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LES SOCIETES SAVANTES ET L’OUTRE-MER LEUR ROLE SCIENTIFIQUE, CULTUREL ET SOCIAL HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN colloque tenu à Paris les 22 et 23 novembre 2011 sous la présidence de M. Paul BLANC entre l’Académie des sciences d’outre-mer (ASOM) et le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) organisé avec l’Association des amis du CTHS et des sociétés savantes sous la direction de MM. Bruno DELMAS et Ange ROVERE SOMMAIRE Préface - Pierre Gény et Claude Mordant Introduction - Bruno Delmas, Les sociétés savantes en France et outre-mer : des phénomènes parallèles ? - Louis Bergès, A la recherche des sources relatives à l’histoire des sociétés savantes d’outre- mer. I. Apparition et destin des sociétés savantes locales du temps des colonies à nos jours - Pascal Even, Les sociétés savantes de la côte charentaise et l’outre-mer ; les destins contrariés des sociétés de géographie de La Rochelle et Rochefort au tournant du XXe siècle. - Martine François, Les sociétés de géographie et l’expansion coloniale. - Jean Pierre Laporte, Les sociétés savantes historiques et géographiques d’Afrique du Nord avant les indépendances. - Sylvie et Pierre Guillaume, L’Association des amis du Vieux Huê. - Hubert Gerbeau, Les sociétés savantes de la Réunion. - Danielle Bégot, Les sociétés historiques de la Caraïbe, (XXe-XXIe siècles), état des lieux. II. Les sociétés savantes nationales et l’outre-mer aujourd’hui et demain 1 - Bernard Vandermeersch, La société française d’anthropologie et l’étude des hommes. - Jean-Pierre Mahé, La société asiatique et l’orientalisme européen. - Christian Coiffier, Genèse de la société des océanistes. - Bernard Dupaigne, La société des études euro-asiatiques. - Jacques Frémeaux, Quatre-vingt-dix ans d’histoire de l’Académie des sciences d’outre-mer. Conclusion/Synthèse - Philippe Bonnichon. * * * 2 PREFACE par Pierre GENY1 et Claude MORDANT2 Les sociétés savantes, associations libres de personnes animées par le désir de connaître et la volonté de partager leurs savoirs, ont été à l’origine l’élément moteur de la vie intellectuelle et de la recherche en Europe de la Renaissance à nos jours. Depuis le XXe siècle, leur rôle s’est trouvé modifié par l’apparition de la recherche institutionnelle, qu’il s’agisse des universités, des organismes de recherche publics ou privés, nationaux ou internationaux. Ces circonstances, auxquelles s’ajoutent depuis trois décennies le développement des technologies de l’information et de l’Internet, semblent fermer de nombreux secteurs de la recherche aux sociétés savantes. Dans le même temps, elles leur ouvrent de nouvelles possibilités de continuer à mobiliser leurs membres en particulier autour de projets collaboratifs, de domaines abandonnés par la recherche institutionnelle ou au contraire de phénomènes émergents. Le moment est venu pour elles de repenser leurs objectifs et leur place. L’Année des outre-mer était l’occasion d’ouvrir une réflexion sur ces remises en cause à travers un bilan actuel des sociétés savantes de ou relatives à l’outre-mer et de voir comment dans le passé ces sociétés étaient nées, s’étaient développées, avaient vécu ou avaient disparu pour entamer une réflexion sur leurs objectifs et leurs actions pour l’avenir. Le volume, que le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et l’Académie des sciences d’outre-mer mettent en ligne aujourd’hui, rassemble les communications présentées lors du colloque sur « Les sociétés savantes et l’outre-mer, leur rôle scientifique, culturel et social, hier, aujourd’hui et demain ». Celui-ci a été co-organisé en l’année des outre-mer, au siège de l’Académie à Paris, les 22 et 23 novembre 2011, par l’Association des amis du CTHS et l’Académie. En effet, l’Académie des sciences d’outre-mer, dont la mission est d’être le lieu d’étude et de réflexion sur les territoires d’outre-mer et plus largement sur l’espace francophone et le monde, veut être un trait d’union entre les nombreuses institutions scientifiques de l’espace francophone dont elle est le partenaire naturel. Ainsi elle se réunit avec le Comité des travaux historiques et scientifiques, chargé depuis sa création d’animer et de coordonner l’activité des sociétés savantes nationales. C’est d’ailleurs le Comité qui a eu l’initiative de cette manifestation. Les deux institutions se sont rapprochées à l’occasion de l’année des outre-mer pour organiser avec le concours de l’Association des amis du CTHS cette réunion scientifique commune. Le présent colloque s’est penché sur l’histoire et l’avenir des sociétés savantes d’outre- mer. Il est le prélude à une démarche qui va se poursuivre dès cette année à l’occasion de la célébration du quatre-vingt-dixième anniversaire de l’Académie, anniversaire placé sous le thème « L’Académie des sciences d’outre-mer, d’une mondialisation à l’autre ». De quoi s’agit-il ? L’étude de l’histoire nous familiarise avec des questions aujourd’hui cruciales posées par l’évolution des sociétés humaines leurs bouleversements et les changements permanents qu’elle impose. Dans ce contexte, la réflexion historique favorise un état d’esprit qui facilite l’analyse, la compréhension et l’ouverture face à l’avenir. A la lumière de ces réflexions, nous pouvons nous poser des questions sur nous- mêmes et sur les sociétés savantes. Que sont-elles aujourd’hui ? Que peuvent-elles apporter et qu’elles sont les seules à pouvoir faire ? Quels sont leur place, leur rôle dans la société présente et dans le monde qui vient ? Que devraient-elles faire dans la mondialisation ? Quels 1 Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences d’outre-mer. 2 Président du Comité des travaux historiques et scientifiques. 3 sont leurs modes d’action dans la société numérique, à l’heure du travail en réseau, de Wikipédia, du savoir à portée de tous, publiable et diffusable par tous ? Nos deux institutions poursuivent des buts comparables. Elles ont à cœur de développer les activités des associations scientifiques, les échanges entre la recherche institutionnelle et la recherche des sociétés savantes, notamment à travers leurs publications, leurs congrès, colloques et journées d’études, et de participer aux débats du temps présent. A travers ces programmes de coopération et l’organisation de journées d’études telles que celles de novembre 2011, le CTHS et l’Académie des sciences d’outre-mer, solidaires dans leurs problématiques et leurs enjeux, entendent poursuivre ces réflexions fondamentales et favoriser les activités des sociétés savantes d’outre-mer et des sociétés francophones, au cœur de leurs missions : les recenser, les faire connaître, tirer de l’oubli leurs membres éminents grâce à la « France savante », aider à la numérisation de leurs publications, inventorier leurs collections scientifiques pour les préserver et valoriser leur immense patrimoine , nouer et établir les liens indispensables au progrès de la recherche. * * * 4 LES SOCIETES SAVANTES EN FRANCE ET OUTRE-MER : DES PHENOMENES PARALLELES ? par Bruno DELMAS1 Dès la période des grandes découvertes et de la révolution scientifique du XVIIe siècle qui en découle, les voyageurs écrivent des relations, rapportent des objets, qui alimentent la vie scientifique de l’Europe. Pour se limiter à la France, le mouvement de création de sociétés savantes, parti des académies royales parisiennes, s’épanouit rapidement en province tout au long du XVIIIe siècle. Au total, une centaine de sociétés encyclopédiques se créent au cours de cette période. Supprimées par la Convention en 1793, elles peuvent se reconstituer en 1795 et continuent leur développement prodigieux. Leur objet est souvent défini dans leur intitulé : « lettres, sciences et arts » ou encore « agriculture, science et arts »2. Si l’on voulait définir ces sociétés, il suffirait de reprendre l’article 300 de la Constitution de l’an III : « … sociétés libres pour concourir au progrès des lettres, des sciences et des arts ». Elles sont constituées de personnes, plus ou moins nombreuses et organisées, qui se réunissent volontairement et librement autour d’intérêts communs pour partager leurs idées, observations et découvertes, pour encourager des recherches par des concours et des prix, pour diffuser les résultats de ceux-ci par des conférences ou des publications et constituer des collections de référence, voire des musées. Une société savante se crée, si dans un domaine donné se manifeste un besoin collectif de progrès des connaissances. La convergence d’un certain nombre de facteurs économiques, sociaux et administratifs plus ou moins interdépendants selon les circonstances, les lieux et les moments sont nécessaires : – un contexte de grande prospérité économique ; – des élites locales économiques, intellectuelles, politiques, administratives, militaires et, selon les époques, une société aristocratique ou bourgeoise (salons), voire une classe moyenne prospère, nombreuse et stable ; – une personnalité forte qui sache exprimer ce besoin, le traduire en une action et mobiliser autour d’elle des bénévoles, les organiser et conduire dans la durée ; – une volonté politique et administrative favorable, qui peut être déterminante. Les créations de sociétés savantes locales sont ainsi des marqueurs de l’évolution, du développement et de la prospérité des villes et des provinces. Au moment où l’Académie des sciences d’outre-mer se prépare à publier une vaste synthèse sur Les présences françaises outre-mer et en cette « année des outre-mer », il était normal que nous nous intéressions plus spécialement à l’histoire, au rôle et au devenir des sociétés savantes