il concrétise un vieux écrit une quarantaine de apprend le métier « sur le Caratini s’associe avec guitare (Hauts-de-Seine). d’artisans passionnément rêve en enregistrant un musiques de films (La tas » entre les clubs de jazz Gustavo Beytelmann et Interprète, compositeur et musiciens, Juan José s’ini- disque de bandonéon solo Mafia, Quebracho, Los parisiens, les studios d’en- Juan José Mosalini pour arrangeur, il collabore à dif- tie au bandonéon avec son Don Bandoneon avec la gauchos judios, etc.). Il vit à registrement et les concerts. constituer un trio original férents projets musicaux en père, en s’imprégnant des participation de l’écrivain Paris depuis 1976 où il Il travaille notamment avec dont la musique oscille Argentine et en Europe traditions de la musique Julio Cortázar. En 1982, il mène à la fois une carrière Michel Roques, Mal entre tango et musique notamment avec Orlando populaire d’Argentine. Il crée un trio avec le pianiste de pianiste et de composi- Waldron, Slide Hampton, et contemporaine, entre jazz Trípodi, Osvaldo Piro, Raúl devient musicien profes- Gustavo Beytelmann et le teur. Il joue avec Astor accompagne différents et musique de chambre. Mercado, Jaïro, Mercedes

36 | cité de la musique notes de programme | 37 Buenos Aires tango Buenos Aires tango

Sosa, Gustavo de Paris-Tango, œuvre orchestres français, cette Mathilde et Paul d'après nombreux concerts avec altos Beytelmann, Oscar pour chœur, solistes et formation spécifique, au Fauré et Verlaine, Pierrot des solistes internationaux : Jean-Pierre Drouet Cardoso Ocampo, Juan orchestre de Juan José service de sa région, dont d'après Robert Musil et Emile Naoumoff, Patrice Véronique Talbot-Potier José Mosalini et Antonio Mosalini et H. Ferrer, direc- la vocation et le répertoire Arnold Schcenberg (Pierrot Fontanarosa, Maurice Agri. Créateur et directeur tion Michel Piquemal, et de s'inscrivent entre la lunaire) et crée un spec- Bourgue, Patrick Gallois, violoncelles musical du groupe de Crime Passionnel, œuvre musique de chambre et tacle lyrique autour des airs Christophe Coin, Michel Vincent Vaccaro Tango Gomina dont ses de Astor Piazzolla et l'orchestre, permet de de concert de Mozart La Portal, Richard Galliano, Aurore Doué deux créations, Como un P. Philippe avec Jean nombreuses incursions Loge et le souper, qui Didier Lockwood, Juan- Tango et Aguantango, sont Guidoni où il participe éga- vers des collaborations sillonne la France entière. José Mosalini... Dans cette contrebasse présentées en Europe et lement comme directeur avec le théâtre musical, le Coproduit avec les théâtres recherche d’originalité, Fabrice Béguin en Amérique du Sud, il fut musical et interprète. En cinéma, les spectacles de Caen, Rouen et L'Ensemble dirigé par également le directeur duo avec Juan José lyriques de poche, ainsi Rennes, L'Ensemble inter- D. Debart veut étendre sa musical et interprète de Mosalini, il a joué en Israël, que la danse et la création prète Le Tour d'écrou de vision de la musique, élargir Libertango (Paris), de en Hollande, à Athènes, à contemporaine. Musicien Benjamin Britten, repris en son répertoire, explorer des Revolver : El Fantasma del Vienne, à Berlin et en passionné d'art vivant sous février 1996 à Paris (Opéra mondes nouveaux et deve- Río de la Plata (France, France. Ils ont également toutes ses formes, Comique). Dominique nir l'initiateur de rencontres Espagne, Argentine) et de enregistré un CD avec Dominique Debart guide Debart, avec la complicité parfois insolites ou inatten- Dale mis saludos a l'Orchestre de Basse- alors son Ensemble vers d'Alain Bézu, dirige et porte dues, mais toujours pas- Córdoba (Argentine). Normandie (orchestre à des expériences originales. pour la première fois à la sionnantes. Comme interprète, il cordes) avec lequel ils ont II crée Mauvaises manières scène le Chant de la terre intègre le quintet Mosalini- tourné en Normandie, en d'Hélène Delavault, parti- de Gustav Mahler (création piano Agri (France, Suisse, Sicile et à Paris. cipe aux représentations scénique en mars 1997 à Osvaldo Caló Japon) et se produit dans de l'Oresteia de lannis Cherbourg, Caen et Crimen Pasional d'Astor L’Ensemble - Xenakis en Sicile (œuvre Issoudun). La production guitare Piazzolla (Buenos Aires). Sa Orchestre régional enregistrée sous sa direc- est reprise à l'automne Leonardo Sánchez qualité de soliste l'amène à de Basse-Normandie tion au Festival Musica de 1998. Ses productions collaborer avec Juan José Après avoir dirigé les Strasbourg) et joue sur s'orientent aussi vers le bandonéon Mosalini, invité par chœurs de l'Opéra de Lyon tous les registres. Revisitant cinéma (re-création du Juan-José Mosalini l'Orchestre national de Lille, et participé à de nombreux l'opérette, notamment avec Comte de Griolet de Raoul l'Orchestre de Basse- spectacles en qualité de Ba-Ta-Clan d’Offenbach Grimoin-Sanson) ; la danse violons I Normandie, l'Orchestre de chef d'orchestre, assistant présenté à Paris, Caen, (La Princesse de Milan de Corinne Basseux technique Picardie et l'Orchestre de des plus grands chefs Montpellier, Nantes, etc. Michaël Nyman et Karine Anne Faucher régie générale Flandres. Il compose pour internationaux au Festival son activité extrêmement Saporta) et le jazz avec Jean-Marc Ferrier Olivier Fioravanti diverses formations, d'Aix en Provence, pluraliste se développe Michel Portal et Mathias régie plateau notamment. Il collabore Dominique Debart est aussi à travers tous les pro- Ruëgg, directeur du Vienna violons II Eric Briault comme arrangeur et/ou nommé en 1984 directeur longements liés au théâtre Art Orchestra. Par ailleurs, Jean-Daniel Rist régie lumières compositeur avec Michel de l'Orchestre régional de dramatique et à l'art pratiquant une politique Thierry Tisserand Marc Gomez Portal , le quintet Mosalini- Basse-Normandie, baptisé lyrique : La Querelle des d'invitations prestigieuses Jean-Yves Ehkirch Joël Boscher Agri, Gianmaria Testa, et aujourd'hui « L'Ensemble ». Bouffons, d'après Diderot, au sein de L'Ensemble, régie son Los Andariegos. Arrangeur En marge des traditionnels Rameau et Pergolèse, Dominique Debart dirige de Didier Panier

38 | cité de la musique notes de programme | 39 mercredi 9 jeudi 10 > 20h30

samedi 19 > 23h dimanche 20 > 17h

vendredi 11, samedi 12 > 20h30 dimanche 13 > 15h mardi 22, mercredi 23 jeudi 24 > 20h30

vendredi 25, samedi 12 > 23h samedi 26 > 20h30 dimanche 13 > 17h dimanche 27 > 16h

mardi 15, samedi 26 > 23h mercredi 16 dimanche 27 > 18h jeudi 17 > 20h30 17 mai au 10 juin > 20h30 le dimanche > 14h30 sauf le samedi 20 mai > 15h salle Gémier vendredi 18 samedi 19 > 20h30 dimanche 20 > 15h