la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France

Numéro 39 - hiver 2018 39 À la une

Les environs de la grande nébuleuse d’Orion Auteur : F. Lefebvre et D. Fayolle Date : 16/10/2017 Lieu : Saint-Véran (05) GROUPEMENT D’ASTRONOMES Matériel : APN Canon 1000D et AMATEURS COURRIEROIS astrographe Boren-Simon 8'' F2.8

Adresse postale GAAC - Simon Lericque Édito 12 lotissement des Flandres 62128 WANCOURT On avait déjà raconté beaucoup de choses sur Saint-Véran et son Internet observatoire... On pensait même avoir tout dit... On ne voulait pas Site : http://www.astrogaac.fr se répéter... Et pourtant, la mission Astroqueyras 2017 du GAAC Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62 a encore repoussé les limites... Imaginez, une fine équipe de 20 E-mail : [email protected] astronomes amateurs venus de l’ensemble des Hauts-de-France (et même au-delà) envahissant pour une semaine le plus bel Les auteurs de ce numéro observatoire astronomique ouvert aux amateurs ; parmi eux, des Philippe Nonckelynck - membre du GAAC contemplateurs, des dessinateurs, des photographes. Les résultats, E-mail : [email protected] fort nombreux, de cette mission historique nous ont poussé à nouveau à prendre la plume pour causer de ce coin de paradis, Simon Lericque - membre du GAAC E-mail : [email protected] de son ciel, de son observatoire et de ses instruments, et surtout de l’ambiance extraordinaire d’une semaine à 3000 mètres sous Yann Picco - membre du GAAC les étoiles... La belle histoire entre le GAAC et Saint-Véran se E-mail : [email protected] poursuit donc avec cet épais numéro de la porte des étoiles... Vincent Prouvoyeur - membre du CAD E-mail : [email protected] Sommaire Michaël Michalak - membre du GAAC E-mail : [email protected] Damien Devigne - membre du GAAC 5...... Mission Astroqueyras ‘‘Hauts de France’’ E-mail : [email protected] par Philippe Nonckelynck Site : www.astro59.org 17...... Le T62 fête ses 60 ans Laurie Peyroche - membre du GAAC par Simon Lericque E-mail : [email protected] 22...Observer et dessiner les nébuleuses planétaires : de Saint-Véran à Lille L’équipe de conception par Simon Lericque Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique Arnaud Agache : relecture et diffusion 33...... Le rayon vert et le rayon bleu Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées par Yann Picco Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées 38...... Le transit de l’exoplanète WASP-10b David Fayolle : relecture et bonnes idées Émeline Taubert : relecture et bonnes idées par Vincent Prouvoyeur Serge Vasseur : relecture et bonnes idées 40...... La Maison du Soleil Olivier Moreau : conseiller scientifique par Michaël Michalak

Edition numérique sous Licence Creative Commons 43...... Une mission d’hiver à Saint-Véran par Laurie Peyroche et Damien Devigne 52...... La galeríe • • • • LA VIE DU GAAC C’était cet automne

Mission Astroqueyras 2017

Animation astro à la Maison de la Nature Geotopia de Mont Bernenchon

28ème Nuit Noire du Pas-de-Calais

Fête de la Science 2017

Grand nettoyage du miroir primaire du Dobson 400 du GAAC

Ce sera cet hiver

GANIL Sous le planétarium Ardennes belges Le 19 janvier prochain, le Le 27 janvier, le GAAC organise À l’approche du printemps, GAAC aura la chance de une rencontre d’utilisateurs de plusieurs membres du GAAC visiter le Grand Accelérateur petits planétariums numériques, iront passer quelques jours dans National d’Ions Lourds à Caen. type LSS. Ce sera au lycée de les Ardennes belges, près de Encore un riche moment en Radinghem, sur le site habituel Bastogne. Au programme : visites perspective... des Nuits Noires culturelles et astronomiques.

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html • • • • LA VIE DU GAAC Les instantanés

Bilan de la mission... Et quel beau bilan ! Saint-Véran (05) - 20/10/2017 Dédé à la barre... Saint-Véran (05) - 14/10/2017

À la plonge ! Saint-Véran (05) - 14/10/2017

Soirée mousse avec le GAAC ! Oignies (62) - 11/11/2017

De la lecture saine pour les vacances Brognon (21) - 13/10/2017 Treize à table... Même un peu plus. Saint-Véran (05) - 14/10/2017 Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62 la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE Mission Astroqueyras ‘‘Hauts de France’’

Par Philippe Nonckelynck

Pour cette première d’une invasion d’astronomes ‘‘Hauts de France’’ de la station du Pic de Châteaurenard, je me suis proposé pour reprendre la plume de Frédéric, de Michel et de Simon (qui avaient narré les précédentes missions) et vous raconter notre belle aventure 2017. Pour une première fois, l’observatoire serait occupé à 100% depuis sa rénovation en 2016. Nous sommes 20 participants, membres de sept clubs d’astronomie du Nord, du Pas-de-Calais, de Picardie et du Val d’Oise, accompagnés par Dominique Menel, notre pilote de chez Astroqueyras sur le site. Le programme présenté sera sobre. Les limites sont fixées aux ‘‘objets’’ du Groupe Local, mais aussi quelques raretés. Eh ! Ce sera quelques fois du lourd : voir la galerie de fin de journal particulièrement abondante en photos, imagerie et dessins...

L’observatoire Astroqueyras, surpeuplé durant une semaine la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

Dans le registre haut de gamme, nous ne sommes pas non plus peu fiers. Stéphane et Vincent ont œuvré pour le compte de la NASA. Il s’agissait de l’étude du transit d’une exoplanète, WASP 10-b. Bien sûr, leur travail sera noyé dans l’immensité comptable fournie par tous les astronomes réquisitionnés sur le sujet. Mais quand même, leur réussite sera presque totale et un article spécifique sera rédigé à ce sujet (voir page 38). Précision immédiate, j’emploie le terme ‘‘objet’’ à regret. Faute d’une autre appellation usitée pour ces espaces perdus au fond de notre espace visible, juste aux limites de la portée de nos télescopes à portée humaine. Là-bas, si loin, c’est la grandeur de l’univers dans tous les sens, les trois dimensions ajoutées de toutes celles que nous ne connaissons pas encore et même pas prêts de connaître. Je trouve ce terme ‘‘objet’’ bien réducteur, il ne s’agit pas de simples bibelots pour décorer l’espace des humains. Le premier choc, enfin, de notre périple, soit la traversée de la France dans presque une diagonale, c’est ce paysage de montagne. Il s’agit d’une splendeur et d’une émotion quasiment verticale, pierreuse, desséchée et rude. Les couleurs, ici, ce sont des flammes dorées dans les feuillages d’automne, le contraste avec la pierre grise, parfois presque noire. Les bouleaux en vallée, puis, jusque très haut vers les cimes, les délicatesses presque féminines du port des mélèzes, soit en tenue estivale, soit dorée en parure d’automne. Tout ceci en des artifices de lumière mouvante sous un silence majestueux... Vendredi 13 octobre Comme l’an dernier, le camp de base intermédiaire se situe au hameau de la Chap, sous le village de Saint- Véran, qui possède le titre de ‘‘plus haut village d’Europe’’. Ce que j’aime à Saint-Véran, c’est qu’il s’y trouve différents lieux de culte chrétien, un protestant, un catholique. Ce que je n’aime pas à Saint-Véran, c’est une sensation de ‘‘pas propre’’ global du village, avec en particulier, toujours des chantiers mal rangés, les mêmes dépôts informes que l’an dernier. Ceci ne convient pas au statut de ce site quand on héberge un observatoire. Et quel observatoire ! À titre de comparaison, passez jeter un œil quelques kilomètres plus bas, au village de Pierre Grosse et après, on en reparle...

Premiers moments de convivialité autour de la table au gîte de La Chalp

Dans la chambre du gîte, me voici confronté à un premier moment de poésie intense. Le lit se trouve juste en-dessous d’une ‘‘lucarne-Velux’’. Je suis positionné plein feu sous la Voie lactée à peu près au zénith. Le Cygne se déplace lentement tout au long de la nuit. Tout se déplace en mode géocentrique comme au temps de la conception stoïcienne de l’univers, soit un plongeon dans la pensée scientifique ancienne avant le retour vers Edwin Hubble. Vertige. Vertige. la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE Trombinoscope de la mission

Arnaud Carpentier Carine Souplet Cédric Giraud David Fayolle

André ‘‘Dédé’’ Barbarin Philippe ‘‘Fifi’’ Sénicourt François Lefebvre Françoise Auger

Huguette Pruvost Jean-Pierre ‘‘Biquet’’ Auger Mathieu Guinot Mathieu Senegas

Michel Pruvost Pascale Barbarin Philippe Nonckelynck Sabine Garnier

Simon Lericque Stéphane Razemon Vincent Prouvoyeur Yann Picco la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE Samedi 1 octobre La montée à l’observatoire n’est pas une expédition en soi, mais quand même, en voiture ou à pied, c’est assez sportif. Ma fourgonnette s’était offert la montée et descente sans encombre l’an dernier. J’avais alors retrouvé des sensations de jeunesse parce que, dans un temps lointain, j’ai passé mon permis de conduire en montagne. Mais, cette fois, je suis assez content de ne pas être sollicité pour remonter comme chauffeur cette année. Avec six autres copains de cordée, ce sera chemin à quatre pattes, soit deux pieds plus deux bâtons de randonnée. Cordée, pas vraiment. Les cinq plus jeunes se disputent la tête du peloton à vitesse V² et creusent rapidement l’écart. Yann et Certains courageux attaquent l’ascension à pied... moi-même, nous les regardons s’envoler littéralement vers le sommet. Yann est, certes, légèrement lourd (ancien pilier de rugby) et moi, légèrement vieux. Ça peine un peu. Dur dans mes articulations pourries et les poumons en déficit de O2. Une partie du peloton des grimpeurs s’arrêtera aimablement une demi-heure pour nous attendre. David nous offre en prime du ravitaillement. Peut-être se sont-ils inquiétés ? Au-dessus de nous planaient paresseusement deux majestueux vautours. Comme dans les western, ils ont repéré l’homme qui pourrait ‘‘viander’’ avec la ferme intention de se le bouffer sans lui laisser le temps de dessécher. C’est vrai que pour la faune et la flore, en ces contrées hostiles, les conditions de vie sont tellement difficiles. Et puis, c’est sympa un vautour, c’est ...d’autres préfèrent se risquer en voiture sur la piste difficile. un peu développement durable, recyclage en fin de circuit alimentaire. J’en ai même déjà vu de très prés, ils ont une belle allure, des yeux pétillants, une expression dedans. Trop chou, dirait ma petite fille. Nous, les piétons, apprenons à notre arrivée à l’observatoire les détails des déboires automobiles. Sous les capots, on a gravement surchauffé. Cette piste, apparemment anodine qui serpente assez doucement vers le somment est une véritable tuerie pour nos mécaniques. Pour la voiture de Fifi, c’est même la casse, bien contrariante, ma foi. Fort heureusement, pas trop de dégâts au final. La météo, annoncée excellentissime n’a pas changé d’avis. Le Soleil cogne généreusement dans un ciel complètement limpide et sans vent. L’anémomètre affichera quelquefois aucun mouvement durant notre séjour. Passons rapidement sur le premier apéritif aussi copieux que le premier repas qui va suivre. Et les jours suivants qui seront identiques : félicitations en passant, pour les organisateurs de l’intendance. Dans l’après-midi, le plateau de la station commence à se garnir de matériel. Nous voici aux choses sérieuses : les trépieds de photographes, les montures, dont la HEQ5 qui portera les futurs exploits de l’astrographe Boren-Simon récemment acquis par le GAAC, et bien sûr, les Lunt calcium et Hα.

À peine arrivés, le matériel est déjà installé la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

Je détecte, dans les conversations, les projets des dessinateurs. Je les espérais moins nombreux que les photographes et les imageurs CCD. La concurrence sera rude. Il se profile du ''trafic jam'' sur le plancher branlant de la coupole du T62. Fifi me suggère, avec une légère ironie, de choisir les heures creuses : 4 heures le matin, il parait que ça se calme. J'abandonne immédiatement ma liste d'observation présumée et les projets des peintures qui devaient suivre. Tant pis, je prendrai ce qui défilera à l’oculaire en fonction des possibilités et de l'humeur de ma vision que je crains légèrement détériorée depuis l'an dernier. Je serai uniquement la plume légère de notre virée en ces Alpes en majesté. La première nuit se prépare dans la très bonne humeur et une température incroyablement douce. Le ciel s'offre à nous, exceptionnellement lisse et calme. Le premier ''objet'' est pointé dès la fin du jour. C'est Saturne. Je pourrais vous aligner douze lignes de superlatifs, tant la vue est superbe. Quelques sujets de la grande dame gazeuse sont également de sortie, Encelade, c'est sûr (il court, tout le long de la mission, la vue des geysers). Mais pour cette première nuit, je ne perçois pas exactement la nuance entre les satellites et deux étoiles qui se sont incrustées dans le paysage. Jamais je n'avais observé un tracé aussi pur, une ligne si limpide de la division de Cassini. Geyser d’Encelade photographié à l’heure de la soupe... Dans la station, c'est à peu près l'excitation. Quelqu'un court vers la cuisine pour autoriser ceux qui sont de corvée de plonge à venir rapidement plonger sous le télescope. Michel tente ensuite d'améliorer la magie avec un grossissement de 700 fois au lieu de 200. C'est perdu, nous avons été trop gourmands. Plus de magie, la belle dame se brouille façon ''Hamilton'' puis se voile définitivement dans les turbulences des abords de l'horizon. Michel et Simon, pour la septième fois en sept ans, prennent possession de la salle de contrôle pour le pilotage du télescope. Les dessinateurs s'étalent sur chaque cm² disponible et font le va-et-vient entre la coupole et la pièce. C'est une joyeuse pagaille entre les ordres à hygiaphone, les mouvements de la coupole. Ici, André, nommé Dédé se lance ainsi dans son premier dessin, voilà lancée le début d'une grande carrière avec M57. Mais Dédé est d'abord trop modeste.

Du monde sous la coupole du T62 la porte des étoiles n°39 9 • • • • VOYAGE

Comme Jean-Pierre (généralement surnommé ''Biquet''), je décide de fuir, assez souvent, l'engorgement général du site. Pas question d'importuner les photographes (en général, ils détestent). Donc, entre les vides, c'est Voie lactée à l’œil nu. Sympa, nos chefs de station nous pointent quelques standards incontournables d'un ciel de montagne, mais c'est pour moi, les mêmes fiascos visuels que l'an dernier sur des sujets de référence. Je manque le tracé de la nébuleuse Saturne. Dédé et Jean-Pierre partagent les même réserves. Je n'ai vu que du bleu. Normal, me direz-vous puisque cette NP est bleue ! Mais nous ne voudrions pas gêner nos coachs ; ils ont la tête ailleurs. C'est pour la recherche des fonds du fond du noir-noir-noir, les trucs perdus que personne n'a vu, les images peu ou pas publiées, qu'ils sont ici. Pour exemple, IC 4997 que Simon vient de dessiner. Je ne vois rien de précis, mais je m'en fiche. J'éprouve comme un frisson d'avoir ainsi accès aux contrées les Photo souvenir à l’extérieur, sur fond de Voie lactée plus obscures du ciel dans les sombres recoins d'une bibliothèque remplie d'IC, de PK bien rangées dans le firmament. Imaginez, nous sommes dans le registre des magnitudes supérieures à 15 et des étendues à 6, 4, et même 3 secondes d'arc ! Comment vais-je expliquer ça, de retour à la maison ? Dimanche 1 octobre Il faut être levé vers 7h45 si on veut admirer le rayon vert sur le superbe mont Viso, du côté de l'élégance italienne. La couleur du rayon qui flashe au lever du Soleil diffère suivant les millésimes. C'est comme le Beaujolais. Cette année, la tendance est au bleu, voire bleu-violet. Je suis sûr que ce sera un grand cru.

Au petit matin, observation du lever du Soleil depuis le pic de Châteaurenard Le soir au T62, on m'offre Neptune. La petite bille au milieu de l'objectif claque dans un bleu intense... Toujours des bleus. Triton se détache très nettement sur la gauche et je l'ai vu aussi ! Michel présente maintenant NGC 6790 avant de la dessiner. Je cours chercher Jean-Pierre et Dédé afin qu'ils me confirment l'acclimatation de nos trois paires de vieilles rétines à la noirceur. Voici une de mes fétiches : NGC 7331. J'ai bien détecté une, puis, un instant, deux des galaxies petites sœurs en-dessous vers la droite. Je croyais que Yann avait capté fermement les deux, mais je n'en retrouve qu'une sur son dessin, plus bas que ma détection à moi. J'apprends plus tard que Simon a capturé une autre improbabilité : PK 104-29.1 dans Pégase. Un truc probablement énorme puisqu'estimé à une étendue de 5,3' d'arc. Moi, qui suis d'origine comptable, plus il y a de chiffres, plus je suis content. Le plus surprenant sera la différence d'appréciation de Michel et Simon sur le sujet. J'ai hâte de voir les résultats. Stéphane régale enfin les survivants de la nuit avec Uranus et ses quatre satellites visibles. C'est trop géant. la porte des étoiles n°39 10 • • • • VOYAGE Lundi 1 octobre La vie à la station s'est rapidement stabilisée sous la direction de quelques dirigeants affirmés. La liste qui suit est établie par ordre alphabétique pour ne pas décrypter quelconque dominance. − Au management général de la station représentant l'association Astroqueyras : Dominique ; − au commencement officiel de la mission : Michel et Simon ; − au commandement réel de la mission : Carine, Huguette ; − au sourire et la bonne humeur : Carine, Françoise, Huguette, Pascale, Sabine ; − au RC 500 sous la coupole ''Genève'' où on se gèle : Mathieu de Carine ; − au RC 500 sous la coupole ''Paris'' où on travaille les doigts de pieds à l'air à 18°C : Arnaud et l'autre Mathieu (les guitareux d'Amiens) ; − aux extérieurs, les photographes qui se gèlent encore plus : Carine, Cédric, David, Dédé, François, Jean-Pierre, Fifi, Simon, Stéphane, Vincent, Yann ; − à l'astrographe, une spécificité certes, mais tout aussi froide en plein vent : David et François ; − au transit de WASP 10b : Stéphane et Vincent ; La mission en chiffres − aux dessins au T62 : Carine, Cédric Un petit bilan compilé par Carine... (qui officient directement sur papier noir) Dédé, Jean-Pierre, Michel, Simon, 20 participants, 17 observateurs/dessinateurs/photographes Yann ; pour au moins : − au T62, seulement en visuel : Sabine, - 5 nuits favorables Philippe, Stéphane ; - 342 observations différentes (en dehors des nombreuses − à l'observation de la faune et la flore images grand champ et photos d’ambiances qui n’ont pas de la montagne : Huguette, Pascale, été détaillées) Sabine, Philippe ; - 137 objets (ou types d’observation) différents − à la recherche géologique : Sabine et - 31 nébuleuses planétaires Philippe ; - 30 objets Messier − aux photographies d'ambiance de ce - 61 objets NGC texte : Huguette, Pascale, Philippe, - 12 objets IC Simon. - 87 dessins - 132 photos (toujours sans compter les nombreux grands Enfin, n'oublions pas la musique, qui champ et photos d’ambiance) est globalement une deuxième partie - 123 observations visuelles du programme de notre séjour. Un piano, deux guitares, des percussions fabriquées sur place par Dédé et cinq musiciens, en alternance. Pendant la sieste, j'entends la guitare de Mathieu. Il pratique des sons bossa nova et jazz. Brusquement, je me sens mal à l'aise dans mon registre rock en tempo binaire et mes gammes pentatoniques (en La Majeur ; précision justifiée de François). Je commence à partitionner dans ma tête afin de pouvoir adapter ma rustique guitare de cow-boy aux différents registres musicaux de chacun. Ce lundi, le voile de début de nuit semble poussiéreux. L’ouragan qui a traversé l’Irlande aurait, selon Sabine, qui connaît les déserts autant que les mers, baladé en notre ciel du sable de Mauritanie et non du Sahara. Le premier est jaune, le second est rouge. Le voile disparaît rapidement. Voici une autre belle nuit devant nous. la porte des étoiles n°39 11 • • • • VOYAGE

L’opérateur, en salle de contrôle a ‘‘envoyé’’ selon le jargon de la commande, NGC 40 et voici qu’on me sort à l’écran de l’ordinateur un dessin du célèbre Bertrand Laville. Petit conseil : ne jamais regarder les travaux de ce dernier avant le passage à l’oculaire. Ne pas regarder après non plus. Sinon, vous êtes sûr de rater votre croquis. Carine, Cédric et Yann se positionnent au dessin avec enthousiasme : NGC 246, NGC 206, NGC 1535 et Michel sur NGC 7640 pour compléter sa collection. Je rate enfin un truc de fou, comme dirait mon petit- fils, la nébuleuse planétaire Humason 1-1 ; Simon serait même sorti de son flegme habituel. C’est dire que de telles visions dans la gamme du très beau, ça se mérite.

Mardi 1 octobre J’aime l’ambiance de ce télescope, le piqué des étoiles, les nuances de gris à n’en plus finir, par exemple sur une galaxie vue par la tranche où les crachats de lumière d’un amas globulaire. L’immensité s’offre ainsi à portée d’homme, la magie démultipliée en grossissement de 250 à plus de 1000. Ça bouscule l’électricité dans mes neurones. Dessous la grosse mécanique, vous voyez un Yann, en plein dessin derrière l’oculaire du T62 assez petit chercheur. Or, Michel s’est énervé à la recherche de IC 2120 (je crois ?) et dans ces cas-là, les vrais, les forts ; ils détectent au chercheur. C’est la classe du navigateur qui ne se perd pas en mer... La conquête visuelle de Pease 1 occupera assez largement le début de nuit. Filtre, puis pas filtre, puis re-filtre (etc.) dans l’éclatant M15. Faut vraiment vouloir une nébuleuse planétaire dans ce feu d’artifice… Incroyable, ce sera dessiné par Michel et Simon ! Évidemment, dans l’assemblée, personne ne s’est permis d’objecter sur la certitude de la position de Pease 1 dans l’indescriptible fouillis des étoiles d’un amas globulaire. C’est Xième nuit blanche pour certains, fin de nuit en mode lumière zodiacale, puis conjonction Lune-Venus-Mars, et à 8 heures le matin, comme d’hab, au lieu de pouvoir se coucher : Xième matin de rayon vert-bleu sur la montagne italienne, avec des valises de quinze grammes sous les yeux. J’ai vu Cedric sauter comme un joueur de foot lensois qui vient de marquer un but. C’est vrai que les buts, c’est devenu assez peu fréquent au pays des corons en ces temps de Ligue 2. Il a piqué le rayon pleine lucarne à en déchirer les filets dans deux de ses clichés. C’est finalement si simple le bonheur quand on est astronome. Non ? Lumière zodiacale matinale, conjonction Lune-Mars-Vénus... étoile filante en bonus la porte des étoiles n°39 12 • • • • VOYAGE Mercredi 1 octobre Deuxième partie du séjour, au moins pour ma part. En effet, l’ambiance se sonorise peu à peu autrement que dans le son cristallin des verres et bouteilles vides. La station dispose d’un piano numérique. Dédé et François s’en emparent rapidement mais c’est plus tard que se sont introduit des idées harmoniques avec effets de synthé et boites à rythmes. À tour de rôle, Arnaud et Mathieu précédent ou suivent la mélodie. Pour ma part, je martèle sauvagement mes cordes sur la base d’accord, le plus souvent, en La Majeur (bien entendu). Quoique, nous finirons par élaborer un joli phrasé en mode reggae, tellement vrai qu’on aurait détecté la marijuana dans l’air ambiant, sans oublier la trop discrète et trop courte imitation de Bob Marley par Mathieu. Notre auditoire est agréablement surpris. Pourtant, c’est si naturel, la musique. C’est comme l’astronomie, il faut écouter, plus encore, regarder. Pour ma part, une oreille sur la rythmique et le mouvement des mains des claviéristes et ça prend comme une mayonnaise. Les astronomes sont souvent musiciens. Le silence de l’espace connu, sans aucune vibration, serait-il une trop grande frustration ? La nuit venue, j’attends au chaud dans la salle de contrôle l’observation de Blue Snow Ball, puisque Les musiciens se donnent en spectacle c’est écrit sur un bout de papier qui semble être le programme de ce soir. Tiens, encore un objet bleu. Dehors, certains se caillent joyeusement au Dobson 300 de la station. Je n’ai pas compris pourquoi une hilarité générale s’est déclenchée à l’observation de M33. Si j’ai raté quelque chose d’important : dites le moi !

Beaucoup de monde dans la salle de contrôle du T62 la porte des étoiles n°39 13 • • • • VOYAGE Jeudi 19 octobre Pascale revient d’une de ses promenades matinales. Elle ne marche pas, elle flotte à quelques centimètres du sol comme un moine tibétain. Que s’est-il passé ? Pascale a rencontré une très jolie biquette, chèvrement délicieuse, qu’on appelle bouquetin. La rencontre s’est produite sur un petit bout de prairie, peut-être un peu plus grasse que dans le fond de l’ubac, non loin de la station. La bête à sabots fendus ne s’est pas sauvée, un regard, puis feignant l’indifférence avec une attitude de flegme qui rappelle Simon, quand il fait semblant d’être absent, elle s’est lentement évanouie derrière les rochers. Une fois encore le climat nous permet de prendre l’apéro dehors. Le whisky du jour est agrémenté d’un accompagnement proposé par Carine et Mathieu : c’est un apéro du futur, quand viendra le temps de nourrir l’humanité avec des insectes. Des grillons grillés, des vers, tout ça. Moi, j’apprécie. C’est comme du crustacé terrestre. Apéro sous le Soleil La météo change, les nuages flottent presque sur le même plan que nous, nouveau spectacle charmant qui modifie le contour des reliefs. Nuages dentelles, nuages coton. Vendredi 20 octobre Dernier rayon bleu. Pour ma part, je n’en ai pas capté de la semaine (comme l’an dernier). Je me suis décalé dans une ambiance de froid polaire sur la droite par rapport aux photographes afin de glaner quelques dixièmes de secondes sur les objectifs. Hier, le temps que j’annonce et c’est pris pour Stéphane. Aujourd’hui, même méthode. Mais cette fois, je me suis positionné le regard coincé sur le petit piton à droite du Viso. Je m’exclame : ‘‘il est double !’’ Le flash ! Je me suis pris, pleine rétine, le bleu du Soleil de chaque coté de la pointe du rocher. Gigantesque. Pendant dix minutes, ma vue tente de demander à mon cerveau de sortir de cette vision de mini Big Un double rayon bleu matinal Bang. Des ronds de tailles différentes se promènent dans mes yeux et cette fois, ce ne sont pas des étoiles. Inutile de préciser que la préoccupation première de Pascale, c’est de revoir sa bête ! Évidemment Huguette, Sabine et moi-même, nous courrons derrière elle le lendemain de cette rencontre magique. Les dames ont décidé de faire silence dans la montagne (!), ne pas bavarder pour ne pas effrayer le bouquetin. Évidemment, nous bavardons quand même. Nous savons qu’il n’est pas fou, le bouquetin. Une fois, mais pas deux, il a prévenu les copains qu’il est plus prudent de partir brouter ailleurs.

Le fameux bouquetin vu par Pascale la porte des étoiles n°39 1 • • • • VOYAGE Samedi 21 octobre Vu que la dernière nuit est annoncée couverte, tout le monde est parti. Je ressens l’angoisse. Vous êtes maintenant sur la route. Fatigue, long trajet, puis la conduite de nuit. C’est infiniment plus pernicieux qu’une piste en cailloux vers un observatoire à 3000 mètres d’altitude. Sabine et moi sommes restés visiter des cailloux. Il existe ici les vestiges d’une mine de cuivre et les vestiges d’une exploitation d’un marbre local appelé ‘‘serpentine’’. Il est vert. J’en ramasse un qui semble vert, avec des Fermeture de la station avant l’arrivée de l’hiver et de la neige... traces qui me rappellent celles d’un gros myriapode fossilisé. Ça change au final d’une semaine bleue, après Neptune des nébuleuses planétaires bleues, des rayons bleus...

Retrouvez toutes les photos de la mission sur la galerie Google du GAAC la porte des étoiles n°39 1 • • • • VOYAGE

Du sens de l’image... Entre beautés et vérités, impressions de séjour

Depuis mon premier séjour l’an dernier à la station, je me suis intéressé à l’image telle que je l’ai vu pratiquée. La spécificité de l’image en astronomie, qu’elle soit produite par une caméra CCD ou un appareil photo reflex, c’est qu’il s’agit d’un troisième œil manœuvré par un opérateur, avec des moyens techniques mais aussi sa sensibilité. Autrement dit, ce n’est pas au départ ma conception de l’astronomie. Je me suis donc peu à peu adapté, à ce que l’on pourrait pompeusement nommer une ‘‘philosophie de l’image’’. Voici trois exemples. Cédric, entre autres, pratique des courtes poses sans autoguidage sur des objets assez étendus, type Dentelles du Cygne. Une image brute, quelques étoiles un peu écrasées type ‘‘patate’’ en bord de champ. Un choix de cadrage pour suggérer la prise d’un instantané, un mouvement. À l’autre extrême, l’imagerie telle que pratiquée par les ‘‘Mathieu’’ et Arnaud. Ici, en particulier, une caméra Apogée U16000. Il faut commencer par une nuit de réglage informatique. Déjà le principe me gène, parce qu’on prépare l’artiste, on choisit la trousse de maquillage, etc. Vient l’acquisition, avec évidemment son lot de complications techniques : un autre arsenal technique est requis. Il faut aussi gérer l’exposition SHO et gamma avec et au final ces fameuses images cuivrées. En gros, où commence la fausse couleur ? Le meilleur (ou pas), c’est pour la fin avec le traitement : l’effacement d’un passage Les dentelles du Cygne photographiées par Cédric lumineux incongru qui laisse comme un grain de beauté à éliminer sur le visage de la . Et les retouches de maquillage. J’apprécie ici le travail quand les couleurs sont bien dosées, quand, par exemple le centre d’une galaxie n’est pas brûlé. Mais au final, ce n’est que de l’esthétique. Notre troisième œil peut perdre, au passage, un peu de son objectivité au regard de l’astronomie qui est science, uniquement science et pure quête de vérité. Un peu dans la gamme intermédiaire, je découvre l’existence d’une technique pratiquée depuis peu au La galaxie NGC 2403 photographiée par Mathieu GAAC avec un ‘‘astrographe’’. Dans ce séjour, elle sera pratiquée par David et François. Ce n’est pas un instrument généraliste même si le schéma d’utilisation semble classique : chaîne d’acquisition, éliminations des bruits... Or ici, les résultats me semblent aussi beaux que vrais sur les champs larges (voir dans la galerie M45 et M42+ M43 parce que l’acquisition est ultra rapide : 20 secondes pour Orion.) Tout ceci révèle une démarche bien différente que la recherche uniquement visuelle de trucs perdus au fond de notre ciel, sous l’oculaire d’un télescope de 9 mètres de focale, n’est ce pas ? La nébuleuse d’Orion photographiée par François et David

la porte des étoiles n°39 1 • • • • HISTOIRE Le T62 fête ses 60 ans

Par Simon Lericque

Le télescope Cassegrain de 620 millimètres de l’observatoire Astroqueyras fête cette année ses 60 ans. Celui que l’on surnomme désormais affectueusement le ‘‘T62’’ n’a pas toujours été installé sur les hauteurs de Saint- Véran. En effet, avant de rejoindre les Hautes-Alpes, le T62 a connu ses premières lumières en Provence, avant un passage par l’Espagne... Voici le récit de son histoire. la porte des étoiles n°39 1 • • • • HISTOIRE Les premières lumières Notre télescope soixantenaire, dans sa première mouture, a été réalisé par la société REOSC (Recherche et Étude en Optique et Sciences Connexes) basée à Saint-Pierre-du- Perray dans l’Essonne. Cette société, filiale de Safran (elle- même filiale du groupe Sagem Défense Sécurité) existe toujours aujourd’hui et développe des optiques de haute précision pour l’astronomie, le domaine spatial ou encore les lasers. REOSC a notamment participé à la réalisation d’optiques pour les Very Large Telescope installés au Chili ou pour le Gran Telescopio Canarias – le plus grand télescope du monde – qui trône sur l’île de La Palma aux Un vestige des jeunes années du T62 ? Sur le bouchon Canaries. du télescope on trouve mention de la société REOSC Le début de l’histoire du T62 débute en même temps que le célèbre télescope de 193 centimètres de l’observatoire de Haute-Provence, près du village de Saint-Michel. En effet, les deux instruments sont construits de concert en 1957 et 1958. Mais si le T193 est abrité par une coupole géante, le T62 est quant à lui installé dans un bâtiment annexe, à savoir la partie Est du bâtiment des ‘‘coupoles jumelées’’. Avec plus de 9 mètres de distance focale et donc un rapport F/D de 16, le T62 offre facilement des grossissements importants. Il a d’ailleurs été conçu à l’origine pour la pratique de la photométrie photoélectrique. Dans ce sens, il est d’abord équipé d’un photomètre à six couleurs (système UVBGRI de Stebbins-Withford pour les spécialistes) conçu par le laboratoire d’André Lallemand de l’Observatoire de Paris. Cet instrument de pointe est destiné à l’étude des Céphéides : des étoiles variables utilisées, entre autres, pour définir les distances de certaines galaxies (voir l’article de Jean-Pierre Auger, dans le numéro 37 de la porte des étoiles). Ces études seront surtout menées par l’astronome Pierre Le T62 couplé au photomètre Antoinette sous une coupole de l’OHP Mianes. Les années passent et d’autres photomètres viennent équiper le télescope Cassegrain. Ils sont réalisés par les équipes du même Pierre Mianes et de Joseph-Henri Bigay, alors directeur de l’observatoire de Lyon. Le photomètre le plus utilisé est baptisé ‘‘Antoinette’’. Le T62 fonctionne ainsi à l’Observatoire de Haute- Provence durant 20 ans, jusque 1978. Une nouvelle jeunesse À la fin des années 1970, le directeur de l’observatoire de Haute-Provence, Charles Fehrenbach, offre le T62 à l’observatoire de Nice. Cela tombe à point nommé car un groupe d’observateurs niçois baptisé ‘‘Étoiles variables à courte période’’ cherche à implanter un télescope de mission dans un site propice et envisage donc d’installer ce T62 à... Saint-Véran. Mais l’INAG (Institut National d’Astronomie et de Géophysique) refuse de construire une seconde coupole (chacun sait que depuis la rénovation de 2005, il y en a désormais trois). L’histoire entre le T62 et les Hautes-Alpes aurait pu débuter plus tôt. Une occasion ratée ! la porte des étoiles n°39 1 • • • • HISTOIRE

Dès 1979, le T62, qui est alors toujours à l’OHP, connaît quelques réfections et modernisations avec la réalisation d’une nouvelle optique ouverte à F/15 et en Zérodur, un matériau au coefficient de dilatation quasi-nul. Cela engendre la réalisation d’un nouveau barillet et d’un nouveau tube, plus court. En fait, ces évolutions étaient nécessaires pour que le télescope puisse entrer sous la coupole prévue en Sierra Nevada (voir plus loin). Cette configuration est encore celle que l’on connaît aujourd’hui à Saint-Véran. Le système de pointage et l’électronique sont eux aussi modernisés. Des moteurs pas-à-pas et Le miroir du T62 en zérodur lors de l’installation à Saint-Véran des codeurs performants permettent désormais un pointage plus rapide et plus précis. L’automatisation de séquences d’observations est désormais possible. Les travaux sont réalisés par la société SECIA de Manosque et par les ateliers de l’observatoire de Nice. Les tests sont effectués directement à l’observatoire de Haute- Provence aux mois de juin et juillet 1980, juste avant le déménagement.

La Sierra Nevada Le télescope révisé prend finalement le chemin du Pico Veleta, à l’observatoire de la Sierra Nevada en Espagne. L’observatoire de Nice coopère ainsi alors avec l’Institut d’Astrophysique d’Andalousie et forme en contrepartie deux jeunes étudiants espagnols : R. Garrido et M. Saez. À 2600 mètres d’altitude, le site espagnol est bien meilleur que la Côte d’Azur, avec de nombreuses nuits dégagées, comme à Nice certes, mais sans la moindre trace de pollution lumineuse. D’ailleurs, les statistiques réalisées à l’époque montrent que plus de 60 % des nuits sont exploitées à des fins L’observatoire de la Sierra Nevada dans les années 1980. Le T62 était scientifiques : ce qui veut dire que le ciel est à la installée dans le coupole de droite. Celle-ci rejoindra aussi Saint-Véran. fois dégagé, mais également très stable. Le T62 connaît son deuxième site étoilé en octobre 1980 et livre ses premiers résultats – sur l’étoile 16 de la du Lézard – dans le courant de l’année 1981. En Espagne comme à l’OHP, le T62 est toujours utilisé pour l’étude photométrique d’étoiles variables, mais cette fois-ci, sous la conduite de l’astronome Jean-Michel Le Contel de l’observatoire de la Côte d’Azur. L’instrumentation scientifique, toujours liée à la photométrie, s’améliore continuellement, si bien que le taux d’occupation de la coupole devient très important : les Britanniques exploitent 70 % du ‘‘temps de coupole’’ qui leur est alloué, 80 % pour les Français et même 90 % pour les Espagnols. Les équipes françaises se succèdent derrière le T62 de 1981 à 1989.

L’arrivée à Saint-Véran C’est en 1989 que l’histoire du T62 et celle de l’association Astroqueyras se rejoignent à Saint-Véran. À cette époque, l’observatoire est délaissé par les astronomes professionnels qui privilégient désormais des sites loin de l’hexagone (Chili, Hawaï, Canaries...). Que faire alors de cet endroit, pourtant l’un des meilleurs pour la pratique de l’astronomie en Europe continentale ? C’est l’astronome Paul Felenbok (membre fondateur et toujours actif d’Astroqueyras) de l’observatoire de Paris qui trouve la réponse : ouvrir l’observatoire aux astronomes amateurs. L’association Astroqueyras est fondée à cette fin. la porte des étoiles n°39 19 • • • • HISTOIRE

Mais à l’époque, la coupole de l’observatoire de Saint-Véran est vide. En effet, le coronographe qui y était abrité a été démonté avant le départ des astronomes professionnels. Il faut donc dénicher un instrument ! Avec l’appui du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), le T62 quitte le Pico Veleta pour être rapatrié en France en 1989. Le télescope et sa monture pesant plusieurs tonnes sont difficilement acheminés sur les hauteurs de Saint-Véran et passent (heureusement) à travers le cimier de la coupole. Par ailleurs, la coupole qui abritait le T62 en Espagne prend aussi le chemin de Saint-Véran pour y accueillir un instrument annexe : longtemps une chambre de Schmidt et, depuis 2016, un télescope Ritchey-Chretien de 500 millimètres de diamètre. L’observatoire accueille son premier groupe d’astronomes amateurs dès 1990. Depuis 28 ans, ce sont près de 2000 passionnés venus de toute l’Europe qui ont eu la chance de participer à une mission à 3000 mètres, et Le pilier de la monture porté à travers le de jeter un œil (ou les deux) à travers le fameux T62. Encore aujourd’hui, cimier de la coupole le télescope est parfois utilisé à des fins scientifiques, dans le cadre de collaborations entre professionnels et amateurs. Études photométriques comme à l’origine, spectroscopie ou validation de nébuleuses planétaires sont différentes recherches menées par les amateurs éclairés séjournant à l’observatoire. Mais le fameux T62 offre aussi l’opportunité de se rincer l’œil, voire de dessiner la Lune, les planètes, les objets extragalactiques ou... les nébuleuses planétaires (voir article page 22).

Lors de l’installation du T62 à Saint-Véran en 1989 Remerciements et sources − Jean-Claude Thorel, Jean-Michel Le Contel et Dominique Menel, pour leur contribution et leur relecture attentive. − Le site Internet de l'observatoire de Haute-Provence : http://www.obs-hp.fr − Le site Internet de l'observatoire de la Sierra Nevada : http://www.osn.iaa.es − Le site Internet de l'Institut d'Astrophysique d'Andalousie : http://www.iaa.es − L'article ''Une opération de l'observatoire de Nice : le télescope photométrique de Grenade'' par J.M. Le Contel et J.C. Valtier, publié en 1980 dans le bulletin de l'Association pour le Développement de l’observatoire Un gros câlin ! de Nice (ADION) − L'article ''L'histoire de la lunette Arago'', par André Amossé dans la porte des étoiles numéro 29 − L'article ''L'histoire de l'observatoire Astroqueyras'', par Dominique Menel, dans la porte des étoiles numéro 23 la porte des étoiles n°39 20 • • • • HISTOIRE

Et l’histoire de la coupole ? Le T62 est abrité par une coupole qui date aussi de quelques décennies. On a longtemps cru qu’il s’agissait de la coupole datant de 1858 et qui trônait à l’origine au sommet de la tour Ouest à l’observatoire de Paris. Cette dernière était issue des ateliers de Gustave Eiffel, si bien que certains amateurs la baptisaient souvent la ‘‘coupole Eiffel’’. Cette dénomination perdure encore aujourd’hui... Et pourtant, des recherches récentes montrent que cette coupole historique a été remplacée en 1949. À l’heure actuelle, on ne sait d’ailleurs pas ce qu’elle est devenue ni où est passé l’instrument qu’elle abritait : un équatorial de 31,6 centimètres de diamètre voulu par l’éminent directeur de l’observatoire Urbain Le Verrier, et dont l’objectif avait été taillé par le célèbre Secrétan. Toujours est-il que c’est cette ‘‘nouvelle’’ coupole installée à l’aube des années 1950 sur la tour Ouest de l’observatoire de Paris qui a été démontée en 1974 La coupole lors de son installation à l’observatoire de pour être déménagée à Saint-Véran. Jusque 1982, elle Saint-Véran en 1974. abritait un coronographe puis elle est restée vide jusque l’arrivée du T62 en 1989. Rien n’a changé depuis... La coupole de plusieurs tonnes est toujours là à supporter inlassablement toutes les tempêtes hivernales et nombreux sont les astronomes amateurs à s’être épuisés en jouant de la manivelle pour la faire tourner.

La coupole de Saint-Véran alors installée sur la tour Ouest de l’observatoire de Paris dans les années 1960.

la porte des étoiles n°39 21 • • • • OBSERVATION Observer et dessiner les nébuleuses planétaires de Saint-Véran à Lille

Par Simon Lericque

Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes et Observatoire de Lille Lille, la capitale des Flandres : il n’existe pas de lieux plus extrêmes pour pratiquer l’astronomie. D’un côté, le plus haut village d’Europe, de l’autre une grande métropole européenne de plus d’un million d’habitants. Et pourtant, ces deux communes ont un point commun, elles abritent chacune un observatoire astronomique et un instrument d’observation hors du commun permettant de scruter avec une relative facilité les nébuleuses planétaires.

Observatoire de Saint-Véran

Les coupoles ouvertes des observatoires de Lille et de Saint-Véran, prêtes pour la nuit... la porte des étoiles n°39 22 • • • • OBSERVATION Le site de Saint-Véran L’observatoire Astroqueyras est situé à 2930 mètres d’altitude exactement, 900 mètres au-dessus du pittoresque village de Saint-Véran, dans le département des Hautes-Alpes. Bâti au pied du pic de Châteaurenard culminant à 2990 mètres, l’observatoire bénéficie d’un site astronomique d’exception. Seul un discret halo de pollution lumineuse vers l’Est (Turin à près de 100 kilomètres) se fait sentir lorsque l’ambiance est humide. Mais généralement, les nuits là-haut offrent des conditions extraordinaires avec une transparence quasi-parfaite où la lumière zodiacale et le gegenshein peuvent être perçus à l’œil nu. Il s’agit donc d’un site idéal, l’un des meilleurs de France métropolitaine. Le lieu a d’ailleurs été retenu de longue date puisqu’il a été repéré dès les années 1960 pour installer un télescope professionnel de cinq mètres de diamètre. Après diverses tergiversations administratives, celui-ci sera finalement installé à Hawaï et deviendra le célèbre CFHT (Canada France Hawaï Telescope). Le site de Châteaurenard est alors recyclé pour accueillir un observatoire solaire où un coronographe est installé. Il est abrité sous la coupole de la tour Ouest de l’observatoire de Paris, démontée pour l’occasion. La station fonctionne ainsi de 1974 à Carine Souplet en plein dessin à l’oculaire du T62 1982 mais, au terme de cette période, alors que les sondes spatiales dédiées à l’étude du Soleil se multiplient, le coronographe est démonté et la station tombe dans l’oubli. Il faut attendre la création de l’association Astroqueyras en 1989 pour que l’observatoire accueille à nouveau des astronomes. Depuis sa dernière rénovation survenue en 2015, l’observatoire dispose de trois coupoles abritant des instruments aux diamètres conséquents : deux télescopes Ritchey-Chrétien de 500 millimètres de diamètre et un télescope de type Cassegrain de 620 millimètres de diamètre et de 9,20 mètres de focale. C’est ce dernier qui est le plus souvent utilisé pour le visuel et qui s’avère performant dans l’observation des nébuleuses planétaires. Ce télescope – souvent surnommé T62 – fête cette année ses soixante ans. Il a été réalisé à l’origine pour l’étude photométrique et spectroscopique d’étoiles variables. Il a ainsi capté ses premiers photons célestes à l’observatoire de Haute Provence et, à la fin des années soixante-dix, est prêté à l’observatoire de Nice pour être modernisé. Il est ensuite installé à l’observatoire du Pico Veleta, près de Grenade en Espagne. Enfin, en 1989, sous l’impulsion de Paul Felenbok, astronome professionnel à l’observatoire de Paris, le T62 rejoint sa demeure actuelle à Saint-Véran, en même temps que la fondation de Vue générale de l’observatoire Astroqueyras depuis le pic de Châteaurenard l’association Astroqueyras. la porte des étoiles n°39 23 • • • • OBSERVATION Le site de Lille L’observatoire de Lille est situé assez loin du centre- ville, au Sud de la capitale régionale, mais au cœur d’une métropole européenne de plus d’un million d’habitants. La pollution lumineuse y est donc omniprésente – en plus d’une ambiance atmosphérique souvent humide – si bien qu’une cinquantaine d’étoiles seulement y est visible à l’œil nu. Le contexte astronomique n’est donc pas favorable a priori... La lunette centenaire abritée par la seule coupole de l’observatoire pourrait donc être relayée à une simple pièce de musée. Il est d’ailleurs vrai que de nombreux lillois se pressent lors de chaque ouverture publique pour découvrir la lunette et le reste du patrimoine scientifique des lieux. Mais contrairement aux autres instruments rénovés ‘‘pour le plaisir de yeux’’, la lunette Jonckheere – du nom de son premier propriétaire – est toujours parfaitement fonctionnelle et régulièrement utilisée par de rares chanceux... La lunette de l’observatoire de Lille a aujourd’hui plus de cent ans. Commandée en 1909 et d’abord installée à l’observatoire de Hem en banlieue lilloise, Robert Jonckheere – un riche industriel, astronome amateur – en L’auteur en plein dessin à l’oculaire de la lunette Jonckheere est le premier propriétaire. La lunette de 33 centimètres de diamètre et de 6 mètres de focale a été spécialement conçue pour l’observation des étoiles doubles visuelles. Couplée à un micromètre à fils de grande précision, elle permettait de mesurer les séparations et les angles de ces couples stellaires, très prisés à l’époque. L’instrument est ainsi utilisé jusqu’au premier conflit mondial, pendant lequel Robert Jonckheere est contraint de quitter son observatoire... À la fin des hostilités, le contexte économique de l’entre deux guerres fait que Jonckheere ne parvient plus à mener ses activités scientifiques. Il vend l’ensemble de son matériel astronomique et météorologique à l’Université de Lille en 1929. L’Université et la ville de Lille créent alors en 1934 un nouvel établissement : l’observatoire de Lille, construit dans le quartier nouveau de Lille-Moulins. L’instrument y est installé et est régulièrement utilisé jusqu’au milieu des années 1950. Ensuite, la lunette devient peu à peu obsolète avec la pollution lumineuse galopante de la métropole lilloise et le développement d’une autre manière de pratiquer l’astronomie sous des cieux plus propices, ailleurs dans le monde. En 2004, l’association Jonckheere, les amis de l’observatoire de Lille est créée et l’une de ses premières missions est de rénover la lunette de Robert Jonckheere. Cette association valorise le patrimoine scientifique de l’établissement et fait connaître l’histoire atypique de cet instrument. Aujourd’hui la lunette Jonckheere est utilisée pour des projets menés par l’association – notamment pour une campagne d’observations de nébuleuses planétaires –, mais aussi pour des cours pratiques donnés par les astronomes professionnels du Laboratoire d’Astronomie de Lille, ou dans le cadre de partenariats avec des enseignants ou des clubs d’astronomie de la région. L’observatoire de Lille, vu du ciel la porte des étoiles n°39 2 • • • • OBSERVATION La vraie nature des nébuleuses planétaires Charles Messier a probablement été l’un des premiers à observer les nébuleuses planétaires. M27 et M57 sont d’ailleurs les plus éminents représentants de cette catégorie d’objets dans le catalogue généraliste de l’astronome français. Plus tard, à la fin du XVIIIème siècle, l’astronome britannique observe pour la première fois NGC 7009, NGC 3242 et NGC 6210, il y note une coloration bleutée en plus d’un aspect de petite bille, rappelant la découverte de ‘‘sa’’ planète Uranus quelques années plus tôt. C’est de là que viendrait la dénomination de nébuleuse ‘‘planétaire’’. Elles n’ont toutefois rien à voir avec les La nébuleuse de l’oeil de chat photographiée par le télescope spatial Hubble planètes et il faut attendre les premières observations spectroscopiques au milieu du XIXème siècle pour en comprendre la véritable nature. Il s’agit en fait de nébuleuses en émission, formées d’une coque de gaz en expansion provenant d’une étoile moribonde en train d’atteindre la phase de ‘‘naine blanche’’. Ces naines blanches sont des étoiles de masses intermédiaires (entre 0,8 et 8 masses solaires) en fin de vie. Typiquement, notre Soleil, dans 5 milliards d’années, terminera sa vie en naine blanche cernée d’une bulle de gaz. La nébuleuse planétaire est en fait le stade intermédiaire entre les phases de géante rouge et de naine blanche. Comme la durée de vie d’une nébuleuse planétaire est très courte, quelques dizaines de milliers d’années seulement (comparativement à plusieurs milliards d’années pour une étoile), leur nombre est très faible. On ne dénombre que 3000 nébuleuses planétaires environ connues dans la Voie lactée, comparé aux 200 milliards d’étoiles dans notre Galaxie.

Classification des nébuleuses planétaires À l’instar des autres types d’objets célestes – amas d’étoiles, galaxies – les nébuleuses planétaires disposent aussi de diverses classifications morphologiques, plus ou moins usitées. L’une d’entre elles remonte à 1968. Elle est l’œuvre des astronomes Khromov et Kouhoutek. Cette classification est simple, se basant Schéma simplifié de formation d’une sur la forme globale de l’objet : nébuleuses rondes, elliptiques ou nébuleuse planétaire bipolaires. En fait, l’aspect d’une nébuleuse planétaire dépend essentiellement de son âge. Une nébuleuse condensée centrée autour d’une étoile brillante est généralement récente alors qu’une nébuleuse diluée et faible, où la naine blanche est très difficilement visible est le signe d’une nébuleuse planétaire plus ancienne. Malgré cette évolution générale, les nébuleuses planétaires présentent des aspects bien plus variés. De ceux-ci découlent quelques classifications morphologiques. La présence d’un champ magnétique intense, la duplicité ou la multiplicité de l’étoile centrale ainsi que l’environnement peuvent être des causes de ‘‘bizarreries’’ et influent forcément sur l’aspect de la nébuleuse.

la porte des étoiles n°39 2 • • • • OBSERVATION

La classification des nébuleuses planétaires la plus couramment utilisée est celle de Voronstov-Velyaminov datant de... 1934. Elle néglige certes l’âge de la nébuleuse mais se concentre davantage sur l’aspect à l’oculaire. C’est pourquoi elle est encore privilégiée par de nombreux observateurs. Elle est composée de six types, dotés parfois de sous-types : - type “I”: aspect stellaire, - type “IIa”: disque régulier, plus brillant au centre, - type “IIb”: disque régulier avec brillance uniforme, - type “IIc”: disque régulier avec trace de structure annulaire, - type “IIIa”: disque irrégulier avec répartition irrégulière de la brillance, - type “IIIb”: disque irrégulier avec trace de structure annulaire, - type “IV”: structure annulaire, - type “V”: forme irrégulière, Portrait de Boris Voronstov- - et type “VI”: forme anormale. Velyaminov

IC 4997 (Sge) - Type I+III IC 4593 (Her) - Type IIa Abell 12 (Ori) - Type IIb+I

NGC 6804 (Sge) - Type IIc+IV NGC 1514 (Tau) - Type IIIa NGC 2392 (Gem) - Type IIIb

NGC 1535 (Eri) - Type IV+IIc NGC 2440 (Pup) - Type V+III NGC 2371 (Gem) - Type VI+IIIa la porte des étoiles n°39 2 • • • • OBSERVATION

Certaines nébuleuses planétaires présentant les caractéristiques de plusieurs types peuvent avoir une classification plus complexe. Par exemple, l’anneau de la Lyre M57 présente évidemment une structure ‘‘annulaire’’, mais celle-ci est irrégulière, légèrement elliptique : son type est alors ‘‘IV+IIIb’’. Certaines nébuleuses planétaires disposent d’un halo externe très large et très faible, par exemple la célèbre nébuleuse planétaire de l’Oeil de Chat NGC 6543, dans la constellation du Dragon. Ce dernier est alors négligé pour la classification, qui ne prend en compte que la partie centrale de l’objet. En fait, à l’époque de la réalisation de cette façon de classer, dans les années 30, ces halos ténus n’étaient pas connus. D’autres informations plus classiques ne doivent pas être oubliées lors de la préparation d’une observation. Bien sûr, la taille apparente, souvent exprimée en secondes d’arc pour les nébuleuses planétaires, ainsi que la magnitude globale de l’objet sont des données précieuses. Également, la luminosité surfacique et la magnitude de la naine blanche centrale (quand elle existe) peuvent être notées.

Petit bilan d’observations Collons maintenant notre œil à l’oculaire... De par leur grande longueur focale, le T62 de Saint-Véran et la lunette Jonckheere de Lille se prêtent à merveille à l’observation d’objets de petite taille apparente comme les nébuleuses planétaires. Il est amusant de se livrer à une petite compétition amicale entre ces deux instruments. Ceux-ci se montrent finalement assez NGC 7009 à Lille complémentaires... Nébuleuses planétaires brillantes Pour les nébuleuses planétaires brillantes et fortement contrastées, telles la nébuleuse de l’oeil de chat (NGC 6543) ou Saturn (NGC 7009), les images obtenues dans la lunette Jonckheere semblent plus détaillées. En tout cas, au grossissement maximum, les images semblent plus fines et cristallines à Lille qu’à Saint-Véran... Les détails apparaissent marqués alors qu’il faut parfois les ‘‘chercher’’ à Saint-Véran. Même si les grossissements à Lille sont moins importants, l’image est souvent plus agréable sur ces cibles particulières. Avantage Lille ! NGC 6543 à Lille

Nébuleuses planétaires petites Les très petites nébuleuses planétaires sont plus aisées à observer à Saint-Véran. Il y a trois mètres de distance focale supplémentaires avec le T62 et pour le coup, les capacités de grossissement sont ici à prendre en considération. Des grossissements de 2000 fois peuvent être obtenus à Saint-Véran alors qu’à Lille, l’optique ‘‘plafonne’’ à 800 fois. Certaines cibles, comme par exemple NGC 6790 ou NGC NGC 6790 à Saint-Véran - NGC 6886 à Lille 6886 de 3 ou 4 secondes d’arc de dimensions apparentes ont été ‘‘résolues’’ dans les Alpes alors que dans le Nord, elles gardent désespérément un aspect stellaire. Avantage Saint-Véran !

Nébuleuses planétaires larges En ce qui concerne les nébuleuses planétaires plus larges, ce n’est plus la focale, mais le diamètre du Cassegrain de Saint-Véran qui donne l’avantage à l’instrument Haut-Alpin. En effet, un miroir de 62 centimètres de diamètre capture davantage de photons qu’un objectif de 33 centimètres. Même si la formule optique (Cassegrain) et l’ouverture (F/D à 14,8) donnent des images plutôt ‘‘sombres’’, cela est suffisant NGC 7048 à Saint-Véran la porte des étoiles n°39 2 • • • • OBSERVATION pour détecter les cibles plus brillantes que la luminosité surfacique de 12... Il faut néanmoins parfois s’user la vue et utiliser les filtres interférentiels adéquats. Même avec des oculaires grossissants peu (par exemple avec un oculaire Lanthanum de 42 mm), il ne faut pas que les nébuleuses dépassent 2 minutes d’arc de dimensions apparentes. Ces cibles larges de type NGC 7048 ou IC 1295 sont des nébuleuses très diluées et déjà âgées où bien souvent la naine blanche centrale est invisible (ou disparue). Ces objets larges et pâles sont bien évidemment noyés dans la pollution lumineuse de la métropole lilloise et impossibles à détecter à travers la lunette Jonckheere. Avantage Saint-Véran !

Nébuleuses planétaires hivernales Bien évidemment, l’accès à l’observatoire Astroqueyras – à près IC 1295 à Saint-Véran de 3000 mètres d’altitude rappelons-le – est très difficile en hiver et au début du printemps. Avec la neige, il faut parfois près de neuf heures en raquettes (voir la porte des étoiles numéro 25) lorsque l’on ne sait pas skier. Malgré tout, en fin de saison ‘‘estivale’’, c’est-à-dire fin octobre ou début novembre, il est parfois bon d’y tenter une mission, en espérant que la piste d’accès encore praticable. Ainsi, en plein automne, les nuits commencent à être longues et, moyennant un peu de courage, les hivernales typiques comme l’Éridan, le Grand Chien ou la Poupe arrivent en fin de nuit... Dans ces conditions, on peut considérer que l’observatoire de Lille est bien plus abordable, logé à proximité même de l’autoroute la plus fréquentée d’Europe. Et même au cœur de l’hiver, il y fait généralement moins froid qu’au sommet d’une montagne. NGC 2438 à Saint Véran et NGC 1535 à Lille Avantage Lille ! Quelques comparaisons M57, l’anneau de la Lyre La reine des nébuleuses planétaires est aussi spectaculaire à travers la lunette Jonckheere qu’avec le T62 Astroqueyras. Avec les deux instruments, on retrouve la structure annulaire caractéristique autour d’une naine blanche évidente. La légère asymétrie de l’anneau est visible des deux côtés. Cela étant, le contraste entre les zones les plus intenses et les plus pâles semble être plus marqué à Lille ; tandis que la taille de l’objet remplit davantage le champ de l’oculaire à Saint-Véran, distance focale oblige. Ce sont les seules différences que l’on peut noter entre les deux observations.

À gauche, à Saint-Véran et à droite à Lille la porte des étoiles n°39 2 • • • • OBSERVATION

M27, la nébuleuse du Diabolo La nébuleuse ‘‘Dumbbell’’ est une autre cible phare du catalogue Messier. M27 fait partie de ces nébuleuses planétaires larges et qui ont tendance à se noyer et à disparaître dans un fond de ciel lumineux. C’est ainsi qu’à Lille, elle apparaît à l’oculaire bien plus pâle qu’à Saint-Véran. Cela étant, tous les détails de l’objet sont bien là : les deux arcs de matière plus brillants, le ‘‘triangle’’ plus clair d’un côté, la structure générale d’haltère et les pâles nébulosités qui complètent les anses... Bien sûr, à Saint-Véran, l’objet est globalement plus éclatant et le champ étoilé – M27 est située dans la constellation du Petit Renard, en pleine Voie lactée – est plus fourni, rendant l’observation bien plus esthétique.

À gauche, M27 à travers la lunette Jonckheere ; à droite, M27 à travers le T62 Astroqueyras

M97, la nébuleuse du Hibou La nébuleuse du Hibou est une cible à observer dans tous les instruments. Les deux ‘‘yeux’’ noirs qui donnent son nom à la nébuleuse sont discernables, tant ils sont contrastés, dès que le grossissement est suffisant. À Lille néanmoins, la large nébuleuse (presque 3 minutes d’arc de diamètre) apparaît extrêmement pâle et son observation (son repérage même) n’est pas aisée, noyée dans la pollution lumineuse. L’utilisation d’un filtre OIII est impérative à la fois sur la lunette Jonckheere, mais aussi sur le chercheur. À Saint-Véran, dans le T62, M97 apparaît très lumineuse à l’oculaire (un Lanthanum 42 qui grossit moins est idéal). Les deux zones sombres sont évidentes et trois étoiles, dont la naine blanche centrale, apparaissent facilement dans les volutes de l’objets. Bonus : une très M97 à travers le T62 légère corolle extérieure est discernable en vision décalée. NGC 6543, l’œil de Chat La nébuleuse planétaire de l’œil de Chat est une cible capable d’encaisser des grossissements importants lorsque les conditions atmosphériques s’y prêtent : presque 1000 fois à la lunette Jonckheere et... 2000 fois avec le télescope Cassegrain de Saint-Véran. La raison est peut-être la forte luminosité de l’objet et le fort contraste entre les zones remarquables de la nébuleuse. On peut voir la zone sombre cernant la naine blanche centrale, l’ovale lumineux et deux extensions en forme de ‘‘virgule’’ aux extrémités de celui-ci. À Lille, ces détails apparaissent plus fins alors qu’ils sont un peu plus ‘‘empâtés’’ à Saint- Véran, sans que cela ne soit trop préjudiciable néanmoins. Enfin, sous le beau ciel de Saint-Véran, en utilisant les grossissements les plus faibles, on peut même réussir à distinguer une zone plus lumineuse de la corolle extérieure ; chose impossible à Lille évidemment. L’oeil de chat à Saint-Véran avec le T62 la porte des étoiles n°39 29 • • • • OBSERVATION

NGC 7662 – la boule de neige bleue Les observations de la ‘‘blue snowball nebula’’ ressemblent à celles de l’œil de chat car il s’agit également d’un objet lumineux et contrasté à observer à forts grossissements. Au T62 et à la lunette Jonckheere, on retrouve la structure circulaire de NGC 7662 à l’intérieur de laquelle se niche un arc de matière plus brillant. À Lille, une légère extension a été observée (mais il n’est pas certain qu’elle existe réellement si l’on compare le dessin à une photographie) et la naine blanche centrale a été notée sans difficulté à Saint-Véran. À gauche, NGC 7662 à travers la lunette Jonckheere ; à droite à travers le T62 Astroqueyras

L’intérêt des filtres interférentiels La plupart des nébuleuses planétaires ‘‘réagissent’’ au filtre OIII. En effet, ce filtre particulier ne laisse passer que les longueurs d’ondes proches de 500 nanomètres, partie du spectre dans lequel les nébuleuses planétaires émettent particulièrement. Lorsque le filtre OIII est trop réducteur pour certaines cibles, en ayant tendance à les ‘‘éteindre’’ comme les étoiles environnantes, l’emploi d’un filtre plus large peut s’avérer bénéfique. Les filtres UHC ou même CLS offrent souvent des images intéressantes à l’oculaire. Ces filtres augmentent fortement le contraste de la nébuleuse planétaire par rapport au fond du ciel, surtout sous un ciel pollué. Les étoiles sont plus discrètes et la nébuleuse semble ‘‘s’allumer’’. Mais même sous des cieux plus cléments, comme à Saint- Véran, les fins détails et les faibles contrastes de luminosité de certaines zones de la nébuleuse sont parfois plus faciles à percevoir avec l’emploi d’un filtre. L’utilisation d’un filtre interférentiel a également un intérêt pour le pointage des cibles. Si à Saint- Véran, le système de pointage automatique (pour peu qu’il soit bien calibré en début de session) du Spectre du filtre Astronomik OIII, plus restrictif T62 est suffisamment précis pour centrer dans le champ de l’oculaire la nébuleuse, et ce malgré des grossissements importants, il n’en est pas de même à Lille avec la lunette Jonckheere. Sous la coupole de l’observatoire de Lille, le pointage se fait à l’ancienne, en utilisant des cercles de coordonnées. Fort heureusement, ceux-ci sont suffisamment larges pour offrir la précision de pointage nécessaire. En ayant bien compris la méthode, on se retrouve souvent avec la cible choisie dans le champ du ‘‘chercheur’’, en fait une lunette de 150 millimètres de diamètre et de 1200 millimètres de focale installée en parallèle de l’instrument principal. Spectre du filtre Astronomik CLS, plus large la porte des étoiles n°39 30 • • • • OBSERVATION

À faible grossissement, les nébuleuses planétaires ont presque toutes un aspect stellaire. Il faut donc trouver un moyen de les différencier des étoiles environnantes. En plus d’assombrir le fond de ciel très lumineux de la métropole lilloise, le filtre interférentiel a l’avantage de faire disparaître (ou quasiment) les étoiles du champ, ne laissant briller que la nébuleuse planétaire. Il suffit alors de centrer l’objet dans le champ du chercheur pour l’observer à plus fort grossissement à travers la lunette Jonckheere. L’emploi d’un filtre Hβ – moins répandu – permet à l'inverse de faire disparaître toute trace de nébulosités. Quel intérêt ? Celui de faire apparaître une naine blanche centrale noyée dans le cœur lumineux de la nébuleuse. Mais il faut reconnaître que ce procédé n'offre pas véritablement d'intérêt esthétique.

En guise de conclusion Deux instruments : une lunette équatoriale centenaire dont la qualité optique n’est plus à démontrer, installée dans un beau cadre historique ; et un télescope Le matériel pour faire des dessins de nébuleuses planétaires : de bons gros Cassegrain de grand diamètre mis à oculaires, un crayon, du papier, un ou deux filtres qui vont bien... et un disposition des amateurs sous l’un des instrument historique sous coupole ! meilleurs ciels d’Europe. Leurs caractéristiques font que ces deux instruments se comportent à merveille dans le domaine d’observation des nébuleuses planétaires. Les 30 centimètres de diamètre supplémentaires du T62 de Saint-Véran et, bien évidemment, la qualité du ciel des Hautes-Alpes, sont des avantages indéniables pour l’observation de ces cibles particulières. Néanmoins, il est toujours étonnant de constater que la lunette, de par sa configuration et sa qualité optique sans doute, fait mieux que se défendre sur certains types de nébuleuses. Quoiqu’il en soit, quel bonheur de pouvoir régulièrement passer des nuits sous les coupoles des observatoires de Lille et de Saint-Véran et de profiter de ces deux instruments d’exception pour observer les nébuleuses planétaires : des cibles qu’il est parfois difficile d’admirer pleinement dans d’autres circonstances.

Sources − Astrodessin, observation et dessins en astronomie – du copain Serge Vieillard − L'histoire de l'observatoire Astroqueyras, par Dominique Menel, la porte des étoiles n°23 − Histoire atypique d'un établissement scientifique nordiste, par André Amossé, la porte des étoiles n°12 − Observer les nébuleuses planétaires avec un gros télescope, par Michel Pruvost et Simon Lericque, la porte des étoiles n°15 − Redessiner les nébuleuses planétaires au T62, par Michel Pruvost et Simon Lericque, la porte des étoiles n°19

la porte des étoiles n°39 31 • • • • OBSERVATION

Les nébuleuses planétaires du catalogue Jonckheere Robert Jonckheere, le premier propriétaire de la lunette de Lille, était un brillant dupliciste. À la fin de sa carrière, il avait d’ailleurs découvert et répertorié plus de 3350 étoiles doubles ou multiples. Mais son épais catalogue compte quelques particularités. Dans sa chasse aux étoiles doubles, Robert Jonckheere a aussi découvert deux galaxies (considérées à l’époque par l’astronome comme des ‘‘nébuleuses’’, celui-ci n’ayant pas la possibilité de mettre en évidence leur nature extragalactique), deux nébuleuses – Robert Jonckheere prend la pose derrière l’oculaire de sa lunette une obscure, une par émission –, deux novae, trois étoiles carbonées et... trois nébuleuses planétaires. On trouve notamment J475 (répertoriée également dans le catalogue NGC sous le matricule 6741) dans la constellation de l’Aigle, J900 dans les Gémeaux et J320 dans Orion. Si ces trois nébuleuses planétaires sont aujourd’hui très difficilement accessibles sous le ciel urbain de Lille, elles ont pu être observées et dessinées depuis Saint-Véran. J 320 : avec un oculaire Lanthanum de 17 mm, soit un grossissement de 540 fois, J320 présente clairement les deux noyaux décrits par Jonckheere dans ses publications. Ces derniers semblent être noyés dans une ellipse nébuleuse. L’un d’eux est même perçu un peu plus brillant. Avec un grossissement plus important, 1300 fois, la nébuleuse planétaire apparaît clairement allongée. Les deux noyaux sont plus contrastés et l’asymétrie d’éclat est renforcée. Ce sont J320 dessinée au T62 peut-être ces deux noyaux qui ont ‘‘trompé’’ Robert Jonckheere et qui l’ont fait penser à un couple stellaire.

J 475 : J475 est une cible très intéressante à 540 fois de grossissement. Comparée à la plupart des nébuleuses planétaires, celle-ci est clairement atypique puisque sa forme générale ressemble à un parallélogramme, voire presque à un rectangle. La naine blanche centrale est invisible mais on distingue des différences de densité sur le pourtour de la nébuleuse, notamment à proximité de l’ “angle” situé vers l’étoile la plus brillante des environs. Le cœur est quant à lui beaucoup plus sombre. La nébuleuse se situant dans la constellation de l’Aigle, dans une zone particulièrement dense de la Voie lactée, le champ J475 dessinée au T62 environnant est tout aussi riche.

J 900 : c’est la plus évidente des nébuleuses planétaires J. Elle a même été observée depuis Lille. Mais à Saint-Véran, c’est avec un grossissement conséquent que se révèle vraiment cette nébuleuse planétaire. À 1300 fois, J900 se présente globalement circulaire avec une naine blanche centrale évidente. Celle-ci semble cernée d’un anneau bien plus sombre que le reste de la “bulle”. On peut aussi discerner deux zones plus noires de part et d’autre de l’étoile centrale et une partie plus lumineuse à 90° de celles-ci. Contrairement aux indications des relevés professionnels, aucune bipolarité n’a été perçue J900 dessinée au T62 dans la nébuleuse (cela ne veut bien sûr pas dire qu’elle n’existe pas). Juste à côté, on trouve une étoile relativement brillante. À grossissement plus faible, environ 220 fois, le duo pourrait effectivement faire penser à un système double.

la porte des étoiles n°39 32 • • • • OBSERVATION Le rayon vert et le rayon bleu

Par Yann Picco

Encore faisant partie des mythes astronomiques pour beaucoup, le rayon vert et le rayon bleu sont pourtant des phénomènes bien réels. L’avènement des appareils photographiques numériques a permis d’immortaliser plus facilement ces événements en les passant de la légende à la réalité. L’exemple le plus probant fut lors de notre voyage à Saint-Véran où nous eûmes le loisir d’observer le rayon bleu presque à chaque lever et coucher de notre étoile, rajoutant ainsi un événement astronomique supplémentaire à la longue liste de cibles déjà observées en ce lieu. Qu’est ce que le rayon vert et le rayon bleu ? Le rayon vert et le rayon bleu sont issus du même phénomène atmosphérique. Il s’agit de la combinaison de deux phénomènes optiques courants qui sont la diffusion et la réfraction. Lorsque nous observons le Soleil se coucher, celui-ci est en réalité déjà sous l’horizon. Nous le voyons encore car l’atmosphère réfracte les rayons du Soleil, courbant la lumière de la même façon qu’un bâton semble dévié lorsqu’il est plongé dans l’eau. De plus, l’atmosphère terrestre ne courbe pas les couleurs de la même façon. Agissant comme un prisme, la lumière va être réfractée en longueurs d’ondes de couleurs allant du rouge (le moins dévié) Couleurs Couleurs Ce qui reste, le au violet (le plus dévié) disparaissant affaiblies à cause ‘‘Soleil vert’’ derrière l’horizon de la diffusion créant ainsi plusieurs Réfraction atmosphérique images colorées du atmosphérique Position réelle Soleil. du Soleil Lorsque le ‘‘Soleil Vue schématique de la ‘‘formation’’ du ‘‘Soleil vert’’ prenant en compte la réfraction et la diffusion atmosphériques jaune’’ disparaît sous l’horizon, il ne reste que l’image du ‘‘Soleil vert’’, celle du bleu et le violet. Or, l’atmosphère, par le phénomène de diffusion, dispersera les couleurs bleue et violette, affaiblissant les images colorées bleues et violettes du Soleil. Il ne reste alors que l’image verte du Soleil, provoquant le rayon de la même couleur sur l’image du Soleil (qui rappelons-le est en fait déjà couché). Lorsque le ‘‘Soleil vert’’ disparaît à son tour, il ne reste plus que l’image de couleur bleue (forcément plus lumineuse que l’atmosphère ambiante), provoquant le rayon bleu et même, dans de plus rares cas encore, un rayon violet lorsque l’image du Soleil bleue disparaît !

Quand le Soleil se couche, on ne voit plus que la partie supérieure du disque la porte des étoiles n°39 33 • • • • OBSERVATION Les conditions d’observations Les conditions d’observations doivent être particulières pour observer un des rayons définis précédemment. L’atmosphère doit être dégagée et relativement nette entre l’horizon lointain et l’observateur. La mer est principalement un des lieux privilégiés pour cette observation. Toutefois, il est possible de l’observer également en montagne lorsqu’il existe une certaine distance permettant à l’atmosphère de jouer son rôle de diffuseur. Généralement, un minimum de cinq kilomètres entre l’observateur et la montagne derrière laquelle le Soleil se couche (ou se lève) Coucher de Soleil du 15 octobre 2017 photographié par l’auteur permet l’observation. Canon 600D et objectif 300 mm. 1/640ème à 100 ISO Lors de notre séjour à Saint-Véran, toutes les conditions étaient réunies pour obtenir le rayon bleu. En effet, au matin, le Soleil se levait derrière le Mont Viso (3841 mètres) situé à une quinzaine de kilomètres de l’observatoire ; tandis qu’au soir, le Soleil se couchait derrière le massif des Écrins situé à une quarantaine de kilomètres de notre lieu d’observation. La haute altitude du site de Saint-Véran (2930 mètres) et l’anticyclone nous apportant cinq jours de beau temps ont ‘‘nettoyé’’ l’atmosphère des impuretés. Tout ces facteurs nous offraient le spectacle du rayon bleu matin et soir, bien que rarissime dans d’autres contrées.

Comment le photographier ? Au coucher du Soleil, la photographie des rayons verts et bleus est plus facile car l’observateur visualise bien évidemment l’endroit ou l’astre du jour se couche. Une grande ouverture, un réglage ISO au minimum (100 idéalement), ainsi qu’une une vitesse d’ouverture rapide (de 1/4000ème de seconde pour un Canon 600D à 1/8000ème pour un Canon 7D par exemples) maximisent les chances d’immortaliser ce fameux rayon. Le mode rafale d’un réflex est un plus non négligeable. La capture du rayon bleu au petit matin est beaucoup plus complexe car le photographe devra anticiper la position exacte du Soleil, ainsi que l’heure exacte du lever, pour enclencher la rafale de photos au bon moment et au bon endroit. La chose est plus aisée sur la mer, tandis que les choses se corsent en montagne, l’apparition du Soleil dépendant de la position des montagnes, de leur relief et de l’observateur. À une seconde Stéphane et Vincent à la chasse aux rayons... près, la photographie peut être ratée. la porte des étoiles n°39 3 • • • • OBSERVATION

Galerie de rayons verts, de rayons bleus, de rayons violets...

Quelques photographies réalisées par Simon Lericque - Canon EOS 7D - 1/8000ème de seconde à 100 ISO

Coucher de Soleil du 14 octobre 2017

Coucher de Soleil du 15 octobre 2017

la porte des étoiles n°39 3 • • • • OBSERVATION

Coucher de Soleil du 16 octobre 2017

Lever de Soleil du 17 octobre 2017

la porte des étoiles n°39 3 • • • • OBSERVATION

Coucher de Soleil du 17 octobre 2017

Lever de Soleil du 18 octobre 2017

Coucher de Soleil du 18 octobre 2017

la porte des étoiles n°39 3 • • • • SCIENCES Le transit de l’exoplanète WASP-10b

Par Vincent Prouvoyeur

Tout a commencé par un message de Thomas Fauchet, chercheur au centre Goddard de la NASA à Washington. Il est originaire de la région dunkerquoise et connaît le Club Astronomique du Dunkerquois (CAD) dont je suis membre. Thomas me contacte sur Facebook parce qu’il est intéressé de savoir si des amateurs ont les capacités techniques de détecter une exoplanète par la méthode du transit. Il trouve le défi amusant et veut associer le CAD à cette expérience ; il m’explique alors les exigences techniques que cela suppose. Il a les connaissances théoriques et de mon côté, je lui apporte les compétences techniques des amateurs, mais aussi le temps d’observation, ce qui est difficile à obtenir avec un observatoire professionnel. Thomas a également une autre idée derrière la tête. Si le protocole établi montre ses preuves, il est ensuite possible d’affiner les mesures des orbites des exoplanètes et, pourquoi pas - défi ultime - en découvrir une ! La recherche d’exoplanètes l’intéresse particulièrement car son domaine de compétence l’amène à dénicher les conditions de vie favorables à la vie en analysant les atmosphères exoplanétaires. Je précise qu’il est spécialiste de nuages de haute altitude. Au cas où l’on arriverait à trouver quelque chose d’intéressant (rêvons un peu !), il en informerait ensuite les observatoires professionnels et la communauté scientifique. Les observations plus pointues réalisées dans les observatoires professionnels prendraient le relais. Dans son optique de recherche, il me communique les coordonnées et caractéristiques de quelques étoiles connues pour des transits d’exoplanètes ‘‘faciles’’ à détecter. Cela tombe bien, c’est juste avant le départ Le télescope Ritchey-Chrétien de 500 millimètres de l’observatoire, utilisé pour le suivi du transit. pour Saint-Véran ! Quand j’ai annoncé mon souhait de détecter une exoplanète lors de notre mission Astroqueyras, Stéphane Razemon (du Club Astronomique de la Région Lilloise) s’est tout de suite montré intéressé pour participer à l’aventure. Muni de tous les renseignements utiles, j’avais hâte d’utiliser l’un des deux télescopes de 500 millimètres à notre disposition pour l’astrophotographie. La première étoile qui devait être ciblée s’est avérée beaucoup trop basse, au niveau de l’horizon. J’ai donc sélectionné une autre exoplanète : WASP-10b, dans la constellation de Pégase. Sa position et la baisse de luminosité de 4% de son étoile lors du transit la désignait pour l’expérience. Durant toute la séquence, je restais en contact avec Thomas Fauchet qui suivait l’observation en direct depuis Washington, ou plutôt lisait mon compte-rendu en temps réel, et me donnait des conseils. la porte des étoiles n°39 3 • • • • SCIENCES

Avec l’aide de Stéphane, les réglages ont été faits de sorte à ne pas saturer l’étoile cible. Pour cela, le filtre rouge a été sélectionné. La série d’acquisitions a ensuite pu commencer. Malheureusement, un voile nuageux était présent, mais nous avons tout de même pu faire des images correctes. Un problème technique est ensuite survenu. Le logiciel Prism lançait une alerte : la roue à filtre n’était plus détectée ! J’ai heureusement pu régler le problème immédiatement sans que cela ne porte préjudice à l’observation. Pendant la période du transit, je me suis aperçu que quelque chose clochait dans les dernières images enregistrées : les étoiles se déformaient ! Stéphane est allé voir dans la coupole (le poste de contrôle est situé dans une salle sous le télescope) et le verdict est aussitôt tombé : l’ouverture de la coupole ne suivait plus le télescope ! Celle-ci gênait en partie le champ de prise de vue, ce qui expliquait le problème constaté sur Une copie d’écran du logiciel Aladin qui identifie les dernières images. Prism n’avait rien dit, le fourbe ! Le l’étoile susceptible d’avoir une planète. Cette image problème a été immédiatement réglé, mais une partie des est en négatif. Détail intéressant, Aladin m’a indiqué images s’est avérée inexploitable pour la photométrie. qu’il y avait une autre planète (WASP-10c) autour de cette étoile. Nous nous sommes également aidés du Stéphane a été d’une grande aide pour réaliser la courbe du site http://var2.astro.cz/ pour les estimations précises des transits. transit. À force d’essais, nous avons finalement obtenu un tracé, certes incomplet en raison du problème de la coupole et de qualité très moyenne dû au voile nuageux du début de soirée, mais nous avons pu identifier le moment précis du début du transit. L’expérience est donc concluante ! Ce moment où nous avons réalisé que nous avions effectivement détecté une exoplanète est un souvenir qui restera bien ancré dans mes souvenirs. C’est un vieux rêve de gamin qui se réalise. Une telle prouesse est désormais possible. Le matériel utilisé était sans commune mesure comparable avec celui d’un amateur, mais il est aujourd’hui possible de réaliser l’expérience avec un 150 ou 200 mm de diamètre. Ce qui compte, c’est la rigueur dans l’expérience. Plus tard, j’ai refait la courbe de mon côté, mais je ne pense pas avoir trouvé mieux que ce que nous avions déjà. Je remercie chaleureusement Thomas est Stéphane pour leur aide précieuse.

la porte des étoiles n°39 39 • • • • VOYAGE La Maison du Soleil

Par Michaël Michalak

Située dans les Hautes-Alpes, la commune de Saint- Véran est perchée à 2040 mètres d’altitude. Elle est d’ailleurs souvent annoncée comme la ‘‘plus haute commune d’Europe’’. Sa situation et la pureté de son ciel en ont fait un lieu idéal pour les astronomes. Le lien entre le village et l’astronomie commence dans les années 70, quand l’observatoire de Paris s’installe au pied du pic de Châteaurenard, à 2936 mètres d’altitude, afin d’étudier la couronne solaire. 40 ans plus tard, avec l’aide de plusieurs partenaires, le projet de proposer un espace scientifique et ludique dédié à la découverte de notre Soleil arrive en complément de la rénovation de l’observatoire. La Vue depuis le bas des pistes de ski de la Maison du Soleil Maison du Soleil ouvre ses portes au public en juin 2016. Située au pied des pistes de ski, sur la partie haute du village, elle constitue aujourd’hui une nouvelle porte d’accès à l’astronomie avec une vocation pédagogique, éducative et touristique.

Jolie vue sur les montagnes la porte des étoiles n°39 0 • • • • VOYAGE

Afin de nous faire découvrir notre étoile sous des formes complètement différentes, le lieu s’appuie sur une scénographie scientifique et ludique. Pénétrons dans le bâtiment et commençons la visite de la Maison du Soleil : visite qui débute au premier étage par le ‘‘vaisseau solaire’’. Cette pièce aux murs jaunes, et équipée d’un revêtement quasi spatial au plafond, accueille quelques bancs sur lesquels peuvent s’installer une quinzaine de personnes. La pièce est surtout dotée d’un écran sur lequel on peut observer notre étoile en toute sécurité. À l’arrière, sur la terrasse (offrant d’ailleurs une belle vue sur le village), se trouve un Quelques membres du GAAC dans le vaisseau solaire en octobre 2016 cœlostat qui a vocation a renvoyer la lumière du Soleil dans une direction voulue. Cet engin dispose de deux miroirs plans de 50 et 40 centimètres de diamètre et de 8 centimètres d’épaisseur. Leur planéité est vérifiée à la précision d’une fraction de la longueur d’onde de la lumière visible (0,5 microns), pour assurer aux images une qualité astronomique. Le disque circulaire noir, à environ 2 mètres de hauteur, montre le point d’entrée du faisceau solaire dans le bâtiment, faisceau qui illumine notamment un spectrographe. Le miroir primaire du cœlostat est installé sur une monture équatoriale de grande précision, parallèle à l’axe des pôles, destinée à compenser le mouvement de rotation de la Terre. Ainsi, quand l’astre du jour n’est pas caché par les montagnes (ou les nuages), sa lumière est toujours L’instrumentation solaire sur la terrasse. Les deux miroirs du cœlostat renvoyée vers l’intérieur de la Maison du renvoient la lumière du Soleil à l’intérieur du batiment par la petite Soleil. Le cœlostat de Saint-Véran provient ouverture circulaire. de l’observatoire de Meudon, où il est resté en fonction jusque dans les années 70. La terrasse est également équipée d’un autre instrument solaire, plus moderne : une lunette de type Lunt. Dans celle-ci, on peut aussi voir le Soleil, mais dans une longueur d’onde différente, hydrogène α notamment, qui permet de mettre en évidence les fameuses protubérances sur le pourtour du disque. Revenons à l’intérieur de la Maison du Soleil. La mezzanine jouxtant le vaisseau solaire supporte un spectrographe à très haute résolution qui était lui-aussi utilisé par les chercheurs de l’observatoire de Meudon. Lorsque le cœlostat extérieur est bien orienté, c’est un faisceau de lumière Le système optique complexe permettant de renvoyer la lumière solaire d’une dizaine de centimètres de diamètre vers les différentes expériences de la Maison du Soleil qui traverse la fente du spectrographe (l’un des plus grands de l’astronomie solaire). la porte des étoiles n°39 1 • • • • VOYAGE

Le public est alors invité à découvrir la décomposition de la lumière, qui permet ensuite d’analyser la composition du Soleil. Grâce à l’expérience, différents phénomènes sont aussi abordés comme l’effet Doppler : le décalage des raies spectrales de la source lumineuse - vers le bleu si celle-ci s’approche de l’observateur et vers le rouge si elle s’en éloigne -, son importance est proportionnelle à la vitesse.

La visite se termine par le rez-de- chaussée de cette maison scientifique. L’atmosphère y est plutôt sombre. On y aperçoit d’autant mieux le faisceau lumineux (qui provient lui-aussi L’une des nombreuses expériences autour de la lumière à découvrir dans le bel espace muséographique. du cœlostat extérieur) tombant à la verticale sur une table où le public est inviter à ‘‘jouer’’ en utilisant de nombreux outils : pour visualiser le spectre, produire de l’électricité, chauffer de l’eau, etc.

Sur les murs alentours, différentes thématiques solaires sont abordées : la naissance et la vie d’une étoile, les relations entre notre planète Terre et le Soleil, les liens entre Soleil et énergies...

Ailleurs, sur des écrans individuels sont diffusées des séquences vidéo, tour-à- tour pédagogiques ou spectaculaires. On trouve aussi là un timelapse réalisé à l’observatoire Astroqueyras lors d’une précédente mission du GAAC. D’ailleurs, une maquette de La maquette de l’observatoire Astroqueyras et, en fond, l’un des timelapse l’observatoire constitue un bel élément réalisé par le GAAC lors d’une précédente mission. d’appel pour inviter les visiteurs à grimper au pic de Châteaurenard, à près de 3000 mètres d’altitude.

Dans les périodes de vacances, plusieurs ateliers autour de la thématique du Soleil sont également proposés aux visiteurs : on peut confectionner des cadrans solaires, fabriquer de la crème solaire ou découvrir la fameuse planeterrella, le simulateur d’aurores polaires...

Alors, à votre prochain passage à Saint- Véran, ne manquez donc pas d’aller faire un tour à la Maison du Soleil... Philippe, Michel et... Philippe admirent la planeterrella dans la salle d’atelier. la porte des étoiles n°39 2 • • • • VOYAGE Une mission d’hiver à Saint-Véran avec de vrais morceaux de surprise dedans

Par Laurie Peyroche et Damien Devigne

Préambule Notre mission était programmée du samedi 18 mars au dimanche 26 mars 2017 et s’intitulait “Bestiaire du ciel profond”. Nous verrons que, comme pour toute mission hivernale qui se respecte, les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévues. Pour commencer, notre équipe, initialement constituée de cinq personnes (Thomas Andermatt, Frédéric Baelde, David Fayolle, Damien Devigne et Laurie Peyroche), s’est vue réduite à quatre peu de temps avant le départ suite à l’hospitalisation surprise de Frédéric... Qui va beaucoup mieux, merci. Pour les autres rebondissements et quelques surprises, La fine équipe au pied des pistes, avant l’ascension un peu de patience...

Le trajet aller Nous avions concédé d’amputer notre séjour d’une journée afin de faire la route sans trop entamer nos congés, en accord avec une Lune fortement présente en début de séjour. Vendredi 17, David et Thomas arrivent chez Damien pour y passer la nuit afin de décoller tôt le samedi matin. Après un bon petit repas, un digestif s’impose (on sait qu’on sera bientôt rationnés) : le génépi maison de Damien, dans son cru 2016, est épouvantable, amer à souhait. Nous passons un coup de fil à Laurie pour lui annoncer que, compte-tenu de la météo, Thomas a choisi de renoncer à la mission. Ça ne prend pas, mais l’appel est l’occasion de régler les derniers détails pour retrouver Laurie à Lyon samedi midi. Nous chargeons la voiture pour ne pas avoir à le faire au réveil. Nous réalisons qu’elle est déjà pleine et qu’il faudra pourtant y ajouter Laurie et ses affaires une fois arrivés à Lyon. Heureusement que Fred s’est fait porter pâle, finalement. Après une trop courte nuit, nous sommes réveillés par Damien à 3h30 au doux son du clairon (si, si) et prenons la route à 4h15. Arrivés au péage de Fresnes-les-Montauban, nous avons une furieuse envie d’aller klaxonner devant chez Simon ! Tiens… D’ailleurs… Qu’est-ce qu’on fait ici ? Oups, on a raté la bifurcation vers l’A26 ! Demi-tour. Nous nous arrêtons dans une boulangerie pour prendre le petit déjeuner. Les viennoiseries sont en place, les lumières sont allumées, la porte grande ouverte, la caissière à son poste mais elle refuse de nous servir, il n’est pas encore 6 heures… Nous déjeunerons plus loin. Vers midi, nous retrouvons Laurie à l’arrêt-au-port de Lyon Saint-Exupéry et nous nous régalons du panier repas gentiment préparé par Thomas. Damien en profite pour appeler Dominique à Saint-Véran qui lui dit que, bien que le col du Lautaret soit fermé, “Whouauf … Ça passe !”. Coup de stress au moment de reprendre la voiture. David a perdu sa chèche. Après avoir reparcouru le chemin jusqu’au parking, il la retrouve finalement dans sa poche. Le GPS n’est pas d’accord avec Dominique et évite soigneusement le col du Lautaret, nous déviant par Gap.

la porte des étoiles n°39 3 • • • • VOYAGE

Souhaitant éviter la circulation, Damien nous trouve de jolies petites routes sinueuses qui semblent beaucoup l’amuser. Saluons au passage la performance de Laurie qui, contrainte de travailler sur son ordinateur durant le trajet pour livrer un projet urgent, n’a pas vomi, malgré tous les efforts de notre pilote conducteur. Une fois passé Gap, les routes et les paysages se font de plus en plus typiques et commencent à sentir bon l’observatoire. Nous faisons un petit arrêt à Château-Queyras pour acheter des herbes de génépi et essayer d’oublier l’âpreté de la cuvée 2016. [NDLR : la cuvée 2017 est délicieuse !]. Ultime arrêt devant le panneau Saint-Véran pour la traditionnelle photo, puis nous arrivons aux Gabelous à 17h30. Malgré tous nos efforts pour obtenir la chambre 4, si chère à Frédéric qui n’a pas pu nous accompagner, nous nous installons dans la chambre H. Pour toute ascension hivernale à l’observatoire, des choix s’imposent. Nous entamons le tri des sacs pour déterminer ce qui montera et ce qui ne montera pas. Nous nous résolvons à peine à abandonner une belle bouteille lorsque Dominique nous rejoint, vers 18h45, et nous propose de la prendre dans son sac le lendemain. Poulet, pâtes, fromages (on adore la faisselle !) et gâteau au yaourt à la table des Gabelous. Les “bonnes histoires de tonton Dominique” nous mettent dans l’ambiance pendant le repas. Il appelle d’ailleurs Joseph pour le prévenir que nous l’attendrons en bas des pistes à 8h30. Rencontrant le locataire de la chambre 4, si chère à Frédéric qui n’a pas pu nous accompagner, nous lui demandons si nous pouvons nous y introduire le temps d’une petite photo pour notre camarade absent.

L’ascension Après une nuit agitée d’impatience mêlée d’excitation, nous prenons un petit déjeuner gargantuesque (devrions- nous dire Gabelouesque ?), nous équipons et partons pour le pied des pistes. À 8h40, nous arrivons, penauds, avec un petit retard. Mais Joseph n’est plus là… Nous l’appelons. - “[voix rauque du matin] Vous allez louer les raquettes ? C’est ça ? - Non, non, on a tout. On t’attend, en fait. - “[voix rauque du matin] Ah, euh, j’arrive alors !” Nous croisons Dominique qui monte à ski et réalisons que nous aurions pu monter également à ski étant donné que c’est pour Frédéric que nous montions à raquettes ! Il est un peu trop tard pour changer. Nous démarrons l’ascension à 9h30. Vers 9h35, David, en queue de peloton, déclare “Je crois que mes 50 ans me rattrapent plus vite que prévu.”. Le ton est donné. L’ascension commence sous un Soleil de plomb. Laurie s’arrête toutes les 4 à 5 secondes pour retirer, une à une, des couches de vêtements. Un peu plus tard, David, déconcerté par la facilité de l’ascension, décide de descendre un à-pic de 50 mètres sur les fesses. Il est rapidement suivi par Damien, venu l’aider, qui dévale les 50 mètres en s’écorchant le bras sur la glace pilée. Laurie les rejoint pour les aider à remonter.

Une pause pendant l’ascension la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

La neige, présente par intermittence en de longs bancs, est molle, lourde et ne nous porte pas, malgré les raquettes que nous chaussons et déchaussons à chaque changement de terrain. On ne compte plus les “Ah, bah me voilà enfoncé jusqu’au calbute dans la neige !” parmi d’autres formulations aussi délicates qu’imagées. Après une pause d’une petite heure pour grignoter et profiter du paysage, Damien nous informe : “Encore deux virages et on voit la barrière. Et après, on est arrivés”. [NDLR : ceux qui ont lu le récit de nos épisodes précédents y verront une ressemblance avec Michel clamant tous les 50 mètres “Après la crête, là, on verra les coupoles !” cf la porte des étoiles, numéro 23 - hiver 2014]. Effectivement, deux virages plus loin, on voit la barrière. Enfin, on l’aperçoit. Là-haut, tout en haut, super loin, là-bas... Damien et Laurie arrivent vers 16 heures à l’observatoire, posent les sacs et, chauds, enchaînent avec la montée du pic. Pendant ce temps, David et Thomas continuent de ramper jusque la station, Enfin, la coupole ! accompagnés de leur Sherpa. Ils arrivent vers 17 heures et tout le monde s’installe à table pour prendre le repas… de midi… Dominique, sur place depuis plusieurs heures, a juste mis un peu de chauffage et démarré le groupe électrogène afin de laisser à Damien le soin de faire le reste de l’ouverture de la station. La plâtrée de pâtes-sauce-tomate a été la bienvenue, mais elle est déjà loin ! Nous enchaînons avec le repas du soir : cassoulet rallongé de haricots à la tomate, gratiné avec de la chapelure maison (biscottes et Krisprolls écrasées). Joseph a déjà repris la route du retour avec un petit groupe de randonneurs passés par là en fin d’après-midi. Dominique reste avec nous pour la nuit. À la tombée de la nuit, le ciel est potable, on se précipite donc pour démarrer les instruments. Damien, Thomas et David ouvrent le T500 pendant que Laurie ouvre le T62 avec Dominique en mentor. Elle a juste eu le temps de pointer Castor pour initialiser la bête, les garçons ont juste le temps de jeter un œil sur M51 et M82, que la brume tombe déjà, sonnant le glas de la première soirée et la fermeture des coupoles. De toutes façons, nous sommes claqués par l’ascension. Une nuit de repos nous fera le plus grand bien.

Un peu d’observation Réveil échelonné et petit déjeuner avec Dominique qui repart juste après, nous laissant en totale autonomie dans la station. Instant symbolique. Laurie, rattrapée par le boulot, passe la matinée devant un ordinateur, tandis que les autres s’adonnent à une activité essentielle à la station : glandouiller. En début d’après-midi, après avoir trouvé des boulons et des rondelles dans l’atelier pour improviser des jetons, on se fait un petit poker. David, qui n’avait jamais joué, nous plume tous, éhontément. [NDLR : a posteriori, il nous apparaît que l’hypoxie a sûrement altéré notre vigilance, nous empêchant de relever les innombrables tricheries Partie de poker dont David a très certainement été l’auteur]. Vers 15 heures, Damien et Laurie s’évertuent à essayer de jouer un morceau déprimant au piano, alors qu’ils ne savent visiblement pas jouer. Vers 16h30, David revient de l’atelier avec une corde... Suivi de Thomas, armé d’une clef à molette. La musique cesse de résonner dans la station. Un rapide coup d’œil à la météo nous promet une nuit pourrie et nous décidons de monter au pic pour l’apéro, histoire de ne pas y penser.

la porte des étoiles n°39  • • • •• •PATRIMOINE • • VOYAGE

L’observatoire enneigé vue depuis le pic de Châteaurenard Thomas redescend prématurément du pic avec la ferme intention de faire de la luge et des lasagnes pour le repas du soir. Pendant que Thomas prépare les lasagnes, David, Damien et Laurie restent dehors pour regarder le coucher du Soleil. Au moment précis où Thomas sort les lasagnes du four, les trois convives filent aux coupoles car le ciel s’est dégagé, contre toute attente. Thomas met le repas en attente dans le four encore chaud et rejoint Damien au T500 pendant que Laurie part ouvrir le T62 avec David. La coupole du T62, coincée, refuse de bouger, renvoyant Laurie et David au T500. Le T500 pointe dans les choux ! Damien tente de le réaligner mais le telrad… est en rade. Après avoir trouvé des piles pas complètement mortes à l’atelier, le T500 est enfin opérationnel. [NDLR : un appareil de ce calibre inutilisable à cause de deux piles LR6, c’est quand même idiot !]. Pendant ce temps, David exploite la forme de la coupole pour provoquer des rebonds acoustiques en parlant dans le dos de Laurie alors qu’il est devant elle. Perturbant. Nous passons une belle demi-nuit à nous régaler d’objets divers, alors que Coupole ouverte pour le T500 c’est le printemps depuis deux jours. Nous redescendons vers minuit manger les lasagnes de Thomas. Le ciel profite de notre absence pour se couvrir sournoisement et il ne nous reste plus qu’à fermer les coupoles. Nous ne le savons pas encore, mais pour cette mission, l’observation est terminée ! Jusqu’à 3 heures, nous guettons les éclaircies, accompagnés au piano par les deux musi-bricolos de service. la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

Paysages enneigés au lever du jour Jour d’équinoxe Damien et Laurie se motivent pour aller voir le lever du Soleil. Ils observent un beau rayon vert, et même un double rayon pour Damien qui remonte le long de la crête pour retourner dans l’ombre. Thomas et David font la grasse matinée. Laurie retourne à ses obligations professionnelles. Dominique arrive avec deux personnes qui viennent visiter la station en vue d’un tournage #danstaprod. On mange tous ensemble un plat improvisé avec les denrées trouvées dans la cambuse : le “Chili thon carne” semble convenir à nos invités. Damien et Laurie essayent de trouver ce qui ne fonctionne pas avec le T62 et finissent par monter sur le toit de la station pour débloquer la coupole. Au bout d’un moment, celle-ci accepte de tourner sans souci. David et Thomas sortent la Lunt pour observer le Soleil pendant que Laurie et Damien vont dormir pour récupérer la grasse matinée qu’ils n’ont pas eue… Il faut bien dormir à un moment. Thomas nous a fait un bon pain. Ah… le bon pain maison de l’observatoire ! Une autre photo de groupe Le soir arrive et la météo ne semble pas vouloir s’arranger : la nuit sera mauvaise et le reste de la semaine sera encore pire, avec un risque de grosses chutes de neige. Il va falloir songer à redescendre. Nous appelons Dominique qui nous confirme qu’il serait plus sage de descendre le lendemain matin en profitant d’une éclaircie. Nous commençons le rangement et le nettoyage de la station, et anticipons sur les premières étapes de la fermeture de station avant d’aller nous coucher. Toutes les heures, Laurie et Damien, téméraires, se relaient pour guetter la moindre éclaircie, en vain. Le GAAC laisse temporairement sa trace

Retour au village À 5h30, les deux insomniaques se lèvent pour aller attendre le lever du Soleil et un éventuel rayon vert. C’est littéralement à la dernière minute qu’un nuage vient se poser sur les crêtes d’où le Soleil doit émerger. Pas de rayon vert ce matin. Le nettoyage, le rangement et la fermeture de la station nous occupent la matinée. Après avoir tout vérifié, nous fermons la porte de la station, le cœur lourd. Nous commençons à redescendre en passant par les crêtes, dans Fermeture de la station et dernier coup d’oeil à la coupole une neige toujours aussi mauvaise. la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

Nous nous arrêtons à la grande table de pique-nique du Grand Serre pour casser la croûte et reprenons la descente. Nous prévoyons de gagner du temps en descendant le long du téléski. Rapidement, Thomas se met sur les fesses et amorce une belle descente en “luge sur fond de pantalon”. Les trois autres, amusés, se laissent aller à la glissade. Après 300 mètres de dénivelé avalés bien rapidement, nous sommes accueillis par un pisteur courroucé qui nous somme de regagner une piste et de descendre à pied, craignant que nous ne finissions notre course dans un poteau de remontée mécanique. Nous arrivons vers 15 heures chez Dominique qui nous prépare une plâtrée de pâtes au blé complet bio, avec du fromage et un petit vin blanc. Royal. Après le repas, nous nous régalons une fois encore des “bonnes histoires de tonton Dominique” nous contant les anecdotes de l’observatoire, nous montrant des photos... Damien est un peu distrait. Il échange fébrilement des mails et des SMS. Vers 17 heures, nous repartons de chez Dominique pour rejoindre les Gabelous. Il s’agit de ne pas rater le repas de 19 heures ! Malgré une grosse insistance, nous n’arrivons pas à avoir la chambre 4, si chère à Frédéric qui n’a pas pu nous accompagner. Nous logerons dans les chambres A et C, que nous n’avions encore jamais eu l’occasion de visiter. À table, nous discutons avec une dame qui nous pose beaucoup de questions sur l’observatoire et notre séjour là-haut. Le bœuf bourguignon polenta nous fait très envie, mais la plâtrée de pâtes de 17 heures n’est pas encore digérée, ce qui ravit notre camarade de table qui peut finir le plat. La Maison du Soleil Nous prenons un petit déjeuner gabelouesque et préparons nos sacs pour une randonnée dans la vallée en direction de la chapelle de Clausis. En cours de chemin, la météo se dégrade et la neige tombe abondamment, ce qui nous conforte dans notre choix d’avoir quitté l’observatoire. Laurie et Damien ne cessent de s’émerveiller (et de “casser les pieds” des autres) avec leurs magnifiques inénarrables et indispensables “chaînes à pieds” confectionnées à partir d’une vieille C’est par là ! chaîne textile de voiture. Le temps passe, la chapelle est encore loin et nous avons rendez-vous à la Maison du Soleil à 14 heures. Nous décidons de faire demi-tour et nous nous abritons dans une bergerie désaffectée pour manger. Une fois nos sandwiches avalés, nous reprenons la route des Gabelous, bien aidés par nos chaînes à pieds. Enfin, pour les chanceux qui en sont équipés. Bien s’équiper, c’est important ! Après une bonne douche, nous partons chez Dominique qui nous offre un café. Et une petite attention particulière pour Laurie : un pot de compote faite maison rien que pour elle. Le pot est englouti, au doigt, en quelques instants. Damien est de nouveau plongé dans ses mails et SMS. Quelque-chose se trame ! Nous partons pour la Maison du Soleil, ouverte spécialement pour nous. Malheureusement, comme nous n’avions pas réservé, le Soleil n’a pas pu se libérer et n’est pas présent.

En visite à la Maison du Soleil la porte des étoiles n°39  • • • • VOYAGE

Nous découvrons les multiples expériences proposées par la Maison du Soleil, suivant le chemin du faisceau de lumière du miroir extérieur jusqu’à chaque expérience, rencontrant ça et là un miroir ou une lentille pour le dériver ou le concentrer. Nous nous émerveillons devant le spectro. Arrivés devant la planeterella (simulateur d’aurores Des aurores polaires à Saint-Véran ! polaires), il ne faut pas insister longtemps pour que Dominique démarre l’expérience, sous nos La planeterrella de Saint-Véran yeux ébahis. Nous rentrons aux Gabelous. Toujours pas possible d’obtenir la chambre 4, si chère à Frédéric qui n’a pas pu nous accompagner. Ce sera la chambre H, dortoir pour nous quatre. Damien et Laurie, bien décidés à profiter de leurs chaînes à pied, décident de partir crapahuter vers la rivière et reviennent chargés de cailloux. Avant le repas, Damien passe un énigmatique coup de fil. À table, l’annonce tombe : demain, nous sommes attendus au Laboratoire Souterrain de Modane pour le visiter ! Nous retrouvons à table notre camarade de la veille. Quiche aux poireaux, suivie d’une poêlée de légumes et de diots. Pas de chance pour elle, ce soir, nous avons faim ! Nous en profitons pour souhaiter l’anniversaire d’Orval qui souffle sa première bougie sur une salade Bon anniversaire ! de fruits. Le Laboratoire Souterrain de Modane Nous prenons un petit déjeuner gabelouesque et passons à la supérette nous ravitailler avant de reprendre la route. Nous quittons déjà Saint-Véran mais notre destination nous enchante suffisamment pour rendre le départ moins douloureux. Notre route passe par l’Italie et nous traversons le tunnel du Fréjus vers la France. Une facture des Gabelous nous permet d’obtenir un pass à demi-tarif car nous sommes vacanciers. Durant notre traversée du tunnel, nous scrutons les renfoncements pour tenter d’y déceler l’entrée du labo. Vers le milieu du tunnel, une grande porte de garage blanche nous intrigue beaucoup... Après avoir pique-niqué sur un parking moche surplombant la gare moche de Modane, nous nous garons sur le parking du bâtiment CNRS/LSM. Damien a le cœur qui bat lorsqu’il appelle Ali, son contact au laboratoire. Ali sort du bâtiment et vient à notre rencontre. Il nous emmène vers le garage jouxtant le bâtiment. Nous enfilons des gilets de sécurité et montons dans la camionnette du LSM. Direction : le tunnel. À l’entrée de ce dernier, le passage de la frontière dans la camionnette estampillée LSM est une formalité. Nous entrons dans le tunnel et guettons de nouveau l’entrée du labo. Nous passons devant la porte de garage blanche qui nous intriguait. Raté, ce n’était pas du tout là. Un peu plus loin, la camionnette ralentit et vient s’arrêter sur une sorte de petite aire de détresse. De l’autre côté de la route, nous voyons la grande porte d’un abri anti-incendie. Il nous faut traverser la route, heureusement limitée à 70km/h. Les deux anciens se rappellent avec angoisse et nostalgie les heures passées à jouer à Froggy. Dans le tunnel, à l’entrée du laboratoire souterrain la porte des étoiles n°39 9 • • • • VOYAGE

Nous pénétrons dans l’abri de sécurité via un sas. Au fond de cet abri de sécurité, Ali nous invite à franchir la porte du laboratoire. Nous entrons alors dans un tunnel perpendiculaire au tunnel routier, sorte de large couloir cylindrique empli de machines diverses allant de la perceuse colonne... au piège à radon ! Au fond de ce couloir nous entrons cérémonieusement dans le cœur du labo. L’immense pièce, toujours au format tunnel, est impressionnante. D’énormes poutres métalliques renforcent la paroi. Une “machine” énorme se trouve au beau milieu de la pièce, bardée d’échafaudages, derrière des parois en plexiglass. Peut-être est-il temps de préciser au lecteur pourquoi ce labo est venu se nicher Le piège à radon à un endroit aussi improbable. Ce sont des particules très rares qui sont au centre des recherches du LSM. Les détecteurs ultra sensibles mesurant ces particules sont troublés par les rayons cosmiques à haute énergie, plus particulièrement par les muons. L’énorme épaisseur de roche (1700 mètres, soit l’équivalent, en qualité de piège à muon, d’une épaisseur d’eau de 4800 mètres) Vue générale du labo sous laquelle est cachée le labo permet de se trouver à l’abri de ces particules cosmiques. Le laboratoire est une sorte de “pièce blanche”, avec un flux de muons atténué d’un facteur deux millions par rapport à la surface. Tous les matériaux utilisés dans le laboratoire sont triés sur le volet afin de sélectionner ceux qui ont le taux de radiation le plus bas possible. Si bien que, au milieu de tout ça, les éléments les plus radioactifs du laboratoire… c’était nous ! Les détecteurs du LSM, pour se protéger des derniers rayonnements encore présents dans le laboratoire, sont cachés sous un premier blindage en polyéthylène puis sous une grosse épaisseur de plomb. Le souci du plomb est qu’il émet lui-même des radiations… Un plomb débarrassé de sa propre radioactivité serait idéal. C’est le cas du plomb archéologique, dont nous repérons rapidement au sol un énorme lingot. [NDLR : lors de la visite du GAAC au CEA le 7 mai 2015 (cf la porte des étoiles, numéro 30 - automne 2015), les chercheurs de l’IRFU nous avaient mentionné l’existence de ce plomb et son utilisation au LSM, ce qui nous avait immédiatement donné envie d’aller le visiter.] Ce plomb, retrouvé dans une galère romaine coulée au IVème siècle, a été protégé des rayons cosmiques et a (presque totalement) perdu sa radioactivité Un gros morceau de plomb naturelle. Sous la couche de blindage de plomb “moderne”, en dernier rempart archéologique pour protéger les capteurs, c’est donc une couche de plomb archéologique qui est installée afin d’arrêter les rayonnements du plomb moderne. Ne subsiste alors qu’un rayonnement infime perturbant peu les détecteurs. Ali nous explique les sujets de recherche du LSM : le neutrino ; le proton. Est-il stable ? Se désintègre-t-il ? La matière noire. Existe-t-elle ? Ali nous montre, entre autres, un détecteur utilisé pour diverses datations mais qui a notamment été utilisé pour dater des bouteilles de vin… qui se sont révélées être fausses ! Le site web du LSM regorge de documentation pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les activités du laboratoire.

Discussions avec notre hôte la porte des étoiles n°39 0 • • • • VOYAGE

Après une heure de visite dans une atmosphère très particulière qui a failli faire vaciller Laurie, nous quittons le laboratoire, traversons de nouveau la route dans le tunnel puis nous remontons dans la camionnette. Pour retourner au bâtiment CNRS/ LSM situé du côté français : direction l’Italie ! En effet, il est interdit de faire demi- tour dans le tunnel. Nous sortons en Italie et faisons demi-tour à la lumière du jour avant de reprendre le tunnel dans l’autre sens… Ce temps de trajet est l’occasion pour nous de bombarder Ali de nombreuses questions. Une fois revenus au bâtiment CNRS, nous remercions très chaudement Ali pour la visite du laboratoire (nous sommes des petits privilégiés, non ?) et il nous conseille quelques destinations un peu touristiques pour terminer notre séjour. Sur ses conseils, nous nous rendons à la “maison penchée” de Modane. Il s’agit d’un Blauckhaus qui a été projeté par l’explosion d’un train en 1944 et qui est venu se planter, intact mais penché, à quelques dizaines de mètres de son emplacement d’origine. Visiter la maison penchée est une expérience unique : les yeux, trop habitués aux lignes Troublante cette maison penchée verticales et horizontales de nos habitats modernes, envoient au cerveau des informations contradictoires avec l’inclinaison détectée (entre autre) par notre oreille interne. Vertige garanti. Voire même nausées pour certains. Mais de chouettes photos dans des positions improbables. La ville de Modane étant apparemment moche, nous filons sur Annecy. Nous nous ruons sur un Mac Do (c’est une tradition sur la route du retour de Saint-Véran) et Laurie nous cherche un endroit pour dormir. Nous montons une route sinueuse interminable pour rejoindre notre gîte, impatients de découvrir l’endroit. C’est un magnifique chalet en bois qui nous attend, tout laisse à penser que c’est un passionné de menuiserie qui a aménagé cette maison. C’est immense, on pourrait loger à 15. Ça devrait aller. Le retour Le matin, nous trouvons Thomas en train de prendre son café au Soleil sur l’immense balcon-terrasse, devant un panorama magnifique. Le ton de la matinée est donnée : glandouille pour tout le monde ! Après tout, c’est les vacances. Vers 12 heures, nous partons en quête d’une supérette pour nous ravitailler puis nous pique-niquons au bord du lac. Nous entamons ensuite une randonnée dans la montagne, en manque de dénivelé. Étonnamment, David galope devant. Nous cheminons jusqu’à une superbe cascade de 60 mètres puis nous rendons au “pont Bel endroit pour prendre son petit déjeuner des fées” (pourtant il est encore là). Pour terminer notre séjour en beauté, nous dénichons un joli petit restaurant à Annecy où nous dégustons une fondue savoyarde (malheureusement très passable). Nous regagnons le gîte dans la soirée pour un repos bien mérité. Le séjour touche à sa fin. Il faut bien rentrer un jour. Nous nous réveillons tôt, très tôt, même, à cause du changement d’heure intervenu dans la nuit. Au réveil, depuis le balcon, nous pouvons admirer la rectitude de l’isotherme zéro qui a coupé en deux les montagnes, saupoudrant de blanc leur moitié supérieure. Un train attend Laurie à la gare d’Annecy. Nous chargeons la voiture et prenons la route du retour. Débrief Pique-nique au bord de l’eau La météo, facteur essentiel de la réussite de nos sorties astro, aurait pu transformer notre semaine étoilée à la montagne en expérience complètement ratée. C’est vrai que côté étoiles, nous n’avons pas été gâtés et sommes revenus sans le moindre résultat astro. Malgré tout, notre semaine est bien loin d’être ratée pour autant. Côté montagne, d’un côté, nous avons pu faire de belles randonnées (ne serait-ce que l’épique ascension vers l’observatoire) dans des paysages merveilleux et respirant un air bien pur. Côté astronomie, nous nous sommes aussi bien régalés, malgré le peu d’observation : la Maison du Soleil mais aussi et surtout la visite du LSM nous ont enchantés et nous ont fait aborder l’astronomie sous un angle scientifique peu habituel. De l’avis de tous les quatre : ce serait à refaire en connaissant à l’avance le programme, on le referait ! la porte des étoiles n°39 1 • • • • LA GALERIE La galerie

Souvent de petites tailles, mais lumineuses et contrastées, les nébuleuses planétaires se prêtent à merveille aux télescopes de longues focales installés à l’observatoire Astroqueyras : en dessin avec le T62 ou en photo avec les RC 500...

La Voie lactée d’un horizon à l’autre, Même si l’automne n’est pas la lumière zodiacale, le gegenshein, les réputée pour ses galaxies, avec airglows... Tout un tas de phénomènes un ciel d’une grande transparence qu’il est impossible de voir dans comme celui de Saint-Véran, nos contrées septentrionales. Avec quelques cibles valent le détour. un simple réflex numérique, il y a Il est même possible d’explorer aussi beaucoup de phénomènes à les formations nébuleuses de nos immortaliser... proches voisines : M31 et M33. Nébuleuses sombres ou diffuses, amas ouverts ou globulaires, rémanents de supernova ou grands champs stellaire, en dessin ou en photographie, une mission d’une semaine à l’observatoire Astroqueyras, à condition que la météo soit clémente, c’est une multitude de résultats...

Sommaire

53...... Nébuleuses planétaires 60...... Promenades galactiques 67...... Ambiances célestes 77...... Et encore d’autres choses 93...... La petite dernière

la porte des étoiles n°39 2 • • • • LA GALERIE Nébuleuses planétaires

La nébuleuse de l’oeil de chat NGC 6543 Camera CCD Apogee U16000 et télescope RC500 - 16 octobre 2017 - Mathieu GUINOT

La nébuleuse annulaire de la Lyre M57 Canon EOS1000D et télescope Boren-Simon 200 F2.8. 17 octobre 2017 - F. LEFEBVRE et D. FAYOLLE la porte des étoiles n°39 3 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire Dumbbell M27 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200. 19 octobre 2017 - Carine SOUPLET et Yann PICCO

La nébuleuse planétaire Little Dumbbell M76 La nébuleuse annulaire de la Lyre M57 Oculaire Ethos 13mm et T620/9200. Oculaire Ethos 13mm et T620/9200. 20 octobre 2017 - Carine SOUPLET 14 octobre 2017 - André BARBARIN

La nébuleuse planétaire NGC 40 Oculaire Ethos 21 mm et T620/9200. 16 octobre 2017 - Cédric GIRAUD

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire Pease 1 au sein de l’amas globulaire M15 Caméra ASI1600MM-Cool et télescope RC500 15 octobre 2017 Mathieu SENEGAS

Dessins de l’amas globulaire M15 et de la nébuleuse planétaire Pease 1 Oculaire Ethos 8 mm et T620/9200. 17 octobre 2017 - Michel PRUVOST et Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Dessins de la nébuleuse planétaire Humason 1-1 Oculaire Ethos 8 mm et T620/9200 - 16 octobre 2017 - C. SOUPLET, M.PRUVOST, S. LERICQUE

Dessins de la nébuleuse planétaire NGC 2022 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - C. GIRAUD, C.SOUPLET, Y. PICCO

Dessins de la nébuleuse planétaire de l’oeil de Cléopâtre NGC 1535 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - C. GIRAUD, C.SOUPLET, Y. PICCO

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Dessins de la nébuleuse planétaire NGC 7354 - Oculaire Ethos 8 mm et T620/9200 - 16 octobre 2017 Carine SOUPLET - Yann PICCO - Michel PRUVOST - Simon LERICQUE

Dessins de la nébuleuse planétaire du crâne NGC 246 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 16 octobre 2017 - C. SOUPLET, C. GIRAUD, Y. PICCO

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Dessins de la nébuleuse planétaire Blue Snowball NGC 7662 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - C. SOUPLET, Y. PICCO, A. BARBARIN

Dessins de la nébuleuse planétaire NGC 6790 Oculaire Ethos 8 mm et T620/9200 - 15 octobre 2017 - Michel PRUVOST et Simon LERICQUE

Dessins de la nébuleuse planétaire NGC 7094 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 19 octobre 2017 - Simon LERICQUE et Michel PRUVOST la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire NGC 7009 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 17 octobre 2017 Yann PICCO

Haro 3-75 Abell 12 IC 4997

Jones 1 NGC 6439 NGC 6567

NGC 6578 NGC 6879 PK 242-11.1

Dessins réalisés au T620/9200, oculaires Lanthanum 42, Ethos 21, 13 et 8 mm 14, 15, 17 et 19 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39 9 • • • • LA GALERIE Promenades galactiques

La galaxie d’Andromède Camera CCD QSI683ws8 et objectif Samyang 135mm - 20 octobre 2017 - Mathieu GUINOT la porte des étoiles n°39 0 • • • • LA GALERIE

La galaxie d’Andromède M31 Canon 500D et téléobjectif 200mm NIKON D90 et objectif 70/300 - 16 octobre 2017 16 octobre 2017 - André BARBARIN Arnaud CARPENTIER

L’amas ouvert NGC 206 dans la galaxie d’Andromède Camera CCD Apogee U16000 et télescope RC 500mm - 16 octobre 2017 - Mathieu GUINOT la porte des étoiles n°39 1 • • • • LA GALERIE

Dessins de l’amas ouvert NGC 206 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 - xx octobre 2017 - Cédric GIRAUD et Michel PRUVOST

Dessins de la galaxie M106 et de la galaxie M108 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 - 19 octobre 2017 - Simon LERICQUE

Les environs de NGC 7331 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 19 octobre 2017 Yann PICCO la porte des étoiles n°39 2 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse NGC 604 dans la galaxie du Triangle M33 Oculaire Ethos 13 mm et T620/9200 - 15 octobre 2017 - Y. PICCO, M. PRUVOST et S. LERICQUE

Les nébuleuses NGC 588, 592 et 595 dans la galaxie du Triangle M33 Oculaire Ethos 21 mm et T620/9200 - 15 octobre 2017 - Michel PRUVOST

Ci-dessus, la nébuleuse NGC 595

Ci-contre, les environs de NGC 588 Oculaire Ethos 21 mm et Les environs de NGC 592 et NGC 595 dans T620/9200 la galaxie du Triangle M33 15 octobre 2017 Oculaire Ethos 21 mm et T620/9200 15 octobre 2017 - Simon LERICQUE Yann PICCO la porte des étoiles n°39 3 • • • • LA GALERIE

La galaxie du Sculpteur NGC 253 Vue détaillée : Camera CCD Apogee U16000 et télescope RC 500mm - 20 octobre 2017 - M. GUINOT Vue large : Canon 1000D et Boren-Simon 200 F2.8 - 20 octobre 2017 - F. LEFEBVRE et D. Fayolle

La galaxie NGC 7640 Oculaire Ethos 21mm et T620/9200 - 16 octobre 2017 - Yann PICCO et Michel PRUVOST la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La galaxie NGC 2403 Caméra ASI1600MM-Cool et RC 500 - 19 octobre 2017 - Mathieu SENEGAS

La galaxie IC 10 Camera CCD Apogee U16000 et télescope RC 500mm 18 et 19 octobre 2017 Mathieu GUINOT la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La galaxie NGC 1073 Caméra ASI1600MM-Cool et RC 500 - 17 octobre 2017 - Mathieu SENEGAS

La galaxie NGC 891 Camera CCD Apogee U16000 et télescope RC500 17 octobre 2017 Mathieu GUINOT

La galaxie NGC 7331 Canon 1000D et télescope RC 500 18 octobre 2017 F. LEFEBVRE et D. FAYOLLE

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE Ambiances célestes

La Voie lactée croise la lumière zodicale au-dessus de la coupole du T62 APN Canon 6D et objectif 35mm - 20 octobre 2017 - Philippe SENICOURT la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Voie lactée et airglows au-dessus du village de Saint-Véran APN Canon 6D et objectif 35 mm - 16 octobre 2017 - Philippe SENICOURT

Voie lactée au-dessus de l’observatoire La Voie lactée d’été et ses nuages sombres Canon 5D mark III et Sigma 14mm Canon 7D et objectif Samyang 24mm 18 octobre 2017 16 octobre 2017 Vincent PROUVOYEUR Philippe SENICOURT

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Lumière zodiacale et Voie lactée Canon 5D mark III et Sigma 14mm 18 octobre 2017 Vincent PROUVOYEUR

Le Gegenshein Canon 5D mark III et Sigma 14mm 18 octobre 2017 Vincent PROUVOYEUR

Panorama montrant la Voie lactée et le Gegenshein APN Canon 5D mark III et Sigma 14mm - 18 octobre 2017 - Vincent PROUVOYEUR la porte des étoiles n°39 9 • • • • LA GALERIE

Lune, Venus, lumière zodiacale et étoile filante Canon 7D et objectif Tokina 11-16 - 17 octobre 2017 - Simon LERICQUE

Lumière zodicale matinale Canon 7D et objectif Tokina 11-16 - 18 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39 0 • • • • LA GALERIE

Lever de la Lune et de sa lumière cendrée accompagnée de Vénus APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70-300 - 18 octobre 2017 - Simon LERICQUE

Panorama au lever du jour APN Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm - 18 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39 1 • • • • LA GALERIE

Le croissant de Lune et Vénus au lever du jour APN Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70-300 - 18 octobre 2017 - Simon LERICQUE

Le GAAC est passé par là... APN Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm - 14 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39 2 • • • • LA GALERIE

La Terre tourne

En haut, APN Canon 7D et objectif Peleng 8mm - 16 octobre 2017 Simon LERICQUE

Ci-contre, Canon 60d et objectif 17-50mm 16 octobre 2017 Mathieu GUINOT

Longue circumpolaire APN Canon 5D mark III et Sigma 14mm - 18 octobre 2017 - Vincent PROUVOYEUR la porte des étoiles n°39 3 Timelapse d’ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=4432u3O5K1A&feature=youtu.be Vincent PROUVOYEUR

Timelapse d’ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=MF4jkx7u-TU&feature=youtu.be Philippe SENICOURT

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Rayons anticrépusculaires Canon EOS 6D et objectif 35mm - 16 octobre 2017 - Philippe SENICOURT

Rayons crépusculaires et anticrépusculaires Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-16 - 16 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Halo de 22° et arc infralatéral - Canon EOS 7D, objectif Peleng 8mm et téléobjectif 70-300 mm La Salle en Beaumont (38) - 13 octobre 2017 - Simon LERICQUE

Parhélie de 120° au Smartphone La Salle en Beaumont (38) 13 octobre 2017 - Stéphane RAZEMON

Parhélies lumineux et colorés - Canon EOS 7D et téléobjectif 70-300 mm La Salle en Beaumont (38) - 13 octobre 2017 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE Et encore d’autres choses...

Mosaïque du ciel d’été en SHO Caméra QSI 683ws8 et objectif Samyang 135mm - Du 13 au 19 octobre 2017 - Mathieu GUINOT la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Les nébuleuses de l’âme et du coeur IC 1805 et IC 1848 Caméra QSI 683ws8 et objectif Samyang 135mm - 19 octobre 2017 - Mathieu GUINOT

L’amas globulaire M2 Canon EOS 1000D et télescope Boren-Simon 200 F2.8 19 octobre 2017 François LEFEBVRE et David FAYOLLE

la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La nébuleuse de l’étoile flamboyante- Canon EOS 1000D et télescope Boren-Simon F2.8 18 octobre 2017 - François LEFEBVRE et David FAYOLLE la porte des étoiles n°39 9 • • • • LA GALERIE

L’amas ouvert des Pléiades M45 - Canon EOS 1000D et télescope Boren-Simon F2.8 16 octobre 2017 - François LEFEBVRE et David FAYOLLE

L’amas ouvert des Pléiades M45 en grand champs - NIKON D90 et objectif 70/300 16 octobre 2017 - Arnaud CARPENTIER

Nébulosités dans Orion NIKON D90 et objectif 70/300 17 octobre 2017 Arnaud CARPENTIER

la porte des étoiles n°39 0 • • • • LA GALERIE

Nébulosités dans la constellation d’Orion Canon EOS 350D baaderisé et objectifs 50 mm et 135mm 16 octobre 2017 - Stéphane RAZEMON

La nébuleuse d’Orion, la nébuleuse de la Flamme, la nébuleuse de la Tête de cheval Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 - 17 octobre 2017 - Cédric GIRAUD la porte des étoiles n°39 1 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse d’Orion Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 14 octobre 2017 Cédric GIRAUD

La nébuleuse de la Flamme CCD Apogee U16000 et télescope RC 500 - 18 octobre 2017 - Mathieu GUINOT la porte des étoiles n°39 2 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse de la Rosette Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 - 19 octobre 2017 - Cédric GIRAUD

La nébuleuse de l’étoile flamboyante Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 - 15 octobre 2017 - Cédric GIRAUD la porte des étoiles n°39 3 • • • • LA GALERIE

Grands champs dans Cassiopée et le Cocher Canon EOS 350D Baaderisé et objectif 135mm - 15 octobre 2017 - Stéphane RAZEMON la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La nébuleuse de la tête de sorcière Nébulosités autour de Sadr Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 17 octobre 2017 - Cédric GIRAUD 19 octobre 2017 - Cédric GIRAUD

L’amas ouvert M52 et la nébuleuse de la Bulle Canon EOS 1000D et télescope Boren-Simon F2.8 - 15 octobre 2017 - F. LEFEBVRE et D. FAYOLLE la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

En haut, grand champs autour des dentelles du Cygne ; en bas nébuleuses de l’âme et du coeur Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 - 15 et 19 octobre 2017 - Cédric GIRAUD la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

Les nébuleuses de l’Amérique du Nord et du Pélican Canon EOS 1200D défiltré et objectif 70-200 - 15 octobre 2017 - Cédric GIRAUD la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

La nébuleuse du Crabe M1 Caméra ASI1600MM-Cool et RC 500 - 17 octobre 2017 - Mathieu SENEGAS

La nébuleuse du Crabe M1 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 - 14 octobre 2017 - Michel PRUVOST et Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39  • • • • LA GALERIE

L’amas ouvert NGC 2362 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 16 octobre 2017 - Simon LERICQUE

La nébuleuse M78 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - Yann PICCO et Simon LERICQUE

La nébuleuse Cederblad 211 Oculaire Ethos 13mm et T620/9200 - 19 octobre 2017 - Michel PRUVOST et Simon LERICQUE la porte des étoiles n°39 9 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse IC 1470 Oculaire Ethos 13mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - Simon LERICQUE et Carine SOUPLET

La nébuleuse NGC 6857 Oculaire Ethos 13mm et T620/9200 - 17 octobre 2017 - Michel PRUVOST et Simon LERICQUE

La nébuleuse variable de Hubble NGC 2261 Oculaire Ethos 21mm et T620/9200 18 octobre 2017 - Yann PICCO la porte des étoiles n°39 90 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse Pacman NGC 281 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 19 octobre 2017 - Simon LERICQUE

La nébuleuse Pacman NGC 281 Oculaire Ethos 21mm et T620/9200 19 octobre 2017 - Cédric GIRAUD

La nébuleuse Pacman NGC 281 Oculaire Lanthanum 42mm et T620/9200 19 octobre 2017 - Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°39 91 • • • • LA GALERIE

Le Soleil en Hα à gauche et en Calcium à droite Caméra ZWO ASI 224MM, lunettes solaires Lunt 60 hα et Lunt 60 CaK - 16 octobre 2017 - M. GUINOT

Le Soleil en Hα Caméra ASI 174 et Lunt 60 B1200 Hα - 15 octobre 2017 - Philippe SENICOURT la porte des étoiles n°39 92 La petite dernière

La ‘‘petite dernière’’ de ce numéro spécial de la porte des étoiles est l’oeuvre de Dominique Menel, l’homme de l’observatoire, qui nous accueille et qui nous aide à survivre chaque année à 3000 mètres d’altitude... Ces belles lueurs crépusculaires sont récurrentes là-haut, dès que l’horizon se voit parer de quelques nuages. Celles-ci ont été immortalisées le lendemain de notre départ de Saint-Véran par Dominique, qui s’est empressé de nous les faire partager. Comme un dernier regard à notre exceptionnelle semaine, alors que nous étions tous de retour dans les plaines du grand nord... Après une semaine passée à 3000 mètres, en isolement total (ou presque), le retour à la vie quotidienne est toujours un peu difficile... Ce genre de photographie ne nous y aide pas vraiment.

la porte des étoiles n°39 93