Regards Sur La France D'aujourd'hui À Travers Une Sélection D'articles De
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FACOLTA’ DI ECONOMIA – ANNO ACCADEMICO 2008 – 2009 LINGUA E TRADUZIONE – LINGUA FRANCESE 1 PROF. ALAIN G. JACQUART DISPENSA / Dossier de textes 2008 - 2009 Regards sur la France d’aujourd’hui à travers une sélection d’articles de presse 0. Données économiques et sociales sur la France actuelle PAGE 1. La Défense, le quartier des affaires de Paris 2 2. La France et son Histoire : mémoire, sentiment national 3 3. Histoire de la Ve République ; présidentialisme et réforme constitutionnelle 6/10 4. Héritage colonial. La France, l’Afrique et l’ingérence humanitaire 7 5. Politique étrangère et patriotisme économique 9 6. La France dans les institutions internationales : ONU, UE, FMI… 11 7. Le complexe d’Astérix : mondialisation et exception culturelle 13 8. Crises pétrolières et question énergétique ; le choix du nucléaire 14 9. Système éducatif : de la carte scolaire aux « grandes écoles » 14 10. Politique de la famille, évolution sociologique, pacs 17 11. L’entreprise et ses cadres 18 12. L’emploi et la question du temps de travail 21 13. Commerce, grande distribution et nouvelle consommation 22 14. L’Internet et les libertés : droits d’auteur, 24 15. Le mouvement altermondialiste, écologie, commerce équitable 25 16. Industrie automobile : les mutations de Renault et PSA 27 17. Transports, flexibilité et mobilité sociale 28 18. Organisation du territoire : DOM-TOM, départements, décentralisation 29 19. Justice : Rachida Dati et la réforme de la carte judiciaire 31 20. La révolte des banlieues et la politique de la ville 32 21. Immigration, entre clandestinité et intégration 34 22. Politiques linguistiques et économie 35 23. Francophonie : la Belgique et la question bruxelloise 35 Lecture et analyse Documents pour la traduction Document 1 Paris : À la Défense, les salariés des banques prennent conscience de la fin d'une époque LE MONDE, 20.09.2008 2 La finance est comme une partie de poker. Il ne faut rien laisser paraître sur le visage. Le quartier de la Défense, en cette fin de semaine, affiche à l'extérieur sa face des jours ordinaires. Des cadres marmoréens se pressent, portable à l'oreille. C'est "business as usual" dans les 3 millions de mètres carrés de bureaux. Impossible de pénétrer, pour en sonder les entrailles, dans ces tours bunkers gardées par des vigiles et des services de communication sur la défensive. La crise ? Quelle crise ? Il est quelques signes, pourtant... Dans une salle de gymnastique, près de la tour Dexia, on ne se bouscule pas sur les appareils de remise en forme. "C'est très calme ces derniers temps", remarque l'hôtesse d'accueil. Le boulanger constate, lui, une hausse notable des ventes de sandwiches, tandis qu'un restaurateur fait grise mine. "C'est mauvais." Marqueur infaillible du stress ambiant, "depuis une semaine, il y a plus de mégots sur le trottoir", remarque un syndicaliste. Au pied des tours, les fumeurs sont en effet nombreux à tirer sur leur cigarette. Ils se montrent peu diserts. "Nous ne sommes globalement pas autorisés à parler", explique un homme devant le siège de la Société générale. Les porteurs des plus belles cravates en soie se montrent les plus lapidaires, leur politesse orientée à la baisse. En laissant vilainement traîner l'oreille, parviennent tout de même des bribes de conversation qui laissent entendre que tout ne va pas au mieux. "Ce ne sera pas une année florissante", lâche une femme. "C'est la merde", assure plus loin un adepte du style direct. "Il y a de l'inquiétude", résume Michel Marchet, délégué national CGT de la Société générale. Devant la porte à tambour d'AIG, même mutisme. Le groupe d'assurances a été sauvé in extremis à New York. Morne ambiance dans le hall. Les photos des joueurs de Manchester United exultant après une victoire - l'équipe est sponsorisée par la société - contrastent avec la mine apathique des employés. Derrière les hôtesses d'accueil sont affichées en anglais les règles d'or de la société, notamment "l'esprit d'entreprise". Force est de constater que ce principe en a pris un coup. Un homme parle de "prendre le pactole". "Les traders ne comprennent pas trop ce qui se passe, constate M. Marchet. C'est la fin de leur âge d'or." Les enfants gâtés ont perdu de leur superbe, de leur condescendance aussi. Parmi les 150 000 salariés de la Défense, ils formaient une caste qui maniait les milliards et écrasait la valetaille. Les salles de marché étaient les lieux choyés des directions, des étages souvent fermés aux autres catégories de personnel. "C'était un monde à part, remarque Alain Treviglio, délégué CFDT de la Société générale. Quand on discutait avec la direction des bonus distribués à certains petits génies, elle nous répliquait qu'ils faisaient 70 % du résultat. Avec l'affaire Kerviel, on s'est aperçu qu'ils pouvaient aussi nous pousser à la faillite." La banque a en partie sauvé son bilan grâce aux autres activités. C'est la revanche des gagne-petit, vendant de l'assurance-vie ou des actions de père de famille. Les directions se tournent aujourd'hui vers les étages naguère dédaignés, additionnent leurs modestes résultats, leurs gains de tâcherons, afin de couvrir les pertes à New York ou à Londres. C'est la fin de l'argent facile. Il va de nouveau falloir le gagner auprès de la clientèle traditionnelle. Mais, dans les buildings en verre opaque, le doute se répand par les couloirs comme un coup de grisou : la banque de détail pourrait souffrir à son tour. "Les clients sont devenus attentistes. Ils voient bien ce qui se passe, hésitent. Le mal est peut-être plus profond qu'il n'y paraît", constate Roland Roberdeau, délégué national CFE-CGC du secteur bancaire. 3 Les mails rassurants envoyés ces derniers jours par les hiérarchies ne convainquent qu'à moitié les subordonnés. A la Société générale, les conversations bruissent à nouveau d'un rapprochement avec la BNP. Partout, on évoque fusion ou rachat, avec des dommages collatéraux en matière d'emploi. Sur le parvis, les enfants sont bien seuls à rire, juchés sur un manège. Le carrousel tourne rond. Il n'y a plus que lui à la Défense. Benoît Hopquin Document 2 Lazare Ponticelli, le dernier poilu français, est mort LE MONDE, 12.03.2008 Il était, en France, le dernier ancien combattant de 14- 18, l'ultime rescapé parmi les 8,5 millions d'hommes mobilisés en bleu horizon. Le der des der. Lazare Ponticelli est mort, mercredi 12 mars, au Kremlin- Bicêtre, à l'âge de 110 ans. Ce survivant nous reliait physiquement à des photos défraîchies de pioupious en capote, les bandes molletières tire-bouchonnées sur les brodequins, à des images tournées à la manivelle d'hommes hirsutes, le regard vide, enterrés vivants dans les tranchées. Avec sa disparition, la première guerre mondiale s'enfonce un peu plus dans les brumes du passé. Tant qu'il l'a pu, le vieil homme aura témoigné sur le conflit, encore et encore, même quand ne sortait plus de sa bouche qu'un filet de voix à peine intelligible. Alors que beaucoup de vétérans s'étaient claquemurés dans le silence pour ne pas avoir à raconter l'horreur, Lazare Ponticelli avait choisi de dire l'indicible. Il assumait ce devoir pour ceux qui n'avaient pas eu la chance de s'en tirer. "Tous ces jeunes tués, je ne peux pas les oublier. Quel gâchis !" Alors, pour eux et pour la gloriole, Lazare ouvrait aux solliciteurs sa petite maison acquise dans les années 1920, au Kremlin-Bicêtre. Au milieu des meubles patinés, les histoires de cet homme qui avait fréquenté trois siècles étaient une remontée dans le temps. C'était aussi une leçon d'humanisme apprise en enfer. Ses souvenirs de la vie quotidienne d'un simple soldat, d'un poilu, préservaient de l'oubli ou, pire, de la réécriture dogmatique. S'y mêlaient sens du devoir, écœurement, obéissance, héroïsme, révolte, fraternité. Ses bribes remontant au hasard de la mémoire résumaient les contradictions qui traversaient les combattants, emportés sans toujours comprendre, broyés par des événements qui les dépassaient. Il nous parlait d'eux, ses camarades, et des autres, en face, pas si mauvais bougres, finalement. La narration semblait mécanique. Mais une larme surgissait sur le rebord des yeux et roulait lentement sur la joue. Elle remontait de quatre-vingt-dix ans. Parfois, le narrateur prenait des licences avec la chronologie. Les scènes s'embrouillaient. De quoi faire 4 tiquer les historiens. Mais fallait-il prendre ces souvenirs au pied de la lettre ? N'était-ce pas plutôt l'esprit qui comptait ? L'accumulation d'anecdotes formaient la geste du poilu, racontée par le dernier d'entre eux. Chaque 11 novembre, Lazare allait à pied au monument aux morts du Kremlin-Bicêtre, râlait contre les discours ampoulés, emphatiques, "toujours trop longs". Il se rendait aussi dans les écoles à 100 ans passés et martelait la même supplique. "Aux enfants, je leur dis et je leur répète : ne faites pas la guerre." La vie de Lazare Ponticelli était exemplaire pour bien plus que cette parenthèse terrible de quatre ans. C'était aussi l'histoire d'un émigré italien illettré, enfant de rien devenu patron d'une multinationale. Le parcours d'un "Rital" qui voulait absolument se battre pour cette France qui l'avait toléré, puis renié, enfin reconnu sur le tard comme un des siens. "J'AI VOULU DÉFENDRE LA FRANCE PARCE QU'ELLE M'AVAIT DONNÉ À MANGER" Lazare fut longtemps Lazzaro, né le 7 décembre 1897, à Bettola, en Emilie Romagne. Il est issu d'une famille pauvre de sept enfants. Un frère puis son père meurent en 1903.