Quintessence D'alcools
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QUINTESSENCE D’ALCOOLS COLLECTION CAP’AGREG – N°8 HUBERT DE PHALÈSE Quintessence d’Alcools LE RECUEIL D’APOLLINAIRE À TRAVERS LES NOUVELLES TECHNOLOGIES Édition numérique procurée par Henri BÉHAR Conforme à l’édition NIZET 1996 Du même auteur, dans la même collection : COMPTES À REBOURS, l’œuvre de Huysmans à travers les nouvelles technologies, 1991. RENAN TOUS COMPTES FAITS, Souvenirs d’enfance et de jeunesse à travers les nouvelles technologies, 1992. LES MOTS DE MOLIÈRE, les quatre dernières pièces à travers les nouvelles technologies, 1992. GUIDE DE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, Voyage au bout de la nuit à travers les nouvel- les technologies, 1993. VOLTAIRE PORTATIF, le Dictionnaire philosophique à travers les nouvelles technologies, 1994. DICTIONNAIRE DES MISÉRABLES, dictionnaire encyclopédique du roman de Victor Hugo réalisé à l’aide des nouvelles technologies, 1994. LES VOIX DE LA CONDITION HUMAINE, La Condition humaine d’André Malraux à tra- vers les nouvelles technologies, 1995. Hubert de Phalèse est un nom collectif adopté par une équipe d’enseignants-chercheurs qui utilisent les nouvelles technologies dans leurs travaux et souhaitent en faciliter l’accès aux littéraires, à tous les niveaux du système éducatif. Le présent volume, révisé par Michel Décaudin, est l’œuvre d’Henri Béhar, Michel Bernard, Jean-Pierre Goldenstein, Pascal Mougin, avec le concours d’Agnès Fontvieille, Sophie Jollin, Sophie Lazos, Philippe Whal. INTRODUCTION Ouvert à la modernité, curieux de toute invention, Guillaume Apollinaire était sans doute le poète qui se prêtait le mieux aux nouvelles technologies. N’avait-il pas enregistré, le 24 dé- cembre 1913, les poèmes « Marie », « Le Pont Mirabeau » et « Le Voyageur » pour les Ar- chives de la parole, que Ferdinand Brunot constituait à la Sorbonne ? Une de ses chroniques, « La Vie anecdotique » du Mercure de France (1er juillet 1914), rend compte de ses impres- sions à l’audition de sa propre voix : J’entendis très bien mes deux poèmes, mais j’ignore si les autres auditeurs les ont com- pris aussi bien que moi. Et j’eus encore une fois l’étonnement que j’avais éprouvé le jour où Mme Ferdinand Brunot enregistra ma parole. Après l’enregistrement, on fit redire mes poèmes à l’appareil et je ne reconnus nulle- 1 ment ma voix. Sa surprise n’a rien d’étonnant à nos yeux. Nous savons que l’homme entend mal sa propre voix, et qu’à plus forte raison il ne la reconnaît pas lors d’un premier enregistrement radio- phonique (André Malraux a tiré de ce phénomène un usage révolutionnaire au début de La Condition humaine2). Plus exactement, la transmission interne, par voie osseuse, nous accou- tume à une sonorité différente de celle que les autres perçoivent. C’est pourquoi, en s’écoutant, Apollinaire a regretté de n’avoir pas fait davantage, en chantant ses poèmes, de la même façon qu’il les composait, de manière à laisser un document encore plus instructif pour la postérité. Ainsi, loin de se soumettre, par curiosité, à l’investigation scientifique, était-il prêt à aller plus loin, afin de permettre aux hommes de l’avenir de connaître la nature particulière de son lyris- me. Dans ces conditions, il ne fait pas de doute, à mes yeux, que le poète d’Alcools se fût prêté, de très bonne grâce, aux analyses assistées par ordinateur, ici proposées. Davantage, je le vois très bien, installé à la terrasse d’un cyber-café, commentant pour ses jeunes disciples les usages faits de son œuvre poétique sur le réseau Internet. Il se serait réjoui de la grande nouvelle de l’année : l’ensemble de la base FRANTEXT, la plus importante banque de données textuelles au monde, élaborée par l’Institut national de la langue française (INaLF-CNRS) à Nancy, est désormais accessible sur le réseau, en appelant le serveur arcturus.ciril.fr, à condition d’avoir ouvert, préalablement, un compte. Le coût de l’abonnement forfaitaire annuel (deux mille francs) est parfaitement supportable par les insti- tutions. Mais cela revient à dire qu’il faut, comme les années précédentes, passer par l’intermédiaire des stations d’interrogation, se trouvant, en principe, dans chaque bibliothèque universitaire. On y accédera au texte intégral d’Alcools, Casanova, Couleur du temps, Le Bestiaire, Les Mamelles de Tirésias, dans l’édition Gallimard des Œuvres poétiques (1962). Un point important : en dépit des dates de publication, cet ensemble textuel est absent du CD-Rom DISCOTEXT1, « Textes littéraires français 1827-1923 », élaboré par le même insti- tut avec la collaboration de la firme Hachette, pour des raisons juridiques : Apollinaire étant considéré comme « mort pour la France », il est encore exclu du domaine public. De fait, la même banque de données fournira la plupart des documents dont je me suis servi ici, pour les 1. Guillaume APOLLINAIRE, Œuvres en prose complètes, Gallimard, t. III, 1993, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 213. 2. À ce sujet, voir mon introduction à Les Voix de La Condition humaine, Nizet, 1995, coll. « Cap’Agreg », p. 7. 6 QUINTESSENCE D’ALCOOLS contextes linguistiques du chapitre premier, « Repères historiques et littéraires », pour l’établissement d’un corpus poétique de référence dans le chapitre deux « Lexicométrie et étude du vocabulaire », ainsi que pour certaines références du « Glossaire-concordance ». En élargissant la requête, on trouve sur le « web », ou « toile d’araignée » mondiale (et que n’y trouve-t-on pas ?) d’autres matériaux utiles à l’étude de l’œuvre d’Apollinaire. Ainsi, on pourra lire et transférer sur son ordinateur, à partir du serveur du Service culturel de l’Ambassade de France à Ottawa1, « À la Santé », « Annie », « La Colombe Poignardée et le jet d’eau », des extraits du « Bestiaire », sur celui de Swarthmore College2, en plus, « Automne malade », « Marizibill », « L’adieu », « La chanson du Mal-Aimé », « Cors de chasse », « La jolie rousse », « Le pont Mirabeau », « Rhénane d’Automne », « La synagogue » et « Zone ». Certains amateurs de poésie mettent aussi à notre disposition quelques textes de leur auteur favori, ainsi Marieline Boy3, qui fournit, outre certains des textes déjà cités, « Les colchiques », « L’adieu », « Rhénane d’Automne » et Guillaume Delarue4 qui nous propose « Crépuscule ». Et puis on fait parfois des découvertes, comme ce serveur suisse qui propose « Le Pont Mira- beau » sous la rubrique « Les plus beaux textes romantiques »5… On y vend les traductions en anglais d’Alcools6 et, sous le manteau, des Onze mille verges, sous le titre Flesh Unlimited7. Voici ce que donne un extrait de la « Chanson du Mal-Aimé » en anglais : « I followed the boy he / Whistled so carelessly / And in a space between the houses / The Red Sea broke in two / I was Pharaoh he was the Jews ». Un serveur américain8 nous apprend qu’Apollinaire, né un 26 août, fêtait son anniversaire le même jour que Robert Walpole (premier ministre anglais né en 1676), Johann Lambert (mathématicien suisse qui naquit en 1728 et démontra que Pi est irrationnel) et le romancier Jules Romains (né en 1885). Internet, qui est au départ conçu pour les chercheurs, nous fournit aussi quelques rensei- gnements plus techniques, comme une référence concernant les travaux de Wolfgang Iser et d’un groupe de réflexion sur « Arbre » d’Apollinaire dans Calligrammes9, l’évocation de l’influence d’Apollinaire sur l’écrivain américain E. E. Cummings10, sur Gertrude Stein11 ou Nabokov12, un article sur « The Drama of Self in Guillaume Apollinaire’s Alcools » (Stamel- man Richard Howard13). Le « web » est ainsi le meilleur endroit pour mesurer l’audience internationale et pour cerner l’image actuelle d’un écrivain. Apollinaire doit en partie sa célébrité à sa défense du cubisme14, à sa littérature érotique, même en admettant que l’érotisme a, sur Internet, une place quelque peu disproportionnée15, et à son statut d’initiateur du surréalisme16. Il est aussi présent comme « l’inventeur » de Jarry17. 1. http://ambafrance. org/FLORILEGE/xian.html 2. http://www.swarthmore.edu/Humanities/clicnet/litterature.1.html 3. http://dges.insa-tlse.fr/wwwaime/marie/poesies 4. http://www2.int-evry.fr/~delarue/po/apo.crepuscule.html 5. http://dmawww.epfl.ch/%7Emuller/romantisme.html 6. http://www.dartmouth.edu/acad-inst/upne/cat16.html#apol 7. http://www.sirius.com/~books/erotica.html#FU 8. http://www.eecs.uic.edu/~mmaggio/almanac2/august/0826.html 9. http://sun3.lib.uci.edu/~scctr/Wellek/iser/A17_miscellaneous.html 10. http://www.wmich.edu/english/tchg/lit/pms/cummings.ygUDuh.html 11. http://www.adlbooks.com/~adl/stein.html 12. http://www.libraries.psu.edu/iasweb/nabokov/vnwilae.htm 13. http://press-gopher.uchicago.edu:70/CGI/cgi-bin/hfs.cgi/99/north_car/76022801.ctl 14. http://netspot.city.unisa.edu.au/wm/paint/tl/20th/cubism.html et http://sunsite.oit.unc.edu/wm/paint/tl/20th/cubism.html 15. http://intertain.com/store/new-browse/Erotic_Fiction-Erotic_Fiction.html 16. http://mistral.enst.fr/wm/paint/glo/surrealism/, http://oak.ece.ul.ie/wm/paint/glo/surrealism/surrealism-fr.html et http://mca.shiny.it/angelus/angelus.ita/penne/rlbertoz.html 17. http://hamp.hampshire.edu/~ngzF92/jarrypub/chamblerie.txt INTRODUCTION 7 L’actualité d’Apollinaire peut parfois sembler déroutante. Mais après tout, c’est ainsi que vivent les auteurs dans la mémoire collective. Paul Virilio commence une interview sur « Cyberwar, God And Television » en citant « Le pont Mirabeau »1, les éditions Gallimard mettent en avant la présence d’Apollinaire dans leur fonds éditorial2, France 3 tire d’un de ses poèmes le titre de son émission « Les Quatre Dromadaires »3. Ah, j’oubliais : Apollinaire est aussi le nom d’un restaurant français de Tokyo4… En somme, Apollinaire occupe bien, dans l’espace virtuel, cybernétique, la même place que dans notre univers réel.