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58e ANNÉE – N 17968 – 1,20 ¤ – MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

 0123 L’économie DES LIVRES Enquête sur les nouvelles américaine Carl Einstein donne Michel Chaillou Les agents littéraires idées politiques de la droite des signes ATTENTATS DE 1995 d’affaiblissement CINQ MOIS après sa double vic- f LES AMÉRICAINS s’apprêtent à Bensaïd et Belkacem toire électorale, la majorité chira- Comment voter pour les élections de mi-man- condamnés à la prison quienne veut gagner la bataille des la nouvelle majorité dat du président Bush, mardi à perpétuité p.12idées en se forgant un nouveau 5 novembre, dans un climat éco- corpus. L’UMP doit publier sa veut gagner nomique subitement dégradé. La BOURSE « charte des valeurs », qui associe montée du chômage, la faiblesse de « liberté » et « solidarité », « Na- la bataille des idées la Bourse et la perspective d’une Alcatel, cas d’école tion » et « Europe », et créer une guerre en Irak ont fait chuter fondation destinée à lancer des f Qu’est-ce qu’être de l’indice de confiance des de la volatilité débats et à attirer des intellectuels consommateurs à son plus bas des marchés p.20et des chercheurs habituellement droite aujourd’hui ? niveau depuis neuf ans. Les Améri- classés à gauche. Depuis plusieurs Les réponses cains renouvellent le Congrès, un RUSSIE semaines, et la droi- tiers du Sénat et de nombreux pos- te font assaut d’initiatives parfois de huit chiraquiens tes de gouverneur, alors que la Confusion persistante contradictoires, prônant ferme- croissance s’essouffle au lieu de ment le rétablissement de l’ordre f repartir, conformément aux pronos- sur la nature du gaz républicain tout en s’attachant à Une revanche tics émis ce printemps par les éco- utilisé à Moscou p.3promouvoir l’intégration des étran- sur « la pensée 68» nomistes. La consommation, qui gers et la réduction des injustices. était restée solide jusqu’ici, pour- CHÔMAGE Président du groupe UMP à l’As- rait ralentir à cause de la dégrada- semblée, Jacques Barrot préconise f Selon Alain-Gérard tion de la situation financière des La hausse marque le une synthèse entre l’esprit de ménages. Les entreprises n’investis- Mai 68 et « une permissivité trop Slama, la droite est sent plus pour rétablir leurs mar- pas en septembre p.11 grande ». De Nicolas Sarkozyà « fondamentalement ges. Eclipsée par les questions de Alain Juppé, huit personnalités de sécurité, la situation économique la majorité disent au Monde ce récupératrice » revient sur le devant de la scène. que, pour eux, signifie aujourd’hui « être de droite ». Lire pages 8 et 9 Lire page 4 En Israël, la fin de l’union nationale  LA COALITION d’union nationa- f Raymond Savignac, le forgée par le premier ministre La gauche rompt  / Ariel Sharon en 2001 s’est effon- avec Ariel Sharon dernier affichiste de l’âge d’or VISIONS D’IRAK drée, mercredi 30 octobre, avec la démission des ministres travaillis- LE PLUS célèbre Les chrétiens face tes, emmenés par le ministre de la f Elle s’oppose au affichiste n’est plus. à l’islamisation p.14défense, Benyamin Ben Eliezer Dernier acteur de (photo). Celui-ci a quitté le gouver- budget des colonies l’âge d’or du gra- PARTI COMMUNISTE nement à la suite d’un désaccord phisme d’auteur, sur le budget des colonies de peu- f Vers des élections Raymond Savignac Un point de vue plement israéliennes en territoire est mort à l’âge palestinien, que M. Sharon refu- anticipées ? de 94 ans, mercredi de Robert Hue p.15sait de réduire. M. Ben Eliezer ten- 30 octobre. A l’unis- te de se mettre sur les rangs en vue Lire page 2 son des débuts heu- JUSTICE d’éventuelles élections anticipées. reux de la société  / et notre éditorial page 18 de consommation, il L’affaire Robert Boulin sut illustrer l’esprit est rouverte p.13 des « trente glorieu- Quand Sylviane Agacinski se demande « Si j’avais su »… ses » à travers des SCIENCES centaines de publici- COMME UNE star pressée. C’est à 18 h 50 que Sylviane recherche du temps : celui du politique, celui de l’intime, tés pour Bic, Seb, Intelligence artificielle Agacinski est arrivée, par la porte du fond, dans le grand celui du présent et celui de toujours… Citroën ou Mon- salon de la maison de l’Amérique latine à Paris. C’était Attentive et intimidée, Sylviane Agacinski prit enfin la savon – la vache qui contre cerveau humain, pourtant à 18 h 30 qu’une conférence était annoncée, parole. Remerciant l’ancien ministre de la culture espa- le rendit célèbre en étonnant match p.25mercredi 30 octobre, par les éditions du Seuil pour débat- gnol et rendant hommage à l’auteur de L’Ecriture ou la 1949 (notre illustra- tre du Journal interrompu, 24 janvier-25 mai 2002, publié vie, elle se résigna à se faire « théoricienne de [soi]- tion). Lire page 30

SPORTS le 27 septembre par l’épouse de Lionel Jospin. Maurice même ». Se tournant vers son éditeur, elle s’interrogea :  Olender, l’éditeur et ami de Mme Agacinski, avait bien fait « Dois-je le remercier de m’avoir conseillé de publier ce Football, la Ligue les choses : dans un public studieux, d’où les politiques livre ? » Le « Si j’avaissu» qu’elle exprima alors révélait le étaient absents, on notait la présence discrète de quel- malaise qui continuait à être le sien bien après la publica- des champions p.27ques figures intellectuelles : Henri Atlan, Dominique tion de son journal. S’étonnant encore de la réception Desanti, Jean Lacouture, Claude Lanzmann, Antonio médiatique de son livre, plutôt fraîche, elle demanda : CULTURE Tabucchi et Jean-Pierre Vernant. « Pourquoi ne pasreconnaître que j’avaisle droit d’entraî- Pour introduire le débat, M. Olender risqua la rhé- ner l’homme avec qui je vis [Lionel Jospin, le nom fut Dominique Wallon, torique afin d’éclairer ce journal de campagne à la lumiè- à peine prononcé] dansune scènelittéraire ? » hussard retraité p.32re du travail philosophique de l’auteur. Il souligna, dans Visiblement charmée de se retrouver avec la « minori- un dégagement subtil, le débat public-privé, masculin- té » des écrivains présents, elle confia enfin : « Je n’exclus International...... 2 Marchés...... 23 féminin provoqué par l’ouvrage. Quand Jorge Semprun pasavoir été tranquilliséepar le fait de devenir une mino- Union européenne.... 7 Aujourd’hui...... 25 prit la parole à son tour, ce fut pour louer la pertinence rité aprèsle 21 avril. » Lassée, sans doute, par « la théâ- France...... 8 Météorologie-Jeux.. 28 de ce regard sur un espace et un temps politiques échap- tralité de la campagne », ce « moment monarchique et Société...... 12 Carnet...... 29 pant généralement au public. Dans une proximité démagogique »… Horizons...... 14 Abonnements ...... 29 me Entreprises...... 20 Culture ...... 30 complice, il finit par rejoindre M Agacinski dans sa criti- Communication ...... 22 Radio-Télévision...... 33 que des médias et par entraîner l’auditoire dans une Anne-Line Roccati et Nicolas Weill  a  L’énigme Nostalgies irakiennes des tombes à la cour d’Amman de chevaux LE COLONEL Lawrence d’Ara- Prophète, les Hachémites ont strapontin appelé Jordanie : 80 % bie s’en retournerait sans doute régné neuf siècles sur la Sainte de steppes désertiques chauffées à dans sa tombe. Mais quelle revan- Mecque. Qu’ils ont conduit, avec blanc, cinq millions de sujets dis- che ce serait ! Une très ancienne Lawrence, la « grande révolte ara- parates et mal arrimés à la cou- dynastie arabe, jadis trahie, humi- be » de 1916 contre le colonialisme ronne, pas une goutte de pétrole, liée et dépouillée de sa grandeur ottoman, et que les Anglais, avant pratiquement pas d’eau. « J’ai créé par des puissances étrangères, re- de trahir leur parole, avaient pro- ce royaume d’un de crayon sur mise en selle, cinquante ans plus mis, victoire acquise, la couronne une carte, un dimanche après- tard. Et par les mêmes. Improba- d’un grand royaume arabe unifié. midi », disait Churchill. Vrai, mais ble ? Tandis qu’à Washington on Au début du siècle dernier, les quelle position stratégique ! Aux débat tous azimuts de ce que pour- Hachémites étaient rois au Hedjaz, premières loges du nouveau rait être un « Croissant fertile » l’actuelle province occidentale de « grand jeu » régional, entre Syrie débarrassé de Saddam Hussein, à l’Arabie saoudite qui comprend et Israël, entre Palestine, Arabie et APRÈS la découverte, en Amman un jeune roi ne s’interdit La Mecque. Ils furent maîtres de Irak. Auvergne, de sépultures de che- plus de rêver. Jérusalem, souverains en Syrie, en vaux gaulois, des chercheurs Il se souvient que sa famille fut Palestine orientale, en Irak même. Patrice Claude s’interrogent sur cette pratique puissante et respectée. Il se sou- L’histoire ne leur a laissé que des funéraire. Lire page 26 vient que, descendants directs du miettes, un petit royaume- Lire la suite page 18  / 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2//VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL israël

Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a commen- gouvernementale, consécutif àla   tenant la part belle aux colonies de peuplement dans min Ben Eliezer, a déclaré àla télévision vouloir provo- cé jeudi 31 octobre des  avec les par-   . Leur départ est dû les territoires palestiniens occupés. Le  2003 quer des élections anticipées. Le paysage politique tis religieux pour la formation d’un nouveau gouver- àleur refus d’approuver un budget qui prévoit des n’en a pas moins été voté mercredi en première lectu- israélien est très éclaté avec une myriade de forma- nement après l’effondrement, la veille, de la coalition coupes claires dans les budgets sociaux, tout en main- re par la Knesset. Le chef du parti travailliste, Benya- tions suridéologisées ou catégorielles. La fin du gouvernement d’union nationale d’Ariel Sharon La démission du ministre travailliste de la défense, Benyamin Ben Eliezer, pour cause de divergences sur le budget, plonge Israël dans une crise politique. Le premier ministre pourrait jouer son va-tout et convoquer des élections générales anticipées

JÉRUSALEM naturel des travaillistes, comme tre, le 19 novembre, M. Ben Eliezer importantes allouées annuelle- pective d’élections qu’il souhaite que du pays et une situation tou- de notre correspondant chef de file pour les prochaines a donc tenté de retourner la situa- ment aux colons de Cisjordanie et voir désormais se tenir le plus rapi- jours incertaine en matière de sécu- Un différend budgétaire aura échéances électorales. L’ancien tion à son avantage, en attaquant de Gaza. « Père » reconnu de cette dement possible. rité. Au contraire, à la place d’un donc précipité la rupture. Après de dirigeant syndical Haïm Ramon, le premier ministre sur le dossier colonisation, M. Sharon ne pouvait allié travailliste commode, M. Sha- multiples fausses alertes, le Parti puis le maire d’Haïfa, Amram de la colonisation des territoires accéder aux demandes de son     ron pourrait même se retrouver à la travailliste a en effet choisi, mercre- Mitzna, se sont d’ailleurs mis sur palestiniens. Alors que le projet de ministre sans aller au-devant d’une Le sort de M. Sharon n’est pour- merci d’un nouveau partenaire sou- di 30 octobre, de quitter la coalition les rangs pour lui ravir la place, et budget pour 2003 prévoit de nou- grave crise avec un mouvement qui tant pas encore scellé. L’adoption vent décrit comme imprévisible. gouvernementale forgée par Ariel leurs critiques se sont concentrées en première lecture du projet de loi Si l’entrée de l’extrême droite, Sharon, le chef du parti nationaliste sur la participation des travaillistes de finances, controversé, mercredi, voire du parti antireligieux Shi- Likoud, après sa victoire écrasante au gouvernement de M. Sharon. La paix s’éloigne, selon Saëb Erakat en dépit du départ des travaillistes, noui, que dirige l’ancien journa- sur Ehoud Barak, le 6 février 2001. Le responsable palestinien Saëb Erakat a estimé, mercredi 30 octo- a montré qu’il pouvait s’efforcer de liste Tommy Lapid, ne pouvait se Depuis longtemps, le chef des tra-    bre, que la crise gouvernementale israélienne était un nouveau signe compenser en partie cette défec- concrétiser, M. Sharon se retrouve- vaillistes, Benyamin Ben Eliezer, M. Ben Eliezer et le ministre des de l’éloignement d’un climat de paix. « Si le Likoud forme une autre tion, en intégrant une formation rait à la tête d’un gouvernement par ailleurs ministre de la défense, affaires étrangères, Shimon Pérès, coalition, de droite celle-là, ce sera aux dépens du processus de paix et d’extrême droite dirigée par Avig- minoritaire que pourrait défaire avait fait savoir qu’il se retirerait du ont longtemps défendu avec achar- du peuple palestinien, parce que cela signifiera une fois de plus la recru- dor Lieberman. Ce dernier avait une motion de censure à la Knesset gouvernement d’union avant la fin nement cette participation, en descence de la colonisation et de la politique du fait accompli », a ajouté quitté le gouvernement, il y a un soutenue par la gauche, les partis de l’actuelle législature, en novem- arguant de leur rôle modérateur au M. Erakat, qui est ministre des collectivités locales. Il s’est toutefois peu plus d’un an, en critiquant la arabes israéliens et l’extrême bre 2003. Il avait aussi annoncé que sein d’une coalition radicalisée par abstenu de réagir directement au retrait des travaillistes du gouverne- politique jugée trop conciliatrice de droite. M. Sharon pourrait égale- sa décision serait liée à la situation deux ans d’Intifada et par le très ment de coalition nationale du premier ministre israélien de droite, M. Sharon à l’égard des Palesti- ment précipiter les échéances en économique et sociale du pays et lourd tribut versé par les civils israé- Ariel Sharon. « C’est une affaire interne », s’est-il contenté de déclarer à niens. Ce replâtrage ne devrait remettant sa démission et en se non aux aléas de la confrontation liens, victimes d’attentats palesti- ce sujet. pourtant pas compenser pour le contentant d’expédier les affaires avec les Palestiniens. niens. Il est pourtant apparu de A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, premier ministre le départ des tra- courantes jusqu’à la tenue d’élec- En apparence, M. Ben Eliezer a plus en plus nettement au sein du s’est borné à faire remarquer que « les événements en Israël font partie vaillistes. La présence de ces der- tions anticipées dans un délai d’en- respecté son ordre de marche. En Parti travailliste que cette influence du processus démocratique interne. Nous n’avons pas d’autre commen- niers au gouvernement permettait viron trois mois. Mais, comme réalité, c’est un dirigeant de plus était surévaluée et que M. Sharon taire à faire », a-t-il ajouté. – (AFP, .) en effet à M. Sharon d’apparaître M. Ben Eliezer, M. Sharon n’est en plus contesté au sein de sa pro- tirait au contraire le plus grand pro- en permanence comme un arbitre pas encore assuré d’être le pro- pre famille politique qui a décidé fit de la caution apportée par la entre la gauche et la droite. Sa posi- chain chef de file du Likoud. Il doit, de jouer son va-tout. Elu, à la sur- principale formation de gauche velles coupes claires dans les pro- le considère toujours comme un tion en apparence médiane, même pour ce faire, l’emporter sur son prise générale, il y a près d’un an, à d’Israël à une politique privilégiant grammes sociaux, pour tenter de allié naturel. En tombant à gauche, s’il exerçait dans les faits un pou- prédécesseur au poste de ministre la direction d’un parti abandonné la force. limiter un déficit budgétaire gonflé le chef du Parti travailliste espère voir sans réel contrepoids, n’est comme à la direction du parti, par M. Barak après son cuisant A quelques semaines de la dési- par le marasme économique, remonter son retard sur ses rivaux sans doute pas pour rien dans la Benyamin Nétanyahou. revers, M. Ben Eliezer n’a pas réus- gnation du prochain candidat tra- M. Ben Eliezer s’est opposé au et imposer le rassemblement résistance singulière de sa popula- si à s’imposer comme le candidat vailliste au poste de premier minis- maintien en l’état des sommes autour de sa personne, dans la pers- rité, malgré la déconfiture économi- Gilles Paris Un paysage politique émietté Le budget maintient les privilèges accordés aux colonies

JÉRUSALEM trairement au Parti travailliste qui publique qui affiche majoritaire- JÉRUSALEM lectivités locales, les colons ont touché des subven- de notre correspondant devrait perdre son titre de première ment une position proche de la leur de notre correspondante tions d'un montant quatre fois supérieur à celles accor- L'économie déteste l'incertitude. formation du pays aux prochaines sur l'Etat palestinien ou sur le sort Le lobby des colons aura eu raison du gouvernement dées aux habitants des villes en développement, Compte tenu du marasme actuel, élections. La popularité de la droite des colonies, mais qui continue à d'union nationale d'Ariel Sharon. Les cinq ministres tra- situées en Israël. En 2000, relève une étude menée par les milieux d'affaires israéliens, y nationaliste s'inscrit dans une ten- apporter sa confiance au Likoud, vaillistes, au gouvernement depuis février 2001, ont pré- un professeur d'université, les colons de Gaza avaient compris ceux réputés proches des dance lourde de la vie politique en dépit du piètre bilan de M. Sha- senté leur démission, mercredi 30 octobre, à cause de même reçu dix-sept fois plus d'allocations que les habi- travaillistes, rejoints par une partie israélienne, que n'ont pas infléchie ron. leur désaccord sur le budget 2003 jugé trop favorable tants de Ramat Gan, une ville moyenne de la banlieue de la presse, ont donc multiplié les les succès électoraux d'Itzhak La victoire annoncée de ce der- aux colons installés dans les territoires palestiniens. de Tel-Aviv. pressions au cours des dernières Rabin, en 1992, ou d’Ehoud Barak, nier, si les élections prévues à la fin Sur fond de crise économique sans précédent, ce bud- semaines pour tenter de préserver en 1999. La victoire de ce dernier de l'année 2003 devaient être avan- get est marqué par une rigueur qui n'épargne quasi-  ’ un gouvernement d'union nationa- avait d'ailleurs témoigné de l'adhé- cées, risque par ailleurs de ne pas ment aucun secteur, et affiche une baisse de l’équiva- Dans le budget 2003, les sommes consacrées aux le qui apparaissait comme le seul être décisive. L'autre fait politique lent de 1,6 milliard d'euros. Dans ce contexte, les tra- infrastructures (routes de contournement, ponts et rempart contre une dégradation du dont témoignent actuellement les vaillistes avaient subordonné leur vote à une coupe sup- tunnels destinés à éviter les localités palestiniennes) pays par les agences de notation Une myriade sondages est la persistance de plémentaire d'environ 130 millions d'euros dans les cré- s'élèvent à près de 90 millions d'euros, selon le dépu- internationales. Ce qui vaut pour l'émiettement du paysage en une dits alloués aux colonies. Ils exigeaient en outre que les té d'opposition (Meretz) Mossi Raz. Le ministère du l'économie devrait également se de petites formations myriade de petites formations suri- habitants des villes en développement, durement frap- logement injectera 70 millions d'euros dans les terri- vérifier à propos de la gestion de déologisées ou catégorielles, qui pés par le chômage, et ceux des kibboutzim, bénéfi- toires, dont 4 millions seront consacrés à une société l'Intifada et, plus généralement, suridéologisées brouille le jeu autrefois bien établi cient des mêmes avantages sociaux que les colons. Le privée de gardes armés, censés assurer la sécurité des l'impasse dans laquelle se trouve le des partis historiques israéliens et premier ministre a refusé toute remise en cause des colons installés à Jérusalem-est et dans les colonies dossier palestinien. Le glissement à ou catégorielles qui les oblige à contracter des allian- aides accordées aux colons par le gouvernement. Sur le avoisinantes. Sur les six premiers mois de droite du gouvernement risque en ces plus ou moins contraignantes. fond, les exigences des travaillistes ne constituaient l'année 2002, des appels d'offre ont été lancés pour la effet de compromettre les efforts Selon les dernières estimations, les pourtant pas une rupture idéologique avec la politique construction d'un millier de nouveaux logements, en diplomatiques du quartette qui sion à un homme jugé providentiel partis des ultra-orthodoxes séphara- actuelle. « Je voulais retirer leurs avantages sociaux aux particulier dans les colonies situées autour de Jérusa- regroupe, outre les Etats-Unis et plus qu'au parti qui l'avait hébergé des et ashkénazes, celui des anti- colons mais sans toucher à leur sécurité », a précisé Ben- lem. l'Union européenne, les Nations et avec lequel M. Barak avait pris religieux et les différentes familles yamin Ben Eliezer, le chef de file des travaillistes. A tous les niveaux, le gouvernement poursuit sa unies et la Russie. Ce groupe de tra- quelques libertés. Il n'avait ainsi de l'extrême droite pourraient ainsi Seule sa tentative de démanteler quelques colonies politique d'incitation à l'installation dans les colonies. vail défend un plan de paix qui pas voté les accords de Taba, en disposer à eux seuls de plus du tiers sauvages, que même le gouvernement juge illégales, Il accorde des crédits d'impôts et des prêts immobi- devrait aboutir en l'espace de trois 1995, au beau milieu d'un proces- des sièges à la Knesset. Nahum Bar- l'avait quelque peu démarqué de M. Sharon, renfor- liers avantageux et assure la gratuité des frais d'éduca- ans à un Etat palestinien, auquel sus de paix qui constituait alors, par néa, le commentateur politique du çant temporairement son image « d'homme de gau- tion aux enfants. Alors que le secteur touristique est une partie du Likoud et l'extrême excellence, la carte d'identité tra- quotidien populaire israélien che » perdue ces derniers mois. Mais la mobilisation en plein marasme, le ministère du tourisme a annon- droite qui pourrait le rejoindre sont vailliste. L'effondrement de ce pro- Yédioth Aharonot, estimait mercredi violente des colons lors du démantèlement de Havat cé la création d'un nouveau circuit dans la ville résolument opposés. cessus depuis septembre 2000 a pré- que la composition de la future Gilad, mi-octobre, a montré les limites du rapport de d'Hébron notamment, pour un coût de plus d'un mil- Ce climat morose sera-t-il dissipé cipité celui du parti et la participa- Knesset risquait de ne pas être très force entre le gouvernement et les colons. lion d'euros. Dans les mois qui viennent, le ministère par d'éventuelles élections antici- tion à la coalition a durablement différente de la présente et que la La presse israélienne brocarde régulièrement les des affaires religieuses prévoit la construction de pées ? Rien n'est moins sûr pour empêché les travaillistes de recons- majorité de droite serait alors «fai- avantages accordés aux quelque 380 000 habitants des 55 nouvelles synagogues et de 30 bains rituels dans l'instant. Les dernières enquêtes truire une alternative politique. Ils ble et fragile. » colonies construites en territoire palestinien (Cisjorda- les territoires pour un coût de 5 millions d'euros. d'opinion réalisées en Israël confir- peuvent désormais se consacrer à nie, Gaza et Jérusalem-est). Ainsi, en 2001, selon un ment la bonne santé du Likoud, con- réduire le hiatus entre une opinion G. P. rapport du ministère de l'intérieur israélien sur les col- Stéphanie Le Bars b LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/3 INTERNATIONAL

Comment les Moscou présente sa version de l’issue de la prise d’otages Serbes de Croatie étaient dirigés Le ministre russe de la santé, Iouri Chevtchenko, affirme que le gaz utilisé contre le commando tchétchène était du fentanyl, une substance anesthésiante. La thèse est contestée par un ancien expert soviétique exilé aux Etats-Unis depuis Belgrade

MOSCOU faits sur deux anciens otages alle- LA HAYE de notre correspondante mands, le professeur Thomas Zilk- correspondance Quatre jours après l'assaut des er, spécialiste en toxicologie à De Tito à Milosevic, Slobodan forces spéciales russes ayant mis Au cimetière Munich, affirmait que des traces Lazarevic, qui témoignait mercredi fin à la prise d'otages, les autorités Vakhankovo de d’halothane, un gaz utilisé comme 30 octobre à La Haye, devant le Tri- russes ont brisé leur silence, mer- Moscou, mercredi anesthésique, avaient été détec- bunal pénal international pour l’ex- credi 30 octobre, sur la nature du 30 octobre, de jeunes tées. Un autre expert allemand, Yougoslavie, a servi comme agent gaz toxique diffusé dans le théâtre enfants rendaient un Eberhard Kochs, ajoutait le même des services secrets militaires de la où étaient retranchés les dernier hommage à jour : « je trouve difficile à croire Serbie. En 1995, il servait comme assaillants, et qui a provoqué plus leur ami, et acteur que c'était la seule substance utili- officier de liaison dans l’armée ser- d'une centaine de décès parmi les de la comédie sée ». be de Krajina, en Croatie. De retour otages. Il s'agirait du fentanyl, un musicale Les autorités russes, qui, pour en Serbie après la débâcle infligée à anesthésique à base d’opiacés. Cet- « Nord-Est », Arseni désigner le gaz, ne parlaient ces cette armée par les forces croates, il te annonce, intervenue alors que le Kourilenko, victime derniers jours que de « moyens spé- est arrêté par la police serbe et livré secret maintenu à Moscou sur cet- de la prise d’otages ciaux », et avaient admis dimanche au « camp de concentration » de te question suscitait de plus en plus du 23 octobre. Seize que seuls « deux otages » avaient Dalj pour 100 deutschemarks, le de critiques, a été faite par le minis- des 119 otages succombé à des blessures par bal- prix fixé « par tête de Serbe » appor- tre russe de la santé, Iouri Chevt- décédés avaient été les, s'attachent désormais à minimi- tée à la milice d'Arkan. Ici, après chenko. Il a soutenu que ce gaz enterrés mardi, lors ser le rôle du gaz dans les décès sur- leur reddition en Croatie, « des mil- n’était pas la cause des décès. Ces d’une première venus. Selon le ministre russe de la liers de Serbes de la Krajina » vien- affirmations ne mettent pas fin aux cérémonie funéraire. santé, « en tant que tel, le fentanyl dront transporter « des rocs », sous

nombreuses interrogations concer- /  ne peut pas provoquer la mort ». prétexte de réentraînement, dans nant les circonstances du dénoue- M. Chevtchenko affirme que le ce camp gardé par des hommes en ment du drame, notamment sur le nombre important de décès était armes et cerné de barbelés. Après degré de désorganisations des tions internationales interdisant les autorités russes. « Nous regrettons ont pu rendre visite à certains des avant tout lié à l'état d'affaiblisse- cet épisode, Lazarevic quitte les ser- secours. armes chimiques n'a été utilisée que le manque d'information ait con- otages américains, pour faire leurs ment général dans lequel se trou- vices secrets pour lesquels il « Une substance à base de dérivés durant cette opération », a-t-il ajou- tribué à la confusion après la fin de propres diagnostics et s'entretenir vaient les otages. L'immobilité des œuvrait depuis 1968 et devient, du fentanyl a été utilisée pour neutra- té. l'opération lancée pour délivrer les avec des représentants du corps otages pendant trois jours, un man- pour le procureur du TPIY, un liser les terroristes », a déclaré Ces assurances ont été faites otages, avait-il dit. Il est clair médical russe, nous pensons qu'il que d'oxygène dans la salle de théâ- témoin d'exception. A la barre, il M. Chevchenko lors d'une confé- alors que, la veille, l'ambassadeur qu'avec une meilleure information, s'agit d'un opiacé », avait ajouté ce tre, un desséchement des organis- raconte comment les Serbes de rence de presse. « Je déclare officiel- des Etats-Unis à Moscou, Alexan- quelques otages de plus auraient pu diplomate. mes, et le manque de nourriture, Croatie étaient dirigés depuis Bel- lement qu'aucune substance pou- der Verschbow, avait formulé de survivre ». « Pour autant que nous Mercredi, en se basant sur des sont mentionnés. « Ce sont ces fac- grade. vant tomber sous le coup des conven- vives critiques contre le silence des sachions, d'après nos médecins qui prélèvements de sang et d'urine teurs qui ont provoqué la mort d'une C'est depuis Belgrade que partie des otages », a déclaré le l'armée serbe de la Krajina est ali-    ...  ,     ’  ministre. mentée en armes, munitions, maté- riel logistique, explique-t-il. C'est à  ’ Belgrade que se rendent les déléga- Spécialiste russe des program- sie au cours des dernières années, Moscou]. Je n'exclue pas qu'il ait été témoignages d'ex-otages, décri- Il a par ailleurs nié les nombreu- tions chargées de représenter les 1 mes d'armes chimiques élabo- car le Gosniiokht a été à court de combiné avec de l’halothane. Nous vant une odeur, me rappellent le ses informations circulant à Mos- Serbes de Krajina lors de quatre rés par l'URSS, vivant depuis 1995 financements. La version officielle avons produit ce dérivé du BZ par le BZ et l’halothane. cou sur l'absence totale de prépara- négociations secrètes menées sous aux Etats-Unis, pensez-vous possi- est totalement fausse. Les Russes passé [en URSS], en quantités relati- tion des services de secours et des l'égide de la communauté interna- ble que le gazutilisé dans l'assaut mentionnent le fentanyl car il ne vement petites, quelques centaines Qu'est-ce qui a provoqué tant équipes médicales. « Les spécialis- tionale. C’est de Belgrade que vien- contre le théâtre de Moscou soit du tombe pas sous les coup des interdic- de kilogrammes environ. Ils les 3 de morts, au bout du compte ? tes étaient prévenus, et j'en faisait nent les instructions. fentanyl, comme l'on annoncé les tions de la Convention sur les armes avaient conservés et les ont utilisés. Le niveau incontrôlé de concen- partie, bien que l'opération ait revê- « Vous étiez l'auteur de la politi- autorités russes ? chimiques. Ils ont en réalité utilisé tration du gaz diffusé. Vous savez, tu un caractère d'urgence ». Les que menée en Krajina », lance le C'est un mensonge. La Russie ne ce qu'ils avaient sous la main, car ils Le fentanyl aurait-il pu être il est possible de tuer des gens en médecins secouristes avaient « pré- témoin à Slobodan Milosevic. dispose pas de cette substance. Je n'avaient pas de temps. La décision 2 apporté de l'étranger ? les mettant dans une atmosphère paré à l'avance plus de mille doses L'accusé s’étonne que les responsa- vous l'assure. Pendant vingt-six ans, a été prise en urgence. Ils ont appor- Non, car cela aurait pris du de nytrogène ou de dioxyde de car- d'antidote », a-t-il dit, sans toute- bles politiques et militaires aient pu j'ai travaillé au Gosniiokht [Institut té du Gosniiokht ce qui avait déjà temps. J'insiste : le Gosniiokht n'a bone. Si vous utilisez une concen- fois préciser la nature de cette anti- prendre ordre de lui. « Indirecte- de chimie organique et de technolo- été développé et produit en Russie, jamais travaillé sur du fentanyl. J'ai tration très élevée, vous pouvez dote. ment, oui, réplique Lazarevic, on gie, à Moscou], le principal centre de c'est-à-dire un dérivé du gaz BZ. Non conservé mes contacts là-bas et tuer. Ils ont pris cette décision en Des témoins cités par des jour- disait Belgrade. Et Belgrade était développement d'armes chimiques pas du gaz BZ, mais un dérivé. Un tel connais bien ce qui se passe dans se disant : certains survivront, cer- naux russes ont décrit comment de synonyme de vous monsieur Milose- en Russie. Ses équipes n'ont jamais agent a été testé par le passé au Gos- ce secteur. J'ai été chef du départe- tains non, on verra. nombreux otages seraient morts vic. » Dans le box, l'ex-président de travaillé sur cet agent. Il est par niiokht, en tant qu'agent anesthési- ment de renseignement coiffant « étouffés » dans les minutes ayant Serbie réprime un sourire. «Ah! ailleurs exclu que le fentanyl ait pu que. Il a en outre été utilisé dans toutes les branches des program- Propos recueillis par suivi l'assaut armé, fait d'avoir C'est un synonyme bien important », être développé, testé, produit en Rus- l'hôpital militaire de Bourdenka [à mes d'armements chimiques. Les Natalie Nougayrède bénéficié de soins adaptés. Interro- lance-t-il ironiquement. Le témoin gé par Le Monde par téléphone, évoque celui qu'on appelait «le mercredi soir, un scientifique russe chef, le boss », lors des négociations vivant depuis 1995 aux Etats-Unis, menées avec les Croates. Sourire à Les forces russes auraient eu recours à l’halothane et au BZ Vil Mirzaïanov, conteste de son nouveau ravi de l’accusé. Les ins- côté que le gaz employé ait pu être tructions de Belgrade dans les négo- CONTRAIREMENT à ce que l’on pourrait capable de diffuser rapidement ce principe que munichoise où sont soignées ces deux du fentanyl, affirmant que la Rus- ciations étaient élémentaires : penser, Iouri Chevtchenko, ministre russe de la actif dans l’athmosphère. Son inhalation à for- anciens otages – l'halothane n'aurait pas été le sie n'en dispose pas. Il considère « L'idée générale était de ne pas être santé, est loin d’avoir fait toute la lumière sur tes doses par des organismes affaiblis par le seul produit utilisé par les forces russes. Com- qu'une des substances diffusées d'accord, c'était très simple à sui- les causes exactes de la mort des ex-otages du manque de nourriture et en état de stress inten- mercialisé sous le nom de Fluothane par la mul- était un dérivé du BZ (bensilate de vre ». Pour Lazarevic, la guerre en commando tchétchène, qui avaient été déte- se aurait alors rapidement provoqué de profon- tinationale AstraZeneca, l’halothane est un quinuclidinyle), un produit incapa- Croatie permettait de faire oublier nues dans un théâtre de Moscou, du 23 au des dépressions respiratoires aux conséquen- anesthésique dit « halogéné » qui se présente citant interdit par la convention à l'opinion publique les problèmes 26 octobre. Selon le ministre, les forces spécia- ces mortelles dès lors qu’aucune prise en char- sous la forme d’un liquide conditionné dans sur les armes chimiques, signée par yougoslaves. A chaque étape des les russes auraient eu recours à un dérivé du fen- ge médicale des victimes n’était prévue. Pour- des flacons de 250 ml. C’est l’inhalation des Moscou. M. Mirzaïanov avait été négociations, les unités anti terroris- tanyl, un analgésique morphinique courem- tant l’antidote existe : il s’agit de la naloxone. vapeurs issues de ce liquide qui permet d’obte- emprisonné à deux reprises à Mos- tes de l'armée de la Krajina mon- ment utilisé dans les hôpitaux occidentaux pour nir l’anesthésie de la personne qui va subir une cou, au début des années 1990, tent toutes sortes d'incidents induire les anesthésies pré-opératoires ou pour   intervention chirurgicale. A cette fin les anes- pour avoir révélé l'existence en « pour arrêter les discussions avec les lutter contre la douleur. Une autre hypothèse, a priori plus vraisem- thésistes ont recours à des évaporateurs spécia- Russie de programmes prohibés Croates » et re-mobiliser les forces Cette hypothèse, qui avait été évoquée ces blable, doit être avancée après la découverte de lement calibrés permettant de contrôler avec d'armes chimiques. Il affirme con- serbes. Mais le plan Vance vient derniers jours dans les milieux militaires améri- traces d’un autre médicament anesthésique précision la concentration du produit dans l’air seiller aujourd'hui « différentes ins- troubler les aspirations sécession- cains et français, suppose une modification – l’halothane – dans les organismes d’ex-otages qu’il font respirer à leur patient. titutions » à Washington. nistes des Serbes de Croatie: la préalable de la forme galénique de la molécule de nationalité allemande. Quelques heures Des concentrations de 2 à 4 % sont suffisan- Jeudi, 152 ex-otages étaient tou- démilitarisation est au centre de ce utilisée à des fins thérapeutiques. Commerciali- avant les déclarations du ministre russe de la tes pour induire une anesthésie et cette derniè- jours hospitalisés. Mais des pro- plan. Les militaires engagés en Kraji- sé en France par l’entreprise Janssen-Cilag et santé, le professeur Ludwig von Meyer, spécia- re peut être maintenue à des concentrations ches de victimes ont raconté que na au service de la Serbie échan- les Laboratoires Renaudin le fentanyl se présen- liste de toxicologie annonçait lors d’une confé- comprises entre 0,5 et 2 %. On peut dès lors certaines des 501 personnes sorties gent leurs uniformes « vert olive con- te en effet sous la forme d’une solution injecta- rence de presse organisée à Munichqu’il avait sans mal imaginer que la diffusion rapide de des hôpitaux ces derniers jours se tre le bleu des forces de police » et ble. identifié la présence de cette substance dans doses massives de ce médicament – associé sont de nouveaux adressées aux continuent d'occuper la place. Si c’est bien cette substance qui est à l’origine des échantillons de sang et d’urine de ses deux peut-être au gaz incapacitant BZ – au sein du services médicaux car « elles se sen- Slobodan Lazarevic a alors pour des morts par asphyxie survenues dans le théâ- patients ex-otages. théâtre moscovite soit la cause de l’hécatombe. taient de nouveau très mal ». mission d’infiltrer les forces des tre moscovite il faut supposer que des chimis- Selon l’un de ses confrères – le professeur Nations unies qui ont été tes russes sont parvenus à fabriquer un aérosol Eberhard Kochs, anesthésiste en chef de la clini- Jean-Yves Nau Natalie Nougayrède déployées en Croatie. «Jemerap- prochais d'eux pour devenir ami, leur rendais des services, recherchais leurs points faibles » pour pouvoir Le statut d’Aslan Maskhadov sera l’enjeu du sommet UE-Russie à Bruxelles « exercer un chantage sur eux. » Contrats en poche, interprètes, gar- L’émissaire du président tchétchène, Akhmed Zakaev, est maintenu en détention au Danemark des, plongeurs, chauffeurs, engagés par les Nations unies vont remettre LE DANEMARK, président en aux poursuites s’il était remis en mier « Congrès mondial tchétchè- posé le transfert du sommet ment assurées qu’il n’y avait pas de leurs rapports réguliers à Lazarevic. exercice de l’Union européenne liberté ». ne », dont M. Zakaev était l’inspi- UE-Russie à Bruxelles. Moscou terroristes parmi les invités du Con- Le témoin raconte encore com- (UE) qui, depuis trois ans, réclame « Il est possible que nous l’extra- rateur. Pourtant, loin d’avoir été s’est empressée d’accepter. L’Alle- grès tchétchène ». En outre, le par- ment les forces internationales ont l’ouverture de négociations de dions, si plusieurs conditions sont un « rassemblement de suppôts du magne a alors demandé que «la quet russe accuse M. Zakaev d’ac- laissé faire une prétendue « opéra- paix en Tchétchénie, a cédé, mer- remplies et si nous obtenons des terrorisme international », comme question tchétchène » soit inscrite tes terroristes commis entre 1996 tion humanitaire » destinée à dépor- credi 30 octobre, à la demande rus- garanties qu’il ne sera pas soumis à l’affirmait Moscou, le congrès à son ordre du jour. La Russie n’y et 1999 alors que le représentant ter 75 vieillards croates de la Kraji- se d’arrêter l’homme chargé de la peine de mort », a répondu le s’est achevé, mardi à Copenha- a pas vu d’inconvénient, ayant du président Poutine, Viktor na sous prétexte d’un examen médi- mener ces éventuelles négocia- ministre de la justice, Lene Esper- gue, par le vote de résolutions con- depuis longtemps rodé ses argu- Kazantsev, l’a lui-même officielle- cal à l'hôpital de Karlovac. Ils ne tions côté tchétchène. Akhmed sen, lors d’une conférence de pres- damnant « toute forme de terroris- ments et s’estimant, aujourd’hui, ment rencontré en 2001. Quant reviendront pas. Zakaev, représentant du président se. Le parquet russe a aussitôt pro- me » et appelant le président amé- portée par un certain courant de aux « informations supplémentai- En 1994, Lazarevic a participé à la indépendantiste Aslan Maskha- posé d’en fournir la garantie « par ricain, George Bush, et d’autres sympathie diplomatique qui a sui- res » fournies par Moscou sur cet commission chargée de l'échange dov, a été interpellé à Copenha- écrit », selon l’agence Tass. ténors de la communauté interna- vi la prise d’otages. ancien acteur tchétchène qui de 100 cadavres, à remettre aux gue et déféré devant un juge du Une telle soumission aux pres- tionale à inciter Vladimir Poutine L’enjeu, au sommet, sera le sta- sillonne depuis deux ans les capita- familles meurtries. L'agent des ser- parquet qui a ordonné son main- sions que Moscou exerce sur les à négocier avec Aslan Maskhadov. tut d’Aslan Maskhadov – interlo- les européennes, elles devraient, vices serbes a besoin de six corps. Il tien en détention provisoire jus- gouvernements qui accueillent cuteur valable ou « terroriste » ?–, en tout état de cause, buter sur se rend chez les hommes d'Arkan. qu’au 12 novembre. Moscou, qui des proches du président Maskha-     comme le veut à nouveau le l’obstacle du maintien de la peine Le colonel en charge « n'avait pas réclame son extradition, accuse dov est sans précédent. Jamais Mais le président russe a accusé Kremlin, qui hésitait sur ce point de mort dans le code pénal russe, de cadavres, mais il avait six person- M. Zakaev « d’être un des planifica- encore l’un d’eux n’avait été inter- le Danemark de faire cavalier seul avant la prise d’otages. La charge comme l’a souligné l’ambassa- nes vivantes dont je pouvais me ser- teurs de la prise d’otages à Moscou pellé hors de Russie. Des commen- dans l’UE en « soutenant des terro- contre son émissaire Akhmed deur danois à Moscou. Le Kremlin vir. » Six cadavres « trop frais » et d’avoir participé à plusieurs tateurs ont estimé que le Dane- ristes » et, en guise de représailles, Zakaev entrerait dans ce cadre, met en avant le moratoire sur les sont mis à sa disposition. «Onm'a actions terroristes de 1996 à mark cherchait ainsi à se faire par- le Kremlin a annulé la rencontre mais ses chances d’aboutir sont exécutions en vigueur depuis dit de les mettre dans un réfrigéra- 1999 ». Son maintien en détention donner l’acte de relatif courage russo-danoise prévue le 12 novem- faibles. Mercredi, le premier minis- 1996, mais omet de préciser que teur et de les conduire sur le lieu de a été justifié, selon le juge danois dont il venait de faire preuve en bre à Copenhague, dans la foulée tre danois, Anders FoghRasmus- celui-ci expire l’an prochain. l'échange. » en charge du dossier, par « le ris- refusant d’interdire, comme l’exi- d’un sommet russo-européen. Les sen, a souligné que « les autorités que de voir M. Zakaev échapper geait le Kremlin, la tenue du pre- Danois se sont inclinés et ont pro- compétentes s’étaient naturelle- Sophie Shihab Stéphanie Maupas 4/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL

L’économie américaine fait irruption dans la campagne électorale

A moins d’une semaine du scrutin de mi-mandat du président Bush, l’effondrement du moral des consommateurs jette une ombre sur la reprise. L’inquiétude des ménages se nourrit des mauvais chiffres du chômage, de la faiblesse continue de Wall Street et de la crainte d’une guerre en Irak

NEW YORK relance monétaire et budgétaire LE MORAL DES MÉNAGES AMÉRICAINS EN BERNE tis en fumée à Wall Street depuis l’éclatement de bulles financières de notre correspondant massive. Après onze baisses consé- mars 2000 ont laissé des traces pro- majeures », écrit-il. « Beaucoup se Eclipsées par la perspective d’un cutives, la Réserve fédérale a rame- Moral des consommateurs Chômage fondes dans les bilans des entrepri- sont empressés de clamer que l’Améri- conflit armé avec l’Irak et la sanglan- né en 2001 le loyer de l’argent au Indice, base 100 en 1985 durant les deux années Bush ses sous la forme de participations que n’est pas le Japon des années te équipée du « sniper » de Wash- jour le jour à 1,75 %, son plus bas En % de la population active surévaluées, d’investissements 1990, ajoute-t-il. Mais si la bulle de 150 ington, les difficultés de l’économie niveau depuis quarante ans. Le bud- Guerre hasardeux et de surcapacités. Le l’immobilier et celle de la consomma- du Golfe Le 30 /9/02 5,6 américaine sont passées presque get des Etats-Unis, en excédent de 6,0 taux d’utilisation des équipements tion éclataient à leur tour… » inaperçues lors de la campagne 150 milliards de dollars, est passé 125 industriels était de seulement Le mot même de déflation fait pour les élections législatives. dans le même temps à un déficit 5,5 76,1 % en août, tous secteurs con- peur à Wall Street et à la Maison A moins d’une semaine du scru- d’une ampleur comparable. Mais, fondus. Contraintes aujourd’hui de Blanche. Dans l’inconscient collec- 100 tin, elles viennent se rappeler au faute de relais pris par l’investisse- 5,0 publier de « vrais résultats », sans tif, il est synonyme de calamité et bon souvenir des électeurs. Mardi, ment et la consommation, la reprise artifices comptables, les entreprises renvoie aux images de la grande le baromètre de la confiance des s’est rapidement essoufflée. Au 75 4,5 désinvestissent, réduisent l’emploi, dépression des années 1930. Les ménages, calculé par le Conference point de faire craindre aujourd’hui se désendettent et effacent les prix des actifs et des biens ne ces- pour le mois d’octobre, est une rechute et une nouvelle réces- moins-values héritées de la bulle. sent de baisser, les profits s’effon- 50 4,0 tombé à son plus bas niveau depuis sion. La croissance est retombée à Elles n’augmentent surtout pas les drent, les entreprises réduisent les neuf ans. « La faiblesse du marché 1,1 % en rythme annuel au deuxiè- 3,5 rémunérations. salaires et licencient, entraînant un du travail, les éventuelles conséquen- me trimestre. 25 O JJA J O A J Quant à l’immobilier, il s’agit sans nouveau recul de la consommation. ces d’une guerre contre l’Irak et la Les ménages ont tenu l’activité à 90 92 94 96 98 00 02 2000 2001 2002 doute aujourd’hui de la principale Les ménages et les entreprises trop crainte d’une nouvelle baisse de la bout de bras depuis deux ans et Source : The Conference Board via Economy.com Source : Bloomberg menace pour l’économie américai- endettés ne peuvent plus faire face Bourse ont laminé la confiance », demi, continuant à dépenser et à ne. Le prix des maisons a encore à leurs engagements. explique Lynn Franco, directrice du s’endetter en dépit de l’augmenta- Pour réduire leurs dettes, les ména- de regarder ce que font les consom- continué à augmenter de 6,5 % en L’économie américaine n’en est bureau d’études. L’indice est tombé tion du chômage et de la diminu- ges n’ont d’autre alternative mateurs plutôt que ce qu’ils disent, rythme annuel au deuxième trimes- pas là, mais elle est particulièrement à 79.4 contre 93.7 en septembre. tion de leur patrimoine après la qu’épargner plus et consommer s’emporte Glenn Hubbard, le prési- tre. Le transfert de l’épargne de la fragile. « Cela faisait très longtemps « Cette fois, il semble bien que les dégringolade de Wall Street. Ils ne moins… Ils y sont d’autant plus con- dent du conseil des conseillers éco- Bourse vers le logement et le niveau que la déflation ne faisait plus partie Américains aient fini par perdre le pourront plus le faire longtemps. traints que les hausses de salaires se nomiques de George Bush. La con- très faible des taux d’intérêt ont du paysage. Aujourd’hui, il s’agit moral », souligne Drew Matus, éco- Depuis le milieu de l’année 2000, la font rares maintenant. Non seule- fiance baisse depuis mai, mais le mar- créé une bulle. Si cette bulle éclate, d’un risque à la fois possible et plausi- nomiste de la banque Lehman Bro- consommation et le logement, qui ment les entreprises ont des problè- ché du logement reste solide. Avec la situation financière des ménages ble », reconnaît J. Alfred Boaddus, thers. représentent 73 % de l’activité éco- mes de rentabilité, mais elles n’ont l’augmentation des revenus, la pro- deviendra encore plus précaire et la le président de la banque de Réser- Après trois trimestres de réces- nomique, ont augmenté à un ryth- plus de difficultés pour recruter. gression des dépenses de consomma- consommation encore plus faible. ve fédérale de Richmond. En dépit sion l’an dernier, l’activité a connu me annuel de 2,7 %. Mais la situa- Enfin, les consommateurs ne pour- tions sera substantielle durant la pro- Un scénario catastrophe que redou- de la faiblesse du dollar, l’inflation un sursaut lors des derniers mois de tion financière des Américains n’a ront plus compter sur un nouveau chaine année de reprise. » Reste à te Stephen Roach, économiste en est tombée aux Etats-Unis à 1,1 %, 2001 et des premiers de 2002. Une cessé de se dégrader. Leur taux d’en- coup de pouce au pouvoir d’achat savoir comment les salaires pour- chef de la banque Morgan Stanley. son plus bas niveau depuis 48 ans. reprise d’autant plus spectaculaire dettement atteint le niveau record sous la forme de baisses d’impôts. ront augmenter. « L’histoire nous apprend que la qu’elle intervenait à la suite d’une de 96,5 % du revenu disponible. « Les économistes feraient mieux Les 8 000 milliards de dollars par- déflation se produit souvent après Eric Leser Les Quinze ne parviennent pas à prendre la relève des Etats-Unis pour tirer la croissance L’économie canadienne résiste encore FRANCFORT terriblement dépendants de l’évolu- l’appétit de consommation des rythme annuel, la croissance alle- budgétaire à l’horizon 2006, voire Le Canada a réussi jusqu’à mainte- de notre correspondant tion de l’activité aux Etats-Unis, au petits porteurs, tout en handicapant mande devrait être très faible cette un peu plus tard pour la France, nant à résister au ralentissement des L’Europe n’échappe pas à la Japon et dans les pays émergents. le financement des entreprises. année, autour de 0,4 %, pour se res- demeure prioritaire. Etats-Unis, son plus important parte- morosité mondiale. Les espoirs Les risques de conflit en Irak, la Pour ne rien arranger, la principa- saisir timidement en 2003. Consom- De son côté, la Banque centrale naire commercial, évitant même la d’une nette reprise d’ici à la fin de hausse des tarifs du pétrole, l’essouf- le puissance économique de la mation atone, secteur de la cons- européenne maintient le statu quo récession en 2001 grâce à la consom- l’année se sont définitivement envo- flement américain, l’appréciation zone, l’Allemagne, demeure dans truction sinistré, banques dans la sur les taux en vigueur depuis mation des ménages. lés depuis l’été. Au contraire, c’est de l’euro vis-à-vis du dollar, qui une position très précaire. Si les six tourmente, plans sociaux en série, novembre 2001 (après avoir réduit Les économistes estiment cepen- une période de croissance molle, peut peser sur le niveau des exporta- grands instituts de conjoncture ont exportations sous pression, l’Alle- le principal taux directeur de 150 dant que l’économie canadienne, voire de stagnation, qui semble se tions, constituent autant de freins à écarté la semaine dernière tout ris- magne pourrait en outre pâtir des points de base auparavant pour le fortement dépendante des exporta- profiler, à en croire les avis les plus la croissance européenne. En paral- que de récession, après celle surve- récentes hausses d’impôts décidées porter à 3,25 %). Le conseil des gou- tions, ne pourra pas tenir le coup pessimistes. Le moral des milieux lèle, la chute des marchés boursiers nue à la fin 2001, certains experts par le gouvernement de Gerhard verneurs de l’institut d’émission, indéfiniment. Ils tablent sur une patronaux est en berne, en particu- vient doucher l’enthousiasme et n’excluent pas cette éventualité. En Schröder. malgré les différents appels à la croissance de 3,4 % en 2002 et de lier en France et en Allemagne. L’in- Au contraire des Etats-Unis, où baisse, semble être encore partagé 3,35 % en 2003. La Banque du Cana- dice Ifo sur le climat des affaires les pouvoirs publics – gouverne- sur la nécessité de réduire le loyer da a réduit ses propres prévisions, la outre-Rhin, publié lundi 28 octobre, En France, des signaux contradictoires ment et autorités monétaires – ont de l’argent. Son président, Wim semaine dernière, et mis en garde a enregistré sa cinquième baisse Le moral des ménages en France s’est redressé en octobre après quatre mois tenté massivement, en 2001, de Duisenberg, paraît pourtant de contre le risque d’une reprise de l’in- consécutive. consécutifs de baisse, selon les chiffres de l’Insee publiés jeudi 31 octobre, qui relancer la machine ou de limiter la plus en plus soucieux en matière de flation. Elle s’attend maintenant à A l'instar de la Commission euro- souligne que l’opinion des ménages sur les évolutions passées et futures du casse, les Européens restent bien conjoncture. une croissance légèrement au-des- péenne, et de la plupart des experts, niveau de vie en France s’améliore également. Pour la première fois depuis timorés. Les marges de manœuvre Depuis plusieurs semaines déjà, sus du potentiel de 3 % de l’écono- le Fonds monétaire international juin 2002, ils estiment que l’inflation s’est atténuée dernièrement et pensent budgétaires sont limitées, surtout la BCE a revu ses propres prévi- mie, ces trois prochains trimestres. vient de revoir à la baisse ses prévi- que cette tendance va se poursuivre. pour les trois locomotives de la sions à la baisse : après avoir long- La banque centrale canadienne sions de croissance : il table désor- L’optimisme est en revanche loin d’être de mise chez les industriels. Publié zone, l’Allemagne, la France et l’Ita- temps affirmé que la croissance de est la seule du G7 à avoir relevé son mais sur une progression du pro- mercredi 30 octobre, l’indicateur de l’Insee sur le moral des patrons de l’indus- lie, en délicatesse avec les engage- la zone atteindrait entre 2 % et taux directeur à trois reprises cette duit intérieur brut de la zone euro trie manufacturière accuse un nouveau recul et tombe à 94 points contre 97 en ments du pacte de stabilité et de 2,5 % à la fin 2002, elle espère que année. Selon les économistes, le chô- de 0,7 % en 2002 (contre 0,9 % précé- septembre. Cet indicateur phare laisse augurer une contraction de la production croissance. Bien que ces gouverne- ce niveau sera atteint dans le cou- mage devrait continuer à baisser demment), puis de 2 % en 2003 (au et un nouvel accès de faiblesse de l’économie française. En 2002, la croissance ments plaident désormais pour rant de l’année prochaine. l’an prochain, passant de 7,45 % au lieu de 2,3 %). ne devrait pas dépasser 1 %, si l’on en croit plusieurs instituts de conjoncture. En une lecture plus souple du pacte, premier trimestre 2003 à 7 % début 2003, il est peu probable qu’elle atteigne les 2,5 % retenus par le gouvernement. l’objectif du retour à l’équilibre Philippe Ricard 2004.     Un mythe semble avoir vécu : la zone euro est incapable de prendre la relève des Etats-Unis pour tirer Au Japon, le nouveau plan antidéflation du gouvernement manque d’ambition l’économie mondiale. Au grand dam de ses membres, elle n’est pas TOKYO « Un atterrissage en douceur com- floues et ne détaillent encore ni les 8,2 milliards d’euros) de déductions de ne pas dépasser les 30 trillions de non plus devenue la forteresse correspondance me celui-ci n’apporte rien, il aurait moyens financiers pour y parvenir fiscales – les rumeurs avaient fait yens de déficit budgétaire fait figu- escomptée, un espace protégé des Ni grand nettoyage des créances au mieux fallu quelque chose entre ni les dates de mise en œuvre. Elles état du double. Mais l’impact de ces re de vœu pieux. La Banque du aléas de la conjoncture mondiale. douteuses des banques, ni plan anti- les deux, en liquidant les sociétés qui visent à diviser par deux le montant déductions est jugé minime en ter- Japon, qui a de nouveau assoupli sa Au contraire : les douze demeurent déflation musclé : mercredi 30 octo- sont incapables de rembourser leurs des mauvaises créances d’ici à mes de relance. Le gouvernement politique monétaire mercredi, a bre, le gouvernement japonais a prêts. En fait, rien n’est fait pour mars 2005. prévoit de faire voter en janvier une annoncé dans son dernier rapport une fois de plus déçu sur les deux aider les banques, elles doivent se L’arsenal de nouvelles mesures proposition de budget supplémen- semestriel un arrêt de la reprise fronts qui minent l’économie japo- débrouiller seules avec leurs mauvai- porte essentiellement sur une éva- taire pour 2002 afin de compenser d’octobre à mars. Le PIB nippon ne naise depuis quatre ans. Heizo ses créances, ce qui ne fait que pro- luation plus stricte des créances les nouvelles dépenses dues au plan devrait augmenter que de 0,2 % à Takenaka, le super-ministre de longer le problème », estime Brian douteuses, qui s’accompagnera de antidéflation – et la baisse attendue 0,5 % sur l’exercice fiscal 2002. l’économie et nouveau patron de la Waterhouse, analyste bancaire à nouvelles inspections de la FSA, et des revenus fiscaux. Déjà, la pro- FSA, l’organisme de tutelle du sec- HSBC à Tokyo. une multiplication des audits exter- messe faite par Junichiro Koizumi Brice Pedroletti teur financier, a découvert toute Le plan de M. Takenaka, tel qu’il nes. Il s’agira également de créer l’inertie d’un monde politique arc- avait filtré la semaine dernière, une institution publique chargée de bouté sur le consensus. reposait sur un dispositif de choc : la réhabilitation des « canards boi- Chargé par Junichiro Koizumi de l’idée était de limiter à 10 % des teux » de l’économie, ces centaines venir à bout du problème des mau- fonds propres les crédits d’impôts d’entreprises des secteurs de la vaises créances dans le secteur ban- construction, de l’immobilier et de caire, l’économiste avait réuni une la distribution asphyxiées par les équipe d’experts de choc et décidé Le grand nettoyage mauvaises créances. L’institution de surprendre. Mercredi 23 octobre, en question décidera de la viabilité l’opposition des banquiers et des des créances douteuses on non des entreprises concernées caciques du PLD l’obligeait à réviser et pourra, le cas échéant, leur accor- sa copie, en bloquant au dernier des banques der des prêts. La RCC, structure de moment la sortie de son rapport défaisance, devrait aussi voir ses intérimaire. Après une semaine de n’aura pas lieu moyens accrus, mais aucun chiffre nemawashi – ces consultations dans n’a été avancé. les coulisses du pouvoir largement Le plan antidéflation comporte reprises dans les pages de la presse des banques, alors que ceux-ci attei- plusieurs mesures destinées à amor- –, le nouveau plan antidéflation de gnent aujourd’hui près de 40 %. tir les effets de la récession, en aug- M. Takenaka, annoncé mercredi Une telle mesure aurait placé cer- mentant les aides aux PME et aux soir, a largement perdu de sa subs- tains établissements en situation employés victimes des restructura- tance et déçoit tous ceux qui s’atten- de sous-capitalisation et permis au tions, avec la création d’un fonds daient au grand nettoyage. La victoi- gouvernement de les nationaliser, spécial pour l’emploi. Enfin, un re de la vieille garde du PLD et des ce à quoi l’autorise la législation quartier général pour la promotion forces de résistance entame actuelle. Le dispositif prévoyait de la création d’emplois sera mis en d’autant la crédibilité de Junichiro ensuite de séparer les mauvais place sous l’autorité du premier Koizumi comme réformateur. payeurs des autres et de relancer ministre – autant de mesures desti- Le plan annoncé mercredi 23 était l’activité des banques nationalisées nées à endiguer le vent de panique très différent. Il proposait un atter- purgées de leurs mauvaises créan- qu’avait suscité l’annonce du pre- rissage forcé qui aurait été bénéfi- ces en les dotant d’un nouveau mier plan Takenaka et « les millions que sur le long terme d’un point de management. de chômeurs à la clé » que certains vue économique, mais était proba- En comparaison de ce plan d’ac- lui avaient attribués. blement inacceptable d’un point de tion ambitieux, les nouvelles mesu- En outre, le plan comporte vue social et politique. res annoncées mercredi restent 1 000 milliards de yens (environ LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/5 INTERNATIONAL Les Sri-Lankais, confiants La Corée du Nord refuse toute concession au Japon dans le processus de paix, et veut discuter directement avec les Etats-Unis renouent avec une vie normale Tokyo n’a pas obtenu du régime de Pyongyang qu’il envisage de traiter avec les alliés La peur des Tigres et de l’armée s’est atténuée de Washington en Asie du Nord-Est sur la question de son programme d’armement nucléaire

JAFFNA produits traversant la zone sous TOKYO en violation de l’accord de 1994 séjour, le Japon a rompu son enga- pendant trente-six ans de colonisa- de notre envoyée spéciale son contrôle, afin de pénétrer à Jaf- de notre correspondant avec les Etats-Unis, les Coréens ont gement de les renvoyer à Pyong- tion,les droits de l’homme en Alignées le long de la plage, les fna. « Certains Tamouls craignent L’acrimonie et les divergences de fait valoir qu’une « solution définiti- yang le 27 octobre comme prévu. Corée », a rétorqué son homologue grosses barques multicolores à des représailles du LTTE parce qu’ils vue ont dominé les premiers pour- ve au problème du nucléaire ne pour- Tokyo leur a fourni un passeport et nord-coréen… Pour Pyongyang, les moteur sont, pour les pêcheurs de sont restés ici après 1995. Ils ont peur parlers entre la Corée du Nord et le ra être trouvée qu’à travers une négo- leur a proposé de se réinstaller défi- questions de sécurité et relatives au  que le gouvernement les abandonne Japon sur la normalisation de leurs ciation directe avec les Etats-Unis ». nitivement dans l’archipel. sort des kidnappés seront résolues au LTTE », commente un observa- relations, qui se sont tenus mar- « Aussi longtemps que nous serons après la normalisation des relations teur qui veut rester anonyme. di 29 et mercredi 30 octobre à Kuala menacés par les Etats-Unis,nous    entre les deux pays alors que le « Je ne crois à rien. « Pris entre l’armée et les Tigres,les Lumpur (Malaisie). Aucun progrès n’avons aucune raison de justifier La question des kidnappés a don- Japon fait d’une solution à ces ques- gens gardent un profil bas », note, n’a été enregistré sur les deux dos- nos efforts pour nous défendre »,a né lieu à un dialogue de sourds : tions une pré-condition à l’établisse- Je veux juste rester », pour sa part, le père Salvaraja, de siers qui préoccupent les Japonais : déclaré Pak Ryong-yon. En ce qui « Le Japon doit d’abord honorer son ment de liens diplomatiques entre l’évêché catholique de Jaffna. le programme nucléaire nord- concerne les cinq kidnappés que engagement [de renvoyer les les deux pays, qui sera assorti d’une dit un paysan Sous le parrainage attentif de la coréen et le sort de cinq de leurs res- Pyongyang a autorisés à revenir au kidnappés] », a fait valoir Pyong- aide économique substantielle Norvège, le processus de paix sem- sortissants, kidnappés dans les Japon pour un bref séjour, la partie yang. « Il faut revenir au point de (10 milliards de dollars), principale revenu sur sa terre ble sur les rails. « L’attention se por- années 1970-1980 par des agents de nord-coréenne s’est montrée intrai- départ de cette affaire : il s’agit d’ac- préoccupation de la partie nord- te plus,pour l’instant,sur les consé- Pyongyang, qui séjournent actuelle- table sur un retour éventuel de tes criminels,de rapts » , a rappelé le coréenne. « En l’absence de réponse quences du conflit que sur les cau- ment dans l’archipel. Les deux délé- leurs enfants restés en RPDC, esti- chef de la délégation japonaise, Kat- à nos demandes,il n’y aura pas d’as- Point Pedro, à l’extrémité nord de ses », nuance Kethesh Loganathan, gations se sont séparées sur un mant qu’en prolongeant leur sunari Suzuki. « Le Japon a violé, sistance », a déclaré le chef de la la péninsule de Jaffna, le symbole du Centre de politiques alternati- constat d’échec. « Nous n’avons fait délégation nippone. de la paix retrouvée. Neuf mois ves. Un fait que déplore le Dr que répéter nos positions respecti- Le régime nord-coréen ne sem- après la signature de l’accord de ces- Ambalavanar : « Beaucoup d’entre ves », a reconnu un délégué nord- Un négociateur peu amène ble donc pas prêt à se départir de sa sez-le-feu entre le gouvernement nous estimons que la priorité des coréen, Pak Ryong-yon. Seul point Le chef de la délégation nord-coréenne à Kuala Lumpur, l’ambassadeur rigidité : le seul interlocuteur sur les sri-lankais et les Tigres de libéra- négociations de paix devrait être la positif : la partie japonaise pense Jong Thae-hwa, chargé de négocier avec la partie japonaise en vue d’une questions de sécurité reste les Etats- tion de l’Eelam [patrie] tamoul constitution d’une administration que la République populaire démo- éventuelle normalisation des relations entre les deux pays, est le diplomate Unis. Pyongyang tend à ignorer que (LTTE), toutes les familles qui intérimaire pour le Nord et l’Est », cratique de Corée (RPDC) souhaite de Pyongyang qui, durant des années, a farouchement nié, au cours de ren- cette question est devenue un pro- avaient évacué cette plage contiguë dit-il, arguant du fait que les continuer la négociation sur les contres avec des Japonais, que son pays ait jamais enlevé leurs concitoyens, blème multilatéral qui concerne au à une base de l’armée sont reve- Tamouls seraient mieux à même de bases de la déclaration signée le note le quotidien Asahi Shimbun. Et mardi 29 et mercredi 30 octobre, cet premier chef les deux alliés des nues. En outre, depuis trois mois, la définir les priorités de la région 17 septembre à l’issue du voyage à ex-militaire au caractère emporté, qui quitte volontiers la table de négocia- Etats-Unis (Japon et Corée) dans la marine sri-lankaise a de nouveau qu’ils revendiquent. « Nous devons Pyongyang du premier ministre tions sur un coup de poing, n’a pas exprimé un mot d’excuse, souligne le région. Pour les Japonais, la RPDC autorisé les pêcheurs à utiliser leurs donner sa chance au LTTE », pour- nippon, Junichiro Koizumi. quotidien – était-ce par arrogance délibérée ou parce qu’il est le plus quali- continue à mener une dangereuse bateaux à moteur, reléguant peut- suit-il, en ajoutant, en allusion aux Sur la question du programme fié ? En revanche, il aurait mené les pourparlers de manière hautaine, sur un politique « au bord du gouffre ». être définitivement dans le passé craintes que suscite le totalitarisme d’enrichissement d’uranium, dont ton de confrontation qui n’est pas pour améliorer l’image de son pays dans lesoru, ces troncs évidés munis de du chef des Tigres, Velupillai Prab- Pyongyang a reconnu l’existence l’opinion publique nippone. – (Corresp.) Philippe Pons deux balanciers avec lesquels les hakaran : « Gouverner n’est pas la pêcheurs ne pouvaient trop s’éloi- même chose que de se battre pour sa gner du rivage. survie ». Alors que les contours d’une paix La mise en place d’une adminis- qui mettrait fin à dix-neuf ans d’un tration intérimaire au Nord (majori- conflit armé – 65 000 morts, envi- tairement tamoul) et à l’Est (où les ron – ne sont encore pas définis, les Tamouls coexistent avec une Tamouls du Nord et de l’Est veu- importante minorité musulmane lent y croire et beaucoup sont déjà qui refuse d’être sous la férule rentrés chez eux. Sur les 800 000 d’une administration qui serait déplacés du conflit, plus de dominée par le LTTE) reste redou- 180 000, en majorité ceux qui tée par nombre de Cinghalais (78 % vivaient dans des camps proches de la population) qui y voient la pre- des zones de combats, sont déjà mière étape de la séparation. Elle revenus. semble avoir fait place, désormais, A l’entrée de Palaï, les ruines à la mise sur pied d’une équipe con- témoignent des féroces affronte- jointe (task force) gouvernement- ments qui ont ravagé cette région LTTE, chargée essentiellement de lors de la perte par l’armée de la la reconstruction. Passe des Eléphants, en avril 2000. Là, au nord de Jaffna, la « capita- le » des Tamouls, gouvernée pen- Des pourparlers dant cinq ans (de 1990 à 1995) par le LTTE, Shiva Sidambavam, parrainés par Oslo 47 ans, monte les structures de sa Après un premier tour de négocia- nouvelle maison bâties avec l’aide tions, du 16 au 18 septembre, au de quelques amis. « Nous avons cours duquel les Tigres du LTTE attendu huit ans à Mallavi ; la situa- avaient affirmé renoncer à une tion est bonne maintenant », affirme patrie séparée dans les territoires ce paysan, revenu il y a deux mois qu’ils contrôlent au nord et à l’est sur sa terre d’origine. L’homme a du Sri Lanka, les négociateurs du cependant laissé sa famille dans le gouvernement et du LTTE se retrou- camp de Mallavi, situé sur la côte vent, jeudi 31 octobre, à Nakhon Est, le temps de voir. « Je ne crois à Pathom (Thaïlande). Le principal rien. Je veux juste rester », ajoute-t-il sujet de discussion sera l’instaura- quand on l’interroge sur la pérenni- tion d’une équipe conjointe gouver- té de la trêve. nement-LTTE chargée de promou- voir, notamment grâce à l’aide inter-   nationale, la reconstruction des Partout, dans les parages, des zones dévastées par la guerre. L’en- panneaux rouges mettent en garde jeu est d’importance : dans les contre les mines. « Peut-être y en zones qu’il contrôle, le LTTE veut res- a-t-il,mais nous avons besoin de mai- ter maître des projets de rénovation sons », explique Sidambaram. Des alors que le gouvernement veut que panneaux similaires sont plantés l’aide profite aussi au Sud, où vivent tout le long de la route A9, cette l’immense majorité des Cinghalais. « route de la mort » que l’armée a Une conférence des pays donateurs tenté en vain, de mai 1997 à décem- doit se tenir le 25 novembre à Oslo, bre 1998, et au prix de plusieurs mil- la Norvège parrainant le processus liers de morts, d’ouvrir pour désen- de paix. – (Corresp.) claver Jaffna. Le retour en grand nombre des déplacés, dans des zones rendues à la forêt et aux Cette solution de remplacement infrastructures totalement détrui- évite aussi l’obstacle d’un amende- tes, rend urgente une aide massive ment constitutionnel qui aurait que le gouvernement, en état de requis l’approbation des deux tiers quasi-banqueroute, évalue à du Parlement — un nombre de 850 millions de dollars. voix qu’est loin d’avoir le gouverne- Sans attendre la paix formelle, ment du Parti national unifié Jaffna revit pourtant. Le couvre- (UNP) de Ranil Wikramasinghe. feu a disparu, l’électricité est reve- Au-delà des divergences qui ne nue totalement et, avec l’ouverture manqueront pas de surgir quand de la route de Colombo, les maga- seront abordées les questions de sins se sont remplis. Des milliers de fonds, le principal obstacle au pro- Cinghalais viennent chaque week- cessus de paix en cours est en effet end découvrir cette partie de leur l’incertitude de la situation politi- pays qui leur était fermée depuis le que au Sud. La cohabitation entre début de la guerre, en 1983. la présidente, Chandrika Kumara- Seul témoignage d’une situation tunga, et le premier ministre, Ranil encore incertaine, la présence mas- Wikramasinghe, est houleuse, alors sive de l’armée, cinghalaise dans que la paix est impossible sans un son immense majorité, qui n’a accord entre les deux grands partis démonté ici aucune de ses posi- cinghalais. « Le défi pour l’UNP,qui tions. « Nous sommes impatients de est prêt à partager le pouvoir avec le voir le retour à la normalité », note LTTE au Nord et à l’Est,est d’accep- le Dr Thayalan Ambalavanar, méde- ter de partager le pouvoir avec la pré- cin à l’hôpital de Jaffna. « A Colom- sidente », affirme Jehan Pereira, du bo,les points de contrôle ont dispa- Conseil national pour la paix. Mais ru,mais pas ici. L’armée patrouille l’immense désir de paix des Sri-Lan- toujours dans les rues ». Cette der- kais pourrait contraindre les politi- nière n’est toutefois plus accusée ques à coopérer tant, les mois de de mauvais traitements par les habi- trêve passant, il sera difficile de tants. Mais beaucoup se plaignent revenir aux combats. des lourdes taxes imposées, par le LTTE, aux personnes et à tous les Françoise Chipaux 6/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 INTERNATIONAL Attentats de Soweto : le président sud-africain L’IRA rompt avec la accuse l’extrême droite blanche commission de désarmement L’explosion de neuf bombes, dans la banlieue noire la plus peuplée du pays, fait resurgir la crainte BELFAST. L’Armée républicaine irlandaise (IRA) a infligé un coup sévè- re au processus de paix nord-irlandais déjà mal en point en rompant d’une campagne de déstabilisation menée par des groupes de nostalgiques de l’apartheid tous les contacts avec la commission internationale chargée de supervi- ser le désarmement des milices. Dans un communiqué que devait de Pretoria : l’attentat visait, cette lions de personnes (soit moins que dû céder leurs fermes aux Noirs, publier, jeudi 31 octobre, le quotidien républicain An Phoblacht, l’IRA de notre correspondante fois, un temple bouddhiste. Deux la population de Soweto). Originai- ajoutent à leurs angoisses. met en cause le gouvernement britannique et son chef, Tony Blair, Les vieux démons de l’apartheid personnes ont été blessées. res d’Europe, descendants essentiel- Ces derniers mois, les groupuscu- mais elle ajoute que le cessez-le-feu observé depuis 1997 reste en auraient donc resurgi brutalement, « Nous savions depuis quelque lement de Hollandais et de hugue- les d’activistes ont à nouveau fait vigueur. Le gouvernement britannique et « d’autres » peuvent parvenir dans la nuit du mardi 29 au mercre- temps que des groupes d’extrême droi- nots (protestants calvinistes fran- parler d’eux. Un attentat aurait été à « créer un climat de confiance dans le processus de paix (…) en honorant di 30 octobre, dans un lieu haute- te préparaient des actions de ce çais) arrivés dans le pays au XVIIe siè- déjoué pendant le Sommet de la Ter- leurs obligations », estime l’IRA. Le nouveau secrétaire britannique à l’Ir- ment symbolique˘de la lutte contre genre˘pour déstabiliser le pays »,a cle, ils se considèrent souvent com- re de Johannesburg, début septem- lande du Nord, Paul Murphy, a qualifié cette décision de « regrettable et l’ancien régime : l’immense cité noi- déclaré le président sud-africain me la « tribu blanche » d’Afrique. Si bre. Entre avril et octobre, des décevante », mais « pas surprenante ».–(Reuters.) re de Soweto, située au sud-ouest Thabo Mbeki, qui a dénoncé une la grande majorité d’entre eux s’est caches d’armes contenant fusils- de Johannesburg. En moins de deux « campagne terroriste ». « Ils n’ont fondue dans la « nation arc-en- mitrailleurs, bombes et munitions heures, neuf bombes ont explosé aucune chance de voir leur projet ciel », une frange n’a jamais accepté ont été découvertes dans plusieurs Pas de résolution sur l’Irak à l’ONU sur un axe longeant la voie ferrée aboutir. C’est impossible. Ils n’y par- le pouvoir noir que du bout des provinces. Dans cette opération, qui traverse le centre de la viendront jamais », a-t-il martelé. lèvres et se considère comme une quinze personnes, dont trois offi- avant les élections aux Etats-Unis township la plus peuplée d’Afrique La menace de déstabilisation pro- minorité négligée. ciers, ont été inculpées pour haute du Sud. L’attentat a été attribué à venant de l’extrême droite semblait trahison, terrorisme et sabotage. WASHINGTON. Le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, a indi- l’extrême droite blanche même si, pourtant s’être éloignée. Finies les  ’ Ces derniers appartiendraient à un qué, mercredi 30 octobre, qu’il attendait un dénouement dans les négo- officiellement, aucun élément d’en- frasques d’un Eugène Terreblanche Leur langue, l’afrikaans, qu’ils groupe inconnu jusque-là, le « Boer- ciations à l’ONU pour une résolution sur le désarmement irakien « vers quête n’a pu jusqu’à présent accrédi- brandissant, du haut de son cheval, voulaient imposer aux enfants de mag », la « Force boer », revendi- la fin de la semaine prochaine ». Les élections législatives doivent avoir ter cette thèse. un drapeau blanc, noir et rouge frap- Soweto, a perdu sa suprématie. Vil- quant environ 3 700 membres. Ils lieu aux Etats-Unis mardi 5 novembre. « Nous sommes en train de rédui- L’une des bombes visait une mos- pé d’une croix gammée. Son parti, les et avenues qui portaient les sont accusés d’avoir fomenté un re les écarts, je pense que nous nous rapprochons », a déclaré M. Powell quée ; les autres ont fortement le Mouvement de résistance afrika- noms des héros de l’apartheid sont complot visant à détruire des sites en faisant allusion aux divergences qui subsistent avec la France et la endommagé le réseau ferroviaire. ner (AWB), ne compte plus que quel- peu à peu débaptisées. Au-delà des stratégiques, libérer les détenus Russie notamment. Un autre engin, placé à proximité ques partisans discrets, et lui-même symboles, les Afrikaners ont été par- d’extrême droite, renverser le gou- Le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, a pour sa part con- d’une station-service, a été désamor- purge une peine de prison pour ticulièrement affectés par l’affirmati- vernement et, finalement, chasser firmé, mercredi, après un entretien avec son homologue américain à cé par la police. Une femme est mor- coups et blessures. Représentés au ve action, la priorité en matière les Noirs du pays. Le gouverne- Washington, le désaccord entre les deux pays à propos de l’Irak. «Ilya te et son époux a été gravement Parlement par de petits partis attei- d’emploi accordée aux Noirs. Avec ment, l’opposition parlementaire, la un désaccord sur une possible action militaire », a déclaré M. Fischer, blessé. Perpétrés en pleine nuit gnant péniblement 1 % des suffra- la fin de l’apartheid, de nouveaux presse s’accordent sur l’absurdité tout en souhaitant que l’ONU parvienne rapidement à une résolution dans des lieux déserts, les attentats ges, les extrémistes ne font plus pauvres ont fait leur apparition, d’un tel objectif, conçu par des grou- sur le désarmement irakien. « Nous pensons qu’il devrait y avoir un n’avaient visiblement pas pour recette. mendiant aux carrefours des gran- puscules ultraminoritaires et divi- accord et que toutes les résolutions pertinentes devraient être mises en objectif de faire des victimes. Quel- Les Afrikaners, principaux anima- des villes. La criminalité grandissan- sés. Mais la police prend au sérieux œuvre immédiatement par le régime irakien », afin que la mission des ins- ques heures plus tard, une autre teurs de ces mouvements, qui ont te dans les campagnes et la terreur leur « capacité de nuisance ». pecteurs de l’ONU « puisse commencer à travailler immédiatement », bombe explosait à Bronkhorstpruit, dirigé l’Afrique du Sud depuis 1948, liée à la réforme agraire au Zimba- a-t-il dit. – (AFP.) à quelques dizaines de kilomètres représentent un peu plus de 2 mil- bwe, où les propriétaires blancs ont Fabienne Pompey Le pouvoir et les rebelles ivoiriens discutent… et s’arment

Le président togolais Eyadéma (à gauche) accueille, mercredi 30 octobre, l’un des représentants des rebelles ivoiriens, le sergent Chérif Ousmane, venu participer aux pourparlers de Lomé.  /

ABIDJAN l’armée jusqu’à l’exigence d’enquê- de notre envoyé spécial tes indépendantes sur plusieurs En même temps qu’ils négocient, assassinats politiques, dont celui le pouvoir et les rebelles ivoiriens du ministre ivoirien de l’intérieur, font la course aux armements. Mer- tué aux premières heures du credi 30 octobre, à Lomé, la capita- putsch, en passant par la tenue le du Togo, les premiers pourpar- d’élections « sans exclusive » dans lers directs entre les belligérants se un délai de six mois, cette exigence sont ouverts sous les auspices du constituant, aux yeux des insurgés, président togolais Gnassingbé Eya- la condition sine qua non de leur déma, « coordonnateur » des désarmement. Or, le mandat don- efforts de paix de la Communauté né à sa délégation par le président économique des Etats de l’Afrique Laurent Gbagbo prévoit le dépôt de l’Ouest (Cedeao). Celui-ci s’est des armes par les rebelles comme félicité de « l’esprit constructif » des préalable à des « discussions » qui premiers échanges, qui ont permis ne pourront porter ni sur le calen- aux deux parties d’exposer leurs drier électoral ni sur la Constitu- positions. Une nouvelle rencontre tion. a été programmée pour jeudi matin. « Je ne rentrerai pas à Abid-   jan sans un accord de paix », a décla- Les conditions d’éligibilité et ré le chef de la délégation gouver- l’échéance de la prochaine élection nementale, Laurent Dona Fologo. présidentielle, en 2005, étant ainsi L’optimisme affiché tranche avec intouchables, la marge de manœu- la surenchère militaire dans laquel- vre paraît bien étroite… Dans ce le s’est engagé le régime en place. contexte, le président sénégalais, Deux hélicoptères de combat Abdoulaye Wade, a décidé, mercre- Mi-24, de fabrication russe, connus di, de ne pas accéder à la demande pour leur efficacité pendant la de la Cedeao de lui fournir 650 sol- guerre d’Afghanistan, sont arrivés dats et d’assumer le commande- à l’aéroport d’Abidjan. L’un d’eux a ment de la future force de paix déjà effectué, mardi, un vol d’essai. ouest-africaine, censée relever l’ar- Leur livraison par la Bulgarie a été mée française sur la ligne de front négociée par un ancien membre de en Côte d’Ivoire, à la mi-novem- la junte au pouvoir entre décem- bre. Le contingent sénégalais n’ex- bre 1999 et octobre 2000, le capitai- cédera pas 250 soldats, ce qui laisse- ne Henri Sama, aujourd’hui atta- ra au Togo, pourvoyeur de 300 mili- ché de défense auprès de l’ambas- taires, le soin d’encadrer la force sade ivoirienne à Moscou. Par régionale. ailleurs, cinq chars ont été acquis « Le président Eyadéma ne pour- par l’armée ivoirienne et, selon des ra pas se récuser », estime un diplo- sources sud-africaines, 40 merce- mate occidental, qui ajoute : naires, anciens employés de la fir- « Pour lui, la médiation en Côte me Executive Outcome, se trouve- d’Ivoire est un moyen de prouver son raient déjà sur le sol ivoirien ; 160 utilité à ses bailleurs de fonds ». autres devraient les suivre prochai- Après avoir promis, notamment à nement. De leur côté, depuis la con- Jacques Chirac, de quitter le pou- clusion d’un cessez-le-feu, le voir qu’il exerce depuis trente-cinq 17 octobre, les rebelles n’ont pas ans, le chef de l’Etat togolais vient cessé de recruter, dans la partie d’organiser, dimanche, des élec- nord du pays qu’ils occupent ; ils tions législatives boycottées par les ont également reçu de nouvelles principales forces d’opposition. Si pièces d’artillerie, notamment de le Parlement élu dans ces condi- DCA (défense contre aviation). tions lève l’obstacle constitution- Pour éviter la reprise des hostili- nel qui s’oppose à son énième man- tés, un compromis pourra-t-il être dat, il pourra se représenter en trouvé à la table des négociations ? 2003… à moins d’une vigoureuse Les positions de départ n’incitent réaction de la communauté interna- pas à l’optimisme. Les rebelles ont tionale et, en particulier, de la Fran- avancé six revendications, qui vont ce. de la réintégration des 750 soldats appelés à être rayés des cadres de Stephen Smith LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/7 UNION EUROPÉENNE Bruxelles menace d’interdire Le sommet du Touquet aura lieu, la pêche au cabillaud dès 2003 mais au début de 2003 seulement Selon des scientifiques indépendants, les stocks de certaines espèces de poissons sont dramatiquement bas dans les mers du nord de l’Europe Paris souhaite des éclaircissements sur le projet européen de Tony Blair

BRUXELLES missaire autrichien estime que, tion des stocks de cabillaud, mesu- L’ESPRIT du sommet franco-bri- fait savoir la porte-parole de Jac- 2006, malgré l’élargissement, mais de notre bureau européen « dans un premier temps »,onne re indispensable pour la survie éco- tannique de Saint-Malo de décem- ques Chirac, Catherine Colonna, son maintien en l’état d’ici là. C’est un avis scientifique inquié- peut que proposer, pour 2003, une nomique « de milliers de pêcheurs bre 1998, où la France et la Grande- mercredi, avant que le président ne On conçoit à Paris que la relance tant, mais qui tombe à pic pour le interdiction. Mais il plaide pour et de leurs familles ». Or, le conseil Bretagne avaient relancé de concert quitte Paris pour quelques jours de de la coopération franco-alleman- commissaire européen à l’agricul- que soit recherchée « une alternati- n’a pas encore adopté le principe l’Europe de la défense, est loin. Et le vacances. La date n’a pas encore été de, décidée par Paris et Berlin pour ture et à la pêche, Franz Fischler : ve », défendant son plan de réfor- de cette initiative, jugeant qu’elle temps où Tony Blair, le nouveau fixée, mais ce sommet devrait se affronter les prochaines échéances le Conseil international pour l’ex- me, qui implique une gestion plu- allait trop loin. héros du social-libéralisme, au som- tenir en janvier ou février. « C’est un européennes, ne soit pas du goût ploitation des mers (CIEM), un riannuelle, la fermeture de certai- La réforme ou le chaos pour tou- met de sa popularité, était courtisé rendez-vous important auquel nous de Tony Blair, mais on estime que organisme indépendant regrou- te l’industrie de la pêche ? « Après par la droite française, aussi. La tenons de part et d’autre de la Man- celui-ci n’a qu’à se reprocher à lui- pant des spécialistes de dix- avoir essayé de nous coincer avec vache folle, Sangatte, le maintien de che et, à l’évidence, il faut encore un même de s’être marginalisé sur de neuf pays et basé au Danemark, La politique des arguments d’ordre économique, la Grande-Bretagne hors de l’euro, peu de temps pour le préparer avec nombreux sujets en Europe. On indique que les stocks de certaines Fischler utilise désormais des argu- et aujourd’hui les divergences sur soin et efficacité », a-t-elle ajouté. regrette notamment que les Britan- espèces de poissons sont au plus communautaire ments environnementaux », s’em- l’attitude à adopter vis-à-vis de l’ad- niques aient paru ces derniers mois bas, ce qui nécessite des mesures porte une spécialiste française du ministration américaine sur l’affaire   prendre du recul par rapport à urgentes de contrôle et de conser- ou le chaos ? dossier. Le cabinet du ministre irakienne, ont petit à petit recreusé Ces paroles apaisantes ne leurs engagements sur la défense vation. français Hervé Gaymard a, de son le fossé. cachent pas pourtant qu’on estime européenne, on leur reproche le Le CIEM (qui n’a pas étudié la Une alternative qui côté, décidé de ne pas réagir avant De part et d’autre de la Manche, nécessaire, à Paris en tout cas, de retrait de leurs forces du Kosovo, situation de la Méditerranée) plai- lundi 11 novembre, jour où se réu- on s’est efforcé, mercredi 30 octo- remettre les pendules à l’heure. leurs entraves à l’envoi d’une trou- de pour que des pêcheries euro- tombe à pic pour le nira le comité scientifique des bre, de tempérer le coup de sang de Sans vouloir confirmer dans le pe européenne en Macédoine. L’af- péennes de cabillaud soient fer- Quinze, appelé à se prononcer sur Tony Blair et de Jacques Chirac, le détail l’échange aigre-doux de pro- faire irakienne, où publiquement mées, dans la Manche-Est, la mer commissaire Fischler, l’avis du CIEM. « Il est très peu pro- vendredi précédent, au sommet de pos entre MM. Blair et Chirac tels les deux capitales s’affrontent au du Nord, la mer d’Irlande, l’ouest bable que sa position soit divergen- Bruxelles. Il n’y a pas de « brouille », qu’ils ont été rapportés à Londres, Conseil de sécurité, laisse des tra- de l’Ecosse et le Skagerrak (entre dont la réforme te », a prévenu M. Fischler. a assuré le porte-parole du gouver- on n’en reconnaît pas moins, dans ces. le Danemark et la Norvège). Or, La menace est claire : ce sera, nement français, Jean-François l’entourage élyséen, que le ton Il y a donc beaucoup de choses à l’adoption d’un nouveau règle- est toujours contestée ou bien la politique commune, ou Copé, à l’issue du conseil des minis- correspondait à une réelle exaspé- remettre à plat, surtout en prévi- ment communautaire destiné à bien l’interdiction de la pêche de tres. « Des querelles de famille », a ration. sion de la réforme du fonctionne- reconstituer les stocks de ce pois- plusieurs espèces : le cabillaud, opiné Jack Straw, le ministre des On estime que le premier minis- ment de l’Union élargie. L’alliance son a été transformée en test par nes zones et un renforcement des mais aussi l’églefin et le merlan. affaires étrangères de Tony Blair. tre britannique était allé au-delà de franco-allemande ne suffirait pas à M. Fischler, auteur d’un plan de contrôles, qui ne seraient plus con- Les captures de plies et de lan- Le sommet annuel franco-britan- la préséance en remettant trois fois assurer la réussite de la Conven- réforme qui suscite toujours les cri- fiés au seul Etat membre concer- goustines seraient, elles, contin- nique, qui se déroule traditionnelle- sur la table, en séance de travail à tion chargée de cette réforme si tiques de certains Etats membres, né. M. Fischler souhaite aussi ren- gentées. ment dans les brumes de la fin Quinze, l’accord agricole pourtant Londres faisait de la résistance. dont la France. forcer les budgets destinés à amé- d’automne, aura donc bien lieu, entériné le matin même, prévoyant Les réserves de cabillaud liorer les compensations sociales Jean-Pierre Stroobants mais un peu retardé seulement, a un gel des crédits de la PAC après Henri de Bresson auraient fondu de 60 %, d’autres offertes aux marins pêcheurs (pré- variétés se raréfient plus vite enco- retraite, reconversion, etc.). re. Pour le commissaire européen, Lors du dernier conseil, les minis- il s’agit donc, non seulement de tres des Quinze n’avaient toujours désarmer 8 600 bateaux pour pas pu dégager d’accord global sur réduire la surcapacité actuelle du la nouvelle politique de la pêche, secteur, mais de contingenter les qui devrait entraîner la perte de captures et de limiter « l’effort de 23 000 emplois directs. La France, pêche », à savoir le nombre de notamment, continue de s’oppo- jours passés en mer. La France, ser au mécanisme des sanctions. l’Espagne et le Portugal conti- « Est-il encore possible d’argumen- nuent de s’opposer à ce plan, alors ter contre une réforme profonde ? Je que la réforme de la pêche doit, en pense que non, l’absence d’action principe, entrer en vigueur au politique ne sauvera ni nos stocks ni 1er janvier 2003. notre industrie de la pêche », indi- M. Fischler affirme qu’il entend que le commissaire, rappelant prendre ses distances avec l’avis qu’il y a un an déjà que Bruxelles a « dramatique » du CIEM. Le com- présenté son plan de reconstitu- L’industrie pharmaceutique reçoit des garanties pour baisser ses prix dans les pays pauvres

BRUXELLES lue à 6,8 millions le nombre de per- de notre bureau européen sonnes affectées par le sida dans la Comment faire en sorte que cer- seule Afrique de l’Ouest, il fau- tains médicaments produits par drait, aux prix européens, une som- l’industrie pharmaceutique euro- me de 6 milliards d’euros par an péenne et vendus à des prix pour combattre la maladie, alors réduits aux pays en développe- que les budgets de santé combinés ment (PED) parviennent effective- des mêmes Etats n’atteignent que ment aux populations qui en ont 500 millions d’euros. besoin, et ne reviennent pas de D’où la volonté de la Commis- façon détournée vers les pays de sion de conforter la bonne volonté l’Union, où ils créeraient d’impor- naissante de l’industrie (provo- tantes distorsions de concur- quée par les pressions conjuguées rence ? Pascal Lamy, commissaire des opinions publiques, voire des européen au commerce, a propo- gouvernements) par des mesures sé, mercredi 30 octobre, une solu- de confiance et de protection. Si tion, qui est soumise à l’approba- les produits aux prix « cassés » ne tion des Quinze. Pour simplifier : il rentrent pas illégalement dans suffira que les producteurs phar- l’UE, l’industrie pharmaceutique maceutiques fournissent à la Com- sera encouragée à poursuivre ses mission la liste de ces produits dits efforts en faveur de prix différen- « différenciés » (à prix cassés), ciés destinés aux pays pauvres. Tel pour qu’ils soient inscrits sur une est du moins le pari. liste communautaire stipulant qu’ils sont interdits d’importation   dans l’UE. A charge ensuite aux Pour pouvoir bénéficier de ce douaniers européens de faire leur mécanisme, les produits intéressés travail… (il s’agit des médicaments sous bre- Pour les aider, un logo représen- vet ou génériques) devront être tant la lettre « E », entourée des exportés à un prix inférieur de étoiles de l’Europe. Il sera apposé, 80 % à celui de la moyenne des si possible directement sur les pro- prix dans les pays occidentaux duits pharmaceutiques, sinon sur membres de l’OCDE pour un les emballages, ce qui, évidem- même produit, ou à un prix proche ment, réduira singulièrement la du coût de production augmenté portée du dispositif. Ce sera aux de 10 %. industriels d’en décider. Dans un Cette proposition est différente, premier stade, seuls les médica- mais complémentaire, de l’initiati- ments destinés à la lutte contre le ve adoptée par l’Organisation mon- sida, la tuberculose et la malaria diale du commerce (OMC), permet- sont concernés. tant aux pays en développement Un exemple récent et quelques de déroger, dans des cas d’urgence chiffres permettent de mesurer l’in- sanitaire, aux règles de la proprié- térêt de cette initiative : le 3 octo- té intellectuelle, en accordant des bre, l’inspection néerlandaise de la licences obligatoires pour fabri- santé annonçait que des médica- quer les médicaments destinés à la ments antirétroviraux contre le lutte contre ces graves maladies. sida, fabriqués en France par le Mais cette initiative ne règle pas groupe britannique GlaxoSmithKli- le problème des pays pauvres qui ne, et destinés à des programmes n’ont pas d’industrie pharmaceuti- humanitaires dans plusieurs pays que locale, et donc pas les moyens d’Afrique de l’Ouest, avaient été d’accorder ces licences : c’est l’un détournés et revendus illégale- des sujets de la prochaine réunion ment en pharmacie en Allemagne ministérielle de l’OMC, à Sydney, et aux Pays-Bas. dans une quinzaine de jours. Les sommes en jeu sont très importantes. Sachant qu’on éva- Laurent Zecchini 8/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 FRANCE politique

Victorieuse de l’élection présidentielle et des législati- dership politique.Une démarche que ses divisions place au sein de la majorité.Leur but : faire venir les société trop hiérarchisée.Les principaux dirigeants ves, occupant tous les postes du pouvoir, la droite avaient jusqu’alors vouée à l’échec.Alors que l’UMP  habituellement classés à gauche de l’UMP hésitent toutefois à se dire de « droite », est désormais à la  ’  va créer une  pour développer le débat afin de faire émerger « une troisième phase », sorte préférant se définir comme appartenant à la « - qui lui permette de conforter durablement son lea- d’idées, plusieurs groupes de réflexion se mettent en de synthèse entre la permissivité de Mai 1968 et une  ». Comment la droite veut gagner la bataille des idées Six mois après la victoire de Jacques Chirac à l’élection présidentielle, cinq mois après celle de l’UMP aux législatives, la majorité est à la recherche d’une doctrine qui tienne compte de sa culture idéologique et d’aspirations nouvelles.Enquête sur une reconstruction

DANS quelques jours, l’UMP avec ses engagements de campa- tes sur le droit de vote et l’intégra- taire de cette nouvelle solidarité parti aux Etats-Unis, dans le cadre Raffarin. présentera officiellement sa « char- gne sous le gouvernement d’Alain tion des étrangers ; ils insistent sur hors les frontières françaises, le du programme Young Leaders, De cette recherche tous azimuts te des valeurs » : « Liberté, solidari- Juppé, la déchirure persistante la baisse des impôts et des charges ministre des affaires étrangères, observer les politiques de sécurité n’est pas véritablement né un cor- té, responsabilité, nation, Europe ». entre chiraquiens et balladuriens, en même temps qu’ils dénoncent Dominique de Villepin, lançait à Houston (Texas) et les expéri- pus de pensée. Le programme de En janvier, elle créera sa fonda- puis le rapprochement – jusqu’à la les « inégalités ». Quand son minis- encore, mercredi 30 octobre au mentations locales à Portland (Ore- la droite reste essentiellement, tion, lieu de débats et de réflexion fusion – des gaullistes, des libé- tre de l’intérieur critique les Maroc, un appel à « maintenir les gon). Mais il préfère parler de pour l’heure, le résultat d’une syn- dont le but est tout autant d’ali- raux et d’une partie des centristes « droits-de-l’hommistes », le chef deux rives de l’homme », regrettant démarche « pragmatique » plutôt thèse entre le gaullisme social d’un menter la majorité en idées nouvel- que « trop de peuples [soient] lais- que de réflexion théorique. L’Ely- François Fillon, le libéralisme les que de lui attirer les réseaux sés à l’écart et livrés à la misère, sée a néanmoins supervisé le lance- décentralisateur d’un Jean-Pierre d’intellectuels et d’universitaires Jacques Chirac et le club Phares et Balises tandis que les pays riches se laissent ment de dizaines de petits groupes Raffarin ou d’un Jacques Barrot, qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus, ou Le club Phares et Balises, fondé en 1992 par l’écrivain Régis Debray et par gagner par l’oubli, l’égoïsme ou l’in- de réflexion, dont bon nombre les réflexions sur l’autorité d’un qu’elle n’a peut-être jamais vrai- l’éditeur Jean-Claude Guillebaud, rassemblait des personnalités de droite différence ». d’animateurs peuplent à présent ou celles sur l’Etat ment eus. Cinq mois après son – comme l’écrivain Denis Tillinac, proche de Jacques Chirac – ou de gauche Au-delà des habiletés tactiques les cabinets ministériels. d’Alain Juppé. Mais certains veu- écrasante victoire électorale, la – comme le démographe Emmanuel Todd – qui entendaient rompre avec le et des effets d’annonce, la nouvel- Parallèlement à ce travail classi- lent aller plus loin. Ministre de droite chiraquienne rêve d’empor- « mitterrandisme ». Ce groupe, qui comptait « faire entendre un filet de voix le majorité s’emploie visiblement à que d’élaboration d’un program- l’agriculture, Hervé Gaymard, l’un ter la bataille des idées. Plusieurs républicaine » dans le sillage intellectuel du chevènementisme montant, se reconstituer un « ensemble de me gouvernemental, c’est aussi des rares à investir aussi les revues de ses chefs l’assurent : elle peut positionnait nettement contre la génération issue de Mai 68 et contre la valeurs », apparemment contradic- dans ces petits groupes que des intellectuelles en y publiant ses profiter du désarroi des socialistes construction européenne symbolisée alors par le traité de Maastricht. Pha- toires, pour servir de fil à plomb à notes de lecture sur des travaux écrits, expose plusieurs thèmes qui pour mettre fin à ce qu’ils appel- res et Balises a joué un rôle au cours de la campagne présidentielle de 1995, son action. « Aux législatives, le d’intellectuels habituellement clas- seront abordés lors des premiers lent « l’hégémonie culturelle de la lorsque M. Chirac relança, à travers lui, sa campagne autour du thème de la cœur du programme du RPR, était sés à gauche ont commencé à cir- travaux de la future fondation de gauche ». « fracture sociale ». Sabordé en août 1996, quinze mois après l’élection de très libéral, explique Pierre-Fran- culer. « Nous voulons trouver des l’UMP. « Il faudra réfléchir à l’enva- Cette tentation n’est pas tout à Jacques Chirac, ce club vit un certain nombre de ses membres rejoindre le çois Mourier, ancien directeur des concepts qui expliquent la réalité, hissement actuel de la sphère politi- fait nouvelle. Peu après son élec- Pôle républicain lors de la dernière présidentielle. études du parti gaulliste. En revan- affirme Nathalie Kosciusko-Mori- que par ce qui relève de la sphère tion à la présidence du RPR, en che, le programme de Chirac avait zet, aujourd’hui députée (UMP), privée et qui est un phénomène pro- 1999, Michèle Alliot-Marie, déplo- un aspect plus humaniste. Nous y qui a activement participé à ces rant une domination de la gauche ont achevé de brouiller les pistes. de l’Etat fait l’éloge des droits de avons fait figurer, par exemple, le réflexions. Pourquoi ne pas lire dans la presse, avait proposé la Au point que le chef de l’Etat, l’homme. Le même Nicolas Sarko- Civis, ce contrat d’insertion dans la Edgard Morin, Marcel Gauchet, Les chiraquiens création d’une formation destinée son gouvernement et sa majorité zy ouvre ensuite le débat sur la vie sociale pour aider les moins de Jean Baudrillard ou Paul aux journalistes… L’idée avait été paraissent désormais tenir deux double peine et Jean-Louis Borloo 25 ans à réaliser un projet d’inser- Ricœur ? » C’est là, aussi, que le veulent profiter moquée, puis abandonnée. La lignes à la fois : ils prônent avec se fixe pour mission de « lutter tion ou un projet humanitaire. » philosophe Luc Ferry, devenu démarche d’aujourd’hui est plus force le rétablissement de l’ordre contre les injustices » (Le Monde du Jean-François Copé, alors char- ministre de l’éducation nationale, du désarroi de ambitieuse. Elle tient à un constat, républicain tout en lançant des pis- 31 octobre). Exportateur volon- gé de rédiger le projet du RPR, est s’est rapproché de Jean-Pierre que résume le ministre (UMP) de la gauche pour mettre l’agriculture, Hervé Gaymard, qui fut l’un des rédacteurs du program- fin à son « hégémonie me présidentiel de Jacques Chirac « L’esprit de mai », revanche sur la « pensée soixante-huitarde » en 1995 comme en 2002 : « Nous culturelle » n’avons pas de préparation d’artille- IL A GLISSÉ l’expression, tranquillement, tion et l’ensemble des milieux culturels.Ce aujourd’hui à justifier la dépénalisation des rie idéologique. Et si les services sans avoir l’air de rien.Interrogé le 26 septem- mouvement est particulièrement perceptible drogues douces ou à glorifier la culture améri- “études” de nos partis ont produit bre sur France 2 lors de l’émission Cent minu- chez les plus jeunes élus du RPR. « Nous le cain » , affirme ainsi Jean-François Copé.Tous prement américain », dit-il, évo- des projets, nous ne savons pas tou- tes pour convaincre, Jean-Pierre Raffarin a évo- voyons bien chez nos aînés, remarque ainsi ne sont pas aussi radicaux.Dominique Busse- quant notamment le débat sur le jours à quelle réflexion les adosser. » qué « l’esprit de mai ».Il ne parlait pas, juste- Nathalie Kosiusco-Morizet, 29 ans, députée reau, ancien giscardien et ami de Jean-Pierre pacs. « Après tout, juge-t-il, chacun L’histoire récente de la droite ment, des barricades, de la volonté d’en UMP, ceux qui ont commencé à faire de la poli- Raffarin, assure ainsi : « Je me sens tout de a la sexualité qu’il veut. L’Etat doit- n’est pas pour rien dans cette diffi- découdre avec une société figée, de mai 68. tique en 1968 ont souffert de la mainmise de même héritier de mai 68. Cela nous a donné il s’en mêler ? » M. Gaymard sou- culté. La dernière tentative de théo- Non, « l’esprit de mai », dans celui de M.Raffa- la gauche sur l’espace public. C’est une généra- un formidable bol d’air. Mais je reconnais que haite aussi qu’émergent des risation de son action, entre 1986 rin, signifie le mouvement qui a donné à Jac- tion qui a besoin de se décomplexer. » cela nous a parfois empêchés de nous affir- réflexions sur « la tentation ac- et 1988, s’est soldée par un échec ques Chirac 82 % des voix d’un corps électoral mer. » Avec humour, il raconte : « Je me sou- tuelle du communautarisme », «la sévère. Sous l’impulsion notam- terrifié par la menace lepeniste.Mais cette «    » viens que lorsque nous avons créé les Jeunes question de la nation », « la place ment d’Edouard Balladur, le RPR expression n’est pas née du hasard. Valérie Pecresse, députée (UMP) des Yveli- giscardiens, nous avions appelé cela de l’Etat », et sur « cette société s’était largement inspiré, en matiè- Dans la réflexion qu’elle a menée avant de nes, dit à peine autre chose : « En 1968, l’anti- “génération pour un socialisme libéral”. Tollé dépressive qui attend une assistance re économique, des néoconserva- revenir au pouvoir, la droite s’est convaincue conformisme était de s’opposer au pouvoir de nos adhérents. Nous nous en sommes finale- complète de la collectivité ». Ce que teurs américains du président que le moment était venu de remettre en cau- catholique de droite. Aujourd’hui, l’anticonfor- ment tenu à “génération sociale et libérale”. » Jacques Barrot appelle « la troisiè- Ronald Reagan, pendant que Char- se ce qu’elle appelle « l’esprit soixante-hui- misme est de s’opposer à cette génération Aujourd’hui, les services de communication me phase » : une « sorte de synthè- les Pasqua vantait les « valeurs tard ».Déjà, au cours de sa campagne prési- soixante-huitarde qui nous a imposé un modè- de Jean-Pierre Raffarin ont tout de même lar- se entre le refus de 1968 d’une socié- communes » partagées avec le FN. dentielle, Jacques Chirac a fustigé à plusieurs le étouffant. » Le succès des ouvrages de Luc gement diffusé une photo du premier minis- té trop hiérarchisée et la permissivi- De sa lourde défaite de 1988, reprises « l’idéologie permissive » née de ce Ferry auprès de la droite est d’ailleurs né tre, à 25 ans, imitant avec fougue Johnny Halli- té trop grande qui en a découlé ». M. Chirac a gardé une méfiance à mouvement protestataire.Aujourd’hui, le d’abord de la lecture de son livre, La Pensée day.Celui-là même qui, en 1968, avait ren- Mais qui devra répondre à un défi l’égard du libéralisme anglo-saxon désarroi de la gauche a convaincu bon nom- 68 (Gallimard, 1985), très critique à l’égard voyé son rival de la chanson, Antoine, d’une plus grand encore : correspondre et la volonté de se tenir au plus bre d’élus de droite qu’il était peut-être des conséquences idéologiques du mouve- phrase qui fit mouche : « Cheveux longs et aux désirs et aux besoins de la loin de l’extrême droite. Le thème temps de pousser l’avantage.Et de contester ment de mai. « Nous voulons inventer un idées courtes »… société. victorieux de la « fracture socia- ce qu’ils considèrent comme une domination contre-esprit à celui de mai qui a alourdi notre le », en 1995, suivi d’une rupture idéologique, notamment, dans la presse, l’édi- pensée pendant trente ans et qui en arrive Rle B. Raphaëlle Bacqué ’- ’   ’      

JACQUES BARROT JEAN-FRANÇOIS COPÉ FRANÇOIS FILLON HERVÉ GAYMARD ALAIN JUPPÉ ALAIN MADELIN Ancien membre de l’UDF, Ministre UMP des relations avec le Ministre UMP des affaires sociales. Ministre UMP de l’agriculture. Ancien premier ministre, maire Député UMP président du groupe UMP Parlement, ancien secrétaire général Anime un club de réflexion, Un des rédacteurs du programme de Bordeaux, président provisoire d’Ille-et-Vilaine. Ancien président à l’Assemblée nationale. adjoint chargé du projet au RPR. France.9. de M. Chirac en 1995 et en 2002. de l’UMP. de Démocratie libérale (DL).

« SI J’ÉTAIS américain, je serais « BEAUCOUP de gens de droite « ADOLESCENT, j’avais le por- « JE NE ME DIS de “droite” que « LES REPÈRES clairs, capitalis- «ILY Aune droite jacobine et plutôt démocrate. En son temps, ont des difficultés à l’avouer. Dans trait du général de Gaulle dans ma si l’on me demande de choisir me contre socialisme qui, durant bornée, parfois archaïque et il y a j’ai apprécié la deuxième gauche de l’esprit de beaucoup, la droite était chambre à côté d’une affiche entre la droite et la gauche. Au de longues années, ont délimité les une droite libérale : j’en suis. Cette Michel Rocard. Mais dans le systè- à Vichy et de Gaulle a, d’une certai- des… Beatles. Sans être insensible fond, je dirais plutôt que je suis de frontières entre la droite et la gau- droite-là incarne à la fois l’idée de me bipolaire français, je suis de droi- ne façon, accrédité cette idée en aux slogans du milieu étudiant, je la “non-gauche”. Depuis les Lumiè- che ont explosé. L’esprit du gaullis- la liberté et la responsabilité indivi- te. Ce qui caractérise à mes yeux la disant qu’il n’était ni de droite ni trouvais finalement que les mou- res, la pensée politique en France me a toujours été de nier la divi- duelle. C’est en cela qu’elle se diffé- démarche de la droite actuelle, c’est de gauche. Chirac lui-même n’use vements gauchistes tenaient mal est de gauche. La droite n’a eu que sion droite-gauche entre les Fran- rencie de la droite étatiste qui a le pragmatisme. Nous nous distin- pas du mot “droite”, même s’il la comparaison avec le souffle Tardieu et Pinay à opposer à Jau- çais afin de rassembler. Le clivage a triomphé en France au lendemain guons de la gauche sur trois plans. reprend une grande partie du historique de l’épopée gaulliste. rès. Le maurassisme a été intellec- perdu de sa portée. Mais la droite de la Libération ; elle était portée 1. – Nous faisons plus confiance fonds idéologique. J’ai souvent eu le sentiment que tuellement fécond, mais c’était reste plus attachée à la liberté et à par des gens qui avaient l’éthique aux acteurs privés que publics. Pour moi, les valeurs de la droite l’on trouvait davantage d’ouvertu- une impasse politique. Quand au l’initiative individuelle, et garde ses de l’Etat, le sens du bien. Leur con- 2. – A la redistribution, nous pré- moderne résident dans une société re intellectuelle à droite qu’à gau- christianisme social de Marc San- distances avec le dirigisme et l’éta- viction était fondée sur la nécessité férons la promotion sociale indivi- de libre choix. Choix de sa retraite, che. Pourtant je me suis rarement gnier, il n’a jamais vraiment réussi tisme. L’exemple le plus récent, de contrôler l’économie par le duelle, la justice à l’égalité. de son temps de travail, de la façon présenté comme un responsable à offrir une alternative durable. c’est celui du débat sur la loi Aubry biais de l’étatisme. Hisser haut le 3. – Nous souhaitons une société de faire garder ses enfants. C’est de droite. Cette étiquette ne me Ensuite, Vichy a diabolisé le mot sur les 35 heures. Je ne partage pas pavillon de la droite, presque de régulée, respectueuse des règles aussi une nouvelle réflexion sur semble pas recouvrir un contenu droite. Comme les mots “droite”et forcément toutes les théories des manière incantatoire, ne doit pas éthiques, ce qui justifie, par exem- l’excellence : on ne peut pas passer théorique clair, ni suffisamment “libéral” sont pipés, je considère penseurs de droite. permettre de faire l’économie du ple, mon opposition à l’adoption son temps à taper sur les élites. large. Par conviction, je m’efforce qu’il n’est pas utile de reprendre » Contrairement à certains pen- débat d’idées. Dire je suis de droi- d’un enfant par un couple homo- Une nouvelle réflexion sur l’inté- de définir les voies politiques des entreprises en difficulté. Il faut seurs hyper-libéraux, je ne crois te, simplement pour le brandir, sexuel. gration en constatant que le multi- susceptibles de rassembler. Toute donner un substrat idéologique à pas que le marché soit un instru- c’est un peu un cache-misère idéo- Nous avons fait campagne sur culturalisme est un échec. Une nou- la question est de savoir si, la droite. L’énergie et le talent de ment parfait et infaillible. En revan- logique. De manière générale, je trois mots : liberté, autorité, parta- velle réflexion sur la famille qui ne aujourd’hui, la revalorisation Chirac ont masqué l’absence de che, il y a des domaines où la droite trouve que la droite libérale est en ge. Les nuances, au sein de la droi- passe pas par le pacs. Mais ce qui dans la société française des pensée chez les gaullistes, mais doit reprendre du poil de la bête. déficit de réponse sur les questions te, tiennent à l’ordre de ces mots. nous caractérise, c’est notre volon- valeurs de responsabilité et maintenant, il faut enfin réconci- Le thème de l’environnement, qui a de la mondialisation. Le mot droi- Moi, je mets partage en premier, té d’être moins dogmatique, moins d’autorité ouvre un champ théori- lier la pensée libérale et la pensée été largement repris par la gauche te a-t-il pour autant retrouvé de puis l’autorité. La liberté ? Elle va théologique, moins idéologique. que nouveau pour la droite répu- républicaine non marxiste, Tocque- ces dernières années, est pourtant son lustre ? Ce qui est sûr c’est que de soi. » Moins caricaturaux, aussi. » blicaine. » ville et Benjamin Constant. » au cœur des idées de la droite. » le mot gauche a perdu du sien. » LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/9 FRANCE politique

Alain-Gérard Slama, politologue et chroniqueur au « Figaro-Magazine » Une fondation doit être créée par « La droite française est l’UMP pour développer le débat d’idées fondamentalement récupératrice » La formation de cette structure est prévue pour le début 2003. Elle devrait Pour M. Slama, M. Chirac est en porte à faux avec la politique de son gouvernement permettre la rencontre d’intellectuels, de chercheurs et de syndicalistes

Comment expliquez-vous qu’il décrit comme un « libéral-bona- assis : il s’agit d’un libéralisme intel- MÊME ALAIN JUPPÉ en con- Finkielkraut sont désormais fré- de l’UMP espèrent tirer de cette fon- demeure difficile de s’afficher partiste ». Elle se range dans cette ligent qui n’entend pas casser le vient : la droite française manque quemment cités par des dirigeants dation, c’est la possibilité d’organi- de droite ? famille libérale, héritage de Ray- système. Mais ce qui me frappe d’un outil de réflexion. « Je veux de la droite. « Mais ils hésitent enco- ser des colloques et autres manifes- Parce qu’être de droite ou de mond Aron, qu’on évoque beau- dans ce nouveau personnel politi- créer une structure qui, dans la mou- re à se présenter à nos côtés, analyse tations dépassant l’activité tradi- gauche, c’est avant tout une affai- coup, mais qui a été, en fait, artifi- que, c’est cet esprit de revanche du vance de l’UMP, aura pour fonction M. Mourier. Dans le cadre d’une tionnelle des partis. Les lois qui re de tempérament. Même Joseph ciellement et tardivement retrou- local. Il entraîne d’ailleurs les aveu- de travailler sur des grands thèmes. fondation, ces personnes se retrouve- régissent le financement de la vie de Maistre, le penseur de la contre- vé. Ce courant libéral, qui est tout glements les plus idéologiques de Il faut nous doter d’une fondation, à ront dans une démarche entière- politique ne permettent pas aux par- révolution, ne travaillait qu’avec à fait marginal, n’avait en réalité ce gouvernement. Chez les élus l’instar de ce qui existe en Allemagne ment tournée vers la réflexion », pro- tis de dégager des fonds pour ce Le Contrat social de Rousseau sur jamais gouverné. locaux qui composent la nouvelle avec la Fondation Conrad-Ade- nostique-t-il. Et M. Dhersen préci- genre d’activité. « L’avantage d’une la table. En somme, la droite fran- N’y a-t-il pas des inspirateurs majorité, on sent une volonté nauer », explique le président provi- se qu’« il n’y a pas besoin de carte fondation, c’est qu’elle vit grâce à des çaise a toujours été une anti-gau- plus contemporains de l’idéolo- d’être maître chez soi, sans être soire de l’UMP. « Nous en parlerons du parti pour participer aux travaux dons provenant du privé et cela lui che. Son attitude est fondamenta- gie de la droite ? ennuyé par l’administration. Cette de manière plus détaillée au début de la fondation. » assure une certaine indépendance », lement récupératrice. Elle dit aux Oui. Luc Ferry pour l’individua- tendance échappe du reste à Jac- de l’année prochaine, et il faudra précise Alain Juppé, qui tempère sociaux-démocrates : la décentrali- lisme tempéré ; Yves Cannac, qui ques Chirac. entre douze et quinze mois pour mon-  ’   toutefois : « Il ne faudra pas qu’elle sation, le pouvoir des juges, nous, appartenait à la génération de la D’autre part, le moins que l’on ter un tel édifice », explique Franck Pour ce proche de Jean-Claude étouffe tout le reste. » nous savons le faire, et nous allons Nouvelle Société de Jacques Cha- puisse dire est que ces libéraux, Dhersen, délégué général de l’UMP Gaudin, « la droite a été tellement Cependant M. Juppé considère le faire sans les « effets pervers » ban-Delmas, pour l’aspect écono- loin de penser, comme Montes- chargé de cette question. timide sur certains grands sujets de que, dans le cadre même de l’UMP, que comportaient vos proposi- mique. Ce courant a émergé au quieu, que les lois inutiles affaiblis- Pour cet ancien député du Nord, société qu’une telle démarche ne pré- la droite doit favoriser l’émergence tions. cours des travaux préparatoires sent les lois nécessaires, ne cessent cette fondation devrait permettre à sente que des avantages. Il n’y aura de nouvelles réflexions. «Ilyaqua- La dominante du discours de des campagnes présidentielles et de légiférer ! La loi Sarkozy sur la la droite de constituer « des relais aucun tabou, contrairement à ce tre ou cinq thématiques que je souhai- droite n’est-elle pas de s’affir- législatives auxquels j’ai été asso- sécurité est curieusement surchar- entre la société civile et le monde qu’on peut rencontrer dans le cadre te développer. Elles concernent les mer contre les valeurs dites « de cié. gée. Combien de fois ai-je entendu politique ». Cette vision d’un lieu plus étroit du parti », espère-t-il. nouvelles relations entre pouvoirs et mai 1968 » ? Comment expliquez-vous que qu’il y avait un vide juridique sur ouvert sur des horizons non réper- Ainsi l’UMP rêve d’associer à ses citoyens, l’esprit d’entreprise et l’es- J’y vois moins une volonté d’en- le discours républicain et étatis- les paliers d’immeubles ! Il me sem- toriés à droite est partagée par Pier- travaux d’études des personnalités prit de partage, la France et l’Europe, cadrer les conduites – ce qui est te ne soit pas parvenu à s’impo- ble qu’il y avait suffisamment de re-François Mourier. Ce conseiller du monde syndical, des universitai- et l’environnement », énonce-t-il. caractéristique de la gauche – que ser à toute la droite ? règles pour permettre à la police d’Etat, ancien directeur des études res, des chercheurs. « C’est extrême- A droite, l’idée de créer une fon- Ce n’est pas le seul. Un autre dis- d’intervenir… Idem pour la porno- du RPR, proche de Jacques Chirac, ment important », renchérit pour sa dation n’est pas nouvelle. Le RPR « L’adoption cours qui n’est pas parvenu à s’im- graphie. Un simple rappel à l’ordre relève que depuis les élections part le très chiraquien Hervé Gay- l’avait déjà lancée. Juridiquement il du libéralisme à l’anglo- poser à droite est celui du libéralis- aux chaînes cryptées suffisait municipales « plusieurs universitai- mard, ministre de l’agriculture, existe même une structure, mais saxonne par la droite me à l’anglo-saxonne, qui cherche amplement. res ou penseurs généralement clas- selon lequel cette fondation per- elle est restée une coquille vide et française s’est achevée sur à penser une économie en dehors sés à gauche se rapprochent de la mettra « de débattre et de mettre en n’a jamais eu la moindre activité. un désastre foudroyant » de l’Etat. L’adoption du modèle Propos recueillis par droite ». Et les noms d’Edgar réseau les intellectuels ». -  américain et du libéralisme à Nicolas Weill Morin, Marcel Gauchet ou Alain L’autre profit que les dirigeants Yves Bordenave

.-.  l’anglo-saxonne par la droite fran- çaise en 1986-1988 s’est achevée le souci de répondre à une deman- sur un désastre foudroyant. Cela de sociale. Attribuer, par exemple, tient sans doute à ce que, chez Toc- le développement des tournantes queville, l’économie est un point ou de la pornographie à l’esprit de aveugle, et que l’économiste Bas- mai 68 découle, de toute façon, tiat, n’en déplaise à Alain Madelin, d’une erreur d’analyse : la porno- n’occupe pas une place éminente graphie a été bien plus portée par dans l’intellectualité française. les valeurs du marché ! La concep- Les valeurs sur lesquelles Jac- tion libérale n’équivaut pas à dire ques Chirac a été réélu ne sont- que le marché doit tout trancher, elle pas les valeurs de la Républi- mais à parvenir à un équilibre que face à l’extrême droite ? entre le marché et les valeurs. Ce Certes, toute la campagne a été qui est nouveau, en revanche, c’est faite sur une thématique républi- qu’on ose l’interdiction. Il n’est caine. Mais, aujourd’hui, Jacques plus « interdit d’interdire » com- Chirac se retrouve, comme lors de me on disait en 1968 – mais tou- son premier mandat, en porte à jours au nom de l’utilité sociale. faux avec la politique que le gou- Le gouvernement de Jean-Pier- vernement met en place, même s’il re Raffarin ne cherche-t-il pas à est convaincu que la décentralisa- promouvoir une idéologie ou tion représente une aspiration pro- des valeurs ? fonde des Français. Aujourd’hui, Aux côtés de Jean-Pierre Raffa- cette France des marges et des rin, un homme de l’ombre, un gis- notables se met à occuper le cen- cardien, une droite idéologique et tre de la vie publique. Mais repré- libérale dont l’idéal se résume à sente-t-elle la vraie culture de droi- Tocqueville et à Benjamin te, celle qui avait vocation à repren- Constant a effectivement fait surfa- dre à son compte le discours répu- ce. Elle est fédéraliste ou du moins blicain ? décentralisatrice, attachée aux Vous parlez de décentralisa- libertés publiques avec une forte tion, mais certains ne voient garantie des juges ainsi qu’au plu- dans le projet qu’une simple ralisme. Même un Sarkozy, qui est déconcentration… censé incarner au gouvernement Le libéralisme n’a jamais voulu la droite autoritaire, serait mieux scier la branche sur laquelle il était     , ..

PIERRE-FRANÇOIS MOURIER NICOLAS SARKOZY Ex-directeur des études du RPR. Ministre UMP de l’intérieur. Conseiller d’Etat. Ancien secrétaire général du RPR.

« SUR CERTAINS SUJETS, je ne DANS son livre Libre (Fixot- suis ni de droite, ni de gauche. Par Robert Laffont), Nicolas Sarkozy a exemple, je suis pour l’adoption par les écrit : homosexuels, (...) je pense que pour « Se dire gaulliste est devenu un enfant, il est toujours mieux d’avoir insuffisant. Le gaullisme appartient des parents que de ne pas en avoir. aujourd’hui à l’histoire de France et, Mais je pense aussi que le travail est à ce titre, il est devenu l’apanage de une valeur profonde de l’être humain, chaque Français. Le libéralisme est ce qui est une pensée de droite. Nous en train d’emprunter une voie iden- n’avons jamais fait de véritable étude tique, toutes les formations politi- sur ce qu’est l’identité de la droite. ques ou presque ayant compris et Pour la gauche, la droite est catholi- intégré la primauté du marché et du que, esclavagiste, réactionnaire. Mais libéralisme économique en termes pour moi, être de droite, c’est donner de création de richesses. » Toute- la primauté à l’individu sur le groupe. fois, il ajoute : « Je ne crois pas qu’il Par exemple, pour la gauche, la culture existe (…) une place suffisamment doit être partagée entre tous. Pour la large pour une formation qui se droite, elle est le capital d’un individu. réclamerait uniquement du libéralis- Pour la gauche, le délinquant est une me. » Pour M. Sarkozy, la droite se victime (…). Pour la droite, la victime caractérise par « le mérite qui justi- est la victime. Lorsque nous avons fie la récompense. Le refus du nivel- écrit le programme du RPR, nous lement (…). La solidarité qui ne peut avons cherché à retenir les idées de se réduire à la seule assistance (…). droite. En revanche, dans le program- La liberté de travailler (…). La pri- me de Chirac nous avons rejeté les élé- mauté (…) de l’individu sur le collec- ments trop libéraux en estimant que le tif. La décentralisation pour respon- marché a besoin d’un contrepoint. » sabiliser le citoyen. » 10/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 FRANCE Prostitution : le Sénat veut La gauche sénatoriale se ressoude pour dénoncer compléter le projet Sarkozy le projet de loi sur la décentralisation La commission des lois entend mettre l’accent sur la lutte contre les « réseaux organisés » Les débats au Sénat ne s’achèveront pas avant mardi 5novembre

LE SÉNAT ne veut pas se conten- lage (six mois d’emprisonnement et « LA FRANCE est une République décentralisation. D’autant plus que Sueur (PS, Loiret), « la République demander une suspension de séan- ter de voter la création du « délit de 3 750 euros d’amende) demeure. indivisible, laïque, démocratique et le garde des sceaux, intervenant en ne peut procéder en totalité d’une ce « pour tirer cette affaire au racolage », prévu dans le volet « L’intérêt de créer un délit est de sociale. (…) Son organisation est conclusion de la discussion généra- organisation décentralisée. Le prési- clair ». A la reprise, l’opposition ne « prostitution » du projet de loi de mettre les prostitué(e)s en garde à décentralisée. » Le Sénat a approu- le, mercredi, apporte de l’eau au dent de la République, le Parlement, va pas lever le pied, et c’est M. Mau- sécurité intérieure, mais entend aus- vue pendant vingt-quatre heures, vé, en première lecture, mercredi moulin d’une gauche qui n’en l’organisation judiciaire seraient-ils roy qui donnera le ton, s’inquiétant si lutter contre les réseaux mafieux pour obtenir des informations », 30 octobre, par 208 voix contre demandait pas tant. Alors que le désormais décentralisés ? » M. Mau- que « l’acte II de la décentralisation qui organisent la traite (Le Monde explique le rapporteur. 105, cette nouvelle formulation premier ministre avait pris soin de roy (PS, Nord) lui-même sort de sa commence par une régression ». du 31 octobre). Lors de l’examen du figurant à l’article 1er de la Constitu- rendre hommage aux lois Defferre réserve, obligeant le garde des La gauche, en contraignant la texte en commission des lois, mer-    tion. Mais il lui aura fallu, pour en mises en œuvre par Pierre Mauroy sceaux à se justifier : s’il a utilisé ce majorité et le gouvernement à credi 30 octobre, les sénateurs ont C’est en se référant à cette volon- arriver là, passer par une séance de en 1982, M. Perben reprend à son terme, explique ce dernier, c’est accepter un débat sur l’article Ier de décidé de compléter le texte de té de « lutte contre les réseaux organi- discussion houleuse, qui aura vu compte le terme de « rupture » pour désigner « une rupture dans la son texte, a marqué un point. Sur Nicolas Sarkozy en intégrant la pro- sés » que la commission des lois a une gauche sénatoriale requinquée qu’avait utilisé, la veille, Louis de méthode et non à caractère politi- les 249 amendements déposés, il position de loi sur l’esclavage salué les dispositions relatives à la faire montre d’une combativité Broissia (RPR, Côte-d’Or) : « Il exis- que ». en restait, jeudi matin, 197 à exami- moderne, adoptée à l’unanimité mendicité. Dans son évocation des dont elle avait perdu l’habitude. te une rupture entre les lois de décen- Pour la majorité, le pire est à ner et la discussion, prévue pour par les députés en 2002, mais réseaux, M. Courtois n’hésite pas à Tout s’est joué mardi 29 octobre, tralisation des années 1980 et celle venir, quand arrive le moment s’achever jeudi, se prolongera jus- jamais examinée au Sénat. inclure les gens du voyage qui, en début d’après-midi. Jean-Pierre proposée aujourd’hui », affirme le pour le président-rapporteur de la qu’à mardi soir. Le secrétaire d’Etat La commission des lois souhaite selon lui, donneraient « parfois Raffarin, après avoir présenté au ministre de la justice. commission des lois, René Garrec, aux relations avec le Parlement, insérer dans le code pénal une nou- dans la grande délinquance – vols Sénat, le matin, son projet de loi de défendre son amendement. Jean-François Copé, ne cachait velle incrimination de la traite des dans des châteaux, trafic de drogue, constitutionnelle sur la décentrali- «     » M. Garrec se saisit à contrecœur pas, mercredi soir, son irritation. êtres humains, punie de « sept ans d’armes, proxénétisme » –d’où «le sation, se rend devant l’intergrou- Cette fois, c’en est trop. Les ora- du micro et bredouille, à peine Pour la première fois depuis la ren- d’emprisonnement et de 150 000 luxe des caravanes et des véhicules, pe de la majorité sénatoriale. Le teurs socialistes interpellent le gou- audible, qu’il retire son amende- trée parlementaire, l’ordre du jour euros d’amende ». Elle serait définie alors que ces personnes se déclarent premier ministre est accompagné vernement sur la portée de la « rup- ment. Immédiatement, Michel Cha- initial ne sera pas tenu. Le projet comme « le fait, en échange d’une au RMI ». En cas d’occupation de du ministre de la justice, Domini- ture » qu’il entend mettre en rasse (PS, Puy-de-Dôme) le de loi sur la sécurité intérieure pré- rémunération ou de tout autre avan- tout autre terrain que celui prévu que Perben, et du ministre délégué œuvre et l’interrogent sur la signifi- reprend à son compte. Et le prési- senté par Nicolas Sarkozy n’arrive- tage ou d’une promesse de rémunéra- par la loi, « on pourra saisir les véhi- aux libertés locales, Patrick Deved- cation qu’il convient d’accorder, dent du groupe socialiste, Claude ra en discussion, au mieux, que tion ou d’avantage, de recruter une cules » : « Si une aire d’accueil exis- jian. dès lors, à l’inscription de l’organi- Estier (Paris), s’étonne : « Monsieur mercredi. personne, de la transporter, de la te, il sera facile d’en contrôler les M. Raffarin redit aux sénateurs sation décentralisée de la Républi- le rapporteur a abandonné en plein transférer, de l’héberger ou de l’ac- entrées-sorties, notamment la nuit, et de droite toute l’importance qu’il que au premier rang des principes combat l’amendement qui avait été Patrick Roger cueillir, pour la mettre à la disposi- alors on verra que ces populations ne attache à ce texte et à quel point il constitutifs. Pour Jean-Pierre adopté en commission », avant de et Laetitia Van Eeckhout tion d’un tiers, même non identifié », viendront plus dans la commune. » tient à ne pas en voir sa « portée afin, soit de commettre contre cette En revanche, la commission des symbolique » amoindrie. En clair, il personne « des infractions de lois souhaite borner l’utilisation des est pour lui exclu que l’« organisa- proxénétisme, d’agression ou d’attein- fichiers automatisés. « Il faut pré- tion décentralisée » de la Républi- Face aux Clubs 89, M. Juppé et « l’excès d’optimisme » te sexuelles, d’exploitation de la men- voir l’obligation, pour le procureur de que ne soit pas inscrite dans l’arti- dicité, de conditions de travail ou la République, en cas de classement cle 1er de la Constitution, et prie ins- BROUHAHA et discussions, sal- L’ancien premier ministre tre le plus disert, rappelant que «la d’hébergement contraires à sa digni- sans suite, non-lieu, relaxe ou acquit- tamment la commission des lois du le Colbert à l’Assemblée. Mardi entend cependant mettre à profit création de l’UMP au soir du pre- té, soit de contraindre cette personne tement, d’ordonner l’effacement des Sénat de retirer l’amendement 29 octobre, l’invité vedette Alain une situation inédite pour conduire mier tour, le 21 avril, a largement à commettre tout crime ou données », indique M. Courtois, qui qu’elle a adopté sur ce point. La Juppé est arrivé avec trois quarts un projet qu’il se fait fort d’« incar- facilité la victoire » : « Il y a des délit ». Les sénateurs ont égale- souhaite « obtenir du gouvernement commission, qui avait exprimé de d’heure de retard à la réunion des ner dans les cinq, et même les dix ans moments de l’histoire où il ne faut ment voté la création d’une procé- l’assurance qu’il n’a pas l’intention sérieuses réserves, jugeait nécessai- Clubs 89 –dont il fut un des trois à venir », sans préciser à quel pos- pas rater la fenêtre de tir. » Ayant dure de saisie conservatoire des de prendre des dispositions réglemen- re de préciser que l’organisation cofondateurs, en 1981, et qu’anime te. Il le résume en quatre « défis » : contribué à sa mise en orbite, il biens des personnes mises en exa- taires imposant la déclaration d’ar- « territoriale » était décentralisée à présent Jacques Toubon. Au « Comment gouverner autrement ? n’entend pas, à présent, s’en laisser men pour proxénétisme. mes par les chasseurs ». La discus- et de placer ce principe à l’article II futur président de l’UMP, l’ancien Comment nous situer sur cette ligne déposséder. La visite de M. Juppé Outre le titre de séjour provisoire sion en première lecture débutera de la Constitution. ministre de la justice a laissé le soin de crête entre liberté et solidarité ? aux Clubs 89 avait aussi, à cet qui serait accordé aux prostituées mardi 5 octobre. Ce jour-là, à En signifiant de la sorte que son de décrire le paysage politique issu Comment faire l’Europe sans défaire égard, valeur d’avertissement. Si le étrangères dénonçant leur proxénè- 17 heures, des prostitué(e)s ont pré- texte est « à prendre ou à laisser », des élections du printemps. C’est te, une « carte de résident » pour- vu de manifester devant le Sénat. le premier ministre aura largement aussi au « futur président » Juppé rait leur être délivrée, « en cas de contribué à radicaliser les débats, qu’un intervenant a benoîte- M. Dupont-Aignan dénonce un « verrouillage » condamnation définitive de la person- Clarisse Fabre et à ressouder une opposition pour ment demandé : « Avez-vous une Nicolas Dupont-Aignan a commencé sa campagne pour la présidence de ne mise en cause ». Le délit de raco- et Philippe Le Cœur le moins divisée en matière de vision pour la France ? » M. Juppé a l’UMP par une protestation. « Juppé essaie de tout verrouiller », s’est-il plaint, répondu : « Arrêtez, vous allez me mercredi 30 octobre, accusant le président provisoire du parti de vouloir « une porter la poisse. » UMP monolithique ». Le député de l’Essonne en veut notamment pour preuve Face à ce public conquis d’avan- le fait qu’il ne sera pas possible, si les statuts de l’UMP sont adoptés en l’état, ce, il ne s’est toutefois pas dérobé, lors du congrès constitutif le 17 novembre, de créer des « courants d’idées » au étayant sa « vision » d’expériences niveau local. « Si on veut que le gouvernement réussisse, il faut un parti de liber- concrètes sans hésiter à tempérer té en phase avec le peuple.Je ne veux pas d’une UDF-bis, je veux un parti qui pro- les enthousiasmes de ses suppor- pose une alternance franche », a-t-il précisé mercredi, lors d’une conférence de teurs –en nuançant aussitôt : presse. Il a dénoncé le parcours du combattant qui lui est imposé – lutte pour « Mon esprit de contradiction est pro- obtenir un bureau ou imprimer la profession de foi, difficultés pour obtenir des bablement trop développé. » Ainsi salles de réunion. Tout a dû être « négocié d’arrache-pied », affirme-t-il, ce qui s’est-il efforcé de convaincre son lui aurait « fait perdre quinze jours » pour lancer sa campagne contre M. Juppé. auditoire que « tout n’a pas changé depuis six mois » et de mettre en garde contre « un optimisme exces- la France ? Comment sauver la président de l’UMP se situe au-des- sif » : « Je rappelle à ceux qui pen- Terre ? » Sur ce dernier point, s’ins- sus des courants, ça ne l’empêche sent que le PS est hors circuit pour crivant dans la lignée de Jacques pas d’avoir ses partisans. La preu- des décennies que nous nous som- Chirac, le maire de Bordeaux souli- ve, mardi soir, le président des mes dit la même chose en 1993. Et gne l’importance de « nous réappro- Clubs 89, qui se sont vu reconnaî- s’il y a eu, dans la foulée, l’élection prier le thème du développement tre le statut de personne morale de Jacques Chirac en 1995, elle a été durable, car ce sont les droits de associée (PMA) au sein de l’UMP, suivie par ce que l’on sait, en l’homme de demain » et de « ne pas annonçait fièrement l’adhésion 1997. Alors, soyons attentifs aux laisser cette question à tel ou tel grou- d’« une trentaine de députés », dont leçons de l’histoire récente. Les idées, puscule, fût-il peint en vert ». une bonne douzaine étaient pré- les réalités sociologiques et les hom- Mais c’est sur la constitution de sents dans la salle. mes sont là, qui feront qu’ils repren- ce « nouveau parti de la droite et du dront du poil de la bête. » centre » que l’invité du jour se mon- P. Rr Des députés de l’UMP inventent « la Boussole » pour faire respecter les promesses présidentielles Ces élus « de terrain » veulent être à l’écoute « des attentes » des Français

SURTOUT ne pas être « un pro- paralyser, estime M. Woerth, sont engagés à organiser dans leur blème de plus » dans une majorité ancien du cabinet Arthur et Ander- circonscription, les membres de la pléthorique. C’est Eric Woerth sen. Boussole suivront chacun un dos- (UMP, Oise), l’un des créateurs de Il ont prévu de se réunir tous les sier privilégié. Ils ont aussi prévu de la Boussole, qui l’assure. Le club de quinze jours et de prendre de façon rencontrer régulièrement les minis- vingt-et-un députés de l’UMP –par- systématique le pouls de l’opinion tres. M. Copé sera le coordinateur mi lesquels seulement trois fem- dans leur circonscription. « Au len- des travaux au nom du gouverne- mes –s’est créé voilà trois semai- demain des législatives, j’ai rencon- ment. nes pour représenter « le cap que tré à l’Assemblée nationale des socia- Le dispositif a été minutieuse- toute la majorité doit tenir », com- listes battus. Ils ont vécu une campa- ment mis au point, mardi 29 octo- me le dit sa charte. gne où ils ont passé leur temps à se bre au cours d’un dîner à Mati- Des grognards et la jeune garde faire engueuler. Ils n’avaient pas sen- gnon. « Jean-Pierre Raffarin a repris du Parlement nouvellement élue, ti monter le mécontentement »,a sa formule de la France en trois tous « résolument engagés dans le expliqué le député des Yvelines, dimensions, dit le député du Nord soutien à l’action du président de Pierre Lequiller à Jean-Pierre Raffa- Marc-Philippe Daubresse, la République et du gouverne- rin. “sécurité, Europe, décentralisa- ment », chargés de vérifier que les tion”. » Renaud Donnedieu de promesses de campagne, celles de «   ’ » Vabres, son collègue d’Indre-et-Loi- la présidentielle et celles des législa- « Il y a des attentes fortes à l’égard re s’est risqué à évoquer « les briga- tives, sont bien respectées. « Nous de ce gouvernement, sur beaucoup des du Tigre », suggérant des opéra- voulons aider le gouvernement à anti- de sujets , l’école, l’entreprise, les tions commandos menées sur le ter- ciper les choses, à bien hiérarchiser retraites », analyse M. Woerth qui a rain, en cas de difficultés. ses priorités, travailler avec lui », pré- déjà réuni plus d’une centaine de Après le premier ministre, et cise l’ancien mandataire financier ses concitoyens en présence du por- M. Woerth, tout le monde a pu s’ex- de la campagne de Jacques Chirac. te-parole du gouvernement, Jean- primer. « J’ai apprécié chez Jean- « Nous ne sommes pas les gardiens François Copé. « Il faut que nous Pierre Raffarin, sa façon de travailler du temple, ajoute ce proche d’Alain jouions un rôle d’ascenseur, pour fai- en équipe. Il a parlé de la France et Juppé. On ne veut pas être comme re circuler dans les deux sens l’infor- des Français. Je suis gaulliste. J’ai Jospin, crispés sur un bilan. » mation sur tous les sujets, ajoute aimé », indique Mme Morano. Et Vingt-et-un députés, dont deux, Nadine Morano, députée de Meur- tout le monde s’est quitté content. Yves Censi et Valérie Pécresse, ont the-et-Moselle, quitte à mettre en travaillé pour l’Elysée, c’est assez place « des panels dans la popula- Pascal Ceaux pour agir, mais pas pour ne pas se tion ». Outre les débats qu’ils se et Béatrice Gurrey LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/11 FRANCE La hausse du chômage ralentit en septembre mais le moral des industriels est en berne Armées : un député dénonce la dégradation du matériel Le nombre des inscriptions à l’ANPE consécutives à un licenciement, UN RAPPORT de la commission de la défense de l’Assemblée natio- à une fin de CDD ou de mission d’intérim, reste en forte augmentation nale, rendu public mercredi 30 octobre, dénonce « l’insuffisance » de la disponibilité des matériels au sein des trois armées françaises, met- DIVINE surprise pour le ministre STABILITÉ mois.Elles étaient 2 678 200, en bres.François Fillon, qui va entre- tant en cause « le vieillissement des équipements » et « l’insuffisance des affaires sociales, qui estime la tenant compte des demandeurs prendre un tour de France pour des crédits budgétaires » durant les cinq années du gouvernement Jos- conjoncture « pas favorable » sur Les demandeurs d'emploi d’emploi ayant exercé une activité populariser le contrat jeunes en .Selon le député Gilbert Meyer (UMP, Haut-Rhin), auteur du rap- le front de l’emploi : le taux de chô- (données CVS en millions) occasionnelle de plus de 78 heures. entreprise, pourrait avoir quelques port, le taux de disponibilité technique opérationnel est tombé à mage est resté stable en septem- Nouvelle Ancienne Le chômage des plus âgés recule difficultés à tenir ses objectifs 60 % en moyenne en 2002.M.Meyer cite notamment la disponibilité bre, à 9 %.La France n’en affiche courbe courbe légèrement (– 0,5 %), mais celui (18 000 bénéficiaires dès cette technique des sous-marins nucléaires d’attaque passée, selon lui, de pas moins la troisième plus mauvai- 2,6 des jeunes, traditionnel point fai- année, 250 000 en 2005).Pessimis- 69,9 %, en 1997, à 38,8 %, en 2002, et celle des hélicoptères Gazelle de se performance européenne, derriè- ble, est à la hausse (+ 0,9 %). tes sur leurs perspectives de pro- l’armée de terre, de 80 % à 46 %. « Les armées se trou- re l’Espagne et la Finlande. « Nous + 5,1 % duction, les entrepreneurs risquent vent sur le fil d’une rupture capacitaire », estime le rapporteur. sur 1 an 2,678 200 allons vers des jours difficiles,quelle 2,4    d’hésiter à recruter en contrat à que soit la situation en matière de En septembre, 367 800 deman- durée indéterminée (CDI) des jeu- croissance », avait prévenu Fran- deurs d’emploi se sont inscrits à nes peu ou pas qualifiés.Et il n’est « Hardy », l’éminence grise çois Fillon, mercredi 30 octobre.La 2,2 l’ANPE (+ 3,9 %).Signe des ten- pas sûr que les exonérations de dernière enquête mensuelle de sions qui traversent le marché du charges patronales prévues dans ce de Lutte ouvrière écrit un livre l’Insee dans l’industrie lui donne travail, les inscriptions qui font sui- contrat (100 % les deux premières + 6,7 % raison : le moral des industriels est 2,0 sur 1 an 2,278 800 te à un licenciement économique années, 50 % la troisième) seront «HARDY » , alias « Roger Girardot » – de son vrai nom Robert Bar- en berne.Le jugement des entre- (+ 11,2 % sur un an), à une fin de suffisantes pour les décider. cial –, très discret leader de Lutte ouvrière, âgé de 75ans, prépare un preneurs sur la tendance de la pro- contrat à durée déterminée « Le contrat jeunes en entreprise livre-entretien avec le journaliste et écrivain Christophe Bourseiller, à 1,8 duction s’est dégradé « sensible- (+ 10 %) ou de mission d’intérim n’est ni un stage parking,ni un petit paraître chez Denoël, indique l’hebdomadaire L’Express, dans son édi- ment » en octobre et les perspecti- OFMAJNDJ MJAS (+ 6,8 %) sont toutes orientées à la boulot,ni un sous-smic. C’est un tion du 31 octobre. « C’est Christophe [Bourseiller] qui est venu nous ves générales ont continué de chu- 2001 2002 hausse.Les sorties de l’ANPE pari. J’espère que les entreprises s’y proposer le projet », a confirmé au Monde Guy Birenbaum, directeur ter.La probabilité d’une détériora- L'ancienne courbe tient compte des (314 500) sont en repli de 2,5 %.Sur lanceront », déclarait M.Fillon, de collection chez Denoël, qui assure « n’avoir pour le moment rien tion de la conjoncture reste forte. chômeurs ayant travaillé plus un an, les dispenses de recherche mardi 29 octobre.Parallèlement, lu » de l’ouvrage. Dans l’immédiat, la hausse du de 78 heures dans le mois d’emploi (8 407) ont crû de près de les contours du Contrat d’insertion La sortie du livre est prévue « autour du mois de février », expli- chômage a marqué le pas après Sources : ministère de l’emploi, ANPE et Insee 24 % et les radiations administrati- dans la vie sociale (Civis), qui pren- que-t-on chez l’éditeur, soit deux mois après le traditionnel congrès quinze mois de progression.Dans ves (32 076 en septembre) ont fait dra le relais des emplois jeunes, annuel de LO au cours duquel, selon certaines sources proche du par- la catégorie 1, qui sert d’étalon offi- tembre, 2 278 800 personnes inscri- un bond spectaculaire (+ 72,8 % sur seront précisés avant la fin de l’an- ti, la question de la préparation de la succession d’Arlette Laguiller ciel, le nombre des chômeurs n’a tes à l’ANPE, à la recherche d’un un an)… née.Il y a urgence, car l’emploi pourrait être évoquée.Sollicitée il y a dix jours, Lutte ouvrière n’avait pas bougé le mois dernier.En don- contrat à durée indéterminée et à Rien ne permettant d’espérer un marchand est mal en point. souhaité ni confirmer, ni infirmer la sortie de ce livre-entretien. nées corrigées des variations sai- temps plein, et n’ayant pas tra- retournement de conjoncture, les  sonnières (CVS), il y avait, en sep- vaillé plus de 78 heures dans le mois prochains s’annoncent som- Claire Guélaud a RECOMPOSITION : Dominique Voynet appelle à la création « d’un seul parti qui pourrait s’appeler La Gauche » afin de « refonder une espérance à gauche ». Dans un entretien publié jeudi 31 octobre Le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale a été adopté par Le Parisien-Aujourd’hui, l’ancienne ministre, qui doit quitter en décembre la direction des Verts, s’inquiète du « repli des partis de gau- LES DÉPUTÉS ont adopté, dans nationale et ancien ministre de la « Ce projet de loi n’assure déjà pas re lancé l’ancien ministre de la san- che sur eux-mêmes » et dit « rêver d’entendre des gens au PS,au PCF et la nuit de mercredi à jeudi 31 octo- santé], venant après ceux tenus par le maintien d’un système fondé sur té, tout en reconnaissant l’ex- chez les Verts appeler à la tenue d’assises de toute la gauche ». bre, le projet de loi de finance- le premier ministre Jean-Pierre Raf- la solidarité », a stigmatisé l’ancien istence d’un « problème social » : a ENA : deux députés de l’UMP, Jean-Michel Fourgous (Yvelines) ment de la Sécurité sociale farin,lundi 28 octobre sur LCI,sont ministre socialiste de la santé « Un quart à un cinquième des Fran- et Hervé Novelli (Indre-et-Loire), ont rédigé un amendement (PLFSS) pour 2003.Les députés de à ce titre éloquents. » Claude Evin (Loire-Atlantique). çais ne disposent pas de complémen- visant à supprimer l’École nationale d’administration (ENA), estimant l’UMP et de l’UDF ont voté pour. Au cours des débats, mercredi, Lundi 28 octobre, à l’ouverture taire,il faut régler ce problème pour que son maintien « au-delà de 2003 » n’a « plus lieu d’être ». Cet amen- Ceux de l’opposition ont voté M.Barrot a déclaré qu’ « il faut dif- des débats, Jean-François Mattei, tenir le schéma que j’évoque, a-t-il dement devrait venir en débat, le 7 novembre, lors de l’examen des contre.Mais, pour le socialiste férencier risques lourds et petits ris- le ministre de la santé, avait assuré admis, ajoutant que, lorsque l’on crédits inscrits au budget des services du premier ministre. Jean-Marie Le Guen, « cette discus- ques » et qu’« il convient de respon- de sa volonté de « sauver un systè- ne peut pas s’assurer,il faut pouvoir a CHÔMEURS : le réseau des Marches européennes contre le chô- sion aura au moins permis d’avan- sabiliser les Français sur les petits ris- me solidaire et juste ». « Ce n’est disposer d’une aide personnalisée. mage, auquel participent, en France, les trois associations AC !, cer sur la réponse à la question : ques afin de pouvoir perpétuer la pas la peine d’être hypocrite »,a C’est ce que Jacques Chirac a inscrit Apeis, MNCP, a organisé mercredi 30 octobre une « journée européen- comment va-t-on financer les défi- solidarité nationale sur les risques plaidé, mercredi, M.Barrot hors dans son programme,il faut mainte- ne pour le droit au revenu ». Le réseau propose de fixer à 50 % du PIB cits [plus 7 milliards d’euros pour lourds,c’est-à-dire être tous traités de l’Hémicycle. « Il faut aborder ce nant la mettre en place. » par habitant le montant d’un « revenu individuel garanti » qui serait l’assurance-maladie attendus en de la même manière pour ceux-ci ». débat : que les assurances complé- assuré dans chacun des quinze pays de l’Union et des dix pays candi- 2003] ? Le débat aura été éclairant mentaires prennent un peu plus en Philippe Le Cœur dats. sur la compréhension de la politique «     » charge le petit risque. C’est la solu- qu’entend mener ce gouverne- « C’est ce que préconisait le rap- tion pour alléger le système de cou- ment. » « Outre,sans doute,une port d’Yvon Chotard du CNPF en verture universelle et pérenniser les hausse des cotisations sociales,cela 1976 : pour le petit risque,les gens finances de la Sécurité sociale. Ce se fera par le biais du dérembourse- se responsabilisent. C’est-à-dire n’est pas aller vers une médecine à ment de certains médicaments – y qu’on ne les rembourse plus,ou par- deux vitesses,c’est s’assurer que la compris à travers l’institution du for- tiellement,au titre de la couverture prise en charge du risque lourd reste fait de remboursement calé sur le obligatoire et universelle,et qu’ils égale pour tous », a assuré le prési- prix des génériques – et un transfert paient eux-mêmes avec leurs dent du groupe UMP, selon qui il du financement sur les ménages,via mutuelles ou assurances, a expli- reviendra « au Parlement » de pré- les assurances complémentaires », a qué, dans les couloirs de l’Assem- ciser où débutent les risques considéré le député de Paris, aux blée, M.Le Guen . Cette distinction lourds. yeux de qui « les propos tenus ce est un non-sens pour la santé publi- « Tous les Français doivent aller soir par Jacques Barrot [président que et n’est pas efficiente sur la vers les assurances complémentai- du groupe UMP à l’Assemblée consommation de médicaments. » res. Ce n’est pas le diable », a enco- Le FN bat la campagne pour trouver ses futurs cadres parmi les nouveaux adhérents Ils seraient 12000 à avoir rejoint les rangs du parti depuis le 21avril

SIX MOIS après le coup de ton- M.Colombier a débuté sa mis- Chaque année, environ 15 % des nerre du premier tour de l’élection sion, le 10 octobre, par une réu- secrétaires départementaux quit- présidentielle, le Front national nion au Pont-du-Casse, dans la tent leurs fonctions, ce qui oblige s’efforce de maintenir ses parti- banlieue d’Agen (Lot-et-Garon- le Front à disposer d’un vivier suffi- sans en éveil dans la perspective ne). « Ils ont été 40 à répondre à samment important pour nommer des scrutins de 2004 (cantonales, notre invitation dont six femmes et rapidement les successeurs. « Les régionales et européennes).La six jeunes », détaille M.Colombier, départs sont liés,en général,à un direction du parti entend étudier qui leur a fait remplir une fiche de déménagement ou encore à la perte le profil des sympathisants qui ont contact avant de procéder à un d’emploi,qui obligent les intéressés rejoint le mouvement de Jean- tour de table afin de sonder leurs à se consacrer,en priorité,à leur Marie Le Pen depuis le printemps. motivations.La réunion, program- situation personnelle », estime Eric « Ils sont,au total,12 000 » , affir- mée sur 90 minutes, a finalement Iorio. me Jacques Colombier, secrétaire duré quatre heures. Plus rares seraient les évictions national à l’encadrement.Le secré- pour manque de performance. taire général du Front, Carl Lang,   « Cela peut arriver bien sûr, admet évalue à un peu plus de 25 % le Sans surprise, l’insécurité et l’im- M.Ioro. Mais les gens qui s’investis- nombre de nouveaux adhé- migration ont été citées parmi les sent chez nous ne sont pas animés rents.Cette vague a pris de court préoccupations majeures. « Même par un intérêt financier ou des ambi- le FN, qui a dû faire appel à des si le paysan dans sa ferme n’est pas tions personnelles. Nous n’avons pas intérimaires pour remplir et ren- en contact avec des immigrés,il voit de postes de député français ou de voyer les cartons d’adhésion. à la télévision les banlieues qui brû- maire à offrir,on n’a pas de secrétai- « C’est la première fois,depuis lent ; ça joue, souligne M.Colom- res de mairie ou d’attachés parle- 1984,que le FN enregistre un flux bier. Le deuxième thème exposé s’ar- mentaires. » de cette ampleur », se félicite ticulait autour de la désertification, Affaibli par la scission de 1999, M.Lang. Un tiers de ces novices des bureaux de poste qui ferment, le FN certifie avoir surmonté la cri- ont entre 45 et 60 ans et un quart du service public qui se délite. » se. « Depuis 2001,nous quadrillons entre 30 et 44 ans.Les jeunes de Plus étonnant, les électeurs de à nouveau tout le territoire, consta- 18 ans à 30 ans représentent 20 % M.Le Pen ont demandé des préci- te M.Lang. Nous sommes désor- alors que 17 % ont entre 61 ans et sions sur le volet social du pro- mais engagés dans une étape quali- 75 ans.Enfin, 5 % ont plus de gramme du FN. « J’ai été interrogé tative,avec la création d’une sec- 75 ans.Le FN entend exploiter ce sur nos propositions en matière tion de cadres pour placer le Front vivier pour détecter des responsa- d’emploi,de retraite et de Sécurité dans la meilleure situation possi- bles locaux et des candidats aux sociale, déclare M.Colom- ble. » Un passage obligé mais pas élections cantonales.M.Colom- bier. Dans mon rapport adressé au suffisant pour assurer le succès bier et Régis de la Croix Vaubois, secrétaire général,j’ai fait part de aux futurs scrutins. « Ce n’est pas membres du bureau politique, ont ces interrogations. Nous devons être l’appareil qui fait l’élection », recon- été « chargés de ce travail », expli- plus clairs,plus synthétiques dans la naît M.Lang.Pour preuve, le que M.Lang.Les deux « chasseurs formulation de nos mesures socia- Front comptait trois permanents de tête » viennent de commencer les. » lors de sa première percée nationa- leur tour de France des fédéra- Dans l’assistance, l’envoyé spé- le (10,95 %) aux élections euro- tions. « Cela doit nous permettre de cial du FN a repéré « trois person- péennes de 1984. réaliser un saut qualitatif », obser- nes qui ont le bagage pour assumer ve M.Lang. des responsabilités sur le terrain ». Elie Barth 12/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 SOCIÉTÉ justice

Au terme de    , la cour d’as-  , les avocats de Boualem Bensaïd sont   «  ’ » pour le malaise en s’exprimant au nom des victimes, au-delà sises spéciale de Paris a condamné, mercredi 30 octo- parvenus à convaincre la cour de le déclarer « compli- l’attentat du métro Maison-Blanche. Son coaccusé a des déclarations de leurs familles. Un documentaire diffu- bre, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem à la ce » et non auteur principal de l’attentat du RER Saint- été jugé coupable de l’attentat du RER Musée-d’Orsay. sé par Canal+ revient sur   ’ - réclusion criminelle à perpétuité. Aidés par un - Michel, à Paris, à l’été 1995. Il a en revanche été reconnu Françoise Rudetzki, présidente de SOS-Attentats, a créé    par le pouvoir algérien. Attentats de 1995 : la cour condamne les deux accusés à la perpétuité

Epaulé par une défense efficace, Boualem Bensaïd a été reconnu « complice » et non auteur de l’attentat du RER Saint-Michel et coupable de celui du métro Maison-Blanche au terme de cinq semaines de débats. Smaïn Aït Ali Belkacem a été condamné pour la bombe du RER Musée-d’Orsay

es  ’ par M Benoît Dietsch et Guillau- Aït Ali Belkacem signait sa respon-    me Barbe ? Sans doute pas. Ceux- sabilité dans l’attentat de Musée- ci viennent pourtant de convaincre d’Orsay. Restait celui de Saint- e 17 jour la cour de le déclarer « complice » Devant l’entrée Michel avec ses huit morts et plus d’audience et non pas auteur principal de l’at- de la salle de deux cents blessés. tentat de Saint-Michel. Au regard d’audience du palais TROIS HEURES TRENTE de de la peine prononcée, cela ne de justice de Paris, «   » délibéré ont mis fin à cinq semai- change rien. Au regard de la jus- les victimes Dans sa plaidoirie, mercredi nes de débats. La cour d’assises spé- tice, a fortiori quand elle est ren- et leurs proches 30 octobre, Me Barbe a cruelle- ciale a condamné, mercredi due par une cour d’assises spéciale- patientent avant ment résumé l’enjeu en s’adres- 30 octobre dans la soirée, Boualem ment composée pour juger les l’énoncé du verdict, sant à la cour : « Si vous condam- Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem auteurs d’actes de terrorisme, c’est mercredi 30 octobre. nezBoualem Bensaïd dans Saint- à la réclusion criminelle à perpétui- beaucoup. Et cela résume un pro- Les trois attentats Michel, il y a tellement de victimes, té. Le premier a été reconnu coupa- cès dont la richesse a été, à bien islamistes tellement de souffrances à soulager, ble de « tentative d’assassinat en des égards, inattendue. Contre commis dans est-ce qu’on pourrait vous reprocher relation avec une entreprise terro- Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali la capitale à l’été une erreur judiciaire ? Sans doute riste » pour l’attentat du métro Mai- Belkacem, les charges étaient con- et à l’automne 1995 pas. Mais ce n’est pas l’idée que, son-Blanche à Paris, et de « compli- sidérables. A une première enquê- avaient fait huit vous et moi, nous nous faisons de la cité d’assassinat et de tentative d’as- te de la division nationale de lutte morts et plus justice. » sassinat » pour ceux des RER Saint- contre le terrorisme (DNAT), qui de deux cents blessés. Pendant plus de quatre heures, Michel et Musée-d’Orsay. Sa con- avait permis de démanteler les les deux avocats de Boualem Ben- damnation a été assortie d’une pei- réseaux de terroristes des Groupes saïd se sont acharnés à démonter

ne de sûreté de vingt-deux ans. Le islamiques armés (GIA) et d’inter-  / tous les éléments qui avaient con- deuxième a été reconnu coupable peller à l’automne 1995 ses princi- duit à renvoyer leur client comme de l’attentat du RER Musée-d’Or- paux membres, s’était ajouté, en phoniques ou de leurs aveux pas- Jean-François Clair. Un long che- enquêteurs trop sûrs de leur fait. auteur principal dans cet attentat. say. Au prononcé du verdict, les 2000, le travail de la brigade crimi- sés en garde en vue, puis devant le min, parfois confus, qui pouvait Sans doute M. Getti avait-il égale- AMe Georges Holleaux, qui avait deux accusés sont restés figés dans nelle, reprenant « toute l’enquête à juge d’instruction. apparaître à certains moments ment en tête la décision de la Hau- présenté Boualem Bensaïd comme l’attitude qui a été la leur pendant zéro », selon la formule de son comme une digression habilement te Cour britannique refusant d’ex- un chef, un combattant qui se tout le procès. Smaïn Aït Ali Belka- numéro deux, Christophe Des- « ’ ,    » entretenue par les avocats de la trader vers la France le troisième devait de « monter au feu » devant cem, épaules voûtées, front bas, coms. De l’ensemble des docu- Dès les premiers jours, pourtant, défense, tandis que sur les bancs accusé des attentats de 1995, ses troupes, Me Barbe a répliqué : noyé dans son éternel polo à rayu- ments saisis sur les deux hommes le procès a pris un tour singulier, des parties civiles, les très nom- Rachid Ramda, au motif que celui- « C’est ça, un émir ? Mais ça a de la res, résigné. Boualem Bensaïd, bus- lors de leur arrestation ou à leurs se glissant dans les méandres des breuses victimes des attentats de ci ne bénéficierait pas d’un procès gueule un émir ! Ce n’est pas un fils te droit, regard dur, défiant une domiciles, les policiers de la briga- rivalités policières avec la déposi- 1995 attendaient que l’on en vien- équitable. de vendeur de tisane ambulant, rou- ultime fois la cour en lançant avant de criminelle avaient tiré des élé- tion maladroite de l’ancien chef de ne enfin aux faits. Ces détours C’est dans ce climat que s’est blard, qui laisse penser qu’il a plus de disparaître entre ses gardes : ments accablants : repérages, la DNAT, Roger Marion, ou frap- n’ont pas été vains : ils ont semé ouvert l’examen par la cour de cha- d’envergure qu’il n’en a ! » Aidés « Allah Akbar, Dieu est grand ! » comptabilité, numéros de télépho- pant à la porte des services de ren- quelques opportuns points d’inter- cun des trois attentats. Pour d’eux par un réquisitoire qui, la veille, Mais cette fois, contrairement aux ne codés, ticket d’achat de poudre seignement français à propos des rogation dans une procédure qui d’entre eux, la partie était jouée : était apparu fragile, tant il affir- autres jours, il n’a pas eu un geste noire, coupon de Carte orange, qui mystères qui entourent leurs rela- n’en comptait guère. Le président, les empreintes digitales de Boua- mait plus qu’il ne démontrait, ils vers ses avocats, assis, épuisés et complétaient la panoplie déjà tions avec leurs homologues algé- Jean-Pierre Getti, l’a compris, qui lem Bensaïd avaient été identifiées ont méthodiquement rappelé au pâles, en contrebas du box. riche des recettes et éléments d’en- riens, en citant à comparaître le n’a jamais hésité à se mettre en sur la bombe déposée à Maison- souvenir de la cour les zones mal Boualem Bensaïd peut-il mesu- gins explosifs, des empreintes digi- chef adjoint de la direction de la danger, à malmener ou à rappeler Blanche, et l’analyse du coupon de éclairées de l’enquête de la DNAT, rer à cet instant le travail accompli tales, du contenu des écoutes télé- surveillance du territoire (DST), à leurs devoirs de rigueur des la Carte orange trouvé sur Smaïn les absents du box, dont Ali Tou- chent, présenté comme l’émir du GIA en Europe, puis celles trop lumineuses de la brigade criminel- La douleur et la pudeur des victimes dans l’ombre pesante de la présidente de SOS-Attentats le, dont l’enquête est qualifiée d'« enquête par validation de pistes DEUX CENT DOUZE parties civiles plus chaque instant, elle va l’emporter, le sub- pres souffrances, ils sont devenues ce jour- grin, montrant aux accusés ce qui lui reste préexistantes ». « Boualem Bensaïd une, l’association SOS-Attentats, présidée merger. Ou cet autre, impassible et hors là plus que des parties civiles, une de sa fille, la montre qu’elle portait ce est coupable de, puisqu’il est capa- par Françoise Rudetzki. En cinq semaines d’atteinte depuis que son fils de 17 ans a été « famille » de victimes. Un bloc de compas- 25 juillet dans le RER, une sœur détruite par ble de : voilà l’élément de preuve qui de procès, leurs visages sont devenus fami- soufflé dans l’attentat. Mercredi 30 octobre, sion réciproque, émouvant et oppressant à la perte de son aînée de dix-huit mois, un vous a été apporté », a affirmé liers. Des femmes et des hommes de tous elles étaient là encore, plus que jamais, la fois. fils découvrant le corps mutilé de sa mère, Me Dietsch, avec une terrible effica- âges, de toutes origines qui, obstinément, pour entendre dans la soirée le verdict qui a Sur cette « famille », a veillé cinq semai- un père qui murmure « mon fils Alexandre cité. Coupable idéal, a insisté ont rejoint chaque jour ou presque la salle condamné Boualem Bensaïd et Smaïn Aït nes durant Françoise Rudetzki. Assise au était la septième victime », s’étrangle et s’ex- Me Barbe, cet homme qui « n’attire de la cour d’assises. Ali Belkacem à la réclusion criminelle à per- premier rang des parties civiles, à droite de cuse : « Je n’arrive pas à dire. » Et tous les pas beaucoup la sympathie, qui Face au box des accusés, les familles des pétuité, serrées les unes contre les autres, Me Georges Holleaux, elle a noté les débats, autres, femmes et hommes, confiant leur témoigne d’une absence d’émotion huit victimes décédées. Dans les bancs du peinant à se séparer. dont le site Internet de l’association rendait mal-être depuis cet été 1995 où ils essaient devant les victimes, qui n’est jamais public, situés un peu plus loin, les autres, compte chaque jour. A chaque suspension « de faire comme avant, sauf qu’à l’intérieur, comme on voudrait qu’il fût : aga- très nombreuses, blessées dans l’un des     d’audience, on la voyait se lever, étreindre, c’est plus pareil ». Puis est venue Mme Rudetz- çant, exaspérant, discutant tout jus- trois attentats de l’été et de l’automne 1995. Dans cette salle de cour d’assises, l’at- consoler, retenir longuement les mains. ki, reprenant dans une longue litanie les qu’à l’absurde ». « Défendre Boua- Statues de chair étouffant leurs sanglots, mosphère a basculé lors des deux journées Peut-on toucher à une icône ? Evoquer, témoignages qui avaient bouleversé la cour, lem Bensaïd, c’est parfois un sacer- serrant leurs mouchoirs, ne perdant pas un d’audience où ces hommes et ces femmes sans remettre en cause la justesse d’un com- insistant là où la pudeur en avait retenu cer- doce, a ajouté l’avocat. Le sale bou- mot des débats, prenant parfois des notes sont venus raconter, et surtout revivre à la bat mené depuis des années pour la recon- tains, traduisant en mots ce qui s’était expri- lot, on l’a fait. Sur Saint-Michel, pour s’occuper les mains, retenir le tremble- barre ces 25 juillet, 6 et 17 octobre 1995 qui naissance des victimes, le sentiment de mé en souffles ou en larmes. c’est maintenant à votre tour de fai- ment qui les assaille. Statues de pierre au ont bouleversé leur vie. Beaucoup se con- malaise ressenti ce mardi 15 octobre lors- Jusqu’à l’excès. « Je vais vous dire ce que le re le sale boulot : acquittez! » regard aimanté par les silhouettes des accu- naissaient pour s’être croisés dans des réu- que, en fin d’audience, Mme Rudetzki a père d’Alexandre n’a pas pu dire… » Les par- En retenant la complicité, la sés, qui semblent instruire un autre procès, nions organisées par SOS-Attentats. demandé à prendre la parole devant la ties civiles ont besoin d’un avocat. La dou- cour a préféré rendre hommage au intime et muet. Comme ce père qui a perdu D’autres se découvraient. A l’écoute de ces cour ? Ce jour-là, les victimes de l’attentat leur se serait passée d’une avocate. « joli travail » des deux avocats. sa fille, dont les traits sont restés figés dans dizaines de témoignages dont chacun fai- de Saint-Michel s’étaient succédé à la barre. la douleur et dont on a l’impression que, à sait écho à leurs propres mots, à leurs pro- Une mère, droite et digne, au-delà du cha- P.-R. D. Pascale Robert-Diard Un documentaire revient sur la thèse de la manipulation des islamistes par l’armée algérienne L’enquête, diffusée sur Canal+ lundi 4 novembre, présente des témoignages troublants d’ex-responsables algériens et de personnalités françaises

« VOICI l’histoire d’une incroya- tats à Paris, en 1995, pour lesquels Zitouni, désormais entouré d’ad- taine Ahmed Chouchène évoque député UMP, qui fut chef du servi- ministre en 1994, dit avoir télépho- ble manipulation. » Ainsi débute le ont été jugés Smaïn Aït Ali Belka- joints issus des services spéciaux comment le général Abderrahma- ce central de lutte contre le terroris- né au président algérien Zeroual, documentaire « Attentats à Paris, cem et Boualem Bensaïd. algériens, aurait mis en œuvre la ne, chef de la DRS, et son adjoint, me au parquet jusqu’en 1989, et alors qu’Alger refusait de laisser enquête sur les commanditaires », Réalisé – avec Romain Icard – stratégie du pouvoir visant, par une le colonel Tartagh Bachir, lui ont était député RPR en 1994-1995, ne partir l’avion détourné d’Air France qui sera diffusé, lundi 4 novembre à par Jean-Baptiste Rivoire, auteur série d’actes terroristes, à imposer demandé de « travailler avec Zitou- paraît aucunement surpris. «Çane pour , en le menaçant en 23 h 15, dans l’émission « 90 minu- de divers documentaires sur l’Algé- aux gouvernements français succes- ni. On va t’arranger un rendez- sert à rien de commettre un attentat ces termes : « Je prendrai à témoin tes », sur Canal+. Son sujet : les rie, « Attentats à Paris » est une sifs de maintenir un soutien sans vous ». si vous ne faites pas passer des messa- l’opinion et la communauté interna- liens de subordination qu’auraient enquête à charge, non contradictoi- faille à Alger. ges et n’arrivezpas à contraindre la tionales du comportement du gouver- entretenus les Groupes islamiques re. Sa thèse : la DRS – la sécurité Ce n’est pas la première fois que victime à céder. Il faut faire compren- nement algérien qui empêcherait la armés (GIA) avec des militaires militaire algérienne – a recruté l’isla- ce type d’accusations est émis. Le « Il est probable dre d’où vient la menace. » France de sauvegarder la vie de ses algériens de haut rang. Les GIA miste Djamel Zitouni pour en faire Monde publiait, dès le 11 novembre D’où venait la menace terroriste ressortissants. » sont accusés d’avoir perpétré d’in- son informateur au sein des GIA. 1997, le témoignage anonyme d’un que le GIA ait été une en France ? Réponse d’Alain Mar- Interrogé sur les relations avec nombrables crimes en Algérie, mais Elle l’a ensuite utilisé pour éliminer ex-capitaine présumé de la DRS saud : « Le terrorisme d’Etat (…) utili- l’Algérie le 29 septembre 1997 sur aussi des actes terroristes contre la leurs chefs historiques, puis pour affirmant que ce service était l’insti- organisation écran » se des organisations écrans, en l’espè- TF1, quatre mois après être devenu France, en particulier le détourne- lancer ces groupes dans des massa- gateur des attentats de 1995. La ce une organisation écran aux mains premier ministre, un Lionel Jospin ment d’un avion d’Air France en cres barbares contre les civils en nouveauté du documentaire tient   des services algériens. Il est probable visiblement peu à l’aise répondait : décembre 1994 et plusieurs atten- Algérie. Enfin et surtout, Djamel d’abord au nombre d’anciens res- que le GIA ait été une organisation « Nous sommes obligés d’être assez ponsables des services algériens écran (…) pour prendre la France en prudents. Je dois aussi penser quand qui s’expriment tous – à une excep- Mais la principale nouveauté de otage. » Deux témoignages assu- même aux Français. Nous avons déjà SALONS HAUT DE GAMME tion près – à visage découvert. Et l’enquête réside dans les témoigna- rent aussi que, en son temps, Jean- été frappés (…) Je suis pour que nous La Semaine du Canapé 1-2-3 ou 4 Places, Sur Mesure qui, tous, abondent dans le sens ges de plusieurs personnalités fran- Louis Debré, ministre de l’intérieur, prenions nos responsabilités, mais en d’une « manipulation » organisée çaises. Ex-agent des renseigne- avait sciemment fait « fuiter » vers pensant que la population française des GIA, certains ajoutant que des ments généraux, Jean Lebeschu, la presse, pour la démentir ensuite, doit aussi être préservée. C’est lourd services français en étaient pour qui Ali Touchent, l’organisa- sa certitude que les attentats de dire cela (…) mais c’est ma respon- OUVERT 80 er conscients. Certains témoignages teur présumé des attentats de Paris avaient été « une manipulation des sabilité. » Interrogé sur le fait de LE 1 sont invérifiables, mais plusieurs et grand absent du procès, était autorités algériennes ». savoir si l’interprétation de ces pro- NOVEMBRE semblent sérieux, et leur accumula- « très certainement un agent » des Insérés habilement dans l’enquê- pos est que « les politiciens français tion est troublante. Le capitaine services algériens ayant bénéficié te, deux autres témoignages res- ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent 90 250 22 coloris Samraoui affirme ainsi que Djamel de protections en France, raconte tent sujets à interprétation, compte de l’Algérie parce qu’ils ont peur des Zitouni, vu en juillet 1994 dans les comment un officier algérien, à tenu de ces assertions. Celui bombes », le responsable du dossier Ex. : Canapé cuir* en 2,50 m. locaux de la sécurité militaire, était Paris, informait régulièrement l’un d’Edouard Balladur, d’abord. L’ac- Algérie au PS, Alain Chenal, Prix : 2000 €uros jusqu’au 16 NOV. 02 « un agent qui recevait des instruc- de ses collègues des RG de l’immi- tuel président de la commission de acquiesce. 80, rue Claude-Bernard 75005 PARIS - Tél. 01.45.35.08.69 tions de la part de nos chefs ». nence de chaque attentat. Interro- la défense et des affaires étrangères *Cuir vachette, fleur corrigée, structure bois massif et particules ; suspensions sangles élastiques, mousse polyurethane haute résilience. Ancien des forces spéciales, le capi- gé, Alain Marsaud, aujourd’hui de l’Assemblée, qui était premier Sylvain Cypel LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/13 SOCIÉTÉ L’affaire Boulin est rouverte un mois Les syndicats de magistrats et demi avant sa prescription définitive rejettent d’une seule voix la justice de proximité Vingt-trois ans après la mort du ministre de , le parquet général ordonne l’audition de quatre témoins.L’avocat de la famille s’appuie notamment sur une enquête de Canal+ Ils jugent le projet Perben « dangereux »

UN MOIS ET DEMI avant d’être LA FRONDE couvait depuis plu- Barella, président de l’USM. «La prescrite, vingt-trois ans après la sieurs semaines, la protestation est création de la justice de proximité ne mort de l’ancien ministre du travail désormais unanime. Dans un bel répond à aucun besoin revendiqué de Raymond Barre, « l’affaire Bou- Le 30octobre 1979, ensemble, les principaux syndicats par les professionnels, a expliqué lin » connaît un nouveau rebondis- Robert Boulin, de magistrats ont dénoncé, mercre- Evelyne Sire-Marin, présidente du sement. Le parquet général de âgé de di 30 octobre, au cours d’une confé- SM. Au contraire, elle représente un Paris a ordonné, mardi 29 octobre, 59 ans et alors rence de presse, le projet du garde danger pour les justiciables en n’ap- l’audition, par la Direction centrale ministre du travail des sceaux, Dominique Perben, de portant aucune garantie d’indépen- de la police judiciaire (DCPJ), de du gouvernement créer une justice de proximité, com- dance et d’impartialité. » Pour les quatre témoins qui n’avaient pas Barre, avait été posée de juges non professionnels magistrats, le juge de proximité été entendus lors de l’instruction retrouvé mort, chargés de trancher les petits litiges « cumule deux inconvénients : être menée dans les années 1980, afin à moitié immergé civils et pénaux de la vie quotidien- juge unique et non professionnel ».La de savoir s’il y a lieu de rouvrir une dans un étang de la ne. Réunis à l’initiative du Syndicat formation de ces nouveaux juges, enquête judiciaire sur la mort de forêt de Rambouillet de la magistrature (SM, gauche), qui ne dépassera pas quinze jours, Robert Boulin. Parmi eux, le colo- (Yvelines). l’Union syndicale des magistrats ainsi que leur recrutement local, les nel de gendarmerie qui avait décou- La justice avait (USM, majoritaire, modérée), l’As- incitent également à la méfiance : vert le corps, mais aussi la secrétai- conclu à un suicide sociation nationale des juges d’ins- redoutant de futurs conflits d’inté- re du ministre, son beau-frère, et par noyade. tance (ANJI), la CGT services judi- rêts entre les métiers d’origine de son kinésithérapeute. ciaires, l’Union syndicale des magis- ces juges et les litiges qu’ils auront à Il était moins une. La prescrip- trats administratifs (USMA), le Syn- trancher, ils demandent si l’inten- tion devait intervenir le 15 décem- dicat de la juridiction administrati- tion du gouvernement n’est pas de bre 2002, dix ans après l’arrêt de la ve (SJA) et le Syndicat des avocats placer « d’anciens commissaires de

Cour de cassation confirmant un  / de France (SAF, gauche) ont dénon- police pour juger les contraventions » non-lieu. Une plainte pour homici- cé la création de cette nouvelle juri- ou « des huissiers pour sanctionner de volontaire, déposée en 1983 par sée. Et, sur un bristol laissé sur le premiers témoins – Me Fedida en Peretti, l’ancien maire de Neuilly, diction qui se juxtaposerait à la jus- les mauvais payeurs ». la famille Boulin, s’était soldée par pare-brise :« Embrassez éperdument citait sept – est sans doute le colonel durant laquelle des promesses tice d’instance sans présenter un non-lieu en 1991, confirmé un ma femme, la clé de ma voiture est de gendarmerie Jean Pépin, le pre- financières auraient été faites con- « aucune garantie d’indépendance «  » an plus tard par la Cour de cassa- dans ma poche droite. » Jusqu’en mier à arriver sur place, le matin de tre le silence de la famille. Enfin, ni d’impartialité ». Au-delà, les magistrats estiment tion, qui déclarait irrecevable le 1983, sa famille elle-même ne met- la découverte du corps, dans la forêt Jean Lalande, le beau-frère de la vic- Répondant à une promesse de que la justice de proximité « viendra pourvoi formé par la famille, alors tait d’ailleurs pas en cause la thèse de Rambouillet. Il remarque des tra- time, aurait été le témoin de mena- campagne de Jacques Chirac, le empiéter sur la justice d’instance, cel- persuadée qu’un meurtre avait été de la justice, comme en témoigne un ces de pas qui « vont à l’étang, et qui ces directes, notamment téléphoni- principe d’une justice de proximité le qui fonctionne aujourd’hui le maquillé en suicide. ouvrage de Bertrand Boulin, Ma véri- y reviennent ». Il note aussi que, lors- ques, contre le ministre. a été voté par le Parlement dans le mieux », en rendant des décisions té sur mon père, qui décrivait minu- que le corps est sorti des 60 centimè- D’autres personnes pourraient cadre de la loi Perben du 9 septem- rapides, avec l’aide bénévole des   tieusement les dernières heures du tres d’eau où il était immergé, il n’a être entendues par la suite. Certai- bre. Un projet de loi réglant le sta- conciliateurs de justice. Au nom des La grande affaire de la Ve Républi- ministre. heurté aucun obstacle qui pourrait nes ont témoigné, mercredi 30 octo- tut de ces magistrats non profes- juges d’instance, Laurence Pecaut- que est ainsi ressuscitée pour un Aujourd’hui, Fabienne Burgeat- expliquer que M. Boulin ait eu à ce bre, dans trois reportages diffusés sionnels, exerçant leurs fonctions Rivolier a ainsi fait part de sa « stupé- temps. Le 30 octobre 1979, le minis- Boulin, la fille du ministre, qui a per- point le visage tuméfié que l’officier sur France Inter. Parmi elles, le sous forme de vacations, a été adop- faction » face au projet du gouverne- tre du travail de Raymond Barre, du son frère, Bertrand Boulin, le de police judiciaire a remarqué. Il secrétaire général de la mairie de té en première lecture le 3 octobre ment, « décidé sans aucune concerta- Robert Boulin avait été retrouvé 22 mai, et sa mère, Colette, le s’apprêtait à sécuriser le périmètre Libourne, une amie de la famille, et par le Sénat et devrait être soumis à tion ». « Ce projet part du postulat mort dans la forêt de Rambouillet, à 23 août, et le nouvel avocat de la et à relever les empreintes quand, à un facteur de Montfort-l’Amaury, l’Assemblée nationale avant la fin qu’un juge non professionnel sera plus moitié immergé dans les eaux de famille, Me Jean-Marc Fedida, qui a peine une demi-heure plus tard, il Denis Lemoal, qui avait vu passer de l’année. Recrutés au niveau de à l’écoute des citoyens que le magis- l’Etang du Rompu. Résistant de la repris le dossier après la mort de Me est dessaisi de l’enquête au profit du des enveloppes épaisses en prove- chaque cour d’appel pour sept ans trat qui a fait des années d’études juri- première heure, neuf fois ministre René Boyer, ont choisi de relancer SRPJ de Versailles. A l’époque, on nance du ministère du travail, et renouvelables, ces juges de proximi- diques, ce qui nous semble une aber- sous la Ve République, il était réguliè- l’affaire. Ils ont tous deux été frap- ne lui a posé que quelques questions qui n’ont jamais été retrouvées. A té pourront être des notaires, des ration, s’est indignée Mme Pecaut- rement présenté, alors, comme le pés par un reportage diffusé le formelles, et le gendarme Pépin en a l’époque, le juge Yves Corneloup huissiers, des avocats, ou même tou- Rivolier. C’est une remise en cause successeur possible à Matignon 15 janvier dans l’émission d’investi- gardé de l’amertume. avait demandé à l’entendre. On lui te personne « ayant une expérience des fondements de la justice extrême- d’un Raymond Barre en mal de gation « 90 minutes » de Paul avait expliqué qu’il était en Guade- des choses de la vie » et âgée d’au ment préjudiciable pour le justiciable popularité. L’enquête sur la recher- Moreira, sur Canal+. Cette contre-    loupe :« J’étais à Saint-Brieuc, et moins 35 ans. Ils seront compétents et, à terme, cela signifie le démantèle- che des causes de la mort avait con- enquête de Michel Despratx et Ber- Les trois autres témoins vont pas en en Guadeloupe », a-t-il con- pour les litiges entre particuliers ment de la justice d’instance ». «Le clu au suicide d’un homme public nard Nicolas, intitulée « Robert Bou- être entendus. Armelle Montard, fié sur France Inter. Mme Burgeat- portant sur moins de 1 500 euros, juge gêne dès lors qu’il est indépen- qui n’aurait pas supporté d’être mis lin, le suicide était un crime », com- secrétaire du ministre, contredit la Boulin « regrette » qu’une médecin jugeront des contraventions, et vali- dant et professionnel, a poursuivi en cause pour l’achat d’un terrain à prenait un certain nombre de témoi- déposition d’un témoin qui s’était légiste, Juliette Garat, coauteur des deront des compositions pénales, M. Barella. On sent poindre le désir Ramatuelle, dans le Var. Des lettres gnages inédits. Ces 45 minutes de rendu au domicile de Robert Bou- expertises – à ses yeux largement en prononçant des suspensions de de nos autorités de se doter d’une jus- venaient appuyer cette thèse :« J’ai témoignages ont d’ailleurs été lin dans l’après-midi du 29 octobre insuffisantes – pratiquées à l’épo- permis de conduire ou des travaux tice à l’anglaise, avec des citoyens décidé de me noyer dans un lac de la joints à la lettre déposée le 29 avril 1979. Alain Morlot, le kinésithéra- que, et qui expliquait, sur Canal +, d’intérêt général. retraités rendant une justice maîtrisa- forêt de Rambouillet où j’aimais faire par Me Fedida, dans laquelle il sollici- peute de Robert Boulin, a massé la pourquoi il lui paraissait « diffici- Pour les magistrats, cette nouvel- ble et peu coûteuse au niveau local, et du cheval. Ma voiture 305 Peugeot, tait du procureur général près de la victime la veille, et n’avait pas le » de conclure à une noyade, n’ait le juridiction, si séduisante soit-elle au-dessus, une justice professionnelle, qui sera au bord, est immatriculée cour d’appel de Paris la réouverture remarqué la blessure au poignet pas été sollicitée. sur le papier, s’apparente à « une emperruquée et coupée des réalités. » 651 GX 92 », avait-il par exemple de l’instruction. retrouvée le lendemain. Il raconte mauvaise réponse à un faux problè- écrit sur une lettre posthume experti- Le plus important de ces quatre aussi une conversation avec Achille Ariane Chemin me », selon le mot de Dominique Cécile Prieur La Coordination des médecins dénonce une « faute » du ministre de la santé Une proposition de loi sur « JEAN-FRANÇOIS MATTEI vient de rompre une grave erreur qui va singulièrement hypothé- Dans un entretien à l’hebdomadaire Impact la confiance que lui faisaient les médecins de ter- quer les négociations conventionnelles », pré- médecine du 25 octobre, M. Mattei explique l’assurance du risque médical rain. » Par la voix du Dr Jean-Paul Hamon, un vient le docteur Jean-Claude Régi, président de que l’enquête a pris en compte « les cotisants de ses porte-parole, la Coordination nationale la FMF. enregistrés au 1er janvier 2002 », soit bien avant LE MINISTRE DE LA SANTÉ, Jean-François Mattei, a annoncé, mer- des généralistes ne décolère pas. Et elle appelle que le mouvement des médecins prenne son credi 30 octobre, à l’Assemblée nationale, que « le Sénat discutera, le les généralistes à « renforcer la grève des gar- 1 400    ampleur. « Le ministre a eu le culot de nous dire 12 novembre, d’une proposition de loi tendant enfin à régler le problème des » et à « se retirer localement de l’organisa- Née en février dans la grève des gardes des “syndiquez-vous” et de prendre les résultats de de la responsabilité civile médicale ». Alors que plusieurs grands assu- tion de la permanence des soins ». Motif de ce généralistes, la Coordination a contribué à dur- janvier, c’est lamentable », s’énerve M. Hamon, reurs ont décidé de se retirer de ce secteur, estimant que le marché est coup de colère :l’enquête de représentativité cir le mouvement en appelant ses membres à qui souligne que « certains syndicats n’avaient devenu « trop risqué » notamment à cause de la loi du 4 mars sur les des syndicaux de médecins libéraux demandée appliquer « le 20euros d’office » et à se décon- pas envie de nous voir à la table des négocia- droits des malades, M. Mattei a affirmé qu’«au1er janvier, les responsa- par le ministère de la santé dont les résultats ventionner. Après avoir obtenu, le 5 juin, la tions ». bles des établissements hospitaliers publics et privés et les professionnels ont été connus le 25 octobre. La CSMF (Confé- revalorisation du tarif de la consultation, les res- Favorable à la « liberté tarifaire », c’est-à-dire seront assurés et pourront travailler tranquillement ». Déposé par le dération des syndicats médicaux français), le ponsables de la Coordination s’étaient vu con- à la réouverture du secteur 2 à honoraires sénateur Nicolas About (RI), le texte prévoit que le paiement de la SML (Syndicat des médecins libéraux) et seiller, par le ministre lui-même, de se syndi- libres, le discours de la FMF est mal perçu par réparation financière aux victimes d’infections nosocomiales soit par- MG-France sont les trois syndicats déclarés quer pour continuer à faire entendre leurs la CSMF, syndicat majoritaire, et par le minis- tagé entre les assureurs et l’Office national d’indemnisation des acci- représentatifs chez les généralistes libéraux, revendications. Une partie des membres de la tre, qui s’oppose très clairement à cette option. dents médicaux (Oniam) et limite la durée des garanties. tandis que la représentativité de la Fédération Coordination a alors adhéré à la FMF, afin d’in- Ceci explique peut-être cela. « Il ne s’agit pas  des médecins de France (FMF) est reconnue tégrer une formation « officielle » appelée à par- d’une revendication de pompe à pognon, justifie uniquement dans les collèges des spécialistes. ticiper aux négociations sur la nouvelle conven- M. Régi, mais d’une adaptation des honoraires a POLICE : le double poste qu’occupait le numéro deux de la police « C’est la première faute politique de M. Mat- tion avec la Sécurité sociale. Malgré les pour assurer l’équilibre financier de l’entreprise judiciaire, Roger Marion, avant sa nomination, le 9 octobre, à Mar- tei », s’insurge la Coordination nationale. Alors 1 400 adhésions enregistrées depuis le 6 juillet, libérale qu’est un cabinet médical. » seille, comme préfet délégué à la sécurité, va être scindé en deux. Alain que l’assurance-maladie doit signer un accord la FMF n’a pas été retenue par le ministère. Berthe, actuel sous-directeur des liaisons extérieures de la direction avec les libéraux d’ici à la fin de l’année, « c’est « C’est un choix politique », estime M. Régi. Sandrine Blanchard centrale de la police judiciaire, va devenir directeur central adjoint de la police judiciaire. Le poste de sous-directeur des affaires criminelles est confié au contrôleur général Jacques Poinas, chef de l’unité de coordi- nation de la lutte antiterroriste. Gilles Leclair, l’un des cinq directeurs 5 000 foyers toujours privés d’électricité dans le Nord adjoints actuels d’Europol, doit lui succéder à la tête de cette unité. a PRISON : les trois députés Verts ont demandé, mercredi 30 octo- Egalement perturbé par la tempête, le trafic TGV entre Paris, Bruxelles et Londres a repris jeudi bre, la création d’une commission d’enquête sur « l’augmentation des suicides en prison ». Le même jour, Christine Boutin, députée (UMP) PRÈS DE 5 000 foyers étaient groupe Eurostar. Le trafic des TER « Je veux aussi le dire, car bien peu fois dû passer plusieurs fois. Un tel des Yvelines a, elle aussi, formé ce vœu. L’Observatoire international encore privés d’électricité dans cer- et des trains de fret restait en d’entreprises en seraient capa- phénomène de dépôt de sel et de des prisons (OIP) avait indiqué, lundi, que 106 détenus s’étaient don- taines localités du Nord-Pas-de- revanche perturbé jeudi matin en bles », a-t-il ajouté. Le coût de sable est exceptionnel, la SNCF ne né la mort depuis le 1er janvier, soit un chiffre supérieur à celui qui Calais, jeudi 31 octobre dans la Flandre et autour de Calais. deux journées de paralysie devrait l’ayant pas observé depuis douze avait été atteint durant l’année 2001 (104). matinée, quatre jours après la tem- atteindre au moins 5,5 mil- ans – alors que la mise en service a FAIT DIVERS : un adolescent de 16 ans a été tué, mercredi pête qui a traversé cette région de      lions d’euros. de l’Eurostar remonte à 1994. EDF 30 octobre, à Wettolsheim (Haut-Rhin), par l’explosion d’un obus de la France. « Actuellement, nous Dans un entretien accordé au Les perturbations rencontrées a dû, de la même façon, mettre en mortier datant de la Première Guerre mondiale. Un autre jeune a eu avons près de 450agents sur le ter- quotidien La Croix dans son édi- par les TGV sur les lignes Eurostar, place des moyens importants pour une jambe arrachée et un troisième a été plus légèrement blessé. rain. Ils continuent le travail effec- tion du 31 octobre, Louis Gallois, tout comme les coupures de cou- nettoyer ses lignes. Certaines, qui a ARMES : la chaîne de magasins Décathlon va arrêter de vendre tué dans la nuit », a expliqué Fran- président de la SNCF, a présenté rant, ont pour origine l’accumula- n’étaient pas touchées mardi des armes de 5e et de 7e catégorie (fusils, carabines et pistolets) à comp- çois Bourgin, directeur régional ses excuses aux 7 000 clients de la tion d’une pellicule de sel sur les 29 octobre, l’ont été le lendemain ter du 1er mars 2003. La direction a pris cette décision à la suite d’une d’EDF. Jusqu’à 37 000 personnes compagnie restés bloqués dans les isolateurs et les caténaires des à cause des pluies, trop faibles « succession d’événements récents », allusion – entre autres – à la tuerie de ont été privées d’électricité. trains. « Ils ont vraiment galé- lignes d’alimentation. Apporté par pour dissoudre le sel, mais suffisan- Nanterre et à la tentative d’attentat contre Jacques Chirac, le 14 juillet. Le trafic des trains à grande vites- ré. Nous sommes en responsabilité à le vent qui a soufflé en fortes rafa- tes pour humidifier et « réacti- a MÉDECINE : un enfant de deux ans et demi, traité pour une leu- se Eurostar entre Paris, Bruxelles leur égard. L’interruption totale du les, y compris à l’intérieur des ter- ver » les dépôts de sel. cémie au centre hospitalier universitaire de Rennes (Ille-et-Vilai- et Londres, suspendu depuis lundi trafic sur le littoral de Calais est un res, du 25 au 30 octobre, ce sel Au moment où le trafic repre- ne), est décédé, le 17 septembre, à la suite d’une erreur médicale com- soir, a repris jeudi matin, après phénomène atmosphérique très par- humide, conducteur électrique, a nait au nord, les TGV Sud-Est à mise par un interne. L’information a été dévoilée, mercredi 30 octo- d’ultimes essais pratiqués entre ticulier, rarissime et imprévisible », causé de nombreux courts-cir- destination de la province subis- bre, par les parents de la victime et confirmée par la direction de l’éta- Lille et Calais. « Cette décision a été a expliqué M. Gallois. Cinq mille cuits. saient à leur tour, jeudi, d’impor- blissement. L’interne avait injecté, par erreur, un produit de chimio- prise après que les dernières circula- repas et 1 000 chambres d’hôtel La SNCF a dû vérifier et net- tants retards, allant d’une heure et thérapie dans la moelle épinière de l’enfant. D’après leur avocat, les tions de trains testées sur la section ont été trouvés, « grâce à une énor- toyer un à un près de 10 000 isola- demie à deux heures, en raison parents ont porté plainte début août et une enquête préliminaire a été de ligne entre Lille et Calais se sont me mobilisation du personnel », a teurs, sur 200 km de lignes, grâce à d’un problème d’alimentation élec- ordonnée par le parquet de Rennes. avérées concluantes », a indiqué le souligné le président de la SNCF. trois « trains laveurs », qui ont par- trique à 120 km de Paris. 14/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 HORIZONS

SSYRIENS, chal- déens, syriaques… Leurs noms, à eux seuls, renvoient aux temps lointains de la Bible et de Jésus. Du reste, certains de ces A chrétiens d’Irak ne L’INQUIÉTUDE lisent-ils pas l’araméen ancien, la langue que le Christ lui-même pratiquait il y a deux mille ans ? La science de cet idiome ancestral s’est transmise au fil des siècles et des générations, grâce à des livres hors d’âge, des manuscrits conservés comme autant de reliques à Bagdad ou à Mos- soul, la grande ville du Nord, voisine du Kurdistan. Aujourd’hui encore, il se trou- ve des religieux érudits prêts à enseigner l’araméen d’autrefois aux étudiants dési- DES reux de connaître l’histoire des hommes et celle de Dieu, indissociables sur ces ter- CHRÉTIENS res d’Orient. Bien que minoritaires et divi- sés en une myriade d’Eglises (chaldéenne, nestorienne, syriaque catholique, syria- a réprimé dans le sang leurs tentatives de que orthodoxe…), les chrétiens d’Irak rébellion, ils pourraient être tentés par un espèrent ainsi préserver une culture, des islam plus rigoureux. « Le problème ne rites – et surtout une présence –, qu’ils vient pas des sunnites, mais des chiites, assu- savent menacés d’extinction. re un chaldéen. Comme leurs cousins En 1987, ils étaient encore 1 200 000 à d’Iran, ils ont des conceptions effrayantes vivre dans ce pays où l’islam est religion de la vie, ils en sont restés au Moyen Age. d’Etat. Mais depuis la guerre du Golfe, en Allez chez eux, à Karbala, et vous compren- 1990, leur nombre n’a cessé de décroître. drez… » Actuellement, ils ne représenteraient plus Karbala. L’une des villes saintes du chiis- que 3 % de la population, soit 600 000 à me en Irak, à 100 kilomètres au sud de Bag- 800 000 personnes sur un total d’environ dad. Toute l’activité de la cité tourne 24 millions d’habitants. Chaque année, autour des somptueux mausolées de plusieurs milliers d’entre eux cherchent à l’imam Hussein et de son demi-frère s’exiler, le plus souvent en empruntant Abbas, descendants d’Ali, quatrième cali- des voies clandestines. On les retrouve fe de l’islam. Chaque jour, les visiteurs ira- aux Etats-Unis (Chicago, Detroit), au niens arrivent par cars entiers. Pour ces Royaume-Uni, en Suède, ou bien en Fran- pèlerins, généralement très âgés et vêtus ce, dans le département du Val-d’Oise (Le de noir, c’est le voyage d’une vie. Saddam Monde du 22 septembre). Certes, ce phé- Hussein n’aurait pas mis les pieds ici nomène n’est pas propre à l’Irak ; il tou- depuis une dizaine d’années, mais sa pho- che les autres communautés chrétiennes to et celle de son fils Oudaï figurent tout de la région, que ce soit en Jordanie, en de même dans la salle décorée de mosaï- Syrie ou en Palestine. Mais c’est au pays ques et de verreries où nous reçoit Mahdi de Saddam Hussein, où ils jouissent pour- Al-Gorabi, l’imam de la mosquée d’Abbas. tant d’une indéniable liberté de culte, que « Vous voyez, lance ce dernier en sou- l’exode prend toute sa dimension et trahit riant, contrairement à ce que l’on dit en une tendance lourde : l’islamisation gran- Occident, les différentes communautés s’en- dissante de la société irakienne. tendent bien dans notre pays ! » De fait, Le dimanche, à l’heure de la messe, les d’autres religieux de haut rang sont assis cinquante églises répertoriées dans la capi- à ses côtés. Des chiites mais aussi des sun- tale – dont trente pour les seuls chaldéens nites, tous « très honorés » de boire le thé (catholiques rattachés à Rome) –, se peu- avec des journalistes français. M. Al-Gora- plent avant tout de vieilles gens, de jeunes bi en profite pour rappeler que sunnites filles et d’enfants. Les hommes en âge de et chiites se sont récemment associés travailler se font rares. « J’ai assisté derniè- pour promettre une « guerre sainte » con- rement à un mariage étonnant, raconte un tre les Etats-Unis en cas d’attaque. A l’en- diplomate européen. La mariée était bien tendre, « tous les Irakiens se rangeront là, mais pas le futur époux, parti en Suède ! alors derrière le drapeau d’Allah et du prési- Leur union a été prononcée à distance, en dent Hussein ». attendant qu’ils puissent se retrouver un L’imam est conscient des craintes susci- jour. 60 % des invités avaient plus de qua- tées par les chiites. A mots choisis, et tou- rante ans. » Un prêtre étranger établi en jours en souriant, il se défend de toute ten- Irak estime qu'« il y a de quoi être pessimis- tation extrémiste. Les attentats du 11 sep- te quant à l’avenir de la chrétienté dans cet- tembre ? « Inacceptables », selon lui, car te partie du monde ». ils visaient des «civils». « L’islam réel est Après avoir longtemps cherché à modéré, et opposé au racisme », ajou- enrayer cet exode, les responsables com-   te-t-il. Les nombreuses mosquées en cons- munautaires avouent leur impuissance, à Octobre 2002. Baptême dans l’église Saint-Joseph, à Karrada, quartier aisé de Bagdad. truction à Bagdad ? « Ce réveil religieux est l’image de l’archevêque assyrien Gewar- une bonne chose, la foi islamique s’est ren- gis Sliwa, interrogé par Le Monde : « Nous forcée grâce au président. » La stratégie n’y pouvons rien. La situation de crise et des Etats-Unis ? « Ils veulent relancer la d’embargo incite les jeunes à aller tenter guerre dans l’intérêt des juifs. » L’avenir leur chance ailleurs ! Ils estiment qu’ils des chrétiens d’Irak ? « Nous n’avons n’ont pas d’avenir ici. Ce problème ne tou- S’ils jouissent d’une véritable liberté de culte aucun problème avec eux. D’ailleurs, cer- che pas seulement les chrétiens. Les Ira- tains viennent parfois nous rendre visite, ils kiens musulmans sont aussi concernés. » sont toujours les bienvenus. » Une analyse que partage l’évêque chal- au pays de Saddam Hussein, leur exode est important déen Jshlemon Warduni : « L’émigration DMOND, lui, ne viendra jamais est un grand chagrin pour tout notre pays, à Karbala, une ville où nous pas uniquement pour nous. » Au-delà du n’avons pourtant ressenti aucu- discours consensuel sur les méfaits de la et traduit l’islamisation de la société ne hostilité. Mais c’est ainsi : cet « crise », il reste à savoir si ces départs étudiant chrétien, domicilié à n’obéissent pas à d’autres motivations, Bagdad,E ne se trouve « rien de commun » plus difficiles à confesser… son soutien à Saddam Hussein : « Je fais Donc, l’Irak change. Le principe de laïci- n’est pas en reste : bien des photos de pro- avec ces « Irakiens-là », et refuse de les Les chrétiens occupent en effet une confiance à notre gouvernement pour que té est mis à mal. Dans les rues de Bagdad, pagande le présentent en position de priè- croire tolérants. « En réalité, dit-il, ces position particulière dans la société ira- cela continue. » les femmes voilées sont devenues majori- re. Et ce n’est sans doute pas un hasard si, gens nous méprisent. Si je vais chez eux, kienne. Saddam Hussein a beau être La peur est pourtant indéniable. Mais taires. « C’est bien simple, insiste un étu- dans son discours prononcé au lendemain comme ils le proposent, je ne me sentirai musulman (sunnite), il a toujours veillé à cachée, comme toujours ici. La plupart diant chaldéen, les chrétiennes sont les seu- du référendum présidentiel du 15 octo- pas dans mon pays. C’est un autre monde. » les préserver, voire à s’assurer leur sou- des chrétiens qui ont accepté de nous par- les à ne plus porter le voile ! » Toujours bre, le vice-président du Conseil du com- Ce fils de fonctionnaires, âgé de 31 ans, tien. Ils sont nombreux, par exemple, ler sous couvert d’anonymat s’inquiètent dans la capitale, d’immenses mosquées, mandement de la révolution, Izat Ibrahim parle un anglais parfait. Nous l’avons ren- dans les rangs du parti Baas ou dans ceux bel et bien de l’évolution du pays. Selon censées être les plus grandes du monde, Al-Douri, n’a cessé de faire référence à contré sur un marché, alors qu’il achetait des unités d’élite (garde républicaine, gar- eux, l’islam a renforcé son emprise sur sont en construction, dont une sur l’em- « Dieu », aux « croyants », voire à la de vieux exemplaires des magazines amé- de présidentielle) réputées fidèles au dicta- une société longtemps considérée comme placement d’un ancien aéroport. «Il y « guerre sainte » (Le Monde du 18 octo- ricains Time et Newsweek. Il a évoqué les teur. Autre signe révélateur : l’un des prin- un modèle de laïcité et de tolérance con- aura bientôt plus de mosquées que de fidè- bre). menaces d’intervention, les conséquences cipaux personnages de l’Etat, le vice-pre- fessionnelle. Les guerres successives, puis les ! », commente un autre jeune de la La peur éprouvée par les chrétiens, per- de l’embargo, et ensuite Saddam, perçu mier ministre Tarek Aziz, est chaldéen. l’embargo, ont entraîné ce qu’un observa- communauté chaldéenne. Dans les éco- ceptible depuis la guerre du Golfe, s’est comme un rempart à d’éventuelles déri- Cette proximité avec le pouvoir nourrit intensifiée ces derniers mois avec la mena- ves intégristes. bien des rancœurs. A tort ou à raison, une ce d’une nouvelle intervention américai- Comme toujours, avec les Irakiens, les partie de la population perçoit les chré- ne. « Certains musulmans nous traitent de premiers mots étaient prudents, tiens comme une élite sociale et intellec- « Certains musulmans nous traitent de fils fils de Bush ! », s’indigne un chaldéen, qui empreints de méfiance. Mais Edmond tuelle, protégée par le régime. Eux- s’affirme pourtant « profondément ira- s’est peu à peu livré. Il a parlé de sa vie, de mêmes reconnaissent d’ailleurs que Sad- de Bush ! », s’indigne un Chaldéen, qui s’affirme kien ». La multiplication de ce genre d’inci- ses deux frères, installés en Europe et aux dam garantit la stabilité dans les équili- dent a contraint Mgr Warduni, l’une des Etats-Unis, de la guerre du Golfe, qui a bres sociaux et confessionnels d’un pays pourtant « profondément irakien » personnalités les plus respectées de la tant marqué ses vingt ans : « A l’époque complexe, mosaïque de peuples et de communauté, à intervenir dans les tout était cassé dans mon pays, les maisons croyances. « Avec lui, au moins, nous médias : « J’ai expliqué à la télévision que comme les sentiments. » Puis, au terme de savons à quoi nous en tenir, disent-ils en teur étranger appelle un « retour en force les, l’enseignement du Coran n’est pas de tels amalgames étaient injustes, voire la conversation, une fois la confiance plei- substance. On peut s’interroger sur ce qui du religieux ». Le régime a suivi le mouve- obligatoire pour les élèves non musul- dangereux, et qu’il ne fallait pas nous assi- nement établie, il a fini par lancer à pro- se passerait s’il n’était plus là. Certains ment, donnant par la même occasion des mans, mais ces derniers se disent parfois miler aux Américains. Nous devons tra- pos de l’Irak : « Si vous ouvrez la porte, tout musulmans se retourneraient peut-être con- gages de bonne conduite aux pays musul- victimes d’ostracisme. « Nous avons l’im- vailler au maintien du dialogue. » le monde partira. » Ensuite, seulement, il a tre nous… » mans dont le soutien pourrait lui être pré- pression d’être des étrangers dans notre pro- Tous les musulmans y sont-ils prêts ? dévoilé ses rêves secrets : avoir une « belle Ces craintes sont-elles justifiées ou relè- cieux. C’est ainsi que des budgets prin- pre pays », confie un adolescent scolarisé Les chrétiens ne semblent pas douter de voiture » et une « grande maison », si pos- vent-elles, comme c’est souvent le cas ciers ont été débloqués pour la construc- dans le centre-ville. la bonne volonté des sunnites, au pouvoir sible au « bord de la mer ».Où?« Aux dans les minorités, d’une forme de para- tion ou la rénovation de lieux saints à Bag- L’interdiction de la consommation d’al- depuis toujours en Irak. Leurs craintes Etats-Unis », a-t-il répondu avant de con- noïa ? « Il n’y a pas d’intégrisme irakien, les dad et Karbala. « En interne, poursuit cool dans les lieux publics s’inscrit dans la portent davantage sur les chiites, qui fier : « Je pars dans un mois. » chrétiens sont bien traités », constate un notre interlocuteur, Saddam cherche à même logique de raidissement. Tout com- vivent pour la plupart dans le sud du pays. diplomate étranger. « Nous vivons en bon- satisfaire les dignitaires les plus intransi- me les mentions « musulman » ou « non A eux seuls, ne représentent-ils pas 60 % Philippe Broussard ne harmonie avec les musulmans », rappel- geants, les vieux turbans qui se moquent du musulman » désormais portées sur les car- de la population ? Proches des Iraniens, le de son côté Mgr Sliwa, avant d’afficher dialogue avec les chrétiens. » tes nationales d’identité. Saddam Hussein souvent hostiles à un régime baassiste qui FIN LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/15 HORIZONS DÉBATS De Socrate à Chaplin, le philosophe La gauche mérite saltimbanque par Robert Redeker mieux que ça !

A projection du Dic- théâtre comme elle est politique : le – ce n’est pas du tout superficiel – degger : le « philosophe de la Wehr- tateur de Charlie geste philosophique est tout aussi que Karl Marx soit un philosophe macht », comme le surnomma Jan- par Robert Hue Chaplin, ànouveau intimement lié, dès l’origine, au ges- barbu. L’image de cette face man- kélévitch, ne mérite pas le titre de sur les écrans, laisse te théâtral qu’il l’est au geste politi- gée par la pilosité s’imprime dans clown, mais plutôt celui de triste le cinéphile devant que. En vertu de cette co-naissance, l’intimité de toute personne qui lit diable). gauche, après jeter l’éponge, pour voir la gauche L cette évidence : le la philosophie s’épanouit principale- peu ou prou Marx, l’accompagne Socrate et Nietzsche sont, chacun l’échec, c’est le française dériver toujours plus. clown est philosophe. ment dans les sociétés du spectacle, dans sa lecture, l’aide àpasser les àsa façon, des clowns. Par nécessi- débat : quel avenir Il y a quelque chose àfaire. Pas Une double question s’impose comme le furent la Grèce antique, paragraphes difficiles. té : ils ne peuvent découvrir certai- pour chaque forma- dans les discussions d’états-majors : aussitôt àtous : qu’est-ce que la phi- Rome (qui furent des sociétés de la Il en va de cette barbe comme du nes pensées ou vérités qu’en « fai- tion ? Quelle cons- pendant cinq ans j’ai tenté, en vain, losophie ? Qu’est-ce qu’un philoso- représentation) ou l’Occident nez de Cléopâtre : si Marx n’avait A truction politique de convaincre Lionel Jospin et les phe ? Un regard synoptique sur depuis le XVIIe siècle. pas été un philosophe barbu, l’histoi- face aux enjeux de notre temps ? dirigeants socialistes que d’autres   est professeur vingt-cinq siècles nous livre en un On ne s’interroge jamais assez sur re eût probablement été autre, par- Des questions déjàposées avant le choix étaient nécessaires, sinon on de philosophie au lycée clin d’œil cette vérité tellement évi- ce fait : Platon met en scène la nais- ce que sa force de séduction eût été « séisme » du 21 avril, en France et allait dans le mur. Je sais donc que Pierre-Paul-Riquet de Saint-Orens e dente que nul n’y prête attention : sance de la philosophie, en usant de moindre. Cette image suggère obs- ailleurs : le XX siècle s’est éteint (Haute-Garonne), le philosophe, au moins depuis la figure obstétricienne de Socrate, curément àtout lecteur que ce Marx dans l’agonie du communisme   membre du comité de rédaction est président du PCF. Socrate, a toujours été un saltimban- sorte de sage-femme àla fois père qu’il lit est une sorte de nouveau soviétique et les violences de la de la revue Les Temps modernes. que. On ne connaît pas de philoso- et mère de la philosophie, dans des Moïse (ce qu’indique Althusser lors- mondialisation capitaliste, balayant phe qui ne se soit donné en specta- pièces de théâtre (que la grisaille qu’il parle des continents nouveaux au passage l’illusion sociale-démo- ce n’est pas la bonne manière. cle, si possible devant la postérité. des professeurs, retenue par l’ordre ouverts par le barbu Marx, laissant sant le malin », expression qui colle crate d’une « moralisation sociale » Remettons les choses àl’endroit : Descartes et Rousseau, entre autres moral imposé par l’esprit de deviner une analogie implicite avec très exactement aussi bien àla célè- du capitalisme. Une autre période ce qui compte, on l’a vu le 21 avril, exemples, ont minutieusement tra- sérieux, baptise trop pudiquement l’ouverture de la mer Rouge par le bre atopie de Socrate (atopie : s’est ouverte. c’est ce que pensent, veulent et, fina- vaillé cette mise en spectacle, pour du nom de « dialogues »). Et pour- barbu Moïse, le continent nouveau n’avoir aucun lieu, être toujours La gauche française sort d’une lement, ce que font les millions les siècles des siècles, de leur vie et tant… Le Banquet, Phédon, Protago- étant la terre promise au nouveau à-côté) qu’à la posture provocatrice expérience commencée, après l’ex- d’hommes et de femmes que je de leur pensée. Ils ont forgé leur ras, l’Apologie de Socrate, Gorgias, la peuple élu, le prolétariat). L’image de Nietzsche. Mais il est également plosion de 1968, par un véritable viens d’évoquer. C’est àpartir de tombeau avec le spectacle, dont ils République, toutes les œuvres de du philosophe prophétique et bar- vrai, par réversion, que Charlie Cha- « coup » de François Mitterrand. Les leurs exigences, et sous leur contrô- ont été les metteurs en scène, de Platon, sont avant tout des pièces bu, partout polydiffusée, laisse plin, clown génial possédé par cette partis sociaux-démocrates euro- le citoyen que les discussions entre leur vie. de théâtre. De même, une bonne entendre àtout lecteur, profond ou mania dont Socrate perçut la dimen- péens proclamaient leur réformisme. forces politiques, les alliances éven- Dans le Discours de la méthode, partie du Discours de la méthode de superficiel, que Marx est un Moïse sion philosophique, est lui aussi, par Lui, pour s’emparer du Parti socialis- tuelles, et les actes qui en découlent, Descartes invente sa vie àsa main, Descartes est un scénario d’aventu- dont il faut suivre l’appel. les abîmes qu’il ouvre ànos regards, te et réduire le Parti communiste, se peuvent avoir un sens et déboucher la met en scène sur un mode un vrai philosophe. pose en leader d’une gauche moder- sur des changements positifs. héroïco-comique pour toujours – « Faire le malin » – ce que Socrate ne, conquérante, en rupture avec le Faut-il seulement « écouter » ? dès cette œuvre rédigée, Descartes ne cesse de faire, jusqu’aux derniè- capitalisme. Trente ans plus tard, la Lorsqu’on échange réflexions et pro- sera devant les siècles futurs l’allant Qu’est-ce qu’un philosophe ? Quelqu’un res secondes avant son trépas, met- sanction est àla mesure du décalage positions avec des salariés inquiets « cavalier français » loué par Péguy, tant en scène sa propre descente au entre les objectifs proclamés et la réa- de leur avenir, des jeunes préoccu- sans doute apte àécrire en complé- qui sait faire le malin, un clown à prendre tombeau – dévoile ce qui ne pour- lité de la politique menée par cette pés de leur formation, des habitants ment de son Abrégé de musique un rait être vu sans cette posture spec- fausse « vraie gauche ». Et l’expérien- des quartiers réfléchissant àleurs Traité d’escrime, engagé dans les au sérieux, un clown à bon escient taculaire, ouvrant l’espace philoso- ce le confirme : certes, la gauche et la problèmes, des élus locaux, des mili- armées de Hollande. phique de la pensée. droite, ce n’est pas pareil, mais il y a tants associatifs intéressés àdiffé- Il ne faut pas confondre le saltim- De Socrate àChaplin, en passant bien une gestion « de gauche » de rents sujets, ce sont àchaque fois banque avec le charlatan. Le saltim- res philosophiques sur fond roma- La pratique de l’art du saltimban- par Descartes et Nietzsche, se tend l’adaptation aux exigences du capita- des idées neuves, des solutions ori- banque, dans sa généralité, n’est nesque de cape et d’épée. que par le philosophe commence le fil d’Ariane de la pensée philoso- lisme mondialisé. ginales qui s’ébauchent, et qui ne pas un charlatan, on ne peut le con- Reconnaître le saltimbanque dès Socrate, et même avant lui : dès phique comme spectacle. Qu’est-ce C’est le cœur du débat. Certains demandent qu’àêtre travaillées, fondre avec un bonimenteur de dans le philosophe permet de Pythagore, Empédocle… Plutôt que que la philosophie ? La plus sérieuse veulent reproduire l’opération, avec enrichies d’un débat plus vaste et foire. découvrir la proximité de ces 2 géné- par les germano-sylvestres teintes des occupations humaines : une des un PS au langage plus « radical ». d’actions pour les faire aboutir. Les Grecs inventèrent la philoso- rosités, ces 2 façons de donner aux heideggériennes, le matin grec de la branches de la clownerie en société D’autres, au contraire, assument un Le PCF doit savoir mettre en phie comme ils ont inventé la tragé- yeux de tous ce qu’on n’a pas, celle pensée débuta sous les aspects de représentation (ce qu’était enco- réformisme moderne, respectueux débat àla fois une visée, un projet die, le théâtre en général ; il est tout du philosophe et celle du clown. d’une aurore saltimbanque. re la philosophie dans les salons des des exigences du capitalisme mondia- pour une société et un monde libé- aussi important de signaler la quasi « Larvatus prodeo », a écrit Descar- Le lever de rideau de la philoso- Lumières, et ce que supposait le déli- lisé, ouvertement hégémonique jus- rés du capitalisme, et des mesures co-naissance du couple philo- tes, « Je m’avance masqué » – com- phie commence comme au théâtre ; cat talent d’« avoir de la conversa- que dans ses rapports avec le mouve- concrètes pour des solutions immé- sophie/théâtre que celle des autres prenons : je m’avance, sur la scène d’emblée, elle se donne des airs de tion ») devenue, àla fin du XX e siè- ment social, étroitement lié aux par- diates. Non pour rallier celles et couples, philosophie/démocratie et du monde, comme étant le philoso- piste de cirque. Peut-être les philo- cle, société du spectacle. tis et gouvernements qui font ceux àqui il s’adresse, mais pour éla- philosophie/politique. Ce n’est pas phe au masque, autrement dit, sophes devraient-ils, s’ils avaient Et qu’est-ce qu’un philosophe ? ailleurs des choix identiques. Bref, un borer avec eux les politiques à pour rien que philosophie et théâtre d’une certaine façon, le clown. Des- une once d’humour, laisser les Mon- Nullement ce que nous apprend réformisme devenant au capitalisme mener, les perspectives àouvrir et sont nés dans le même berceau, cou- cartes indique ainsi l’échangeabilité ty Python s’occuper de Socrate ? Descartes, quelqu’un qui sait com- mondialisé ce que fut la social-démo- ples siamois recevant en outre la du clown et du philosophe : la figu- Quoi qu’il en soit, il arrive àcer- mencer (être celui qui sait commen- cratie au capitalisme du XXe siècle. politique et la démocratie dans leur re du clown perce tout aussi bien tains, la nuit dans leurs rêves (le Des- cer énonçant la seule définition vala- L’objectif, c’est l’alternance entre fratrie. Philosophie, théâtre, politi- sous le masque du philosophe que cartes des Méditations métaphysi- ble du métaphysicien, impliquée une droite bien àdroite et ce réfor- Si la gauche que, démocratie tiennent debout l’inverse. ques ne peut prétendre au titre de dans tout Descartes, pour qui la misme moderne. Comment celui-ci ensemble, constituant le même uni- La philosophie n’a aucun sens seul philosophe àrêver) de se proje- métaphysique est la science des peut-il être majoritaire ? Massimo redevient vers. La circulation contemporaine tant qu’elle ne se donne pas en spec- ter une vie de Socrate filmée sur le principes), mais quelqu’un qui sait d’Alema et Giuliano Amato répon- entre ces quatre domaines, dont la tacle (ne serait-ce que sous la bana- modèle de La Vie de Brian. faire le malin, un clown àprendre dent (Le Monde du 3 octobre) : il majoritaire, valeur est trop souvent mésestimée, le forme du professeur dans sa clas- Le philosophe est en effet parmi au sérieux, un clown àbon escient. faut aller jusqu’à « une famille poli- si ce n’est insultée, remonte aux se) sur la grande scène du monde, la les saltimbanques la figure la plus Un lumineux saltimbanque. Cha- tique supranationale élargie (…) où il lui faudra donner débuts mêmes de la civilisation scène médiatique ou la scène socia- authentiquement proche du clown plin dans Le Dictateur, ou Socrate, les socialistes se retrouveront avec les européenne. La philosophie est le. Il est de la plus haute importance en sa vérité (exception faite de Hei- partout ironiste. chrétiens démocrates (…), avec les aux citoyens courants les plus avisés du libéralisme européen et avec la culture des défen- les pouvoirs seurs de l’environnement ». Pas de quoi inquiéter ceux qui ont tenté un et les moyens réels Gouverner les entreprises autrement tel élargissement vers la droite en 1988 et qui, avec Lionel Jospin, d’intervenir, recherchaient l’harmonisation des par Fabrice Rémon politiques des sociaux-démocrates partout, européens et de ceux que l’on ap- pelle les « modernisateurs »,de sur les décisions et ’AFFAIRE Enron au conseil d’administration d’un auditeurs externes de proférer le activité qui ne peut que les transfor- Tony Blair àBill Clinton. et, plus proches et tiers d’administrateurs indépen- moindre conseil aux dirigeants des mer en véritables VRP de l’audit. Ce « réformisme moderne » s’ac- leur mise en œuvre plus récents, les dants. Trois années plus tard, àpei- entreprises contrôlées. Comment Le paradoxe est total, quand l’es- commoderait fort bien de l’exis- déboires actuels de ne 50 % des sociétés du CAC 40 res- peut-on, d’un côté, leur demander prit même de ce rapport devrait au tence d’un « pôle de radicalité », nos anciennes stars pectent cette proportion qui est d’exercer un contre-pouvoir effica- contraire chercher àrenforcer et à contestataire dans les discours mais les luttes pour les faire avancer et L Vivendi Universal déjàcertainement largement suffi- ce et crédible dans des négocia- contrôler le caractère d’utilité pu- hostile às’engager pour une solu- entrer dans la vie. Il doit être, en et France Télécom auront eu le sante, pour peu que ces administra- tions avec la direction des grands blique de leur mission. tion alternative. Une telle radicalité, même temps, avec tous ceux qui le mérite de faire surgir de nombreu- teurs « dits indépendants » agissent groupes multinationaux, pourtant Dans cette course fébrile àl’or- réduite au caquet, peut permettre veulent, instigateur et animateur de ses idées en matière de gouverne- comme tels et ne fassent pas preu- délicates si l’on en juge par le thodoxie avec nos homologues de « bloquer » des voix parmi ceux rassemblements largement ouverts ment d’entreprise de part et ve d’une passivité déconcertante. feuilleton Vivendi Universal/ Salus- qu’attire le populisme mais que ré- pour donner le maximum d’effica- d’autre de l’Atlantique, tant du Porter ce taux à50 % comme le tro Reydel et, de l’autre, réduire vulse l’extrême droite. Et, surtout, cité àces luttes. Et leur offrir, dans   est le fondateur côté des politiques que des régula- demande le rapport Bouton n’est leur utilité et leurs compétences à en contestant sans vouloir construi- toutes les élections, la possibilité de de la branche parisienne du cabinet teurs et même du patronat. pas le plus urgent. Dans ce contex- la seule sphère comptable ? Cela re, elle renforce le sentiment que se prononcer en faveur des idées et belge de défense des actionnaires Ainsi, le récent rapport Bouton te, il y a fort àparier que le patro- revient àappauvrir leur connais- rien n’est possible hors la « gestion propositions issues de ce débat et minoritaires Déminor. promettait des mesures musclées nat ne pourra pas faire l’économie sance des risques de l’entreprise, et sociale » du capitalisme mondialisé. de la perspective qu’elles portent. de nature, nous assurait-on, àrassu- d’une loi puisque l’autorégulation donc la pertinence de leurs travaux Il s’agit encore de constructions Par les votes de premier tour pour rer les marchés et àétablir enfin ne marche pas. et àles fragiliser dans leurs rap- américains, cette radicalisation va à « par en haut » sourdes, malgré les les candidates et candidats commu- des règles de bonne gouvernance l’encontre même des objectifs discours sur la proximité, l’écoute, nistes, comme par la clarté des au sein des entreprises françaises. recherchés qui sont, avant tout, la aux refus et aux aspirations qui alliances électorales nécessaires Certes, il suggère certaines mesu- mise en place et la protection de expliquent la sanction du 21 avril, et contre la droite et l’extrême droite, res qui sont relativement en ligne On ne pourra s’empêcher de s’interroger contre-pouvoirs efficaces au sein marquent notre époque en profon- qui ne peuvent conduire àédulco- avec les évolutions internationales. des entreprises. deur. rer les propositions et l’action des Il est même progressiste lorsqu’il sur la légitimité du rapport Bouton Les cabinets d’audit sont certes Pour la première fois des millions candidats et élus communistes et de évoque l’auto-évaluation des mem- faillibles, et l’on sait désormais d’hommes et de femmes identifient leur parti. bres du conseil d’administration. puisqu’il a été préparé en l’absence des qu’ils sont mortels. Il aurait semblé clairement le capitalisme mondia- De tout cela, porté par des mil- En revanche, on ne pourra s’em- plus opportun de renforcer leur lisé comme leur adversaire et la cau- lions d’hommes et de femmes qui pêcher de s’interroger sur la légiti- principaux intéressés :les investisseurs poids et leur crédibilité face aux se de leurs malheurs. Et la gauche en feront leur projet, pourra naître mité d’un tel rapport puisqu’il a été dirigeants des entreprises contrô- ne leur proposerait que la soumis- un véritable « pacte unitaire pour la préparé en l’absence des princi- lées, en élargissant le rôle du comi- sion réformiste aux exigences de ce transformation sociale », scellé dans paux intéressés, àsavoir les investis- Par contre, sur un aspect no- ports avec les dirigeants. Une juste té d’audit en particulier au contrôle capitalisme, ou la contestation- la vie, les débats, les luttes, les seurs, qu’ils soient institutionnels table, le rapport pointe du doigt, mesure est nécessaire et peut être des prestations effectuées par les défouloir sans perspective de chan- scrutins et dans une citoyenneté ou particuliers. C’est comme si on non pas l’inefficacité notoire des trouvée. auditeurs et des conclusions de gement ? Et alors qu’ils rejettent de renouvelée. faisait écrire le code de la route par conseils d’administration français, Et que dire de cette vieille idée, la leurs travaux d’audit, de préférence plus en plus les combinaisons politi- Si la gauche redevient majori- les automobilistes et qu’on les char- mais ces éternels boucs émissaires systématisation des appels d’offre hors la présence des dirigeants. ciennes qu’on les invite àsoutenir taire, il lui faudra donner aux geait ensuite de le faire respecter. que sont les commissaires aux àchaque renouvellement de man- L’enjeu consiste aussi àrésister à de leur vote pour faire ensuite une citoyens les pouvoirs et les moyens On imagine le désastre ! comptes, des cibles en effet bien dat, qui, mis àpart un avantage l’unilatéralisme américain décrété politique ne correspondant pas à réels d’intervenir, partout, sur les On peut aussi déplorer, àla lectu- plus faciles que les administrateurs. pécuniaire évident pour les charges par le rapport Sarbanes-Oxley, en leurs attentes, la gauche ne leur pro- décisions et leur mise en œuvre. re de ce rapport, la mollesse de cer- On ne peut tout de même pas des entreprises, ne peut qu’aboutir favorisant l’émergence d’un poserait que de pales remake de ce Qu’on ne me dise pas qu’à3,37 % taines des propositions de cet émi- demander àses éminents auteurs àramener le rôle de l’audit externe consensus international sur l’en- qui les a tant déçus ? Je ne m’y rési- il n’est pas raisonnable d’avancer nent cénacle qui se borne souvent de se tirer une balle dans le pied. àcelui d’un prestataire de services semble des règles du gouverne- gnerai pas ! Mon regard critique sur une telle perspective. Au contraire, àrecommander l’application des Quelles sont les innovations comme un autre. Sans compter la ment d’entreprise. Dans ces règles, la période précédente – y compris rien n’est plus raisonnable ! Ni plus précédents rapports Viénot. On majeures de ce rapport ? Tout dissipation de l’énergie qui devrait le volet audit légal n’est certaine- sur les erreurs et les insuffisances susceptible de gagner àun PCF mo- notera d’ailleurs que le rapport Vié- d’abord, radicaliser les textes exis- être consacrée aux travaux d’audit ment pas celui dont nous avons le du PCF, dont j’assume pleinement derne et dynamique une influence not II prônait en 1999 la présence tants en interdisant totalement aux proprement dits, au profit d’une plus àrougir actuellement. ma part –, ne peut me conduire à plus grande et plus solide. 18/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 HORIZONS ANALYSES 0123  Bush maintient le cap de la défense antimissile

GEORGE W. BUSH vient de Greely en Alaska, destinées à sur- qui considèrent qu’on ne peut pas persuader Israël de l’intérêt d’un Israël et ses colons signer, avec l’accord du congrès, la veiller l’espace et à neutraliser des courir deux lièvres à la fois et que tel dispositif. Les industriels et les loi qui attribue 355 milliards de missiles adverses relativement le combat antiterroriste, parce militaires, dans les deux pays, AU-DELÀ des enjeux électo- gets des transports, de la défen- dollars (pratiquement autant sommaires. En 2004, encore, deux qu’il sera difficile, risqué et qu’il œuvraient déjà – avant même la raux qu’entraîne la démission se, de l’industrie, du logement, d’euros) au budget 2003 de la nouvelles frégates, dotées du sys- prendra du temps, exclut de se dis- crise en Irak – à la conception d’un des ministres travaillistes du de l’agriculture, etc. Il n’est qua- défense aux Etats-Unis. C’est une tème Aegis (« bouclier » en grec), perser. Au Pentagone, on réplique antimissile tactique, baptisé gouvernement israélien, le thè- siment pas un ministère qui ne hausse de 12 % par rapport au seront susceptibles de suivre et de que ce serait une erreur grossière Arrow (flèche), pour lequel les me évoqué pour la justifier dispose de crédits dévolus aux montant des crédits en 2002. Il s’opposer au tir de missiles offen- de se concentrer sur une menace Israéliens, compte tenu de ce pose une question de fond à implantations. faut remonter à Ronald Reagan sifs sur le modèle de ce qui s’est unique, alors qu’elle est « duale » qu’ils perçoivent de leur environ- toute la société israélienne. Le mouvement des colons pour trouver une telle augmenta- passé, à titre expérimental, il y a en réalité, et qu’elle revêt des for- nement régional, sont très en avan- Dans une situation de crise éco- peut crier victoire. Mais, jus- tion : c’était quand, il y a vingt ans, une quinzaine de jours, avec la fré- mes plus complémentaires et ce. Ce missile pourrait servir, tels nomique et sociale telle qu’Is- qu’en son sein, beaucoups’in- la Maison Blanche avait lancé son gate John-Paul-Jones. En 2004, diverses que carrément le Patriot de la guerre du Golfe et raël n’en a plus connue depuis quiètent de l’activité croissante projet de bouclier spatial antimissi- enfin, les Américains ne désespè- contradictoires. les versions plus perfectionnées les années 1950, quelles doi- d’une minorité importante d’ex- le. Entre-temps, le programme a rent pas d’avoir mis au point un De la validité de ce choix en qui en ont été dérivées, à protéger vent être les priorités gouverne- trémistes religieux violents, qui avorté sous cette forme. avion gros-porteur, du type faveur d’un bouclier « multicou- des forces américaines déployées mentales ? Relancer les inves- agressent régulièrement les Mais l’actuel président, en dépit Boeing-747, armé d’un laser qui che » – dès le départ de missiles sur un théâtre extérieur. Pour tissements et l’emploi et proté- Palestiniens et n’ont pas hésité de la priorité qu’il entend donner serait pointé contre des missiles hostiles, durant la phase ascendan- Israël, cet armement relève d’une ger les plus démunis, ou favori- récemment à affronter l’armée à la lutte contre le terrorisme inter- assaillants pour les détruire en vol te de leur trajectoire et contre des panoplie plus stratégique car il ser l’expansion des colonies pour empêcher l’évacuation de national, n’a pas renoncé à mener ou – plus efficace ! – depuis leur missiles en approche de leurs contribue à la défense de ses inté- dans les territoires palestiniens la « colonie sauvage » Havat à bien un nouveau projet antibalis- site de lancement. cibles –, M. Bush veut convaincre rêts vitaux, voire à sa survie. occupés ? Ariel Sharon a tran- Gilad. Israël compte des dizai- tique. On en a la preuve avec le Bref, M. Bush maintient le cap ses alliés. Ses conseillers s’y Mais le dialogue implique aussi ché en faveur de la seconde nes de ces minuscules implanta- fait que, dans le budget 2003 du de sa politique antimissile, en emploient, non sans énergie. les Européens, y compris la Fran- option. C’est une décision pro- tions non agréées par le gouver- Pentagone, les crédits alloués à la dépit d’avis plus nuancés de ceux Le président n’a aucune peine à ce. A l’OTAN, dont plusieurs pays fondément politique. nement. Se fondant sur l’expé- lutte antimissile passent à 7,4 mil- membres craignent que s’accrois- Le soutien financier des pou- rience du passé, qui est souvent liards de dollars, au lieu de 5,4 en se l’écart technologique avec les voirs publics en Israël au déve- celle de leurs parents, les 2002. La hausse est de 37 %, trois    Etats-Unis, on débat de l’opportu- loppement des « implanta- colons fanatiques sont persua- fois plus que la croissance moyen- Mauvaise passe nité de développer des capacités tions » n’est pas nouveau. Avec dés que « ce qui est illégal ne de l’enveloppe globale des d’alerte et de détection infrarouge des hauts et des bas, il a été aujourd’hui sera légal demain ». dépenses militaires aux Etats- des tirs adverses. poursuivi par la totalité des Le poids politique de cette Unis. Difficile, dans ces gouvernements depuis 1967. minorité messianique violente conditions, de considérer que «    » Mais l’avènement d’Ariel Sha- dépasse de beaucoup sa repré- M. Bush a radicalement changé Ce qui n’implique pas, pour ron à la tête d’un cabinet sentation numérique. Elle a le ses priorités en matière de sécuri- autant, que les Européens soient d’union nationale, dans lequel soutien idéologique de rabbins té après les attentats du 11 septem- déterminés à se lancer dès au- le « lobby » des colons est large- écoutés, de députés et de minis- bre 2001. jourd’hui dans un programme ment représenté, a accéléré ce tres, et bénéficie d’un appui au ambitieux, à l’américaine, d’inter- phénomène. Un audit du minis- moins tactique d’une partie de  «  » ception (le mode hit to kill, autre- tère israélien de l’intérieur indi- l’état-major, dans une situa- Le Pentagone prétend, au ment dit la destruction d’ogives que qu’au delà des remises tion où son apport à la contraire, que terrorisme et anti- hostiles par collision directe entre d’impôts, prêts immobiliers « guerre » contre l’Intifada missile vont de pair. Il n’y a qu’à leur porteur intercontinental et avantageux et autres faveurs peut être jugé efficace. observer, dit-on à Washington, la un intercepteur) telle qu’on la pra- accordées aux habitants des Mais quelle est l’efficacité prolifération des armes balistiques tique outre-Atlantique. Seuls, colonies, ceux-ci ont bénéficié historique d’un tel soutien dans le monde. La technologie ris- peut-être, les Etats-Unis en sont en 2001 de crédits publics qua- public aux colons ? Responsa- que d’être à la portée de n’importe capables. Ce à quoi l’Europe tra- tre fois supérieurs à ceux des ble du mouvement israélien La qui, un jour, surtout pour servir de vaille, en revanche, c’est à édifier zones urbaines déshéritées à Paix maintenant, Dror Etkes vecteur à une autre prolifération, une panoplie – sinon plus mo- l’intérieur d’Israël. Dans le bud- résume ainsi ses craintes dans celle des munitions de destruction deste, du moins davantage à sa get 2003, hormis les 400,8 mil- le quotidien de référence Haa- massive à base d’ingrédients bio- taille – qui vise à protéger des lions de dollars (420 millions retz : un jour, un Etat palesti- chimiques ou nucléaires, comme, sites ponctuels sensibles ou des d’euros) alloués aux colonies, nien existera, les colonies par exemple, ces armes radiologi- forces terrestres et aéronavales plusieurs dizaines, voire plu- seront démantelées et, « si cela ques dites « sales ». menacés par des missiles de moin- sieurs centaines d’autres, leur n’arrive pas, nous deviendrons C’est Paul Wolfowitz, le numé- dre envergure, portant par exem- sont dévolus, par le biais de un mélange d’Iran et de l’ancien- ro deux du Pentagone, qui cite – ple à 600 kilomètres. Mais l’Euro- l’Autorité domaniale, des bud- ne Afrique du Sud ». sans autre précision – le risque pe est loin d’en faire un chantier qu’un pays « sans foi ni loi » ou commun. Pour la France, qui déve- qu’un réseau terroriste « très éla- loppe le SAMP/T contre des missi- 0123 boré » peut faire courir à la planè- les de croisière, le but est d’y par- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani te entière en déployant, à proxi- venir à l’horizon 2010. Il figure Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; mité des côtes de pays-cibles, de dans la programmation militaire Noël-Jean Bergeroux. simples barges embarquant des 2003-2008. L’Allemagne et l’Italie Directeur général délégué des rédactions : Edwy Plenel missiles à courte portée, pour regardent de l’autre côté de l’At- Directeur général délégué des opérations : Fabrice Nora Directeur général adjoint : René Gabriel exercer un chantage contre les lantique, en s’étant associées aux Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain démocraties. Etats-Unis pour mettre au point – Dès lors, peut-on se passer d’un malgré son coût prévisible – le pro- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau bouclier antimissile ? Le Pentago- gramme MEADS (Medium Exten- Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin ne maintient donc son program- ded Air Defense System) Directeur artistique : François Lolichon me et le diversifie même. En 2004, concurrent du projet français. Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard il prévoit de premières installa- Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer Rédaction en chef centrale : tions à terre, autour de Fort Jacques Isnard Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre Rédaction en chef : quatre ans, jour pour jour, avant certains familiers du diwan royal, on imaginer meilleur candidat François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Nostalgies la rencontre de Londres… le cabinet privé d’Abdallah II où qu’un Hachémite, un descendant Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; A Amman, cette semaine-là, on tout se décide en Jordanie, l’oncle du Prophète, dans les veines Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) irakiennes manque s’étouffer d’apoplexie déchu et le neveu couronné s’en- duquel coule, aussi, le sang d’Ali, Médiateur : Robert Solé devant la photo. Un communiqué tendaient bien mieux qu’on ne le pour « couvrir » un éventuel pro- à la cour du palais fait sèchement savoir croit ? tectorat américain sur Bagdad ? Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette que le soutien aux ennemis de Bag- Dans les chancelleries européen- Saddam Hussein lui-même n’a-t-il Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet d’Amman dad « n’est pas la politique de la Jor- nes, où l’on sait que les Améri- pas ordonné, après la guerre Iran- danie ». Pour être considéré com- cains travaillent sur toutes sortes Irak, la remise en état du mausolée Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Suite de la première page me un vassal de l’Amérique, le de scénarios post-Saddam, on prit de Fayçal II dans sa capitale, susci- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), royaume n’en dépend pas moins, les royales dénégations d’Amman tant dans la population un certain André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Se pourrait-il que la grande His- à 100 %, du bon vouloir de Sad- avec quelques pincettes. « Tiens révisionnisme positif sur le règne Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) toire repasse les plats ? Publique- dam Hussein pour un approvision- tiens, pensa-t-on, nos bons amis de du jeune monarque assassiné ? Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : ment, jusqu’à l’été, Abdallah II, le nement pétrolier à très bas prix. Washington songeraient-ils à nous 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- nouveau « petit roi » de Jordanie, L’Irak est le premier marché exté- refaire le coup tenté à Kaboul avec  ,   ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, l’héritier du charismatique Hus- rieur de sa petite industrie. Et près le retour de l’ancien roi Zaher Enfin, ajoutent ceux-là, Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, sein mort en février 1999, ne vou- de trois cent mille Irakiens – au- Chah ? » Ruée générale des diplo- considérant l’énorme complexité Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. lait pas en parler. Reprendre pied thentiques réfugiés politiques et é- mates sur les livres d’histoire. de l’échiquier ethnico-religieux ira- www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. sur le trône d’Irak, voire plus, à la conomiques, industriels de Bag- Dans tous les think tanks, les cen- kien, y a-t-il une autre alternative Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino faveur d’un protectorat américain dad volontairement « délocali- tres de recherche stratégique, crédible ? Le 16 octobre, le géné- et d’une redistribution générale sés » pour commercer avec l’ex- « l’option hachémite » est sur la ral Tommy Franks, chef du com- des rôles dans la région ? « Nous térieur et agents clandestins du table. La semaine dernière, à l’Uni- mandement central de l’armée RECTIFICATIF sociation des présidents de commu- n’y pensons même pas, nous avons régime honni – résident en Jorda- versité européenne de Florence, américaine, l’homme présenté nauté urbaine s’étaient réunis pour assez à faire ici », répliquait le nie. Amman, la capitale aux sept une conférence, réservée aux di- quatre jours plus tôt dans le New COLIN POWELL. Une erreur de faire « bonne chair ». Il fallait lire jeune monarque à qui l’interro- collines, est à 300 km de la fron- plomates du Vieux continent, a York Times comme l’éventuel traduction nous a fait écrire, dans « bonne chère » ; l’expression signi- geait. Et puis, le 14 juillet à Lon- tière irakienne. débattu de l’hypothèse. Certains « gouverneur » militaire d’un Irak l’entretien que nous a accordé le fie à l’origine « faire bon accueil », dres, la fiction du royal désintérêt y croient, d’autres pas, mais tous y post-Saddam, était à Amman. Le secrétaire d’Etat américain l’hospitalité s’accompagnant tradi- se fracasse sur un cliché qui fait le «   » songent. 20 octobre, pour la première fois (Le Monde du 30 octobre), qu’il tra- tionnellement d’un bon repas. tour du monde. On y voit le prince C’est dire si Abdallah II a quel- Les incrédules font valoir que depuis le coup de théâtre du vaillait « sur l’engrenage »,au Hassan, son oncle, souriant, en ques raisons de se montrer pru- les trente-sept années de règne prince Hassan à Londres, le roi moment où les discussions à pro- MÉGASTORE. Nous avons fait compagnie d’un grand type dégar- dent. Le prince Hassan, ajoutera hachémite à Bagdad n’ont pas lais- Abdallah II n’excluait plus catégo- pos d’une résolution du Conseil de usage du terme « mégastores » ni. La photo a été prise le matin donc un communiqué du palais, sé de très bons souvenirs aux Ira- riquement la restauration de la sécurité « patinaient ». Il s’agissait pour désigner de manière généri- même, parmi une centaine d’op- « n’était pas en mission officielle à kiens. Que les trois souverains qui monarchie à Bagdad. « Associer le d’un travail sur l’embrayage. que des magasins de grande taille posants irakiens, civils et anciens Londres ». Il s’est affiché avec les se sont succédé sur le trône ont nom de ma famille à un gouverne- (Le Monde des 14 septembre, 4, 7, militaires de haut rang, réunis, opposants irakiens « à titre privé, servilement exercé le pouvoir ment irakien d’après-guerre est très PRÉCISIONS et 17 octobre). La société Virgin financés et mal fédérés par Wash- en son nom personnel ». Alors dans l’ombre de puissants pro- dangereux », confiait d’abord le Enterprises Limited tient à rappe- ington dans la Coalition nationale quoi ? Le politicien hachémite le consuls britanniques, et que la monarque au quotidien allemand BONNE CHÈRE. Nous avons indi- ler que la marque Megastore est irakienne. plus expérimenté de la dynastie, famille du Hédjaz est plutôt per- Handelsblatt. Pour le moment, le qué, dans l’article « M. Raffarin enregistrée et ne doit pas être utili- L’homme dégarni sur le cliché avec trente-cinq ans d’exercice du çue par une opinion irakienne, « petit roi » émet « de grandes assure que la décentralisation “n’est sée « autrement que pour désigner s’appelle Sharif Ali Ben Al-Hus- pouvoir dans l’ombre de feu son très majoritairement nationaliste, réserves » quant à l’éventualité pas faite pour les experts” » (Le les produits et services de la société sein. Il a 58 ans. C’est un cousin frère aîné, aurait agi par désœuvre- comme soumise aux intérêts colo- qu’un membre de la dynastie puis- Monde daté dimanche 27-lundi Virgin Enterprises et de ses filiales, hachémite du prince Hassan, un ment, ou, pis, pour nuire à un niaux et occidentaux. Ils notent se jouer un rôle en Irak. Il pense 28 octobre), que les membres de l’as- licenciés et autres partenaires ». banquier de la City qui a créé, peu jeune neveu, s’obstinant à penser que les héritiers du dernier grand que, « à court terme », l’option après l’invasion irakienne du qu’il eût fait un meilleur monar- chérif de La Mecque sont d’obé- d’un « chef militaire fort » à la tête 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans Koweït en 1990, un Mouvement que ? Après tout, ne dit-on pas dience sunnite – comme Saddam d’une coalition est la plus « vrai- l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975 pour la restauration d’une monar- encore à Amman que, brusque- et son clan – alors que la semblable ». Mais cela pourrait ISSN 0395-2037 chie constitutionnelle à Bagdad. ment dépouillé de son titre de confession majoritaire de l’islam changer si, « deux ans après une

Imprimerie du Monde Sharif Ali est le cousin maternel « prince héritier » quelques semai- en Irak est chiite. guerre, le peuple d’Irak décidait de de l’ancien roi Fayçal II, le dernier nes avant la mort du roi Hussein, « Mais justement », insistent les lui-même qu’une monarchie pour- 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre monarque irakien. Il avait 14 ans Hassan, aujourd’hui âgé de autres : Washington n’ayant sûre- rait être à même de les unir ».A 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 lorsque son cousin fut renversé et 55 ans, ne s’est jamais vraiment ment pas l’intention de favoriser bon entendeur. 75226 PARIS CEDEX 05 PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 assassiné avec toute sa famille pro- remis d’avoir eu à s’effacer ? Et si, les visées expansionnistes prêtées che le 14 juillet 1958, quarante- comme l’affirment au contraire au grand voisin iranien chiite, peut- Patrice Claude LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/19 HORIZONS KIOSQUE

DANS LA PRESSE FRANÇAISE L’utopie démocratique contre la crise de la politique a LE NOUVEL OBSERVATEUR Jean Daniel Il est évident que l’on est en présen- Le choc du 21 avril représente-t-il une « défaite de la politique », se demande la revue « Transversales » ? ce d’une nouvelle forme de guerre (…) et que tous les Clausewitz ont Ou bien la politique va-t-elle plus se recentrer à l’avenir sur l’individu ? Une perspective stimulante à revoir leur copie. Un stratège américain voit dans cette innova- ET MAINTENANT,on fait quoi ? Mais l’intérêt de l’analyse de Trans- derait à nous délivrer de l’opposition tion de chacun à la vie démocratique tion une mise en question fonda- Après le choc du 21 avril,face à ce versales est précisément de contester stérile entre individu et société, et à est une activité à part entière qui ne mentale de la conception militaire sentiment de malaise dans la démo- l’idée,maintes fois développée dépasser leurs philosophies respecti- peut se suffire ni de l’élection ni de la et en particulier de l’idée même cratie provoqué,tout à la fois,par la depuis six mois,selon laquelle «la ves, que sont, d’un côté, l’individua- délégation »,note Roger Sue. Et d’armée. Hier,cette armée n’était poussée de l’extrême droite,par l’am- crise de la politique ne serait qu’une lisme contractualiste du libéralisme et, Patrick Viveret insiste : la montée pensée que sous la forme d’unités pleur de l’abstention et des votes pro- facette de la désagrégation du lien de l’autre, l’enfermement commu- des courants autoritaires,dans le chargées d’une action largement testataires,par l’effondrement des social dans son ensemble ». nautariste d’où surgissent les tota- monde entier et en Europe,le rai- collective,donc d’une préparation scores des candidats de gouverne- litarismes »,souligne Roger Sue. dissement sécuritaire des pouvoirs au grand jour sur un territoire ment,devant cette dépression poli- « ’  » Expérience des « conférences de ci- institués,la stigmatisation d’une déterminé. A partir du moment où tique et « ce grand écart croissant, en Pour Roger Sue,l’origine du malai- toyens »,décortiquée par le profes- société civile qui serait par nature la possibilité est donnée à des grou- forme de divorce entre société civile se actuel est moins dans une régres- seur Jacques Testart,émergence de violente et incontrôlable,tout pes,sinon à des individus,d’être et représentation politique »,on fait politique à une société de marché » sion de l’exigence démocratique de nouvelles formes de luttes anticapi- « nous oblige à donner au processus clandestins,apatrides,et de con- quoi ? Telle est la question simple ou de l’épuisement du discours politi- la société civile que dans une progres- talistes durant les années 1990 au démocratique un contenu beaucoup fondre les moyens et les fins jus- mais percutante à laquelle s’efforce que,incapable d’apporter une repré- sion de cette exigence,à laquelle ins- Chiapas,au Brésil ou en Europe,ana- plus exigeant que la simple dévolu- qu’à faire de la violence un but de répondre la dernière livraison de sentation générale de la société et titutions et discours politiques ne lysées par le philosophe et psychana- tion du pouvoir par le mécanisme sans avoir à se soucier de la capaci- la revue Transversales. transformé en simple « discours du savent plus répondre. « Au lien social lyste Miguel Banasayag,initiatives électif » et à répondre à cette « for- té de riposte de l’ennemi,on se La réponse passe d’abord par un pouvoir ». Avec d’autres,Pierre Cala- institué, prisonnier des usages, des tâtonnantes de démocratie participa- midable attente à l’égard d’une trouve alors devant une nouvelle examen clinique. « La mise en ques- me dénonce,de son côté,les « faus- conditions et des lieux, se substitue tive,passées au crible par Philippe autre conception de la démocratie et forme d’anarchisme incontrôlable tion de la politique résulte de son inca- ses évidences », qui éloignent la pra- aujourd’hui un lien plus centré sur Merlant : Transversales explore ces de la société politique, fondée sur et planétaire. pacité croissante à remplir les fonc- tique politique du politique,en par- l’individu et ses désirs, un lien plus résurgences multiples de « l’utopie des logiques de pouvoir créateur plus a L’EXPRESS tions qui sont traditionnellement les ticulier celle qui voudrait que le construit que subi. Plus l’individu se démocratique »,ces nouvelles dyna- que pouvoir dominateur ». Perspec- Denis Jeambar siennes, tout particulièrement celles moment-clé de la politique soit celui considère comme tel, libre et auto- miques sociales sur lesquelles les tive rousseauiste assumée ? Peut- En démocratie,pour la gauche et du pouvoir, du discours, de la représen- de la décision,quand il devrait être, nome, apte à construire ses réseaux, responsables politiques pourraient être. Mais stimulante. pour la droite,il n’est jamais de tation et de la légitimité »,note le en amont, « la construction des pro- plus il se rapproche du modèle origi- – devraient – s’appuyer pour réinven- chemin mort. (…) Depuis deux sociologue Roger Sue. Et de pointer cessus citoyens » capables,progres- naire de la libre association. » ter de nouvelles formes de légitimité. Gérard Courtois décennies,la gauche s’était prise du doigt la « défaite de la politique » sivement,de faire émerger des Dès lors, « repenser la singularité « Un très grand pas sera franchi le à croire,comme la droite de 1958 qui résulte du passage d'« une société solutions. de la relation d’association nous ai- jour où l’on admettra que la participa- e www.globenet.org/transversales à 1981,à son invincibilité,malgré la déroute de 1993,vite effacée. SUR LE NET LA SÉLECTION DE COURRIER INTERNATIONAL (…) Le séisme électoral du prin- temps dernier est accompagné de Les documents cités sont accessibles répliques lourdes. Comme sut le à l’adresse www.lemonde.fr/surlenet faire François Mitterrand autre- fois,Jacques Chirac,avec la com- Gaz Les élections vues par la presse américaine plicité efficace de Jean-Pierre Raf- a Le ministre russe de la santé a farin,est en train d’organiser un annoncé que le gaz utilisé lors de Une campagne sans surprises à peine réveillée par la mort tragique du sénateur Wellstone glissement de terrain politique de la prise d’otages de Moscou était la même ampleur que celui dont un dérivé du Fentanyl. La Biblio- IL S’APPELAIT Paul Wellstone à 50-50, le pays des présidents rela- gras et une carte routière pour tra- grands partis consacrent des dizai- fut longtemps victime leur propre thèque nationale de médecine des et était sénateur du Minnesota. Sa tifs, des législatures paralysées et de cer le contour des circonscriptions. nes de millions de dollars à faire camp. Même si,en politique,rien Etats-Unis en décrit les effets. mort dans un accident d’avion a la participation déclinante. » Les élus, les partis et les groupes de campagne sur le terrain, car ils pen- n’est jamais écrit,le Parti socia- www.nlm.nih.gov/medlineplus bouleversé l’électorat démocrate. « La campagne a été marquée pression utilisent aujourd’hui des sent que les spots télévisés ne sont liste ne se réarmera pas dans un /druginfo « Les militants d’une économie plus par la prudence, l’imprécision, le logiciels fournissant les données du pas forcément le meilleur moyen de repli identitaire passéiste,en se /fentanylsystemic203780.html proche des gens et de la justice socia- négativisme, les questions accessoi- recensement, les listes électorales et mobiliser les électeurs »,souligne le refermant,comme s’en inquiète a L’ambassade américaine à Mos- le savaient qui était leur représen- res et l’abus de slogans »,poursuit les résultats passés. C’est l’équiva- Christian Science Monitor.La Laurent Fabius, « en une forme de cou avait également identifié cet tant. Quel que soit l’Etat où ils le quotidien. En conséquence, lent politique des manipulations participation prend une importan- bureaucratie de gauche qui ne analgésique et sédatif opiacé. vivaient, ils comptaient sur un seul note le New York Times, « les élec- génétiques. » ce accrue, « car de plus en plus parviendrait plus à capter les voix www.washingtonpost.com/wp-dyn et même sénateur : Paul Well- teurs ne se soucient guère de ceux Mais,pour être réélu,il faut tout d’élections se décident à quelques populaires »,ou en diabolisant /articles/A36028-2002Oct29.html stone »,lui rend hommage l’hebdo- qui cherchent à les diriger. Pourquoi de même que les électeurs se dépla- centaines de voix ». une droite qui,désormais,parle a Un toxicologue de Munich avait madaire de gauche The Nation. en serait-il autrement ? Depuis 1992 cent. C’est la raison pour laquelle mieux que lui à ses électeurs décelé des traces d’halothane,utili- Mais sa disparition aura surtout au moins – quand Clinton a été élu l’argent coule à flots. « Les deux Eric Maurice naturels. sé pour l’anesthésie,chez les réveillé une campagne atone et en reprenant à son compte des thè- ex-otages allemands. mis l’accent sur la caractéristique mes traditionnellement républicains www.biam2.org/www des législatives du 5 novembre : – la campagne des deux partis se res- ASSURANCE BANQUE FINANCE /Sub1493.html l’incertitude. Elle « a entraîné une semble de plus en plus ». a Le New Scientist,qui estime qu’il réaction immédiate des deux grands s’agit d’un mélange de ces deux partis parce que son siège est crucial « » substances,souligne qu’il suffit de dans le rapport des forces au Sénat, « Contrairement aux prédictions, respirer ce gaz six fois plus long- où les démocrates n’ont qu’un siège les attentats du 11 septembre n’ont temps que la dose normale pour de majorité »,écrit le New York pas entraîné de prise de conscience qu’il devienne mortel. Times. de l’importance des politiciens », www.newscientist.com Pour l’heure,personne ne peut déplore le Los Angeles Times. /flat/99992988.html prédire la physionomie du pro- « Les candidats demeurent obsédés a Plusieurs experts,se fondant sur chain Congrès. Certes,rappelle le par le désir de séduire des groupes les témoignages,s’étaient aupara- Boston Globe, « les élections de d’électeurs chroniquement incer- vant accordés pour reconnaître les mi-mandat après un changement tains, qui ne se sentent concernés effets du benzylate de quinuclini- de présidence sont généralement que brièvement et dont l’engage- dol (dit « bz »),un incapacitant favorables à l’opposition. Mais, cette ment est superficiel. » Mais com- psychique utilisé au Vietnam. fois, les démocrates seront heureux ment intéresser les électeurs www.emedicine.com/emerg s’ils parviennent à conserver leur siè- quand « presque 90 % des Améri- /byname/cbrne---incapacitating- ge d’avance au Sénat et les experts cains vivent dans des circonscrip- agents-3-quinuclidinyl-benzilate.htm n’envisagent plus que les républi- tions où leur vote n’a aucune impor- a L’Institut de recherche médicale cains perdent la Chambre » des tance »,interroge USA Today. sur la défense chimique de l’armée représentants. « Deux ans après les Plus des trois quarts des députés américaine a publié un « manuel élections les plus serrées de notre his- sortants élus de justesse en 2000 rouge » des gaz de combat,décri- toire, aucun parti ne semble se diri- ont vu les circonscriptions redécou- vant les symptomes et la « pertinen- ger vers une majorité claire »,analy- pées à leur avantage. « Alors que la ce militaire » de ces substances. se le Washington Post. Mais cette campagne pour la Chambre est http://ccc.apgea.army.mil/products incertitude n’est pas un signe de entrée dans sa dernière semaine, les /handbooks/RedHandbook bonne santé démocratique : «Le vainqueurs de 400 des 435 scrutins /001TitlePage.htm scrutin de 2002 prend la forme sont déjà connus. (…) Il fut un temps [email protected] d’une confirmation d’une Amérique où le législateur prenait un crayon PHOTOS : PHOTOS FONTSHOP-PHOTOALTO AU COURRIER les oubliettes de l’histoire,de ne ral, indigne de collègues des commu- DES LECTEURS considérer que les effets sans s’atta- nautés universitaires ». (…) Sans Venez rencontrer cher à remonter aux causes,effor- entrer dans de tels affrontements, Etats voyous çons-nous de garder notre raison et certains Israéliens et Palestiniens votre futur employeur Ne devons-nous pas nous deman- de contribuer à régler les problè- recherchent les moyens de faire en der,en ces premières années du mes à leur source par des solutions sorte que leurs deux communautés XXIe siècle,si les Etats voyous,ce ne négociées. se rapprochent et se comprennent sont pas les Etats-Unis,la Russie et Jean-Paul Lewidoff mieux. C’est le cas de Daniel Baren- Israël,se posant en victimes,com- Paris boïm et d’Edward Said,qui ont créé Jeunes diplômés ou expérimentés Bac+2 à me voici peu la Serbie de Milose- un atelier musical pour les jeunes Bac+5 dans les secteurs de l'Assurance, de vic ? Fauteurs de troubles,ivres Ni boycottage ni silence interprètes des deux communautés. d’une volonté de puissance,dispo- En avril 2002,plus d’une centaine Leur action a fait naître de plus la Banque et de la Finance, venez rencontrer sant d’une force sans commune d’universitaires et de chercheurs, grands espoirs de paix que n’im- mesure avec leurs adversaires décla- principalement du Royaume-Uni, porte quel manifeste de condam- les entreprises qui recrutent sur TopFi. rés ou potentiels,Afghanistan hier, ont publié,dans ,un nation. (…) Irak,Corée,Tchétchénie,Palestine, appel en faveur d’un moratoire Dans le domaine de l’éducation,il Multipliez les échanges en participant aux aujourd’hui ce sont ces pays surar- concernant l’avenir de tous les liens faut en effet mettre en œuvre des conférences. Ne manquez pas ce rendez-vous més,les Etats-Unis,la Russie,Israël, de recherche et de culture avec Is- projets scientifiques qui compren- qui génèrent et entretiennent le dés- raël,que ce soit au niveau européen nent des équipes des deux nations, pour faire valoir vos talents et votre expérience. ordre mondial. ou national « à moins que et jusqu’à ou en projetant des publications La montée d’un islamisme radical ce qu’Israël promette de respecter les dans les journaux spécialisés in- et rétrograde,son extrémisme actif résolutions des Nations unies et ouvre cluant des contributions des deux et terrifiant dans ses réactions de véritables négociations pour la communautés,ou en organisant des Invitation et détails sur imprévisibles,destructions du paix avec les Palestiniens, comme conférences internationales sous www.topfi.com ASSURANCE 11 septembre 2001 à New York, le préconisent plusieurs plans de une coprésidence (palestinienne et BANQUE attentats-suicides en Israël,attentat paix… » Un appel semblable a été israélienne)… ou par d’autres voies. FINANCE de Bali,prise d’otages à Moscou, émis des Etats-Unis. Nous ne pouvons rester silen- etc.,sont les conséquences directes Ces appels ont été condamnés cieux,et les boycottages ne sont de la politique de force,unilatérale, par un autre document collectif inti- pas la solution. L’essentiel est de aveugle et absurde,des Etats diri- tulé « Protestation contre l’appel à faire entendre notre soutien à ceux LES 27 ET 28 NOVEMBRE 2002 LE NOUVEL ÉVÉNEMENT CRÉÉ PAR gés par les mauvais bergers que un boycott européen des relations qui,en Israël et en Palestine,rejet- PALAIS BRONGNIART-BOURSE DE PARIS sont Bush,Poutine et Sharon. universitaires et culturelles avec tent l’affrontement suicidaire et tra- Epargnons-nous,Européens civi- Israël »,dans lequel le boycottage vaillent pour la paix. (LE 27 DE 12 H À 22 H - LE 28 DE 10 H À 20 H) lisés,qui avons remisé de longue proposé était qualifié d’« acte de Daniel Gil-Pérez date l’archaïque loi du talion dans punition collective, impropre et immo- Valence (Espagne) 20/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 ENTREPRISES finance

Le groupe Alcatel a enregistré une hausse de 40 % de incarne donc un  ’ de la volatilité des avait effectué un plongeon de 38,40 %. La - credi par Alcatel, sont àl’origine de la flambée de son titre, mercredi 30 octobre, àla Bourse de Paris, et marchés, puisque c’est lui aussi, le 17 septembre  des marchés explique que le mouve- son cours. En sens contraire, le titre de la  s’est de 120 % sur un mois. Avec cette  his- 1998, qui avait enregistré l’une des premières baisses ment de Yo-Yo de la Bourse est de plus en plus accen- effondré de 28 %, ce même mercredi, après l’annon- torique, l’équipementier des télécommunications spectaculaires de la période récente. Ce jour-là, il tué. Les résultats du troisième trimestre, publiés mer- ce de mauvais résultats financiers. Alcatel, cas d’école de la volatilité des marchés Alors que le 17 septembre 1998, l’équipementier avait enregistré une baisse historique de 38,40 % de son cours àParis, il a profité, mercredi 30 octobre, d’une hausse spectaculaire de 40 %, due àune situation financière plus solide que ne le pensaient les analystes

LE TITRE Alcatel, qui s’est envo- endettés et les plus fragiles, com- QUATRE ANNÉES D'À-COUPS opérationnel sur 2003 ». Les mar- lé en prenant 40 % mercredi me France Télécom ou Vivendi chés ont été soulagés. 30 octobre à la Bourse de Paris, Universal, sont coutumiers depuis La chute La hausse Pour autant, le groupe n’est pas L'action Alcatel en euros à Paris n’avait pas été à pareille fête de- cet été de variation quotidienne dé- du 17 sept. 1998 du 30 octobre 2002 encore sorti du tunnel. A preuve, il puis longtemps. En quelques heu- passant parfois les 25 %. Le groupe 5,2 a été contraint de racheter au troi- en francs 100 Le 30 oct. en euros res, 7 % du capital a changé de helvético-suédois ABB a aussi sième trimestre 550 millions d’eu- 5,2 5,2 660 mains et la valeur boursière de l’en- plongé de 61,82 % le 22 octobre et 80 ros de crédits fournisseurs octroyés treprise a augmenté de 1,86 mil- de 20,49 % le lendemain, après 571 F 5,0 à des clients en difficulté et a provi- liard d’euros à 6,44 milliards avoir publié des pertes importan- 620 17,41€* sionné 451 millions d’euros pour 60 4,8 d’euros. Mieux : depuis son plus tes et en raison de litiges liés à tenir compte de 8 à 9 autres dos- bas niveau historique atteint le l’amiante aux Etats-Unis. 580 4,6 siers délicats. 40 24 septembre, à 2,05 euros, le 4,4 cours a été multiplié par 2,5 et la     540    capitalisation boursière a bondi de L’envol de l’action Alcatel, mer- 20 4,2 En 1998, la chute du titre avait 3,9 milliards d’euros. Jeudi 31 octo- credi, a coïncidé avec la publication 500 4,0 été provoquée par l’annonce que bre au matin, l’action gagnait enco- des comptes du troisième trimes- 14h30 18h 0 9h 13h 17h50 « la performance opérationnelle en re 4,62 %, à 5,44 euros (mais perd tre. Non que les chiffres soient par- 1998 99 00 01 02 1998 n’atteindra pas le niveau atten- 71,5 % depuis le début de l’année). ticulièrement bons. Comme l’avait * Le cours en euros a été ajusté suivant les modifications du capital Source : Bloomberg du ». Cette annonce de M. Tchuruk Alcatel est à nouveau le cham- préannoncé Serge Tchuruk, PDG avait déclenché la colère des inves- pion de la volatilité de la Bourse d’Alcatel, le groupe continue à souf- Alcatel au rangdes obligations Bank, « Alcatel a publié des résultats gnait désormais 5,1 milliards d’eu- tisseurs, en dépit de la publication de Paris. Un titre qui lui avait déjà frir de la baisse du niveau de com- pourries (junk bonds) – ce qui com- décevants pour le troisième trimestre ros. Enfin il a souligné être en phase d’un bénéfice net de 15,2 milliards été décerné, à la baisse cette fois, mande de ses clients opérateurs. Le plique les opérations de refinance- mais a, contre toute attente, réussi à avec ses objectifs de réduction des de francs (2,32 milliards d’euros) au le 17 septembre 1998. L’action chiffre d’affaires trimestriel (3,5 mil- ment et renchérit le coût des cré- réduire son niveau de dette nette à coûts : une baisse de 10 % par rap- premier semestre 1998. Dans Le s’était effondrée de 38,40 %, provo- liards d’euros) est en chute de 37 % dits – et alors que le marché des 1 milliard d’euros contre 1,3 milliard port au deuxième trimestre et de Monde du 19 septembre 1998, quant un séisme boursier et mar- sur un an. De plus, le groupe affi- équipements de télécommunica- au deuxième trimestre. La préserva- 26 % par rapport à la même période M. Tchuruk expliquait : « Je crois quant l’entrée de la Bourse de che une perte nette de 1,35 milliard tions ne cesse de décroître, les tion de la structure financière éloigne de 2001. Fin septembre, le groupe que les investisseurs à long terme ne Paris dans l’ère de la volatilité. d’euros sur cette période. investisseurs s’interrogent sur la le spectre de la faillite mais nous esti- avait annoncé qu’il allait intensifier sont pas partis, ce sont plutôt les nou- Près de 71 milliards de francs Mais les investisseurs, qui s’atten- capacité des équipementiers à survi- mons que les risques de dégradation son plan de restructuration et que veaux qui ont dégagé. Mais c’est un (10,8 milliards d’euros) étaient daient à ces chiffres, se sont concen- vre à cette crise sans précédent. Ils du marché subsistent pour 2003 ». les effectifs du groupe allaient être phénomène que j’ai beaucoup de alors partis en fumée pendant la trés sur la situation financière de ont été rassurés par l’amélioration M. Tchuruk a précisé que l’évolu- ramenés à 60 000 salariés à la fin mal à appréhender. » séance. De tels mouvements l’entreprise. Et là, ils ont trouvé du niveau d’endettement affiché tion de la situation de la trésorerie 2003. Dans ce contexte M. Tchuruk étaient alors très inhabituels. Plus matière à se réjouir. Depuis que les par le groupe français. Selon Sté- de l’entreprise était positive et que a affirmé être « confiant dans la Laurence Girard maintenant. Les groupes les plus agences de notation ont dégradé phane Houri, analyste chez Fortis la réserve de cash disponible attei- capacité d’Alcatel à afficher un profit et Adrien de Tricornot Scor effectue un plongeon après Citigroup prend les devants et rend ses analystes financiers indépendants

l’annonce de mauvais résultats DANS un climat de suspicion croissante sur ties and Exchange Commission (SEC), l’équiva- autorité de supervision. Le texte envisage égale- les relations entre la recherche financière et les lent américain de la Commission des opérations ment d’instaurer une cotisation forfaitaire que POUR la troisième fois en deux Com ou à Marconi pour 38 millions activités de banque d’investissement des établis- de Bourse, et le procureur général de l’Etat de verserait chaque établissement, pour financer à mois, le réassureur français Scor a d’euros, sans oublier les déboires de sements américains, Citigroup, le premier grou- New York, Eliot Spitzer, élaborent un texte redé- la fois le fonctionnement du comité de supervi- provoqué la stupeur sur les marchés sa filiale bermudienne CRP, qui enre- pe bancaire mondial, a annoncé, mercredi finissant un cadre de travail pour s’assurer de sion et la recherche indépendante. en annonçant, mercredi 30 octobre, gistrera 100 millions d’euros de per- 30 octobre, une réorganisation de ses services. l’indépendance des analystes financiers. La prin- « Le nouveau comité pourrait en effet passer des une perte de 250 millions d’euros cet- tes. En conséquence, l’augmentation Décriée pour les relations étroites qu’auraient cipale innovation de ce projet de régulation contrats de recherche alternative avec des établis- te année. Son titre a alors plongé de de capital de 400 millions d’euros ne entretenues son analyste financier vedette Jack serait la création d’un comité de supervision de sements exclusivement de recherche pure, indi- 36,8 % pour terminer la journée en servira qu’à renflouer les pertes et Grubman et le groupe de télécommunications quent des experts à Wall Street. Troisième axe de recul de 28,84 %, à 7,5 euros. Le grou- non à assurer son développement en faillite WorldCom (Le Monde du 5 octobre), la réforme, des “murailles de Chine” encore plus pe va donc connaître sa deuxième comme prévu initialement. Le grou- la banque va externaliser son pôle de recherche M. Spitzer et la SEC avaient sévères que celles des projets de réforme antérieurs année consécutive déficitaire, après pe avait même envisagé d’acquérir sur les actions et de courtage pour la clientèle seraient érigées. Le principe fondamental en serait les 278 millions d’euros de 2001, dus l’allemand Gerling, avant de finale- privée, avec ses 12 500 conseillers financiers, au donné jusqu’àmercredi aux l’interdiction absolue de lier la rémunération des aux attentats du 11 septembre. ment se désister. sein d’une nouvelle entité, détenue à 100 %, qui analystes avec les résultats des départements de Dans le secteur sinistré de l’assu- opérera sous le nom de Smith Barney. grandes firmes de Wall Street banque d’investissement, mais apparemment pas  - rance, Scor est la valeur européenne Cette filiale sera dirigée par Sallie Krawcheck, avec les résultats globaux de la banque. Par Pour justifier cette contre-perfor- qui connaît la plus grave contre-per- 37 ans, ancienne PDG de la société de Bourse et pour accepter un plan de ailleurs, les services de recherche devraient être mance auprès de ses actionnaires et formance, avec un recul de 78,82 % d’analyse financière Sanford C. Bernstein, filiale séparés au sein de l’institution, mais pas obligatoi- des agences de notation, Scor avan- depuis le début de l’année. L’action du groupe Alliance Capital Management Hol- réforme de leurs pratiques rement “externalisés” dans une filiale. Ces services ce les dégâts provoqués par les inon- est l’une des plus volatiles. Le 4 sep- ding. Mme Krawcheck fait autorité dans les autonomes devront être de plus contrôlés par un dations en Allemagne, qui devraient tembre, elle chutait de 12 % après milieux financiers. Elle avait été qualifiée par le en recherche financière comité de vérification et d’éthique spécifique. » coûter 70 millions d’euros, et sur- des résultats semestriels moins bons magazine Fortune comme la dernière analyste Le Wall Street Journal indiquait dans son édi- tout par une dépréciation de 230 mil- que prévu. Le 30 septembre, le titre honnête de Wall Street et classée au premier tion du vendredi 25 octobre que M. Spitzer et la lions d’euros de son portefeuille de plongeait de 30 % à l’annonce d’une rangdes analystes des maisons de courtagede l’activité d’analyse pour les investisseurs indivi- SEC avaient donné jusqu’à mercredi aux gran- placements. Parmi les titres dé- augmentation de capital de 400 mil- 1997 à 1999 par Institutionnal Investors. « Cette duels. Ce comité de supervision serait chargé de des firmes de Wall Street pour accepter un plan préciés figurent pour 100 millions lions d’euros. La semaine dernière, structure, sous la direction de Sallie, va permettre vérifier la qualité et l’éthique des travaux de de réforme de leurs pratiques en recherche finan- d’euros ceux de l’assureur Swiss en l’espace de deux séances, la va- d’assurer que la recherche financière chez Citi- recherche des établissements financiers, avec un cière, après avoir rencontré les avocats des prin- Life, qui connaît aussi de graves diffi- leur regagnait 31 % pour mieux group est indépendante des activités de banque pouvoir de sanction que lui déléguerait la SEC. cipales banques d’affaires américaines, dont Citi- cultés. A cela s’ajoutent les mauvai- dégringoler. d’investissement et de placement de titres », a indi- La recherche à usage interne utilisée par les ges- group, pendant plusieurs heures. ses affaires de l’assureur dans les qué Sandy Weill, le PDG de Citigroup. tionnaires de portefeuille, appelée « recherche dérivés de crédit accordés à World- Dominique Gallois Cette annonce intervient alors que la Securi- buy-side », ne serait pas concernée par cette Cécile Prudhomme La déréglementation et l’endettement des sociétés ont fortement accentué le Yo-Yo boursier La bulle puis son éclatement ainsi que les attentats du 11 septembre ne sont pas seuls en cause dans la fébrilité des marchés

LA VOLATILITÉ des marchés de la volatilité, à l’image de leurs flète d’abord un changement tech- moins de 5 % de la capitalisation découvert n’ont pas le droit de pro- dirigeants des grandes entreprises, boursiers touche des sommets homologues européens – preuve nologique et de culture financière. boursière mondiale, mais en em- poser un prix de vente inférieur à la ajoutent à ce bruit de fond des mar- jamais atteints depuis quinze ans. que les experts n’ont pas encore de Le passage aux cotations électroni- pruntant des titres pour les vendre, dernière fourchette de cotation. chés. La moitié du CAC 40 qui a le L’agitation dépasse les niveaux certitudes. Le rapport de cette com- ques au milieu des années 1980 et ils peuvent utiliser des effets de plus développé les stock-options observés lors de la guerre du Golfe mission doit être rendu public dans le développement d’Internet ont levier et prendre une plus grande     est aussi la plus volatile.  les prochaines semaines. Il devrait donné un coup d’accélérateur aux importance. Certains pratiquent le De nouvelles techniques financiè- La stratégie d’endettement des mettre l’accent sur les effets per- échanges. L’importance prise par « suivi de tendance » (trend fol- res d’arbitrage et d’option ont aus- entreprises cotées, ces dernières vers des nouveaux instruments la performance à court terme dans lowing), qui consiste à vendre à cré- si contribué à amplifier le Yo-Yo années, débouche également sur La volatilité n’a cessé financiers (options, dérivés de cré- le monde de la gestion de fonds, dit des titres qui baissent et à ache- boursier. Ainsi, les banques utili- des effets accélérateurs de la volati- dit, rachat-annulation d’actions, toujours plus concurrentiel, a aus- ter ceux qui montent. Surtout, leur sent désormais des « assurances » lité. La dette des entreprises cotées de croître de manière obligations convertibles). si accru la fébrilité. Sous la pres- usage immodéré de la vente à contre le risque de défaut de leurs à la Bourse de Paris représente Depuis trois ans, la volatilité a sion des investisseurs, la publica- découvert a fait des émules. clients, les credit derivative swaps. 119,4 % de leurs fonds propres, structurelle depuis été attisée par la formation de la tion de comptes trimestriels est Les investisseurs institutionnels Pour fabriquer ces couvertures, contre 90,6 % en 1998, selon bulle spéculative sur les valeurs devenue la norme de la transparen- utilisent aussi ce moyen de spécula- d’autres banques prennent des UBS Warburg. plus d’une décennie technologiques et par son éclate- ce des entreprises, encourageant tion pour leur compte propre, met- positions ayant un profil inverse. Parallèlement, nombre de socié- ment. Les périodes de krach sont la navigation à vue des opérateurs. tant en jeu des montants biens Ces arbitrages, qui augmentent la tés ont utilisé leur trésorerie pour toujours des temps de forte agita- supérieurs aux hedge funds. « Il suf- volatilité, doivent permettre de racheter leurs propres actions et et n’avait pas connu pareil emballe- tion des cours. De même, la pani-    fit d’une annonce positive de Citi- compenser ce que la banque peut les annuler. Cette diminution de ment depuis le krach d’octo- que et la fébrilité ont été alimen- Une autre raison de la hausse de group [qui avait fait monter l’indice perdre sur la dette. Le développe- leurs fonds propres leur permettait bre 1987. Ce phénomène tétanise tées par les attentats du 11 septem- la volatilité réside dans l’utilisation Dow Jones de 4,80 % mardi ment des produits de placement à d’en afficher un meilleur rende- les investisseurs à longterme, qui bre 2001, par les affaires Enron, croissante d’une technique vieille 17 octobre] pour que les hedge capital garanti – fabriqués à base ment. Maintenant que les bilans ont peur de faire les frais de brus- WorldCom ou Andersen, par le comme la Bourse : la vente à dé- funds se retournent et qu’ils dé- d’options permettant de couvrir les des sociétés sont déséquilibrés, tou- ques retournements, laissant les conflit israélo-palestinien ou par couvert, qui permet de spéculer à bouclent leurs positions à découvert. risques de hausse et de baisse des te baisse de leurs résultats déclen- opérateurs les plus spéculatifs la menace de guerre en Irak. la baisse en vendant des titres à cré- Leur mouvement accroît la hausse, titres – a aussi conduit à l’explosion che des mouvements de panique. seuls maîtres du jeu. La volatilité n’a cessé en outre dit pour les racheter plus bas. Cet- mais prépare aussi un contrecoup et des transactions sur les produits De même, beaucoup de sociétés D’où provient cette nervosité de croître structurellement depuis te pratique est souvent associée une baisse plus forte lorsqu’ils dérivés, perturbant la fixation des ont émis des montants importants sans précédent ? Les analystes plus d’une décennie, accompa- aux hedge funds (fonds spécula- dénoueront leurs opérations acheteu- cours des actions auxquels ils sont d’obligations convertibles en ac- avouent leur perplexité. En juillet, gnant la mutation des marchés fi- tifs), qui ont doublé de taille en ses. C’est cela qui fait que la volatilité reliés. Les positions de couverture tions, sans penser augmenter leur les régulateurs du marché (Commis- nanciers. En septembre, il s’est cinq ans. Ces fonds étaient 7 000 à est aussi forte… », explique Richard des grandes banques, leurs achats endettement. Depuis que le cours sion des opérations de Bourse, échangé en moyenne 3,98 mil- la fin 2001 (4 400 aux Etats-Unis et Graham, responsable de la clientè- d’options et leurs arbitrages aug- de l’action a chuté, les porteurs ont Conseil des marchés financiers, liards d’euros par jour à la Bourse 2 600 dans les paradis fiscaux), le institutionnelle chez Baring mentent le caractère cyclique du intérêt à demander un rembourse- Commission bancaire, Commis- de Paris, contre 4,38 milliards de… gérant 600 milliards de dollars Asset Management. Certains marché. Et donc accroissent les ment en liquide et non en actions. sion de contrôle des assurances) francs en septembre 1995, et à (618,56 milliards d’euros) selon le experts notent que la volatilité est mouvements de hausse comme de Une source d’inquiétude accrue. ont d’ailleurs mis en place un grou- peine 2 milliards de francs en 1990. cabinet de conseil Van Hedge une fois et demie plus forte à Paris baisse. Enfin, les couvertures sur pe de travail informel sur les causes Cette explosion des volumes re- Funds Advisors. Ils représentent qu’à Wall Street, où les vendeurs à les stock-options, accordées aux A. de T. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/21 ENTREPRISES

Le PDG d’Air Lib présente un plan de sauvetage Davantage de gouvernement dont il n’assume pas la paternité d’entreprises en Europe Jean-Charles Corbet devait faire parvenir jeudi 31 octobre au ministre des transports UN GROUPE d’experts, présidé par l’avocat néerlandais Jaap Winter, devrait présenter lundi 4 octobre devant le conseil des ministres des un projet prévoyant la suppression de 500 emplois finances ses recommandations pour renforcer et harmoniser les règles de gouvernement des entreprises en Europe, affirme le Finan- VINGT-QUATRE HEURES après presse. « Ce n’est pas mon choix. proposition de M. Corbet, l’esti- cial Times. Il proposerait de publier les rémunérations individuelles avoir été sévèrement mis en garde Ou je me coupe la main, ou je dispa- PLUS DE 2 500 SALARIÉS mant complètement fantaisiste. Le des dirigeants – ce qui ne se fait pas aujourd’hui en Espagne et en Alle- par le gouvernement, Jean-Char- rais », a notamment expliqué l’an- Effectifs au 30 juin 2002, gouvernement, qui est créancier magne – et de les faire approuver par les actionnaires. Il prônerait la les Corbet, le PDG d’Air Lib, a répli- cien pilote, qui précise avoir tra- en unités de l’entreprise à hauteur de 90mil- généralisation des comités d’audit, lesquels ne devraient pas compter qué en modifiant substantielle- vaillé jusque-là sur d’autres hypo- Personnel lions d’euros (prêt du FDES, mora- de membres du management. En revanche, ils pourraient accueillir Personnel navigant ment, mercredi 30octobre, le plan thèses qui « limitaient la casse au sol toire fiscal et social, taxes aéropor- des représentants des salariés. Il est demandé de rendre transparentes de sauvetage de sa société. Le nou- sociale à Air Lib », née l’été 2001 de commercial tuaires), avait critiqué les insuffi- des cascades de holdings, fréquentes en France et en Italie, qui permet- veau projet de restructuration la fusion entre Air Liberté et AOM. sances de la précédente mouture, tent de contrôler des groupes avec une faible part du capital. Bruxel- d’Air Lib s’éloigne de la stratégie soulignant notamment que ce les demanderait aux Etats membres de mettre en œuvre les mesures offensive de développement de «    » 1 040 plan ne permettait absolument préconisées, avec la menace de légiférer au niveau européen s’ils ne lignes et d’offres de sièges à bas Sur les 500 suppressions de pos- 1 367 pas de revenir à la viabilité finan- s’exécutaient pas. prix qu’il défendait jusqu’à pré- tes envisagées, qui devraient se tra- cière et qu’il était contraire à la sent, pour se rapprocher d’un plan duire par 450à 500licenciements, législation européenne. plus classique d’économies. 350concernent le personnel en 386 Bruxelles attend, avant le Rexel supprime Le plan du PDG comporte désor- métropole et 150dans les Antilles. 9 novembre, le remboursement ou mais entre 450et 500licencie- Le nouveau plan ne prévoit plus la justification du prêt de 30,5 mil- un millier d’emplois ments, sur un total d’environ de nouvelles liaisons long-cour- Pilotes lions d’euros consenti par le Fonds 2 500 salariés. M. Corbet en a pré- riers avec l’Afrique (Côte-d’Ivoire, Source : Air Lib européen de développement éco- À PEINE entré en fonction, Jean-Charles Pauze, le nouveau patron du senté les grandes lignes à la presse Mali, Burkina-Faso) et envisage nomique et social (FDES). L’exécu- leader mondial de la distribution de matériel électrique Rexel (groupe mercredi et a envoyé un courrier une réduction « drastique » des à l’équilibre fin 2002-début 2003. tif communautaire refuse qu’une PPR), annonce une mauvaise nouvelle : le groupe, qui emploie envi- au ministre des transports, Gilles vols à destination des Antilles. Pas- Certaines lignes, notamment sur entreprise qui reçoit une aide ron 25 000 personnes, procédera à un millier de suppressions d’em- de Robien, pour le prévenir que le cal Perri, le conseiller du PDG, a Perpignan, sont déjà bénéficiaires, d’Etat en profite pour développer plois en 2003, soit autant que cette année (et 1 400 postes en 2001). nouveau plan de sauvetage lui par- promis de nouveau mercredi un a assuré Pascal Perri. son activité et s’en serve pour pro- Les deux tiers de ces réductions concerneront l’Europe. viendrait dans la journée de jeudi. retour à l’équilibre financier, tous « Nous ne voulons pas 500 licen- poser des prix d’appel. Autre Alors que PPR a vendu le 30octobre son pôle de crédit à la consomma- Fait pour le moins inquiétant, le secteurs confondus, pour le pre- ciements, c’est un scandale, on échéance cruciale pour Air Lib, le tion, Finaref, pour 3,6 milliards d’euros (Le Monde du 31 octobre) et PDG de l’entreprise refuse d’en mier semestre 2003, les pertes d’ex- revient d’un plan social [celui de Conseil supérieur de l’aviation amorce un recentrage sur la distribution grand public et le luxe, l’ave- endosser l’esprit et les grandes ploitation étant principalement juillet 2001 où plus de 1 400 sala- marchande (CSAM) doit examiner nir de Rexel au sein du groupe semble compté. lignes. « Nous avons décidé d’aller issues du long-courrier, avec un riés avaient été licenciés] », a indi- jeudi 31 octobre la trésorerie de  dans le sens des gens qui défendront « point noir, les Antilles ». Air Lib qué Gilles Nicoli, délégué central l’entreprise. De cet avis, qui sera notre projet à Bruxelles et de présen- Express, qui propose des vols à bas CFDT. Paul Fourier, délégué CGT, publié le 8 novembre, dépend le a Nintendo : le groupe japonais de jeux vidéo, condamné par ter un plan lourd en licencie- prix en France, est pour sa part n’a pas lui non plus caché sa co- renouvellement de la licence d’ex- Bruxelles mercredi à payer 149 millions d’euros d’amende pour avoir ments », a-t-il notamment expli- « un succès commercial » dont le lère, dénonçant « l’énorme ploitation de la compagnie. formé un cartel (Le Monde du 31 octobre), va faire appel de cette déci- qué lors de sa conférence de résultat d’exploitation devrait être mépris » dont font preuve le gou- Mercredi, M. Corbet a encore sion devant la justice européenne. vernement et la direction envers une fois évoqué l’arrivée prochai- a KOOKAI : la filiale textile du groupe André a été condamnée lun- les salariés. Le syndicat FO estime ne d’un nouvel investisseur, sans di par le tribunal correctionnel de Paris à 10 000 euros d’amende pour Vietnam Airlines achète cinq Airbus pour sa part que, « depuis la repri- vouloir en révéler le nom. « J’espè- travail clandestin, ayant laissé un sous-traitant parisien employer des La compagnie aérienne publique Vietnam Airlines a officiellement signé, se d’Air Lib, les représentants des re avoir de bonnes nouvelles à salariés « au noir ». Il est reproché à Kookaï de ne pas avoir rempli mercredi 30 octobre à Paris, lors d’une visite en France du président vietna- salariés ont joué le jeu, ils ont fait annoncer sous peu. Si cet investis- son obligation de vérifier les déclarations de cotisations à l’Urssaf de mien Tran Duc Luong, le contrat d’achat de cinq Airbus A-321. des sacrifices. Les produits à bas seur montait au capital d’Air Lib le ses sous-traitants. La fraude portait sur 30à 40% de la masse salariale. Noël Forgeard, le président d’Airbus, a indiqué que la livraison des cinq tarifs marchent en France, on gagne plus rapidement possible, la compa- avions s’échelonnera entre novembre 2003 et 2004. Selon lui, le coût de cet de l’argent là-dessus, et le gouverne- gnie serait affranchie du prêt »,  achat est d’environ 300 millions d’euros. « C’est la première fois que la com- ment nous coupe dans notre élan ». a-t-il expliqué. Une hypothèse pagnie Vietnam Airlines achète des Airbus », s’est félicité M. Forgeard. Dans le contexte de tension maintes fois énoncée mais jusqu’à Les A-321 sont des avions moyen-courriers qui disposent d’un rayon d’ac- entre la direction de l’entreprise et présent jamais vérifiée. De fait, Une lettre de la société Monsanto tion de 5 550 kilomètres et peuvent accueillir 185 passagers dans leur ver- le gouvernement, les négociations le gouvernement devrait accueillir sion à deux classes d’environ 200 places. Ils permettront des dessertes régio- s’annoncent pour le moins délica- avec le plus grand scepticisme A la suite de notre article intitulé pas uniquement par une contamina- nales jusqu’au Japon, a précisé M. Forgeard. tes. Gilles de Robien et Dominique les nouvelles propositions de « Percy Schmeiser, un rebelle tion occasionnelle ou limitée ». Airbus mène actuellement avec Vietnam Airlines des discussions, qui «ne Bussereau, son secrétaire d’Etat M. Corbet. contre les OGM » (Le Monde du Monsanto Canada a un program- sont pas encore venues à maturation », pour l’achat par la compagnie vietna- aux transports, avaient assez 17 octobre), nous avons reçu de la me de suivi spécifique pour répon- mienne d’avions long-courriers A340. séchement retoqué la précédente Christophe Jakubyszyn société Monsanto la mise au point dre aux appels d’agriculteurs en suivante : cas d’apparition inattendue de cul- L’affaire opposant Percy Schmei- tures génétiquement modifiées ser et Monsanto Canada Inc. a fait pour être tolérantes au Roundup. La cour d’appel relaxe l’objet d’une décision de justice de Depuis 1996, Monsanto Canada a première instance en 2001 et d’une répondu à moins de 30demandes. Pierre Habib-Deloncle, confirmation en appel en septem- M. Schmeiser ne faisait par partie bre 2002 qui donne raison à Mon- de ces cas. Monsanto n’a jamais santo. Votre article comporte des exigé de compensations financiè- ancien président de la SMC allégations erronées. Il suffit, pour res d’agriculteurs dans les rares cas en être convaincu, de se référer au d’apparition accidentelle de cultu- L’ANCIEN PRÉSIDENT de la néanmoins indiqué qu’il n’y avait rapport de la Cour fédérale du res tolérantes au Roundup. Au con- Société marseillaise de crédit pas eu d’enrichissement personnel Canada, disponible sur Internet. traire, Monsanto a fait arracher, à (SMC), Pierre Habib-Deloncle a été de la part de Habib-Deloncle. Le 4 septembre dernier, la Cour ses frais, les plantes indésirables. relaxé, mercredi 30octobre, par la Parmi les dossiers examinés figu- d’appel fédérale du Canada a Monsanto commercialise le col- cour d’appel d’Aix-en-Provence. raient notamment le prêt de confirmé à l’unanimité le juge- za Roundup Ready depuis 1996 au Poursuivi pour des faits d’abus de 100 000 euros alloué, en 1996, à ment émis en mars 2001 selon Canada. La licence d’utilisation pré- biens sociaux commis lorsqu’il diri- l’épouse d’une connaissance du pré- lequel M. Schmeiser a violé le bre- cise que l’agriculteur s’engage à ne geait la banque entre novem- sident. En fait, personne n’ignorait vet d’invention appartenant à la pas réutiliser les semences d’une bre 1995 et fin 1997, ce banquier, que le compte bénéficiaire, qui affi- société Monsanto en semant du année sur l’autre, pour ses propres nommé par le gouvernement Jup- chera, au total, un débit de colza génétiquement modifié sans cultures ou celles d’autres agricul- pé, avait été condamné, le 700 000 euros, était celui de son s’être acquitté des droits d’accès à teurs. Si ces conditions commercia- 12 novembre 2001, en première ins- époux, un apporteur d’affaires cette technologie. les ne lui conviennent pas, l’agricul- tance, par le tribunal correctionnel sous le coup d’une interdiction ban- M. Schmeiser a affirmé que ses teur dispose d’autres choix de de Marseille (Bouches-du-Rhône) caire. M. Habib-Deloncle a recon- champs avaient été « contaminés » variétés. A titre d’exemple, en à dix-huit mois de prison avec sur- nu le caractère amical des liens qui par des semences génétiquement 2001, sur quatre-vingt-neuf varié- sis et 30490 euros d’amende. La le liaient à cet homme, mais avait modifiées de colza Roundup Rea- tés de colza commercialisées dans cour a également prononcé la précisé avoir ignoré que celui-ci dy®. La Cour fédérale du Canada a le Manitoba (une des trois pro- relaxe de trois cadres dirigeants de était interdit bancaire. La cour a condamné M. Schmeiser aux vinces productrices de colza au l’établissement et de certains abordé le dossier d’un client rési- motifs qu’« aucune des sources (de Canada), quarante et une étaient clients, suspectés d’avoir bénéficié dent monégasque, ami politique du contamination) évoquées ne pouvait « conventionnelles », c’est-à-dire de ces abus de biens sociaux. père de M. Habib-Deloncle, qui logiquement expliquer la concentra- non génétiquement modifiées. Fils de l’ancien ministre Michel avait obtenu du président de la tion ou l’ampleur de colza Roundup La nécessité pour une société de Habib-Deloncle, l’ancien président SMC l’ouverture d’un compte à Avi- Ready ». En effet, les analyses réa- protéger ses découvertes et d’avoir de la SMC a occupé, à partir de gnon et quatre chèques à son pro- lisées par les deux parties ont mon- un retour sur investissement en 1971, des fonctions dans plusieurs fit, d’un montant estimé à plus de tré que plusieurs échantillons matière d’innovation agricole est établissements bancaires avant 300 000 euros. En garantie, l’intéres- contenaient jusqu’à 95 % à 98 % de une réalité. Afin de préserver ses d’être nommé, fin 1995, par le gou- sé avait promis l’arrivée d’une com- colza génétiquement modifié. L’af- intérêts et sa capacité d’investisse- vernement Juppé, à la tête de la mission de 700 000 euros sur une firmation du Monde selon laquelle ment mais également l’intérêt des SMC. Il a été aussi membre du con- vente de médicaments à l’Algérie, « les tests effectués par M. Schmei- agriculteurs qui choisissent cette seil national du RPR à partir de qui n’est jamais arrivée. Enfin, une ser ou par des experts consultés par technologie, Monsanto Canada 1984 et trésorier du Club des amis caution fiscale de près d’un million lui ne donnent pas les mêmes résul- Inc. a mis en place un programme de Jacques Chirac à partir de 1987. d’euros avait été accordée, dans tats que ceux conduits par Monsan- d’audit pour s’assurer du respect des conditions douteuses, par la to. Les juges ne retiennent que l’in- des conditions d’utilisation des se-   SMC à Pierre Aïm, responsable des formation de ceux-ci » nous paraît mences de colza Roundup Ready. M. Habib-Deloncle avait été pla- sociétés SAGA et SPAD, aujour- totalement infondée. Les auditeurs de Robinson Investi- cé à la tête de la banque grâce à d’hui incarcéré, à Rome, dans une Contrairement à votre affirma- gations Ltd réalisent des prélève- l’appui de M. Chirac, contre l’avis autre affaire d’abus de biens tion selon laquelle « les juges ne ments d’échantillons de colza le de Jean Arthuis, ministre des finan- sociaux. s’inquiètent pas du fait que Monsan- long des chemins qui bordent les ces de l’époque. Au terme d’une La cour a retenu les arguments to a illégalement pris des échan- parcelles ou dans les champs si les épreuve de force, à la fin de 1997, des avocats des dirigeants de la tillons de plantes sur le champ de agriculteurs les y autorisent. Mon- avec le ministre (PS) des finances, SMC, selon lesquels ces prêts et ces M. Schmeiser pour les analyser »,le santo interdit aux auditeurs d’en- Dominique Strauss-Kahn et la Com- facilités faisaient partie de l’activité juge de première instance, M. Mac- trer dans les champs des agricul- mission bancaire, qui critiqua vive- normale d’une banque et les pertes Kay a déclaré que « les tests effec- teurs sans permission et leur fait ment la politique d’octroi de crédit étaient liées aux risques classiques tués sur tous les échantillons préle- obligation de s’identifier claire- de la SMC sous l’ère Habib-Delon- pris par un établissement financier. vés constituent une preuve admissi- ment comme auditeurs. cle, il céda sa place à Patrick Careil. M. Habib-Deloncle reste mis en ble… Cette preuve n’a pas été obte- Monsanto Canada Inc. ne dis- Selon l’accusation, M. Habib- examen pour « blanchiment aggra- nue illégalement ». Le Monde écrit pose pas de ligne téléphonique Deloncle avait accordé, dans des vé, abus de biens sociaux et recel qu’« un agriculteur enfreint le bre- dédiée permettant aux agricul- conditions douteuses, des facilités commis en bande organisée » dans vet de toute compagnie produisant teurs de dénoncer des fermiers bancaires causant à son propre éta- une affaire conduite à Paris, par le des semences OGM dès lors que soupçonnés d’utilisation illicite de blissement un préjudice financier juge d’instruction Isabelle Prévost- son champ est contaminé par des colza Roundup Ready et n’a estimé par la justice à 5,03 millions Desprez. La justice reproche à l’an- plantes transgéniques ». Le cas de jamais épandu de Roundup sur des d’euros. Sous ses directives, la SMC cien président de la SMC d’avoir M. Schmeiser n’a aucun rapport champs de colza pour vérifier avait alloué des concours bancaires commis des irrégularités bancaires avec le droit légitime des agricul- qu’ils ne sont pas génétiquement à des clients ou entreprises peu sol- lors du traitement de chèques teurs de produire leurs semences. modifiés. Ces allégations souvent vables, amis du président ou recom- échangés entre Israël et la France. Comme l’a précisé le juge MacKay, énoncées par Percy Schmeiser mandés par des relations politiques « la contrefaçon dont M. Schmeiser n’ont jamais été évoquées durant proches du RPR. Le parquet avait Jacques Follorou s’est rendu coupable ne s’explique toute la procédure judiciaire. 22/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 COMMUNICATION

Kirch Media devrait rester Les interventions aux mains d’investisseurs allemands du président de Radio France inquiètent les journalistes Un consortium mené par le groupe de presse et éditeur de taille moyenne Bauer va racheter les activités audiovisuelles du groupe déchu pour deux milliards d’euros Le SNJ dénonce des « pressions »

FRANCFORT té du repreneur aura duré jusqu’au sortium comptait aussi les établisse- de diverses activités de production. LES JOURNALISTES travaillant du matin, en contrat à durée déter- de notre correspondant bout. Plusieurs consortiums étaient ments financiers Lehman Brothers Afin de passer dans la cour des dans les stations de radio publiques minée se serait vu reproché de ne Courtisé de toute part, Kirch en lice, les actifs de Kirch Media atti- et Commerzbank. Mais son éven- grands, l’éditeur n’est pas parti seul de Radio France s’inquiètent des pas avoir placé une actualité gou- Media devrait, en fin de compte, res- rant les poids lourds de la télévision tuelle victoire aurait suscité de for- à la conquête de Kirch Media : il interventions politiques récentes vernementale en tête de son ter sous contrôle allemand. L’ancien européenne. La chaîne de télévision tes turbulences politico-médiati- s’est adossé à l’HypoVereinsbank. de leur président, Jean-Marie Cava- « J T ». Il aurait, alors, été déplacé fleuron de l’empire Kirch est sur le française privée TF1 espérait ainsi ques : le chancelier social-démocra- Installée à Munich, le fief du défunt da, a révélé Libération dans son édi- vers une autre tâche. Enfin, un édi- point d’être repris par un consor- saisir cette occasion unique pour te Gerhard Schröder s’était ému au empire Kirch, la deuxième banque tion du 31 octobre. Selon le quoti- torialiste politique a, quant à lui, tium mené par le groupe de presse s’implanter en Allemagne, au côté printemps de voir les activités de privée allemande fut l’un des princi- dien, M. Cavada aurait plaidé pour été convoqué dans le bureau de Bauer, un éditeur installé à Ham- du producteur américain Haim Kirch passer dans le giron de M. Ber- paux établissements créanciers du une couverture radiophonique plus Jean-Marie Cavada pour se voir bourg. « La décision de principe a été Saban. D’anciens actionnaires mino- lusconi. magnat. Les studios américains appropriée de l’action gouverne- signifier le sujet de sa chronique prise », a dit l’un des patrons de ritaires de Kirch Media, appelés à la Le choix de Bauer devrait donc Columbia TriStar, détenus par le mentale à la suite d’ échanges entre du jour : elle aurait dû porter, au Kirch Media, Hans-Joachim Ziems, contribuer à calmer les esprits. « Ce japonais Sony, pourraient se join- Dominique Ambiel, le conseiller en moment du déplacement de M. mercredi 30 octobre à l’issue d’une consortium présente l’offre la plus dre au consortium. communication du premier minis- Raffarin dans le Gard, sur « les rencontre des créanciers de la socié- Offres multiples, attractive », explique-t-on au siège Offres multiples, enjeux politi- tre Jean-Pierre Raffarin, et M. Cava- dédommagements perçus par les té en redressement judiciaire. de Kirch Media. S’il demeure dans ques, intérêts divergents des créan- da. familles ». Le journaliste, qui a refu- L’opération, dont le montant est enjeux politiques l’ombre de géants tels que Gruner ciers ont fait traîner les pourparlers D’après nos informations, les sé d’obtempérer, avait choisi une évalué officieusement à deux mil- & Jahr (Bertelsmann) et Springer, en longueur. Il avait d’abord été journalistes de France Inter et Fran- thématique plus politique. liards d’euros, devrait être bouclée et intérêts divergents Bauer n’en est pas moins un acteur envisagé de vendre Kirch Media en ce Info, principalement visés, fusti- dans quatre à six semaines, à l’issue de poids dans le secteur de l’édition bloc. Mais les créanciers ont préféré gent, davantage qu’une reprise en   de négociations exclusives. Après un des créanciers allemande. Le groupe réalise un chif- céder l’ancien joyau par apparte- mains dictée par Matignon, un Se référant aux pressions direc- dépôt de bilan retentissant, début fre d’affaires de quelque 1,7 milliard ments. Les droits sportifs, l’un des excès de zèle du président de Radio tes qui avaient été, en leur avril, Kirch Media avait attiré bien ont fait traîner d’euros. Cette société centenaire, actifs les plus rentables du groupe, France. « Nous conservons une gran- temps, exercées par Valéry Gis- des convoitises : l’entreprise dispose toujours aux mains des héritiers du ont été cédés voilà quelques jours de liberté de ton dans le traitement card d’Estaingou juste après l’arri- d’un impressionnant catalogue de les pourparlers fondateur, contrôle plus d’une cen- au tandem constitué par l’ancien de l’actualité politique mais le souci vée des socialistes au pouvoir en droits audiovisuels, et détient une taine de magazines et elle est le patron d’Adidas Robert Louis- de détail exercé par Cavada, parfois 1981, de nombreux journalistes participation de 52 % au sein du numéro un de la presse télévisuelle. Dreyfus et le footballeur reconverti de façon surprenante, nous inquiè- s’indignent du rôle inédit joué par pôle télévisuel ProSiebenSat.1, au rescousse au fil des ans par le La reprise de Kirch Media consti- en affaires Günther Netzer. te », explique un journaliste politi- le président de Radio France qui, coude-à-coude en Allemagne avec magnat déchu Leo Kirch, étaient tue un tournant majeur pour l’entre- Le choix de Bauer et de ses alliés que de la Maison Ronde. selon eux, n’aurait jamais caché le groupe RTL (Bertelsmann). également sur les rangs : parmi eux, prise de Hambourg, dans un secteur devrait constituer une nouvelle et Deux tracts, l’un émanant de la ses ambitions politiques. «Au A moins d’un nouveau rebondis- le prince saoudien Al-Walid, et où elle a amorcé depuis longtemps ultime étape dans le démantèle- Société des journalistes (SDJ), moment du remaniement, il nous a sement, les incertitudes sur le sort Mediaset, la holdingaudiovisuelle sa diversification : elle dispose pour ment du défunt empire. l’autre du Syndicat national des poursuivis pour être ministre de la de Kirch Media sont donc en partie contrôlée par le président du con- l’instant d’une participation dans la journalistes (SNJ) ont offciellement Communication », a affirmé à Libé- levées, mais le suspense sur l’identi- seil italien Silvio Berlusconi. Ce con- chaîne RTL 2 (de l’ordre de 30 %) et Philippe Ricard dénoncé les « pressions » , selon le ration un « proche de Raffarin ». SNJ, la tentation de « la censure » «Jamais, un président n’a servi de selon la SDJ. Dans un tract daté du relais aux pressions, s’indigne un 30 septembre, la SDJ qui regroupe journaliste. Quand elles ont eu lieu, les journalistes des rédactions natio- celles-ci se sont toujours faites en nales de France Inter, France Info contradiction avec la rédaction ». et France Culture notamment, expli- « Nous ne sommes pas entrés en que que « le président est intervenu résistance, précise de son côté un personnellement àplusieurs reprises journaliste de France Inter, nous pour peser sur les différentes anten- sommes simplement prudents » . nes du groupe ». Quelques jours « Je n’ai jamais eu aucune directive plus tard, le SNJ dénonce à son et je n’en accepterai jamais », expli- tour dans son « Flash » d’octobre que Patrick Roger, rédacteur en les « pressions » exercées par M. chef des journaux du matin. Cavada sur les journalistes. M. Les initiatives des syndicats Cavada, actuellement en congés, visent à rappeler à l’ordre un prési- n’a pas pu être joint. dent qui « se prend parfois pour un Deux exemples ont été jugés super-rédacteur en chef » en en significatifs par les rédactions. Le oubliant que « sa fonction lui inter- 21 septembre, lors de la commé- dit les interventions intempestives moration de la catastrophe de l’usi- dans les conférences de rédaction », ne AZF à , le maire de la explique un journaliste. « La rédac- ville Philippe Douste-Blazy (UMP) tion de France Inter est transparen- fait un discours, pendant lequel il te, il n’y a jamais eu et n’y aura est sifflé par une partie du public. jamais de relais pour quelque pres- Sur l’antenne de France Info, la sion politique que ce soit, c’est notre journaliste ouvre ses flashs par des force », affirme Patrice Bertin, le sifflets. Après un « coup de fil àla directeur général adjoint de Fran- rédaction » de France Info, la pré- ce Inter, en charge de l’informa- sentatrice, selon le SNJ, est som- tion. mée de moins insister sur les sif- flets. Autre intervention dénon- Florence Amalou cée : un présentateur du journal et José Barroso « Le Monde » devient le premier quotidien national

LA DIFFUSION de la presse française, dans son ensemble, est en légè- re baisse, de 0,3 %, a indiqué, mercredi 30 octobre, le directeur géné- ral de Diffusion contrôle, Patrick Bartement, en présentant les résul- tats intermédiaires pour la période 2001-2002. Les douze quotidiens nationaux reculent globalement de 1 %, mais la diffusion de cinq d’en- tre eux augmente : en progressant de 5,5 % (à 368 513 exemplaires en diffusion France payée), Le Monde s’installe en tête des quotidiens nationaux, devant Le Figaro (354 814 exemplaires, en hausse de 1,3 %) et le quotidien sportif L’Equipe (343 796 exemplaires, en baisse de 8,5 %). Aujourd’hui en France progresse de 8,9 % (147 656 exemplai- res), La Croix de 6 % (89 147 exemplaires) et Libération de 1,7 % (164 092 exemplaires). Les titres déjà fragilisés baissent encore : L’Hu- manité recule de 3,5 % et France Soir de 21 %. Les deux quotidiens éco- nomiques baissent : Les Echos de 4,3 % et La Tribune de 4,9 %. Parmi les principaux quotidiens régionaux, qui reculent en moyenne de 1,2 %, le leader Ouest-France reste quasiment stable (- 0,5 %), Le Parisien augmente (+1,7 %), mais Sud-Ouest (-2,4 %), La Voix du Nord (-1,4 %) et Le Progrès (-2,3 %) sont en baisse. En revanche, les « news », qui augmentent leur diffusion de 4 %, se portent bien. Ils ont tiré bénéfice de l’actualité chargée du premier semestre 2002 (les élections et le choc du score de Le Pen), notamment Le Point (+ 4,3 %), L’Express (+ 0,2%), Le Nouvel Observateur (+ 3,1%). Courrier internatio- nal poursuit sa forte progression (+ 23,6%). Parmi les magazines d’ac- tualité générale, qui se maintiennent avec une hausse de 0,6 %, Paris Match reste stable (+ 0,4 %), mais Selection du Reader’s Digest, leader de cette catégorie (659 000 exemplaires), recule de 5,3 %. Le Journal du Dimanche augmente de 9,9 %.  a TÉLÉVISION : l’association Aide aux parents d’enfants victimes (APEV) s’est déclarée « choquée », dans une lettre au président de France Télévisions, de la programmation mercredi soir sur France 3 d’une interview de Patrick Henry, arrêté pour trafic de drogue alors qu’il était en liberté conditionnelle après le meurtre d’un enfant. a Deux animateurs vedettes de la télévision anglaise ont été limo- gés après des informations parues dans la presse ces dernières semai- nes. John Leslie (ITV1) fait l’objet de quatre plaintes pour agressions sexuelles, tandis qu’Angus Deayton (BBC1) est suspecté de fréquen- ter des prostituées et de consommer de la cocaïne. a RADIO : NRJ Group a annoncé mercredi 30 octobre avoir enregis- tré un chiffre d’affaires en hausse de 5,5 % à 296,45 millions d’euros sur l’exercice 2001-2002. Cette progression s’appuie sur l’améliora- tion des activités nationales (en hausse de 10,4 %) et du chiffre d’affai- res des régies locales (+ 5 %). LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/23 LA TENDANCE FINANCIÈRE

Embellie sur les places Le « come back » des géants de la consommation boursières CHRONIQUE DES MARCHÉS LA BOURSE américaine a profi- ché une hausse de 40,5 %, le mar- té, mercredi, d’achats de fin de ché saluant une amélioration des mois et de fin d’année fiscale, ainsi perspectives du groupe, notam- TANDIS QUE les marchés financiers, ner- L'ACTION UNILEVER SUR TROIS MOIS liard de dollars.A l’annonce de ces performan- que de déclarations encouragean- ment pour 2003. veux, s’inquiètent du moral en berne des con- ces, mardi 29 octobre, le titre a augmenté de tes du PDG d’IBM, Sam Palmisa- Le montant des échanges sur les sommateurs américains, principal soutien de En euros à Londres 3,8 % en une séance, à 89 dollars. no, pour qui le secteur informati- valeurs bénéficiant du Service à l’économie outre-Atlantique, trois géants des 700 Le 31 octobre 636 Après des restructurations à répétition, plus que enregistrera une « modeste règlement différé (SRD) est estimé produits de grande consommation, Unilever, 650 de 17 000 suppressions d’emplois programmées croissance » l’an prochain.L’indice à 3,23 milliards d’euros.Les volu- Procter & Gamble et Colgate, viennent de leur en trois ans, des fermetures d’usines et une sim- 600 Dow Jones a progressé de 0,70 % à mes d’échanges sur Alcatel ont été redonner le moral, en annonçant des taux de plification du portefeuille de marques, le fabri- 8 427,41 points et le Nasdaq de extrêmement élevés, à 407,2 mil- croissance plutôt inattendus. 550 cant américain semble voir la fin du tunnel.L’en- 2,01 % à 1 326,73 points. lions d’euros, soit 7,1 % du capital 500 treprise, dont la gamme va du détergent aux    400  Quelques heures auparavant, les échangé au cours de la séance. 450 produits capillaires en passant par les couches- places européennes avaient été Le contrepoint est venu de C’est ce qu’on appelle un retour en grâce.Le Août Septembre Octobre culottes ou le papier-toilette, s’est désormais 2002 plus enthousiastes, le DAX à Franc- Tokyo, jeudi 31 octobre, avec un mastodonte anglo-néerlandais, présent tout Source : Bloomberg concentrée sur des produits à forte notoriété fort clôturait en hausse de 3,03 %, recul de 1,3 %, les opérateurs étant autant dans l’agroalimentaire que dans les pro- pour de grands marchés. le CAC 40 à Paris progressait de déçus du plan gouvernemental duits d’entretien et d’hygiène, semble sorti de la Pour son deuxième trimestre, Procter & Gam- 4,02 % et le DJ Euro Stoxx 50 de d’action sur les créances douteu- crise.Le groupe Unilever, qui emploie près de ble anticipe une progression de son bénéfice et 3,67 %.La progression était plus ses dévoilé la veille en même 280 000 salariés, a annoncé, mercredi 30 octo- ramené le nombre de ses marques de 1 600 à de ses ventes de 5 % à 9 %.Comme on ne prête modérée à Londres avec un gain temps que des mesures contre la bre, un bénéfice trimestriel en très forte augmen- moins de 900. qu’aux riches, le groupe est au centre de de 1,70 % pour le Footsie. déflation.L’indice de référence tation (+ 68 %), à 803 millions d’euros.Tant et si Les glaces Magnum, le shampoing Sunsilk, les rumeurs insistantes : selon la presse allemande, La place française a fortement Nikkei-225 a abandonné bien qu’il a révisé à la hausse ses prévisions de produits d’entretien Cif et Domestos, le déodo- il négocierait avec les deux grands actionnaires rebondi après une chute de 4,99 % 116,11 points pour terminer à résultats pour l’ensemble de l’exercice, et ce rant Axe, les surgelés Findus, la lessive Omo ou de Beiersdorf, Allianz et Tchibo, en vue d’acqué- la veille, tirée par Alcatel qui a affi- 8 640,48 points. pour la deuxième fois cette année.Dans un encore le thé Lipton sont quelques-unes des rir la majorité du groupe cosmétique allemand. La première maison de courtage contexte morose, les marchés financiers ont 400 marques leaders choisies par le groupe pour japonaise Nomura a annoncé un bien accueilli la nouvelle, le titre gagnant 6,4 % simplifier son portefeuille de produits mon-   ’ INDICE EURO STOXX 50 bénéfice net de 131,1 milliards de mercredi pour atteindre 615 livres sterling. diaux.Une politique marketing qui semble por- Le groupe américain de produits d’hygiène, En points yens (1,083 milliard d’euros) au Le géant anglo-néerlandais revient de loin.En ter ses fruits.La direction a précisé que les bons qui emploie 38 000 salariés dans plus de 200 premier semestre de son exercice, février 2000, l’action était au plus bas, à résultats du troisième trimestre 2002 sont pays, a enregistré, sur le troisième semestre, une 2 600 Le 30 octobre 2 468,80 en dépit d’un net recul de la Bour- 335 livres.Dotée d’une organisation industrielle notamment dus à une augmentation plus forte hausse de 12 % de son bénéfice net à 330,7 mil- se.Sur les six premiers mois de compliquée et empêtrée alors dans 1 600 mar- qu’attendu (+ 5,4 %) des ventes de ces produits lions de dollars, grâce, notamment, à sa politi- 2 500 l’exercice précédent, le groupe ques coûteuses à gérer, l’entreprise avait frappé leaders.Les 400 marques phares du groupe que d’innovation.Son chiffre d’affaires a crû de avait accusé une perte de 77,9 mil- un grand coup en annonçant une restructura- devraient représenter 90 % du chiffre d’affaires 3,3 % à 2,38 milliards de dollars. 2 400 liards de yens.Le chiffre d’affaires tion d’ampleur : 25 000 suppressions d’emplois d’Unilever en 2002. Colgate, qui dit n’avoir jamais autant vendu a, en revanche, chuté de 44,4 % sur et une rationalisation du portefeuille de mar- sur le marché nord-américain, doit en particu- 2 300 un an à 430, 253 milliards de yens, ques qui seraient ramenées de 1 600 à 400.    lier son succès au lancement de deux nouveaux le groupe ayant commencé à appli- L’objectif de ce plan, qui a été révisé après le Procter & Gamble confirme lui aussi être en dentifrices qui ont fortement contribué, selon le 2 200 quer les normes comptables améri- rachat de Bestfoods en juin 2000, est d’attein- bonne voie de guérison.Le leader américain des groupe, à l’augmentation de 7 % du volume des caines, ce qui réduit le total conso- dre d’ici 2004 une croissance des ventes de 5 % produits de grande consommation, qui emploie ventes en Europe.Cela faisait cinq ans que l’en- 2 100 lidé. à 6 % et des marges de plus de 16 %.Dans le plus de 100 000 personnes, a enregistré au pre- treprise n’avait pas connu une telle croissance. 0107 14 21 Sept. Octobre 2002 cadre de cette réorganisation, Unilever a déjà mier trimestre de l’exercice 2002-2003 un bond Source : Bloomberg Dominique Gallois fermé plusieurs usines, vendu des divisions et de 33 % de son bénéfice trimestriel à 1,46 mil- Laure Belot

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 31/10, 9h51 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER ROYAUME UNI FTSE 100 index 4000,60 31/10 -0,05 5362,29 4/1 3609,89 24/9 14,50 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 686,08 31/10 -0,23 1569,61 4/1 590,02 10/10 AUSTRALIE All ordinaries 2995,00 31/10 1,18 3443,89 14/2 2842,60 10/10 15,80 SUÈDE OMX 502,49 31/10 0,17 878,88 4/1 413,98 10/10 20,70 UNION EUROPÉENNE CHINE Shangaï B 129,66 30/10 -0,29 172,33 31/12 121,08 23/1 18,70 ALLEMAGNE DAX Index 3119,28 31/10 0,18 5467,31 19/3 2519,30 9/10 16,90 EUROPE Shenzen B 199,74 30/10 -0,66 267,75 31/12 182,42 23/1 12,80 Euro Neu Markt Price IX 464,48 31/10 -0,43 1212,43 4/1 349,01 8/10 HONGRIE Bux 7335,86 30/10 3,07 9019,42 7/5 6546,35 26/7 9,90 CORÉE DU SUD Composite 658,03 30/10 -2,25 943,53 22/4 576,48 11/10 AUTRICHE Austria traded 1072,18 31/10 0,92 1368,18 2/5 991,22 10/10 12,90 ISLANDE ICEX 15 1293,84 30/10 0,08 1413,85 21/3 1141,82 28/12 HONG KONG Hang Seng 9441,25 31/10 -1,25 12020,45 17/5 8779,33 10/10 13,40 BELGIQUE Bel20 1953,35 31/10 1,23 2906,75 24/4 1752,31 9/10 10,90 POLOGNE WSE Wig 20 1174,73 30/10 -0,61 1486,22 28/1 1026,65 26/7 21,00 All ordinaries 4117,70 31/10 -1,11 5277,35 17/5 3857,01 10/10 DANEMARK Horsens Bnex 200,92 31/10 -0,05 280,92 26/3 180,39 11/10 12,70 TCHÉQUIE Exchange PX 50 420,50 31/10 -0,73 479,39 10/5 384,60 2/1 11,80 INDE Bombay SE 30 349,57 30/10 0,40 415,77 5/4 333,54 31/12 ESPAGNE Ibex 35 6065,20 31/10 0,45 8608,50 4/1 5266,89 10/10 16,20 RUSSIE RTS 352,71 30/10 1,00 425,42 20/5 256,75 28/12 ISRAËL TelAviv 100 328,00 30/10 1,71 468,92 7/1 322,48 29/10 FINLANDE Hex General 6028,38 31/10 1,24 9224,38 4/1 4711,08 24/7 16,40 SUISSE Swiss market 4880,90 31/10 -0,10 6740,60 17/5 4333,10 10/10 21,50 JAPON Nikkei 225 8640,48 31/10 -1,33 12081,42 27/5 8197,21 10/10 21,80 FRANCE CAC 40 3095,22 31/10 0,36 4720,04 4/1 2612,03 10/10 17,00 TURQUIE National100 10289,90 31/10 1,49 15071,83 8/1 8514,03 3/7 19,10 Topix index 862,24 31/10 -0,92 1144,02 27/5 814,70 10/10 27,00 Mid CAC 1420,33 30/10 1,73 2176,89 2/4 1233,19 10/10 18,00 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 658,66 31/10 0,14 816,94 23/4 621,09 15/10 14,30 SBF 120 2174,47 31/10 0,31 3263,90 28/3 1847,00 10/10 17,10 ARGENTINE Merval 430,83 30/10 1,03 471,33 6/2 267,73 14/6 22,10 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 736,91 31/10 0,32 SBF 250 2069,58 30/10 3,39 3081,89 28/3 1767,51 10/10 17,00 BRÉSIL Bovespa 10068,64 30/10 4,87 14495,28 18/3 8224,61 16/10 9,10 SINGAPOUR Straits Time 1446,79 31/10 -0,83 1848,98 5/3 1326,35 25/9 Indice second marché 1813,68 30/10 1,01 2567,01 15/5 1646,41 10/10 12,60 CANADA TSE 300 6330,36 30/10 0,56 7992,70 7/3 5678,27 10/10 18,20 TAÏWAN Weighted 4498,73 30/10 -1,22 6484,93 22/4 3845,76 11/10 23,10 Indice nouveau marché 505,71 31/10 0,16 1175,41 7/1 433,89 10/10 CHILI Ipsa 80,16 30/10 1,66 109,73 28/12 74,86 16/10 14,50 THAILANDE Thaï SE 355,33 31/10 0,09 430,67 14/6 301,17 28/12 GRÈCE ASE General 1782,40 31/10 0,00 2655,07 3/1 1704,70 9/10 13,50 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8427,41 30/10 0,70 10673,09 19/3 7197,49 10/10 18,80 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 4088,93 31/10 0,22 6085,02 18/1 3616,98 10/10 10,30 Nasdaq composite 1326,73 30/10 2,01 2098,87 9/1 1108,48 10/10 39,30 AFRIQUE DU SUD All share 9386,80 31/10 0,60 9991,25 11/9 9082,12 10/10 9,40 ITALIE Milan Mib 30 23551,00 31/10 -0,21 33548,00 17/4 20542,00 10/10 18,60 Nasdaq 100 986,09 30/10 2,63 1710,22 9/1 795,25 8/10 39,50 COTE D'IVOIRE BRVM 66,58 29/10 0,00 77,45 31/12 66,51 16/9 LUXEMBOURG Lux Index 700,21 30/10 -0,91 1169,47 14/1 642,21 11/10 11,80 Wilshire 5000 8391,58 31/10 1,01 10983,40 19/3 7273,39 10/10 PAYS BAS Amster. Exc. Index 334,58 31/10 -0,15 531,45 18/4 282,79 24/9 13,80 Standards & Poors 500 890,71 30/10 0,97 1176,96 7/1 768,63 10/10 18,20 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. PORTUGAL PSI 20 5377,04 31/10 0,48 7998,50 4/1 4937,16 30/9 14,90 MEXIQUE IPC 5963,83 30/10 1,19 7611,12 11/4 5500,75 5/8 12,10 n/d : valeur non disponible.

EUROPE Jeudi 31 octobre 9h51 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES DANONE ...... FR...... 130,10...... 0,54 30/10 : 117 millions d'euros échangés 31/10 : 750 millions d'euros échangés Séance du 30/10 PROCTER AND GAMBLE ...... 88,94 ...... -0,08 SECTEURS EURO STOXX DEUTSCHE BANK AG...... AL...... 42,73 .....-1,57 Valeur Cours de clôture (¤) % var. Valeur Cours de clôture (¥) % var. NYSE SBC COMMUNICATIONS...... 25,96...... 2,81 Indice % var. DEUTSCHE TELEKOM...... AL...... 11,47 .....-1,46 TEXAS INSTRUMENTS...... 15,80...... 4,98 Meilleures performances Meilleures performances 1410 millions de titres échangés EURO STOXX 50 ...... 2477,19...... 0,34 E.ON ...... AL...... 45,78 .....-0,69 COMROAD ...... 0,13 ...... 62,50 ALCATEL A ...... 650,00 ...... 30,00 Valeur Cours de clôture ($) % var. UNITED TECHNOLOGIE ...... 62,66...... 2,30 AUTOMOBILE ...... 169,63...... 1,51 ENDESA...... ES...... 10,45...... 0,00 VERIZON COMM ...... 38,24...... 4,48 BUCH DE INTERNET ...... 1,30 ...... 60,49 TOKYO COSMOS EL ...... 75,00 ...... 15,38 3 M...... 127,33...... 1,26 BANQUES...... 192,44 .....-0,24 ENEL ...... IT ...... 4,91 .....-0,61 WAL-MART STORES ...... 53,80 ...... -4,73 REFUGIUM HOLDING A...... 0,03 ...... 50,00 OHMORI...... 30,00 ...... 15,38 AM INTL GRP...... 63,84 ...... -0,92 PRODUIT DE BASE ...... 146,94...... 0,75 ENI SPA ...... IT...... 13,81...... 0,07 WALT DISNEY COMPAN...... 16,83...... 0,48 NSE SOFTWARE AG...... 0,19 ...... 26,67 MITSUI MIN & SMELT...... 230,00 ...... 14,43 ALCOA ...... 22,80...... 1,92 CHIMIE...... 251,17 .....-0,57 FORTIS...... BE...... 17,95 .....-0,11 MB SOFTWARE ...... 0,05 ...... 25,00 SKYMARK AIRLINES...... 88000,00 ...... 12,82 AOL TIME WARNER...... 14,38 ...... -0,35 NASDAQ TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 313,50...... 0,13 FRANCE TELECOM...... FR...... 11,45...... 2,23 COMPUTERLINKS...... 4,16 ...... 22,71 AUTOMOBILE FOUNDRY...... 48,00 ...... 11,63 AMERICAN EXPRESS ...... 36,13...... 3,44 1678 millions de titres échangés CONSTRUCTION...... 162,14...... 1,50 GENERALI ASS...... IT...... 17,74...... 0,74 GFT TECHNOLOGIES...... 2,28 ...... 21,28 JOINT ...... 1128,00 ...... 10,91 AT & T...... 13,20...... 1,77 Valeur Cours de clôture ($) % var. CONSOMMATION CYCLIQUE...... 86,69...... 0,23 ING GROEP CVA...... NL...... 16,80 .....-1,06 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BANK OF AMERICA ...... 70,45...... 1,45 ALTERA CORP...... 12,13...... 6,12 PHARMACIE...... 346,96...... 0,04 KONINKLIJKE AHOLD ...... NL...... 12,11 .....-2,34 H5B5 MEDIA ...... 0,05...... -68,75 NISSEKI HOUSE INDU ...... 1,00...... -85,71 BOEING CO...... 30,20...... 1,68 AMAZON.COM...... 19,08...... 2,75 ÉNERGIE ...... 267,04...... 0,59 L'OREAL...... FR...... 74,70 .....-0,40 KINOWELT MEDIEN...... 0,10...... -60,00 COLUMBIA MUSIC ENT...... 104,00...... -22,39 BRISTOL MYERS SQUI...... 24,50...... 4,26 AMGEN INC...... 48,04 ...... -1,31 SERVICES FINANCIERS...... 166,21 .....-0,08 LVMH ...... FR...... 44,59...... 0,65 WORLDCOM...... 0,10...... -41,18 SAIKAYA ...... 380,00...... -11,63 CATERPILLAR ...... 40,97...... 1,26 APPLIED MATERIALS ...... 15,32...... 6,76 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 213,67...... 0,00 MUENCHENER RUECKV ...AL...... 129,07...... 0,21 INFOMATEC...... 0,02...... -33,33 MUTOW...... 280,00...... -11,39 CITIGROUP...... 37,08...... 1,59 BED BATH & BEYOND ...... 35,43 ...... -0,28 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 236,69...... 0,01 NOKIA OYJ...... FI...... 17,01...... 1,73 KINOWELT MEDIEN...... 0,18...... -28,00 BOURBON CORP ...... 508,00...... -10,56 COCA-COLA ...... 46,85...... 1,01 CISCO SYSTEMS...... 10,91...... 3,02 ASSURANCES...... 172,13...... 0,42 PINAULT PRINTEMPS...... FR...... 78,70 .....-0,76 AMATECH ...... 0,12...... -25,00 ADVAX ...... 85,00...... -10,53 COLGATE PALMOLIVE...... 55,95...... 0,47 COMCAST A SPECIAL ...... 23,41 ...... -0,76 MÉDIAS ...... 153,39...... 0,58 REPSOL YPF ...... ES...... 11,01...... 0,82 ROESCH MEDIZIN...... 1,99...... -20,08 SHUEI YOBIKO...... 1193,00...... -10,37 DOW CHEMICAL...... 26,00...... 0,46 CONCORD EFS ...... 13,70 ...... -1,79 BIENS DE CONSOMMATION...... 263,42 .....-0,91 ROY.PHILIPS ELECTR ...... NL...... 17,86...... 0,11 DUPONT DE NEMOURS...... 41,44...... 0,58 DELL COMPUTER ...... 29,06...... 1,40 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....233,61...... 0,40 ROYAL DUTCH PETROL ....NL...... 42,54...... 0,81 EASTMAN KODAK...... 33,39 ...... -2,34 EBAY...... 62,51...... 2,17 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 275,32...... 1,69 RWE...... AL...... 31,64 .....-0,19 EXXON MOBIL ...... 34,08...... 2,56 FLEXTRONICS INTL ...... 8,47...... 7,24 SERVICES COLLECTIFS ...... 209,29 .....-0,30 SAINT GOBAIN...... FR...... 22,45...... 4,47 LONDRES PARIS FORD MOTOR...... 8,42...... 0,84 GEMSTAR TV GUIDE ...... 3,61 ...... 10,40 SANOFI-SYNTHELABO ...... FR...... 60,80...... 0,33 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 30/10 : 1920 millions d'euros échangés 30/10 : 244 millions d'euros échangés GENERAL ELECTRIC ...... 25,15 ...... -2,71 GENZYME ...... 27,82...... 1,16 SANPAOLO IMI ...... IT ...... 6,14 .....-0,81 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture (£) % var. Valeur Cours de clôture (¤) % var. GENERAL MOTORS...... 32,55 ...... -3,50 INTEL CORP ...... 16,99...... 3,60 SIEMENS ...... AL...... 45,81...... 1,15 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances GILLETTE CO...... 30,23...... 5,04 INTUIT ...... 50,95...... 3,14 SOCIETE GENERALE A ...... FR...... 49,50 .....-0,36 ABN AMRO HOLDING ...... NL...... 14,33 .....-0,49 BRITISH BIOTECH...... 0,03 ...... 20,00 ALCATEL A...... 5,20 ...... 40,54 HEWLETT PACKARD...... 15,65...... 4,33 JDS UNIPHASE...... 2,25...... 9,22 SUEZ...... FR...... 17,40 .....-0,97 AEGON NV...... NL...... 13,34...... 0,98 BRITISH ENERGY ...... 0,11 ...... 15,38 ALSTOM ...... 5,02 ...... 18,68 HOME DEPOT INC...... 29,47 ...... -1,57 LINEAR TECHNOLOGY ...... 28,59...... 7,64 TELECOM ITALIA...... IT ...... 8,07 .....-0,12 AIR LIQUIDE...... FR...... 128,80 .....-1,75 KINGSTON COMM...... 0,49 ...... 12,00 GFI INFORMATIQUE ...... 4,78 ...... 16,59 HONEYWELL INTL...... 24,21...... 0,96 MAXIM INTEGR PROD...... 32,72 ...... 11,18 TELEFONICA...... ES ...... 9,60...... 1,27 ALCATEL A ...... FR ...... 5,35...... 2,88 PACE MICRO TECH ...... 0,24 ...... 10,34 EQUANT ...... 4,60 ...... 16,46 IBM ...... 78,67...... 2,51 MICROSOFT...... 53,11...... 2,00 TIM ...... IT ...... 4,77 .....-1,24 ALLIANZ N ...... AL...... 104,90...... 1,31 SAGE GROUP...... 1,47...... 9,50 REXEL...... 38,26 ...... 15,94 INTL PAPER...... 35,49 ...... -1,11 ORACLE CORP ...... 10,01...... 0,50 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 135,60...... 0,44 AVENTIS...... FR...... 58,25 .....-0,17 SOMERFIELD...... 0,54...... 9,18 SAINT GOBAIN...... 21,49 ...... 14,92 JOHNSON & JOHNSON...... 57,34...... 1,94 PAYCHEX ...... 28,18...... 2,06 UNICREDITO ITALIAN ...... IT ...... 3,69 .....-0,81 AXA...... FR...... 14,62...... 1,81 AGGREKO...... 1,19...... 8,16 AVENIR TELECOM...... 0,47 ...... 14,63 J.P.MORGAN CHASE ...... 21,05...... 2,88 PEOPLESOFT INC...... 17,81...... 4,58 UNILEVER CVA ...... NL...... 63,40...... 0,56 BASF AG...... AL...... 37,00 .....-0,88 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances LUCENT TECHNOLOGIE ...... 1,20 ...... 18,81 QUALCOMM INC...... 33,69...... 0,00 VIVENDI UNIVERSAL...... FR...... 12,60...... 1,94 BAYER...... AL...... 19,01 .....-1,66 MFI FURNITURE GRP...... 1,36 ...... -4,90 SCOR...... 7,50...... -28,84 MC DONALD'S CORP...... 18,20 ...... -1,19 SIEBEL SYSTEMS...... 7,26...... 4,16 VOLKSWAGEN ...... AL...... 37,30...... 2,61 BAYR.HYP.U.VERBK...... AL...... 12,77 .....-0,93 TOMKINS ...... 1,91 ...... -3,79 MARIONNAUD PARFUME...... 35,79 ...... -8,11 MERCK AND CO...... 54,24...... 1,48 STARBUCKS CORP ...... 23,78...... 1,19 BBVA ...... ES ...... 9,36...... 0,54 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- SKYEPHARMA...... 0,46 ...... -3,65 FIMALAC ...... 25,70 ...... -4,00 MOTOROLA ...... 9,18...... 3,38 SUN MICROSYSTEMS...... 2,83...... 5,20 BNP PARIBAS ...... FR...... 39,15...... 1,74 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- AUTONOMY CORP ...... 1,40 ...... -3,45 EASY ETF EURO HEAL ...... 344,00 ...... -3,04 NORTEL NETWORKS...... 1,86 ...... 10,06 VERITAS SOFTWARE ...... 15,21...... 1,74 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BSCH...... ES ...... 6,05 .....-0,49 (Belgique), GR (Grèce). AVIS EUROPE...... 1,02 ...... -3,32 SEB...... 81,90 ...... -2,50 PEPSICO ...... 43,78...... 0,27 WORLDCOM...... 0,09...... 0,00 CARREFOUR...... FR...... 46,08...... 1,27 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE CRH PLC ...... 11,80 ...... -3,28 EURAZEO ...... 43,20 ...... -2,39 PFIZER INC...... 32,05...... 2,56 XILINX INC...... 19,62...... 8,46 DAIMLERCHRYSLER N...... AL...... 34,80...... 1,25 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). SAFEWAY ...... 2,10 ...... -3,22 IMERYS...... 117,10 ...... -2,34 PHILIP MORRIS COS ...... 41,34 ...... -1,69 YAHOO INC ...... 14,99...... 4,82

MARCHÉ DES CHANGES 31/10, 9h51 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D'INTÉRÊTS LE 31/10 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 31 OCTOBRE 9h51 JEUDI 31 OCTOBRE 9h51 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,40 % % var. LONDRES j.le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d'intérêt légal...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10280,00...... 0,00 ALUMINIUM COMPTANT ($).....1330,50...... -0,49 ($) 0,81659 0,98720 1,56010 0,67431  TOKYO 3,29 3,25 4,62 5,10 OR FIN LINGOT...... 10360,00...... -0,38 ALUMINIUM À 3 MOIS ($)...... 1336,00...... -0,08 (¥) 122,46000 120,88500 191,02000 82,59343 - 4,28 3,97 4,71 4,64 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D'OR EN DOLLAR...... 316,55...... -0,19 CUIVRE COMPTANT ($)...... 1525,50...... -0,29  PARIS ¤ 3,29 3,25 4,82 5,28 taux effectif moyen ...... 6,04 % PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...... 59,50...... 0,34 CUIVRE À 3 MOIS ($)...... 1542,00...... -0,32 ( ) 1,01315 0,82740 1,58060 0,68310  usure ...... 8,05 % LONDRES 3,29 3,25 4,52 5,11 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 59,80...... 0,84 ETAIN COMPTANT ($) ...... 4105,00...... -2,84 (£) 0,64098 0,52351 0,63275 0,43220  0,05 0,07 1,03 1,68 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 59,40...... 0,17 ETAIN À 3 MOIS ($) ...... 4129,90...... -2,88 - taux effectif moyen ...... 5,99 % ZURICH (FR. S.) 1,48300 1,21075 1,46410 2,31375 1,87 1,71 4,00 5,19 PIÈCE 10 US$...... 195,00...... 0,00 NICKEL COMPTANT ($)...... 7210,00...... 0,56  0,65 0,74 2,76 3,41 usure ...... 7,99 % PIÈCE 20 US$...... 381,00...... 0,26 NICKEL À 3 MOIS ($)...... 7135,00...... 0,52 Crédit consommation (- de 1 524 euros) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 384,00...... 0,39 PLOMB COMPTANT ($)...... 429,00...... 1,54 taux effectif moyen ...... 16,47 % PLOMB À 3 MOIS ($)...... 437,04...... 0,90 COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 21,96 % ZINC COMPTANT ($)...... 773,00...... 0,78 MARCHÉS A TERME LE 31/10, 9h51 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS ($)...... 783,90...... 0,63 taux effectif moyen ...... 13,10 % 0.9844 0.9837 prix prix ouverts DENRÉES NEWYORK  ...... 7,4321...... 7,4331  usure...... 17,47 % 0.99 JEUDI 31 OCTOBRE 9h51 Cours % var. ARGENT À TERME ($) ...... 4,48...... -0,67  ...... 7,3733...... 7,3773  40 . 10/2 3078,00 3096,00 119154 Crédit consommation (+ de 1 524 euros) 0.9828 PLATINE À TERME ($)...... 586,50...... -0,37  ...... 9,0737...... 9,0834 0.97  . 12/2 91,68 0 taux effectif moyen ...... 8,48 % BLE ($ CHICAGO) ...... 408,00...... -1,86    . 50 ...... 30,6490...... 31,1582 0.96 0.9811 9/2 2469,00 2037 usure...... 11,31 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1907,00...... 0,95  ...... 1,7795...... 1,7817  CAFE (£ LONDRES)...... 687,00...... 0,00 0.94 0.9795 Crédit aux entreprises (+ de 2ans)  ...... 1,5483...... 1,5491  10  12/2 110,96 110,83 710734 COLZA (¤ PARIS) ...... 276,75...... 1,56    moyenne taux variable ...... 5,65 % PÉTROLE ...... 7,6986...... 7,7011 0.92 0.9778 MAÏS ($ CHICAGO)...... 246,25...... -1,10 usure taux variable ...... 7,53 % Cours % var.  -...... 2,0367...... 2,0403  3. 12/2 96,94 96,94 604503 ORGE (£ LONDRES)...... 57,50...... -1,28 JEUDI 31 OCTOBRE 9h51 0.90 0.9762 moyenne taux fixe ...... 6,19 %   ...... 240,9075 ...... 241,7700   JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ...... 0,99...... 0,25 BRENT (LONDRES) ...... 25,61...... 0,08 usure taux fixe...... 8,25 %  ...... 32832,0000..32898,0000 AM J J A O O 24 30   12/2 8350,00 8405,00 33074 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 195,40...... 0,21 WTI (NEW YORK)...... 26,76...... -0,15 ...... 31,3605...... 31,3863 2002 Octobre .   12/2 882,50 889,00 558747 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 168,20...... -0,24 LIGHT SWEET CRUDE ...... 26,76...... -0,37 24/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FINAXA...... n/d...... 58,05...... n/d....-26,65...... 107,50...... 33,50 .....2,24...... 3313 SILIC ...... 153,00.....153,00...... n/d...... -2,42...... 189,00 ....148,00 .....7,10...... 5091 VALEURS FRANCAISES FONC..# ...... 27,10...... 27,71...... -2,20 ...... 1,49 ...... 32,60...... 25,00 .....1,00...... 3340 SIMCO...... ◗...... 85,50...... 85,50...... n/d...... n/d ...... 86,00...... 82,70...... n/d ...12180 Jeudi 31 octobre 9h30 FRANCE TELECOM...... ◗...... 11,29...... 11,20 ...... 0,80....-74,85 ...... 48,16...... 6,75 .....1,00 ...13330 SKIS ROSSIGNOL...... 9,05 ...... 9,04 ...... 0,11....-37,50 ...... 15,90...... 8,40 .....0,28 ...12041 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FROMAGERIES BEL...... n/d.....105,50...... n/d ...... 5,55...... 120,00...... 91,80 .....2,22 ...12185 SOCIETE GENERALE...... ◗...... 48,80...... 49,68...... -1,77....-22,35 ...... 81,40...... 36,71 .....2,10 ...13080 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam GALERIES LAFAYETTE ...... ◗ ....114,00.....114,00...... n/d....-25,44...... 168,90...... 96,00 .....0,90 ...12124 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 23,80...... 23,47 ...... 1,41....-50,42 ...... 49,70...... 18,11 .....0,56 ...12122 ACCOR...... ◗ ...... 34,17...... 33,98 ...... 0,56....-16,31 ...... 49,00...... 26,75 .....1,05 ...12040 GAUMONT # ...... 43,00...... 43,46...... -1,06 ...... 4,36 ...... 53,70...... 39,00 .....0,57...... 3489 SOMFY (EX DAMART) ...... n/d.....100,00...... n/d .....49,34...... 109,00...... 66,04 .....3,80 ...12049 AFFINE ...... n/d...... 39,50...... n/d ...... 7,04 ...... 40,05...... 30,34 .....1,40...... 3610 GECINA...... ◗ ...... n/d...... 95,80...... n/d ...... 4,69...... 104,00...... 85,60 .....3,60 ...13151 SOPHIA ...... ◗...... 29,80...... 30,00...... -0,67...... -1,25 ...... 32,98...... 27,66 .....1,52 ...12077 AGF...... ◗...... 32,83...... 32,72 ...... 0,34....-39,09 ...... 58,50...... 22,75 .....2,00 ...12592 GENERALE DE SANTE ...... 9,87...... 10,06...... -1,89....-31,26 ...... 17,85...... 8,50...... n/d...... 4447 SOPRA GROUP CA# ...... ◗...... 17,25...... 17,70...... -2,54....-55,49 ...... 59,20...... 10,01 .....0,80...... 5080 AIR FRANCE GPE NOM...... ◗...... 11,10...... 11,25...... -1,33....-32,48 ...... 21,19...... 7,09 .....0,10...... 3112 GEOPHYSIQUE...... ◗...... 18,08...... 18,00 ...... 0,44....-48,70 ...... 50,05...... 13,35 .....1,22 ...12016 SPIR COMMUNIC. #...... ◗...... 82,90...... 82,65 ...... 0,30 ...... 6,28 ...... 91,00...... 66,80 .....3,00 ...13173 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....129,00.....131,10...... -1,60...... -7,79...... 160,00 ....111,60 .....3,20 ...12007 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 4,83 ...... 4,78 ...... 1,05....-59,91 ...... 13,34...... 2,14 .....0,15...... 6337 SR TELEPERFORMANCE .....◗...... 18,85...... 18,80 ...... 0,27....-19,78 ...... 29,68...... 12,96 .....0,18...... 5180 ALCATEL A...... ◗...... 5,33 ...... 5,20 ...... 2,50....-72,23 ...... 21,62...... 2,05 .....0,16 ...13000 GRANDVISION CA# ...... ◗ ...... n/d...... 17,78...... n/d .....16,59 ...... 20,10...... 15,05 .....0,30...... 5297 STERIA GROUPE #...... 11,50...... 11,40 ...... 0,88....-61,40 ...... 38,80...... 4,80 .....0,18...... 7291 ALCATEL O ...... 2,95 ...... 2,95...... n/d....-61,78 ...... 9,62...... 1,61 .....0,10 ...13015 GROUPE GASCOGNE...... 70,50...... 70,50...... n/d...... -4,98 ...... 86,00...... 66,80 .....2,70 ...12441 SUCR.PITHIVIERS...... n/d.....367,00...... n/d...... -4,72...... 445,00 ....360,00...13,00...... 3331 ALSTOM...... ◗...... 4,97 ...... 5,02...... -1,00....-57,44 ...... 15,24...... 3,25 .....0,55 ...12019 GROUPE PARTOUCHE #...... 67,20...... 67,20...... n/d...... -9,49 ...... 84,20...... 57,35 .....0,80...... 5354 SUEZ...... ◗...... 17,44...... 17,57...... -0,74....-48,70 ...... 34,90...... 13,18 .....0,71 ...12052 ALTRAN TECHNO. #...... ◗...... 5,45 ...... 5,40 ...... 0,93....-89,26 ...... 66,40...... 2,53 .....0,20...... 3463 GUYENNE GASCOGNE ...... ◗...... 77,60...... 77,50 ...... 0,13...... -8,70 ...... 92,95...... 74,00 .....1,70 ...12028 TAITTINGER ...... n/d.....110,00...... n/d....-15,31...... 159,50 ....106,60 .....2,45...... 3720 ARBEL# ...... 2,14 ...... 2,19...... -2,28....-30,96 ...... 7,50...... 1,62 .....0,53...... 3588 HAVAS ...... ◗...... 4,32 ...... 4,32...... n/d....-46,86 ...... 11,00...... 2,80 .....0,17 ...12188 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗...... 60,15...... 60,10 ...... 0,08....-59,90...... 162,90...... 49,00 .....3,30 ...13170 AREVA CIP...... 150,00.....151,50...... -0,99...... -5,95...... 201,00 ....116,00 .....6,20...... 4524 IMERYS ...... ◗ ....118,00.....117,10 ...... 0,77 ...... 9,46...... 139,00...... 98,00 .....3,70 ...12085 TF1...... ◗...... 25,57...... 26,00...... -1,65...... -9,93 ...... 36,88...... 19,57 .....0,65...... 5490 ASF...... ◗...... 24,34...... 24,46...... -0,49...... n/d ...... 28,20...... 22,51...... n/d ...18415 IMMEUBLES DE FCE...... n/d...... 22,00...... n/d...... n/d ...... 25,00...... 19,80 .....0,30 ...12037 THALES ...... ◗...... 27,45...... 27,40 ...... 0,18....-29,16 ...... 46,20...... 24,50 .....0,70 ...12132 ATOS ORIGIN...... ◗...... 35,50...... 34,14 ...... 3,98....-51,73 ...... 94,40...... 21,50...... n/d...... 5173 IMMOBANQUE NOM...... 127,00.....127,00...... n/d...... n/d...... 132,50 ....118,00 .....7,92...... 5793 THOMSON...... ◗...... 17,44...... 17,65...... -1,19....-49,44 ...... 37,15...... 12,05...... n/d ...18453 AVENTIS ...... ◗...... 57,85...... 58,35...... -0,86....-27,46 ...... 85,95...... 47,60 .....0,58 ...13046 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 2,76 ...... 2,70 ...... 2,22....-78,68 ...... 15,98...... 1,06...... n/d...... 5257 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....135,60.....135,00 ...... 0,44....-15,46...... 179,40 ....121,20 .....3,80 ...12027 AXA...... ◗...... 14,40...... 14,36 ...... 0,28....-38,64 ...... 26,09...... 8,80 .....0,56 ...12062 INGENICO...... ◗...... 7,38 ...... 7,19 ...... 2,64....-64,07 ...... 25,90...... 5,13 .....0,15 ...12534 TRANSICIEL # ...... ◗...... 7,35 ...... 7,13 ...... 3,09....-78,81 ...... 40,56...... 2,80 .....0,55...... 6271 BACOU DALLOZ ...... 88,80...... 88,80...... n/d ...... 0,90...... 138,00...... 68,00 .....0,90...... 6089 JC DECAUX...... ◗ ...... n/d...... 10,49...... n/d....-16,41 ...... 15,40...... 9,06...... n/d...... 7791 UBI SOFT ENTERTAIN...... ◗...... 12,66...... 12,00 ...... 5,50....-66,24 ...... 39,97...... 7,12...... n/d...... 5447 BAIL INVESTIS.CA...... n/d.....129,00...... n/d ...... 6,52...... 147,00 ....121,00 .....7,58 ...12018 KAUFMAN ET BROAD ...... 17,51...... 17,50 ...... 0,06 ...... 6,12 ...... 23,63...... 15,27 .....0,92 ...12105 UNIBAIL (CA)...... ◗...... 58,50...... 58,00 ...... 0,86 ...... 2,54 ...... 70,90...... 54,00 .....1,70 ...12471 BEGHIN SAY...... ◗...... 36,80...... 36,98...... -0,49...... -9,80 ...... 45,90...... 35,20 .....1,70...... 4455 KLEPIERRE...... ◗ ....111,00.....111,30...... -0,27 ...... 3,44...... 134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196 UNILOG...... ◗...... 32,40...... 32,97...... -1,73....-52,59 ...... 90,00...... 14,08 .....0,45...... 3466 BIC...... ◗...... 31,50...... 31,56...... -0,19....-17,88 ...... 44,66...... 31,00 .....0,36 ...12096 LAFARGE...... ◗...... 77,00...... 75,05 ...... 2,60....-26,59...... 111,20...... 67,00 .....2,30 ...12053 VALEO...... ◗...... 29,05...... 29,37...... -1,09....-35,15 ...... 53,00...... 23,00 .....0,70 ...13033 BNP PARIBAS...... ◗...... 38,40...... 38,48...... -0,21....-23,58 ...... 61,85...... 27,50 .....1,20 ...13110 LAGARDERE...... ◗...... 43,55...... 43,90...... -0,80...... -7,34 ...... 54,85...... 35,50 .....0,82 ...13021 VALLOUREC...... ◗...... 55,55...... 55,40 ...... 0,27 ...... 4,31 ...... 71,40...... 43,80 .....2,10 ...12035 BOLLORE...... ◗ ...... n/d.....252,80...... n/d ...... 5,24...... 262,00 ....225,50 .....3,50 ...12585 LEBON (CIE) ...... n/d...... 51,00...... n/d ...... 1,59 ...... 59,00...... 48,75 .....2,30 ...12129 VINCI...... ◗...... 58,55...... 58,00 ...... 0,95....-11,07 ...... 74,90...... 55,35 .....1,70 ...12548 BOLLORE INV...... n/d...... 46,00...... n/d....-10,41 ...... 55,00...... 35,23 .....0,25...... 3929 LEGRAND ORD...... n/d.....132,90...... n/d...... -7,70...... 180,00 ....118,00 .....0,93 ...12061 VIVARTE ...... n/d...... 31,50...... n/d...... -1,93 ...... 36,00...... 29,30 .....1,98 ...13041 BONGRAIN...... n/d...... 40,00...... n/d....-11,11 ...... 59,80...... 35,96 .....1,45 ...12010 LEGRAND ADP...... n/d.....107,00...... n/d....-13,70...... 143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528 VIVENDI ENVIRON...... ◗...... 23,74...... 23,84...... -0,42....-35,90 ...... 38,76...... 17,18 .....0,55 ...12414 BOUYGUES...... ◗...... 26,50...... 26,70...... -0,75....-27,98 ...... 38,95...... 20,40 .....0,36 ...12050 LEGRIS INDUST...... ◗ ...... n/d...... 20,50...... n/d...... -6,81 ...... 25,39...... 18,01 .....0,70 ...12590 VIVENDI UNIVERSAL ...... ◗...... 12,42...... 12,36 ...... 0,49....-79,80 ...... 64,40...... 8,62 .....1,00 ...12777 BULL#...... ◗...... 0,49 ...... 0,49...... n/d....-60,16 ...... 1,36...... 0,34...... n/d...... 5260 LIBERTY SURF...... 2,18 ...... 2,20...... -0,91....-23,50 ...... 3,80...... 2,15...... n/d...... 7508 WANADOO ...... ◗...... 3,70 ...... 3,80...... -2,63....-34,28 ...... 6,70...... 2,94...... n/d ...12415 BURELLE (LY)...... n/d...... 60,30...... n/d .....21,49 ...... 68,00...... 49,63 .....0,60...... 6113 LOCINDUS...... 29,70...... 29,70...... n/d...... -5,71 ...... 35,97...... 25,81 .....8,76 ...12135 WENDEL INVEST...... ◗...... 20,00...... 20,00...... n/d...... n/d ...... 36,40...... 16,57 .....2,20 ...12120 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 14,45...... 14,39 ...... 0,42....-61,51 ...... 51,00...... 9,06...... n/d ...12074 L'OREAL ...... ◗...... 74,40...... 75,00...... -0,80...... -8,03 ...... 88,30...... 60,55 .....0,54 ...12032 WORMS & CIE NOM...... 17,01...... 17,19...... -1,05....-12,76 ...... 21,02...... 14,50 .....0,56...... 6336 CANAL + ...... ◗...... 4,24 ...... 4,15 ...... 2,17 .....18,43 ...... 4,79...... 3,43 .....0,18 ...12546 LOUVRE #...... 55,35...... 55,05 ...... 0,54....-11,86 ...... 83,40...... 50,00 .....1,30...... 3311 ZODIAC...... ◗...... 19,11...... 19,03 ...... 0,42...... -6,27 ...... 28,85...... 16,82 .....5,20 ...12568 CAP GEMINI...... ◗...... 24,80...... 23,57 ...... 5,22....-69,42 ...... 90,70...... 12,85 .....0,40 ...12533 LUCIA...... n/d...... 10,50...... n/d....-19,23 ...... 14,13...... 9,10 .....1,83...... 3630 ...... CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 25,80...... 26,00...... -0,77....-14,00 ...... 39,48...... 20,10 .....0,80...... 3962 LVMH MOET HEN...... ◗...... 44,28...... 44,30...... -0,05...... -3,10 ...... 61,60...... 31,61 .....0,53 ...12101 ...... CARREFOUR ...... ◗...... 45,81...... 45,50 ...... 0,68....-21,55 ...... 58,80...... 36,33 .....0,56 ...12017 MARIONNAUD PARFUM...◗...... 36,45...... 35,79 ...... 1,84....-32,99 ...... 57,60...... 34,01...... n/d...... 6494 ...... CASINO GUICH.ADP...... 45,05...... 45,35...... -0,66....-27,92 ...... 67,30...... 42,50 .....1,58 ...12113 MATUSSIERE FOREST...... 5,30 ...... 5,30...... n/d....-40,38 ...... 9,85...... 4,77 .....0,22...... 6057 ...... CASINO GUICHARD ...... ◗...... 61,70...... 62,35...... -1,04....-28,79 ...... 89,90...... 58,55 .....1,54 ...12558 MAUREL ET PROM...... 20,81...... 20,83...... -0,10 .....34,25 ...... 24,99...... 15,10 .....0,91...... 5107 ...... CASTORAMA DUBOIS ...... ◗...... 66,70...... 66,70...... n/d...... n/d ...... 69,00...... 60,95...... n/d ...12420 METALEUROP ...... 1,80 ...... 1,80...... n/d....-41,55 ...... 4,90...... 1,59 .....0,61 ...12038 ...... CEGID (LY)...... 38,95...... 38,00 ...... 2,50....-50,28 ...... 90,50...... 34,01 .....2,30 ...12470 MICHELIN ...... ◗...... 28,59...... 28,21 ...... 1,35....-22,83 ...... 45,05...... 24,50 .....0,85 ...12126 ...... CEREOL ...... ◗ ...... n/d...... 32,30...... n/d .....13,53 ...... 36,40...... 28,00 .....0,65...... 4456 MONTUPET SA ...... 14,55...... 14,49 ...... 0,41 .....39,50 ...... 16,40...... 9,12 .....0,17...... 3704 ...... CFF.RECYCLING ...... 39,00...... 39,00...... n/d...... -2,50 ...... 49,88...... 35,00 .....2,08...... 3905 CONTIN.ENTREPR...... n/d...... 36,20...... n/d....-19,01 ...... 46,90...... 31,00 .....0,70...... 3664 ...... CHARGEURS ...... 23,11...... 23,50...... -1,66...... -7,52 ...... 30,66...... 21,50 .....3,00 ...13069 NATEXIS BQ POP...... ◗...... 75,00...... 76,00...... -1,32....-22,60 ...... 97,50...... 70,00 .....2,50 ...12068 ...... CHRISTIAN DIOR ...... ◗...... 34,20...... 33,86 ...... 1,00...... -0,78 ...... 47,63...... 24,21 .....0,50 ...13040 NEOPOST...... ◗...... 35,05...... 35,05...... n/d ...... 7,12 ...... 44,50...... 31,40...... n/d ...12056 ◗ CIC -ACTIONS A ...... 120,00.....120,90...... -0,74...... -0,41...... 135,00 ....118,10 .....2,36 ...12005 NEXANS...... 13,20...... 13,00 ...... 1,54....-18,56 ...... 24,90...... 9,15 .....0,43...... 4444 VALEURS INTERNATIONALES◗ ZONE EURO ◗ ALTADIS...... 21,30...... 21,54...... -1,11 .....11,63 ...... 24,63...... 17,55 .....0,28 ...12975 CIMENTS FRANCAIS...... n/d...... 47,12...... n/d...... -1,83 ...... 53,50...... 46,02 .....1,40 ...12098 NORBERT DENTRES...... 23,80...... 23,80...... n/d ...... 6,48 ...... 29,69...... 16,80 .....0,60...... 5287 ◗ CLARINS...... ◗...... 32,56...... 32,85...... -0,88....-48,64 ...... 72,50...... 26,11 .....0,65 ...13029 NRJ GROUP...... ◗...... 17,50...... 17,57...... -0,40....-16,42 ...... 26,00...... 12,60 .....0,28 ...12169 AMADEUS PRIV. A ...... 4,70 ...... 4,62 ...... 1,73....-28,46 ...... 8,44...... 3,26 .....0,05 ...12823 ◗ ◗ ARCELOR...... ◗...... 10,79...... 10,80...... -0,09...... n/d ...... 16,69...... 8,40...... n/d...... 5786 CLUB MEDITERRANEE ...... 23,22...... 23,00 ...... 0,96....-43,36 ...... 56,40...... 17,32 .....1,00 ...12156 OBERTHUR CARD SYS...... 1,57 ...... 1,57...... n/d....-82,45 ...... 9,40...... 1,19...... n/d ...12413 ◗ CNP ASSURANCES ...... ◗...... 34,12...... 34,67...... -1,59...... -4,42 ...... 43,98...... 31,50 .....1,39 ...12022 ORANGE ...... ◗...... 5,70 ...... 5,86...... -2,73....-44,00 ...... 10,74...... 4,19...... n/d...... 7919 B.A.S.F. # ...... n/d...... 37,08...... n/d....-12,31 ...... 49,90...... 30,12 .....1,03 ...12807 ◗ BAYER #...... ◗...... 19,00...... 19,20...... -1,04....-45,88 ...... 40,52...... 17,05 .....0,71 ...12806 COFACE SVN CA...... n/d...... 44,19...... n/d...... -6,77 ...... 64,00...... 40,01 .....1,47 ...12099 OXYG.EXT-ORIENT...... n/d...... 73,00...... n/d ...... 3,10 ...... 85,20...... 66,50...15,50...... 3117 ◗ COFLEXIP...... n/d...... 79,60...... n/d....-49,93...... 172,00...... 75,15 .....0,31 ...13064 PECHINEY ACT ORD A...... ◗...... 30,16...... 29,95 ...... 0,70....-47,91 ...... 63,80...... 24,50 .....1,00 ...13290 DEUTSCHE BANK #...... 42,00...... 43,69...... -3,87....-47,06 ...... 82,60...... 35,67 .....1,03 ...12804 DEXIA...... ◗...... 9,77...... 10,45...... -6,51....-39,69 ...... 18,95...... 8,22 .....0,36 ...12822 COLAS...... 67,35...... 67,50...... -0,22 ...... 6,31 ...... 75,95...... 62,00 .....2,80 ...12163 PECHINEY B PRIV...... 30,90...... 31,20...... -0,96....-43,19 ...... 59,60...... 26,40 .....1,79...... 3640 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 16,04...... 16,32...... -1,72...... -9,83 ...... 24,70...... 13,46 .....0,55...... 4507 PENAUILLE POLY.#...... ◗...... 5,80 ...... 5,55 ...... 4,50....-85,31 ...... 45,59...... 3,23 .....0,28...... 5338 EADS(EX-AERO.MAT.) ...... 10,84...... 10,80 ...... 0,37....-20,52 ...... 18,45...... 8,67 .....0,38...... 5730 ◗ EQUANT N.V...... ◗...... 4,57 ...... 4,60...... -0,65....-66,04 ...... 14,95...... 2,26...... n/d ...12701 CRED.FON.FRANCE ...... 16,19...... 16,19...... n/d .....11,34 ...... 16,80...... 13,05 .....0,40 ...12081 PERNOD-RICARD...... 99,85...... 98,00 ...... 1,89 .....14,77...... 106,90...... 81,30 .....1,00 ...12069 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 34,77...... 35,35...... -1,64...... -7,28 ...... 48,80...... 27,65 .....0,75 ...18420 PEUGEOT...... ◗...... 42,79...... 41,98 ...... 1,93....-10,38 ...... 60,80...... 32,20 .....1,15 ...12150 EURONEXT N.V ...... 20,11...... 20,40...... -1,42...... -5,36 ...... 25,00...... 17,78 .....0,26...... 5777 ◗ GEMPLUS INTL ...... ◗...... 0,64 ...... 0,69...... -7,25....-77,46 ...... 3,08...... 0,37...... n/d...... 5768 CS COM.ET SYSTEMES ...... 6,16 ...... 6,21...... -0,81....-25,78 ...... 12,25...... 5,76...... n/d...... 7896 PINAULT-PRINT.RED...... 78,30...... 79,30...... -1,26....-45,85...... 154,69...... 53,90 .....2,30 ...12148 ◗ DANONE...... ◗ ....129,80.....129,40 ...... 0,31...... -5,25...... 150,40 ....109,40 .....2,06 ...12064 PLASTIC OMN.(LY) ...... n/d...... 72,55...... n/d .....22,96 ...... 96,00...... 59,05 .....1,20 ...12457 NOKIA A ...... 16,95...... 16,94 ...... 0,06....-40,94 ...... 30,32...... 10,55 .....0,27...... 5838 ◗ ROYAL DUTCH # ...... ◗...... 42,50...... 42,17 ...... 0,78....-24,97 ...... 63,15...... 39,38 .....0,54 ...13950 DASSAULT-AVIATION...... 317,00.....322,60...... -1,74...... n/d...... 425,00 ....281,10 .....6,50 ...12172 PROVIMI...... 14,50...... 14,41 ...... 0,62....-31,98 ...... 24,70...... 14,10 .....0,20...... 4458 ◗ DASSAULT SYSTEMES ...... ◗...... 22,53...... 22,50 ...... 0,13....-58,27 ...... 59,40...... 15,19 .....0,33 ...13065 PSB INDUSTRIES LY ...... n/d...... 73,15...... n/d....-18,26 ...... 92,70...... 70,80 .....3,80...... 6032 ROYAL PHILIPS 0.20...... 17,95...... 17,71 ...... 1,36....-45,73 ...... 36,07...... 12,51 .....0,27 ...13955 ◗ SIEMENS # ...... ◗...... 45,56...... 45,67...... -0,24....-38,51 ...... 79,75...... 30,50 .....0,74 ...12805 DEV.R.N-P.CAL LI # ...... 14,20...... 14,20...... n/d...... -1,38 ...... 16,90...... 13,00 .....0,55 ...12423 PUBLICIS GR. SA #...... 22,78...... 23,10...... -1,39....-23,42 ...... 39,90...... 16,70 .....0,22 ...13057 ◗ DEVEAUX(LY)# ...... 65,80...... 65,80...... n/d....-18,26 ...... 78,00...... 54,85 .....3,00...... 6100 REMY COINTREAU ...... ◗...... 30,49...... 30,50...... -0,03 .....22,59 ...... 35,00...... 24,87 .....0,90 ...13039 STMICROELECTRONICS ...... 19,88...... 19,78 ...... 0,51....-44,85 ...... 39,70...... 11,10 .....0,03 ...12970 ◗ TELEFONICA #...... ◗...... 9,59 ...... 9,51 ...... 0,84....-34,22 ...... 15,32...... 7,31 .....0,28 ...12811 DIDOT-BOTTIN ...... n/d...... 78,75...... n/d .....29,09 ...... 88,00...... 61,10 .....2,74...... 3747 RENAULT ...... 47,24...... 47,20 ...... 0,08 .....19,26 ...... 57,45...... 34,60 .....0,92 ...13190 ◗ DMC (DOLLFUS MI) ...... 4,13 ...... 4,31...... -4,18....-44,85 ...... 11,48...... 3,43 .....0,61 ...12133 REXEL ...... ◗...... 36,00...... 38,26...... -5,91....-45,41 ...... 75,40...... 25,50 .....2,22 ...12595 UNILEVER NV # ...... 63,65...... 63,30 ...... 0,55...... -3,41 ...... 72,40...... 48,85 .....0,41 ...13953 DYNACTION...... 23,00...... 24,19...... -4,92....-14,49 ...... 32,40...... 17,50 .....0,50 ...13035 RHODIA ...... ◗...... 6,59 ...... 6,65...... -0,90....-26,61 ...... 12,40...... 5,75 .....0,12 ...12013 ...... EIFFAGE ...... ◗...... 75,00...... 74,00 ...... 1,35 ...... 9,64 ...... 97,40...... 67,00 .....2,10 ...13045 ROUGIER #...... n/d...... 49,80...... n/d....-12,70 ...... 66,50...... 48,00 .....3,00...... 3764 VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO ELECT.MADAGASCAR...... 21,25...... 21,50...... -1,16...... -5,55 ...... 24,95...... 17,51 .....1,50...... 3571 ROYAL CANIN...... n/d ...... n/d...... n/d .-100,00...... 145,90 ....130,50 .....1,10...... 3153 ERICSSON #...... ◗...... 0,82 ...... 0,81 ...... 1,23....-81,10 ...... 4,79...... 0,36 .....0,04 ...12905 ◗ ELIOR SVN SCA...... 4,71 ...... 4,75...... -0,84....-41,56 ...... 9,88...... 3,13 .....0,07 ...12127 RUE IMPERIALE (LY)...... n/d.....125,50...... n/d....-19,03...... 182,00 ....117,20...21,19 ...12400 GENERAL ELECT. # ...... ◗...... 25,22...... 26,09...... -3,33....-45,34 ...... 47,80...... 21,53 .....0,16 ...12943 ENTENIAL(EX CDE)...... 31,00...... 31,00...... n/d .....22,28 ...... 35,89...... 25,35 .....0,54 ...12093 SADE (NY) ...... n/d...... 52,40...... n/d .....13,91 ...... 57,50...... 45,20 .....2,80 ...12431 HSBC HOLDINGS...... ◗...... 11,01...... 11,25...... -2,13....-17,34 ...... 14,10...... 10,10 .....0,21 ...12976 ◗ ERAMET...... 15,08...... 15,30...... -1,44....-56,41 ...... 39,80...... 13,90 .....0,60 ...13175 SAGEM S.A...... 72,80...... 68,70 ...... 5,97 ...... 5,89 ...... 75,50...... 50,30 .....0,60...... 7327 I.B.M # ...... ◗...... 79,20...... 80,15...... -1,19....-43,34...... 141,90...... 54,65 .....0,13 ...12964 ◗ ◗ ESSILOR INTL ...... 41,16...... 41,14 ...... 0,05 .....21,23 ...... 45,57...... 31,20 .....0,41 ...12166 SAINT-GOBAIN...... 22,18...... 21,49 ...... 3,21....-47,65 ...... 49,05...... 18,57 .....4,50 ...12500 KINGFISHER SICO...... ◗...... 3,42 ...... 3,42...... n/d....-29,48 ...... 5,27...... 2,51 .....0,05 ...22046 ESSO...... 79,60...... 79,80...... -0,25...... -0,74 ...... 96,80...... 78,00 .....3,25 ...12066 SALVEPAR (NY)...... n/d...... 44,50...... n/d....-11,44 ...... 58,10...... 41,00 .....1,50 ...12435 MERCK AND CO #...... ◗ ...... n/d...... 55,25...... n/d....-18,51 ...... 73,20...... 38,00 .....0,31 ...12909 ◗ ◗ EULER ET HERMES ...... 19,85...... 19,70 ...... 0,76....-52,00 ...... 46,13...... 16,00 .....1,40 ...12130 SANOFI SYNTHELABO ...... 60,45...... 60,60...... -0,25....-27,86 ...... 84,30...... 49,78 .....0,66 ...12057 NESTLE SA NOM. #...... ◗ ....214,10.....213,60 ...... 0,23....-10,41...... 272,90 ....186,50 .....2,84 ...13911 ◗ ◗ EURAZEO...... 42,78...... 43,20...... -0,97....-29,75 ...... 60,80...... 38,03 .....1,00 ...12112 SCHNEIDER ELECTRIC ...... 46,31...... 46,57...... -0,56....-14,24 ...... 59,85...... 37,16 .....1,60 ...12197 PHILIP MORRIS #...... ◗...... 42,00...... 42,50...... -1,18....-20,00 ...... 62,25...... 36,00 .....0,56 ...12928 ◗ ◗ EURO DISNEY SCA ...... 0,51 ...... 0,51...... n/d....-42,04 ...... 1,21...... 0,40...... n/d ...12587 SCOR SVN ...... 6,90 ...... 7,50...... -8,00....-80,51 ...... 46,80...... 6,50 .....0,30 ...13030 SCHLUMBERGER #...... ◗...... 40,50...... 41,00...... -1,22....-36,61 ...... 70,95...... 33,87 .....0,19 ...12936 ◗ ◗ EUROTUNNEL ...... 0,74 ...... 0,72 ...... 2,78....-34,51 ...... 1,18...... 0,67...... n/d ...12537 S.E.B...... 81,85...... 81,90...... -0,06 .....30,64 ...... 96,05...... 61,00 .....2,00 ...12170 SONY CORP. # ...... ◗...... 43,87...... 45,00...... -2,51....-14,98 ...... 65,45...... 40,11 .....0,09 ...12903 FAURECIA ...... ◗...... 42,44...... 42,44...... n/d....-28,06 ...... 61,40...... 33,00 .....0,91 ...12114 SEITA...... n/d...... 57,95...... n/d .....20,22 ...... 64,80...... 45,10 .....1,84 ...13230 ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. F.F.P. (NY)...... 101,00...... 97,10 ...... 4,02 ...... 4,07...... 132,50...... 82,00 .....2,20...... 6478 SELECTIBAIL(EXSEL) ...... n/d...... 16,35...... n/d ...... 2,70 ...... 18,50...... 15,33 .....1,48 ...12599 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet FIMALAC...... ◗...... 25,80...... 25,70 ...... 0,39....-35,98 ...... 50,50...... 23,66 .....1,40...... 3794 SIDEL...... 43,50...... 43,75...... -0,57....-13,00 ...... 53,00...... 27,01...... n/d ...13060 d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

GENUITY A-REGS 144 ...... 0,15 ...... -6,25 ESR ...... 6,20 ...... -9,88 NOUVEAU MARCHÉ CROSS SYSTEMS #...... 0,80 ...... -5,88 SECOND MARCHÉ AUSY...... 3,10 ...... -9,62 CARRERE GROUP ...... 11,80 ...... -5,45 HOT.REG.PARIS NOM ...... 18,10 ...... -9,50 30/10 : 14,34 millions d'euros échangés HI MEDIA ...... 0,36 ...... -5,26 30/10 : 12,15 millions d'euros échangés BRICODEAL #...... 16,31 ...... -9,24 Valeur Cours de clôture (¤) % var. THERMATECH ING.# ...... 5,50 ...... -5,17 Valeur Cours de clôture (¤) % var. AUGROS CP.# ...... 6,00 ...... -8,40 Meilleures performances PROSODIE #...... 11,34 ...... -5,10 Meilleures performances CIBOX INTER. NOM...... 0,11 ...... -8,33 PHONE SYS.NETW. #...... 0,22 ...... 37,50 SOFT COMPUTING # ...... 3,80 ...... -4,76 STEPH.KELIAN #...... 0,15 ...... 36,36 ORAPI NOM...... 18,00 ...... -7,69 INTERCALL REDUCT...... 7,99 ...... 24,84 Plus forts volumes d'échange APS # ...... 5,98 ...... 20,81 Plus forts volumes d'échange IT LINK...... 1,60 ...... 21,21 AVENIR TELECOM #...... 0,47 ...... 14,63 LECTRA (B) #...... 4,00 ...... 20,48 AES LABO. GROUPE #...... 111,00...... 0,91 LA TETE DS NUAGES#...... 1,17 ...... 17,00 BRIME TECHNO. # ...... 9,70...... 1,04 VIKING # ...... 1,49 ...... 19,20 ALTEN (SVN) # ...... 7,86...... 8,26 AVENIR TELECOM #...... 0,47 ...... 14,63 CARRERE GROUP ...... 11,80 ...... -5,45 AB GROUPE ...... 8,92 ...... 17,37 AUDIKA...... 30,50...... 0,89 DEVOTEAM # ...... 5,72 ...... 14,63 CEREP # ...... 9,00...... 0,90 THARREAU INDUST...... 13,26...... 9,95 BONDUELLE...... 68,80...... 0,15 LYCOS EUROPE...... 0,35 ...... 12,90 DEVOTEAM # ...... 5,72 ...... 14,63 CGBI ACT.DIV...... 0,70...... 9,38 CEGEDIM #...... 25,50...... 0,00 HUBWOO.COM...... 1,05 ...... 12,90 DMS #...... 9,68 ...... 10,00 FEDON...... 24,95...... 9,38 CORA INDUSTRIES # ...... 31,70...... 0,00 RECIF# ...... 1,23 ...... 12,84 GENESYS #...... 2,45...... 2,94 LVL MEDICAL GPE...... 5,75...... 8,49 GPE GUILLIN # LY ...... 45,00...... 1,12 BUSINESS ET DECIS...... 1,26 ...... 12,50 HIGHWAVE OPTICAL...... 0,61...... 1,67 ALTEN (SVN) # ...... 7,86...... 8,26 HERMES INTL...... 150,00...... 2,25 MEMSCAP...... 0,38 ...... 11,76 HOLOGRAM INDUST.#...... 1,80 ...... -3,23 DAMARTEX...... 9,99...... 7,42 HUIS CLOS ...... 15,55 ...... -1,58 TRANSGENE # SVN...... 3,48 ...... 11,18 ILOG #...... 4,89...... 8,43 CONFLANDEY # ...... 28,85...... 6,85 LECTRA (B) #...... 4,00 ...... 20,48 VALTECH ...... 0,53 ...... 10,42 IPSOS #...... 57,30...... 1,42 NAF-NAF #...... 16,00...... 6,67 M6-METR.TV ACT.DIV ...... 23,70...... 1,24 DMS #...... 9,68 ...... 10,00 MEDIDEP # ...... 14,20 ...... -2,74 ASSYSTEM #...... 16,90...... 6,62 MECATHERM # ...... 24,00 ...... -3,23 Plus mauvaises performances MEMSCAP...... 0,38 ...... 11,76 Plus mauvaises performances NAF-NAF #...... 16,00...... 6,67 GENESYS BS00 ...... 0,02...... -33,33 NETGEM...... 1,74...... 8,75 SEEVIA CONSULTING ...... 2,90...... -22,67 PINGUELY HAULOTTE ...... 3,40...... 3,03 V CON TELEC.NOM.# ...... 0,38...... -11,63 NICOX # ...... 15,60...... 0,00 ICOM INFORMATIQUE...... 2,00...... -20,00 RALLYE...... 32,16...... 0,56 PROLOGUE SOFTWARE# ...... 0,51...... -10,53 PROLOGUE SOFTWARE# ...... 0,51...... -10,53 UGIGRIP ...... 2,25...... -18,48 RUBIS # ...... 25,50 ...... -0,89 D.A.B BANK #...... 3,23...... -10,28 PROSODIE #...... 11,34 ...... -5,10 BOURGEOIS (LY) ...... 4,50...... -13,46 SOLVING #...... 4,45 ...... -3,89 MONDIAL PECHE #...... 5,38 ...... -9,58 SOI TEC SILICON #...... 2,98...... 4,20 OXYMETAL...... 2,62...... -12,67 STALLERGENES...... 27,30...... 0,74 ORCHESTRA KAZIBAO...... 0,69 ...... -9,21 VALTECH ...... 0,53 ...... 10,42 INIT.FIN.INVEST A...... 80,50...... -10,56 TEAM PARTNERS GRP#...... 1,31...... 2,34 IMECOM GROUP...... 0,24 ...... -7,69 WAVECOM #...... 32,45...... 0,15 SAIRP COMPOSITES # ...... 7,63...... -10,13 VIRBAC...... 29,79 ...... -0,03 (Publicité) ECUR.INVEST.D/PEA 35,80 30/10 -29,94 CA AM MASTER ACT. 27,39 28/10 -33,50 CIC OBLI C T.D 141,70 30/10 -90,09 DEDIALYS TELECOM 28,46 30/10 -38,45 SICAV ET FCP ECUR.MONETAIRE C 229,15 30/10 2,02 CA AM MASTER DUO 11,64 28/10 -17,97 CIC OBLI LONG T.C 16,24 30/10 4,97 OBLITYS INSTIT.C 103,57 30/10 4,34 ECUR.MONETAIRE D 187,92 30/10 0,44 CA AM MASTER OBL. 30,73 28/10 -0,38 CIC OBLI LONG T.D 15,20 30/10 -0,52 POSTE EURO CREDIT 104,36 30/10 0,00 SÉLECTION publiée sous la ECUR.OBLIG.INTER.C 178,57 30/10 0,73 CA AM MASTER PEA 8,24 28/10 -33,70 CIC OBLI M T.C 37,17 30/10 3,53 POSTE EUROPE C 98,16 30/10 5,42 responsabilité de l'émetteur ECUR.TECHNOLOGIESC 23,07 30/10 -39,77 CAPITOP MONETAIREC 196,59 1/11 1,97 CIC OBLI M T.D 26,70 30/10 0,18 ADDILYS C 110,07 30/10 2,37 POSTE EUROPE D 92,93 30/10 4,64 ECUR.TECHONOLGIESD 22,99 30/10 -40,76 CAPITOP MONETAIRED 186,37 1/11 1,96 CIC OBLI MONDE 134,00 30/10 -1,85 ADDILYS D 106,80 30/10 0,13 POSTE PREM.8ANS C 212,69 30/10 6,38 ECUR.TRIMESTR.D 278,08 30/10 1,43 CAPITOP REVENUS 172,48 30/10 0,00 CIC ORIENT 130,39 30/10 -17,58 AMPLITUDE AMERIQ.C 18,49 30/10 -28,37 POSTE PREM.8ANS D 191,74 30/10 6,37 EPARCOURT-SICAV D 28,46 30/10 -0,28 OPTALIS DYNAMIQUEC 14,16 29/10 -23,91 Fonds communs de placements AMPLITUDE AMERIQ.D 17,67 30/10 -29,33 REMUNYS PLUS 105,52 30/10 2,02 Dernier cours connu le 31/10 à 9h GEOPTIM C 2472,48 30/10 5,47 OPTALIS DYNAMIQUED 13,09 29/10 -24,98 CIC AMERIQUELATINE 100,44 30/10 0,00 AMPLITUDE EUROPE C 21,89 30/10 -32,31 Fonds communs de placements OPTALIS EQUILIBREC 16,21 29/10 -13,82 CIC DOLLAR CASH 1440,59 30/10 0,00 AMPLITUDE EUROPE D 20,57 30/10 -33,60 Valeur Cours date % var. en euro valeur 31/12 ECUR.EQUILIBRE C 34,92 30/10 -6,85 OPTALIS EQUILIBRED 14,54 29/10 -15,07 CIC ECOCIC 331,69 30/10 0,00 AMPLITUDE FRANCE C 56,45 30/10 -31,71 ECUR.VITALITE C 32,23 30/10 -19,91 OPTALIS EXPANSIONC 10,32 29/10 -30,59 CIC EURO OPPORT. 16,79 30/10 -45,61 AMPLITUDE FRANCE D 55,55 30/10 -32,80 ECUREUIL PRUDENCEC 35,21 30/10 1,58 OPTALIS EXPANSIOND 9,90 29/10 -31,77 CIC FRANCEVALOR C 24,19 30/10 -35,51 AMPLITUDE MONDE C 161,44 30/10 -27,84 CADENCE 1 D 156,63 30/10 -0,02 ECUREUIL PRUDENCED 34,35 30/10 1,35 OPTALIS SERENITE C 17,43 29/10 -2,89 CIC FRANCEVALOR D 24,19 30/10 -35,51 AMPLITUDE MONDE D 143,35 30/10 -28,56 CADENCE 2 D 156,16 30/10 1,05 AGIPI ACTIONS 18,65 30/10 -30,14 NECTRA 2 C 973,07 30/10 -4,20 OPTALIS SERENITE D 15,17 29/10 -3,80 CIC GLOBAL C 197,68 30/10 -19,58 AMPLITUDE PACIFI.C 12,31 30/10 -17,98 CADENCE 3 D 154,38 30/10 1,00 AGIPI AMBITION 20,90 30/10 -17,78 NECTRA 2 D 973,07 30/10 -4,20 PACTE SOLIDAR.LOG. 79,95 29/10 3,87 CIC GLOBAL D 197,68 30/10 -19,58 AMPLITUDE PACIFI.D 11,61 30/10 -19,10 CONVERTIS C 196,48 30/10 -13,95 NECTRA 5 C 870,40 30/10 -13,90 PACTE VERT TIERS-M 85,15 29/10 3,86 CIC HIGH YIELD 365,34 25/10 -9,91 ELANCIEL EUROD PEA 63,44 30/10 -34,08 INTEROBLIG C 61,08 30/10 2,91 NECTRA 5 D 870,40 30/10 -13,90 CIC JAPON 5,99 30/10 -23,49 ELANCIEL FR.D PEA 26,23 30/10 -32,99 INTERSELECTION F.D 53,09 30/10 -29,08 NECTRA 8 C 760,44 30/10 -24,07 CIC MARCHES EMERG. 82,62 25/10 -24,25 EM.EUROPOSTE D PEA 19,83 30/10 -34,98 SELECT.DEFENSIF C 185,71 30/10 -3,61 NECTRA 8 D 760,44 30/10 -24,07 CIC NOUVEAU MARCHE 2,60 30/10 -52,72 ETHICIEL C 80,19 30/10 -22,25 SELECT.DYNAMIQUE C 184,10 30/10 -22,87 BNP ASSOC.PREMIERE 10033,51 30/10 2,55 CIC OR ET MAT 119,26 30/10 0,00 GEOBILYS C 128,85 30/10 5,70 SELECT.EQUILIBRE 2 145,40 30/10 -13,51 BNP EURIBOR ASSOC. 53374,10 30/10 2,74 EURCO SOLIDARITE 233,75 30/10 3,69 CIC PEA SERENITE 174,59 30/10 2,70 GEOBILYS D 116,28 30/10 4,40 SELECT.PEA 1 157,06 30/10 -23,37 BNP MONE C.TERME 2572,03 30/10 2,55 MONELION JOUR C 502,99 30/10 2,13 CIC PIERRE 33,20 30/10 0,00 INTENSYS C 21,18 30/10 1,97 SELECT.PEA DYNAM. 98,99 30/10 -30,19 BNP MONE EURIBOR 19063,25 30/10 2,70 MONELION JOUR D 423,59 30/10 2,13 CIC PROF.DYNAMIQUE 18,07 29/10 -23,04 INTENSYS D 17,47 30/10 -1,07 SG FRANCE OPPORT.C 293,95 30/10 -30,56 BNP MONE PLACEM.C 2814,63 30/10 -79,52 Multi-promoteurs SICAV 5000 107,17 30/10 -33,34 CIC PROF.EQUILIB.D 15,18 29/10 -18,78 KALEIS DYNAM.FCE C 60,93 30/10 -23,69 SG FRANCE OPPORT.D 273,53 30/10 -30,99 BNP MONE TRESORE. 11497,97 30/10 -85,33 LIV.BOURSE INV.D 127,14 28/10 -29,86 SLIVAFRANCE 173,59 30/10 -37,03 CIC PROF.TEMPERE C 135,88 29/10 0,05 KALEIS DYNAM.FCE D 60,27 30/10 -23,68 SOGEFAVOR 58,54 30/10 -41,48 Fonds communs de placements NORD SUD DEVELOP.C 530,61 28/10 2,40 SLIVARENTE 38,79 29/10 -1,79 CIC TAUX VARIABLE 203,98 25/10 3,25 KALEIS DYNAMISME C 176,43 30/10 -19,04 SOGENFRANCE C 288,57 30/10 -38,03 BNP MONE ASSOCIAT. 1880,14 30/10 2,35 NORD SUD DEVELOP.D 390,47 28/10 -2,34 SLIVINTER 106,93 30/10 -31,32 CIC TECHNO.COM 33,46 30/10 -57,59 KALEIS DYNAMISME D 170,47 30/10 -19,05 SOGENFRANCE D 258,82 30/10 -38,32 TRILION 730,10 30/10 -2,36 CIC USA 12,81 30/10 -31,04 KALEIS EQUILIBRE C 184,57 30/10 -8,86 SOGEOBLIG C 119,75 30/10 5,58 Fonds communs de placements CIC VAL.NOUVELLES 185,45 30/10 -34,75 KALEIS EQUILIBRE D 177,59 30/10 -8,86 SOGEPARGNE D 44,12 30/10 -0,63 ACTILION DYNAMI.C 133,81 30/10 -26,40 KALEIS SERENITE C 185,57 30/10 -3,33 SOGEPEA EUROPE D 145,99 30/10 -34,55 ATOUT CROISSANCE 269,05 30/10 -21,36 ACTILION DYNAMI.D 123,29 30/10 -28,01 KALEIS SERENITE D 178,20 30/10 -3,33 SOGINTER C 32,79 30/10 -38,01 FRUCTI CAPI 117,34 30/10 4,51 ATOUT EUROPE 359,23 30/10 -30,25 ACTILION EQUIL.C 150,51 30/10 -13,58 KALEIS TONUS C 47,91 30/10 -31,37 Fonds communs de placements FRUCTI EURO PEA 162,95 29/10 -33,38 ATOUT FCE ASIE 53,89 30/10 -30,23 ACTILION EQUIL.D 137,64 30/10 -15,48 KALEIS TONUS D 47,32 30/10 -31,38 SOGESTION C 38,99 29/10 -18,65 FRUCTI FCE ACTS.C 101,88 30/10 -31,92 ATOUT FRANCE C 129,89 30/10 -34,04 ACTILION PEA DYNAM 48,61 30/10 -26,77 CM EUR.TECHNOLOG. 2,13 30/10 -52,02 LIBERT.ET SOLIDAR. 98,01 30/10 -3,03 SOGINDEX FRANCE 355,20 29/10 -31,90 FRUCTIDOR 38,47 30/10 0,73 ATOUT FRANCE D 115,51 30/10 -34,03 ACTILION PEA EQUI. 134,29 30/10 -19,07 CM EURO PEA C 14,49 30/10 -33,77 OBLITYS C 118,84 30/10 3,92 FRUCTIFRANCE C 53,61 30/10 -34,80 ATOUT FRANCE EUR. 114,58 30/10 -35,62 ACTILION PRUDENCEC 171,41 30/10 -1,11 CM FRANCE ACTIONSC 22,50 30/10 -35,25 OBLITYS D 115,18 30/10 2,33 PLANINTER 294,80 30/10 -30,79 ATOUT FRANCE MONDE 30,57 30/10 -31,99 ACTILION PRUDENCED 157,43 30/10 -2,54 CM MID-ACT.FRA 23,35 30/10 -23,44 PLENITUDE D 32,10 30/10 -24,29 Fonds communs de placements ATOUT MONDE 35,65 30/10 -32,81 INTERLION 248,65 30/10 5,73 CM MONDE ACTIONS C 216,96 30/10 -31,93 POSTE GESTION C 2695,58 30/10 2,55 Fonds communs de placements FRUCTI EURO 50 60,76 29/10 -38,27 ATOUT SELECTION 68,10 30/10 -35,03 LION ACTION EURO 62,15 30/10 -31,25 CM OBLIG.CT C 171,49 30/10 3,64 POSTE GESTION D 2291,02 30/10 -1,67 F&C EURO HI.YLD.BD 11,41 30/10 0,00 FRUCTI PROFIL 3 178,22 29/10 -4,37 CA AM ACT. FRA. C 221,15 30/10 -34,35 LION PEA EURO 62,77 30/10 -31,39 CM OBLIG.LONG T. 110,72 30/10 6,48 POSTE PREM. C 7318,47 30/10 2,49 F&C EUROPEAN EQTY 10,76 30/10 0,00 FRUCTI PROFIL 6 179,35 29/10 -13,09 CA AM ACT. FRA. D 179,20 30/10 -35,28 CM OBLIG.MOYEN T.C 360,63 30/10 5,58 POSTE PREM.1AN C 43805,68 30/10 2,63 F&C GLOBAL EQTY 10,59 30/10 0,00 FRUCTI PROFIL 9 163,29 29/10 -24,53 CA AM ACTIONS ASIE 14,10 30/10 -20,38 CM OBLIG.QUATRE 168,39 30/10 2,63 POSTE PREM.2-3ANSC 9657,19 30/10 4,38 F&C STERLING DISTN 5,85 30/10 0,00 FRUCTI VAL. EURO. 70,37 30/10 -28,18 CA AM ACTIONS USA 28,93 30/10 -30,03 CM OPTION DYNAM.C 22,85 30/10 -26,45 PRIMIEL EURO C 43,98 30/10 -18,48 F&C US SMALL CAP 39,78 30/10 0,00 CA AM CONVERT.EURO 391,07 30/10 -11,37 CIC CONVERTIBLES 4,85 30/10 -11,49 CM OPTION EQUIL.C 48,45 30/10 -9,99 PRIMIEL EURO D 43,23 30/10 -18,48 ...... CA AM INDICIA EURO 66,93 29/10 -40,80 CIC COURT TERME C 34,93 30/10 1,77 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTR.D 790,58 30/10 0,02 ...... CA AM INDICIA FRA. 227,97 29/10 -38,97 CIC COURT TERME D 26,80 30/10 -1,25 CM OPTION MODER. 19,34 30/10 -0,25 SOLSTICE D 364,10 30/10 0,31 ...... ECU.EXPANSIONPLUSC 43,27 13/10 2,07 CA AM OBLIG.INTER. 205,86 30/10 9,69 CIC ELITE EUROPE 86,25 30/10 -34,64 THESORA C 196,72 30/10 3,48 ...... ECUR.1,2,3..FUTURD 34,11 30/10 -31,15 CAPITOP EUROBLIG C 106,93 30/10 5,43 CIC EPARG.DYNAM.C 2117,51 30/10 1,84 THESORA D 162,09 30/10 2,13 ...... ECUR.ACT.EUROP.C 12,55 30/10 -26,68 CAPITOP EUROBLIG D 84,85 30/10 1,39 CIC EPARG.DYNAM.D 1582,53 30/10 -3,49 TRESORYS C 48999,01 30/10 2,75 ...... ECUR.ACT.FUT.D/PEA 41,31 30/10 -33,56 CAPITOP MONDOBLIG 49,27 30/10 9,19 CIC EUROLEADERS 249,53 30/10 -36,61 Fonds communs de placements ...... ECUR.CAPITAL.C 46,68 30/10 5,24 Fonds communs de placements CIC FINUNION 183,96 30/10 3,66 STRATEG.IND.EUROPE 129,44 29/10 -36,70 DEDIALYS FINANCE 58,63 30/10 -27,19 ...... ECUR.DYNAMIQUE + D 29,27 30/10 -29,89 ATOUT VALEUR 51,78 29/10 -33,76 CIC FRANCE C 23,07 30/10 -35,14 Fonds communs de placements DEDIALYS MULTI SEC 45,72 30/10 -26,22 ...... ECUR.ENERGIE D 32,49 30/10 -24,39 CA AM ACT. RESTR. 176,92 29/10 -33,62 CIC FRANCE D 22,86 30/10 -35,73 STRATEGIE CAC 3805,49 29/10 -36,12 DEDIALYS SANTE 72,75 30/10 -19,70 ...... ECUR.EXPANSION C 15238,93 30/10 2,73 CA AM ACT.FONC.EUR 88,19 30/10 -5,31 CIC MONDE PEA 17,40 30/10 -37,90 STRATEGIE IND.USA 6523,63 29/10 -31,07 DEDIALYS TECHNO. 18,46 30/10 -45,78 ...... LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/25 AUJOURD’HUI sciences

Après la défaite de Gary Kasparov en 1997, le nou-  ? Sûrement pas. L’ordinateur utilise la  pourront enregistrer bientôt, en nent à la machine la faculté de passer le test de Turing, veau champion du monde, Vladimir Kramnik, n’a pu méthode de la force de calcul brut pour se mesu- temps réel, la totalité de l’activité cérébrale d’un être discernant l’intelligence. Mais, pour  - faire que jeu égal avec Deep Fritz. Faut-il en déduire rer au joueur d’échecs dont le cerveau fait appel à humain, ce qui permettra de visualiser les ressources , la complexité du cerveau reste encore hors que la machine accède à une forme d’ de multiples facultés. Des techniques d’ qu’il exploite. Déjà, les joueurs d’échecs artificiels don- de portée des programmes informatiques. Aux échecs, la machine peut passer pour un joueur humain En tenant tête au champion du monde Vladimir Kramnik, l’informatique a confirmé sa victoire historique de 1997 sur Gary Kasparov. Désormais, elle peut prétendre faire jeu égal avec l’homme et même passer, dans ce domaine, le fameux test de Turing « DANS environ cinq ans, aucun bons résultats, rappelle Frederic Frie- être humain ne sera capable de bat- del. Prenons un exemple : la fabrica- tre les meilleurs logiciels d’échecs. » tion d’un avion qui traverse l’océan La machine a tenu La prophétie est signée de l’Alle- Atlantique. Au lieu de vous acharner tête au champion mand Frederic Friedel, fondateur de à le faire battre des ailes, pourquoi du monde d’échecs, la société ChessBase, qui a mis au ne pas simplement accepter le fait le Russe Vladimir point le programme Deep Fritz. que la meilleure des choses pour un Kramnik, lors du match Celui-ci vient de tenir tête au cham- avion est d’avoir des ailes rigides. Il y en huit parties pion du monde, le Russe Vladimir a certains inconvénients : vous ne qui s’est déroulé Kramnik, lors du match en huit par- pouvez pas vous poser sur un arbre, du 4 au 19 octobre ties qui s’est déroulé du 4 au 19 oc- mais vous traversez l’océan en quel- dans le royaume tobre dans le royaume de Bahreïn ques heures ». de Bahreïn. (Le Monde du 22 octobre). Les joueurs artificiels Après la victoire historique, en  ’ confirment leur niveau 1997, de Deep Blue, le superordi- L’approche par le calcul pur a exceptionnel. Ils sont nateur d’échecs d’IBM, face à Gary donc triomphé. Au point qu’aux désormais capables de Kasparov, ce nouveau bon résultat, échecs au moins, les logiciels ont battre 99,9999 % obtenu par une machine nettement passé avec succès le test de Turing. des pousseurs de bois moins puissante, prouve le niveau Pour déterminer si une machine est de la planète. exceptionnel atteint, aux échecs, intelligente ou pas, Alan Turing par les joueurs artificiels, capables avait imaginé un test, aussi appelé de battre 99,9999 % des pousseurs le « jeu de l’imitation », faisant de bois de la planète. Pour Frederic appel à deux joueurs : un homme et Friedel, les 0,0001 % restants ne un programme de conversation. Un résisteront pas longtemps, en raison deuxième homme sert de juge. Isolé de la progression mécanique qu’im- dans une pièce, celui-ci pose, par pliquent l’amélioration des program- téléscripteur, des questions diverses mes et surtout l’augmentation régu- aux deux joueurs, sans savoir lequel lière de la vitesse des processeurs. est l’humain et lequel la machine. Alan Turing postulait que si, dans    au moins 50 % des cas, le juge est La réussite des logiciels dans ce    /  incapable de distinguer l’homme de domaine s’explique aussi par la sim- l’ordinateur, alors ce dernier peut plicité relative des règles du jeu et un quelconque degré d’intelli- des logiciels est un faux débat. résultats aux échecs, il faut faire une borent pas de plan. Ils addition- être considéré comme intelligent. par la somme de recherches effec- gence ? Comme le faisait remar- « Une des choses les plus importantes machine qui joue aux échecs et pas nent, soustraient et comparent des Lors du match de Bahreïn, le grand tuées depuis plusieurs décennies. quer le mathématicien américain que nous avons apprises des échecs une machine qui imite le raisonne- nombres, des milliards et des mil- maître anglais Daniel King a expli- C’est le mathématicien anglais John Casti dans son livre Paradig- électroniques, c’est que l’idée selon ment humain. Les programmeurs ont liards de fois. Ils explorent laborieu- qué qu’il pouvait, « en regardant Alan Turing, père de l’intelligence mes perdus (InterEditions, 1991), laquelle les programmes allaient pen- découvert une deuxième façon de sement toutes les ressources de la simplement les parties, deviner qui artificielle, qui, dans son article « des programmes (…) peuvent pro- ser comme des êtres humains est faus- jouer aux échecs sur cette planète. La position, alors qu’un grand maître était Kramnik et qui était Deep fondateur datant de 1950, proposa duire des résultats d’apparence intel- se, assure-t-il. Ils ne le feront jamais. première consistait à utiliser la ma- ne tentera d’analyser que quelques Fritz. En revanche, si l’on me donne de développer des programmes ligente dans un domaine très limité, Cependant, ils deviendront intelli- tière grise qui est contenue dans suites de coups dont son expérien- une série de parties anonymes sans jouant aux échecs, cette activité abs- mais, hors de celui-ci, un abîme les gents d’une autre manière. Essayer votre tête, à exploiter vos milliards de ce lui indique qu’ils sont les plus que je sache si elles opposent deux traite jouissant d’une flatteuse répu- sépare de ce qu’on pourrait même de faire penser un ordinateur com- processeurs, qui sont très nombreux, prometteurs. humains, un humain et un ordina- tation de jeu « intellectuel ». Cepen- charitablement appeler la pensée. » me un être humain, essayer de leur mais pitoyablement lents. La seconde L’approche de l’intelligence arti- teur ou deux ordinateurs, je risque dant, une question est vite appa- Pour Frederic Friedel, qui tra- faire utiliser les mêmes stratégies que consiste à se servir d’un processeur ficielle, qui cherche à modéliser et d’avoir du mal à procéder à l’iden- rue : les machines qui pratiquent le vaille dans ce secteur depuis une nous, c’est faire fausse route. Un ordi- incroyablement rapide qui fera quel- à reproduire le raisonnement hu- tification… » jeu de roi avec un niveau de grand vingtaine d’années, le débat autour nateur est une entité différente d’un que chose de différent. » Les logi- main, a bien été explorée aux maître peuvent-elles prétendre à de l’intelligence supposée ou non cerveau humain. Si vous voulez des ciels ne raisonnent donc pas, n’éla- échecs, « mais cela n’a pas donné de Pierre Barthélémy

Marc Jeannerod, directeur de l’Institut des sciences cognitives de Lyon L’intelligence artificielle face à la complexité du cerveau

« Enregistrer l’ensemble de l’activité cérébrale » DOUGLAS HOFSTADTER, pro- même compositeur et contempteur et visant à modéliser les processus fesseur de sciences cognitives et de la musique de fond, qu’il qualifie créatifs humains en tentant, par Vous êtes directeur de l’Insti- nucléaire. Elle consiste à mesurer Cela dépendra pour beaucoup d’informatique à l’université de l’In- de « papier peint auditif ». exemple, de leur faire générer une tut des sciences cognitives à l’uni- l’information produite par la de l’attitude des psychiatres. En diana, à Bloomington, est partagé police de caractères complète à versité Claude-Bernard de Lyon. désoxyhémoglobine, une molécule toute hypothèse, les nouveaux et entre son désir de concevoir des pro-    partir d’une seule lettre ou d’un Les activités intellectuelles des dipôle qui, placée dans un champ futurs acquis auront une incidence grammes informatiques capables Ebranlé dans ses convictions, groupe de lettres. « Nous avons joueurs d’échecs ont-elles déjà magnétique, produit un – dit majeure sur la compréhension des de créativité et son admiration pour Douglas Hofstadter a organisé en défini des caractères de « a-ité » ou fait l’objet d’enregistrement par « de relaxation » – d’autant plus affections mentales. Ces dernières la complexité du cerveau humain. mai 2000 un symposium rassem- de « b-ité » afin de permettre au les nouvelles techniques d’ima- intense qu’elle est en grande quan- seront de plus en plus analysées et Ainsi, la déception due à un échec blant la crème des chercheurs en programme de transporter les attri- gerie cérébrale fonctionnelle ? tité. Or cette molécule est présente décryptées en termes de modifica- dans ses travaux est atténuée par IA pour faire le point. « J’ai consta- buts et qualités d’une lettre donnée Pas à ma connaissance. De tels là où il y a eu consommation d’oxy- tions dynamiques de l’activité céré- l’émerveillement face à la profon- té que John Holland, pourtant inven- sur toutes celles de l’alphabet », pré- travaux pourraient fournir des ima- gène. Il faut ajouter une technique brale plutôt qu’en termes, réduc- deur de l’esprit. Cette humilité teur des algorithmes génétiques, cise-t-il. « Je suis content de dire ges intéressantes, mais dont nous basée sur la consommation de glu- teurs, de possibles lésions neurolo- oriente sa démarche de chercheur était encore plus sceptique que moi que cela ne marche pas très aurions sans doute bien du mal à cose, procédé plus complexe qui giques. Les neurosciences cogniti- en intelligence artificielle (IA) ou, sur le potentiel de l’IA. Cela m’a bien… », lance-t-il en riant. «Le préciser la signification tant ce jeu impose le recours au fructose ves vont donc entrer de plein droit suivant l’expression qu’il préfère, redonné confiance dans mon intui- programme est encore très, très fai- renvoie à des stratégies comple- radioactif, a priori moins inoffensif dans le monde de la psychiatrie. en sciences cognitives. tion. » Le chercheur poursuit ainsi ble ! » Une preuve de plus, pour xes. De nombreuses études ont que l’oxygène radioactif. Verra-t-on un jour prochain L’auteur de l’ouvrage mondiale- sa propre voie, explorant les lui, de la profondeur de l’esprit toutefois été menées ces dernières Quels sont les champs de l’acti- les images de l’activité cérébrale ment connu Gödel, Escher, Bach, les « mécanismes de la créativité, dont humain et de ses aptitudes esthéti- années dans le champ du calcul, vité intellectuelle humaine du meilleur joueur d’échecs brins d’une guirlande éternelle, la frontière avec la pensée normale ques. Mais il se dit également «un mathématique ou non, ainsi que concernés par les cartographies mondial confronté au plus puis- publié en 1979, s’est engagé dans n’est pas très précise ». Avec ses peu déçu ». Preuve qu’il n’a pas dans des domaines qui ont à voir cérébrales actuelles ? sant des ordinateurs ? une voie diamétralement opposée à doctorants, il se lance des défis tels perdu tout espoir d’élucider, un avec les échecs, comme la prise de Il s’agit pour l’essentiel d’activi- La limite des systèmes actuels celle qui a amené les concepteurs que de « savoir ce qu’est un jour, les mécanismes intimes de la décision, la motivation et l’affecti- tés cognitives internes au sujet, est leur lenteur. Il leur faut, pour des logiciels de Deep Blue ou de concept ». Aujourd’hui, il expéri- pensée. vité associée. Il y a peu, une équipe comme la recherche de mots, le tra- fournir des informations et des Deep Fritz à égaler ou battre les mente des programmes fonction- de chercheurs français de Caen a vail de mémoire, l’imagination spa- images, un temps de l’ordre de champions du monde d’échecs. nant avec des nombres aléatoires Michel Alberganti publié un travail montrant l’activi- tiale. Il s’agit aussi d’activités cogni- 60 secondes pour la méthode « Ceux qui ont vu dans ces réussites le té particulière du cerveau dans cer- tives en réponse à des stimulations radioactive et de quelques secon- signe d’un aboutissement de l’intelli- taines régions du cortex pariétal externes. Dans ce cas, on montre des pour la résonance magnéti- gence artificielle n’ont pas compris chez un calculateur prodige. Ces au sujet des objets sous différents que, alors que la « fenêtre cogniti- que ce jeu ne constitue pas un terrain travaux ne sont pas inintéressants, angles, sous différentes couleurs, ve » d’un joueur d’échecs est de approprié pour en juger », décla- mais, pour ma part, je suis plus des visages plus ou moins fami- l’ordre de 200 à 300 millisecondes. re-t-il. « En fait, c’est sur le jeu intéressé parce que ces nouvelles liers, et on établit des cartogra- Mais nous disposerons sous peu d’échecs lui-même que ces parties techniques peuvent nous apporter phies cérébrales correspondant de machines plus rapides grâce à nous informent en révélant qu’il est quant aux mécanismes communs à spécifiquement à ces situations. la magnétoencéphalographie, une possible de vaincre grâce à la force tous en matière de calcul, de pen- Quelles sont les perspectives technique permettant le recueil in brute de calcul, ce que nous ne soup- sée, de mémorisation. Je ne souhai- et les applications ? situ des courants électriques issus çonnions pas il y a vingt ans. » Dou- te pas tant m’intéresser à l’indivi- Elles sont immenses. La métho- des neurones à la vitesse de l’élec- glas Hofstadter rappelle néanmoins duel – qui doit être préservé – dologie évolue de jour en jour et tricité. Nous aurons la possibilité que certaines écoles de l’IA ne sont qu’aux mécanismes collectifs. nous utilisons, pour créer des d’enregistrer l’ensemble de l’activi- pas éloignées des concepteurs de Pouvez-vous résumer quels champs magnétiques expérimen- té cérébrale, avec la plus grande jeux d’échecs lorsqu’elles tentent de sont les moyens dont vous dispo- taux, des aimants de plus en plus précision topographique, du cer- créer un cerveau artificiel en sez aujourd’hui pour établir des puissants qui nous offrent des défi- veau humain, dont les caractéristi- « contournant » les processus de cartographies cérébrales fonc- nitions de plus en plus grandes ques structurales et fonctionnelles l’organe humain. C’est le cas de pro- tionnelles ? tout en garantissant une totale font qu’il est à la fois nettement jets misant sur l’addition de puces Cette nouvelle discipline est innocuité. Dans les premières plus lent et notablement plus riche de plus en plus puissantes, croyant issue des travaux menés dans les années de son développement, et complexe que les meilleurs des ainsi que la loi de Moore conduira années 1970 par le savant améri- notre discipline ne faisait que ordinateurs qu’il a permis de les machines à l’intelligence. cain Lou Sokolov. On peut schéma- confirmer ce que Broca et ses créer. Douglas Hofstadter a toutefois tiquement distinguer deux techni- confrères avaient établi, il y a plus douté devant l’exploit de David ques. La première est basée sur les d’un siècle, sur la base de la patho- Propos recueillis Cope qui a réussi, grâce à son pro- niveaux de consommation d’oxy- logie et de l’autopsie. Désormais, par Jean-Yves Nau gramme EMI, à tromper les musico- gène par les tissus cérébraux. En nous avons comme perspective le logues en composant des morceaux pratique, on mesure les quantités champ immense et hautement pro- e Marc Jeannerod a participé à la de musique à la manière de Mozart, d’oxygène radioactif qui sont metteur des pathologies mentales. conception de l’exposition « Le cer- Bach, Chopin, Mahler ou Gershwin. consommées dans un territoire Voulez-vous dire que la neuro- veau intime » à la Cité des sciences « J’ai un tel respect pour la musique cérébral donné. La seconde techni- imagerie cérébrale moderne va et de l’industrie (www.cite-sciences. en tant que création humaine que cet que est celle de l’imagerie fonction- bouleverser la pratique de la psy- fr). Il vient de publier Le Cerveau inti- exploit m’a paru dévalorisant pour nelle par résonance magnétique chiatrie ? me, Odile Jacob, 220 p., 20 ¤. elle », déclare le chercheur, lui- 26/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 AUJOURD’HUI sciences En Auvergne, plusieurs tombes de chevaux gaulois Les algues toxiques étendent révèlent d’énigmatiques pratiques funéraires la durée de leur présence sur les côtes françaises Les cinq sépultures découvertes contiennent de 6 à 10 animauxdont la disposition méticuleuse intrigue les chercheurs, qui s’interrogent sur l’absence des squelettes des cavaliers Trois espèces perturbent pêche et ramassage

CLERMONT-FERRAND BREST que, mais la concentration de toxi- de notre envoyé spécial de notre correspondant nes était nettement inférieure à cel- Trois serres au milieu d’un L’algue dinophysis, qui produit le observée en Bretagne. immense chantier routier. Sous ces Grâce des toxines diarrhéiques – responsa- L’observation de la seconde espè- bulles de plastique on ne fait rien à leur denture, bilité mise en évidence en 1983 —, ce toxique d’Alexandrium,latama- pousser. Elles servent simplement les chercheurs ont pu s’invite depuis des années au prin- rense-catenella, date de novem- à protéger des intempéries une déterminer que tous temps et en été dans les eaux côtiè- bre 1998, dans l’étang de Thau (Lan- découverte archéologique destinée les chevaux étaient res de la Manche et de l’Atlantique guedoc). Elle avait alors entraîné à faire date. Nous sommes sur les des mâles. et, de façon plus variable, en Médi- une interdiction de vente et de fouilles préventives réalisées sur le Mais l’examen terranée. Pourtant, à la mi-octobre, ramassage des coquillages. tracé du futur contournement sud- des squelettes ce qui est rare, la pêche et le ramas- Pour expliquer l’apparition de est de l’agglomération clermontoi- n’a pas permis sage de coquillages étaient encore l’Alexandrium sur les côtes françai- se. Chacune de ces serres abrite de découvrir la cause interdits dans certains secteurs du ses, Catherine Belin émet des hypo- une fosse contenant plusieurs che- de leur mort, Finistère sud. Depuis le mois de thèses. « Les espèces, dit-elle, ont vaux, inhumés il y a environ deux mai, en baie de Douarnenez, les été vraisemblablement importées par qui n’est millénaires. Pas de doutes sur l’ori- pêcheurs professionnels de tellines, des eaux de ballast de bateaux ou sans doute pas due gine des animaux : leur petite taille des petits mollusques bivalves, encore par des transferts de coquilla- – 1,20 mètre au garrot – est caracté- à une épizootie, n’ont donc pu exercer leur activité ges entre des pays. » En revanche, ristiques des chevaux gaulois et rap- car l’enfouissement et protestent. Dans le Morbihan et elle ne se prononce pas sur l’origine pelle la spectaculaire tombe décou- des cadavres aurait en Loire-Atlantique, épargnés par de deux formes toxiques du Pseudo- verte fin 2001 au Cendre, dans le été plus désordonné. la contamination du dinophysis cet nitzschia, dont des variétés inoffen- même secteur, qui avait livré huit été, l’alerte a été donnée, car l’al- sives sont connues depuis long-

hommes et leurs montures, parfai-  /2002 gue toxique est apparue en septem- temps sur le littoral français. Le tement alignés sur deux rangées bre, ce qui est nouveau. Pseudo-nitzschia pseudodelicatissi- (Le Monde du 31 mai), dont la data- et dernière tombe, en voie de déga- Un examen préliminaire des « La seconde envie du chercheur Pour expliquer cette présence tar- ma et P. multiseries identifiés récem- tion au carbone 14 a confirmé par gement, laisse apparaître au moins squelettes n’a pas permis de décou- consiste à rapporter un événement dive, on évoque des conditions cli- ment pourraient être deux espèces la suite les deux mille ans d’âge. sept chevaux, dont un à genoux. vrir quelle avait été la cause de la incompris à un événement histori- matiques et hydrologiques, mais le nouvelles ou avoir échappé aux Cette fois, aucun être humain ne Cette pratique funéraire intrigue mort, qui, selon toute vraisemblan- que, poursuit Christian Goudineau. cycle de cette algue et son dévelop- observations. Pour les reconnaître, vient se mêler aux animaux. La dis- les chercheurs. Pourquoi faire l’ef- ce, n’a pas été provoquée par une Ici, nous sommes à un kilomètre de pement restent mal connus. Elle ne il faut recourir au microscope élec- position sur deux rangs est respec- fort de creuser des fosses assez lar- épizootie, car l’enfouissement des Gergovie… S’agit-il d’un fait de se cultive pas non plus en labora- tronique. tée, mais chacune des cinq tombes ges et d’y disposer méticuleuse- corps aurait été plus désordonné. guerre, sachant que les Gaulois n’ont toire, à la différence de deux autres, dessine en quelque sorte un motif ment les cadavres, lorsqu’il ne « En l’absence de tout indice, nous pas seulement livré bataille aux moins sympathiques encore,   différent sur cette trame unique. s’agit « que » de chevaux ? En l’ab- nous trouvons devant une véritable Romains mais qu’ils se battaient l’Alexandrium et le Pseudo-nitzs- Ces espèces existent pour l’heure La première contient dix animaux : sence de référence, de texte, mais énigme et nous en sommes malheu- aussi souvent entre eux ? Un certain chia, dont l’apparition a été consta- en quantité limitée par rapport à deux rangs de quatre et deux che- aussi de matériel funéraire puis- reusement réduits à émettre des nombre de peuples avaient coutu- tée plus récemment. Ces deux-là un seuil de sécurité sanitaire qui vaux dessous. La deuxième est la qu’on n’a retrouvé ni céramique ni hypothèses, déplore le spécialiste de me, lorsqu’un cavalier mourait à la produisent respectivement des toxi- inclut une marge de précaution, réplique sans les hommes de la élément de harnachement, les spé- la Gaule Christian Goudineau, pro- guerre, de tuer son cheval. Mais nes paralysantes et amnésiantes mais la prolifération de l’une d’el- tombe du Cendre : deux fois qua- cialistes s’interrogent sur le sens de fesseur au Collège de France. La alors pourquoi, contrairement à l’an- qui, dans des situations extrêmes, les a entraîné tout de même au prin- tre montures, couchées sur le flanc ces inhumations collectives. première tendance, quand on tombe née dernière, n’a-t-on pas les squelet- peuvent se révéler mortelles ou pro- temps 2000 la première interdic- droit, la tête au sud. La troisième sur quelque chose que l’on n’a tes des hommes ? » voquer un coma. tion de vente de coquillages, pour compte encore huit chevaux, un  jamais rencontré, consiste à dire : De l’avis de l’historien, une expli- « Il n’y a eu aucun cas d’intoxica- cause de toxines amnésiantes, en peu les uns sur les autres, mais qui La seule indication, donnée par c’est cultuel… Mais cette pratique est- cation pourrait provenir du fait tion en France, mais c’est notre mer d’Iroise et dans la baie de suivent toujours le schéma de Pierre Caillat, archéozoologue de elle déjà avérée dans les rituels reli- que les tribus gauloises ne sui- frayeur », observe Catherine Belin, Douarnenez. « Et, précise l’Ifre- base. La quatrième sépulture, plus l’Institut national de recherches gieux du monde celtique ? On con- vaient pas toutes les mêmes rites biologiste à l’Ifremer et coordonna- mer, en avril-mai 2002, le littoral de curieuse, montre six animaux sur archéologiques préventives : « Grâ- naît des sacrifices de chevaux laissés funéraires : chez les Arvernes, on trice du Rephy (réseau de sur- l’Hérault, celui du Gard et une par- deux rangs de trois, la tête posée ce à la denture, on peut dire que ce à l’air libre, qui se sont décomposés continuait à inhumer, contraire- veillance du phytoplancton et des tie des Bouches-du-Rhône ont été sur la ligne médiane de la fosse, sont uniquement des mâles, parce et dont on a ensuite ramassé et ment à plusieurs peuples de la phytotoxines), qui gère 60 points touchés. » plus un septième disposé en tra- qu’ils ont la canine qui manque aux enfoui les os, mais pas de telles sépul- Gaule qui étaient passés à l’inci- de prélèvement sur le littoral fran- Si les espèces d’algues toxiques vers des autres. Au moins un des juments. Il s’agit d’animaux adultes tures, ou alors de type individuel. nération. Or de nombreuses tribus çais durant l’année et peut en acti- paralysantes ou amnésiantes ont chevaux a été enterré sur le dos, et dont on essaiera de déterminer l’âge Par ailleurs, on voit mal un temple s’étaient alliées pour combattre ver 200 en cas de besoin. Plusieurs tendance à croître, leurs effets non sur le flanc, comme on le de- par l’analyse du stade d’usure des avec des dépôts sacrificiels dispersés César, hétérogénéité qui pourrait espèces d’Alexandrium sont obser- nocifs supposent une forte concen- vine à son squelette. La cinquième dents et de leur cément. » sur une aire aussi importante. » trouver sa traduction dans la diver- vées sur les côtes françaises, mais tration, à la différence du classique sité des sépultures. Si cette théorie seules deux d’entre elles sont toxi- dinophysis, qui parvient à ses fins était exacte, la tombe mixte mise ques. Particularité : leurs cellules plus modestement. « On voit arri- au jour en 2001 contiendrait des peuvent se tranformer en kystes, se ver leur développement », constate cavaliers arvernes et les fosses à réfugier l’hiver dans le sédiment et Catherine Belin, dont le réseau sur- chevaux découvertes cette année prospérer de nouveau à la belle sai- veille, mais prévient aussi. les montures de guerriers issus de son. Bref, elles refleurissent… Ces trois types d’algues (dinophy- différentes tribus. « Il nous faut La première observation d’une sis, Alexandrium, Pseudo-nitzschia) plus de renseignements, il faut que concentration élevée d’Alexan- dont la présence est observée de l’étude des squelettes nous dise com- drium minutum associée à des toxi- façon croissante en Europe et dans ment ont été tués ces hommes et ces nes dans les coquillages date de le monde sont actuellement les chevaux, souligne Christian Goudi- 1988, en Bretagne nord. Pendant trois seuls maux du littoral fran- neau. Nous sommes ici sur quelque plusieurs années, les foyers toxi- çais. En 1987, sur la Côte est des chose dont plusieurs de mes collè- ques ont été localisés dans les abers Etats-Unis, une neurotoxine pro- gues européens estiment qu’il s’agit du Finistère nord, la baie de Mor- duite par un organisme, le Pfieste- d’un événement dans l’archéologie laix et le secteur de la Rance, et ria, avait provoqué trois décès à du monde celtique. Mais, si l’analyse l’Ifremer observait régulièrement la Chasepeake Bay. La Chine connaît en laboratoire ne nous donne pas même algue sur une partie de la elle- même chaque année son lot ces réponses, nous resterons dans façade Atlantique, mais en faible d’intoxications mortelles provo- l’imaginaire et la fantaisie. » quantité. Jusqu’en 2000, où une quées par des coquillages infectés. zone nouvelle est apparue en rade P. B. de Toulon. La souche était plus toxi- Vincent Durupt Les glaces du Kilimandjaro fondent à grande vitesse sous l’effet du réchauffement climatique Elles devraient avoir complètement disparu entre 2015 et 2020

LES NEIGES du Kilimandjaro Pendant la période humide, le archéologiques. Mais elles sont très sont en train de fondre à grande niveau des lacs de la région était intéressantes, car c’est la première vitesse sous l’effet du réchauffe- supérieur de cent mètres à celui qui fois qu’on prélève et qu’on analyse des ment climatique. Après avoir perdu existe actuellement, et dans la zone carottes de glace en Afrique. Et c’est 17 mètres d’épaisseur depuis 1962, subsaharienne, l’expansion lacustre sans doute la dernière », confirme soit 50 cm par an, les glaciers de ce était massive. « Le lac Tchad cou- Françoise Gasse, directeur de recher- sommet tanzanien qui culmine à vrait une superficie de 330 000 à che au CNRS, au Centre européen 5 895 mètres devraient avoir com- 438 000 km2, comparable à celle de la de recherche et d’enseignement en plètement disparu entre 2015 et mer Caspienne aujourd’hui », ajou- géosciences de l’environnement 2020. C’est l’un des résultats obte- tent les scientifiques. Il tombait envi- (Cerege) à Aix-en-Provence (Bou- nus par une équipe internationale ron 650 mm d’eau par an sur le bas- ches-du-Rhône), qui signe un com- qui a séjourné pendant un mois, en sin du lac Tchad – contre 350 mm mentaire dans le même numéro de 2000, sur le plus haut sommet de aujourd’hui – et les précipitations Science. « Toutes ces informations tra- l’Afrique, au prix d’efforts considé- sur le bassin de Ziway-Shala en duisent de toute évidence des change- rables. Ethiopie étaient supérieures de ments climatiques considérables et Dirigée par Lonnie Thomson, pro- 47 %. abrupts en Afrique. » Variations fesseur de géologie à l’université de dues, pour une bonne part, à la posi- l’Ohio, l’équipe a prélevé six carot-    tion de la Terre par rapport au Soleil tes de glace qui, analysées, viennent A partir de 4 000 ans, le climat a pendant cette période. de fournir de précieuses informa- commencé à changer, et cette pério- tions sur 11 700 ans d’histoire du cli- de a connu une sécheresse si mar- Christiane Galus mat africain. Les glaces piègent en quée qu’« elle a vraisemblablement effet des bulles d’air dont la compo- provoqué l’effondrement de plusieurs sition fluctue en fonction des condi- civilisations ». Un fait attesté par la a ESPACE :l’astronaute belge tions météorologiques. Les cher- présence d’une grande quantité de Franck De Winne et ses coéqui- cheurs expliquent dans la revue poussières dans les carottes. Cette piers russes Serguei Zaliotine et Science du 18 octobre que la région sécheresse a touché d’autres régions Iouri Lontchakov devaient s’amar- a connu deux grandes phases clima- de la planète, puisque l’on retrouve rer à la station spatiale internatio- tiques : l’une, chaude et plus humi- de grandes quantités de poussières nale, vendredi 1er novembre, pour de, entre 11 000 et 4 000 ans, suivie dans les échantillons de glace préle- une mission-taxi de dix jours. Les d’une période plus sèche et plus fraî- vés sur le Huascaràn, le plus haut trois hommes, partis de Baïkonour che qui dure encore aujourd’hui. sommet des Andes péruviennes (Kazakhstan) mercredi 30 octobre, Les scientifiques ont également (6 768 m), et datés de – 4 300 ans. à bord d’une capsule Soyouz-TMA détecté trois sécheresses catastro- « Ces données confirment ce que de nouvelle génération, revien- phiques : il y a 8 300 ans, 5 200 ans l’on savait déjà grâce à l’étude des dront sur Terre le 10 novembre et 4 000 ans. données lacustres, géologiques et avec l’actuel vaisseau de secours. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/27 AUJOURD’HUI sports

Douzième Lyon n’a pas su gérer sa rencontre avec l’Ajax Amsterdam défaite

Football b Battus (0-2) au terme d’un match qu’ils n’ont pas su aborder, les Lyonnais devront s’imposer du Défi Areva LE DÉFI AREVA S'EST INCLINÉ dans quinze jours chez les Norvégiens de Rosenborg pour franchir le premier tour de la Ligue des champions face au Team Dennis Conner, dans le cadre du deuxième Round LYON occupant une position davantage en Robin de la Coupe Louis-Vuitton, de notre envoyé spécial retrait que lors des précédents mat- jeudi 30 octobre dans le golfe L’avenir de Lyon en Ligue des ches, le milieu de terrain lyonnais a d’Hauraki (Nouvelle-Zélande). Le champions s’est soudainement Face à un Ajax semblé moins inspiré que face à l’In- voilier américain barré par Ken assombri, mercredi 30 octobre, sur Amsterdam ter ou à Rosenborg. « Nous avons Read l'a emporté d'une minute et la pelouse du . Bat- opportuniste persisté à passer dans l’axe, alors qu’il douze secondes. Très serrée au tu (0-2) par l’Ajax Amsterdam, et réaliste, la défense aurait fallu déployer le jeu sur les début, la régate a tourné à l’avanta- l’Olympique lyonnais a laissé filer lyonnaise a montré ailes », a regretté Paul Le Guen. ge des Américains sur une bascule une chance de se qualifier pour la une nouvelle fois Le secteur défensif, hésitant dans de vent. FRA-69, qui enregistre sa deuxième phase de la compétition ses limites. ses relances et ses interventions, a douzième défaite consécutive, n’a européenne, l’un des objectifs Les Lyonnais Jérémie montré quelques maladresses. toujours pas marqué de point. La majeurs de sa saison. Si rien n’est Bréchet et Edmilson Match après match, il apparaît com- régate au cours de laquelle les Fran- encore perdu, les hommes de Paul (à droite) tentent ici me le talon d’Achille des Rhoda- çais et les Italiens de Mascalzone Le Guen se sont sérieusement com- de s’interposer niens. Le but de Rafael Van der Latino se disputeront la huitième pliqué la tâche. Il leur faudra s’impo- devant Ahmed Mido, Waart, dans les arrêts de jeu, est le et dernière place qualificative pour ser mardi 12 novembre en Norvège, l’attaquant égyptien cinquième encaissé par l’OL au la suite de la compétition est pour face à Rosenborg, un club qui ne de l’Ajax. cours des deux derniers matches de l’instant fixée à dimanche. Ligue des champions. Et sans la vigi- lance de Gregory Coupet, notam- « On accepte le verdict, ment en début de rencontre, l’addi- Rugby : la France tion aurait pu être plus lourde. On mais nous en avons / retiendra aussi que l’absence du présente son Malien Mahamadou Diarra, révéla- gros sur le cœur » les grands d’Europe dans les quatre important. A la fin de poules qualifi- mauvaise entame, l’OL n’aurait pas tion du début de saison et victime projet pour 2007 années à venir.Dans son groupe, catives, il est fréquent de disputer, eu à courir en vain derrière le score d’une crise de paludisme, a pesé -  considéré comme l’un des plus comme ce fut le cas mercredi con- pendant toute la rencontre. dans l’organisation des joueurs LA FRANCE a présenté, mercredi ardus de la Ligue des champions, tre l’Ajax, des rencontres « qu’il Le deuxième enseignement que locaux. 30 octobre, son projet d’organisa- Lyon a prouvé sur le terrain qu’il vaut mieux gagner mais où le match Lyon pourra retenir de ce match est A l’avenir, Lyon devra aussi tion de la Coupe du monde jouera plus que pour l’honneur était à la hauteur de ses ambitions nul peut suffire ». La manière de les que dominer n’est pas gagner. Les apprendre à accepter les décisions 2007. Celui-ci se distingue assez après sa défaite dans l’autre match en écrasant Rosenborg (5-0) au aborder est souvent délicate : faut- statistiques de la rencontre plaident arbitrales litigieuses. Le ballon pro- nettement du projet anglais, qui du groupe D, devant l’Inter Milan match aller, puis en s’imposant à il attaquer, se replier en défense, largement en faveur des champions pulsé de la tête par Sonny Ander- propose une Coupe du monde à (3-0). S’il n’y parvient pas, l’OL Milan contre l’Inter (1-2) ou en reve- procéder par contres ? de France. Sonny Anderson et ses son à la 43e minute a-t-il entière- deux niveaux. Le projet français devra se contenter d’une place en nant au score toujours face à l’Inter Pour ne pas avoir su par quel partenaires ont tiré dix-sept fois au ment franchi la ligne de but néerlan- prévoit un tournoi final rassem- Coupe de l’UEFA et verra filer les (3-3), mardi 22 octobre. Au résultat, bout prendre son match face à but (contre cinq tirs pour les Néer- daise avant d’être dégagé par Chris- blant vingt équipes, près de cent 12 millions d’euros promis aux qua- il a souvent ajouté la manière, pro- l’Ajax, Lyon a été puni, et ce dès la landais) et ils ont eu le ballon en leur tian Chivu ? « Tout le monde a vu nations s'affrontant au cours des lifiés pour le deuxième tour de la posant un jeu vif et tourné vers l’of- 7e minute, par un but du Sud-Afri- possession 64 % du temps. Mais cela que le but était valable. C’est qualifications. Bernard Lapasset, le plus lucrative des Coupes d’Europe. fensive. Alors que s’est-il passé face cain Steven Pienaar. Les alertes n’a pas suffi. Malgré leur supériorité d’autant plus rageant, s’est emporté président de la FFR, a insisté sur le Il va sans dire que ce manque à à l’Ajax d’Amsterdam, un club sur sérieuses devant le but de Gregory numérique (le Néerlandais Christian Jean-Michel Aulas. Les gens de la choix des dates – 7 septembre au gagner porterait un rude coup aux lequel il avait déjà buté au match Coupet, avant même cette rapide Chivu a été expulsé à la 62e minute télévision ont mesuré que le ballon 20 octobre – en expliquant qu’elles finances de l’OL. L’image du cham- aller (2-1), en septembre ? Plusieurs ouverture du score, n’avaient pas pour une faute sur Tony Vairelles), il avait franchi la ligne de cinquante représentent un juste milieu : les pion de France en serait également enseignements peuvent être tirés manqué. « Notre début de match a a toujours manqué aux Lyonnais centimètres. On accepte le verdict, conditions climatiques seront enco- écornée. Pour un club qui a rejoint de cette deuxième défaite. été particulièrement mauvais,a une accélération, un dribble ou une mais nous en avons gros sur le cœur, re estivales et le rugby n'entrera cette année le G14, le groupement S’il veut devenir un club reconnu déploré Paul Le Guen, l’entraîneur. passe qui leur aurait permis de faire car l’équipe avait fait ce qu’il fallait pas en concurrence médiatique réunissant les dix-huit clubs les plus et craint au niveau européen, l’OL Nous avons beaucoup trop subi le jeu la différence et de s’épargner bien pour égaliser. Ce soir, l’OL paie cash avec d’autres sports. Les rencon- puissants d’Europe, l’échec serait doit d’abord améliorer la gestion de de nos adversaires jusqu’au premier des soucis. une très grosse erreur d’arbitrage. tres se dérouleraient dans les dix de taille. Jean-Michel Aulas, prési- certains matches, notamment de but. J’ai même l’impression que nous Lyon devra aussi revoir ses sché- L’arbitre-assistant était effondré. Il stades de la Coupe du monde de dent de l’OL, s’est fixé comme ceux qui ne semblent pas forcé- l’avons attendu avant de commencer mas tactiques. Car, malgré un pleurait lorsque je suis allé le voir. Est- football 1998. L’attribution de la objectif d’installer son club parmi ment présenter l’enjeu le plus à gagner nos duels. » Sans cette Vikash Dhorasoo survolté, mais ce suffisant ? Non. Nous avons tenté Coupe du monde 2007 devrait de maîtriser nos émotions et d’être avoir lieu en avril 2003. correct, car c’est la seule solution,  mais, ce soir, c’est dur à avaler. » L’AJ Auxerre quitte la Ligue des champions, le Real battu mais qualifié a BASKET-BALL : Pau-Orthez a Pierre Lepidi décroché une deuxième victoire L’AJ AUXERRE a vécu une triste compétition européenne. Auxerre se compliquaient la tâche à la pour doubler la mise dès la reprise en Euroligue messieurs, mercredi e e soirée, mercredi 30 octobre, à Eind- et le PSV se disputeront à distance 26 minute, quand Philippe Mexès (48 ) au terme d’une action LYON-AJAX AMSTERDAM 0-2 30 octobre à Pau, contre les Ita- hoven, s’inclinant 3-0 face au PSV la troisième place du groupe, syno- écopait d’un second carton jaune, conclue par Dennis Rommedhal. liens de Fortitudo Bologne (76-71) e au terme d’une rencontre mar- nyme de repêchage en Coupe de sévère, pour une obstruction sur Le match tournait définitivement Ligue des champions, à l’occasion de la 4 soirée de la quée par les exclusions des interna- l’UEFA, à l’occasion de la dernière Arjen Robben. Désorganisés en au cauchemar pour l’AJA après 1re phase - Groupe D - 5e journée compétition. Chez les dames, Gdy- tionaux français Philippe Mexès journée de la première phase, mar- défense centrale, les Bourgui- une nouvelle exclusion, celle d’Oli- • Stade de Gerland nia a dominé Bourges (72-62) sur (26e) et Olivier Kapo (51e) et l’élimi- di 12 novembre, au cours de laquel- gnons encaissaient un premier but vier Kapo, coupable d’un mauvais • Beau temps • 38 134 spectateurs son parquet lors d’un match comp- nation du club bourguignon de la le les Bourguignons recevront le àla34e minute, Arnold Bruggink, geste à la 51e minute. Quelques Arbitre : M. Vassaras (Gre) tant pour la première journée de Ligue des champions. Les hommes Borussia Dortmund. isolé aux six mètres, ne laissant minutes plus tard, Arjen Robben BUTS l'Euroligue (groupe B). de Guy Roux, désormais derniers La rencontre de mardi soir a tar- aucune chance à Fabien Cool. aggravait le score. AJAX AMSTERDAM : a RUGBY : , le du groupe A, sont mathématique- dé à s’enflammer, les deux forma- Privés pour ce match de leur La soirée a également été mar- sélectionneur national, a fait e e ment éliminés, le résultat du tions étant visiblement freinées meneur de jeu finlandais Teemu quée par les défaites à domicile de Pienaar (7 ), Van der Vaart (90 +3) appel à trois nouveaux éléments match Borussia Dortmund-Arse- par la peur de mal faire. Déjà peu à Tainio, blessé, les Auxerrois subis- Liverpool devant Valence (0-1) et AVERTISSEMENTS dans le groupe de 24 joueurs rete- nal (2-1) qualifiant ces deux équi- l’aise devant un adversaire leur lais- saient sans donner l’impression de surtout du Real Madrid – qualifié nu, mercredi 30 octobre, en vue du AJAX AMSTERDAM : De Jong (36e), pes pour la deuxième phase de la sant peu d’espaces, les Auxerrois pouvoir réagir. Le PSV en profitait malgré cela pour la deuxième pha- Sikora (44e), Pienaar (49e), Ibrahimovic test-match qui doit opposer le XV se – face à l’AS Rome (0-1). Les (75e), Van der Vaart (80e), de France aux Sud-Africains le 9 RÉSULTATS Romains ont pris leur revanche Didulica (90e+4) novembre à Marseille : le demi de Groupe B : 0-1; Real Madrid-AEK Athènes 2-2 ; sur le match aller, qui les avait vus mêlée biarrot , le Liverpool (Ang)- Valence (Esp) 0-1 AS Rome-Genk 0-0. se faire humilier devant leur public EXPULSION trois-quart aile toulousain Vincent Spartak Moscou (Rus)-FC Bâle (Sui) repoussé au Classement : 1. Real Madrid, 8 pts (qualifié) ; par les Madrilènes (0-3). Déjà tenu AJAX AMSTERDAM : Chivu (62e) Clerc et le talonneur agenais Jean- LIGUE DES CHAMPIONS 5 novembre. 2. AS Rome, 8 ; 3. AEK Athènes, 5 ; 4. Genk, 3. Groupe D : en échec chez lui par l’AEK Athè- Baptiste Rué. re e Déjà joués : Valence-Liverpool 2-0 ; FC Bâle-Spar- 1 phase, 5 journée tak Moscou 2-0 ; Spartak Moscou-Valence 0-3 ; Lyon (Fra)-Ajax Amsterdam (P-B) 0-2 ; nes, lors de la précédente journée LES ÉQUIPES Arrières : (Pau), Groupe A : Liverpool-Bâle 1-1 ; Liverpool-Spartak Moscou Inter Milan (Ita)-Rosenborg (Nor) 3-0 ; de Ligue des champions, et par la LYON (entraîneur : Le Guen) : Clément Poitrenaud (Stade Toulou- PSV Eindhoven (Hol)-Auxerre 3-0 5-0 ;Valence-FC Bâle 6-2 ; Spartak Déjà joués : Rosenborg-Inter Milan 2-2 ; Ajax Coupet • Mueller, Edmilson, Caçapa, Borussia Dortmund (All)-Arsenal (Ang) 2-1 Moscou-Liverpool 1-3 ; Bâle-Valence 2-2. Amsterdam-Lyon 2-1; Lyon-Rosenborg 5-0 ; modeste équipe de Villarreal, le sain), (Montferrand), Brechet • Dhorasoo, Juninho, Déjà joués : Auxerre-PSV Eindhoven 0-0 ; Arse- Classement : 1. Valence, 13 pts (qualifié) ; Inter Milan-Ajax Amsterdam 1-0 ; Inter week-end dernier en championnat e Cédric Heymans (Stade Toulou- nal-Borussia Dortmund 2-0 ; Borussia 2. Liverpool, 7 ; 3. FC Bâle, 5 ; 4. Spartak Milan-Lyon 1-2 ; Rosenborg-Ajax Amsterdam d’Espagne, le Real traverse une Violeau (Vairelles, 60 ), Carrière sain), (Stade Toulou- (Luyindula, 79e) • Anderson, Govou. Dortmund-Auxerre, 2-1; PSV Eindhoven- Moscou, 0. 0-0 ; Lyon-Inter Milan 3-3 ; Ajax période difficile. Pour ne rien sain), (Pau), Tony Arsenal 0-4 ; Auxerre-Arsenal 0-1; PSV Groupe C : Amsterdam-Rosenborg 1-1. AJAX AMSTERDAM (entraîneur : arranger, Zinedine Zidane a quitté Marsh (Montferrand), Gérald Mer- Eindhoven-Borussia Dortmund 1-3 ; AEK Athènes (Gre)-Genk (Bel) 1-1 ; Classement : 1. Inter Milan, 8 pts ; 2. Ajax Ams- R. Koeman) : • e Didulica Trabelsi, Arsenal-Auxerre-1-2 ; Borussia Dortmund-PSV Real Madrid (Esp)-AS Rome (Ita) 0-1; terdam, 8 ; 3. Lyon, 7 ; 4. Rosenborg, 3. le terrain à la 78 minute, face à la • ceron (Montferrand), Dimitri Eindhoven 1-1. Déjà joués : Genk-AEK Athène s0-0 ; Au terme des six journées, les deux premiers de Bergdolmo, Chivu, Maxwell Galasek, Roma. Selon le service médical du e • Yachvili (Biarritz), Fabien Galthié Classement : 1. Borussia Dortmund, 10 pts (qua- AS Rome-Real Madrid 0-3 ; Real Madrid-Genk chaque poule sont qualifiés pour la deuxième Pienaar, De Jong, Sikora (Yakubu, 65 ) lifié) ; 2. Arsenal, 9 ; 3. PSV Eindhoven, 5 ; 6-0 ; AEK Athène-AS Rome 0-0 ; phase de la Ligue des champions, le troisième est Real, il souffre d’un hématome à la Mido (Van der Vaart, 56e), Ibrahimovic (Stade Français, cap). 4. Auxerre, 4. AEK Athènes-Real Madrid 3-3 ; Genk-AS Rome reversé en Coupe de l’UEFA. cuisse gauche. – (AFP.) (Van der Meyde, 76e). Avants : Pieter de Villiers (Stade Français), Jean-Jacques Crenca (Agen), (Stade Français), Raphaël Ibanez (Cas- Sébastien Grosjean et Nicolas Escudé se sont imposés dans la douleur tres), Jean-Baptiste Rué (Agen), (Montferrand), Tennis b Les deux derniers Français encore en lice à Bercy ont respectivement écarté Kenneth Carlsen et Albert Costa (), Thibault Privat (Béziers), Rémy LA BALLE de match fut intermi- tien qui n’a pas été superflu, vu ce où il finit, le plus souvent, par coup au moral fut fatal à Kenneth pression sur son adversaire. C’est Martin (Stade Français), Sébastien nable, et avant même sa conclu- l’opiniâtreté témoignée par Ken- les noyer. Ces qualités-là ne lui ont Carlsen. Dans la foulée, Sébastien le filet - auquel, à plusieurs reprise, Chabal (Bourgoin), sion, le public du Palais omni- neth Carlsen, vainqueur du tournoi jamais manqué, notamment dans Grosjean lui prenait son service et il s’était heurté au set précédent, (Biarritz), (Mont- sports de Paris-Bercy (POPB) par- de Tokyo le 6 octobre. « C'est un la deuxième manche, lorsque le concluait par un jeu blanc. Jeu- au point de lui asséner quelques ferrand), tit dans une volumineuse bouffée joueur pas facile à jouer et il a fait gaucher de Copenhague le mit di 31, en huitième de finale, il sera coups de raquette vengeurs – qui (Pau). de rire. Au bout de quelque vingt un bon match, expliquait Sébastien sous la menace de deux balles de confronté à l’Espagnol Carlos devait sceller sa victoire : à 4-3 échanges, Kenneth Carlsen craqua. Grosjean, tenant du titre à l’Open set. Moya. dans la dernière manche, sur le ser- a LOTO : résultats des tirages Sébastien Grosjean marqua un de Paris. Le court était plus rapide « Belle partie, belle bagarre, je vice de l’Espagnol, une balle du nº87 effectués mercredi 30 octo- temps d’hésitation, puis se tourna qu'à Saint-Pétersbourg et je ressen- «  ,   » suis content d’avoir gagné » : Nico- Français heurta encore le filet, bre. Premier tirage : 11, 17, 22, 26, vers les gradins et propulsa son tais une fatigue générale. C'était un En cas d’échec, Sébastien Gros- las Escudé parle comme il joue au mais retomba cette fois du côté de 28, 47 ; complémentaire le 4. Rap- poing à la manière d’un uppercut. tour difficile. » jean savait qu’il aurait dû disputer tennis. De manière incisive et préci- son adversaire. Du court aux gra- ports pour 6 numéros : Face au 1,91 m du Danois, le Fran- Sa place de septième tête de une troisième manche que sa se. Il a tout de même fallu une heu- dins, une très grosse tension 1 554 596 ¤ ; 5 numéros et le com- çais, qui entrait en lice, mercredi série lui permettant d’intégrer le condition physique ne lui aurait re et quarante-cinq minutes à l’as emplit la salle et il fallut à Nicolas plémentaire : 6 333,80 ¤ ; 5 numé- 30 octobre dans l’Open de Paris, tournoi directement au deuxième peut-être pas permis d’encaisser. du service-volée pour se défaire Escudé trois balles de break pour ros : 780 ¤ ; 4 numéros et le complé- pouvait exprimer son soulagement tour, Sébastien Grosjean a pu « Même si je perds le deuxième set, il d’Albert Costa (6-1, 3-6, 6-3), der- finalement prendre le service d’Al- mentaire : 35,40 ¤ ; 4 numéros : du haut de son 1,75 m. Ainsi qu’en gagner un jour supplémentaire de y a encore un set derrière et ce n'est nier vainqueur de Roland-Garros, bert Costa sur un retour gagnant 17,70 ¤ ; 3 numéros et le complé- témoignait le score (7-6 [7/2], 7-5), récupération après sa victoire, pas un désastre », affirmait-il pour- qu’il avait déjà battu en trois man- libérateur. Le plus gros était fait, et mentaire : 3,80 ¤ ; 3 numéros : il venait d’empocher une victoire dimanche 27 octobre, au tournoi tant après sa victoire, au terme ches au premier tour du tournoi de le dernier jeu fut conclu par un ace. 1,90 ¤. Second tirage :1,5,6,20, difficile et serrée. de Saint-Pétersbourg, où il a battu d’un match durant lequel il com- Moscou. Alors qu’il avait expédié Le Français doit rencontrer en hui- 27, 42 ; complémentaire le 18. Rap- Les milliers de spectateurs qui en finale, déjà sur un score serré mit plus de fautes directes (24 con- la première manche en vingt et une tième de finale le Britannique Tim ports pour 6 numéros : avaient suspendu leur souffle n’en (7-5, 6-4), le Russe Mikhaïl Youzh- tre 23) que son adversaire. minutes en ne commettant que Henman, tête de série nº 6, qui l’a 1 166 667 ¤ ; 5 numéros et le com- attendaient pas tant pour exploser. ny. De plus en plus confiant dans Ce fut d’ailleurs une faute direc- deux fautes directes, le Palois se battu cette saison à trois reprises, à plémentaire : 10 268,60 ¤ ; 5 numé- C’est d’ailleurs à eux que le Mar- son jeu, doté d’une capacité de te de Kenneth Carlsen, suivie d’un laissait rattraper dans la deuxième. Indian Wells, Hambourg et enfin à ros : 722,80 ¤ ; 4 numéros et le com- seillais rendit hommage en pre- résistance rare et d’un mental à service gagnant et d’un ace, qui per- Menacé par deux breaks en Bâle, la semaine dernière. plémentaire : 34 ¤ ; 4 numéros : mier, remerciant le public de ce toute épreuve, il emmène ses mit au Français de revenir à égalité début de troisième manche, Nico- 17 ¤ ; 3 numéros et le complémen- « soutien déterminant ». Un sou- adversaires dans son propre espa- (5-5) dans la deuxième manche. Ce las Escudé parvenait à remettre la Jean-Jacques Larrochelle taire : 3,80 ¤ ; 3 numéros : 1,90 ¤. 28/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 01 NOV. 2002 PRÉVISIONS 01 novembre 01 novembre prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Temps Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille humide N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Le Havre Minsk FRANCE  Madrid...... 5/17 S Belfast Copenhague Ajaccio ...... 10/19 P Milan ...... 8/18 S Reims Dublin Liverpool sur l’Ouest 10/19 N -1/1 N Brest Paris Varsovie Kiev Biarritz ...... Moscou...... Strasbourg  9/19 N ...... 5/13 N  1  Bordeaux ...... Munich Berlin Rennes Troyes Amsterdam 9/16 N ...... 14/20 P Londres Bourges ...... Naples Orléans Lever du soleil à Paris : 7 h 39 ...... 12/17 P ...... -4/4 S Bruxelles Brest Oslo Prague 11/15 P .... 13/22 S Tours Coucher du soleil à Paris : 17 h 29 Caen ...... Palma de M. Mulhouse 10/15 P 3/11 S Odessa Cherbourg ...... Prague ...... Bourges Strasbourg Dijon Vienne De hautes pressions se maintiennent 5/18 N ...... 16/20 P Paris Clermont-F. .... Rome Munich Budapest dans le sud de la France tandis qu'une 6/17 S ...... 10/23 S Dijon...... Séville Poitiers Nantes Clermont- dépression est située à l'ouest de l'Irlan- 2/17 S ...... 1/13 N Grenoble ...... Sofia Limoges Ferrand Berne de. Une nouvelle perturbation abordera 9/15 N -2/2 N Bucarest Lille ...... St-Pétersb...... Chamonix Lyon Lyon Milan la Bretagne l'après-midi avec quelques ...... 9/15 N -2/4 N Belgrade Limoges Stockholm ...... Grenoble pluies faibles. 7/17 S 20/25 C Sofia Lyon ...... Ténérife ...... Bordeaux Toulouse Istanbul Bretagne, pays de la Loire, Basse- Marseille...... 9/18 S Varsovie ...... 4/7 N Aurillac ...... 8/17 N 10/18 S Normandie. Le ciel deviendra très nua- ...... Montélimar Nancy Venise Rome geux par l'ouest puis couvert l'après-midi Nantes...... 11/18 C Vienne...... 7/10 S Barcelone Naples avec quelques pluies. Le vent de sud- Nice...... 10/19 S Madrid 10/16 N AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Nice ouest soufflera à 60 km/h en rafales près ...... Paris Toulouse Marseille Lisbonne ...... 17/24 P des côtes. Il fera de 15 à 18 degrés l'après- Pau ...... 8/19 S Brasilia Athènes 15/26 C Tarbes midi. Perpignan...... 11/20 S Buenos Aires Perpignan 26/31 P Séville 11/18 P ...... Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Rennes...... Caracas ...... -3/3 S St-Etienne ...... 6/17 S Chicago Tunis tre, Haute-Normandie, Ardennes. Alger 8/17 S ...... 18/23 S Ajaccio Strasbourg...... Lima .... 13/17 S Les nuages et les éclaircies alterneront le Toulouse...... 9/18 S Los Angeles Rabat matin, puis le ciel deviendra très nua- ...... 13/16 P Tours ...... 9/16 N Mexico -4/3 P geux l'après-midi. Les températures maxi- Montréal...... Soleil Peu nuageux Couvert males avoisineront 15 à 17 degrés. FRANCE - New York ...... 5/10 S 10/16 S Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Cayenne ...... 22/31 P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie 12/23 S gogne, Franche-Comté. Fort-de-Fr...... 25/31 S Santiago Ch. . 21/28 S ...... -2/3 P Nouméa...... Toronto Orage Neige Brouillard Vent fort Après dissipation des brouillards locaux, 2/11 S ...... 25/31 S Washingt. DC les nuages et les belles éclaircies se parta- Papeete ..... 24/31 P geront le ciel. Les températures maxima- Pointe-à-P. AFRIQUE St Denis Réu.. 21/27 P les avoisineront 16 à 18 degrés. Alger...... 13/20 P 28/30 S EUROPE Dakar...... Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- 22/28 P Kinshasa...... Pyrénées. Amsterdam.... 3/13 C Le Caire...... 18/26 S ...... 13/20 S Sur Poitou-Charentes, le ciel deviendra Athènes ...... 16/25 S 13/20 S Nairobi Barcelone ...... très nuageux l'après-midi...... 15/24 S 9/14 P Pretoria Belfast...... 14/22 N Ailleurs, après dissipation des brouillards 6/15 N Rabat ...... Belgrade ...... 16/23 P matinaux, le soleil sera généreux. Les Tunis ...... Berlin ...... 1/8 S températures maximales avoisineront 18 Le 2 novembre Berne...... 3/13 C ASIE-OCÉANIE à 20 degrés. 9/14 C ...... 26/34 P Au nord de la Loire Bruxelles ...... Bangkok le temps sera ...... 1/11 N 18/25 S Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Bucarest Beyrouth...... couvert Les brouillards matinaux se dissiperont Budapest...... 4/10 N Bombay ...... 23/34 S et faiblement lentement par endroits pour laisser place Copenhague.. 4/8 N Djakarta ...... 25/32 P pluvieux. Sur le pourtour au soleil l'après-midi. Les températures Dublin ...... 11/15 P Dubaï...... 24/34 C méditerranéen, maximales avoisineront 16 à 20 degrés. Francfort ...... 9/13 C Hanoï...... 24/28 S 5/13 C 19/24 S le soleil sera Languedoc-Roussillon, Provence- Genève ...... Hongkong ...... généreux. Sur ...... -4/3 * 12/22 S Alpes-Côte d'Azur, Corse. Helsinki Jérusalem ...... le reste de la moitié Istanbul...... 12/17 N New Delhi ...... 18/30 S sud du pays, En Corse, le ciel sera nuageux avec enco- ...... -2/6 N ...... 1/7 S les nuages seront Kiev Pékin nombreux. re quelques orages locaux...... 14/20 N 2/8 S Lisbonne Séoul ...... Les températures 12/15 P 26/34 P Ailleurs, le temps sera bien ensoleillé. Le Liverpool ...... Singapour...... resteront douces ...... 13/17 C 17/23 S thermomètre marquera 17 à 20 degrés Londres Sydney ...... pour la saison. l'après-midi. Luxembourg . 9/11 C Tokyo ...... 15/17 P PRÉVISIONS POUR LE 2 NOVEMBRE SITUATION LE 31 OCTOBRE À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 2 NOVEMBRE À 0 HEURE TU Des tapis kilims du Moyen-Orient

e  Répandus dans une aire géogra- A la frontière de l’Asie et de fond bleu (motif en forme de du XVIII siècle, le décor géomé- me d’une autre exposition à l’Es- phique immense, qui va du Maroc l’Europe, l’ancienne région de la niche que le fidèle place dans la trique disposé en bandes est ani- pace Chevalier du 22 novembre au Tous les jeudis à l’Inde, ces tapis déploient une Thrace (aujourd’hui la Bulgarie) a direction de La Mecque pour ses mé par un jeu de couleurs aux 22 décembre. Soixante-dix exem- datés vendredi, grande diversité de couleurs et de fait partie de l’Empire ottoman. prières), alors que deux lignes en nuances subtilement opposées plaires d’époques et de régions dif- l’agenda du chineur décors. Autour de trente pièces de Autour de Kotel, dans le nord du zig-zag fendent le fond rouge du (16 000 ¤). férentes montrent la variété de ces collection significatives des diffé- pays, ont été tissés dans la pre- motif central (5 700 ¤). La production perse est pré- textiles dont les dimensions et le INTITULÉE « Voyage sur un rentes régions, la galerie Triff a mière partie du XIXe siècle des En Turquie, l’Anatolie est consi- sente par un ensemble de « so- décor changent selon l’utilisation. kilim », une exposition organisée réuni des modèles réalisés entre kilims très fins, souvent offerts dérée comme le berceau de cet art. frehs », des kilims carrés de petite Si les plus courants ont un rapport par la galerie Triff invite le public à 1900 et 1950, proposés entre 1 000 lors de mariages ou donnés aux Des découvertes archéologiques taille (de 1 m à 1,20 m de côté), avec le pain, d’autres, de forme lon- la découverte des kilims, des tapis et 2 000 ¤ et mesurent environ mosquées et aux couvents chré- ont mis au jour des fresques servant à envelopper le pain à gue et étroite, servent de nappes, tissés à la manière des tapisseries 170 × 115 cm. Ils sont indifférem- tiens. L’un d’entre eux offre un datées entre 7000 et 6000 avant l’abri de la poussière (100 à d’autres sont placés comme centre dans tout le Moyen-Orient. ment utilisés comme tentures ou décor divisé en neuf rectangles J.-C., où se retrouve le répertoire 1 500 ¤). décoratif lors de réunions (300 à Fabriqués par des tribus rurales comme tapis. ornés chacun d’un « mirhab » sur local des kilims. Sur un exemplaire Les sofrehs constituent le thè- 2 600 ¤). ou nomades, ils sont souvent leur unique forme de création artisti- Catherine Bedel que et témoignent de la spécificité Calendrier du groupe. Chacun a sa propre ANTIQUITÉS-BROCANTES b Collioure (Pyrénées-Orientales), du vendredi 1er novembre au dimanche 3 novembre ; e Galerie Triff, 35, rue Jacob, 75006 technique de tissage, ses couleurs b Trouville (Calvados), du jeudi du jeudi 31 octobre au lundi au dimanche 3 novembre ; tél. : 02-31-23-86-69 Paris ; tél. : 01-42-60-22-60. Jusqu’au et ses motifs, transmis de généra- 31 octobre au dimanche 4 novembre ; tél. : 05-56-54-76-36. 25 novembre ; du mardi au samedi tion en génération, dont certains 3 novembre ; tél. : 04-68-82-11-73. b Eyguières (Bouches-du-Rhône), COLLECTIONS de 10 h 30 à 19 heures, le lundi de remontent à la période néolithi- tél. : 02-33-36-83-98. b Paris, boulevard Edgar-Quinet, du vendredi 1er novembre b Lattes (Hérault), minéraux et 14 h 30 à 19 heures. que (8000-1500 avant notre ère). b Dinard (Ille-et-Vilaine), du jeudi les jeudi 31 octobre et vendredi au dimanche 3 novembre ; fossiles, du vendredi 1er novembre Espace Chevalier, viaduc des Arts, Ils sont pour la plupart géométri- 31 octobre au dimanche 1er novembre ; tél. : 04-90-59-95-20. au dimanche 3 novembre ; 1, avenue Daumesnil, 75012 Paris ; ques et abstraits, parfois naturalis- 3 novembre ; tél. : 01-45-89-32-07. b Rennes (Ille-et-Vilaine), tél. : 04-67-50-66-36. tél. : 01-43-07-87-52. Du 22 novembre tes mais fortement stylisés. Tissés tél. : 02-98-44-97-36. b Semur-en-Auxois (Côte-d'Or), du vendredi 1er novembre b Tannay (Nièvre), livres, cartes au 22 décembre, du mardi au same- par les femmes, les kilims sont tra- b Le Touquet (Pas-de-Calais), du vendredi 1er novembre au dimanche 3 novembre ; postales, vendredi 1er novembre ; di, de 10 heures à 13 heures et de ditionnellement réservés à l’usage du jeudi 31 octobre au dimanche au dimanche 3 novembre ; tél. : 02-43-86-66-25. tél. : 03-86-34-24-88. 14 heures à 18 h 30. Ouvert les diman- du groupe familial, ce qui a freiné 3 novembre ; tél. : 03-80-97-02-93. b Cabourg (Calvados), b Bavay (Nord), armes, vendredi ches 8, 15 et 22 décembre, de 14 heu- longtemps leur commercialisation. tél. : 03-21-06-72-00. b La Teste-de-Buch (Gironde), du vendredi 1er novembre 1er novembre ; tél. : 03-27-39-82-29. res à 18 h 30.

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I d’Espagne. Traîne à la Bastille. - L’art de vivre 4. Résisteront en cas de coup de LA TECHNIQUE de la lithogra- II feu. - 5. Attrapera. Patron au jour phie est connue à Shanghaï depuis le jour. - 6. Point de départ. Bien la fin des années 1870 ; elle a été III attrapé. Comblé ou pourri. - 7. introduite en Chine par les Occi- Couplet du Moyen Age. Bon des- dentaux, qui seront également, IV cendeur. - 8. Belle dans le main- quelques décennies plus tard, à Ha Qiangwei, tien. Roulent en piste. - 9. l’origine de l’essor de la consom- « Travaillez intensivement V Semblable. Homme ou bête. - mation de produits d’importation. en promouvant le grand 10. Couronnés en Suède et au Le graphisme des affiches qui changement pour VI Danemark. - 11. Morceau de liv- accompagnent la diffusion de ces répandre re. Bien sous tous rapports. - 12. produits est très influencé successi- le modèle de Dazhaï », VII Relent de l’histoire. vement par les formes de l’art nou- décembre 1976. veau, puis par celles de l’art déco. A Paris, au Musée de la VIII Philippe Dupuis Avec l’arrivée des communistes au publicité (Union centrale pouvoir, en 1949, les affiches chan- des arts décoratifs), IX gent de fonction, elles ne vantent à l’occasion SOLUTION DU N° 02 - 259 plus les mérites des cigarettes ou de l’exposition X des chaussures à semelles de caout- « L’affiche chinoise. Horizontalement chouc, mais ceux du nouveau 1921-2001 », jusqu’au I. Immunisation. - II. Nô. Tope. régime. .. 12 janvier 2003. HORIZONTALEMENT repris du service. Ne le cherchez Elf. - III. Virements. Fi. - IV. Et. Elles prônent le civisme et les pas plus tard. - VIII. Voyelles. Râ. Tâtais. - V. Neruda. Banco. - devoirs du peuple, mettent en qu’une nouvelle génération de gra- des salles d’expositions permanen- I. Réserve des surprises en Impudences ou imprudences. - VI. Tu. Seurat. Ec. - VII. Art. St. scène des travailleurs heureux de phistes retrouvera une relative tes dues à l’architecte : période électorale ou au labo. - IX. Chanteur des cours. Le matin Crise. - VIII. Ar. En. IV. - IX. Relé- contribuer au développement du marge de créativité. b Gae Aulenti ? II. Jamais vue. Négation. - III. à New York. - X. Bien là. Percée gué. Camé. - X. Encadrements. pays. La propagande se décline Le Musée de la publicité, ancien- b Jean Nouvel ? Spectacle nippon. Bien arrivé. dans le temps. dans des campagnes d’informa- nement appelé Musée de l’affiche, b Richard Peduzzi ? Quand il n’y a pas de temps à Verticalement tion, d’éducation et de motivation qui accueille cette exposition d’affi- Réponse dans Le Monde du perdre. - IV. Ne laisse pas le VERTICALEMENT 1. Inventaire. - 2. Moiteur. En. - des masses avant de se consacrer ches chinoises a ouvert en 1999 8 novembre. choix. Parcouru à contresens. 3. Talc. - 4. Utérus. Réa. - 5. de manière quasi exclusive au Préposition. - V. Bien protégée. - 1. Peinture ou photographie Nomades. Gd. - 6. Ipé. Auteur. culte du président Mao. VI. Bon à jeter. Patrie d’Abraham. chez les Klein. - 2. Introduit - 7. Sent. Née. - 8. Tabac. - 9. Tes- Ce n’est que depuis le milieu Solution du jeu no 297 paru dans Le Monde du 25 octobre. Entrent en duel. En grains ou en votre nouvelle adresse. Un tatrice. - 10. Il. An. Ivan. - 11. des années 1980, avec les prémi- Le peintre Lucian Freud (1922) est le petit-fils du célèbre psychiatre poudre selon l’usage. - VII. A ancien. - 3. Conjonction. Lettre Offices. Mt. - 12. Isocèles. ces d’une ouverture de la Chine, autrichien Sigmund Freud. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/29 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » Ð M. Arnaud Poincaré, Le roi immortel des siècles , son fils, c'est la mort. M. et Mme François Poincaré, Pascal Quignard. Naissances M. et Mme Alain Poincaré, ses frères et belles-sœurs, Pour saluer avec affection la mémoire de André De Toth Xavier OLIVERA ont la douleur de faire part du décès de et , Laetitia CLAVREUL Nane STERN , er ont la joie d'annoncer la naissance de M. Jean POINCARÉ 29 octobre 1929-1 novembre 1998. Le quatrième grand borgne de Hollywood ancien élève de l'ENA, Manolo, promotion Nations unies 1949, Lise Dunoyer. officier de la Légion d'honneur, LE CINÉASTE américain André lequel De Toth était « un héros le 15 octobre 2002. De Toth est mort dimanche 27 octo- méconnu ». survenu le 26 octobre 2002. Souvenir bre, à Burbank (Californie), à l’âge Au royaume du cinéma, section 85, rue Saint-Fargeau, Ð Cinq ans déjà. C'était hier. de 96 ans. Né en Hongrie en 1906 hâbleurs, baroudeurs, vieux croco- 75020 Paris. Les obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale. dans une famille de hauts fonction- diles et chauds lapins, les borgnes Le 30 octobre 1997, l'homme naires de l’empire austro-hongrois, étaient rois. Avec John Ford, Raoul Anniversaires de naissance Une messe sera dite à son intention le passionné qu'était Endre von Toth, que son père Walsh et Fritz Lang, André De jeudi 7 novembre, à 19 h 15, en l'église Jacques DEROGY, aurait aimé voir épouser une carriè- Toth était le quatrième grand bor- Ð D'Auxerre, à Karlsruhe, en passant Notre-Dame-de-Grâce de Passy, 10, rue par le Morvan et un clin d'Ïil de de l'Annonciation, Paris-16e. pionnier du journalisme re de hussard, affiche très jeune gne de Hollywood, et le seul d’en- Toulouse, tous ensemble, nous te d'investigation et écrivain, des velléités artistiques. Il a raconté tre eux à avoir réalisé un film en souhaitons un doux anniversaire, Cet avis tient lieu de faire-part. dans ses Mémoires (Fragments, relief, L’Homme au masque de cire, disparaissait. Portraits de l’intérieur, Actes Sud/ avec Vincent Price. Lorsque son Pierre BONDEAU, Résidence La Côte fleurie, 14800 Tourgéville. Souvenons-nous. Institut Lumière, 1998) comment il ami Bertrand Tavernier fut, récem- pour tes quatre-vingt-quatre ans. s’était initié aux insurrections poéti- ment, opéré de la rétine, De Toth Il était notre père. Notre ami. Nous ques dans les cafés de Budapest, et lui envoya son bandeau avec ces Ð On nous prie d'annoncer le décès de nous aimions.

comment, avant de s’exiler aux  mots : « Si tu perds un œil, tu ne ver- Mariages Louisette Jeanne POISSONNET, Etats-Unis, de devenir un « cow- ras plus la moitié des saloperies du me M et M. Michel BORIE, Ð Le 1er novembre 1987, boy à la manque », de se payer une lywood. L’un de ses repaires favoris monde. Ce qu’il y a de beau, tu pour- Evry-sur-Seine, survenu le 21 septembre 2002, en son Buick au pays du Rio Grande, il est le Little Hungary. C’est là, dans ras l’imaginer. » Mme et M. Jean LEGRAND, domicile, dans sa quatre-vingt-cinquième Vasso DEVETZI avait fait le grouillot sur les pla- cette « Mecque pour tous les expa- André De Toth avait une allure Vincennes, année. teaux hongrois, était devenu «le triés », restaurant du Sunset Strip, de vieux pirate et se vantait d’être sont heureux de faire part du mariage de nous quittait. Une messe sera célébrée le samedi laquais d’Istvan Eiben », grand chef que se retrouve la colonie hongroi- l’un de ces « fils de pute » qui Karen et Stéphan, 23 novembre, à 15 heures, en l'église Il y a quinze ans. opérateur de l’Europe centrale des se : le morphinomane Peter Lorre, adoraient « simplement faire des Saint-François de Molitor, 27, rue années 1930 qui lui trouve des bou- le tyran Michael Curtiz, les femmes films ». Il n’avait pas sa langue dans le 30 septembre 2002, Michel-Ange, Paris-16e. Toutes celles et tous ceux qui, de par lots à Vienne, l’expédie à Londres ouragans à la Zsa Zsa Gabor, les sa poche. Dans ses Mémoires, com- et de la naissance de le monde, l'ont vraiment connue, l'ont rencontrer Alexandre Korda, dont coureurs de jupons, arnaqueurs, me dans le livre d’entretiens avec De la part de entendue, ne peuvent l'oublier et la Gilberte Berdonneau-Poissonnet, il devient l’assistant de production. Korda brothers, et quelques prin- Philippe Garnier (Bon pied bon œil, Matthieu, gardent, au meilleur de leur cÏur, sa sÏur, vivante et proche. Dans l’ombre, André De Toth ces à propos desquels court une bla- Actes Sud/Institut Lumière, 1993), le 28 octobre 2002. Françoise Marçais, aura été monteur, décorateur, scé- gue assassine : « Un Hongrois, c’est avec une verve pétillante, il dé- Catherine Berdonneau, nariste, producteur délégué. Nom- quelqu’un qui vous laisse passer peint les nababs-dictateurs : Selz- Karen, Stéphan et Matthieu Legrand, ses nièces, Conférences bre de ses prestations ne sont pas devant lui dans une porte à tambour nick habillé comme un clochard 7401 W. Washington Avenue - 2027, Vladimir et Etienne, ses petits-neveux. Vendredi 1er novembre, 20 h 15 à 21 h 30. créditées dans les génériques. Il a mais en ressort devant vous. » et orchestrant ses conférences en Las Vegas NV 89128 (USA). Ç La méditation et la voie tâté du péplum « merdique » à chaussettes, Jack Warner (dit de l'immortalité È.     Cinecittà, du James Bond dans le « Mâchoire de granit »), avide lec- Décès Remerciements désert d’Israël. Il a touché à tout, C’est Harry Cohn, patron de la teur de la Bible, portant bottes et Dimanche 3 novembre, 17 h 30 à 19 h 30. Ð Annick Goetz, Ð Montiers. Levallois. Paris-18e. au point qu’on l’avait surnommé Columbia, qui lui confie sa pre- éperons, et Harry Cohn avec des Ç La mort et les nécessaires Adrien Goetz, Meudon. métamorphoses de l'âme È. « Qui a fait quoi ? ». Il avale un œil mière réalisation américaine en yeux qui forent comme un mar- Cyrille et Elisabeth Goetz, Loge unie des théosophes, Joséphine et Alain Stern, de mouton pendant le tournage de 1943, Passport to Suez. Son deuxiè- teau piqueur. Fidèle à sa réputa- Marie et Julie, 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. Lawrence d’Arabie afin de pactiser me film, None Shall Escape, est pré- tion d’Attila des Carpates, il a tenu Ainsi que toute leur famille, Frédéric et Yvette Fresson, ses enfants, Entrée libre et gratuite. avec un cheik fournisseur de cha- monitoire : il relate, plus de deux tête à Frank Orsatti, un parrain qui ont la profonde douleur de faire part du Tél. : 01-47-20-42-87. décès de Frédérique Ruchaud, meaux, assiste à la morsure d’une ans avant Nuremberg, le procès « tenait le lion de la Metro Goldwyn leur mère, www.theosophie.asso.fr secrétaire de direction d’un studio des criminels de guerre nazis par Mayer par la queue ». Il aura croisé André GOETZ, Annie Fouché, par un lièvre saoulé au café noir, un tribunal international. Sa pério- Leni Riefenstahl (que « tout le mon- sa sÏur, Séminaires voit un jour l’épouse d’Harry Saltz- de la plus fructueuse aura lieu sous de snobe, sauf Disney »), Raymond le 20 octobre 2002. très touchés par les marques de L'Institut des hautes études man déshabillée par trois cygnes les auspices de la Warner, dans les Chandler, qui boit du Coca et vend Ses obsèques ont eu lieu dans sympathie témoignées lors du décès de de l'Amérique latine (Iheal) enivrés au Dom Pérignon. Il a réali- années 1950. Il signe alors des wes- des Chevrolet, Gary Cooper, qui l'intimité, en l'abbatiale Saint-Etienne de et l'ambassade du Chili en France sé les vues aériennes de Superman, terns avec Kirk Douglas (La Rivière fait la sieste debout. Véronika Caen. Bernard FRESSON, invitent au séminaire international tourné les séquences animales du de nos amours), Robert Ryan (La Lake, l’une des épouses de cet hom- Ç Accord Chili-UE : un pas décisif Livre de la jungle, et déclaré, fin con- Chevauchée des bannis, l’un de ses me à femmes, traîne « un singe sur 44, rue Ecuyère, vous expriment leurs sincères pour la coopération 14000 Caen. remerciements. naisseur, qu’il était « beaucoup plus chefs-d’œuvre, épopée dans la le dos » : élégante expression pour et l'intégration birégionale È, 108, rue du Cherche-Midi, le 7 novembre 2002, facile de travailler avec des animaux neige), Randolph Scott (six films signifier que la belle blonde n’était 75006 Paris. de 9 heures à 19 heures, à la Fondation sauvages qu’avec certains acteurs en étroite collaboration), ainsi que pas seulement droguée à la vodka. Anniversaires de décès des Etats-Unis de la Cité universitaire, e imbus de leur personne ». deux classiques du film noir (Crime Ce grand professionnel était aussi ÐMme Monique Huet, Ð Il y a dix ans, disparaissait 15, boulevard Jourdan, Paris-14 . En 1939, André De Toth signe Wave, avec Sterling Hayden, et Pit- modeste qu’intarissable conteur, son épouse, Tél. : 01-44-18-59-60. cinq longs métrages en Hongrie et fall, avec Dick Powell). Sans chasseur de sensations. Isabelle et Luc, Zdenek Vladimir BALAS, filme l’invasion allemande en Polo- oublier Play Dirty, l’un des films ses enfants, docteur en philosophie et en économie politique. gne. La guerre le propulse vers Hol- préférés de Martin Scorsese, pour La famille, Soutenances de thèse Jean-Luc Douin ont la douleur de faire part du décès de La famille Balas. Ð Soutenance de thèse d'Etat ès lettres et sciences humaines : Pierre Bonniffet : M. Christian HUET, Ç Structures sonores de l'humanisme en professeur honoraire Ð Il y a cinq ans disparaissait France. De la Délie... (M. Scève, Lyon, Alina Pienkowska de l'Ecole des ponts-et-chaussées 1544) au Second Livre des Meslanges de de Paris, René DIATKINE, Claude Le Jeune (Paris, 1612) È, psychiatre et psychanalyste. professeur honoraire à Paris IV-Sorbonne, amphi Milne- de l'Ecole polytechnique fédérale Edwards, le 9 novembre 2002, à 14 heures. Membre de l’équipe fondatrice de Solidarité de Lausanne, Il écrivait : Ç Celui qui va mal reste fasciné par l'horizon infini Nos abonnés et nos actionnaires, MILITANTE de la première défense des ouvriers (KOR) et ini- me, dix ans plus tard, elle fut élue au survenu le 29 octobre 2002. de ses rêveries d'enfant. heure de ce qui allait devenir Solida- tiateur de la grève des chantiers Sénat sur les listes de Solidarité, mais Il devient statue, bénéficiant d’une réduction sur les rité, infirmière de son état, Alina navals en août 1980, qu’elle allait se contenta d’un rôle assez discret, L'inhumation aura lieu au cimetière sans plus savoir les raisons insertions du « Carnet du Monde », de son immobilité. Pienkowska est morte d’un cancer, épouser peu après. rejoignant le parti de l’Union de la parisien de Bagneux, ce jeudi 31 octobre, sont priés de bien vouloir nous com- à 17 heures. C'est à nous de les retrouver à l’âge de 50 ans, dans un hôpital de Alina Pienkowska était infirmière liberté et devenant en 1998 membre avec lui. È muniquer leur numéro de référence. Gdansk, jeudi 17 octobre. au chantier naval Lénine, et, à la du conseil municipal de Gdansk. Née le 12 janvier 1952, Alina Pien- mi-août 1980, avec deux autres fem- « C’était une femme de grande classe, Sa pensée de l'œuvre à accomplir reste kowska, restée peu connue du mes, elle joua un rôle déterminant héroïque dans la lutte, quelqu’un sur CARNET DU MONDE toujours vivante. monde extérieur, était pourtant, pour dissuader les ouvriers de quit- qui on pouvait toujours compter »,a 0123 Fax : 01-42-17-21-36 Sa famille et ses amis. dès les années 1970, l’un des piliers ter le chantier qu’ils occupaient, déclaré l’ancien président Lech Wale- A LA TELEVISION de la petite équipe qui, défiant le après que le pouvoir eut fait quel- sa en apprenant sa mort. Téléphone : ET A LA RADIO système communiste, s’était mise ques concessions matérielles. Mem- Ð En mémoire de 01-42-17-39-80 en tête de lutter, à Gdansk, pour la bre ensuite de l’équipe fondatrice de Jan Krauze Roland SCHWARTZ liberté syndicale d’abord, la démo- Solidarité, Alina Pienkowska plon- 01-42-17-38-42 cratie ensuite. C’est à cette époque gea dans la clandestinité après l’im- a RAYMOND SAVIGNAC, affichis- et de ses parents, Le Monde des idées qu’elle fit la connaissance de Lech position de l’état de guerre par le te, est mort mercredi 30 octobre à 01-42-17-29-96 LCI Walesa, et surtout de Bogdan Bo- général Jaruzelski, en décembre son domicile de Trouville (Seine-Mari- Denise et Pierre, Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 e-mail:[email protected] rusewicz, membre du Comité de 1981. Après l’effondrement du régi- time), à l’âge de 95ans (lire page 30). musiques ! Le dimanche à 12 h 10, 15 h 10 et à 0 h 10 Le lundi à 16 h 10 A LIRE EN LIGNE par Retrouvez sur le site Internet du une loi autorisant l’approbation Abonnez-vous au pour 27,70 € (181,70 F) mois Monde (www.lemonde.fr/carnet) le du troisième avenant à l’accord du Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : détail des nominations, l’essentiel 27 décembre 1968 entre le gouver- LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex Le Grand Jury des lois, décrets et décorations parus nement de la République française Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 27,70 € (181,70 F) par mois par prélèvement automatique. RTL-LCI au Journal officiel, ainsi que les et le gouvernement de la Républi- ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : Le dimanche à 18 h 30 adresses des sites publiant des do- que algérienne démocratique et Adresse : cuments significatifs. populaire relatif à la circulation, à Code postal : Localité : l’emploi et au séjour en France des Offre valable jusqu’au 31/12/2002 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 201MQPAN JOURNAL OFFICIEL ressortissants algériens et de leurs Au Journal officiel daté lundi 28- familles et à son protocole annexe. Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR Organisme créancier : Société Editrice du Monde La rumeur du monde mardi 29 octobre est publié : N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de FRANCE-CULTURE b Mission temporaire : un décret DOCUMENTS OFFICIELS TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER mon compte à effectuer sur ce dernier Le samedi à 12 heures chargeant Françoise de Panafieu, Le Sénat publie une proposition de les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... députée (UMP) de Paris, d’une mis- loi relative à la sécurité des piscines. au journal Le Monde. Prénom ...... sion temporaire auprès de Chris- www.senat.fr/dossierleg N¡ ...... rue ...... Je resterai libre de suspendre provisoire- tian Jacob, ministre délégué à la /pp00-436.html Code postal Ville...... …...... famille. La Documentation française pu- ment ou d’interrompre mon abonnement à NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT A la « une » du Monde Au Journal officiel du mercredi blie un rapport relatif au contrôle tout moment. DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) RFI 30 octobre sont publiés : en cours de formation (10 propo- Date :...... b Du lundi au vendredi Commerce : une loi modifiant sitions pour 2002). Signature : ...... certaines dispositions du code du www.ladocumentationfrancaise.fr N¡ ...... rue ...... à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) commerce relatives aux mandats /brp/notices/024000534.shtml Code postal Ville...... sociaux. La Documentation française pu- b Accords internationaux : une blie un rapport relatif à la Banque IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N¡de compte Clé RIB loi autorisant l’approbation de centrale européenne. d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- tion. Il y en a un dans votre chéquier. l’avenant à l’accord du 17 mars www.ladocumentationfrancaise.fr La « une » du Monde 1988, tel que modifié par l’avenant /brp/notices/024000556.shtml Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : BFM du 19 décembre 1991, entre le gou- La Documentation française pu- Téléphonez au 01-44-97-54-54 de 8 h 30 à 18 heures du lundi au vendredi. Du lundi au vendredi vernement de la République fran- blie un rapport relatif à la télévi- Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 825 022 021 (0,15 € TTC/min) à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 çaise et le gouvernement de la sion numérique terrestre. “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Le samedi Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. 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L’artiste qui sut illustrer l’esprit des « trente glorieuses » à travers des centaines de publicités pour des marques comme Bic, Seb ou Citroën, est mort vendredi 30 octobre à Trouville (Seine-Maritime) à 94 ans, dernier acteur de l’âge d’or du graphisme d’auteur Savignac, l’affichiste avec un grand A

À QUELQUES jours de ses 95 ans et ont contribué à l’éducation de dre place son protégé chez Draeger, – il était né à Paris le 6 novembre l’œil et au partage des impressions, l’imprimeur. A nouveau, l’ennui. 1907 –, Savignac a tiré sa révérence. il n’était pas interdit, du temps de Savignac disait être né à 41 ans, Affichiste symbole de l’école françai- Savignac, d’en faire un art à part de la vache Monsavon… L’histoire se, il s’est éteint le 30 octobre à entière. est avérée. Travaillant à partir de Trouville, non sans avoir fait l’an Les débuts sont difficiles. Fils 1948 avec un autre graphiste, Ville- dernier à ses fidèles la surprise de d’Aveyronnais de la capitale, le gar- mot, il décide avec son ami d’expo- venir à Paris lors de l’exposition qui çon, qui rêvait d’être champion ser leurs projets dans une galerie de lui était consacrée à la bibliothèque cycliste, sorti tôt du cours Lavoisier, la rue des Beaux-Arts, et notam- Forney. Mais ce Parigot à mousta- apprend un peu de dessin. Il le pra- ment ceux qui restent dans les car- che et casquette parti sur la côte nor- tique ici ou là, dans un studio de tons. La vache, rose, ironique et Savignac mande il y a vingt ans ne quittait dessin animé, notamment. Mais il sereine, refusée par les publicitaires, photographié plus guère la cité tranquille où il s’ennuie. est là. Le même publicitaire vient, la par Robert continuait de dessiner : pour la mar- Dubo, Dubon, Dubonnet, ce voit mieux, et passe commande. Doisneau, dans que Citroën dans les années 1980, n’est pas lui. Le petit bonhomme Début de l’aventure. Massin, le la rue, sa dernière grande commande com- qui hante les couloirs du métro sur maquettiste qui édita en 1987 le Savi- devant son affiche merciale, ou pour d’autres événe- ce slogan au rythme haletant, on le gnac de A à Z (Hoebeke, réédité en pour Reynolds, ments, comme les hommages qui doit à Cassandre, l’un des maîtres 2001), se souvient de cette image. en 1950. C’est lui sont rendus régulièrement. Le de Raymond Savignac qui, se pré- « Pour lui, une bonne affiche, c’était le début plus récent, rappelle son ami et sentant à son atelier, un jour de un scandale visuel. Elle devait surpren- de sa célébrité notre collaborateur Desclozeaux, grande déprime, en 1933, a la chan- dre, déranger les gens. Faire vendre. et de avait lieu, cet été, à Cognac. C’est ce d’en ressortir avec la commande Aujourd’hui, on parle d’affiches cultu- sa collaboration donc un Artiste au tonneau qui clôt d’un dépliant. Il obtient un travail relles, mais cette distinction n’existe avec une abondante iconographie d’un régulier auprès du célèbre graphiste pas. Le rôle de l’affiche est toujours le de nombreuses geste de convivialité bien dans la de l’entre-deux-guerres. Il entend, il même, faire vendre un produit ou un marques : ligne de cet observateur aigu et pro- apprend, il se forme. Mais Savignac musée, se faire remarquer. » Dunlop, Bic, lifique de son époque. fait d’abord du Cassandre : lignes la Seita, Perrier, Car si l’affiche et la publicité sont nettes, cubisme élégant. Avant de   Air France... les arts de la rue les plus populaires quitter la France, en 1937, Cassan- Tout Savignac était déjà dans cet- « J’enlève tout, te image, ce gag visuel, prenant, il reste comme il disait, « deux idées pour en l’essentiel », faire une », trouvant le raccourci gra- disait l’artiste, qui L’homme avec un phique qui fait plus qu’un long dis- privilégiait grand H : affiche cours. Déjà, apparaissait sa manière les rébus visuels réalisée pour de peupler l’image, de faire vivre drôles et le Musée de l’objet comme un personnage, quit- percutants. l’homme, en 1981. te à créer des hybrides homme- Savignac a outil, animal-produit, quitte à pren- dre la fonction pour l’usage, et vice

dessiné des  / centaines versa, le tout dans un carnaval d’affiches, avec joyeux de chimères prêtes à lent tout seuls, du cou de la girafe homme-sandwich se déroulant te étant celle qui annonce Lancelot ce style si transformer magiquement la vie aux drapeaux d’Air France, du bœuf pour inaugurer le Musée de l’affi- du Lac, de Robert Bresson, cavalier reconnaissable. quotidienne. rouge de Maggi trop content d’être che, fondé par Alain Weill. en armure perdant et sa vie et son Très tôt, il fait Ayant trouvé sa voie, l’humour coupé en deux et humant la mar- sang, en rouge, blanc et noir : vivre les objets graphique, qui le détache de l’om- mite. Et encore, des Cocotte-Minu-      expressionniste. comme des bre froide du grand Cassandre, il a te à toute vapeur, des lampes Par l’usage des couleurs franches, Les humoristes aussi ont le droit personnages, un demi-siècle devant lui pour s’af- Mazda découpant la lumière, et de fortes, contrastées, par un trait d’être d’humeur sombre, mais ils le créant des firmer, très vite, devenir populaire ces lecteurs qui ouvrent le journal dynamique et un peu gras, jamais cachent mieux que les autres. Si hybrides et internationalement reconnu, ne comme on ouvre une fenêtre sur un mièvre, Savignac donne le maxi- Savignac compte autant dans l’his- homme-outil, jamais enseigner – « Je continue jour nouveau, tout frais… mum d’énergie à sa composition. toire des arts visuels d’un siècle qui animal-produit, d’apprendre », disait-il –, et pour- Rébus immédiatement intelli- Même un personnage statique, le leur a fait la part belle, c’est parce quitte à prendre tant éduquer le regard de plusieurs gible, l’image de Savignac est den- P’tit Jules de La Guerre des boutons, que son œuvre accompagne étroite- la fonction pour générations qui se souviennent de se : « J’enlève tout, il reste l’essen- le film d’Yves Robert, environné ment ce qu’on a appelé depuis les l’image et vice tout. De ce flot de voitures qui tra- tiel. » Plus que l’art et le dessin, d’une pluie de projectiles, est sur le « trente glorieuses ». Cette France versa. verse le crâne du pauvre bon- « c’est le cinéma qui m’inspire », point de s’animer. s’ébrouant dans la pénurie de homme Aspro, des contorsions de avouait Savignac. Chaplin et Buster Trois cent cinquante annonceurs l’après-guerre, ces familles nom- la pointe Bic, acrobate de l’écriture, Keaton bien sûr, mais aussi le mou- lui feront confiance, il dessinera des breuses s’équipant aux Arts ména- de la tête d’œufdu rasoir Bic (quin- vement, la vitesse. Ses images bou- centaines d’affiches. Il travaillera gers, voyageant par le train et bien- ze ans de collaboration avec cette gent, ses silhouettes se découpent, aussi pour l’édition, le spectacle, le tôt en avion, roulant voiture et pei-

  marque), des pneus Dunlop qui rou- s’inclinent, se courbent. Jusqu’à cet cinéma. L’affiche la plus surprenan- gnant leurs logis de couleurs claires.  Ce credo facile d’une matérialité joyeuse, les Savignac en dressent Le siècle l’inventaire spontané. « Le dernier interdit de la publicité, c’est la subjectivité » Le versant moins optimiste du d’un graphiste progrès n’est pas oublié. Lui-même b 1907. Naissance à Paris, RAYMOND SAVIGNAC avait répondu aux suis resté près de quatre ans avec lui. Je fumais leur a tellement répété sur tous les tons ! en a fait l’expérience. La publicité a le 6 novembre. questions de Jean-Louis Perrier (Le Monde du ses mégots dans l’atelier. Il ne perdait pas de Les jeunes graphistes vont à l’école comme changé, il faut montrer les objets, b 1922. Quitte le cours Lavoisier. 23 avril 1996). Extraits. temps dans le spectacle ou l’anecdote. C’etait tout le monde aujourd’hui. Ils sortent avec leur les photographier, et le marketing a Emplois divers, notamment avec un visuel. En même temps, Cendrars écrivait diplôme d’artisan. S’ils sont bons, ils devien- tout conquis. Dans les années 1970, Robert Lortac sur l’animation. Ce qu’on appelle maintenant des affi- des textes là-dessus. La machine était reine. On nent directeurs artistiques, ils ne tracent plus s’adonnant pour lui-même à une b 1933-1937. Travaille ches n’en sont plus. C’est le mur de pensait qu’elle sauverait l’homme. Huxley un trait, ils ont raté leur vocation. L’interdit de série d’anti-affiches (avec l’appui de chez Cassandre. l’insignifiance. Il y avait la réclame, n’avait pas écrit Le Meilleur des mondes.Çaa la publicité, c’est la subjectivité. C’est le dernier Robert Delpire), Savignac a noirci le b 1938. Entre chez Draeger. avant que je débute, puis la déesse publicité, mis du temps à se déglinguer. Le jour où Cas- interdit. Il faut l’objectivité. Avec les électeurs tableau de l’époque avec la même b 1939-1940. Mobilisé. que nous avons vénérée. L’affiche, c’était la sandre a commencé à décomposer le mot en ligne de mire. L’esprit a disparu. Si Chaplin verve qu’il avait mise à en accompa- b 1941. Rencontre Robert Guérin couleur, un art mural enchanteur. Les boule- Dubonnet, il nous a épatés. Je me suis dit : c’est et Keaton réapparaissaient, ils ne trouveraient gner les joies : ses villes enfumées, et collabore au Consortium ‘‘vards étaient un théâtre. (…) Quand je tra- ça qu’il faut faire pour que le produit soit pas de producteurs : on ne saurait pas quelle ses tours de Notre-Dame criant au de la publicité. vaillais sur une marque, j’essayais de la mettre acteur. (…) tranche d’âge ils touchent. (…) secours dans un flot de voitures, ses b 1948-1949. Présente sur son trente et un. (…) Pourquoi aimer l’ellip- J’avais le goût du raccourci, un sens du comi- J’ai eu une certaine chance. Je suis content usines à nuage toxique, ses familles avec Bernard Villemot la vache se ? Parce que j’aimais les choses rapides. Les que. Ça m’a guidé sur ma voie. C’est assez céré- comme un monument, content d’être indépen- chosifiées devant leur poste de télé- Monsavon, rue des Beaux-Arts. mots d’auteur, le burlesque au cinéma. L’affi- bral de faire une affiche. Je suis devenu une dant. Cassandre avait raison de dire que les affi- vision disent combien il n’était pas b 1950-1955. Affiches pour che, c’est le gag transporté en image fixe. espèce de maniaque de la clarté. Et puis, un chistes sont des télégraphistes, mais, dupe. Salut l’artiste ! Cinzano, Air Wick, Tréca, Gitanes. Cassandre a été un des chocs de ma vie. Je l’ai jour, curieusement, les gens ont cessé d’aimer tout de même, on donne aussi notre b 1960-1968. Affiches rencontré sur un mur. Je suis allé le voir et je la clarté. Ils ont feint d’aimer le non-dit. On le opinion. ,, Michèle Champenois pour la SNCF, Maggi, Aspro. Expositions à New York A gauche, la fameuse vache et Montréal. Monsavon (1948/50), d’abord b 1971. « Défense d’afficher » refusée par les publicistes, à la galerie Delpire. et qui finit par s’imposer b 1979-1981. S’installe à par son humour et son évidence. Trouville. Travaille pour Bic, Ci-contre à gauche, la marque le Secours populaire et Citroën. de soda Vérigoud. b 1993. Une salle lui est dédiée A droite, une « anti-affiche », au Musée de Trouville. « L’Information ». En 1971, b 1996. Réalise l’affiche devant l’absence du Mondial de football de commandes commerciales, à Saint-Denis. Rétrospective Savignac réalisa de à Echirolles (Isère). son propre chef des compositions, b 2001. Rétrospective à la souvent sarcastiques, Bibliothèque Forney. Catalogue illustrant sa vision raisonné de son œuvre de la société (diffusé par Paris-Bibliothèques). et affirmant son caractère

’  / ,  .    /  indépendant.      LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/31 CULTURE

L’établissement a ouvert trois salles permanentes entièrement consacrées au XIXe siècle, Exception se présente comme un nouveau où seront exposées, par roulement, les 50 000 images de ce fonds exceptionnel schéma de financement du film en France Le Musée d’Orsay sort de l’ombre Les ex-« mousquetaires » de Studiocanal créent une ses collections de photographies société de cinéma originale

C’EST quasiment une première autre chose », constate Sylvain « A LA SANTÉ d’Exception ! » payantes », martèle Brahim Chioua en France. Le Musée d’Orsay a Morand. Prenons Orsay. Lors de Des quatre mousquetaires issus de tandis que Vincent Grimond poin- ouvert, le 29 octobre, trois salles son ouverture, en 1986, la photo- Studiocanal, trois seulement sont à te la multiplicité des fonds, en Fran- permanentes consacrées à la pho- graphie y était plutôt bien présen- Paris, dans un bon restaurant du ce, en Europe et au-delà, où il est tographie du XIXe siècle pour y pré- tée. « Ces trois salles ne sont pas Marais où ils lèvent leur verre à la possible de trouver des investis- senter, par roulement, ses collec- tant une révolution qu’un retour société qu’ils viennent de fonder. seurs bien disposés. tions – 50 000 images rassemblées aux origines », confirme Quentin Financier et organisateur reconnu, Il n’est pas besoin de beaucoup depuis 1979. Cet espace de 130 m2, Bajac, conservateur pour la photo- Vincent Grimond, l’ancien patron tendre l’oreille pour entendre la cri- situé près de la nef, au rez-de- graphie avec Françoise Heilbrun. de la filiale de production de la tique implicite de professionnels chaussée, abritait des expositions 1989 fut également une année- chaîne cryptée, était devenu « le qui préfèrent réclamer toujours temporaires. Le premier accro- phare avec « L’invention d’un Français de Vivendi Universal » à davantage des mécanismes auto- chage réunit 70 chefs-d’œuvre, de- regard (1839-1918) » qui est une Los Angeles, témoin privilégié des matiques d’aide essentiellement ali- puis une nature morte de Bayard, des rares expositions d’antholo- dérives qui allaient mener au nau- mentés par les télévisions, plutôt vers 1839, jusqu’à la vue d’un pont gie en France. frage Messier. Brahim Chioua, que travailler à monter chaque pro- de bateau, par Stieglitz, en 1915. Par la suite, la situation s’est directeur exécutif de Studiocanal, jet. Encore faut-il vendre ces films. De l’invention du procédé à un dégradée, avec des expositions re- Vincent Maraval et Alain de La Wild Bunch, qui conserve les man- emblème de la modernité. léguées dans un espace médiocre Matta (basé à Londres, l’absent du dats de vente confiés du temps où Nombre d’acquisitions récentes et introuvable. La dernière rétro- quatuor), créateurs au sein du le label faisait partie de Studioca- sont aux murs, comme Le Stryge, spective d’ampleur reste celle de même Studio de la structure de nal (soit un des plus beaux catalo- de Charles Nègre, et deux daguer- Nadar en 1994. C’était l’époque vente de films à l’étranger Wild gues indépendants du monde) est réotypes signés Thibault, repré- où un ancien responsable d’Orsay Bunch, sont les trois autres « inven- un praticien reconnu pour l’étran- sentant des vues rarissimes des confiait à Philippe Néagu ses réti- teurs » de cette structure singuliè- ger. Pour la distribution en France, barricades de Paris, lors de la cences envers la photographie, au re, qui sans le dire se pose comme une situation complexe s’installe : révolution de 1848. Les grands motif que, sur les épreuves du un nouveau modèle au moment où le nom de Stéphane Célérier, diri- maîtres du XIXe – Le Gray, Baldus, XIXe, « les gens avaient les ongles les systèmes de financement du geant de Mars Film, avait circulé Nadar, Le Secq, Marville, Talbot, sales et les cheveux gras ». cinéma sont remis en question. comme acolyte des transfuges du Hill et Adamson –, jusqu’à Atget La dernière question est celle de Démissionnaires au cours des Studio. Il ne fait pas partie d’Excep- qui embrasse deux siècles, sont là l’autonomie de la photographie trois derniers mois, les compères tion, mais sera son interlocuteur avec des épreuves souvent excep- par rapport aux peintures et sculp- ont choisi le nom de leur société en privilégié pour la sortie en France, tionnelles, calquées sur des thè- tures. La solution d’Orsay suit le réaction à la petite phrase de Jean- alors même que sa société est une mes picturaux (paysage, nu, por- modèle du Musée d’art moderne Marie Messier contre « l’exception filiale de Bac Distribution, elle- trait, nature morte) bien plus que de New York (MoMA) qui, de- française ». Mais s’ils se présentent même filiale à 80 % de Studiocanal sur les bouleversements de la puis 1964, présente aux visiteurs comme des défenseurs d’une diver- (et à 20 % de Bac Majestic, la socié- société. un parcours permanent d’images sité artistique « qui n’a rien de parti- té de Jean Labadie, aujourd’hui en La collection tournera à raison – 200 par roulement – visant à culièrement français », souligne difficulté). Si les liens personnels de trois expositions par an. Sont définir une histoire de la photo- Vincent Grimond, ils insistent sur entre les fondateurs de la nouvelle annoncés « La beauté documentai- graphie, de l’invention jusqu’à la singularité de leur démarche société et Stéphane Célarié sont re » au printemps 2003 et « Le pic-  ’,  nos jours. Mais les animateurs du dans le paysage professionnel. Ils revendiqués « où qu’il travaille », la torialisme et Atget » durant l’été. « In memoriam », d’Edward Steichen (1904). Le photographe aurait tiré MoMA, dont le bâtiment est en avaient les compétences, les rela- relation quasi œdipienne avec l’an- Différentes techniques sont repré- l’épreuve de ce nu après la mort du modèle, qui se serait tué par amour pour travaux, réfléchissent à un autre tions et les moyens de créer une cien bercail reste complexe. sentées, notamment des daguer- lui, d’où le titre. Une image achetée par le Musée d’Orsay en 1999. accrochage qui ferait « dialoguer société de production de taille res- Anticipant le lancement d’Excep- réotypes (objet unique constitué Kertész avec Picasso et Matisse ». pectable. « Nous avons préféré pro- tion, Vincent Maraval avait avec le d’une plaque de cuivre miroitan- nomination, il y a près d’un an. tre Pompidou ? « Le sens de l’his- D’autres musées travaillent poser une nouvelle manière d’organi- label Wild Bunch commencé d’in- te) mais surtout des épreuves sur Ce dernier a également accentué toire, c’est regarder vers l’avenir. dans la même voie. Serge Lemoi- ser la production, explique Brahim vestir dans des projets. On attend papier, donc fragiles, qui impli- les acquisitions de photos Le Centre Pompidou doit aussi aller ne se dit « favorable à cette in- Chioua. Hors films de majors améri- ainsi les documentaires réalisés par quent une exposition limitée dans (580 000 euros d’achats lors de la de l’avant, non vers le passé. » tégration mais l’architecture du caines, il y a aujourd’hui une recette Oliver Stone sur Fidel Castro et Yas- le temps et sous une lumière rédui- vente Jammes puis, à Londres, L’ouverture de ces salles pour- musée ne la permet pas ». La cou- globale du cinéma dans le monde ser Arafat, inaugurant une série te. Cet accrochage est l’occasion deux daguerréotypes de 1848). Il rait-elle freiner les expositions pure historique entre Orsay (XIXe) d’environ 4 milliards d’euros, tous consacrée aux « grands rebelles du de rappeler l’acuité avec laquelle annonce, pour 2004, un livre sur la d’ampleur en photographie – qui et le Centre Pompidou (XXe)ne marchés confondus. Cette somme XXe siècle », que devraient complé- cette collection « extraordinaire », photographie à Orsay et un cata- manquent le plus en France, cham- permet pas, non plus, d’offrir un évolue peu. Mais elle peut être gérée ter des portraits de Mandela par selon Serge Lemoine, directeur du logue des collections, sans doute pionne de la quantité et non de parcours pédagogique similaire à de différentes manières. » Spike Lee, du dalaï-lama par Scor- Musée, a été constituée par Fran- sous forme de cédérom. la qualité ? « Sûrement pas », ré- celui du MoMA. Mais au moins, sese, de Hugo Chavez par Michael çoise Heilbrun et Philippe Néagu, pond Serge Lemoine, qui annonce et c’est l’essentiel, les collections   Mann. Vincent Maraval annonce la ce dernier disparu en 1994. Une    une exposition sur le daguerréo- sont visibles… Exception est une « société de ser- prochaine proposition aux ache- absurdité bien française se trouve Ce spécialiste de la peinture abs- type, une autre sur Stieglitz. Le vices à la production », éventuelle- teurs des nouveaux films d’André en partie corrigée : les musées et traite géométrique, qui a pour am- doute vient du retard spectacu- Michel Guerrin ment coproductrice, mais jamais Téchiné, d’Emir Kusturica, d’Alain institutions possèdent des trésors bition d’intensifier les passerelles laire de la plupart des musées, sur- en assumant la production exécuti- Corneau, mais aussi du deuxième e e photographiques, mais le public entre XIX et XX siècle, a trouvé tout en province, notamment au « Chefs-d’œuvre de la collection pho- ve. Sa stratégie repose sur la défini- long métrage de Damien Odoul ne peut les voir. en la photographie un « passeur » regard de la « folie de l’image » tographique du Musée d’Orsay », tion de plusieurs types de films (après Le Souffle) aussi bien que du Un autre enjeu concerne Serge idéal. « La photographie est une qui a gagné le pays en vingt ans. 62, rue de Lille, Paris-7e. M˚ Solferino ayant une viabilité économique suf- Mystère de la chambre jaune signé e Lemoine, qui a pris la décision affirmation de ce qu’est le XIX siè- Ainsi, le Musée d’art moderne et ou RER-Orsay. Tél. : 01-40-49-48-14. fisante mais qui ont du mal à trou- Denis Podalydès, ou d’un premier d’ouvrir ces salles. Le patron d’Or- cle avec ses inventeurs, mais elle est contemporain de Strasbourg, le Tous les jours, de 10 heures à 18 heu- ver des financements – le « cinéma film à très petit budget. say, dont la passion pour la pho- aussi constitutive de l’art moderne premier, en 1998, a offert res, jeudi jusqu’à 21 h 45, dimanche, d’auteur international » – et les Ce programme dessine le profil e tographie est ancienne, pose sa au XX siècle, avec Atget comme 300 mètres carrés à l’image fixe. de 9 heures à 18 heures ; fermé le films visant le succès sur leur seul esthétique que revendique Excep- griffe sur un établissement dans pionnier. Il nous appartient d’étu- « Au bout de deux ans, l’espace lundi. 7 ¤ et 5 ¤. Jusqu’au 23 février marché local. A rebours de la moro- tion, et que complètent ses projets lequel il est contesté depuis sa dier ce passage. » Et non au Cen- a été confisqué pour y présenter 2003. sité de la plupart des profession- internationaux, avec par exemple nels, les nouveaux venus affirment une importante production chinoi- que les possibilités de production se, Purple Butterfly de Lu Yue, une  b Blue Note sort une collection de disques intitulée « Groovexperience » existent, à condition d’être inven- comédie britannique décalée, ou tif. « Le marché des salles françaises les prochaines œuvres de la famille est en hausse, la vidéo a explosé, les Makhmalbaf, à commencer par cel- films s’exportent mieux que jamais le de Samira, située en Afghanis- Le jazz des années 1970 entre fantaisie et expérimentation au cours des quinze dernières tan. années et il existe de nombreuses DANS le numéro de septembre second rang souvent inventifs. publiés, ont joué avec beaucoup ce est indispensable – c’est façon opportunités dans les télévisions J.-M. F. du mensuel Jazz magazine, Jacques L’une des mythologies du jazz est d’astuce sur une présentation qui Hollywood, spectaculaire. Idem Réda rappelle dans une chronique aussi de montrer de l’attachement met en scène les clichés d’habille- pour les cordes. Et, quand la soul sur des archives de concert de jazz à ceux qui ne sont pas des héros ment, de décoration ou de graphis- ou le funk sont convoqués pour des années 1950 et 1960 qu’à ce en vue. Aujourd’hui, sous poussée me de l’époque. Rien ne manque. leur énergie dansante (Home Coo- moment-là « de musique populaire de l’acid jazz ou du jazz électro qui Béret des Black Panthers et cuir kin’ ou Strut’n Get Up), l’auditeur le savante encore étroitement lié à la y puisent largement, la période et noir pour le volume Say It Loud ! plus balourd pourrait difficilement danse, [le jazz] est devenu un art ses artisans bénéficient même centré sur l’apport du funk radical rester sur sa chaise. sonore que l’on écoute assis ».De d’une réhabilitation nostalgique et politique dans le jazz, de même Ce que célèbre cet ensemble, fait, à partir du milieu des années que plusieurs compagnies phono- que la pochette de Carnival affiche c’est bien cette notion d’excès, de 1960, le rock occupe ce terrain du graphiques accompagnent. Et no- une imagerie qui mêle le Brésil et grandiloquence assumée (le pon- populaire – parfois savamment – l’Afrique. Ce qui ne tient que parce pon va aux titres d’Yma Sumac, du divertissement, du défoule- qu’il y a toujours cohérence avec Ananda Shankar, Raoul de Souza ment et de la jubilation conqué- le maniement d’autres clichés, ou Earl Klugh) qui n’empêche pas rante. Pour tenir tête à la jeune Pour tenir tête musicaux ceux-là, sur lesquels que surgisse l’exigence la plus garde pop, de nombreux jazzmen s’exercent la plupart des musiciens sérieuse dans l’interprétation. Car, vont faire ce qu’ils ont fait depuis à la jeune garde pop, convoqués. Ainsi Look Into The même mis, de leur plein gré, à tou- les origines : s’adapter aux nou- Flower est bourré d’arrangements tes les sauces, les solistes trouvent velles sonorités (en particulier des les jazzmen s’adaptent avec force effets sonores, flûtes, à chaque note le moyen d’affirmer claviers et guitares, mais aussi des clochettes, sitars, envolées vocales ce qu’ils sont, des hommes du outils des studios d’enregistre- aux nouvelles et violons, tous indiquant claire- jazz. Ce qu’il serait difficile de ment), emprunter aux ambiances ment l’orientation pop psychédé- retirer au trompettiste Donald et arrangements en vogue (afro- sonorités. Les gardiens lique prise par les musiciens. Byrd, aux saxophonistes Cannon- brésilien, soul, funk, psyché) et De ces six premiers volumes il ball Adderley et Lou Donaldson, s’efforcer de ne pas trop se perdre. du temple hurlent ressort beaucoup d’allégresse, pas au batteur Buddy Rich (version Les gardiens du temple hurlèrent mal de talent dans les enchaîne- très classe de The Beat Goes On sur au mauvais goût et à la déchéance au mauvais goût ments et le choix des titres. On y Home Cookin’), au guitariste Grant pour cause de dérive vers le com- découvre des raretés, des musi- Green ou aux pianistes Gene Har- merce. ciens dont le parcours prend plus ris et Lonnie Smith, pour ne citer A rebours, il n’y avait pourtant tamment la maison Blue Note, de poids concentré sur quelques que quelques-uns des musiciens pas de quoi s’énerver. Ce courant dont le fonds de catalogue était titres que sur une dizaine d’al- sélectionnés pour cette série amu- dit soul jazz, rare groove ou fusion l’un des plus fournis à l’époque, bums, une impression de fami- sante et musicienne. recèle son content de fantaisie avec une série intitulée « Groovex- liarité avec bien des sons d’au- nécessaire, de swing fondateur perience » qui constitue un excel- jourd’hui. Et, surtout, musiciens, Sylvain Siclier (quand bien même électrifié) et lent résumé du genre et démontre producteurs et arrangeurs n’hési- d’attention à l’expérimentation. Il qu’une compilation peut aussi être tent jamais à pousser au maxi- La collection « Groovexperience » de a été, grosso modo, de 1965 à la réalisée avec intelligence. mum une idée. Quand il y a des Blue Note, disponible en CD et fin des années 1970, le fait de Visuellement, les concepteurs chœurs – sur ce plan Tender Fee- 33-tours, est distribuée par Capitol- petits maîtres, de stylistes de des neuf CD, dont six ont déjà été lin’s, volume consacré à la roman- EMI. 32/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 CULTURE PORTRAIT

LES GENS DU MONDE

a Bruno Boutleux, directeur du le hussard Fonds pour la création musicale Dominique Wallon, (FCM), a été nommé directeur général de l’Union nationale des Jeunesses musicales de France (JMF). Cet organisme, présidé par Jean-Loup Tournier, assure une double mission d’insertion profes- de la culture sionnelle de jeunes artistes et de formation du public. Le 24 octo- bre, le tribunal de grande instance L’ancien directeur du Centre national du cinéma de Paris a mis fin à la procédure de redressement judiciaire qu’il avait met fin à sa carrière consacrée au service public imposée le 2août aux JMF. Un plan de continuation de l’associa- et à l’action culturelle. Une retraite marquée, tion a été arrêté pour quatre ans, échelonnant le paiement des det- comme ses débuts en 1961, par une polémique tes qui s’élèvent à 1,39 million d’euros. Le ministère de la culture s’est engagé à verser des subven- « C’EST aujourd’hui le premier jour de ma  tions pour un montant de 2,5 mil- retraite », dit Dominique Wallon. Dans la lions d’euros en trois ans à cette ferme réaménagée, loin de Paris, où il s’est f 1939 association dotée d’un budget de installé seul, il parcourt du regard les cartons 5,25 millions d’euros en 2001. amoncelés. Là s’entassent les livres et les Naissance à Paris. a Woody Allen a déclaré à la documents accumulés au long d’une carrière, presse italienne, que s’il devait se d’une vie tout entière placée sous le signe f 1961 définir en quelques mots, ce serait double de l’engagement politique et du ser- comme « un artiste raté ». «Jene vice de l’Etat. Double fidélité qui lui valut, il y Président de l’UNEF. suis même pas un acteur », se plaint a quarante et un ans, une célébrité prématu- le cinéaste et clarinettiste, avant f rée, lui dont la discrétion semble la nature 1977 de souligner que s’il n’était pas même, parfois le pire défaut : l’« affaire Wal- Préside la Maison de célèbre, personne n’irait à ses lon » fit les titres des journaux lorsque son concerts : « Je suis moins que médio- activisme contre la guerre d’Algérie à la tête la culture de Grenoble. cre à la clarinette. » Cet aveu inter- de l’Union nationale des étudiants de France f vient tardivement pour les specta- (UNEF) lui valut – cas sans précédent – d’être 1981 teurs ayant retenu leurs places interdit de candidature à l’ENA en 1961 par le Directeur pour les concerts de Woody Allen gouvernement de Michel Debré. et de son orchestre, qui devaient Cet épisode, qui se dénouera un an plus du développement avoir lieu le 30 octobre et le 1er no- tard pour permettre à Dominique Wallon culturel Rue de Valois. vembre au Théâtre des Champs- d’entrer parmi les derniers dans une institu- Elysées, à Paris. tion où il sera constamment ostracisé mais f 1989 a Keith Richards a fait une appari- dont – en authentique chrétien social respec- Directeur du CNC. tion surprise le 28 octobre au Joint, tueux des textes – il sortira parmi les pre- un petit club de Los Angeles. Le gui- miers, est au carrefour d’un héritage et d’une f 2000 tariste a rejoint sur scène deux cho- vocation. L’héritage est militant et républi- ristes des Rolling Stones, Bernard

cain. Lorsque, beaucoup plus tard, Wallon Président de l’Ifcic.   Fowler et Blondie Chaplin, Wad- rencontrera Aimé Césaire, celui-ci lui deman- dy Wachtel, guitariste de Stevie dera s’il est apparenté à « Henri ». Henri Wal- Nicks, Phil Jones, ancien batteur lon, cosignataire avec Paul Langevin du de Tom Petty, et le bassiste Rick grand texte de référence du syndicalisme les organisations étudiantes de ce qu’on nom- matière d’une note envoyée à Jack Lang dès Des liens tissés alors, et depuis (au CNC ou Rosas. Avec Richards au chant et à enseignant depuis la Libération ? C’est bien me encore l’outre-mer. Aujourd’hui, c’est la juin 1981, aussitôt après la nomination du à la direction de la musique, de la danse, du la guitare, le groupe s’est lancé l’oncle de Dominique, mais ce n’est pas de lui calvitie recuite qu’il prend sa retraite : «Je nouveau ministre. théâtre et du spectacle vivant qu’il a créé Rue dans une reprise du standard de que parle l’auteur de La Tragédie du roi Chris- reviens d’Afrique, c’est mon dernier voyage Aujourd’hui, dans la grande maison où il se de Valois à la demande de Catherine Traut- blues Key to the Highway avant d’in- tophe. Il évoque l’arrière-arrière-grand-père, là-bas. » Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Bénin : retire, les murs et les étagères témoignent mann), beaucoup se sont réactivés au cours terpréter Jumpin’ Jack Flash. secrétaire de la commission pour l’abolition étapes d’une enquête, une de plus, pour pré- que Dominique Wallon est connu un peu par- de l’été 2002. En juin, un organisme de per- a L’acteur nord-irlandais de théâ- de l’esclavage en 1848, entré dans l’histoire parer le rapport que l’Union économique et tout dans le monde pour avoir été l’un des ception de droits obtenait sa condamnation tre et de cinéma Liam Neeson a pour avoir déposé, le 30 janvier 1875, devant monétaire ouest-africaine lui a commandé patrons les plus marquants et les plus long- en justice pour des incompatibilités juridi- été décoré le 29 octobre, par la l’Assemblée nationale, l’amendement qui sur l’état du cinéma et de l’audiovisuel dans temps en poste au Centre national du cinéma ques entre ses différents postes. Dans une let- reine Elizabeth II, de la médaille donna naissance à la IIIe République. Pour- la région. Dans toute sa carrière se dessine (CNC). Mais l’essentiel reste pour lui ce qui tre ouverte, grands noms du théâtre, de la de l’ordre de l’Empire britannique. tant, la véritable figure tutélaire est celle du une « ligne africaine » sans interruption. s’est joué entre 1981 et 1986, lorsque Lang lui danse, du cinéma et de l’action culturelle « Je n’ai jamais été aussi nerveux père de Dominique Wallon, patron des Sans interruption, mais non sans rupture : confie une toute nouvelle direction du minis- diront leur stupeur devant cette condamna- depuis ma rencontre avec Muham- maquis de la Marne, tué au combat en août en décembre 2001, il démissionnait de la tère, celle du développement culturel (DDC). tion qui « heurte le bon sens et culbute la logi- mad Ali », a déclaré à Buckingham 1944. « Il m’emmenait avec lui transporter des direction générale du comité de pilotage de que juridique ». Palace le récipiendaire, qui a in- armes cachées dans des ruches, ça ne s’oublie l’année de l’Algérie (prévue en 2003) « pour   «  » Cette deuxième « affaire Wallon », perçue carné à l’écran Michael Collins et pas… » Dominique avait 5 ans. protester contre le manque de moyens et Wallon chez Lang, c’est un assemblage des par sa victime comme « une souillure injuste et Oskar Schindler. Adolescent, il vivra « comme une éviden- d’ambition ». contraires. Mais, à la DDC, il s’agit de mettre absurde », l’a laissé meurtri à la veille de son a Hildur Runa Hauksdottir a ce » l’engagement progressiste et le refus du Sorti inspecteur des finances de l’ENA, il en place, dans le cadre de la décentralisation, retrait de l’activité publique. Chez ce techni- cessé sa grève de la faim entamée communisme. A l’école des prêtres-ouvriers, adhère au PSU, qui l’envoie défier dans son une « culture de terrain », articulant les pro- cien du droit administratif qu’on a vu rester le 7 octobre. La mère de la chan- de Témoignage chrétien et de « la République fief le ténor Chaban-Delmas lors des élec- jets d’artistes « aux associations, aux quartiers, calme dans les batailles pour l’exception cultu- teuse islandaise Björk protestait selon Mendès », le voilà activiste de la Jeu- tions de juin 1968 : « Chaban était sidéré aux jeunes, aux prisons… », et qui relaie par la relle, stoïque pendant des heures sous le soleil contre le projet de la firme d’alumi- nesse étudiante catholique, se trouvant qu’on vienne lui porter la contradiction publi- base les initiatives régaliennes inventées de Ouagadougou pour inaugurer la Cinéma- nium Alcoa visant à construire une « d’instinct » dans la manifestation contre le quement, ça ne se faisait pas… », se souvient, naguère par Malraux, reprises et démulti- thèque africaine, impassible aux côtés des usine dans la région du Vatnajo- Parti communiste français au moment de Bu- amusé, l’ancien militant. Economiste par for- pliées par son lointain successeur socialiste. stars comme des puissants, une amertume et kull, le plus grand glacier d’Europe dapest comme dans les échauffourées contre mation, politique par vocation, il découvre à A ce poste, l’énarque, qui a la foi en la mis- une tension, cette fois, fait vaciller la voix. (Le Monde du 21 octobre). Après les partisans de Pierre Poujade. Elu président la fin des années 1970 la troisième dominante sion égalitaire de l’Etat chevillée au corps, fait Etrange détour qui aura fait découvrir la tenta- avoir perdu 14 livres, Hildur Runa de l’amicale des anciens de Sciences-Po, il se de son existence : l’action culturelle. Profes- merveille. Dominique Wallon parle encore tion de l’érémitisme à un homme dont la vie Hauksdottir a estimé que son ac- retrouve au bureau de l’UNEF : là naît la voca- seur à l’université de Grenoble, devenu «un avec émotion de la « qualité du travail collec- entière fut vouée au service public. tion avait atteint son but, provo- tion. Avant la présidence du syndicat étu- peu par hasard » directeur de la Maison de tif Rue de Valois » et des « effets concrets, quer une prise de conscience et diant, il y sera responsable des relations avec la culture, il y élabore ce qui constituera la immédiatement visibles, des efforts déployés ». Jean-Michel Frodon une mobilisation contre ce projet. TÉLÉVISION RADIO

 Du Japon au Kenya en passant par suivre les deux volets de ce  1  Casseroles et éprouvettes (Belin). de nombreux autres pays, ce documentaire de William Karel f Un poco agitato Rivette, l’évidence du désir documentaire (80 min) de Gérard (diffusés cette semaine au cours f Concert des Nations 16 h 30, France-Culture Vienne nous amène au contact de deux soirées sur France 3), 10 h 30, France-Musiques Brad Mehldau en concert, En attendant la rétrospective de la Cinémathèque française annoncée en de toutes sortes de grands singes Odyssée les programme ce soir Diffusion du concert donné autour de l’intégrale du plasticien 2003, un superbe doublé entre Arte Vidéo et CineCinema autour de Jacques filmés dans leur environnement à la suite. le 17 avril à Berlin dans le cadre Michaël Snow au Centre Rivette. La première fait l’événement avec un coffret de huit DVD, dont six naturel. f Blow up de la Biennale de musique Pompidou. longs métrages remarquablement restaurés, réalisés entre 1983 et 1998 – f Bibliothèque Médicis 21 heures, CineCinema Auteur ancienne 2002. f Résonance L’Amour par terre (version inédite), Hurlevent, La Bande des quatre, La Belle 18 h 30, Public Sénat Un jeune photographe de mode f Le monde change 18 h 15, France-Inter Noiseuse (version longue), Haut bas fragile, Secret défense –, assortis d’un L’émission présentée par londonien s’épuise à chercher des 13 h 10, RFI Pierre Weill reçoit Jacques Weber long entretien avec Frédéric Bonnaud, d’extraits d’émissions et d’histoires Jean-Pierre Elkabbach s’intitule sujets originaux. Ayant pris, à la L’émission de Patrick Chompré et Patrick Bruel pour Le Limier, de scénarios. Point de vue en amont sur CineCinema Auteur avec La Reli- aujourd’hui « Enfants : anges ou sauvette, des images d’un couple est consacrée aux secrets pièce d’Anthony Shaffer qui se gieuse, adaptation du roman de Diderot qui fit scandale et subit les foudres démons ? » Y participent Luc d’amoureux dans un parc, il est chimiques et physiques qui se joue au Théâtre de la Madeleine. de la censure lors de sa sortie, en 1963, et le premier volet du « Cinéma, de Ferry, ministre de la jeunesse, intrigué par le comportement cachent dans nos casseroles et f Rendez-vous du soir notre temps » (70 min, intitulé Le Jour) réalisé par Claire Denis en 1990. de l’éducation nationale et de de la femme et découvre, sur nos saucières. Avec Hervé This, 20 h 40, Radio Classique Entretien en déambulation avec Serge Daney, dans la cité si souvent et la recherche ; Serge Tisseron, les photos agrandies, une forme grand maître de la gastronomie Concert Jean-Christian Bach magnifiquement arpentée par l’auteur de Paris nous appartient. Vivant et psychanalyste ; Liliane Turçat, qui semble être un cadavre. moléculaire et auteur de et Abel. mouvant, le cinéma comme « art du temps » ; exploration et mise en abyme directrice de recherche honoraire Témoignage sur le « Swinging de la liberté au cœur de la contrainte, de l’intensité et du mystère des rap- au CNRS ; Judith Lazar, London » de la fin des années ports entre les êtres. Rivette au regard juste, élégant, dans l’évidence du sociologue, et Jean-Claude Carle, 1960, sujet policier virant à désir. – Val. C. sénateur. la métaphysique, superbe « Cinéma, de notre temps : Jacques Rivette, le veilleur » [1/2] et La Reli- f Bienvenue chez Pikachu construction formelle et frénésie gieuse, vendredi 1er novembre, 19 h20 et 22 h55, CineCinema Auteur. 19 h 45, Planète érotique. Pour ce premier film Le Pont du Nord, lundi 4 novembre, 20 h45, CineCinema Classic. Les Pokémons ont débarqué sur tourné hors d’Italie (1966), Terre en 1996, fascinant les jeunes Michelangelo Antonioni reçut mais inquiétant parfois les plus en 1967 le Grand Prix du Festival   1  Montand, Gérard Depardieu, grands. D’autant que ces petites de Cannes. Catherine Deneuve). créatures virtuelles ont été f Paysage dans le brouillard f Le Choix des armes f Elé Télé déclinées sous toutes les formes 22 h 50, CineCinema Emotion 10 h 20, CineCinema Succès 11 h 10, France 5 possibles par leur créateur Un film (1987) de Theo Un gangster reconverti à une vie Une première dans un parc japonais, Nintendo : films au Angelopoulos. Une fillette de rangée voit surgir un ancien naturel d’Afrique du Sud : une cinéma, séries télévisées, sans 12ans quitte Athènes avec son complice évadé et un jeune voyou caméra est fixée sur la tête d’un parler des milliers de produits petit frère pour aller rejoindre en blessé qui, sans le vouloir, éléphant de manière à capter les dérivés, constamment renouvelés Allemagne leur père, travailleur provoque des catastrophes. interactions sociales du groupe pour aiguiser l’appétit des jeunes. immigré. Ce père n’est qu’une Ce film d’Alain Corneau (1981) d’un point de vue original. Un documentaire (30 min) de fiction inventée par leur mère, oppose deux générations de flics Un documentaire (52min) réalisé Corinne Maurine réalisé en 2001. mais les enfants s’en vont et font et de truands. Une magistrale par Clifford Bestall en 2000. f VGE, le théâtre du pouvoir d’étranges rencontres. Un film étude de comportement servie f Le Peuple singe 20 h 50, Odyssée d’errance traité dans un style par d’excellents comédiens (Yves 16 h 05, France 5 Pour ceux qui n’auraient pu presque onirique. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/33 radio-télévision JEUDI 31 OCTOBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

14.45 Fantôme.com Téléfilm. Kelly Sandefur. 17.00 Des chiffres et des lettres Jeu 17.35 Le 17.30 Mon Kanar 17.45 C’est pas sorcier d 17.05 Crinière au vent, une âme indomptable 16.35 Des vivants chez les morts Doc. d 17.30 17.05 Agence tous risques Le Pain quotidien (EU, 2002, d) 16.25 Providence Une femme à Prince de Bel-Air & 18.00 Parents à tout prix 18.15 Un livre, un jour Austerlitz, de Winfried Film. Sergei Bodrov. Aventures (EU, 1999) & 100 % Question 18.05 C dans l’air 19.00 Flash & 17.55 Stargate SG-1 Le Jour sans fin & 18.55 17.15 d 18.25 18.20 18.30 & 19.30 19.01 19.45 & 19.45  20.40 la mer Dawson Sexualité, mensonges et Sabrina, l’apprentie sorcière Le Cœur Georg Sebald Questions pour un cham- f En clair jusqu'à 21.00 Hyper Show info Voyages, voyages Jamaïque Charmed Au service du mal vidéo d 18.10 Star Academy En direct 18.55 partagé d 18.55 On a tout essayé 19.50 Un pion Jeu 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo 20.15 Journal des bonnes nouvelles 19.55 Guignols Arte info, Météo 20.15 Reportage Spéciale Caméra café Série 19.54 6 minutes, Météo Le Bigdil Jeu 20.00 Journal, Tiercé, Météo. gars, une fille d 20.00 Journal, Météo d. Tout le sport 20.25 Le FabuleuxDestin de... 20.05 H Série & 20.45 Journal du cinéma &. Chine : La Cité des suicidés. Documentaire. 20.05 Une nounou d’enfer Le Testament d.

20.55 L C,    21.00 E  20.55 C 21.00 L S aa 20.40 P  -   20.50 P Magazine Film. Robert Zemeckis. Film.   ’ MENSONGES ET VÉRITÉS Série. J. - M. Seban. présenté par Guilaine Chenu. Au sommaire : Avec Jodie Foster, Matthew McConaughey, Rachid Bouchareb. Avec K. Koussein Traoré, Film. Tran Anh Hung. Feuilleton-Documentaire (2002). 320899 Avec Pierre Mondy, Bruno Madinier, Le retour de l’internat. Documentaire. James Wood, John Hurt, Tom Skerritt. Sotigui Kouyaté (Fr.-All., 2000, d) %. 8155054 Avec Tran Nu Yen Khe, Nguyen Nhu Quynh, Didier Bienaimé, Estelle Caumartin, Alexandra Riguet et Vincent Liger ; La ruée Science-fiction (EU, 1997, d) &. 3398528 Un Sénégalais découvre les Etats-Unis. Le Khan, Ngo Quang Hai, Chu Hung 22.05 Un an avec les L5 Doc. 9757257. Andréa Ferréol (France, 2001, d). 2047344 sur l’ADN au Brésil. Documentaire. S. Vibert Une jeune femme astronome capte Une réflexion pertinente sur le racisme (France - Vietam, 2000, v.o., d). 688764 Le juge Cordier, enquêtant sur la et Jean-François Monier d. 3993870 des messages d’origine extraterrestre. et les chocs de cultures, servie par Portrait de trois sœurs, à Hanoï, mort d’une ancienne petite amie, Bourrative science-fiction new-age. l’interprétation de Sotigui Kouyaté. qui évoquent leur passé à l’occasion apprend qu’il serait papa d’une fille du décès de leur mère. aujourd’hui âgée de cinq ans. 23.25 Météo, Soir 3. 22.35 Making of « Décalage horaire ». 9513431. 22.45 M  S 23.05 D-J 23.55 P   - 22.55 F 22.30 T - V   23.00 B B : ’ Téléfilm. SPÉCIALE BERLIN D L M COUPE DE L’UEFA Brian Trenchard-Smith. Avec KimberleyDavies, Présenté par Bernard Pivot. 9228306 UN DOCTEUR National Bucarest (Roum.) - Paris-SG (Fr.) EN DEUIL DE LAYLA Doc. Vanessa Gormann Divertissement présenté par Michaël Youn, Antonio Sabato Jr (EU, 2002, d) ?. 8601580 0.40 Journal de la nuit, Météo 1.05 Tennis MENGELE EN AFRIQUE DU SUD Documentaire. (2e tour, Match aller). En différé. 189961 (Australie, 2002). 100057238 Benjamin et Vincent. Invités : Gad Elmaleh, 0.30 Les Coulisses de l’économie 5870555 Masters Series. Tournoi messieurs de Paris Jean-Pierre Prévost (2001, d). 783783 0.35 Habillé(es) pour l’été 1.30 La Louve 23.30  0.10, 0.50 Thema - Analyses du deuil Annie Cordy, Kad et Olivier, Bruno Solo, 1.15 Star Academy 2305710 1.55 Météo. (4e jour). Le match du jour. 7380246. 0.45 Ombre et lumière C. Lacroix. 1796710. solitaire a Film (Fr. - It., 1968, d) & 1697449. [1 à 3/3]. Doc. Benno Trautmann. 24493 Francis Lalanne. 2602948

2.00 Très chasse Scènes de chasse en Irlande. 2.40  3.55 Contre-courant Napoléon et la 1.15 J’ai pas sommeil 61449420 1.50 Espace 3.00 Hockey sur glace NHL : Washington 23.40 Thema - Le Partage des larmes Doc. 0.35 Halloween Party 4 Enregistré au Zénith 4320826 3.00 Reportages La Longue Marche légende de Sainte-Hélène & 4629791. Sœurs francophone 2.15 Soir 3 2.40 Vie privée, vie Capitals - Boston Bruins. 3933468 4.45 7128580 0.20 Thema - Perte Doc. (Fr. - All., de Paris, le 31 octobre 2002. Concert présenté du docteur Laroche. 4578468 3.15 Enquêtes à en résistance 3020505 3.30 24 heures d’info publique Patrick Henry, l’impossible liberté ? Surprises 52825401 4.50 L’Exorciste a Film. 2002). 28807 1.00 Quai des Orfèvres aa par les « L5 ». 4007062 1.49 Météo 1.50 M6 l’italienne La mort mystérieuse du joueur de 3.50 Météo 4.50 Le Dernier Survivant. Court 9370975 4.40 La case de l’oncle Doc Jérusa- William Friedkin. Avec Linda Blair (EU, Film. Henri-George Clouzot. 3528710 2.45 Music / Les Nuits de M6 Emission musicale boules. 9322246 4.15 Musique (40 min). métrage. J.-M. Surcin (10 min) & 7293569. lem ou les défis du christianisme (60 min) d. version intégrale, 2001, 100 min, d) ? 71735517. Why Are You Creative ? (30 min) 69544569. (310 min) 87908915. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.50 Les Dossiers de guerre. Des croix gammées MUSIQUE 13.50 Stromboli aaaRoberto Rossellini. Avec 14.00 Studio ouvert. L’Irak. Public Sénat dans les îles Anglo-Normandes. La Chaîne Histoire 20.45 Piotr Anderszewski joue les « Variations Diabelli ». 20.30 Quadrille. Ingrid Bergman, Mario Vitale (Italie, 1949, N., v.o., 22.00 Forum public. Le contrat d’intégration. 20.00 Les îles Vierges britanniques. Voyage Les Trente trois variations sur thème d’Anton Diabelli 21.00 Le Gai Savoir. Claude-François Bauder. 105 min) % CC Classic Invité : Yves Dauge. Public Sénat 20.00 Cinq mariages et quelques enterrements. op. 120. Mezzo 22.00 Journal, Multipistes. 15.00 Les Truands aaCarlo Rim (France, 1956, N., Un enterrement à Soweto. National Geographic 22.10 Gautier Capuçon et Jérôme Ducros. En 2001. 22.30 Surpris par la nuit. & MAGAZINES 20.05 95 min) Cinétoile Le Monde en guerre. [4/5]. Seule. Histoire Œuvres de Prokofiev, Grieg, Joplin. Mezzo FRANCE-MUSIQUES 16.35 La Poison aaSacha Guitry (France, 1951, N., 13.40 Tendance Amanda. Le phénomène techno. 20.20 Living Stones. Carthage, ville nouvelle. Odyssée 23.15 Jazz Open 1999. Avec Rosemary Clooney, Dee Dee 85 min) & Cinétoile City-guide d’Avignon. Portrait de Fernando Botero, sculpteur 20.30 Venus d’ailleurs. Le lac de lave. National Geographic Bridgewater, Lionel Hampton, Indigo Swing, Big Kahuna 20.30 Concert UER. Par le Chœur de Radio 17.50 Les Portes de la gloire a Christian de formes. Alerte à Malibu sur la côte atlantique. Match TV 20.50 George Washington. La Chaîne Histoire & the Copa Cats. Mezzo France, Marcus Creed, chef de chœur, Merret-Palmair (France, 2000, 100 min) & Cinéstar 2 17.00 Explorer. Le retour du puma. Sous le charme 21.00 Créatures d’Halloween. National Geographic THÉÂTRE Vincent Varnier et Thierry Escaich, orgues : 18.00 Never Let Go a John Guillermin du tigre. Sur la piste du tigre, le making of. Nat. Geographic 21.35 Fellini par Fellini. Planète œuvres de Bach, Duruflé. (Grande-Bretagne, 1960, N., v.o., 90 min) & Cinétoile 17.00 Les Lumières du music-hall. C’est si bon. 21.55 Patricio Guzman, une histoire chilienne. Histoire 17.40 La Malibran. Pièce de Sacha Guitry. Festival 22.00 En attendant la nuit. Présenté 18.10 La Petite Voleuse aaClaude Miller (France, Odette Laure. Paris Première 21.55 La Guerre froide. [3/6]. La Chaîne Histoire 0.00 Le Portefeuille. Pièce d’Octave Mirbeau. Festival par Lionel Esparza. 1988, 110 min) & TPS Star 18.50  23.35 J’y étais. Invités : Frédéric François ; Philippe 22.30 Mike contre Tyson. Planète 23.00 Jazz poursuite. Le big band [4/4]. 19.00 aa 22.50 TÉLÉFILMS Le jour où la terre s’arrêta Robert Wise Manœuvre ; Véronique Campion-Vincent. Match TV Auprès de Franco en Espagne. La Chaîne Histoire RADIO CLASSIQUE (Etats-Unis, 1951, N., v.m., 90 min) & CC Succès 22.45 Ripostes. Droite - Gauche : la nouvelle bataille. 23.30 L’Album. Harrison Ford. Téva 20.40 La Dernière des romantiques. Joyce Buñuel. Festival 20.45 Conte d’automne aaEric Rohmer (France, Avec Arnaud de Montebourg ; Christophe Barbier ; Claude SPORTS EN DIRECT 22.15 Noël et après. Daniel Vigne. Festival 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 1998, 115 min) & Cinéfaz Goasguen ; Noël Mamère ; Claude Askolovitch. France5 Sat. 22.50 L’Affaire Seznec. Yves Boisset [1/2] % Histoire Cinq pièces de genre, de Massenet ; 21.00 Trois petits mots a Richard Thorpe (Etats-Unis, DOCUMENTAIRES 18.55 Football. Coupe de l’UEFA (2e tour) Match aller : 0.05 Belphégor. Claude Barma [1/4] % Série Club Œuvres de Saint-Saëns. 20.40 L’Orchestre 1950, v.o., 100 min) & Cinétoile National Bucarest - Paris-SG. Canal + vert de Meinigen. Œuvres de Brahms, e SÉRIES 22.40 Mafia Blues aaHarold Ramis (Etats-Unis, 17.00 Un siècle pour le meilleur et pour le pire. [5/13]. 20.30 Football. Coupe de l’UEFA (2 tour) : Vitesse R. Strauss, Beethoven, Wagner. 1999, v.m., 105 min) & CC Frisson Metropolis. Planète Arnhem - Werber Brême. Eurosport 19.45 Ally McBeal. L’accompagnateur (S2) & Téva 22.33 Les Rendez-Vous du soir (suite). 23.10 Boniface somnambule a Maurice Labro 19.00 La Chine secrète. Sexe et révolution. Nat. Geo. 20.30 Basket-ball. Euroligue masculine (4e journée, 20.50 Washington Police. La chasse au flic. Jeudi noir Concerto brandebourgeois n˚1 BWV 1046, (France, 1950, N., 90 min) & CC Classic 19.00 Biographie. Monsieur Hergé. La Chaîne Histoire Groupe C) : Asvel - CSKA Moscou. Sport+ (saison 2) % Série Club de Bach, dir. Karl Münchinger ; 23.15 Vivre au paradis aaBourlem Guerdjou 19.05 Napoléon. [2/2]. La chute d’un géant. Odyssée 22.15 Tennis. Masters Series. Tournoi messieurs de Paris 23.50 New York Police Blues. Témoins gênants. Œuvres de Reger, Elgar, Debussy. (France, 1998, v.m., 95 min) &. CC Emotion 19.45 Multimanga. Planète (4e jour). Sport+ La peur au ventre (saison 8, v.o.) %. Canal Jimmy 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

VENDREDI 1er NOVEMBRE TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

12.05 Attention à la marche ! d 12.50 A vrai 12.20 Pyramide 12.55 Météo, Journal, Météo 13.25 C’est mon choix 14.30 Always, « Pour 14.00 Presque célèbre a Film. Cameron 12.05 Midi les zouzous Magazine 13.45 Le 12.35 Docteur Quinn, femme médecin Série. dire Spécial Halloween 13.00 Journal, Météo 13.50 A tout jamais aaFilm. Andy Tennant toujours » Film. Steven Spielberg (EU, 1989, d) Crowe. Avec Patrick Fugit (EU, 2000) & 15.55 Journal de la santé 14.10 Les Refrains de la La Soirée des dames & 13.35 Le Troisième 13.55 Forever Young Film. Steve Miner. Avec (EU, 1998, d) & 15.50 La Famille Addams a 16.30 Richard au pays des livres magiques Minutes en + 16.05 Le Mexicain Film. Gore mémoire [8/20]. L’Ecole est finie, 1963 14.40 Jumeau Téléfilm. Tom McLoughlin [1 et 2/2] Mel Gibson (EU, 1992, d) 15.40 Les Fous Film. Barry Sonnenfeld (1991, d) & 17.25 Un Film. M. Hunt et J. Johnston (EU, 1994, d). Verbinski. Avec Brad Pitt (EU, 2001) % 18.05 Sciences et coïncidences [2/6]. L’Imagerie (EU, 1997, d) % 16.40 Zorro Série. Les Fugitifs 17.50 d 18.15 % f 18.25 15.35 16.05 17.05 du stade Film. Claude Zidi. Avec Jean-Guy livre Mummy, Mummies, d’Alain Fleischer C’est pas sorcier Un livre, un 7 jours au Groland En clair jusqu'à 21.00 médicale Familles [5/8]. Toffin. Agence tous risques Pression amicale Fechner (Fr., 1972, d) 17.20 Dawson Série 17.35 Le Prince de Bel-Air Série d 18.00 jour Paysages aléatoires, de Peter Stamm La Météo 18.30 Hyper Show Invités : Gérard Le Peuple singe 17.30 100 % Question 18.05 & 17.55 Stargate SG-1 Le passé oublié 18.55 (saison 1). Autant en emporte le temps d Parents à tout prix Série d 18.25 Sabrina 18.20 Questions pour un champion 18.50 Jugnot, Miss Dynamite & 19.25 Le Zapping, C dans l’air 19.00 Flash info 19.01 Tracks Charmed Série 19.45  20.40 Caméra café 18.10 Star Academy En direct 18.55 Le Bigdil Série d 18.55 On a tout essayé Best of 19.50 19-20 de l’info, Météo 20.25 Le Fabuleux Journal des bonnes nouvelles, Météo 19.55 Magazine 19.45 Arte info, Météo 20.15 Série 19.54 Le SixMinutes, Météo 20.05 Jeu 19.55 Météo, Journal, Tiercé, Météo. Un gars, une fille d 20.00 Journal, Météo d. Destin de... Avec Inès de la Fressange. Guignols 20.05 H Série 20.35 Les Journaux &. Reportage Spéciale Chine : Xian Connection. Une nounou d’enfer Série d&.

20.50 L E    20.55 U    - 20.55 T 21.00 T T  P a 20.40 L N 20.50 A 80 P.J. Magazine présenté par Téléfilm. Anno Saul. Présenté par SPÉCIALE PUB Divertissement présenté par SQUELETTES Série. Gérard Vergez. Avec Georges Pernoud. Au sommaire : Grégoria et Film. John Boorman. Avec Pierce Brosnan, Avec Kathrin Kühnel, Stephan Kampwirth, Benjamin Castaldi. Invités : Loana, Amanda Arthur et Pierre Tchernia. Invités : Dave, Bruno Wolkowitch, Jocelyne Desverchère, les Garifuna du Honduras. Documentaire. GeoffreyRush, Jamie Lee Curtis, Leonor Varela, Barbara Focke, Minh-Khai Phan-Thi, Nicolas Lear, Jean-Yves Lafesse, La Cicciolina, David Pierre Palmade, Patrick Bosso, Francis Lalanne, Guillaume Cramoisan (Fr., d) &. 6672449 Claudine Le Tourneur d’Ison, Yvon Bodin et Brendan Gleeson, Harrold Pinter. Comédie von Wackerbarth (All., 2002, d). 169265 Hallyday, Martin Lamotte, Peter et Sloane, Richard Bohringer, FannyCottençon, 21.50 Avocats et associés Le parasite. Série. François Devaux ; Amanda et les hippocampes. (Etats-Unis -Irlande, 2001, d) % 7242913 Une jeune étudiante en droit entre au Jean Schulteiss, Desireless, Ricchi et Poveri, Georges Corraface. 82600456 C. Bonnet. Avec Victor Garrivier d&. 1910333 Documentaire. Béatrice Berge, Yvon Bodin L’adaptation du roman éponyme de couvent pour une période probatoire Mad House, Jean Pierre Mader. 1289371 Les débuts en images des invités du 22.45 Les Enquêtes d’Eloïse Rome Jugement et Yves Gladu d. 9214178 John Le Carré. Une satire réussie. de six mois, ce qui suscite la colère et Ce soir, vingt candidats restent en lice jour, agrémentés d’un tour du monde en appel. Série (saison 1, 3/6). Denys Granier- l’incompréhension de sa famille et de pour remporter les quarante mille des publicités. Deferre. Avec Christine Citti d&. 3791130. 22.30 Météo, Soir 3. 22.45 Surprises Magazine. 6504888. son fiancé. euros de gains. 23.10 S   23.40 C- 22.55 O     23.00 24   22.10 L V   23.20 S  80 - K 2000 Magazine EL CHE,     LES FEMMES présenté par Julien Courbet. ENQUÊTE SUR UN HOMME DE LÉGENDE Magazine présenté 12 h 00 - 13 h 00 % 19352. 13 h 00 - 14 h 00 % DE KABOUL Documentaire. Elke Jonigkeit Téléfilm. Daniel Haller. Avec David Hasselhoff, Invités : Daniel Prévost, Eva de « Star Aca- Documentaire. Maurice Dugowson. Présenté par Marc-Olivier Fogiel. 7598975 1510998. Série (S1) [13 et 14/24]. S. Hopkins ; (2002). 5641642 Edward Mulhare, Phyllis Davis, R. Basehart demy». 5120994 par Stéphane Paoli d. 2152468 Jon Cassar. Avec Kiefer Sutherland, Michael Quatorze ans après un documentaire (Etats-Unis, 1982, d ). 9228826 Enquête sur un homme mythique Massee, Devika Parikh, Elisha Cuthbert, sur les femmes afghanes, la réalisatrice Officielement décédé, un detective est d’après l’ouvrage de Pierre Kalfon Leslie Hope, Vicellous Reon Shannon (2002). Elke Jonigkeit retourne à Kaboul à finalement sauvé par un millionnaire 1.30 Les Coups d’humour Divertissement. « Che- Ernesto Guevara, une légende ». la recherche de trois d’entre elles : qui lui donne une voiture futuriste 8294598 2.05 Star Academy 6508314 2.45 0.25 Le Lait de la tendresse humaine a Film. Parwin, Hafiza et Tajwar. pour lutter contre le crime. Les belles Météo 2.50 Reportages Dons d’organes, 1.15 Journal de la nuit, Météo 1.35 1.10 Ombre et lumière Présenté par Philippe Dominique Cabrera. Avec Marilyne Canto, 23.05 Profils - La Revue Magazine. Invité : années de la 5. actes d’amour. Magazine d 6892192. CD’aujourd’hui Daniel Levi. 29951024. Labro. Invitée : Mireille Darc 1754734. Patrick Bruel (France, 2001, d) % 1577734. Enki Bilal, dessinateur et cinéaste 8396642. 1.09 Météo.

3.20 Enquêtes à l’italienne Le Cas de l’étran- 1.40 Tennis Masters Series. Tournoi mes- 1.40 La Nuit littéraire « Apostrophes » de 1.55 Quills, la plume et le sang Film. Philip 0.20 Mister Frost a Film. Philippe Setbon. 1.10 Ça me révolte ! Ecole, boulot et ban- gleur de girafe. Série. Avec Renzo Montagnani, sieurs de Paris (5e jour). Au Palais Omnisports Bernard Pivot, avec Alexandre Soljenitsyne ; Kaufman. Avec Geoffrey Rush (EU, 2000, d) Avec Jeff Goldblum. Drame (Fr. - GB, 1989). lieue : les délits de sales gueules. Magazine Andy Luotto. 6156395 4.15 Musique 30093463 de Paris-Bercy. 6909579 3.10 Envoyé spécial « Lecture pour tous » de Pierre Dumayet et ? 5642901 3.55 Tout près des étoiles aa 7381647 2.05 Connaissance Des gènes dans présenté par Bernard de La Villardière. 4.50 Mode in France Prêt-à-porter printemps- Le retour de l’internat ; Ruée sur l’ADN Pierre Desgraupes ; « Bibliothèque de poche » Film. Nils Tavernier. Avec Aurélie Dupont notre assiette. 7718460 2.45 Why Are You 4146260 2.55 M6 Music / Les Nuits de M6 été 2003. Magazine (60 min) 2822647. au Brésil. Magazine (115 min, d). 2683192. de Michel Polac ; etc (205 min) 33479956. (France, 2000, 100 min, d) & 23928869. Creative ? Dave Droga (5 min). 46274051. Emission musicale (235 min). 76277685. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 18.00 Au zoo de . National Geographic MUSIQUE 14.00 Mafia Blues aaHarold Ramis (Etats-Unis, 16.30 En commission au Sénat. Audition de Jean-Jacques 18.20 Hollywood Stories. Les Dents de la mer. Paris Première 20.45 Fauré. Requiem. Avec Sheila Armstrong (soprano), 20.30 Black and Blue. Gilles Anquetil. 1999, v.m., 100 min) & CC Frisson Aillagon. Public Sénat 18.30 Insectia ! Le nouvel ordre mondial. Nat. Geographic Herman Prey (baryton) et le New Philharmonia 21.30 Cultures d’islam. 14.40 The Philadelphia Experiment aaStewart 18.30 Bibliothèque Médicis. L’Islam en France. Public Sénat 18.30 Living Stones. Carthage, ville nouvelle. Voyage Orchestra, dir. D. Willlcoks. Mezzo 22.00 Journal, Multipistes. Raffill (Etats-Unis, 1984, v.m., 105 min) & CC Premier MAGAZINES 18.45 Les Lions indomptables. Planète 21.25 Saint-Saëns. Requiem de Camille. Avec Marie-Lys 22.30 Surpris par la nuit. Amateurs de visage. 15.50 Plein soleil aaaRené Clément (France - 19.00 Les Mystères de l’Histoire. La guerre secrète Langlois (soprano), Christian Nabalet (baryton), Michel 0.00 Du jour au lendemain. Geneviève Italie, 1959, 120 min) % CC Frisson 13.40 Un jour deuxstars. Invités : Michèle Torr ; Marc russe. La Chaîne Histoire Pastor (ténor), Christine Labadens (mezzo-soprano), Brisac, pour La Marche du cavalier. 16.25 aa 19.45 Le jour où la terre s’arrêta Robert Wise Jolivet. Match TV Bienvenue chez Pikachu. Planète Etienne Morel (orgue). Par l’Orchestre et les Chœurs FRANCE-MUSIQUES (Etats-Unis, 1951, N., v.m., 90 min) & CC Succès 15.55  21.40 Comme à la télé. Invités : Amanda Lear ; 20.00 Les Lumières de la Toussaint. Odyssée du Sinfonia de Lyon, dir. Jean-Claude Guérinot. Mezzo 17.35 L’Extravagant M. Ruggles aaLeo McCarey Ilario Calvo. Match TV 20.05 Le Monde en guerre. [5/5]. Histoire 22.10 Mendelssohn. Quatuor avec piano n˚ 3 » en si 20.05 Concert franco-allemand. Par (Etats-Unis, 1935, N., v.o., 90 min) & CC Classic 17.10 Les Lumières du music-hall. Il était une fois. 20.45 Tranches d’ados à Los Angeles. [13/14]. Planète mineur, opus 3. Mezzo l’Orchestre symphonique de la Radio 18.15 L’Amour en herbe a Roger Andrieux (France, Bernard Lavilliers. Paris Première 20.50 Femmes de l’ombre. [2/2]. La Chaîne Histoire THÉÂTRE de Sarrebruck : Lichtstudie pour orchestre, 1976, 100 min). TV520.50 Une histoire de spectacle. Dieudonné. Paris Première 20.55 VGE, le théâtre du pouvoir. [1/2]. Odyssée de Widmann ; Œuvres de Mozart, Reger. 19.05 Tovarich aaAnatole Litvak (Etats-Unis, 1937, 22.15 Spéciale Vie privée, vie publique. Patrick Henry, 21.00 Tuer de Gaulle ! [2/2]. Le Petit-Clamart. Histoire 21.35 Un dîner intime ou un maître Coq. Vaudeville de 22.30 Alla breve. Emilygrams, de Culpo. N., 100 min) & CC Classic l’impossible liberté ? Invités : Michel Bourgat ; 21.00 Le Rêve américain. [5/5]. Ne jamais renoncer. Voyage Yves Châtelain. Mise en scène de Robert Manuel. Festival 22.45 Jazz-club. Au Sunside à Paris. 20.45 Drei von der Tankstelle aaWilhelm Thiele Joël Troussier ; José Giovanni. TV521.25 La Guerre culturelle du Front national. Chaîne Histoire TÉLÉFILMS 1.00 Programme Hector. Œuvres (Allemagne, 1930, N., v.o., 95 min) & CC Classic 23.00 Explorer. L’invasion des serpents. Les montagnes 22.00 Treks du monde. Escalade dans les Alpes. Voyage de Debussy, De Falla, Dukas, Fauré, Albeniz. 21.00 aa 22.15 20.30 A la campagne Manuel Poirier (France, des Mayas. Sumos, la danse des géants. Nat. Geographic L’Eté des festivals. [2/8]. Torreton, engagé. Planète Le Manoir enchanté. Paul Lynch [3/3]. Canal J RADIO CLASSIQUE 1995, 105 min) & Cinéstar 2 23.45 Droits d’auteurs. L’éducation. Invités : Christophe 22.45 Juan Carmona. Flamenco. Mezzo 20.45 Entre terre et mer. Hervé Baslé [4/6] & TV Breizh 21.00 Conte d’hiver aaEric Rohmer (France, 1991, Dufosse ; Philippe Meirieu ; Marcel Gauchet ; 22.50 Les Tyrans les plus sanguinaires de l’Histoire. 20.45 Mae West. Lee Philips & Canal Jimmy 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres 110 min) & Cinéfaz Marie Duru-Bellat. France 5 Sat. Pol Pot. La Chaîne Histoire 22.50 L’Affaire Seznec. Yves Boisset [2/2]. Histoire de Joplin, Johnson, Gershwin, Piazzolla, 22.45 Madame Bovary aaClaude Chabrol (France, 0.30 Armorick’n’roll. Philippe Pascal. TV Breizh 0.00 La Mecque secrète. Au cœur de l’islam. Voyage SÉRIES Gardel. 20.40 Les Concerts Bach. Œuvres 1991, 134 min) & TPS Star DOCUMENTAIRES 0.10 Histoire de l’archéologie. Au service de l’Etat. Odyssée de Bach, Abel, J.-C. Bach ; Samson (extraits 22.50 Conte de printemps aaEric Rohmer (France, SPORTS EN DIRECT 17.30 Roswell. Fausse note (S3, v.m.) TSR de l’acte II), de Haendel, AR Johnson 1990, 105 min) & Cinéfaz 17.00 Halloween créatures. National Geographic 19.30 Cosby Show. Donne-leur la vie (S3) Série Club (Samson) ; Œuvres de J.-C. Bach, Mozart, Abel. 22.50 La Religieuse aaJacques Rivette (France, 17.15 17 octobre 1961, dissimulation d’un massacre. Histoire 14.00 Tennis. Masters Series. Tournoi messieurs de Paris. 22.25 SixFeet Under. Driving Mr. Mossback. The Invisible 22.48 Les Rendez-Vous du soir (suite). 1967, 140 min) ! CC Auteur 17.25 Le Mystère du cercle de Miami. Odyssée Quarts de finale. Sport+ Woman (saison 2, v.o.). % Canal Jimmy Davidsbündlertänze op. 6, de R. Schumann ; 0.35 Conte d’été aaEric Rohmer (France, 1996, 17.50 Un siècle pour le meilleur et pour le pire. [8/13]. 20.00 Football. Championnat de Ligue 2 (14e journée) : 22.30 Columbo. Requiem pour une star (v.m.) TSR Œuvres de Schubert, Mendelssohn. 110 min) &. Cinéfaz Au nom de la liberté. Planète Caen - Le Mans. Eurosport 22.45 Sexand the City. L’art du compromis (S4) %. Téva 0.00 Les Nuits de Radio Classique.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit auxmoins de 12 ans ! Public adulte. Interdit auxmoins de 16 ans # Interdit auxmoins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 34/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002

LES BALADES DE L’AUTOMNE CARNET DE ROUTE Alpes-Maritimes, l’arboretum Dans un collège de Clamart, un « forum electronicum » de la vallée de la Tinée

A l’automne, c’est des Alpes-Maritimes prend tout COMME tous les vendredis suis fâchée avec l’ordinateur, mais un festival de cou- son sens : c’est bien la confluen- après-midi, 23 élèves de la classe en cours, ça se passe bien. C’est leurs. Au milieu ce des climats alpin et méditerra- de 5e D du collège Petits-Ponts de vraiment intéressant de faire du du vert sombre néen, à l’origine de la richesse du Clamart (Hauts-de-Seine), classé latin comme ça ! », renchérit des pins éclatent milieu. La table d’orientation de en zone d’éducation prioritaire Keshia, 12 ans également. Et ils le rouge sang des l’arboretum permet de mieux (ZEP), s’installent dans la salle d’in- n’ont pas tout vu : leur professeur érables du Japon et le jaune d’or comprendre la situation du lieu. formatique. Tandis qu’ils allu- a bien l’intention de prolonger des érables sycomores, tandis Face à la table, vers l’est, le som- ment les ordinateurs, le profes- son projet pédagogique en leur que la teinte lie-de-vin des péli- met du mont Giraud, culminant seur leur rappelle : « Lorsque apprenant à construire un site tes du sol répond au bleu du ciel. à 2 606 mètres ; un peu plus au j’aurai démarré la conférence vir- entièrement rédigé en latin. Pour accéder à l’arboretum en voi- nord, le mont Saint-Sauveur, tuelle, vous vous connecterez en Pourtant, à la rentrée, la plu- ture, il faut emprunter la petite plus élevé d’une centaine de mè- TCP/IP habituel. » Dans un gentil part des élèves de Robin Delisle route dominant le village de Rou- tres, qui masque le site d’Isola brouhaha, chacun s’exécute sans ne savaient pas se servir d’un ordi- re et la suivre jusqu’à la fin de la 2000 et la crête frontalière ; broncher. On entend les souris cli- nateur et ignoraient tout du nomi- partie goudronnée. Ceux qui pré- enfin, au pied, la vallée de la quer, tandis que sur les écrans les natif et du vocatif. En près de fèrent la marche peuvent suivre Tinée, qui trace un profond messageries électroniques appa- deux mois, ils ont donc ingurgité le GR 5 (balisage rouge et blanc, sillon suivant un axe nord-sud. raissent. « En surfant sur le forum, en parallèle l’apprentissage d’une départ du centre du village), qui Pour finir, une halte au « chalet vous verrez qu’Horatius a répondu nouvelle langue et la maîtrise de

y mène en une demi-heure. de l’arbre » permet de découvrir à vos questions. » Aussitôt, Faelan,   l’outil informatique. Pour Nelly L’accès à l’arboretum est libre. l’univers des différentes essen- 12 ans, demande : « Monsieur, com- En 2000, la salle informatique du collège Petits-Ponts de Clamart. Dade, la principale du collège Dans l’enclos, il suffit de suivre ces, avec les étonnants échan- ment on dit déjà “j’étudie le Petits-Ponts, l’initiative de Robin l’un des nombreux sentiers qui tillons de la xylothèque. Les grai- latin” ? » Car, malgré ce que l’environnement pondent, toujours Delisle va dans le bon sens. « Nous sommes en s’éparpillent dans la forêt domi- nes font l’objet d’une collection informatique pourrait laisser croire, ces élèves en latin, avec deux Clamart ZEP et, sur 660 inscrits, le collège compte quel- née par le mélèze. tout aussi surpre- ne s’apprêtent pas uniquement à découvrir les autres classes de col- ques éléments difficiles. Lorsque M. Delisle m’a Sapin de Corée, PRATIQUE nante : la carpo- joies de la technologie : ils s’initient avant tout lèges situés à Genne- présenté son projet, j’y ai vu un moyen de faire cèdre de l’Atlas, thèque. Il est ainsi Accès : aux subtilités de la langue de Virgile. Et s’ils se villiers et à Angou- tomber les clichés qui accompagnent souvent genévrier de Phéni- on rejoint possible de com- retrouvent dans la salle informatique du lême. Tous parti- l’enseignement du latin, et de faire en sorte que cie, sapin du Colo- le village perché parer l’imposant collège, ça n’est pas un hasard mais bien une cipent à ce « forum cette matière ne soit pas une matière élitiste, rado, érable de de Roure depuis cône du pin Pinus volonté de leur professeur, Robin Delisle, qui electronicum » vou- souligne Nelly Dade. Plus qu’une langue, les l’Amour, les pan- Saint-Sauveur- coulteri au minus- se reconnaît volontiers comme atypique. Celui- lu par Robin Delisle, élèves peuvent élargir leur culture grâce à cette neaux énumérant sur-Tinée cule cône du mé- ci assure en effet ses cours de latin et de grec qui vise à créer une alliance entre le Net et les langues anciennes. » les noms des ar- (Alpes-Maritimes) lèze d’Amérique ! par la départementale 30. ancien en s’appuyant sur les richesses du Net. communauté vir- Partant de ce principe, elle a donné carte bres sont une invi- Se renseigner : Des livres et bro- « Je donne des cours classiques, avec des thèmes tuelle autour de blanche à Robin Delisle pour ouvrir, à la ren- tation aux voyages mairie de Roure, chures ainsi que et des versions, mais grâce à Internet les élèves l’enseignement des trée, un cours « sauvage » de grec ancien, dans imaginaires. tél. : 04-93-35-00-50. des cartes postales peuvent mettre en pratique directement ce langues anciennes. une classe de troisième réputée difficile. «Je Dans les endroits Pour l’arboretum : sont proposés sur qu’ils apprennent, en communiquant avec Au détour des messages postés par les élèves leur ai expliqué que, s’il y avait des tags, ils plus dégagés, le [email protected] place. Ces derniè- d’autres latinistes de leur âge. Cette idée dans le cadre de leurs cours, on pourra croiser devaient être en grec ancien », sourit Nelly sol se couvre de Adresses : res sont des repro- l’auberge Le Robur. d’échange et de réseau est très importante. Le de nombreuses références à notre monde Dade. Aujourd’hui, ils ne sont que trois élèves fétuque des mou- ductions d’œuvres En automne, la cuisine Net est un support attractif, qui offre de nom- actuel. Ainsi, il n’est pas rare de voir apparaître à suivre les cours de grec de Robin Delisle. Mais tons, sarriette des met à l’honneur gibier d’artistes soute- breuses possibilités aux hellénistes et aux lati- des Harry Potter et autres mangas, chers à celui-ci reste très confiant et enthousiaste, et montagnes, ar- et champignons. Chambres nant l’arboretum. nistes, débutants ou non. » Autrement dit, il l’univers des adolescents, au milieu des tradi- pense déjà à l’année prochaine : « J’espère bien moise champêtre, avec vue sur la vallée ; Les fonds recueil- permet de transformer une langue morte en tionnels « studeo linguae latinae ». « En choisis- que la classe de grec comptera entre 15 et 20 hel- bugrane épineuse tél. : 04-93-02-03-57. lis servent à la plan- une langue cyber, bel et bien vivante. sant le latin, je ne pensais vraiment pas faire de lénistes. Je vais faire sauter le bouchon ! » ou encore lavande Ferme-auberge de Terre rouge, tation de nou- Et ça marche : pour s’en convaincre, il suffit l’informatique. Mais j’aime beaucoup. On peut vraie. A travers cachée au cœur du village. veaux arbres. Les moutons et les porcs élevés de regarder les 23 élèves, pour qui cette ma- travailler avec d’autres élèves de notre âge, on Laurence Bernaert ces ensembles de dans la campagne de Roure tière n’est qu’une option, très à l’aise pour parle des films qu’on va voir, on se demande ce (Le Monde interactif) végétaux, le nom y sont finement cuisinés ; Franck Rozet chatter entre eux en latin. Sur le forum spécia- qu’on aime comme loisirs, c’est vraiment bien », du département tél. : 04-93-02-08-70. (Alpes Magazine) lisé créé il y a trois ans par Robin Delisle sur le explique Lola, 12 ans. « On ne va sur Internet news://news.ac-versailles.fr serveur de l’académie de Versailles, ils corres- que pendant les heures de latin ! A la maison, je /ac-versailles.disciplines.langues-anciennes.latin CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Repères. Le 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : La peine de mort intérieure peuple kurde, Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; dispersé sur 4 Marché de l'immobilier : TOUT LE MONDE n’aura pas la coup comment trente mois de pri- qu’on condamne théoriquement Etats, se trouve télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr f ABONNEMENTS même opinion sur la condamna- son changent une fille de 20 ans un homme, une femme à la priva- à un tournant f TÉLÉMATIQUE tion confirmée des adolescents cri- affreusement vivante sans doute, tion temporaire de liberté aux fins de son histoire. Par téléphone : 01-44-97-54-54 3615 lemonde f DOCUMENTATION minels de Valence. Mais il est rare mais vivante, en une chose inerte de punition et par surcroît, assu- a Musexpo.Le Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 29 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr que les juges, surtout populaires, et vide. Il faut croire qu’ils ont trou- re-t-on, d’amendement, mais Mail Art. Portfo- f COLLECTION Changement d'adresse et suspension : et les simples justes qui assistent vé cela bien puisque, après ce qu’en réalité on condamne cet lio de la semaine. 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : d’un cœur léger au jugement court intermède, la condamnée a homme ou cette femme (et sur- a « Le Monde des livres ». L’intégralité de f INTERNET 01-44-09-43-21 Le Monde sur microfilms : – pour la plupart, l’emprisonne- été renvoyée dans son bagne pour tout cette femme, par sa moindre notre supplément littéraire est en ligne. Site d'information : www.lemonde.fr a 03-88-71-42-30 ment assorti d’un coefficient varia- dix-sept ans encore. Au moins sait- résistance nerveuse) à la destruc- Météo. Au numéro 61-7-61, envoyez par Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 ble est une donnée abstraite – on désormais comment elle en sor- tion intérieure. SMS le mot « METEO » et votre numéro de Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-44-97-54-54 aient l’occasion de revoir « leur » tira. Ce qui est grave, c’est que la département. Vous recevrez sur votre télépho- http ://interactif.lemonde.fr En vente : « A Bagdad, chez Saddam ». condamné. Dans ce procès, ils peine subie n’est pas la peine infli- Yves Florenne ne mobile les prévisions météorologiques sur l’ont revu. Ils ont vu du même gée. L’hypocrisie réside en ceci (1er novembre 1952.) 24 heures (0,35 ¤/envoi hors coût d’un SMS). a Tirage du Monde daté jeudi 31 octobre 2002 : 508 912 exemplaires. 1-3 DES LIVRESVENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 ENQUÊTE HOLOCAUSTE ACTUALITÉS Les nouveaux Le temps des agents éditeurs globaux : littéraires entretien avec Jane page IV Friedman, PDG ARTS de HarperCollins MICHEL CHAILLOU page VIII page II pageV page VI Carl Einstein à l’avant-garde

Il manquait une biographie de Carl Einstein,

e 5 juillet 1940, un écrivain, critique, homme s’est suicidé en se jetant du Lhaut d’un pont dans le gave de Pau. révolutionnaire, Il s’appelait Carl Einstein. C’était un romancier, essayiste, historien et cri- figure centrale tique d’art. Il avait été spartakiste dans l’Allemagne de la défaite de des avant-gardes 1918 et combattant dans la Colon- ne Durruti durant la guerre d’Espa- allemande et française gne. Il était allemand et juif. Pour toutes ces raisons, ce 5 juillet, il de l’entre-deux-guerres, n’avait plus d’espoir. Passer la fron- tière espagnole lui était interdit car homme aux activités il aurait été traité en ennemi par les franquistes qui, à cette époque, ne innombrables se faisaient pas scrupule de fusiller les « rouges » qu’ils capturaient. Ne et aux engagements rien faire, c’était attendre que la Gestapo ou la police de Vichyl’arrê- exemplaires. te – une mort non moins sûre. Donc, il s’est tué. Il l’avait annoncé Grâce aux travaux à Kahnweiler : « Je sais ce qui va se passer. On va m’interner et des gen- de Liliane Meffre, darmes français nous garderont. Un beau jour ce seront des SS. Mais ça, c’est enfin chose faite je n’en veuxpas. Je me foutrai à l’eau. » Au même moment, à l’autre extré- tance. En 1915, le premier, il affirme mité des Pyrénées, à Port-Bou, Wal- par un livre décisif, Negerplastik,la

ter Benjamin s’est suicidé, parce splendeur de la sculpture africaine     , ,  qu’il s’est senti pris dans le même que ne comprennent alors que quel- Florence Henri et Carl Einstein à Florence vers 1923 piège parfaitement clos. Le parallè- ques peintres – Picasso, Derain, Bra- le vient nécessairement à l’esprit : que, Matisse – et Apollinaire. Après nitif : il reste assurément des infor- tous les chocs, de l’émerveillement confession, ce détachement aggra- aujourd’hui. La leçon d’Einstein est deux juifs allemands, deux pen- guerre, il se fait le propagandiste mations à collecter, les lettres à le plus lumineux à la dépression la vé en dérision, voilà ce qui rend dans la justesse de ses engagements seurs de la modernité, deux défen- prolifique du cubisme et l’un des retrouver et bien des textes à tradui- plus mélancolique. nécessaire Einstein. esthétiques et dans l’héroïsme de sa seurs des avant-gardes artistiques, principaux passeurs d’idées et d’œu- re et analyser avant qu’Einstein soit Dans une lettre de 1932, lettre Il a compris, très vite, que le pen- conduite en Espagne. Mais elle est, deux écrivains disparaissent en vres entre Allemagne et France, au établi à sa place dans l’histoire des terrible, presque insupportable, il seur le plus brillant, l’écrivain le plus encore, dans son inflexible, sa même temps et sont enterrés dans mépris des nationalismes. Il a des arts et des lettres du XXe siècle. Mais se moque de lui-même et de son plus talentueux, le critique le plus féroce honnêteté. Carl Einstein est le sol du pays qu’ils avaient cru une épouses successives et des maîtres- l’essentiel est fait, désormais – et rôle : « On est devenu petit à petit influent, était menacé par la société celui qui n’a jamais écrit que ce qu’il retraite sûre. Ils avaient les mêmes ses plus remarquables que ses épou- bien fait, avec conviction, avec dans son numéro une star sans moderne de la plus risible des com- pensait ; celui qui n’a menti ni à ses admirations picturales – Picasso, ses, la comtesse Aga von Hagen, la force. concurrence et on s’emmerde. On a promissions : celle qui le change en semblables, ni à lui-même. Klee – et quelques relations commu- photographe Florence Henri et la Isoler l’un de ses épisodes capti- ses amis parmi les grands, on est acteur complaisant de son propre nes – Bataille, les Kahnweiler, les romancière Elsa Triolet – celle-ci vants et emblématiques, mettre en interviewé, photographié et je sens, si rôle. En singe de sa gloire aurait dit CARL EINSTEIN, 1885-1940 Leiris. Et, naturellement, des lectu- juste avant qu’elle ne prenne pos- évidence tel ou tel écrit, tel ou tel je continue ce bluff encore quelques Picabia. Peu importe ce qu’il écrit Itinéraires res, des références, des convictions session de Louis Aragon. Il a des cor- combat, serait évidemment ten- années, que je vais devenir une sorte dès lors. Il est à sa place. Il l’occupe. d’une pensée moderne. semblables. Ces dernières, Benja- respondants dans l’Europe entière, tant. On pourrait ici s’attacher au de Caruso dans ma spécialité. » Ce Donc rien ne change. Donc l’ordre de Liliane Meffre. min a essentiellement travaillé à les tout ce que ce continent compte rôle d’Einstein dans Documents,ou qu’il faut de liberté par rapport à soi- est maintenu. Les exemples de tels Presses de l’université légitimer philosophiquement et his- dans l’entre-deux-guerres d’esprits essayer de comprendre son goût même et à la société pour oser cette destins confortables pullulent de Paris-Sorbonne, 344 p., 30 ¤. toriquement, cherchant à préserver dégagés des conventions – des révo- pour Braque, ou s’interroger sur les la liberté de la pensée individuelle lutionnaires disait-on alors. Il a des principes directeurs de l’un des relations suivies avec les ouvrages majeurs d’Einstein, son a deux principaux marchands Art du XXe siècle, publié d’abord en Philippe Dagen d’art moderne, le Berlinois 1926 et retravaillé jusqu’en 1931, et de tout ce qui menace sans cesse de Fleichtheim et le Parisien Kahnwei- en discuter partis pris et raccourcis. l’écraser – les spectacles et les idéo- ler. Il fonde la revue Documents Ou s’interroger sur ses relations logies de masse. avec Bataille et Leiris. Il s’essaie au avec les dadaïstes, étrangement brè- Einstein a lutté de manière plus cinéma avec Renoir, collaborant à ves, et avec le surréalisme, dont il directe, se jetant dans l’action politi- la réalisation de Toni… Il ya tant de préféra les peintres aux poètes. Ce que et militaire, ne refusant pas les noms propres, tant d’événements, serait cependant aux dépens du projets collectifs, s’efforçant même tant de voyages, tant d’articles et dynamisme de sa pensée, en en d’en susciter. Aussi leurs vies, en d’essais dans la vie et l’œuvre de figeant le tourbillon. dépit de tant de similitudes intellec- Carl Einstein que l’on peut s’y Car c’est là ce qui stupéfie et susci- tuelles profondes, sont-elles aussi perdre. te l’admiration : Einstein ne tolère dissemblables que possible : d’un Cette surabondance n’a pas été pas de s’arrêter. Donc, il ne fixe pas côté, un méditatif peu enclin à paraî- pour rien dans l’effacement de son ses jugements esthétiques en systè- tre en public, de l’autre un aventu- nom pendant à peu près un demi- me, pas plus qu’il ne peut consentir rier, ennemi impétueux de l’immo- siècle. Comment recomposer la tra- à adhérer à une idéologie rigide bilité. Ses curiosités, ses engoue- jectoire d’un créateur à ce point – l’anarchisme le plus individualiste ments, ses expériences sont sans polymorphe ? Il a fallu des années à étant la seule attitude politique qui fin. Il va vite, beaucoup plus vite la germaniste Liliane Meffre pour lui convienne. Pas plus qu’il ne se que la plupart de ses contempo- rassembler les éléments nécessaires sent contraint à une fidélité constan- rains, beaucoup trop vite pour à sa recherche et publier ce que l’on te, sentimentale ou artistique. La qu’ils le suivent. savait nécessaire depuis la traduc- chose peut être écrite autrement : il A 27 ans, en 1912, il publie Bebu- tion, par ses soins, de Negerplastik n’est jamais à l’abri d’un doute, quin ou les dilettantes du miracle, et de deux volumes de lettres : une d’une désillusion, d’un désenchante- roman expérimental qui laisse ses biographie intime et intellectuelle ment et, quand tel est le cas, il est contemporains stupéfaits et dont d’Einstein qui permette enfin de trop entier, trop peu hypocrite, l’importance n’est pas encore esti- prendre la mesure de son action. pour le masquer. Son esprit, sans mée aujourd’hui à sa juste impor- Non que l’ouvrage se prétende défi- protection commode, s’expose à II/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 LITTÉRATURES Michel Chaillou, entre rêve et passion Depuis l’enfance, il était fasciné par la figure de Mirabeau. Devenu écrivain, il pensait lui consacrer une biographie. Mais il a préféré ce roman exubérant qui fait revivre son héros et toute une communauté

LE MATAMORE ÉBOURIFFÉ Pour Chaillou, Mirabeau, c’est de Michel Chaillou. l’affaire de toute une vie, « peut- Fayard,504 p.,22 ¤. être parce que, dès l’enfance, je me EXTRAIT suis senti proche de cet homme, qui, ichel Chaillou est un comme moi, avait une morphologie rêveur éveillé, un pro- étrange, une grosse tête sur un corps « Et moi qui recommence sans événements limoneux ? Entre la meneur fou de littéra- gracile ». Chaillou s’est constitué cesse le mien. Je veux dire le récit, naissance et la petite vérole, trois ture, un passionné, un toute une bibliothèque autour de le conte, l’enquête, de quel nom années de visage intact de Gabriel. curieux,M un bienveillant égaré dans Mirabeau, quelque 2 000 ouvrages, qu’on nomme cette volonté de Nulles pustules alors, boursouflu- une méchante époque de repli, d’in- et a toujours souhaité écrire sur lui. soumettre un village à la question, res, pellicules rouges et blanchâ- vectives, d’agressions et de haines « Mais je devais attendre, préci- faute d’en avoir déjà trouvé une tres, éruption volcanique suivie ressassées. Il la regarde, cette épo- se-t-il, car je ne trouvais pas le qui constituerait enfin la vraie d’irrémédiables crevasses, pas de que, avec l’étonnement de celui qui ton. » Mirabeau est à ses yeux un réponse. A la source de tout être, fièvre autre que celle du jour ne comprend pas comment on en héros romanesque absolu, « car il un secret s’épancherait-il que animé. » est arrivé là, pensant que «la est hors sujet, et moi, le sujet en art l’existence recouvre ensuite de ses page 245 méchanceté est toujours une étroites- ne m’intéresse pas. On le croit frère, se de l’intelligence ». Par bonheur, il il est amant, on le croit fils, il est est écrivain, alors il peut fuir à son amant de sa mère… ». Si Mirabeau aussi apprécie cette demande de bien. D’abord « mauvais élève. Je gré. Et il ne s’en prive pas, depuis est réellement frère de quelqu’un, fusion – jamais d’effusion – avec lisais tout le temps. J’avais, par son premier roman, Jonathamour c’est sûrement de Chaillou, à tra- l’enquêteur, et même avec chance, une bibliothèque, vestige (« Folio », Gallimard, n˚ 2244) – vers les siècles. « C’était l’éloquence l’auteur. Ce que confirment les de la branche aristocrate de ma paru il y a presque trente-cinq ans, même. Il aimait l’improvisation ora- propos de Michel Chaillou, par- famille. Ainsi j’ai lu Sade à en 1968, grâce à Georges Lam- le, un goût de l’oralité que je parta- lant de Mirabeau comme s’il 12 ans ». brichs, auquel Chaillou voue une ge. C’est pourquoi j’écris pour retrou- l’avait entendu : « Je suis sensible à Ensuite, comme Mirabeau, reconnaissance émue – jusqu’à ce ver l’oralité des morts. » l’animalité de sa voix. Cette animali- « une intelligence chimérique ». Matamore ébouriffé, son dix-neuviè- té, cette force comptent beaucoup Puis, « une conception héroïque de me livre, 500 pages sur Mirabeau,    dans son succès d’orateur. Il avait la littérature », « un désir de réin- ou plutôt autour de Mirabeau. « Au début, évidemment, après un timbre superbe. Je pense qu’il venter son langage, de parler un Car ce n’est pas une biographie, toutes ces années passées sur les tra- était ténor. » Michel Chaillou est français nouveau à chaque livre », mais un roman exubérant, une ces de Mirabeau, je pensais faire doué pour le roman, mais aussi toutes choses qui ne prédisposent enquête, roman dans le roman, une biographie. J’ai vu que ce pour le théâtre, qui fut l’une de ses guère à figurer sur les éphémères menée non par Chaillou lui-même, n’était pas le genre qui me conve- premières passions – il a écrit des listes de meilleures ventes (qui,  / mais par un homme qui, au prin- nait. J’ai donc commencé le roman. « J’écris pour retrouver l’oralité des morts » pièces, mais elles sont demeurées, dans cent ans, si on lit encore, sou- temps de 1796, soit cinq ans après Mais très vite, j’ai compris que je dit-il sans autre précision, dans ses lèveront, à quelques exceptions la mort de Mirabeau (1749-1791), n’allais pas écrire le roman du admire, on retrouve, appliqué à la sur Mirabeau. « Au fond, qu’est-ce tiroirs. Quand il évoque Mirabeau, près, une hilarité semblable à la revient dans le village natal de celui- héros, mais le roman du chœur. » perfection, le conseil que donnait qui est important dans l’enquête, sa voix, ses « yeux d’enfant », c’est nôtre devant les best-sellers des ci, le Bignon, dans le Gâtinais, entre C’est précisément ce qui rend ce Marguerite Yourcenar quand on commente Michel Chaillou, ce comme si le personnage surgissait siècles passés). Michel Chaillou Nemours et Montargis, « un lieu sin- texte si passionnant : les figures l’interrogeait sur son évocation de qu’on vous dit ou le bruit de la por- au milieu de cet appartement pari- cherche sa satisfaction ailleurs, gulier, où le château est dans un des personnages censément secon- la vie de l’empereur Hadrien, te ? » Tout dépend de l’identité sien du XXIe siècle, on est soudain dans la joie d’avoir « fait chanter creux et le village sur une hauteur ». daires, la capacité de Michel Mémoires d’Hadrien : « Reconstrui- véritable de l’enquêteur. S’il est projeté auprès de « cet esprit totale- Mirabeau et toute une popula- Pour comprendre comment Hono- Chaillou à faire revivre un village re, avec son propre imaginaire, romancier, c’est le bruit de la por- ment en alerte »,ce« génie politi- tion ».Ila« 17 nouveaux projets », ré Gabriel Riqueti, comte de Mira- entier, une communauté, une fou- mais veiller à ce que toutes les te… Et c’est ainsi qu’on se perd par- que ». « Et il aurait été girondin, donc aucun risque de connaître beau, fils de Victor Riqueti, mar- le. « Tout le monde connaît un peu pierres soient authentiques. » fois dans ce récit, comme l’enquê- comme moi », conclut, avec jubila- l’ennui. Son lecteur non plus. A quis de Mirabeau, devint ce tribun la vie publique de Mirabeau. Moi, L’enquêteur, qui est aussi le teur lui-même, mais pas comme tion, Michel Chaillou. condition d’accepter de le suivre, magnifique, élu, bien que noble, je voulais faire sortir cette vie publi- héros de ce livre, se heurte aux dif- l’auteur, très conscient de se vou- Il lui importe peu que dans ce sans préjugés, sans vouloir le représentant du tiers état, l’enquê- que de sa vie privée. » Dans ce ficultés de tout biographe. Chaque loir, à certains moments, confus : pays de jacobinisme arrogant, les contrôler. En prenant pour lire ce teur part à la recherche de l’enfant roman, nourri d’histoire et de personne qu’il interroge lui four- « J’aime beaucoup le mot confus. Girondins soient toujours minori- qu’il a pris pour écrire : le temps et qu’il fut, « fils de la forge plutôt que généalogie, mais re-création nit quelques informations neuves, C’est très romanesque, la fusion taires – et à jamais ? Il a toujours l’enthousiasme. du château », dit Michel Chaillou. enthousiaste d’un homme qu’on mais veut surtout en savoir plus avec quelque chose. » Le lecteur été minoritaire et s’en porte très Josyane Savigneau Mauvais sang

SUGAR BABIES d’opuscules désespérés » par fondes confidences, quelque de Roland Jaccard. orgueil, comme « on se raidit dans mélancolie voilant un sanglot ? La Photographies une image mensongère de soi » ? provocation qui l’amuse, la forme de Romain Slocombe, Outre leur style, superbe, ses ironique de détachement qu’il a éd. Zulma,284 p.,15 ¤. écrits intimes (une anthologie de choisi d’adopter pour se détour- ses meilleurs textes composés ner de ce qui fait courir les autres, JOURNAL D’UN OISIF dans la veine des écrivains japo- sont évidemment des masques. de Roland Jaccard. nais qu’il admire, et un journal Jaccard, encore une confession, PUF,190 p.,17 ¤. tenu entre mars 2000 et novem- est un « compassionnel légèrement bre 2001) ont l’élégance d’une sadique ». Il y a dans ce « légère- l se regarde dans le miroir franchise parfois impudique et ment » une philosophie : la polites- de Cioran, Kafka, Schopen- cruelle. Il n’est pas de ses calcula- se du désespoir. Il est d’abord sadi- hauer et Wittgenstein, pour teurs qui filtrent leurs pensées que envers lui-même. On n’est pas se trouver des frères de mau- pour la postérité, il se livre tel qu’il loin d’André Breton, de la quête Ivais sang. Faux cynique, joyeux est, sans illusions, sans censures, éperdue d’un amour fou dans les nihiliste, il collectionne des apho- failles et vacheries assumées. Quit- « amours jaccardiennes », quête rismes à rendre suicidaire un hédo- te à avouer ce paradoxe : Roland vite perdue, transformée en révol- niste acharné. « Anxieux converti Jaccard a fait « du dégoût de te folle. La drague de lolitas qui au dilettantisme », « puritain assoif- l’existence et du sexe son fonds de distillent des bonbons fourrés au fé de plaisirs » ? Roland Jaccard vit commerce et jouit avidement de cyanure, l’acharnement à « dis- avec une idée fixe : se venger. l’une comme de l’autre ». tiller le venin du doute dans ces cer- « De Dieu, de la vie, de tout et de Parties d’échecs, lectures, con- velles candides » sont des poses n’importe quoi. » Ajoutons : de sa versations avec des amis, flirts, d’idéaliste transpercé par l’immi- mère, de ses conquêtes, de films… D’où vient que le récit du nence d’une trahison. « Je vole les l’amour auquel il prétend ne pas quotidien de cet hypocondriaque illusions, écrit-il, avec l’espoir tou- croire depuis qu’il a découvert que qui s’est juré de se désinvestir de jours déçu d’en être moi aussi, un c’était un sentiment « soumis à tout, d’être « en dehors » et jamais jour, la victime ». Or ce qu’il nous l’entropie », mais dont il parle sans dupe des mises en scène et masca- dit, ici et là, c’est que victime il se cesse comme s’il avait été blessé à rades de la vie, nous touche ? considère, depuis sa naissance, mort, comme s’il s’était juré qu’on Pourquoi le « rire du diable » depuis telle liaison, telle plongée ne l’y reprendrait pas. Aurait-il dévoile-t-il au fil des pages un stoï- ontologique dans les ténèbres, créé ce personnage d’« infâme RJ, cisme plutôt fraternel, et même, assassine. amateur de nymphettes et auteur lorsqu’il se risque à ses plus pro- Jean-Luc Douin

a LES INDÉCISES a J’ENVIE LA FÉLICITÉ de Martine Roffinella DES BÊTES Depuis Elle (Phébus, 1988) son premier roman, de Christophe Bataille Martine Roffinella explore avec une même âpreté, L’une se déshabille et l’autre une même tension poétique, la part obscure de pas- parle, « parle à vous rendre fou ». sions violentes, exacerbées par des désirs pervertis, Drôle de cérémonie sacrificielle contrariés ou empêchés comme avec ces Indécises. où l’angoisse guette. Terrée dans Face à face, deux femmes, « Elle » et « l’Autre » ou le regard d’eau sale de Maël ; à plutôt deux voix qui se cherchent, s’attirent, se l’œuvre dans l’attention concen- fuient, se confrontent et se déchirent. Dans le silence et l’attente pour trée des spectateurs, sous le cha- « L’Autre », qui dit le trouble brouillant les jours et creusant les nuits, l’in- piteau où l’« on donne à voir le quiétude face à l’envahissement d’un désir « sans cesse, au bord des lèvres » néant. » L’illusionniste, Simarre, et prêt à rompre aux moindres signes ou paroles d’« Elle ». Mais « Elle » alias Abraca Mola Stermione, est (qui n’est pas sans évoquer l’héroïne du récit éponyme), mariée et mère de retour. Dans sa ville, Vilenne, d’un petit garçon, a peur de cette jeune femme qu’elle pressent excessive dénervée mais soudain excitée en tout, peur de ses « sentiments qui flambent trop vite », d’un « amour qui par la promesse du scandale, dépossède, qui détruit, qui engendre au hasard les multiples formes de la comme dans l’œuvre en quête de mort ». Peur aussi, d’être enfin elle-même, d’aimer pour enfin s’aimer. Bataille qui lui confiait l’halluci- Tour à tour, « Elle » et « L’Autre », tenue à distance d’une passion impossi- nation de Vive l’enfer (1999). ble, font entendre leur colère, leurs doutes, leur cruauté, leur rancœur et Par-delà la prose heurtée d’hu- leurs douleurs. Comme la valse hésitation de deux corps qui s’attisent mains désaccordés, la parabole pour mieux se repousser au gré des vagues d’un désir étouffé dans les non- est musicale. « Et qu’entendaient dits et le mensonge. Jusqu’à la confrontation finale. Aussi inévitable que les foules au désert ? » (Grasset, tragique (Phébus, « D’Aujourd’hui », 144 p., 13 ¤). Christine Rousseau 126 p., 10 ¤). Ph.-J. C. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/III LITTÉRATURES Par la voix de la Belle Otero A partir des carnets qu’elle aurait tenus, Ramon Chao restitue le portrait d’une femme inflexible et folâtre, animale et raffinée

LA PASSION DE CAROLINE OTERO que, sa jouissance à se laisser dépas- ses pérégrinations, elle prend des de Ramon Chao. ser par des pulsions plus fortes cours de chant auprès de ténors Traduit de l’espagnol qu’elle-même, envahir par toute la célèbres, ne songe qu’à perfection- par Claude Bleton, sensualité qu’elle voyait exploser ner son art, passant de la tessiture Plon, 276 p., 19 ¤. autour d’elle dans la nature.Pas de mezzo à celle de soprano. question d’admettre la moindre omment évoquer la Belle punition, de ressentir la moindre   Otero, sa légende tapa- culpabilité : il y a, chez elle, une bel- Mais trop de nomadisme, de vie geuse, sans basculer dans le innocence, une belle candeur sau- aléatoire minent sa voix ; elle sem- l’hagiographie ou céder vage.Et Ramon Chao est mer- ble disparaître, chaque jour elle Caux clichés égrillards et clinquants veilleusement à l’aise dans ce pan- perd une note, « peut-être pas une attachés à la courtisane du siècle théisme survolté.Mais le viol qu’el- blanche, mais au moins une noire ». dernier, à cette « sirène du suici- le subit de la part du cordonnier de Ce n’est pas sur les grands thèmes de », comme on l’appelait parfois ? Valga la bouleverse ; même si elle lyriques qu’elle triomphe, comme Tout simplement en la laissant par- ne cesse de s’y adonner, elle ne con- elle l’avait imaginé, mais à l’Empo- ler, s’exprimer elle-même.Dans les naîtra plus jamais vraiment le plai- ri de Barcelone, où, « la fibre huit cahiers intimes qu’elle aurait sir (sauf avec des compagnes de l’or- canaille chevillée au corps », elle écrits et que Ramon Chao aurait phelinat dans lequel on l’enferme danse dans des tableaux vivants et retrouvés, chez un antiquaire, dans un temps, et qui savent, elles, être s’impose dans le fameux : « J’ai un un coffret rescapé de ses quelques délicates, douces et expertes en fiancé cuisinier ! » Il y a, chez elle, biens mis aux enchères en 1965 (il y caresses), décide d’utiliser son une sorte de souffrance à ne pas a une très belle scène, d’ailleurs, corps pour dominer les hommes. être à la hauteur de son art.Elle dans laquelle l’auteur, originaire Ce n’est pas tant l’attrait du profit, préférera rester à la hauteur de ses comme elle de Galice, raconte, avec même si on lui donne, de plus en désirs, « pour ne pas être lâche ». une fascination apitoyée, la visite plus souvent, de l’argent pour ses Ces désirs qui la mènent vers Gus- qu’il lui avait rendue, dix ans aupa- prestations, qui la guide que le goût tave Eiffel, qui mettra plus de ravant, dans la petite pension de du vagabondage, des rencontres, le temps à la déshabiller qu’à cons- Nice où elle survivait à peine).Pas désir de traverser de nouveaux truire des tours, ou vers le roi d’effort, d’effet de style dans ces milieux, de nouvelles régions.On Alphonse XII d’Espagne, qui la cahiers : juste une langue rude, irré- pourrait avoir l’impression que son poursuit dans la nuit des jardins du gulière, insoucieuse parfois des lois existence se ramène à un tourbillon palais… Ramon Chao réussit le por- de la syntaxe, très naturelle (et l’ex- malin, à une tornade de conquêtes trait d’une femme à la fois inflexi- ploit de Ramon Chao est de s’effa- à peine heureuses, très vite aban- ble et folâtre, animale et raffinée, cer, de s’éclipser derrière ce flot données en chemin, son seul souci inconsciente et stratège, prête à rocailleux). étant de se constituer un réseau toutes les gloires sans jamais Caroline Otero n’avait, dans ces d’ex-amants dont elle pourrait renoncer à la morrina, cette nostal- pages consacrées surtout à sa jeu- régler les mouvements. gie galicienne.Et si tout sonne aus- nesse, que l’intention sincère d’éloi- Il y a un axe dans la vie amoureu- si juste dans son livre, c’est parce gner « toutes les sornettes sur le se de Caroline O.: le chant.Seule la qu’il s’est surtout attaché à préser- mythe de la Belle Otero qui ont ruiné voix lui a permis de s’élever au-des- ver sa vérité, son intimité, même la part humaine de sa personne, sus des autres, de s’évader de sa vie imaginaire, en l’accompagnant, détruit le peu de valeur de son exis- de misère, de découvrir « la tendres- avec un respect tendre, dans les tence ».Que raconte-t-elle ? Une se et la nostalgie », de connaître des coulisses de sa vie. enfance très pauvre à la campagne, heures de paix et d’harmonie.Ce Jean-Noël Pancrazi ses révoltes déjà, son éveil très pré- sont toujours des enclaves de dou- coce à la sexualité, sa vitalité éroti- ceur, des moments où, suspendant Ramon Chao collabore au Monde Double enfance Christoph Hein évoque dans une fiction autobiographique une enfance dans un pays qui ne connaissait pas encore le Mur

DÈS LE TOUT DÉBUT intervention au 10e congrès des écri- dans l’étonnement du garçon qui (Von allem Anfang an) vains en 1987, où il ne demande ni apprend que celle qui vient de se fai- de Christoph Hein. plus ni moins que l’abolition de la re baiser dans les roseaux aspire à Traduit de l’allemand censure. entrer au Parti et à s’intégrer à l’éli- par Nicole Bary. On ne sait pas ce que va faire te du peuple.La sarabande d’ima- Ed. Métailié, 220 p., 18,5 ¤. Daniel.Le livre s’arrête en 1956, au ges où se mêlent alors nudité et uni- moment de l’entrée des chars rus- formes provoque un trouble pro- e livre raconte une enfan- ses à Budapest.Daniel avoue être fond dans l’esprit de l’enfant, immu- ce entre 1953 et 1956, soulagé que tout rentre dans l’or- nisation durable contre tout dogma- dans un pays qui s’appe- dre voulu par le bloc socialiste : il tisme.Parmi les personnages que lait encore la République n’aura plus de devoirs supplémen- l’auteur fait revivre, une place de Cdémocratique allemande et où tout taires à faire sur les méchants choix est réservée à la tante Magde- était encore possible : les espoirs, contre-révolutionnaires et l’on ne lena : figure plus importante que les les utopies, les refus.L’enfance d’un viendra plus l’aider, lui « l’élève poli- parents, elle irradie une force et une pays se superpose à l’enfance d’un tiquement immature », à avoir une bonté que Christophe Hein sait tra- individu. vision du monde « plus solide ».On duire dans des pages admirables. Les points de convergence entre le laissera en paix.Du moins il l’es- Pourtant, comme il dit à la fin : «Je Daniel, le héros du livre, un enfant père.Ce parti pris de naïveté est la n’ai rien d’elle, je ne possède rien d’el- de 13 ans, et l’écrivain Christoph force du livre : Christophe Hein ne le, pas même une photo. » L’ambi- Hein sont suffisamment impor- profite pas de son regard d’adulte tion du livre est là, mille fois déjà tants pour que l’on puisse parler de pour régler des comptes avec la tentée par d’autres avec plus ou fiction autobiographique : tous RDA par le biais d’un enfant ; il lais- moins de bonheur, magistralement deux sont nés en Silésie, tous deux se remonter les souvenirs et les réussie ici : retrouver par la chair sont fils de pasteur, tous deux sont impressions. des mots le temps perdu.Le livre de élevés dans un milieu anticommu- Les premiers émois de la puberté Hein, écrit en 1997, ne s’inscrit ni niste, tous deux se voient refuser le tiennent une place importante ici, dans le plaidoyer, ni dans la criti- droit de passer le baccalauréat, et qu’ils soient provoqués par les fes- que, ni dans la nostalgie.Il cherche tous deux décident de passer à ses lunaires de la professeur de géo- à redonner à la RDA âme et atmo- l’Ouest.On sait que Christoph Hein graphie ou par la nudité de la belle sphère.Il déconstruit par la vérité reviendra en RDA, où il restera jus- Pille, la petite amie de son copain des détails ce qui a été trop cons- qu’à la chute du Mur.Cet écrivain Jochen, dont il zieute les ébats entre truit, que ce soit pour être magnifié né en 1944 a donné du fil à retordre les herbes.C’est dans les détails de d’un côté ou critiqué de l’autre. au régime.On se souvient de son ce genre qu’affleure la politique ; Pierre Deshusses

a LES INITIALES LE SYNDROME D’ATLAS, de Bernardo Carvalho d’Ingrid Naour Bernardo Carvalho aime les mystères : les illusions A la question « De quelle origi- d’optique, les cheminements tortueux, les révélations ne êtes-vous ? » Zozime répond à tiroirs, les mystifications, le tout prenant forme grâce « D’origine nerveuse ».Elle a à une organisation subtile de la langue.Déjà, dans l’air de porter toute la misère du Aberration, son premier livre traduit en français, ce monde.Elle ne le cache pas à ses romancier brésilien manifestait son penchant pour la amis de Chez Raymond où, complexité.Avec Les Initiales, l’auteur pousse encore entre deux verres, on rit pour plus loin ce goût, en entraînant le lecteur dans un labyrinthe.Qui sont ces per- n’avoir pas à pleurer. sonnages, réunis dans un ancien monastère, sur une île méditerranéenne, Avec des dialogues drolati- autour d’un charismatique écrivain condamné par la maladie? Un auteur qui ques, un vocabulaire qui évite le rédige un « journal interminable », dont tous les protagonistes sont désignés laisser-aller d’un faux langage par leurs initiales et qui se passionne pour la photo ? Le vrai secret n’est pas faubourien, des personnages l’identité des personnages (la figure d’Hervé Guibert est assez transparente), qui n’abusent pas du pittores- mais les relations des personnages entre eux et avec le narrateur, les liens qui que, un bonheur d’écrire et une existent entre réalité et fiction.Il faut quelques pages pour s’habituer au style dose d’émotion qui renforce la en spirale (et parfois même alambiqué) de Bernardo Carvalho, à ses descrip- satire, Ingrid Naour donne vie à tions minutieuses des faits et gestes d’une microcommunauté narcissique.Pas- un univers de quartier qui sem- sé cette petite épreuve, on se prend au jeu de son écriture cruelle et de sa ble en voie de disparition (Le réflexion sur le combat que se mènent l’écriture et la mort (traduit du portugais Cherche Midi, 170 p., 14 ¤). – Brésil – par Maryvonne Lapouge-Pettorelli, Rivages, 158 p., 14,95 ¤). R.R. P.R.L. IV/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 ENQUÊTE-ÉDITION Ces nouveaux agents venus d’Europe Conséquence directe de la disparition des éditeurs traditionnels, une nouvelle génération d’agents littéraires, tout à la fois chercheurs de talent, imprésarios et avocats-conseils a émergé. Pour l’heure, la France fait toujours figure d’exception

ls s’appellent Anna Soler- Pont, Niclas et Marcus Salo- Anna Soler-Pont et Pontas monsson, Alexander Simon, Marco Vigevani... Ils viennent Elle déborde d’énergie et de foi en son métier. A la deI Barcelone, Stockholm, Berlin ou Foire de Francfort, la jeune Barcelonaise Anna Soler- Milan. Ils n’ont pas encore la noto- Pont fêtait les dix ans de son agence, Pontas. Une riété de leurs aînés – les Carmen Bal- aventure dans laquelle elle s’est lancée seule, fai- cells, les Andrew Wylie, les Paul sant tout elle-même. Aujourd’hui, elle a formé une Marsh ou les Eva Koralnik... – qui équipe et ouvert deux antennes à Cologne et Mel- sont les stars du milieu. Mais qu’im- bourne. Elle déjeune avec tous ceux qui comptent porte ? D’ailleurs, il n’est pas certain dans l’édition internationale et rit de la façon dont qu’ils fassent exactement le même

  elle se « faisait jeter de tous les stands, à Francfort, il métier. Ils sont, eux, la nouvelle y a exactement dix ans ! ». Elle ne traverse plus le génération d’agents littéraires. A monde à vélo. Elle ne va plus seule au Caire tenter Francfort, dans le hall qui leur est de convaincre Mahfouz – en arabe – de lui donner réservé, ils plaisantent d’une table à ses droits. Mais son enthousiasme est intact. Le logo l’autre, comme une bande de de sa maison – 3 pictogrammes de la Chine ancienne copains. Un petit club. « En ce qui ont aussi une signification chez les Touaregs, les moment, dit Anna Soler-Pont, ces Aborigènes ou les peuples du Pacifique – en dit long nouveaux agents poussent comme des sur sa volonté de faire dialoguer les cultures. Son champignons, un peu partout en Euro- catalogue comprend, outre de nombreux Espagnols, pe... » C’est vrai. « En Allemagne, il y des auteurs comme la Vietnamienne Duong Thu a sept ans, il n’y avait encore que trois Huong, la Sénégalaise Aminata Sow Fall ou le grand ou quatre agences littéraires. Aujour- Indonésien Pramoedya Ananta Toer. A ce nom, son d’hui, il y en a vingt-cinq, c’était très œil brille : elle vient de vendre ses droits à Leopard frappant àFrancfort » , note l’agent Förlag, en Suède. Un pas de plus peut-être vers le parisien Boris Hoffman. Même cho- Nobel ? se en Suède où, il y a dix ans, il n’y   avait qu’« une agence sérieuse », remarque Niclas Salomonsson. vant, les interlocuteurs changent tout te, les orienter vers l’éditeur appro- l’auteur y sont réduits àla portion foire d’adaptation littéraire lancée ti, Boris Hoffman... – sont en réalité Pour les Allemands comme pour les le temps. Du coup, les auteurs ont per- prié, c’était une idée que de devenir congrue ! Ce qui ne veut pas dire que par les organisateurs du Festival de des « subagents », c’est-à-dire en Suédois, cette éclosion est une con- du leur “homeland” . Ils ne savent leur agent. » Restaurer un lien privi- j’approuve les à-valoir délirants qui Cannes. Il y avait des éditeurs, des pro- général des agents d’agents étran- séquence naturelle de cette « édi- plus vers qui se tourner. C’est làque le légié avec l’auteur, le conseiller, sont parfois accordés. Ils sont la faute ducteurs, des agents, des auteurs, des gers. « Il n’est pas né ici encore tion sans éditeurs » dénoncée par rôle de l’agent peut être décisif. » mais aussi le protéger dans ses d’agents irresponsables, incapables scénaristes. Aujourd’hui 35 à40 % l’agent idéal, celui qui découvre dans AndréSchiffrin. « Si j’ai fondé l’agen- droits : c’est ainsi que ces « nou- de prendre en compte les grands équi- des films proviennent de livres adap- son propre pays des talents littéraires ce, il y a trois ans, c’est que je m’étais    veaux agents » conçoivent leur libres des maisons d’édition. » Ces tés. Pour nous, c’est une opportunité nouveaux et àqui le jeune auteur aperçu que les auteurs n’avaient plus L’ancien éditeur Marco Vigevani, métier. Comme des Janus qui jeunes agents ne semblent pas privi- de développement formidable. » inconnu aura envie d’envoyer en de contact réel avec leur maison d’édi- qui a fondél’an dernier son agence seraient à la fois chercheurs de légier à tout prix la rentabilité immé- Exception culturelle ? Le phénomè- exclusivité son premier roman », tion, explique Alexander Simon, un à Milan, tient le même discours. talents, imprésarios et avocats- diate. La preuve : ils ont tous mis ne des nouveaux agents n’a pas observe Anne-Solange Noble, direc- ancien de l’agence Liepman, qui a « Après quinze ans chez Longanesi conseils. Car « s’il n’est pas question l’accent, non sur les best-sellers encore touchéla France. Il est vrai trice des droits étrangers chez Galli- créé à Berlin la Literarische Agentur puis Mondadori, j’ai constaté que je de s’interposer dans la relation de anglo-saxons, mais sur les auteurs que la relation aux auteurs y demeu- mard. Cela fait sourire Anna Soler- Simon & Gaeb. Avec la concentra- devenais de plus en plus un manager. confiance qui doit continuer de lier de leur pays. re plus centrale qu’ailleurs. L’expé- Pont et Marco Vigevani. « En Italie, tion, la figure de l’éditeur classique Les maisons étaient autrefois des lieux auteur et éditeur, on ne peut nier que Moyennant quoi, ils cherchent à rience d’un agent comme François c’était comme ça, il y a vingt ans. s’est évanouie. Dans les conglomérats de connaissance et de reconnaissan- les intérêts des deux ne coïncident pas « valoriser » cette création de toutes Samuelson n’a pas vraiment fait Mais les choses changent. Regardez comme Bertelsmann, Springer ou ce. Aujourd’hui, elles ont perdu leur complètement » , remarque Marco les façons possibles, en traduction, d’émules. Même la brillante Susan- Hachette et VUP. C’est une question Holtzbrinck, les “editors”, qui caractère familial. Leur identité est Vigevani. « Les contrats que l’on me mais aussi au cinéma et à la télévi- na Lea est surtout connue pour ses de temps. Je ne vois pas pourquoi la devraient normalement s’occuper des floue. Je me suis dit que si je voulais montre quelquefois pourraient dater sion. « Je rentre du Forum Ecriture- documents médiatiques. Quant aux France devrait rester en dehors de ce auteurs, sont absorbés par le marke- continuer àtravailler avec les du XVIIIe siècle, renchérit Alexander Cinéma de Monte-Carlo, dit Anna autres agents parisiens – Michelle phénomène. » ting ou la presse. Et puis tout est mou- auteurs, les aider àaméliorer leur tex- Simon. Les droits, la rémunération de Soler-Pont, enthousiaste. C’est une Lapautre, Mary Kling, Eliane Benis- Florence Noiville « Le Chacal » côté cour Cultivé, enthousiaste, drôle, convaincant et surtout féroce en affaires, tel est Andrew Wylie, l’un des agents littéraires les plus craints de l’édition

l est craint par ses confrères très brillant, il parle magnifiquement des textes, et par beaucoup d’éditeurs à c’est vraiment avec passion et sans emphase. Il travers le monde. Détesté le plus intelli- peut, en passant, évoquer sa pas- parfois. Respectéaussi. gent de tous les sion pour Rimbaud, qu’il a traduit, IAndrew Wylie, l’agent littéraire agents. Il sait sur lequel il a travaillépendant ses qui, depuis ses débuts, en 1980, lire, il a bon études à Harvard, puis se mettre à s’est constituél’un des plus beaux goût (…).Ila réciter une page de Finnegans portefeuilles d’auteurs, vivants et su se rendre Wake avant de s’avoue un peu tris- morts (de Borges, Malraux, Cal- indispensable te de ne pas avoir Joyce à son cata- vino, Burroughs à Rushdie, Bellow, àdes gens com- logue… Mailer, Roth…), est portéaux nues me Rushdie, Il veut épater la galerie, diront par les écrivains qu’il défend : «Le Philip Roth. Il connaît leur œuvre, il ses ennemis. Peut-être, mais il est bien que m’a fait Andrew, je pour- les comprend et il peut leur parler. » la séduction même, avec une gran- rais vous en parler pendant des heu- Roger Straus sait aussi qu’il est, de ironie sur la société contempo- res, confiait en riant Philip Roth, lui, une sorte de dinosaure et raine. On voit immédiatement qu’il mais en fait ça tient en une phrase : qu’aujourd’hui, au grédes concen- a eu plusieurs vies et que lorsqu’il a il a changé ma vie ! » trations les « editors » changent de décidé, en 1980, de devenir agent Les adversaires de Wylie préten- poste, de maison, laissant les « sans être introduit dans le milieu, dent qu’ils auraient beaucoup de auteurs à un sentiment de totale sans avoir un seul contact », c’était choses à dire, à condition de rester solitude. « Non que les bons écri- pour devenir le meilleur. On aime- anonymes. Trop facile. Restent les vains aient besoin qu’on leur dise rait bien sûr en savoir plus sur ce rumeurs, suggérant qu’il rencontre comment écrire, précise Wylie, mais Wylie « côtécour », sur ses jardins les écrivains dans les cocktails et ils ont besoin d’être soutenus. Or qui secrets, sur ce qui, profondément, leur glisse à l’oreille « Voulez-vous les soutient désormais dans les mai- l’a conduit où il est. Mais il est peu gagner des millions ? » « Absurde, sons d’édition ? » enclin aux confidences. Oui, il était répond Wylie, je déteste ces lieux, je C’est sur une analyse très poin- à l’universitédans l’effervescence suis assez inadapté socialement, je tue du paysage éditorial que Wylie de la fin des sixties et du début de préfère rentrer chez moi. Du reste, je a construit sa réussite. « J’ai décidé seventies. Oui, il a lui-même écrit me lève très tôt, vers 4 h 30, 5 heures, d’être le représentant d’auteurs que de la poésie – « oublions, ce n’était et je commence àtravailler avec mes j’aimais lire. Et de ne pas faire de pas excellent ». Oui, il a connu Andy bureaux àl’étranger, Londres, Ma- compromis. Au début, cela m’a valu Warhol – « quand je suis arrivé à drid, Tokyo, où la journée est déjà beaucoup de difficultés, des compor- New York, fauché, et maintenant je bien avancée. L’édition a été pen- tements très agressifs, dans un milieu représente la fondation Warhol ». dant un temps un métier où il fallait de moins en moins concerné par la « Ce qui m’intéresse ce sont plus faire de la représentation sociale. A qualité et de plus en plus accroché les Rimbaud, les Flaubert d’aujour- mes yeux, c’est fini. » au commerce. J’ai donc dû moi aussi d’hui que Danielle Steel et Tom Clan- Roger Straus, l’un des éditeurs être agressif et imaginatif. Il faut déci- cy, plutôt ce qui se joue face àla pos- américains les plus respectés – et der que les écrivains réputés difficiles térité que sur les listes de best-sellers, qui, à 85 ans, vient de passer les peuvent se vendre, et il faut l’impo- je crois que je l’ai fait clairement rênes de Farrar Straus & Giroux à ser. Je devais tenter d’empêcher que savoir. » Quelque 350 écrivains Jonathan Galassi –, est probable- les livres d’écrivains soient relégués chez Wylie et aucun Français ment celui qui parle le plus ouverte- dans le fond des magasins tandis vivant ? « Les Américains pensent ment et le plus lucidement de que les produits commerciaux s’éta- que depuis Sartre et Camus, il ne se Wylie, auquel il ne pardonne évi- laient dans les vitrines. Pour cela, il passe plus rien en France, ce n’est évi- demment pas de lui avoir enlevé faut que les éditeurs paient pour la demment pas mon avis. Mais Galli- Philip Roth. « Je donnais àRoth qualité. S’ils ont payé cher pour avoir mard, monument que j’admire, ne 150 000 $ par livre pour les droits un livre, ils auront àcœur de le m’a jamais demandé de m’occuper mondiaux, expliquait-il dans le long vendre. » d’un auteur, car la France a une tra- article que lui a consacréle New Il suffit de l’entendre prononcer dition éditoriale dans laquelle les Yorker dans son numéro du 8 avril. ces paroles pour comprendre que agents n’ont pas leur place. A l’ave- Wylie m’a dit, c’est 900 000 $ pour Andrew Wylie ne fait, en affaires, nir ça pourrait changer. » « Je trois livres et seulement pour les Etats- aucun cadeau. Mais il suffit aussi devrais peut-être ouvrir un bureau à Unis. J’ai répondu “allez-vous faire de passer un moment dans son Paris… », conclut-il, malicieux, foutre”. » « Je vais vous dire la vérité bureau pour mesurer sa force de conscient de l’inquiétude que susci- sur Wylie, ajoutait-il, c’est un emmer- persuasion sur les auteurs. Il est cul- teront ses propos… deur, il a tous les défauts, mais il est tivé, enthousiaste, il a de l’humour, Jo. S. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/V ESSAIS La rationalité du mal Livre d’inquiétude et d’alerte, l’essai du sociologue Zygmunt Bauman analyse comment l’Holocauste s’est inscrit au cœur du processus de modernité

MODERNITÉ ET HOLOCAUSTE omniprésents dans les sociétés de Zygmunt Bauman. développées. C’est cette rationalité Traduit de l’anglais et cette modernité du mal que Zyg- par Paule Guivarch, munt Bauman entend analyser La Fabrique,286 p.,19 ¤. avec lucidité. Il montre ainsi le rôle de la rhétorique scientifique dans a question est insistante, la légitimation d’une ingénierie récurrente : comment un sociale censée produire un ordre génocide a-t-il été possible, nouveau. Et, de façon forte, précise au cœur de l’Europe, dans et convaincante, il démonte les Lun pays « civilisé », au milieu de ce mécanismes qui, à travers une divi- XXe siècle misant sur le progrès ? sion hiérarchique et fonctionnelle Des historiens se sont efforcés d’y du travail et un souci constant de répondre. L’historiographie est l’efficacité, substituent progressive- maintenant considérable, les faits ment la responsabilité technique à et leur déroulement sont bien la responsabilité morale. Cette connus, mais les explications, elles, « production sociale d’indifférence demeurent sujet à réflexion. A la morale » permet de perpétrer des thèse « intentionnaliste », selon crimes sans être porté par la pas- laquelle la mise en œuvre de la sion, ni freiné par l’émotion ou la Solution finale faisait intrinsèque- pitié. Tout aussi efficaces sont les ment partie du projet de Hitler dès mécanismes suscitant la « coopéra- le début, s’oppose la thèse « fonc- tion des victimes ». De l’isolement tionnaliste » qui prévaut aujour- des juifs allemands dans « un mon- d’hui et considère qu’à partir de de sans voisins » au système pervers l’objectif initial, celui d’un Reich des exemptions pour quelques- judenfrei (littéralement libéré des uns, des distinctions intracommu- juifs), la machine exterminatrice nautaires aux décisions imposées s’est progressivement et bureaucra-  - ’ aux conseils juifs dans les ghettos, tiquement mise en place. Des philo- Atelier dans le Ghetto de Lodz entre 1940 et 1944 à chaque étape les victimes se trou- sophes se sont, eux aussi, affrontés vaient confrontées à une alternati- à cette question. Dans la foulée naise, puis professeur de sociologie antisémitisme allemand spécifique ve vitale, sous la forme d’une paro- décisive et pionnière de Hannah à l’université de Varsovie, il a quitté et délirant. Loin d’y voir la résurgen- die de choix rationnel au profit Arendt, ils ont exploré la « banalité le pays et le parti après la vague ce d’une barbarie archaïque, il d’une stratégie du moindre mal. Ce du mal » et son anti-humanisme antisémite de 1968. Installé en découvrait « les affinités électives » monde terriblement organisé pour radical. C’est en sociologue que Grande-Bretagne, nommé profes- entre l’Holocauste et la modernité. exterminer, ce n’est évidemment Zygmunt Bauman reprend et pro- seur à l’université de Leeds, il a Et voilà qui mettait sérieusement pas le nôtre. Mais, nous dit Bau- longe ces analyses, poussé à la fois alors abandonné le cadre théorique en cause les illusions du processus man dans ce livre d’inquiétude et par « un besoin intellectuel et un marxiste et écrit, en langue anglai- de civilisation. d’alerte (qui méritait mieux que devoir moral ». se, plusieurs ouvrages importants Un Etat fort sans aucun contre- cette traduction souvent fautive et De son propre aveu, cette double sur les formes constitutives de la pouvoir, un projet de société « idéa- une quatrième de couverture pro- exigence est venue tardivement, postmodernité (2). La question des le » racialement purifiée, une bu- vocante), il dérive bien de notre quand son épouse Janina, rescapée conditions de possibilité du géno- reaucratie engagée dans une action modernité. du ghetto de Varsovie, a entrepris cide l’a, en quelque sorte, rattrapé. logique et rationnelle pour le réali- Nicole Lapierre de raconter son histoire, à la fin des Il ne pouvait plus se contenter des ser, telle est l’exceptionnelle con- années 1980 (1). Jusque-là, ses pré- explications faciles, et finalement jonction d’éléments qui, selon lui, a (1) Winter in the Morning, de Janina occupations étaient ailleurs. Sa pro- rassurantes, en termes de déborde- rendu le crime possible. Il s’agissait Bauman, Virago Press, 1986. pre famille avait quitté Poznan et ment irrationnel, d’exception pa- certes d’une « rencontre unique », (2) Un seul autre de ses livres traduit fui en URSS dès 1939. Combattant thologique, d’accident de parcours mais nombre de ces éléments, pris en français : Les Coûts humains de la devenu officier dans l’armée polo- dans l’histoire occidentale, lié à un isolément, sont courants, voire mondialisation, Hachette, 1999. La réunion de Wannsee L’ombre portée Mark Roseman sur les lieux de la conférence Etre à la hauteur du drame des siens : où fut décidé le génocide défi d’une petite-fille de déportés à Auschwitz

ORDRE DU JOUR : GÉNOCIDE. de l’été 1941, les juifs soviétiques TOUT LE MONDE N’A PAS sée à un ami et sur laquelle était Le 20 janvier 1942 furent massacrés par communautés LA CHANCE D’ÊTRE ORPHELIN écrit : « Apprenez à mon fils à jouer du (The Villa,the Lake,the Meeting) entières. Cette frénésie meurtrière de Marianne Rubinstein violon. » Bien des années plus tard, le de Mark Roseman. s’aggrava, en septembre, quand Hit- Préface de Serge Klarsfeld. fils, médecin, a construit un violon de Traduit de l’anglais ler approuva la déportation des Verticales,126 p.,14 ¤. ses mains et a appris à en jouer, mais par Claude Markovits, juifs allemands vers l’Est. « l’instrument semble le torturer par préface de Philippe Burrin, Pour Roseman, au terme d’un l y a des phrases qui claquent son absolue exigence et lui apporter éd. Louis Audibert,206 p.,20 ¤. processus de « cristallisation », les et qui résonnent longtemps, peu de satisfaction. » dirigeants nazis auraient résolu, très longtemps après avoir été Tous ces enfants de parents orphe- e mardi 20 janvier 1942, vers octobre-novembre, que les prononcées. Quand Marianne lins disent la tension à la maison, l’ab- quinze hauts responsables juifs d’Europe devaient mourir, Rubinstein,I adolescente, se rebiffait sence d’insouciance, l’exigence qui nazis, jeunes, cultivés, tous, à brève échéance. Dès décem- contre l’autorité parentale, son père pesait sur leurs épaules, sur fond de titulaires d’un doctorat bre 1941, un demi-million d’entre rétorquait, caustique et tranchant : ce drame qui avait eu lieu avant leur pourL la moitié d’entre eux, se réunis- eux avaient été assassinés et deux « Tout le monde n’a pas la chance naissance, mais dont leur existence saient dans la banlieue résidentielle millions de prisonniers soviétiques d’être orphelin. » Lui n’avait que même était un rappel insistant. Adul- de Wannsee, au sud-ouest de étaient morts affamés. Les nazis 7 ans quand ses parents furent arrê- tes avant l’heure, trop sérieux et Berlin, à l’invitation de Reinhard étaient entrés dans l’ère du géno- tés et déportés de Drancy vers Aus- jamais assez, toujours un peu dépla- Heydrich, chef des forces de sécuri- cide sans qu’un ordre unique eût chwitz. Une perte définitive, irrépara- cés, leur malaise est palpable. Le rire, té du Reichssicherheitshauptamt été donné en ce sens. Si le génocide ble évidemment. Devenir père à son le bonheur, souvent les laissent (RSHA). À l’ordre du jour de cette avait « cristallisé », il restait à en tour n’y avait rien changé. Cela aussi, vaguement coupables. Cependant, le réunion préparée par Adolf Eich- donner une traduction opération- il le disait souvent à ses enfants, véritable malheur est réservé et com- mann, rien de moins que la « solu- nelle. Tel fut sans doute l’objet de la Marianne et Nicolas, ces « petits bour- me confisqué par leurs parents. Eux tion finale de la question juive ». réunion au cours de laquelle Hey- geois » trop gâtés selon lui, qui ne sont dans l’entre-deux. Ils évoquent Dans un livre limpide et passion- drich informa les services convo- manquaient de rien et ne le savaient la présence fantomale des grands- nant, l’historien britannique Mark qués par ses soins qu’au meurtre de pas assez. Ils ont donc grandi avec le parents et racontent leur pâle et péni- Roseman tente de comprendre ce masse se substituait désormais le souvenir de ces reproches récurrents. ble figuration de remplaçants impos- qui s’est passé lors de cette projet, mis en avant dans le protoco- Nicolas est devenu sculpteur, il crée sibles, tantôt sommés de l’être, tan- conférence aussi célèbre que mysté- le de Wannsee, de rassembler et un étrange bestiaire : des animaux tôt récusés comme tels. Par exemple, rieuse. d’assassiner systématiquement les dont une moitié, en résine ou en lors de cette pénible séance de pose Sa lugubre notoriété tient à la juifs. bronze, semble animée tant elle est où Marianne Rubinstein, à 13 ans, la découverte, en mars 1947, par les Que les moyens de tuer aient été réaliste, alors que l’autre est un sque- mine sinistre, est photographiée avec Américains, d’un compte rendu de ou non clairement définis, le sens lette prenant relief dans une superpo- une écharpe blanche autour du cou, la réunion. Le mystère réside dans de la « Solution finale » était sans sition de verre gravé. Une œuvre où pour accuser la ressemblance avec la fonction à assigner à cette rencon- ambiguïté : il s’agissait bien d’anéan- le mort saisit le vif. Marianne, elle, a l’image rayonnante de sa grand- tre à huis clos dans le processus de tir tous les juifs d’Europe. A mis dix ans pour trouver la forme de mère jeune. « On fait parfois de vraies l’extermination. En dépit des appa- Wannsee, on entérina donc, entre ce livre qui entrelace subtilement son conneries », dira plus tard sa mère à rences, il est, en effet, douteux que gens de bonne compagnie et sans récit à ceux d’une quinzaine de fils et propos de cet épisode. l’Holocauste ait été décidé à cette que cela soulevât la moindre objec- filles de parents orphelins de la Sans doute. Mais comment éviter occasion. Des juifs avaient été tion, le génocide. Débutèrent alors Shoah. que les transmissions soient gazés à Chelmno à partir du début les vagues massives de déporta- « Ces parents, ils ont eu toutes les dif- brouillées et les relations entre géné- décembre 1941 et la construction tions que bridèrent, seules, un ficultés du monde. Nous, on ne peut rations perturbées quand la mémoi- du camp d’extermination de Belzec temps, les possibilités techniques pas en avoir », explique l’un d’eux. Et re est ainsi blessée, trouée à jamais ? était commencée. Pour percer le des transports. Signe et signal que une autre, en écho : « Avec l’enfance La réponse est ce texte mûri, nécessai- mystère, Roseman rappelle que le le génocide était devenu la poli- qu’ils avaient eue, il fallait que je sois re et discrètement bouleversant. Nul cheminement vers la Shoah releva tique officielle, c’est à juste titre que parfaite. » Être à la hauteur du drame pathos, en effet, dans ces récits, mais de la ligne brisée. Jusqu’à la guerre, Wannsee a focalisé l’attention. En des siens, mesurer sa chance à l’aune l’acuité d’une écoute et la précision le but des nazis était de diminuer attendant la publication prochaine de leur détresse, ce sont de redouta- d’une écriture limpide et sensible, qui l’influence des juifs et de les pous- de la thèse de Florent Brayard con- bles injonctions. Et puis, comment va à l’essentiel. Marianne Rubinstein, ser à émigrer. Entre 1933 et 1939, sacrée au même questionnement, s’amuser avec des parents dont l’en- comme ceux et celles qu’elle a ren- l’Allemagne s’engagea très loin déjà l’ouvrage de Roseman offre une fance a été saccagée, qui n’ont jamais contrés, est d’une remarquable lucidi- dans la voie des persécutions antisé- remarquable synthèse qui met en pu, jamais su, jouer ? Même la musi- té sur sa propre histoire. Une histoire mites. La guerre inaugura l’appren- lumière les mécanismes et précise que pouvait devenir une sorte de avec laquelle elle pense avoir, désor- tissage d’une violence de masse qui la chronologie de la folie extermina- tourment. Du train partant pour Aus- mais, une relation pacifiée. L’écriture connut une accélération décisive trice nazie. chwitz, le grand-père de Marianne de ce très beau livre l’y a aidée. avec l’invasion de l’URSS. A dater Laurent Douzou Rubinstein avait jeté une carte adres- N. L. VI/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 ARTS « Il n’y a pas de transgression sans sanction » La sociologue Nathalie Heinich et le juriste Bernard Edelman examinent les questions soulevées par l’évolution de l’art contemporain. Original et provocant

L’ART EN CONFLITS A Nîmes,en 1993,une exposi- personne. Dans « Loft Story » L’œuvre de l’esprit tion consacrée aux objets dans apparaît,à mes yeux,que entre droit et sociologie l’art contemporain rassemblait l’auteur est la machine elle- de Bernard Edelman notamment des ready made de même,le dispositif,« la produc- et Nathalie Heinich. Marcel Duchamp,dont le célèbre tion ». Les participants ne sont La Découverte, « Armillaire », urinoir qu’il avait signé R. Mutt. que des effets de cette machine- 276 p., 21 ¤. Entrant dans l’exposition,un cer- système,qui est aussi la machine tain Pinoncelli,qui se dit « artiste du marché. C’est aussi pour cette l y a belle lurette que l’art de comportement »,avise l’urinoir, raison qu’il s’agit d’une machine n’est plus ce qu’il était. Tou- y urine et le brise ensuite d’un à notoriété,car celle-ci ne s’éva- tes les manières de tourner coup de marteau. Il affirme que lue qu’en termes de marché. les normes en dérision et son geste est artistique. En uri- Dans le dialogue final, consa- deI se défaire des critères anciens nant,il aurait d’abord rendu l’ob- cré à ce que Nathalie Heinich ont été pratiquées. La transgres- jet à sa vocation première,défai- nomme le « paradoxe permis- sion s’est étendue à peu près sant ainsi la mystification mise en sif », vous analysez l’attitude sans limites. Commentée à perte place par Duchamp. En fracassant des artistes exigeant de voir de vue par les spécialistes des l’objet,il affirme avoir accompli leurs transgressions protégées paradoxes esthétiques contempo- une œuvre. par la loi… rains,cette évolution et les multi- Interviennent alors le Centre Tout se passe comme si l’on ples questions qu’elle soulève Pompidou,propriétaire de l’œu- avait oublié qu’il n’y a pas de ont relativement peu attiré l’at- vre,et sa compagnie d’assurance, transgression sans sanction ! On tention des sociologues ou des Axa,qui veulent faire payer au veut à la fois supprimer la sanc- juristes. Il convient donc de se sieur Pinoncelli les frais de restau- tion et institutionnaliser la trans- réjouir de l’initiative,heureuse et ration de l’objet. Dans cette affaire gression,tout en garantissant originale,prise par Bernard Edel- aussi extraordinaire qu’instructive, qu’elle demeure bien une trans- man et Nathalie Heinich en le tribunal de Tarascon a rendu un gression… Il y a là des exigences publiant un recueil d’articles jugement très intelligent,en con- incompatibles. Je ne peux pas commun. On y trouve conjugués, damnant Pinoncelli pour « parasi- vous demander de l’argent pour confrontés,mis en dialogues sur tisme de la gloire ». En brisant un me révolter contre vous tout en

une série d’exemples concrets, urinoir célèbre,il cherchait à s’ac-  /  exigeant que vous me garantis- l’approche de la sociologie de caparer la notoriété de l’artiste qui « Smoke Rings », de Bruce Nauman (1979) siez mon droit à la révolte ! Les l’art contemporain de Nathalie y avait apposé sa signature. Cette artistes ne se rendent plus comp- Heinich,auteur d’une quinzaine histoire révèle aussi comment me l’est une œuvre d’art. On trou- comme l’expression d’une Cette confusion entre te que ce système est en un sens d’ouvrages,et les analyses de Ber- Duchamp a provoqué un télesco- ve ici une sorte d’aller et retour personnalité. Cela suppose que l’œuvre et la personne se totalitaire. De façon déplorable, nard Edelman,à qui l’on doit éga- page entre le droit d’auteur et le aux frontières du droit,mouve- l’œuvre et l’artiste sont distincts ! retrouve selon vous dans « Loft les institutions,conseils régio- lement un bon nombre de tra- droit des marques,en faisant jouer ment caractéristique se retrou- Or on constate aujourd’hui une Story »… naux ou départements,repren- vaux sur les nouvelles perplexi- sur le terrain de l’art la commercia- vant ailleurs : je détruis l’idée perversion : tout devient artisti- Le statut des participants à cet- nent à leur compte ces désirs des tés des juristes en matière de défi- lisation de la notoriété. d’œuvre,j’exige que cette destruc- que,mon corps,ma vie,mon te émission soulève des problè- artistes. Il faudrait que chacun nition des œuvres et de droits Cet exemple peut-il se relier à tion soit protégée comme œuvre, comportement. Je suis,en tant mes nouveaux. En effet,ce ne retrouve son rôle. Il est catastro- d’auteur. Cet avocat philosophe la question de la protection de tout en précisant qu’elle doit que tel,une œuvre. On est ainsi sont pas des artistes-interprètes, phique,à mes yeux,que la princi- évoque ici quelques aspects du la transgression, qui en un sens demeurer destruction ! conduit à des confusions très ils ne disent pas un texte qu’ils pale demande des artistes soit livre. traverse tout le livre ? Finalement, les contours de graves entre la protection de la auraient appris. Mais ce ne sont d’être subventionnés. Pour moi, Un des exemples-clés abor- Duchamp affirme que ce qu’il l’idée d’œuvre deviennent personne et la protection de l’œu- pas non plus des auteurs : vivre c’est un abandon total de la vraie dés par Nathalie Heinich et par fait n’est pas une œuvre d’art, flous… vre. La crise de l’art est aussi une sa vie ne constitue pas une révolte individuelle. vous-même est l’affaire Pinon- mais en même temps il demande Dans la conception classique du crise du sujet,comme l’avait déjà œuvre,qui doit être extériorisée, Propos recueillis par celli. De quoi s’agit-il ? que son travail soit protégé com- droit,l’œuvre d’art est considérée noté Sloterdijk. qui exige une séparation de la Roger-Pol Droit L’art de la glose En dix courts essais, l’historien d’art Jean-Pierre Criqui donne une leçon d’analyse critique appliquée à quelques artistes majeurs d’aujourd’hui

UN TROU DANS LA VIE Le visiteur,en l’occurrence,ce lent « en nous une masse grouillante du dernier tiers du XXe siècle. Kant, les livres que l’ampleur et la puis- de performance – déposer une Essais sur l’art depuis 1960 serait Robert Smithson,artiste de clichés d’origine incertaine, un Pessoa,Calvino ou Barthes surgis- sance de Nauman exigent évidem- barre de bois ronde dans l’exposi- de Jean-Pierre Criqui. américain dont on ne connaît guè- dépotoir d’images et de citations qui sent soudain à propos de Manzoni, ment. Les fragments autobiogra- tion d’un autre artiste ? Ed. Desclée de Brouwer, re en France,le plus souvent,que nous gouverne et nous épuise ». Sym- Smith,Morris ou Cadere. Le chapi- phiques rapportés par Criqui,ses Reste l’essai le plus étrange du 202 p., 15 ¤. la Spiral Jetty,spirale de rochers et boliquement,Smithson projetait tre consacré à Nauman,sans doute analyses des vidéos ou des néons, recueil,le plus court,une médita- de terre qu’il fit tracer en 1970 sur de renverser cette situation en le chef-d’œuvre du livre,a pour ses réflexions sur la place centra- tion à partir d’Une sale histoire de ’ouvrage étant composé le Grand Lac Salé,chef-d’œuvre du construisant une salle de cinéma tremplin un aphorisme de Valéry : le de la violence,ses remarques Jean Eustache. Elle est conçue sur d’études monographiques land art. Or Smithson,tel que Jean- dans une caverne ou une mine « Il reste d’un homme ce que donne aussi bien sur la relation entre De un rapprochement dont Criqui séparées,le lecteur prend Pierre Criqui le présente – et le tra- abandonnée et de ne projeter dans à songer son nom, et les œuvres qui Kooning et Nauman que sur la affirme d’entrée de jeu qu’il n’es- la liberté de ne pas com- duit – se révèle,comme lui,ama- ce trou de ténèbres qu’un seul film, font de ce nom un signe d’admira- figure allégorique du clown,les saiera pas de le justifier : d’une Lmencer par la première d’entre teur de maximes aiguës,telle celle- celui qui aurait montré la construc- tion, de haine ou d’indifférence. » Il allusions constantes à Warhol, part le film d’Eustache,de l’autre elles,mais par la deuxième. Elle ci,à propos de l’image mécanique tion de cette salle inutile elle- se trouve que ces mots caractéri- tout cela relève d’un art de l’ana- L’Aleph,le conte de Borges. Cette s’ouvre ainsi : « L’art donne à pen- et de son triomphe : « Mais le même. Criqui reconnaît dans ce sent parfaitement les débuts de lyse que l’on ne voit guère sou- fois,plus nettement encore que ser en même temps qu’il donne à désert de Cameraland s’étend. » Ou projet des traces du goût que l’artis- Bruce Nauman,en 1967,et que l’in- vent pratiqué avec tant de maîtri- d’habitude,l’auteur écrit à la pre- voir une pensée, et les œuvres sont cette autre,à laquelle le livre doit te,adolescent,avait pour le Musée congruité du rapprochement n’est se. Elle est telle que,quelquefois, mière personne. Son propos n’est toujours mêlées, mal assurées, cho- son titre : « Passer du temps dans d’histoire naturelle de New York. qu’apparente. on en viendrait à soupçonner que plus d’un historien,mais d’un ses parties de très loin qui poursui- une salle de cinéma, c’est faire un On pourrait aussi y soupçonner le commentateur fait plus que phénoménologue de la percep- vent leur existence en nous. » Une “trou” dans sa propre vie. » Autre- une farce anti-platonicienne.  découvrir des mérites à ses artis- tion artistique et de la mémoire idée vient aussitôt : cette phrase ne ment dit : si Criqui manifeste une Ce ne serait qu’abonder dans le En procédant de la sorte,en fai- tes : qu’il les augmente,qu’il en qui,à défaut d’en pouvoir com- peut être que celle de quelqu’un prédilection appuyée pour Smith- sens du commentaire que Criqui sant naître des échos,en orches- invente peut-être. Il n’en est pas prendre toutes les mécaniques, qui a le sens de l’attaque tranchan- son,c’est parce qu’il a trouvé en lui avance de l’œuvre de l’artiste,en trant les travaux qu’il étudie,Cri- ainsi de Smithson,de Manzoni, s’applique à en décrire le fonc- te et ne déteste probablement pas une forme d’esprit – ironique,désil- deux textes complémentaires,et qui fait œuvre d’autant plus de Morris ou de Nauman. Mais, tionnement en se prenant lui- procéder par aphorismes. La vérifi- lusionnée – qui ressemble assez à l’imiter dans l’un de ses exercices nécessaire que la plupart des artis- sans la virtuosité de Criqui,serait- même comme sujet d’observa- cation est immédiate,le chapitre la sienne. L’artiste et son analyste préférés,celui qui consiste à intro- tes dont il traite n’ont jusqu’ici on pleinement convaincu par la tion. Le moins que l’on puisse suivant débutant ainsi : « A Rome, s’entendent si bien qu’il arrive que duire des références inattendues, suscité que très peu d’attention démarche d’Andre Cadere,adep- dire est que le résultat est extrê- dit-on, le visiteur ne fait jamais que l’on ne sache plus qui,des deux, philosophiques et littéraires,alors dans l’édition française,à laquel- te,dans les années 1970,d’une mement intéressant. revenir… » écrit que médias et films accumu- qu’il traite exclusivement d’artistes le il manque,par exemple,le ou forme délibérément peu visible Ph. D.

a LE BAUHAUS ET LA FRANCE, ment ignoré en France. Des teur d’aujourd’hui d’écouter Gia- lente idée. On se prend même à le paradoxe avec autant d’aisan- 1919-1940 œuvres ont franchi le Rhin,les cometti expliquer et analyser son rêver du CD que l’on obtiendrait ce que les couleurs. L’histoire des relations artisti- peintures de Klee et de Kandins- œuvre avec une justesse de ton en ne conservant que les La journaliste Hortense Lyon ques entre l’Allemagne et la ky,le Ballet triadique de Schlem- et une simplicité admirables. meilleurs de ces entretiens,com- s’est faite complice de ces démar- France dans l’entre-deux-guer- mer. Elles n’ont pas reçu un La liste des interlocuteurs est me l’éditeur André Dimanche l’a ches au premier regard déconcer- res commence enfin à susciter accueil beaucoup plus attentif saisissante. On y trouve,à l’ex- fait en rééditant – CD et livret – tantes. Elle nous livre,avec l’intérêt. Le Centre allemand que les toiles de Beckmann,mais ception de Picasso,tous les fon- l’autre grand travail de Charbon- Gérard Garouste et à propos de d’histoire de l’art,qui s’est créé à du moins ont-elles été visibles dateurs français de l’art moder- nier,son long dialogue avec Mar- lui,un livre charmant de mali- Paris sous l’impulsion de l’uni- un moment. Plus serrés ont été ne,Matisse,Léger,Braque,Le cel Duchamp (éd. de La Villette, cieuse étrangeté. On y passe versitaire berlinois Thomas les rapports entre les architectes, Corbusier ; un fort contingent de 272 p.,12 ¤). Ph. D. sans crier gare de la confusion W. Gaehtgens,joue,dans cette Gropius d’un côté,Le Corbusier surréalistes,Ernst,Miro,Mas- aux mathématiques,du chaos à découverte,un rôle décisif. A de l’autre – serrés,mais marqués son,Dali,Ubac ; l’indéfinissable a LE GRAND APICULTEUR la vérité conçue comme discor- preuve Le Bauhaus et la France, par bien des soupçons (préface Picabia ; et les « jeunes » d’alors. de Gérard Garouste dance. Ici,on médite sur « les ins- volume collectif et bilingue : des de Thomas W. Gaehtgens,intro- Là,le choix de Charbonnier est et Hortense Lyon criptions monumentales et illisi- historiens de l’art des deux pays, duction d’Eric Michaud,Akademie plus incertain. S’il rencontre Har- Répondre librement,en cent bles » figurant dans Ellipse, jeunes chercheurs pour la plu- Verlag,510 p.,49,80 ¤). Ph. D. tung et Soulages,il ne croit pas petites pages,à la question « Qui œuvre installée par Garouste à part,y écrivent quelques chapi- inutile de solliciter aussi Mar- donc est Dieu ? » n’est pas une la Fondation Cartier à Paris de tres d’un récit qui est appelé à se a LE MONOLOGUE DU PEINTRE chand et Buffet,afin de couvrir tâche simple. C’est pourtant l’ob- novembre 2001 à mars 2002,on développer ultérieurement. Pre- C’était au temps où les artistes tout le champ de la création,de jet de cette nouvelle collection assiste à la rencontre des Classi- mière certitude récemment n’étaient pas encore les victimes l’abstraction la plus novatrice au où sont déjà parus sept titres, ques et des Indiens ; là,on s’aper- acquise : en dépit du nationalis- de l’Audimat : de 1950 à 1957,la réalisme le plus militant. Toutes composés par des personnalités çoit que la confusion pourrait me des vainqueurs et des vain- RTF a diffusé 36 entretiens réali- les réponses ne sont,naturelle- très diverses. Avec le peintre bien être une secrète voie d’ac- cus,en dépit de ce qui était alors sés par le critique et historien ment,pas également passionnan- Gérard Garouste,la difficulté est cès à la connaissance. Le tout est l’insupportable fatuité de la criti- d’art Georges Charbonnier (1921- tes. Mais l’historien trouve son devenue plus intense encore. Car inattendu,elliptique évidem- que parisienne,toujours prête à 1990). De vrais entretiens,pas de compte jusque dans les dialo- cet amoureux des formes et des ment,et singulier. Bien qu’il soit déclarer la royale supériorité de micro-déclarations de 3 minutes. gues les plus poussifs,dans les- symboles est aussi grand lecteur dit que « mentir, c’est la règle du l’art français et l’indigence barba- Chacun avait le temps de se pré- quels tout est daté et symptoma- de la Bible et grand ami du silen- jeu », ou peut-être à cause de re des artistes germaniques (on senter autant qu’il le souhaitait. tique,le vocabulaire,les exem- ce. Il ne cesse de s’exposer et de cela,voilà qui sonne vrai disait alors boches ou teutons), Mieux : s’il fallait deux prises,il y ples et les sous-entendus. Avoir se dérober,de parler clair et (Bayard,« Qui donc est Dieu ? », le Bauhaus n’a pas été absolu- en avait deux,ce qui vaut au lec- réédité ces textes est une excel- pourtant par énigmes. Il manie 92 p.,12 ¤). R.-P. D. LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002/VII ESSAIS

La famille réfute les vieux modèles L’Amérique bousculée Les temps changent, la famille aussi. Elle se transforme pour subsister, s’adapte aux nouveaux Le directeur du « Harper’s Magazine » comportements sexuels. Elisabeth Roudinesco dresse un bilan plutôt optimiste de ces métamorphoses étrille la classe politique de son pays

LA FAMILLE EN DÉSORDRE relever cette « humanisation des LE DJIHAD AMÉRICAIN et économique, mais de quelles armes d’Elisabeth Roudinesco. liens », cette voie plus laborieuse (Theater of War) intellectuelles et morales disposons- Fayard, 246 p., 18 ¤. mais plus authentique vers une matu- de Lewis Lapham. nous, interroge-t-il, pour affronter ration des sujets, avant d’inutilement Traduit de l’anglais (Etats-Unis) l’hostilité d’un monde au sein duquel es pères s’effacent, le pou- sacraliser les normes œdipiennes ou par Marina Boraso, des populations de plus en plus nom- voir se défait, la famille, de basculer dans la nostalgie des Saint-Simon, 204 p., 14,90 ¤. breuses nourrissent des griefs contre vieux pilier de la tradition modèles perdus. C’est ici sans doute nous et risquent en outre de mettre au comme de la modernité, que le livre d’Elisabeth Roudinesco n dirait l’un des leurs. Elé- point un armement aussi destructeur Lsemble se décomposer sous nos est le plus aigu, reprochant à nombre gance naturelle, démar- que le nôtre ? » yeux : famille « incertaine », « mono- de psychanalystes ou d’experts en che patricienne, culture Lapham observe le « statut impé- parentale », « recomposée », les mots sciences humaines une difficulté à Ivy League, front large, rial » des Etats-Unis. Et interpelle le ne se comptent plus qui évoquent en « penser le mouvement de l’histoire ». dégagé,O lunettes d’intellectuel et pouvoir : qu’avez-vous fait de ce sta- creux le modèle perdu. Les pacs ajou- C’est ici aussi que la logique du hâle de sportif, un physique de secré- tut ? Il répond : « Nous avons inter- tent à la confusion, profilant une livre conduit à mesurer l’inévitable taire d’Etat ; un profil et des origines prété notre triomphe guerrier comme famille où la différence des sexes légitimité d’une famille « homoparen- familiales qui devraient faire de lui le signe d’une élection divine. » Il n’est plus un des ciments obligés, tale » : comment refuser à ceux qui l’un des membres de l’élite politique mène l’assaut contre un discours bousculant des habitudes ancrées jus- ne sont l’objet d’aucune discrimina- américaine. Et c’est tout le contraire politique hyper-patriote nourri de qu’à les défier. tion le droit de fonder une famille ? ou presque : Lewis Lapham est l’un bonne conscience – cette conviction L’intérêt du livre d’Elisabeth Roudi- Conséquence directe d’une intermi- des critiques les plus féroces de la que le pays incarne le Bien : « Vous nesco est d’aller au-delà du désordre nable dynamique d’émancipation classe dirigeante outre-Atlantique, êtes avec nous ou contre nous » –, les- apparent pour suivre la transforma- qui donne aux homosexuels de nou- qu’il questionne, malmène, bouscu- té de références à la religion et tion des modèles et apprécier plus veaux droits. Conséquence directe le, dénonce et étrille chaque mois dépourvu du moindre doute : «Je sereinement le présent : la famille encore d’une médicalisation de la dans ses éditoriaux du Harper’s voudrais suggérer que le temps est contemporaine n’en est pas à sa pre- procréation, cette autre mutation Magazine. Comme il s’agit du plus peut-être venu de renoncer à la pose mière rupture. Ce qui ne l’invalide tout aussi décisive : pour la première vieux mensuel et de l’un des plus de l’innocence, de cesser de croire en pas, bien au contraire : l’ordre fami- fois, à la fin du XXe siècle, l’acte brillants magazines du pays – Mark nos privilèges spéciaux, et de suppri- lial résiste au point que ceux qui lui sexuel pouvait être remplacé par un Twain et Léon Trotski y pigèrent –, mer Dieu du scénario. » attribuent leur propre malheur, ceux acte médical. La science se substi- on ne s’étonnera pas que Lapham L’angélisme de quelques vestales « qualifiés tour à tour de sodomites, tuait à l’homme dans ce qui semblait mène son combat dans une langue de la conscience « libérale » (pauvre d’invertis, de pervers », en viennent le plus intime. L’institution du maria- superbe et acérée : le directeur du Al Gore !) est bousculé autant que la aujourd’hui à le revendiquer. L’im- ge devait en être de part en part Harper’s écrit à la rapière. morale binaire des chrétiens fonda-  / portant serait même cette prétention repensée, devenue pour la première Il pourfend une élite publique à mentalistes, que l’auteur soupçonne des homosexuels à fonder un bon- pouvoirs autocratiques, la psychana- Mélanie Klein, Winnicott, d’autres fois indépendante de l’acte sexuel. laquelle il fait le procès d’avoir aban- d’occuper la Maison Blanche (mal- heur familial : constat souvent mino- lyse accompagne la révolte des fils, encore ont déplacé le pôle du regard. L’intérêt du livre est bien de croi- donné les idéaux des Pères fonda- heureux George W. Bush !). ré et pourtant marquant, il conduit le affinant et nuançant sans fin le débat Les vieux modèles psychanalytiques ser lucidement la logique émancipa- teurs, d’être indigne d’une popula- L’outrance dans l’attaque fait partie, livre à une véritable originalité. entre autorité et liberté, répression bougent comme bougent les rela- trice et la logique scientifique, celle tion généreuse et ambitieuse, d’être bien sûr, de l’art du polémiste ; Le déclin de la souveraineté du des instincts et avènement du désir. tions familiales dans la deuxième du nouveau pouvoir sur la vie. Il est corruptible, de pratiquer l’hypocrisie l’auteur a beau boxer en costume de père d’abord. L’effacement de l’auto- Rien d’absolu pourtant, elle corres- moitié du XXe siècle. aussi de repenser la mutation de l’or- à grande échelle, d’avoir abaissé le chez Brooks Brothers, il frappe dur. pond à un moment histori- Impossible par exemple d’ignorer dre familial dans le respect des niveau du débat à celui d’un talk Il y a chez Lapham une courtoisie de a que de la famille occidenta- la présence récente, jusque dans la sujets. Reste le continent noir de la show de série C., assimilé la pratique gentleman au service d’un journa- Georges Vigarello le : une contestation du pou- loi, de la « parité parentale ».La « procréation médicale assistée », de la politique à la collecte de fonds lisme de combat : pas d’attaque bas- rité traverse l’Occident depuis des voir et son maintien, une libération conséquence est claire : le père a per- celui du risque d’eugénisme, celui du et, surtout, de ne pas comprendre se, jamais, mais pas de prisonnier décennies : montée de l’égalité, lente de la sexualité et sa culpabilité. Freud du ses prérogatives, le pouvoir sur fantasme d’éternité ou du narcissis- son époque et encore moins le rôle non plus. L’érudition, l’humour, l’élé- installation de la démocratie, mais lui-même demeure attaché à l’image l’enfant n’est autre que partagé. me incontrôlé, celui précisément où que l’Amérique devrait y jouer. Voilà gance de la phrase sont ici au service aussi « irruption du féminin », triom- de la famille « autoritaire », devinant Mais, outre qu’il faut bien intériori- manque le respect. l’objet, la cible, de ce recueil d’essais d’une charge à la Attila qu’on appré- phe du maternel. L’histoire de la les rébellions futures sans pouvoir ser ce nouveau modèle, y compris politiques, de réflexions pré- et cie autant pour la justesse du propos famille est faite de ces tensions où la les approuver : libérateur du désir, il dans sa subversion des vieilles évi- e A noter : la publication en France post-11 septembre 2001. Les anti- que pour quelques méchancetés qui misogynie se révèle comme une lon- dit s’en tenir, sur le statut de la fem- dences, il faut aussi l’apprécier dans de l’album de Ralph Steadman sur américains ne s’y retrouveront pas : pourront, parfois, paraître injustes. gue crispation. L’exemple de la psy- me, à « la vieille façon de penser », ses effets : aucun rejet de la famille Sigmund Freud, préfacé par Elisabeth Lapham ne tombe pas dans la criti- Lapham cultive avec talent l’une des chanalyse, longuement étudiée ici, émancipateur du moi, il demeure n’en est résulté. L’ordre familial y a Roudinesco (Aubier, 118 p., 22 ¤). que radicale-chic de l’Amérique. Son plus belles traditions américaines, est d’autant plus important qu’il s’est centré sur un schéma masculin. Or la même gagné quelque richesse nou- propos est différent, mélange de réa- celle du justicier solitaire qui s’en voulu normatif. Première à transfor- psychanalyse est elle-même tra- velle : une sensibilité plus grande au Elisabeth Roudinesco lisme et d’idéalisme : « Nul ne songe prend aux puissants. mer en théorie l’affaiblissement des vaillée par l’ascendance du féminin. psychologique et au respect. Autant collabore au « Monde des livres » à contester notre supériorité militaire Alain Frachon Des philosophes entre sagesse et folie Thalès, Pythagore, Socrate et les autres sont souvent plus déroutants qu’on ne le croit Mis en scène par Roger-Pol Droit et Jean-Philippe de Tonnac, leurs faits et gestes surprennent

FOUS COMME DES SAGES tre, j’ai cru bon de m’amuser à un quoi pas ? En 1868, et encore Petite Ourse ou pour prédire des Scènesgrecqueset romaines “Eloge de”… » après, Nietzsche, Frédéric, qui éclipses de soleil, disait-il, et avec de Roger-Pol Droit Les guillemets, quelques points fut en sa jeunesse philologue, cela pauvre comme Job. Même si, et Jean-Philippe de Tonnac. de suspension, je vous explique, composa plusieurs mémoires sur dit-on, un jour il avait raflé toute Seuil, 230 p., 19 ¤ la suite est perdue. Je tiens la con- les sources de cet Ulysse de la bio- la mise en réalisant une sorte fidence d’un philosophe seizié- graphie des philosophes. Folie d’OPA sur les valeurs de l’or es jours derniers, reve- miste de Johns Hopkins, la fameu- des sources, dans le milieu des clair, l’huile d’olive au soleil de nant d’Italie et de Fran- se université du Pays de Marie – hellénistes, on l’appelle « pégo- Milet. Un fou de théorie, ce Tha- ce en ces nouveaux Etats les indigènes disent Maryland –, manie », et il est bien que le dan- lès errant sous le ciel étoilé mais d’Angleterre, pour ne il m’a certifié qu’il s’agissait d’un seur de Zarathoustra en ait bu qui, par son intelligence prati- Cpas perdre totalement le temps fragment de la lettre adressée que, laisse stupéfaits tous que je devais passer à cheval et sur par Erasme à son ami Thomas a ceux qui en riant le mon- mer en bavardage sans rapport More, avant de rédiger un libelle, Marcel Détienne traient du doigt. avec les Muses et les Lettres, peut-être, probablement, vrai- une ou deux gorgées au temps de Chemins tracés par les astres j’avais emporté un petit volume semblablement, son Eloge de la son « Programme de Bâle ». 1870, de Thalès, chemins ouverts par dont le titre me semblait bien folie, fragment perdu, disparu à la guerre est là, et l’Université au les disertes juments de Parméni- venu : “Fous comme des sages, scè- jamais, introuvable en tout cas garde-à-vous, haut de forme et de, chemin de vie tracé par Pytha- nes grecques et romaines.” Com- jusqu’à présent dans les biblio- redingote. gore de Samos. Nos deux pilotes me te le disait ma précédente let- thèques de l’Ancien comme du La version que vous lirez est y insistent : ces premiers décou- Nouveau Monde. dédiée « à tous ceux qui croient la vreurs ont tous un style, ils inven- Inestimable découverte, et le sagesse triste », elle envoie paître tent des genres de vie. Pythago- Chaque lundi Monde, lecteur, n’a pas hésité un l’érudition et ses bêtes à con- re, par exemple, si présent dans seul instant à s’en assurer l’exclu- cours. Elle choisit de raconter les cités de Grande Grèce, à sivité. Nous connaissons mainte- des histoires, le plus souvent ima- Tarente, à Crotone. Vêtu de 0123 nant une des sources, sinon la ginaires, inspirées par une anec- blanc, rejetant ostensiblement le avec source, du petit livre d’Erasme. dote, une saynète, une rencontre régime carné et sanglant des DATÉ MARDI Deux philosophes contempo- faite en feuilletant les Mémoires autels de la cité, il façonne le rains, disons plutôt deux fous de ce Casanova des pensoirs et genre de vie dit « pythagorique », comme des sages, se sont amusés lupanars annexes. avec ses exercices de mémoire, LE MONDE à écrire une version vernaculaire Thalès, Anaxagore, Empédo- ses examens de conscience, l’as- ECONOMIE et accessible à la France d’en bas cle, Diogène, Pythagore, vous cèse du corps et de l’âme, mêlant de ces très connues Scènes grec- vous souvenez ? des gens bizar- les pratiques spirituelles à la gym- ques et romaines. res, pas comme les autres, l’un se nastique du citoyen en armes. Ne Beau divertissement en pers- promène avec une lanterne en voulait-il pas réformer les cités Chaque vendredi avec pective, sans parler de l’assaison- plein jour, l’autre se cache derriè- gangrenées par le luxe, l’inégalité nement qu’apporte à la vie ce re un rideau ou disparaît dans un et les guerres entre pauvres et vade-mecum, oui, viens avec volcan, le troisième se met à faire riches ? moi ! Je vois déjà les amphithéâ- l’amour en place publique. Etran- Une des leçons proposées par 0123 tres s’emplir de filles et de gar- ges, ces individus, sans diplômes, la mise en scène des « fous com- çons qui jouent à vivre dans une sans permis de penser et qui me des sages », c’est en somme DATÉ SAMEDI perpétuelle adolescence, sur la inventent de l’astronomie, de la que « le Sage trouve refuge dans nef emmenée par Roger-Pol géométrie et même de la dite les livres des Anciens où il n’ap- retrouvez Droit et Jean-Philippe de Ton- « métaphysique », en marchant, à prend que des arguties verbales ; nac, les copilotes. l’aventure. le Fou aborde et essaie de près les Un zeste d’introduction, même Par exemple, Thalès, il monte réalités ; par là, il acquiert, si je ne si le genre est connu : Les Vies le chemin pierreux, longe le m’abuse, une authentique pruden- LE MONDE de…, ici des philosophes, rédi- champ d’oliviers, et, comme cha- ce ». Bien dit, mon cher Erasme, gées, compilées par un certain que nuit, arrivé au sommet de la et à bon entendeur, salut ! TELEVISION Diogène. Non pas le Cynique colline, il observe, il mesure les mais un Diogène, dit de Laërte étoiles. Toujours le nez dans le Roger-Pol Droit comme Ulysse en est le fils. Pour- ciel, et pour découvrir quoi ? la collabore au « Monde des livres » VIII/LE MONDE/VENDREDI 1er NOVEMBRE 2002 ACTUALITÉS

L’ÉDITION FRANÇAISE Le temps des éditeurs globaux a       -. Le prix du Petit- Un entretien avec Jane Friedman, PDG de HarperCollins, qui explique sa volonté d’acquérir les droits anglais des livres Gaillon a été décerné, lundi 28 octobre, à Tombeaude l’élé- pour les lancer simultanément dans plusieurs pays et critique un secteur qui « publie trop de livres » phant d’Asie, de Gérard Busquet et Jean-Marie Javron, publié aux oici venu le temps des édi- 1997. Cette Américaine de 56 ans, deux. Comment arrêter ça ? Toute l’in- sommes des producteurs de contenus. éditions Michel Chandeigne. Ce teurs globaux. Dans le directe et énergique, a fait l’essentiel dustrie du livre est concernée. Les éta- Je suis très favorable aux synergies. prix d’un montant de 2 286,74 pavillon anglo-saxon de la de sa carrière chez Random House gères des librairies ne sont pas extensi- Nous sommes très bien intégrés au euros est né de la rencontre de Jac- Foire du livre de Franc- où elle a commencé comme secrétai- bles, même si ce n’est pas le cas pour groupe et nous profitons de partena- ques Damade, des éditions de La Vfort, les frontières sont abolies. Il n’y re, avant d’en devenir vice-présiden- les librairies électroniques. Mais le riats avec les chaînes de télévision, Bibliothèque et du restaurateur a presque plus de distinction entre te. Elle a renouvelé HarperCollins, plus n’est pas forcément le mieux. pour la jeunesse notamment, ou avec du Petit-Gaillon, pour récompen- les Américains, les Britanniques et en changeant le management et en Nous sommes très prudents dans nos les sites Web du New York Post.» ser un ouvrage publié par un édi- les Australiens. Les petits éditeurs développant la maison, avec huit achats de titres. Il ne suffit pas de L’utilisation de la maison d’édi- teur distribué par Les Belles Let- sont répartis dans des allées nationa- acquisitions, faisant taire les nom- publier les livres, il faut les promou- tion par Rupert Murdoch a souvent tres, dont les entrepôts ont brûlé les, mais les grands stands des breuses rumeurs de vente sur cette voir. Chaque livre a son budget de défrayé la chronique, notamment le 29 mai. Le prix a été annoncé le grands groupes internationaux qui branche qui a connu des difficultés. marketing. Nos éditeurs sont quand il a refusé de publier les même jour que le prix Goncourt, sont les plus spectaculaires mon- Est-elle intéressée par Houghton conscients de ça et font des efforts. Mémoires du dernier gouverneur de

dans le restaurant qui est juste en trent la domination et la concentra- .. Mifflin, la branche américaine de C’est le seul moyen de sortir de cette Hongkong, Chris Patten, pour ne face de Drouant. Pendant ce tion d’un secteur dominé par ces Jane Friedman Vivendi Universal Publishing ? surproduction. » pas déplaire à la Chine. « C’est de temps, dans le Nord, un jury d’avo- groupes anglo-saxons : Random « Houghton Mifflin a une excellente HarperCollins est né en 1990 du l’histoire ancienne », réplique éner- cats et de journalistes du Nord- House, Penguin ou HarperCollins. aussi souvent que nous le pouvons, place dans la littérature, les dictionnai- rapprochement, sous l’égide de vée Jane Friedman. Le rachat de Pas-de-Calais a décerné le prix de Chaque maison vend de nombreux nos livres en même temps dans tous res et la jeunesse. Mais c’est très com- Rupert Murdoch, de deux maisons Fourth Estate a arrêté un projet de Gondecourt – du nom d’un village auteurs, dont les portraits sont ali- les pays de langue anglaise. Nous vou- pliqué de séparer ces maisons de la presque bicentenaires, Harper biographie de Murdoch. « Le livre va au sud de Lille – à Denis Robert gnés sous chaque marque de ces lons partager la richesse des talents. » partie scolaire. » Houghton Mifflin & Row aux Etats-Unis et William sortir ailleurs. Ce n’est pas Rupert Mur- pour La Boîte noire (éd. les groupes multinationaux. Mais l’at- Cette tendance rencontre une cer- devrait revenir au fonds d’investisse- Collins en Angleterre, ce qui permet doch qui a acheté Fourth Estate, c’est Arènes). tention se porte sur les posters de taine réticence des agents, qui préfè- ments menés par Blackstone. De de compter dans les racines de la moi, pour avoir cette maison et sa a     . Ber- quelques auteurs phares vendus rent faire jouer la concurrence pays nombreux éditeurs parient sur une maison Mark Twain, Dickens ou directrice, Victoria Barnsley, qui est nard Fixot, Florent Massot et Phi- dans le monde entier. par pays. « Audébut,les agents vente par appartements dans un Thackeray, qui côtoient aujourd’hui aujourd’hui à la tête de HarperCollins lippe Robinet créent Oh ! éditions. Devant le stand de HarperCollins, étaient sceptiques, reconnaît Jane deuxième temps. Elle n’a pas été Michael Crichton ou Clive Barker, au Royaume-Uni. Je sais qui est mon Le premier titre qu’ils publient est trois portraits : le footballeur David Friedman. Mais ils évoluent. Ils sont intéressée par le reste de VUP : «Je mais aussi, Joyce Carol Oates, John propriétaire. C’est ma responsabilité Le Journal de Kurt Cobain, le chan- Beckham, l’écrivain Michael Crich- de plus en plus concernés par la carriè- ne crois pas qu’une entreprise de lan- Fante ou Timothy Findley. Sous l’im- de ne pas publier quelque chose de teur du groupe Nirvana qui s’est ton et l’ancien PDG d’IBM, Lou Gers- re des auteurs et veulent accroître leur gue anglaise puisse réussir dans pulsion de Jane Friedman, Harper- contraire aux intérêts de mon entrepri- suicidé en 1994. Le livre paraîtra le tner. Ils ont des points communs : réputation dans le monde. Nous ne d’autres pays étrangers. » Collins a racheté deux éditeurs se. Mais personne ne nous dit ce que 7 novembre, dans le cadre d’un lan- HarperCollins leur a versé de très, prenons pas l’argent dans les poches Jane Friedman est connue pour indépendants reconnus, Ecco Press, nous devons publier ou ne pas cement mondial, aux Etats-Unis, très grosses avances, ils n’ont pas des auteurs et de leurs agents. Pour son pragmatisme et son franc- aux Etats-Unis et Fourth Estate en publier. » en Grande-Bretagne, en Allema- fini d’écrire leurs livres et leurs droits des écrivains très importants, nous ver- parler. Elle ne croit pas au déclin du Angleterre. Jane Friedman retrouve son souri- gne, en Espagne et en Italie. Flo- se revendent déjà dans le monde sons des avances extraordinaires. Ce livre, mais dénonce régulièrement la C’est le septième éditeur du mon- re pour parler de la « passion de l’édi- rent Massot et Philippe Robinet entier. Jane Friedman, PDG de Har- système ne fonctionne pas seulement surproduction éditoriale (qui n’affec- de mais ce n’est qu’une toute petite tion » et de la nécessité de publier avaient quitté le groupe de Nicolas perCollins, désigne ces trois por- avec des blockbusters, mais aussi avec te pas que la rentrée romanesque partie de l’empire de Rupert Mur- des livres non rentables : « Nous Philippe, où ils animaient Florent traits et commente : « Nous sommes des auteurs plus modestes. » française) : « Nous publions trop de doch (7 % de son chiffre d’affaires). sommes une entreprise d’idées et les Massot présente, pour créer cette vraiment un éditeur global et, à cha- Jane Friedman a repris les rênes livres. Aujourd’hui tout le monde veut « Nous sommes beaucoup plus impor- idées ne rapportent pas toutes de l’ar- nouvelle maison avec Bernard que minute, nous devenons de plus en de HarperCollins, la branche édition écrire. Certains livres sont bons, tant en termes de reconnaissance, car gent. » Fixot, PDG de XO éditions. Florent plus global. Notre but est de publier, du groupe de Rupert Murdoch, en d’autres mauvais, la plupart entre les nous avons de bons résultats et nous Alain Salles Massot et Philippe Robinet détien- nent, à parts égales, 34 % du capi- tal, avec le projet de monter à 49 %. XO a le reste du capital. Oh ! À L’ÉTRANGER éditions publiera dix titres par an, Saint-Malo fait le plein de bulles et notamment, en janvier 2003, un a ESPAGNE : polémique pour un roman basque document sur les collégiens, Ce oujours plus d’auteurs, toujours plus de mon- L’invité d’honneur de Saint-Malo était un autre Il a 29 ans, il s’appelle Unai Elorriaga et il vient de remporter le Prix que je ne peux pas vous dire,eten de. La 22e édition de Quai des Bulles, festival de maître italien de la BD, Vittorio Giardino. Quelles national de narration avec un roman intitulé SPrako Tranbia (Le Tramway mars un roman de Saska Mulder, la bande dessinée de Saint-Malo, a accueilli du que soient les séries qu’il a créées, de Max Fridman à de SP) ce qui fait de lui le plus jeune écrivain à recevoir ce prix (Antonio la sœur de Karen Mulder, en coédi- 25 au 27 octobre quelque 170 scénaristes ou Jonas Fink, cet admirateur de Piero Della Francesca Munoz Molina l’avait reçu à 32 ans pour Un hiver à Lisbonne) et le deuxiè- tion avec Susanna Lea. Tdessinateurs, plus de 35 000 amateurs et de nombreux croise l’élégance graphique et la richesse ambigüe me écrivain basque (après Bernardo Atxaga, en 1989 avec Obabakoak). a    . éditeurs, petits et grands, de Granit aux Rêveurs de de ses personnages à la précision contextuelle des On aurait pu se contenter de le féliciter, mais la polémique est survenue Une nouvelle maison d’édition, Runes, de Dargaud, Casterman, Glénat, Soleil à Dupuis. thèmes qui lui sont chers : les ex-pays de l’Est, la rapidement. On l’a accusé d’avoir des liens avec le parti indépendantiste Quidam Editeur, vient de se créer, L’important éditeur belge est même devenu un habitué guerre froide, l’espionnage à la Eric Ambler, l’intri- Batasuna et le jury a été soupçonné de n’avoir lu que les deux premiers en publiant ses deux premiers du festival malouin alors qu’il persiste à bouder Angoulê- gue policière façon Chandler. chapitres du roman, écrit en basque. Il semblerait qu’en fait, le jury ait ouvrages : Amor de Maïca Sanco- me. Dupuis reproche au principal salon de ne pas faire D’autres expositions, consacrées à Pascal Rabaté, demandé au jeune écrivain après avoir lu les deux premiers chapitres, de nie, un recueil de nouvelles, et La assez place à la BD jeunesse, et accessoirement d’avoir Franck Pé, François Roca (illustrateur inspiré de Dioti- traduire entièrement son roman. Les livres écrits en basque sont souvent Chorée de Perchan de l’Américain rarement primé ses auteurs. Reproche que d’autres édi- me et les lions, d’Henry Bauchau, notamment) ou Oli- traduits à la hâte pour pouvoir être présentés à des prix littéraires, ce qui Robert Perchan, une chronique teurs pourraient adresser au festival malouin, qui avoue vier Ledroit, prouvaient l’inventivité de ce Quai des est un handicap. Quant à l’aspect politique, il est difficile de savoir si son humoristique sur la Corée du Sud. des préférences répétées à l’endroit de certains éditeurs, Bulles. Au chapitre des couronnés, c’est justement éditeur Elkar est lié ou non à des mouvements nationalistes, mais on peut L’éditeur désire se consacrer à la en snobant d’autres – et donc leurs auteurs... Franck Pé, son gentil Broussaille et sa Manon, héroïne se demander quel éditeur non nationaliste publierait un livre en basque ? littérature contemporaine, françai- Mais la polémique n’est pas le verre de tafia du festi- de Zoo, qui a été distingué, en compagnie de Xavier (Corresp.) se et étrangère en publiant notam- val. D’autant qu’il a encore une fois réussi à mettre les Fourquemin (Outlaw, avec Dieter au scénario) et ment l’œuvre de l’auteur anglais, critiques de son côté, par sa profusion. Saint-Malo, ce Fabrice Neaud, auteur courageux et talentueux du a GRANDE-BRETAGNE : le Booker pour Yann Martel et Canongate B. S. Johnson, salué par Beckett, sont des débats, des « contes à bulles » (un conteur, un Journal, tome 4, chronique intimiste d’un jeune L’écrivain canadien Yann Martel a remporté le Man Booker Prize, l’un auquel Jonathan Coe consacre une musicien et un dessinateur, pour un récit à trois voix), homosexuel aux prises avec les préjugés provin- des plus importants prix de la littérature anglo-saxonne, doté de biographie (1, rue Mansart, 92190 des films – dont bien sûr La Cour secrète des Arcanes, ciaux. 50 000 livres (79 125 euros), pour son deuxième roman, Life of Pi. « La Vie Meudon). adapté par Pascal Bonelli de l’album de Hugo Pratt, Cor- de Pi » met en scène l’adolescent Pi Patel, fils d’un directeur de zoo a  . Le prix to Maltese en Sibérie – et des expositions. Yves-Marie Labé indien qui émigre en Amérique du Nord avec une ménagerie. Il faisait Décembre, qui sera décerné mardi figure de favori. Son nom avait même été annoncé avec une semaine 5 novembre, a retenu pour sa der- d’avance sur le site du prix, à la suite d’une erreur informatique. Yann nière sélection : Poids léger, d’Oli- Martel, 39 ans, né en Espagne d’un père diplomate canadien, vit à Mon- vier Adam (L’Olivier) ; Pourquoi le et paysages d’Egypte, de Gaston s’ouvre la première conférence du tréal. Le prix récompense pour la première fois l’éditeur écossais indépen- Brésil ?, de Christine Angot AGENDA Maspero (Payot) (à 20 h 30, audito- cycle biologie et réflexion éthique dant Canongate, dirigé par Jamye Byng, qui en a fait une des maisons les (Stock) ; Rapport sur moi, de Gré- rium du Louvre ; entrée : 8 ¤ ; rés. : sur le thème « Principes philoso- plus dynamiques de Grande-Bretagne. Mr Byng reçoit depuis l’annonce goire Bouillier (Allia) ; Corps du a  30   20 - 01-40-20-84-00). phiques, convictions théologi- du prix de nombreux messages d’auteurs connus. « Notre succès s’expli- Roi et Abbés, de Pierre Michon . O. A Paris, le Théâtre ques » (à 18 h 30, 4, rue du Havre, que parce que nous ne sommes pas à Londres », explique Jamie Byng, dans (Verdier). Le même jour, le prix Molière - Maison de la poésie célè- a  5 . . A Pa- 75009 ; prochains rendez-vous les The Scotsman du 25 octobre, avant d’ajouter : « Nous ne devons pas nous Interallié départagera : Les Mots bre la poésie avec onze spectacles ris, pour le lancement de leur nou- 14, 21, 25 nov., 5, 12 déc. (rens. : laisser griser par le succès, pour qu’il n’affecte pas ce en quoi nous croyons. étrangers, de Vassilis Alexakis de danse, théâtre et musique, « Ter- velle collection « Les cahiers dessi- 01-45-26-65-26). De nouvelles portes vont s’ouvrir, des boulevards vont s’offrir à nous, mais si (Stock) ; Le Peseur d’âmes, d’Eve ritoires d’Orphée » (tarif : 22 ¤ ; nés », les éditions Buchet-Chastel nous sommes prudents et rusés, tout sera parfait. » De nombreux éditeurs de Castro (Albin Michel) ; La Mis- rens. et rés. : 01-44-54-53-00). invitent à rencontrer les dessina- a  8  10 . - doivent se mordre les doigts. L’agent de Yann Martel a indiqué que le sion des frontières, de Gilles Lapou- teurs Gébé, Muzo, Noyau, Frédéric . A Arles se tiendront les roman avait été refusé par cinq grandes maison londoniennes ! ge (Albin Michel) ; Les Vieillards de a  4 . . A Pa- Pajak et Anna Sommer à la Maroqui- 19es Assises de la traduction litté- Brighton, de Gonzague Saint-Bris ris, dans le cadre des lectures du nerie (à 20 h 30, 23, rue Boyer, raire (rens. : 01-45-49-18-95 ou (Grasset). Louvre, Robin Renucci lira Ruines 75020 ; rens. : 01-40-33-30-60). 04-90-52-05-50).

a  5 . . A Pa- ris débute le premier des séminaires « La conjugaison des Anciens » organisés par Levent Yilmaz et DOSSIERS&DOCUMENTS Sylvie Taussig (CHPM-CNRS) (à LITTÉRAIRES 18 heures, bibliothèque du Centre Louis-Gernet, 10, rue Monsieur-le- Prince, 75005 ; prochaines dates : 19-11 ; 3 et 17-12 ; 7 et 21-1-2003 ; 4 et 18-2).

a  7  16 . - e AlexandreAlexandre DumasDumas . A Lille, 9 édition de Fest’Afri- ca sur le thème « sexualité créati- Une œuvre monumentale et multiple, ve ? » avec notamment une rencon- un formidable appétit de vivre tre-débat « la séduction dans la lit- 1 térature », une journée d’études sur la littérature francophone et l’érotisme (rens. : 03-20-06-21-59 ou www.nordnet.fr/festafrica). Le surréalisme a  8  24 . P- . A Lille et région Nord- Une révolution des arts Pas-de-Calais, 6e édition de la qui voulut libérer l’imaginaire Semaine européenne de la philoso- 2 phie « Dynamique des frontiè- res », avec le Portugal en invité d’honneur (rens. : 03-20-55-66-34 ou www.citephilo.com). € a  7 . . A Pa- Octobre 2002 - 8 pages - 2,20 ris, à l’Espace Georges-Bernanos