Bulletin de La Société Bulletin ded’histoire La Société et ded’histoire généalogie et de généalogie Bulletindes des Hautes Hautesde La -SociétéLaurentides-Laurentides d’histoire et de généalogie Numéro 6 des Hautes Numéro-Laurentides 7 Printemps 2010 NuméroHiver 6 2009 5 $ 5 $ Printemps 2010

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La Laurentie est publiée 4 fois par année par Sommaire La Société d’histoire et de généalogie des Hautes- Laurentides 385, rue du Pont, C.P. 153, Mont-Laurier (Québec) J9L 3G9 Propos à l’air libre 3 Téléphone : 819-623-1900 Télécopieur : 819-623-7079 Courriel : [email protected] Des nouvelles de votre Société 4 Site internet : www.genealogie.org/club/shrml/

Heures d’ouverture : Du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h et de 13 h à 17 h. Dossier Personnages importants :

Rédacteur en chef : Les députés fédéraux du comté Labelle 5 Gilles Deschatelets Le droit de vote des femmes 10 Équipe de rédaction : Suzanne Guénette, Louis-Michel Noël, Les députés provinciaux du comté Labelle 11 Geneviève Piché, David Saint-Germain

Le clergé, au cœur du développement de 15 Impression : Imprimerie L’Artographe la région

Conseil d’administration 2009-2010 : Des femmes impliquées dans leur 19 Gilles Deschatelets (président), Shirley Duffy (vice-prési- communauté dente), Daniel Martin (trésorier), Gisèle L. Lapointe (secrétaire), Marguerite L. Lauzon (administratrice), La face cachée des institutrices rurales 26 Danielle Ouimet (administratrice), Lise Clément (administratrice), Raymond Hamel, administrateur. Nos responsables : Généalogie : Daniel Martin, Louis-Michel Noël Responsable administrative et webmestre : Suzanne Guénette Archiviste : David Saint-Germain Personne ressource : Denise Florant Dufresne.

Cotisation annuelle : La cotisation annuelle des membres (25$) comprend l’abonnement à La Laurentie. École de rang typique Abonnement : 20 $ pour les 4 numéros annuels ou 25 $ pour abonnement de soutien et membership. Raymond Dinelle, précurseur des cours 28 Les articles peuvent être reproduits avec mention universitaires à Mont-Laurier de la source, sauf lorsque apparaît le signe . Les opinions émises dans les articles publiés n’engagent Mots croisés et photo mystère 29 que leurs auteurs et non la Société.

Encourageons nos commanditaires 30 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN 1919-6830

Page couverture : Devant le parlement d’Ottawa, les députés fédéraux : Henri Bourassa et Johanne Deschamps. Devant l’Assemblée nationale, les députés Albiny Paquette et Sylvain Pagé. 2 Propos à l’air libre Gilles Deschatelets

Cinq de mes tantes, Bella, Édith, Gabrielle, Gilberte et Florence, ont été institutrices rurales en Abitibi dans les années 1940-1950. Elles enseignaient souvent dans des bâtiments ouverts aux quatre vents, sans isolation et sans aucune commodité. Les élèves qu’elles accueillaient, le mot prend ici tout son sens, arrivaient le matin après avoir marché plusieurs kilomètres le ventre vide. Ils n’avaient pas non plus de lunch pour dîner. Ils s’agglutinaient autour du poêle car ils avaient eu froid, même à six dans le même lit, dans leur maison pas toujours chauffée la nuit. Ils s’endormaient malgré eux dans la bonne odeur de la soupe que Mademoiselle Delisle avait préparée avec quelques légumes et quelques os apparus comme par miracle. Ils allaient manger et avoir enfin chaud.

Ces femmes admirables, isolées au fond des rangs des colonies, ont nourri l’esprit et souvent l’estomac de milliers d’enfants. Et dans des conditions qu’on peut à peine imaginer aujourd’hui. Elles ont apporté un minimum de connaissances et de curiosité intellectuelle à plusieurs générations de nos aïeux : à nos parents, à nos grands-parents, à nos arrière-grands-parents, à nos arrière-arrière-arrière.

Nous voulions dans ce numéro rendre hommage aux femmes et aux hommes qui ont bâti notre coin de pays. Rendre hommage aux personnages publics, il le faut bien. Mais aussi, et surtout, pour moi, rendre hommage aux héros obscurs qui l’ont bâti jour après jour. Pour les représenter, nous avons choisi de parler des institutrices rurales. Comme vous le verrez, en plus de travailler dans des conditions impossibles, elles touchaient des salaires de misère. Et tant qu’à l’équité salariale …

Saviez-vous que nos cantons du nord ont appartenu à la circonscription électorale d’Ottawa? Nous vous présentons un aperçu de l’historique de la circonscription de Labelle, au niveau fédéral et provincial, et des députés qui l’ont représentée. Nous traçons un bref portrait de chacun. S’il vous apparaît trop court, c’est que certains de ces personnages feront l’objet d’articles plus approfondis plus tard. Il en est de même pour les membres du clergé et certaines femmes marquantes.

Puisque nous parlons de représentativité électorale, nous voulons souligner le soixante-dixième (70e) anniversaire du droit de vote des Québécoises, acquis le 25 avril 1940 après une longue lutte. Notre vénérable député, Henri Bourassa, écrivait à ce propos : «… les Canadiennes-françaises risquent de devenir des «femmes publiques», «de véritables femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la femme-mère et la femme-femme». (source : revue Cap-aux-Diamants, no 21, printemps 1990, p.20).

Le cardinal Bégin (Québec) renchérissait : «L’entrée des femmes dans la politique, même par le seul suffrage, serait pour notre province un malheur. Rien ne le justifie, ni le droit naturel, ni l’intérêt social; les autorités romaines approuvent nos vues qui sont celles de tout notre épiscopat.» (source : idem p.23). Le conseiller législatif, L.-A. Giroux, en rajoute : «On invoque l’argument de similitude avec les autres provinces, comme si pour certains le progrès consiste à singer ce que font les autres. Québec a ses traditions, ses coutumes et elles sont sa force et sa grandeur. Advenant l’adoption de ce bill, la femme ressemblerait à un astre sorti de son orbite.» (extrait des débats du 25 avril 1940 à l’Assemblée législative.)

C’était en 1940, on se croirait au Moyen Âge. Bonne lecture.

P.S. Je dédie ce numéro à mes chères tantes, maîtresses d’école.

3  Des nouvelles de votre Société Ne manquez pas nos activités commémoratives du 125e de Mont-Laurier Exposition «Du Rapide-de-l’orignal à Mont-Laurier 1885-2010» 125 ans d’images et d’objets évoquant l’histoire de Mont-Laurier à travers divers thèmes : exploitation forestière, agriculture et colonisation, éducation, patrimoine religieux, culture, sports et loisirs, évolution du paysage, portraits de familles.

Au Studio de la Maison de la Culture, au 385, rue du Pont, Mont- Laurier. Du 24 juin au 15 août 2010, du mercredi au dimanche, de 14h à 20h. Entrée gratuite.

Circuit pédestre « Marchons notre histoire » En juillet et août : Visite commentée dans les rues de Mont-Laurier, d’une durée de 1 heure ou de 3 heures, avec possibilité d’une visite guidée de la Cathédrale. Départ du mercredi au dimanche, à 10 h et à 14h, du hall de la Maison de la culture, au 385 rue du Pont, Mont-Laurier. Tarif : 1 h/ 2 $, 3 h/8 $.

Calendrier du 125e En décembre 2009, la Société d'histoire a publié un calendrier soulignant le 125e de Mont-Laurier. Composé de 200 éphémérides et de 60 photos, ce calendrier vous permet d’en apprendre davantage sur l'histoire de cette municipalité. Il ne reste que quelques exemplaires disponibles! Procurez-vous le au coût de 4 $ au local de la Société, au 385 rue du Pont, aux Tabagies Pellerin et Le Calumet (de la Plaza Paquette) ainsi qu'à la Librairie Jaclo.

Échanges de revues Plusieurs sociétés d’histoire ou de généalogie ont répondu à l’invitation de la Société de procéder à un échange de revues ou bulletins. Ce sont : La Société de généalogie de Longueuil, Société de généalogie des Laurentides, Société d’histoire d’Amos, Société d'histoire de la MRC L'Assomption, Société d'histoire de la Rivière-du-Nord, Société d'histoire d'Oka, Société d'histoire du Lac Saint-Jean, Société d'histoire et de généalogie de Salaberry, Société d'histoire et de généalogie des Milles- Îles, Société d'histoire et de généalogie des Pays-d'En-Haut, Société d'histoire et de généalogie des Quatre- Lieux, Société d'histoire régionale Deux-Montagnes, Société historique Louis-Joseph-Papineau.

Membriété De nouvelles municipalités de la MRC d’Antoine-Labelle sont devenues membres de notre Société : Chute- Saint-Philippe, Kiamika, Lac-du-Cerf, Lac-Saguay, Notre-Dame-de-Pontmain, Lac-des-Îles et Sainte-Anne-du- Lac se joignent à Mont-Laurier et Ferme-Neuve.

4 Les députés fédéraux du comté Labelle

Par Gilles Deschatelets

L’Acte d’Union regroupait, en 1841, le Bas- représente du 30 juin 1863 jusqu’au 1er juillet Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario). 1867. Sous le régime confédératif, il conserve son Leurs 84 députés, 42 pour chacune des siège de 1867 à 1891, étant élu en 1872, 1874, constituantes, siégeaient dans une seule et même 1878, 1882 et 1887 toujours sous l’étonnante Assemblée législative. Le territoire des Hautes- bannière libérale-conservatrice. Il était le petit-fils Laurentides faisait alors partie du vaste comté de , fondateur de Hull et potentat d’Ottawa qui englobait la Petite Nation, tout-puissant dans la région. l’Outaouais et une grande partie des Laurentides Alonzo devient entre- jusqu’aux cantons de Bouthillier, Kiamika et preneur forestier en 1846 Campbell. La superficie des comtés était alors si quand il doit voir à grande que la même circonscription pouvait élire l’administration des scie- deux députés. Leur nombre, toujours réparti ries, glissoires, barrages et également, passera de 84 à 130 en 1854. On y concessions forestières fa- recense, en 1844, 9 060 anglophones et 3 353 miliales. Il devra attendre francophones; il ne faut donc pas s’étonner si plusieurs années avant de plusieurs députés du comté d’Ottawa portent des s’adonner au genre de vie noms anglais. qu’il affectionne, celui de Dans le premier parlement régi par l’Acte gentleman farmer. Sa d’Union, le comté d’Ottawa est représenté, du 8 fortune lui permet de se avril 1841 au 23 septembre 1844, par deux consacrer à l’élevage Alonzo Wright députés, C.D. Day et Denis-Benjamin Papineau. d’ovins, de bovins et de Nommé ministre, ce dernier siégera ensuite seul chevaux de race, à la politique et à ses lectures. Il du 12 novembre 1844 au 6 décembre 1847. Lui est pour ses concitoyens un «seigneur» que la succède M. J. Egan du 24 janvier 1848 jusqu’en résidence et le mode de vie princier consacrent 1854; puis A. Cooke du 10 août 1854 au 28 «Roi de la ». Il ne sera pas un député novembre 1857. flamboyant, mais apprécié et écouté. Il connaît les besoins de sa région et s’en fait le défenseur. Il L’Acte d’Union est aboli en 1864 suite aux lutte pour le développement de l’agriculture, de la négociations des Pères de la Confédération à colonisation et des moyens de transports (canaux Charlottetown et à Québec. L’Acte de l’Amérique er sur l’Outaouais et chemin de fer). Homme cultivé, du Nord Britannique est proclamé le 1 juillet il respectait la culture française et était un 1867 et crée le Dominion du Canada réunissant les défenseur de l’égalité entre les deux peuples quatre provinces fondatrices : le Québec, fondateurs. Peu avant son retrait de la vie l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau- politique, Wright pourfend en Chambre les Brunswick. Le Québec conserve ses 65 divisions menées de l’Equal Rights Association qui veut, électorales. Il existe maintenant deux Assemblées entre autres choses, l’abolition du réseau d’écoles législatives, mais un député peut représenter un publiques catholiques et protestantes au comté provincial et un comté fédéral simultané- Manitoba. ment. La carrière de Charles Ramsay Devlin est Les deux derniers députés du comté d’Ottawa intéressante à plus d’un titre. Fils d’immigrants seront Alonzo Wright et Charles Ramsay Devlin. La irlandais catholiques, il étudia au petit séminaire carrière politique d’Alonzo Wright s’étale de 1863 de Montréal de 1871 à 1877, puis à l’Université à 1891. Élu pour la première fois sous l’Union, il la Laval de 1879 à 1881. Élu sous la bannière libérale

5 le 5 mars 1891, il sera le dernier député du comté Le nouveau district électoral de Labelle, issu d’Ottawa qui disparaît en 1892 en étant subdivisé de la division du comté d’Ottawa, s’étend de en deux nouvelles circonscriptions : Labelle et Montebello à Buckingham et comprend, entre Wright. Devlin sera élu dans Wright aux élections autres, les cantons de La Minerve, Joly, Marchand, générales du 23 juin 1896, mais il démissionne, le Kiamika et Campbell et tout le territoire non- 15 mars 1897, pour protester contre le compromis organisé à l’est de la rivière du Lièvre et au sud de Laurier-Greenway qui annule, à toutes fins la limite sud du comté de Montcalm. La première pratiques, un projet de loi réparatrice du élection s’y tiendra en 1896 et marquera le début gouvernement de Mackenzie Bowell en vue de des vingt et un ans de règne de Henri Bourassa restaurer les droits scolaires des catholiques (1896 à 1907 et 1925 à 1935). manitobains. Wilfrid Laurier le nomme alors Henri Bourassa est élu député libéral de délégué commercial du Canada en Irlande, poste Labelle le 23 juin 1896 avec qu’il serait le premier à occuper. Orateur 2 175 voix soit 56,04% du talentueux, il prononce des discours un peu vote. Il ne faut pas partout en Irlande et se prononce ouvertement en s’étonner du petit nombre faveur d’une plus grande autonomie pour les de votes car ni les femmes, Irlandais. Il se présente même sous la bannière du ni les jeunes n’ont encore Parti nationaliste et est élu député de Galway à la le droit de voter. Le Chambre des Communes de la Grande-Bretagne gouvernement fédéral leur de 1903 à 1906. Puis, réélu la même année, il accordera en 1918 et décide de revenir sur la scène politique Québec le 25 avril 1940. Le Henri Bourassa canadienne. À la faveur d’une élection partielle, il parti libéral remporte en sera élu député de Nicolet le 29 décembre 1906. Il 1896 une éclatante victoire et Wilfrid Laurier démissionne le 29 octobre 1907 pour revenir en devient le premier canadien-français élu Premier novembre de la même année et être réélu en Ministre du Canada. 1908. Quatre ans plus tard, il remporte la victoire dans deux circonscriptions, Nicolet et Henri Bourassa est, pour ainsi dire, né dans la Témiscamingue, dont il sera député jusqu’à sa politique. Il est le fils de Napoléon Bourassa, mort le 1er mars 1914. Homme politique né, il peintre de renom, et de Marie-Azélie Papineau, n’était cependant pas un homme de parti et il fille du patriote Louis-Joseph. Son arrière-grand- rompit avec le parti libéral en plusieurs occasions père, Joseph Papineau, et deux de ses oncles ont quand il estimait que son chef s’était éloigné des aussi été députés. C’est un homme de principes principes fondamentaux du libéralisme. animé d’une foi vive et d’un nationalisme fort; sa voix de tribun captive et il attire partout de grandes foules. Il visitera la région lors de sa première campagne électorale en diligence par le chemin Chapleau puis en canot.

Charles Ramsey Devlin Discours d’Henri Bourassa devant le Palais de Justice de Mont-Laurier, en 1926 6 Le 26 octobre 1899, il claque la porte du Parti Honoré Achim le 21 septembre 1911 par moins de libéral pour protester contre la participation du cent voix. Canada à la guerre menée par l’Angleterre contre Admis au Barreau de la province de Québec le les Boers en Afrique du Sud. Opposé à toute 12 janvier 1906, Honoré Achim exercera à participation aux guerres de l’Empire britannique, Drummonville, Nominingue et Montréal et sera il craint que ce précédent soit imité. Lors de principal conseiller juridique de la Compagnie des l’élection partielle du 18 janvier 1900, il se chemins de fer de la Rivière-Rouge. Il rompt avec présente comme indépendant et est élu par son parti lors du dépôt du projet de loi sur la acclamation. Le fin renard politique qu’est Wilfrid conscription en 1917 et passe à l’opposition Laurier ne présente pas de candidats contre lui libérale. Il ne se porte pas candidat aux élections sachant que la position de Bourassa contre la fédérales générales de 1917, mais est élu, sans guerre lui vaudra des votes au Québec lors des opposition, député libéral à l’Assemblée législative prochaines élections. Elles ont lieu le 7 novembre (Québec) dans Labelle. Réélu en 1919, il se retire de la même année et Bourassa l’emporte sous quand il est nommé, le 13 octobre 1921, magistrat l’étiquette libérale. Il sera réélu en 1904. Choqué du district de Hull et Pontiac. Il occupe cette par la loi prohibant l’enseignement du français au fonction jusqu’en 1948. Manitoba, il quitte pour la scène provinciale le 29 octobre 1907. Il sera élu dans le comté de Saint- En 1915, sont détachés du comté la région de Jacques. Plus tard, il affirmera dans ses Buckingham et, plus près de nous, les cantons «Mémoires» que ce passage à la scène provinciale Blake, McGill, Wells et Wabassee. À l’élection sera «l’erreur capitale de (sa) vie publique». suivante, le 17 décembre 1917, l’avocat Hyacinthe Fortier l’emporte par acclamation. Avocat de la Il a été un grand défenseur des colons de son Couronne pour le district d’Ottawa, Hyacinthe comté en leur obtenant des avantages pratiques : Fortier sera Bâtonnier du district de Hull de 1912 à écoles, beurreries, fromageries, services postaux, 1916. Élu député libéral dans le comté provincial chemins et chemin de fer. Le pire ennemi du de Labelle en 1912, il est nommé, l’année colon, déclarait-il, est le spéculateur qui se fait suivante, membre du Conseil de l’instruction octroyer des lots de colonisation, les dépouille de publique. Réélu sans opposition en 1916, il leur bois et les abandonne. Penseur courageux, il a démissionne le 16 novembre 1917 pour se faire apporté une contribution importante à la élire à la Chambre des Communes en 1917. Il sera construction du pays. Bourassa n’était cependant réélu en 1921. pas un grand politique, incapable qu’il était, par caractère et par principe, de composer avec le «Bourassa revient!» titrent les journaux le 29 pouvoir sous toutes ses formes. Sa voie véritable, octobre 1925 quand il est élu comme il l’a trouvée en fondant le journal Le Devoir et en indépendant. Il remportera aussi les élections de y militant dans le journalisme catholique de 1926 et de 1930, cette fois sans opposition. Mais combat. la situation est tout autre pour l’élection de 1935. De plus en plus d’électeurs considèrent que L’avocat de Hull, Charles Beautron Major, lui Bourassa consacre plus d’énergie à critiquer le succède lors de l’élection partielle du 23 gouvernement qu’à défendre les intérêts du décembre 1907, par acclamation, et sera réélu le comté. Le mécontentement se cristallise autour 26 octobre 1908. Il s’était signalé comme député d’un ancien supporteur du vieux nationaliste, provincial du comté d’Ottawa en s’en prenant l’avocat Maurice Lalonde. Ce dernier présente vertement aux gros commerçants de bois de l’image d’un député plus jeune, plus entreprenant l’Outaouais et, quoique libéral lui-même, il avait et plus dévoué au comté. Le 14 octobre, à la dénoncé l’administration du Département des surprise générale le jeune avocat de 34 ans, Terres de la Couronne dont le premier ministre candidat libéral, bat l’illustre vétéran Bourassa par Parent était le titulaire. Il perdra son siège, et les une confortable majorité. Il devient le premier libéraux le pouvoir, aux mains du conservateur

7 citoyen de Mont-Laurier à être élu député fédéral victoire du Parti libéral dans l’ensemble du et il le sera, sans interruption, jusqu’en 1949. Canada, il est élu.

Fils de Wilfrid Quatre ans plus tard, le 10 août 1953, il est Lalonde, établi à cependant renversé par la vague libérale qui Mont-Laurier en pousse Louis Saint-Laurent au pouvoir et le 1911 et un des docteur Gustave Roy comme député du comté. La premiers avocats à y bataille, féroce, s’est faite par journaux pratiquer, le jeune interposés. Alors que «Le Flambeau» d’Albiny Maurice fut un des Paquette, député de l’ à Québec, premiers étudiants soutient Courtemanche, Gustave Roy lance son du cours classique du propre journal, L’Écho de la lièvre pour mousser sa Séminaire Saint- candidature. Joseph. Reçu bache-

lier ès-Arts en 1924, Maurice Lalonde l’Université de Mon- tréal lui décerne sa licence d’avocat en 1927. Il exercera sa profession à Mont-Laurier jusqu’en

1948. Pour promouvoir sa carrière politique il avait lancé en 1933 le journal La Voix du Nord et est aussi l’auteur d’un ouvrage historique, Notes

historiques sur Mont-Laurier, Nominingue et

Kiamika, publié en 1937. Il a été nommé juge de la

Cour Supérieure le 17 octobre 1950 et décède

subitement le 2 juin 1956 dans sa résidence Dr Gustave Roy

d’Outremont. Un de ses fils, Fernand, sera En 1957, le Parti conservateur se donne un ministre dans le gouvernement de Robert nouveau chef, John Diefenbaker, surnommé le Bourassa dans les années 1970. Lion des Prairies. Le 10 juin 1957, il mène son parti Son successeur est un autre jeune avocat à une courte victoire et Henri Courtemanche doué d’une forte personnalité, un orateur prend sa revanche sur Gustave Roy qu’il défait par éloquent et convaincant qui jouit déjà d’une une confortable majorité. Me Courtemanche est grande popularité dans la région. Il est le fils de nommé vice-président de la Chambre des deux pionniers du Rapide-de-l’Orignal : Louise Communes le 14 octobre 1957. Mais le Parti Massé et Victor Courtemanche. Henri a étudié au conservateur n’a pas la majorité absolue et séminaire Saint- annonce des élections quelques mois plus tard. Le Joseph et reçoit son 31 mars 1958, il remporte un des plus éclatantes diplôme d’avocat victoires électorales dans l’histoire politique du de l’Université de Canada : 208 députés conservateurs sont élus, Montréal. Depuis dont une cinquantaine au Québec. Henri 1911, aucun candi- Courtemanche, réélu, est assermenté à titre de dat conservateur Secrétaire d’État le 12 mai et devient membre du n’a été élu dans Conseil privé de la Reine. Le 8 janvier 1960, il Labelle et il est démissionne pour protester, affirmera-t-il, contre déterminé à mettre la nomination d’un anglophone unilingue au poste fin à ce règne. Le d’imprimeur de la Reine. Il est nommé sénateur le 27 juin 1949, lendemain et sera le plus jeune député à accéder malgré l’éclatante au Sénat. Il démissionnera du Sénat le 22 Henri Courtemanche décembre 1961. La page consacrée aux Sénateurs

8 démissionnaires du site Internet de la Chambre en chef et membre de différents comités. À Mont- des Communes (www.parl.gc.ca Sénateurs Laurier particulièrement, il apportera un nouvel démissionnaires) porte la mention suivante : Hôtel de ville en rénovant l’ancien bureau de « Une commission d’enquête provinciale, présidée poste, un nouvel édifice fédéral sur le boulevard par le juge Victor Chabot, affirme que le sénateur Paquette et de nombreux autres projets réalisés. Il aurait reçu 10% des subventions gouverne- sera nommé sénateur à sa retraite. mentales de l’hôpital Jean-Talon en retour de son Le 4 septembre 1984, le Parti conservateur intervention auprès du ministre québécois de la répète l’exploit de John Diefenbaker de 1958 en santé. » faisant élire 211 députés. Plusieurs députés Lors de l’élection partielle qui suit la renversent des majorités de 15 000 et 20 000 voix démission de Henri Courtemanche, le 31 octobre obtenues par les Libéraux quatre ans plus tôt. 1960, le candidat libéral, Gaston Clermont, un Ainsi, le nouveau député de Pontiac-Gatineau- homme d’affaires de Thurso, reprend le comté. Il Labelle, Barry Moore, réussit l’exploit de faire sera réélu lors de l’élection générale du 18 juin changer l’opinion de 27 000 électeurs. Il l’emporte 1962, mais avec une mince avance de 111 voix. par 11 729 voix alors que le libéral Tom Lefebvre Battu par le créditiste Gérard Girouard, un jeune l’avait emporté par une majorité de 16 454 voix en professeur de droit, le 8 mars 1963, alors que le 1980. Un tour de force. Originaire de Maniwaki, parti de Réal Caouette fait élire 26 députés au Barry Moore a fait ses études universitaires à Québec, il reprend son poste à l’élection du 8 no- l’Université Carlton d’Ottawa. Il est comptable vembre 1965. agréé et spécialisé en administration municipale. En 1966, le comté de Labelle est subdivisé en Dès son assermentation, il fait pleuvoir subven- deux circonscriptions : les municipalités du sud du tions et projets sur son comté. Il sera réélu en comté, depuis Lac Saguay, sont réunies à Saint- 1988, mais battu par le libéral Robert Bertrand le Jérome pour former le comté de Labelle; et les 25 octobre 1993. municipalités du comté de Pontiac, de celui de En 1987, la circonscription électorale s’agran- Gatineau et de la région de Mont-Laurier (Ferme- dit encore par l’ajout de certaines parties des Neuve, Sainte-Anne-du-Lac, Brunet, Robertson et comtés de Berthier, Joliette, Maskinongé, Pope, Lac Saint-Paul et Mont Saint-Michel) Montcalm et Saint-Maurice. Natif de Fort- forment le comté de Pontiac-Gatineau-Labelle. Le Coulonge, le député Bertrand a fait des études en premier député du nouveau comté, le libéral biologie avant de gérer une franchise d’assurance- Thomas H. Lefebvre, sera élu lors de l’élection vie. Il sera réélu en 1997 et en 2000. générale du 25 juin 1968. La circonscription électorale de Pontiac- Après avoir été député de Pontiac- Gatineau-Labelle a été abolie en 2003 quand est Témiscamingue de 1965 à 1968, Tom Lefebvre créée celle de Laurentides-Labelle. Elle comprend sera réélu à cinq reprises dans son nouveau la Municipalité régionale de comté d’Antoine- comté, soit en 1968, 1972, 1974, 1979 et 1980 en Labelle, la MRC Les Laurentides et une partie de la accroissant sa majorité à chaque élection. En MRC Les Pays-d’en-Haut, soit les municipalités de 1976, la Commission des subdivisions électorales Sainte-Marguerite-Estérel, Sainte-Adèle, Sainte- agrandit le comté en y ajoutant les municipalités Anne-des Lacs, Saint-Sauveur et Piedmont. En suivantes : Val-Barrette, Chute-Saint-Philippe, Lac- bref, elle s’étend de Sainte-Anne-des-Lacs, au sud, des-Écorces, Lac-du-Cerf, Pontmain et Lac-des- à Sainte-Anne-du-Lac, au nord. Johanne Des- Îles. champs, du Bloc québécois, y a été élue en 2004, Pendant ses 19 années de carrière politique 2006 et 2008. (Voir sa biographie en page 25). Tom Lefebvre occupera plusieurs postes au Sources : Simard, Fernand, Mont-Laurier : 100 ans d’histoire, gouvernement : whip adjoint, secrétaire parle- Monographies publiées à compte d’auteur, Mont-Laurier, mentaire du président du Conseil du trésor, whip 1985. Coursol, Luc, Histoire de Mont-Laurier, vol 1 et 2, Éditions Luc Coursol, Mont-Laurier, 1985, 1991.

9 Le droit de vote des femmes Par Gilles Deschatelets

L’Acte constitutionnel de 1791, qui Édouard en 1922. Seules les Québécoises sont partage la nouvelle colonie britannique en deux, exclues de la vie politique et ce, jusqu’en 1940. Bas-Canada (Québec) et Haut-Canada (Ontario), En 1922, le Comité provincial pour le accorde la qualité d’électeur à certains suffrage féminin voit le jour sous la propriétaires et locataires sans distinction de coprésidence de Mme Marie Gérin-Lajoie et sexe. Certaines femmes du Bas-Canada qui ont Mme Walter Lyman. Lors de sa scission, en les qualités requises interprètent intelligem- 1927, deux femmes prennent le leadership du ment cet «oubli» constitutionnel comme une mouvement suffragiste, Idola Saint-Jean avec autorisation à voter. Elles sont, semble-t-il, les l’Alliance canadienne pour le vote des femmes seules dans tout l’Empire britannique à se du Québec et Thérèse Casgrain avec le Comité prévaloir de ce droit. Mais ce flou juridique sera du suffrage provincial qui devient, en 1929, la corrigé sous le ministère Lafontaine-Baldwin, en Ligue des droits de la femme. La lutte sera 1849, qui interdit formellement aux femmes de longue car les adversaires sont nombreux : le voter. clergé, les politiciens, les journalistes, la En 1885, le parlement canadien établit majorité des femmes, bref, la société en général un système complexe de droit de vote fédéral n’est pas favorable à l’idée de voir les fondé sur la propriété foncière. Mais son Québécoises devenir des citoyennes à part application diffère d’une province et d’une ville entière. Pour ces opposants ce serait là la fin à l’autre car le droit de vote fédéral est alors d’un ordre social dont le fondement repose sur régi par les lois de chaque province. La Première l’exclusion des femmes. Exclusion confirmée Guerre mondiale entraînera de grands dans le Code civil adopté en 1866 qui consacre, changements. En 1917, le droit de vote est entre autres, l’incapacité juridique des femmes accordé à tous les sujets britanniques, hommes mariées. Pour l’essentiel, les arguments contre ou femmes, qui sont membres actifs ou le droit de vote portent sur la place des femmes retraités des Forces canadiennes. Ainsi, 2 000 au foyer et sur leur rôle de gardienne de la race infirmières militaires sont les premières canadienne-française. Canadiennes à exercer ce droit qui est aussi La lutte des femmes s’organise sur deux accordé aux civils masculins et féminins dont un fronts : manifestations publiques, campagnes parent proche sert ou a servi dans les Forces d’information pour changer les mentalités, armées. Le gouvernement de Robert Borden l’opinion publique et lobbying auprès des cherche plus à se rallier des groupes perçus parlementaires à l’Assemblée législative du comme des alliés plutôt qu’élargir le suffrage en Québec. À partir de 1927, les suffragettes reconnaissance de droits fondamentaux. marchent littéralement sur Québec et trouvent, Enfin, en 1918, le suffrage aux élections chaque année, un parlementaire pour parrainer fédérales est étendu à toutes les femmes de 21 leurs projets de loi. Quatorze projets de loi ans ou plus. L’année suivante, elles deviennent seront nécessaires avant qu’en 1940, soutenu éligibles à la Chambre des communes et Agnes par le premier ministre Joseph-Adélard Macphail y sera la première femme élue en Godbout, le Projet de loi 18, sanctionné le 25 1921. Les provinces emboitent le pas : le avril, mette fin à la discrimination électorale Manitoba, l’Alberta et la Saskatchewan en 1916, faite aux femmes. la Colombie-Britannique et l’Ontario l’année Désormais, vingt ans plus tard que suivante. Puis, la Nouvelle-Écosse en 1918, le toutes les autres canadiennes, les Québécoises Nouveau-Brunswick en 1919 et l’Île-du-Prince- sont des citoyennes à part entière. Elles peuvent voter et se faire élire. Sources : www.electionsquebec.qc.ca et www.elections.ca

10 Les députés provinciaux du comté Labelle

Par David Saint-Germain Après l’acte d’union, en 1841, le territoire des Hautes-Laurentides fait partie du comté d’Otta- wa. De 1867 à 1912, le comté provincial d’Ottawa inclut les cantons de Campbell, de Kiamika et de Bouthillier. Alors que les Hautes- Laurentides se développent, la carte politique est redessinée. En 1912, le comté de Labelle est créé à la suite d’une scission du comté d’Ottawa. Puis, en 1923, le Comté de Papineau est détaché de Labelle. Ce n’est qu’en 1972 que la carte du comté sera redessinée. En effet, le nord du comté de Terrebonne (Val-David, Sainte-Agathe des Monts, Saint-Jovite, etc.) sera rattaché au comté Labelle. De plus, le comté subit aussi une modification de son nom et portera le nom « Labelle-Laurentides ». Ce nouveau nom ne Charles Beautron -Major reste pas très longtemps car dès 1980, le comté retrouve son nom d’origine « Labelle ». À partir de cette date, le comté Labelle a connu plusieurs Le premier député du comté de Labelle fut le modifications très mineures. Actuellement, la libéral Hyacinthe-Adélard Fortier de 1912 à 1917. superficie du comté est de 18 090 km2, il se rend Il démissionna en 1917 pour faire le saut en jusqu’à la région du Mont-Tremblant, et 45 732 politique fédérale. Originaire de Saint-Hermas, il électeurs sont représentés1. pratique le métier d’avocat à Hull et est le gendre de Charles Beautron Major. De 1917 à 1922, lui Étant initialement rattaché au comté succède le libéral Honoré Achim. Initialement le d’Ottawa, le territoire verra ses premiers députés député conservateur du comté de Labelle au provinciaux provenir des rives de l’Outaouais. gouvernement fédéral, il changea de parti en Voyons qui fut les députés du comté à partir du 1917 pour souligner son indignation face au 20e siècle. Charles Beautron Major, avocat projet de la conscription. Il se présenta à originaire de Sainte-Scholastique, pratiqua sur- l’élection partielle provinciale de 1917 du comté tout ses fonctions d’avocat à Papineauville et à et fut élu sans opposition. De 1922 à 1923, le Hull. Il fut le député libéral provincial du comté libéral Désiré Lahaie, marchand général de d’Ottawa de 1897 à 1904. Il fit un saut à la scène Buckingham, est le député du comté de Labelle. fédérale par la suite en étant député à la Lors de la création du comté Papineau en 1923, il Chambre des Communes de 1907 à 1911. Par la s’y présente et en sera le premier député. Pierre suite, il y a eu le libéral Ferdinand-Ambroise Lortie sera ensuite le député libéral entre 1923 et Gendron de 1904 à 1912, originaire de Beauport; 1935. Originaire de Châteauguay, il fut cultivateur il fut agent des Terres de la Couronne pour les au Lac-Des-Écorces, contremaître lors de la districts d’Ottawa, Labelle et de Pontiac entre construction du chemin de fer allant à Mont- 1898 et 1905. Laurier et maire du Lac-Des-Écorces entre 1911 et 1915. Il a fait quatre mandats et mit fin à sa carrière politique en 1935. 1 Statisques prises sur le site du Directeur général des élections du Québec

11 le jeune couple s’établit à Mont-Laurier afin que le Dr Paquette puisse pratiquer la médecine. En 1926, il est élu maire de Mont-Laurier et il le restera jusqu’en 1934. Entre 1929 et 1933, il sera aussi préfet au conseil du comté de Labelle. C’est donc avec une solide expérience politique qu’Albiny Paquette se lance, sans succès, en politique provinciale pour le Parti conservateur lors des élections de 1931. Par contre, les élections de 1935 connaîtront un dénouement différent. Le Dr Paquette sera alors élu avec une forte majorité mais il fait alors partie de l’opposition. Après les élections de 1935, le Parti Conservateur et le parti de l’Action libérale nationale se fusionnent pour former l’Union Pierre Lortie, à l’extrême droite, nationale. Suite à de graves scandales éclabous- lors de l’inauguration de l’Unité sanitaire sant le gouvernement Taschereau et à la de Mont-Laurier, en 1931 démission de ce dernier, de nouvelles élections ont lieu le 11 juin 1936. Albiny Paquette est réélu Lors des élections générales de 1935, Joseph- avec une forte majorité, mais cette fois-ci, il est Henri Albiny Paquette est élu en tant que député un membre du gouvernement Duplessis. Le de l’Action libérale nationale. Cette élection député Paquette entretient alors des liens étroits amorce le début du règne de 38 ans de l’Union avec Duplessis et occupera tout au long de sa Nationale dans Labelle. Ce nouveau député a eu carrière des fonctions importantes au Cabinet. une grande influence sur toute la région et pour Dès le début du gouvernement Duplessis, il tout le Québec. devient Secrétaire de la province, un poste ministériel alors très important. Le 12 novembre 1936, le ministère de la Santé est créé et le Dr

Paquette en devient le premier titulaire. Bien que

les libéraux prennent le pouvoir en 1939, Albiny

Paquette demeure le député de Labelle. Lorsque

Duplessis revient au pouvoir en 1944, Albiny

Paquette redevient ministre de la Santé et

occupe ce poste jusqu’en 1958 lorsque qu’il

quitte la vie politique à cause de sa santé fragile.

Avoir passé 17 ans au ministère de la Santé, n’a

probablement pas dû être de tout repos. Grâce à

ses fonctions importantes, le ministre Paquette a

pu intervenir dans une multitude de projets:

l’hôpital moderne à Mont-Laurier en 1950, la Albiny Paquette à son bureau construction de la route entre l’Abitibi et Mont-

Laurier, l’électrification rurale, la construction Né en 1888 à Marieville, il fait ses études à des nouveaux bâtiments de l’École d’agriculture, Montréal en médecine. Lors de la Grande Guerre des subsides pour la construction du Pont Pierre- de 1914, Albiny Paquette part en mission dans les Neveu, l’ouverture de l’École des Arts et Métiers, Balkans pour finalement rejoindre l’armée etc. Avec un bilan si important, il n’est pas canadienne en 1916. Après la guerre, en 1919, il surprenant que le Dr Paquette aie un boulevard épouse Marcelle Lévy-Gérard à Paris. Par la suite, nommé en son honneur! Mais il ne faut pas

12 idéaliser cette période pour autant. Il s’agit Une mesure qui est chaudement discutée de quand même d’un épisode de l’histoire nos jours et qui fait partie du débat sur les québécoise marquée par un gouvernement accommodements raisonnables. conservateur dans lequel Albiny Paquette fut un des bras droits de Duplessis. Son successeur fut un de ses proches collaborateurs, Pierre Bohémier, natif de Ferme- Neuve. Cultivateur de métier, maire de Ferme- Neuve et préfet du comté, Bohémier fut élu sans opposition lors des élections partielles de 1958. Par contre, la mort le foudroie quelques mois après dans le train qui le ramenait chez lui. Pour lui succéder, Fernand-Joseph Lafontaine est choisi par les délégués de l’Union Nationale et occupe ainsi le poste de député en 1959. Originaire de Montréal, il est ingénieur civil pour le ministère de l’Agriculture et de la Colonisation dans le comté de Labelle depuis quelques années et il est apprécié par les citoyens. Entre 1959 et 1966, le député Lafontaine fait face à de farouches candidats libéraux mais sa popularité lui permet de rester en poste tout au long du Pancarte électorale du Dr Albiny Paquette gouvernement Lesage. Les élections générales de 1966 portent Daniel Johnson et l’Union nationale au pouvoir. Lafontaine se voit confier le ministère de la Voirie et des Travaux publics. Dans son autobiographie, Albiny Paquette se Grâce à ses nouvelles fonctions, le ministre vante d’avoir placé les crucifix de l’Assemblée Lafontaine est en mesure d’embellir les routes du nationale : comté. Il obtient aussi d’importantes subventions permettant la construction du Palais des sports et « Quelques jours après mon assermentation de la piscine municipale. Lors des élections de comme Secrétaire provincial, je donnai 1970, les libéraux de Robert Bourrassa forment le instruction de placer des crucifix au-dessus gouvernement. Bien que l’Union nationale aie des fauteuils du président de l'Assemblée subie une déconfiture totale, Fernand Lafontaine Législative et du Conseil Législatif. Je demeure à son poste. Il restera en fonction déclarais dans un discours à la Chambre que jusqu’aux élections de 1973. je voulais par ce geste, donner aux valeurs spirituelles et religieuses l'importance qui Puis, en 1973, le comté de Labelle élit le leur revient dans notre société libéral Roger Lapointe, natif de Ferme-Neuve, et chrétienne. »2 professeur de carrière. Il s’agit du premier libéral depuis Pierre Lortie en 1935. Mais son mandat fut court car Lapointe est défait en 1976 lors de 2 Hon.Albiny Paquette; Soldat-Médecin-Maire-Député- l’élection générale. Cette Ministre; 33 années à la Législature de Québec; élection fut marquante Souvenir d'une vie de travail et de bonheur, 1977, pour le comté car la p.75. Roger Lapointe prééminence du Parti Qué-

13 bécois commence dans Labelle avec l’élection du seront en fonction pendant très longtemps et qui péquiste Jacques Léonard. occuperont souvent des postes de ministres.

Originaire de Saint-Jovite et ayant fait ses études au Séminaire Saint-Joseph de Mont-Laurier, Jacques Léonard est élu en 1976 et est nommé ministre d’État à l’aménagement (du 2 février 1977 au 6 novembre 1980) dans le gouvernement de René Lévesque. Il est par la suite ministre des Affaires Municipales (du 6 novembre 1980 au 5 mars 1984) pour enfin aboutir au ministère des Transports (du 5 mars au 22 novembre 1984). Il démissionne du cabinet le 22 novembre 1984 et quitte le caucus du Parti Québécois le 27 suivant pour siéger en tant que député indépendant. Il démissionnera en tant que député le 23 mai Jacques Léonard 1985.

Lors des élections de 1985, le libéral Damien Hétu est élu. Originaire de Sainte-Agathe, ses fonctions du député furent de courte durée car il fut défait par Jacques Léonard en 1989, lors de son retour en politique. Jacques Léonard sera réélu sans interruption jusqu’en 2001. Il occupera alors de nombreuses fonctions ministérielles comme ministre des Transports, président du Conseil du trésor, ministre d’État, etc. En tout, M. Léonard aura été député de Labelle pendant 21 ans. Lors des élections partielles de 2001, Sylvain Pagé du Parti Québécois est élu. Il est le premier député provincial à être originaire de Mont- Damien Hétu Laurier. Depuis le 9 janvier 2009, M. Pagé est le porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement régional et occupation du territoire. Il est impliqué dans les multiples dossiers touchant le développement des régions du Québec. Si les mandats des premiers députés était parfois assez courts, cette tendance change à partir de Pierre Lortie; il y a alors des députés qui Sylvain Pagé Sources manuscrites : Paquette, Joseph-Henri-Albiny. Soldat-Médecin-Maire-Député-Ministre; 33 années à la Législature de Québec; Souvenir d'une vie de travail et de bonheur. 1977, Montréal, Imprimeur Gagné Ltée, 346 pages. Simard, Fernand. « Les députés provinciaux du comté de Labelle, à l’origine du développement économique et social de Mont- Laurier » in Mont-Laurier : 100 ans d’histoire, 1985, Mont-Laurier, Cahier 9, Vol.3, P.2-48. Sources électroniques : www.assnat.qc.ca/fr/deputes/index.html Assemblée nationale. www.electionsquebec.qc.ca/ Directeur Général des Élections du Québec (DGEQ). Renseignement sur les cirsconscriptions provinciales : Labelle. 2009 14

Le clergé, au cœur du développement de Mont-Laurier Par Suzanne Guénette

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, plus de 100 000 québécois francophones quittèrent le Québec pour aller travailler dans les manufactures du Maine. Le clergé se montre inquiet de cette émigration grandissante.

Dans la région des Laurentides, on doit à Antoine Labelle, curé de St-Jérôme et plus tard sous-ministre de la Colonisation et de l’Agriculture, de tenter de mettre fin à l’hémorragie en ouvrant les cantons situés au nord de sa paroisse.

Mgr Antoine Labelle Eugène Trinquier : curé missionnaire En 1873, à l’âge de 26 ans, l’abbé Eugène Trinquier arrive à la mission située tout près du

poste de traite du Lac-des-Sables appartenant à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Natif de Chorges, dans les Hautes-Alpes, il fut ordonné prêtre deux ans plus tôt. Il devient curé résident de la mission qu’il baptise Notre- Dame-du-Laus, haut-lieu de Le curé Labelle (assis) lors d’une visite à la Chute- pèlerinage du diocèse de Gap aux-Iroquois (Labelle) (France). Eugène Trinquier

Il devient également missionnaire dans divers Pour le Curé Labelle, ouvrir des nouvelles terres chantiers de la rivière du Lièvre : Val-des-Bois, aux colons, c’est assurer l’arpentage et Notre-Dame-de-Pontmain, le Rapide-de-l’Orignal, l’ouverture de nouveaux chemins, le Ferme-Neuve, Kiamika et Lac-des-Îles. prolongement de la voie ferrée et la construction d’une église dans toutes les paroisses auxquelles Charles Proulx : premier curé résident il rêve de donner naissance. Mais si les colons ont besoin de ces facilités, l’installation d’un prêtre Quoique fondée en 1886, la mission du Rapide- dans la colonie et la construction d’une chapelle de-l’Orignal doit attendre jusqu’en 1894 pour sont capitales. qu’un premier curé résident y soit nommé, l’abbé Charles Proulx, pasteur de Norfolk.

Lorsqu’il prend en charge sa nouvelle paroisse, il Grâce à sa détermination, de 1878 à 1891, invite aussitôt ses paroissiens à construire une l’apôtre de la colonisation explorera les Basses et chapelle, puisque jusque-là les services religieux Hautes-Laurentides et réussira à fonder plus étaient célébrés dans la maison des pionniers d’une vingtaine de paroisses dans les cantons du Solime Alix et Adolphe Bail. Ceux-ci donnent un Nord. terrain de leurs lots pour sa construction et

l’inauguration a lieu le 8 décembre 1894. Elle sert

également d’école pour les enfants de la mission. Charles Proulx quitte la mission en 1896.

15 Augustin Desjardins : deuxième curé véritable église, sur un lot donné à la Fabrique par Dosithée Legault, qui sera inaugurée le 10 Augustin Desjardins lui succède en septembre septembre 1903. 1896. Le nouveau curé doit trouver un emplace- ment pour donner à ses nouveaux paroissiens Convaincu que le chemin de fer est un rouage une véritable chapelle. Les colons installés sur les important dans le développement des cantons du deux rives de la Lièvre « prêchent pour leur nord, il obtient que le train se rende jusqu’à son paroisse » désireux qu’elle soit bâtie sur leur côté village d’adoption. de rivière. Les esprits s’échauffent; Mgr Duhamel, En 1906, il débute une lutte acharnée avec le évêque d’Ottawa, tranche alors pour le côté est village de Nominingue pour obtenir la nomination de la rivière, sur un terrain donné par Isidore du Rapide-de-L’Orignal comme nouveau district Gauthier. Tous s’attèlent à la tâche de construire judiciaire. Il multiplie les requêtes et les pétitions la chapelle-presbytère dans laquelle la première et use de son prestige et de toutes ses amitiés messe est célébrée le 24 décembre 1896. En pour finalement parvenir à gagner sa cause. 1901, le curé Desjardins termine sa cure. Pour le remercier, on nomme la première cloche de la chapelle, donnée par Emma Forget, du nom d’Augustin.

Curé Joseph-Alphonse Génier sous le pont

Un autre rêve l’anime cependant : obtenir un diocèse. Encore une fois, il doit entrer en lutte Augustin Desjardins avec Nominingue qui nourrit la même ambition. Il plaide alors sa cause auprès de Mgr Gauthier, archevêque d’Ottawa, et obtient un nouveau succès quand Rome désigne officiellement le Joseph-Alphonse Génier : troisième curé Rapide-de-l’Orignal comme siège épiscopal du Le 4 octobre 1901 arrive le curé Joseph-Alphonse nouveau diocèse. Génier. Né à Crysler, en Ontario, le 4 novembre 1874, il fait ses études au collège Brunet à Rigaud En plus de son ministère, le curé Génier puis sa théologie à l’Université de Saint-Paul participera au développement écononique de sa d’Ottawa. Il est ordonné prêtre le 27 décembre paroisse. 1898 et devint vicaire à Papineauville pendant un an, puis à Gracefield pendant deux ans. En 1916, il a des problèmes de santé et on le désigne comme curé dans la paroisse Saint- En 1901, il n’existe aucun cimetière et les Faustin où il demeurera jusqu’en 1932, année où habitants enterrent leurs proches autour de leurs il revient comme curé de Ferme-Neuve. Cure qu’il maisons. Il achète alors à Isidore Gauthier une gardera jusqu’à sa mort, en 1940. partie de sa terre pour y faire aménager un cimetière. Puis, il fait construire la première

16 Nomination du premier évêque du diocèse Moncerf. Lors de l’érection du nouveau diocèse de Mont-Laurier, en 1913, il devient le curé de la C'est dans la cathédrale d'Ottawa, le 28 octobre paroisse. En 1918, il est curé de Saint-Jovite. En 1913, que l'abbé François-Xavier Brunet est sacré 1922, on lui confie la direction du diocèse de évêque. Mont-Laurier comme son deuxième évêque. En

1957, à l’occasion de son 35e Né le 26 novembre 1868, à Saint-André anniversaire d’épiscopat, le d’Argenteuil, il fait des études théologiques au Saint-Siège le nomme arche- grand Séminaire d’Ottawa. Il est ordonné prêtre vêque-évêque. le 23 septembre 1883 par Mgr Duhamel dans la cathédrale du diocèse d’Ottawa. Après avoir été Parmi ses réalisations, on vicaire dans les paroisses de note l’École d’Agriculture, la Masson, Thurso et d’Aylmer, Société diocésaine de Coloni- il devient curé de Sainte- sation qui coordonna les Malachie de Mayo, près de efforts du mouvement de Buckingham, en 1895. À retour à la terre, l’Hospice compter de 1900, il devient Sainte-Anne, l’Hôpital de Mgr J.Eugène LImoges curé de Bourget en Ontario et Mont-Laurier, la venue des est appelé à servir comme Sœurs Grises de la Croix secrétaire de Mgr Duhamel. Il d’Ottawa, des Sœurs du Précieux-Sang et des est ensuite nommé secrétaire Mgr F.Xavier Brunet Jésuites, la fondation de l’École Normale de de son successeur, Mgr Mont-Laurier, de l’École Ménagère de Gauthier, jusqu’à son élection à titre d’évêque de Nominingue, du Séminaire Saint-Joseph et de Mont-Laurier. l’École des Arts et Métiers à Mont-Laurier.

Il demeurera en poste jusqu'à son décès, le 7 janvier 1922. Pendant son pastorat de huit Mgr André Ouellette: troisième évêque années, on lui doit la fondation de quatorze paroisses, celle d’un séminaire, d’un évêché et Né le 4 février 1913, dans la paroisse de Salem, d’une cathédrale. dans l’état du Massachussetts aux Etats-Unis, André Ouellette fait ses études classiques au Joseph-Eugène Limoges : séminaire de Trois-Rivières. Ses études deuxième évêque du diocèse de Mont-Laurier théologiques terminées, il est ordonné à la prêtrise le 11 juin 1938 par Mgr Alfred-Odilon Le 11 septembre 1922, Joseph-Eugène Limoges Comtois dans la cathédrale de Trois-Rivières. succède à Mgr François-Xavier Brunet et devient Il entreprend alors une l’évêque canadien qui aura été en poste pendant carrière d’enseignant la plus longue durée. au grand séminaire de

Trois-Rivières. Il est tour Né le 15 novembre 1879, à Sainte-Scholastique à tour aumônier de la dans le comté des Deux-Montagnes, il poursuit Jeunesse Étudiante Ca- des études classiques au collège Saint-Laurent. À tholique au petit 20 ans, il entreprend ses études théologiques au séminaire et supérieur grand Séminaire de Saint-Sulpice à Montréal. du grand séminaire en Ordonné prêtre le 20 décembre 1902, il devient 1948. En 1952, il vicaire de la paroisse Saint-Victor d’Alfred en Mgr André Ouellette devient chanoine hono- Ontario, puis de celle de Sainte-Cécile-de- raire de la cathédrale Masham sur la Gatineau, de 1904 à 1907, date où de Trois-Rivières, supérieur du petit séminaire en on lui confie la cure de Sainte-Philomène de

17 1953, puis professeur agrégé de la faculté des Mgr Jean Gratton : 4e évêque Arts de l’Université Laval en 1954. Le 10 mai 1978, Jean Gratton est nommé

quatrième évêque du diocèse de Mont-Laurier. Le 29 novembre 1956, il est nommé évêque Né à Wendover, le 4 décembre 1924, il fait ses titulaire de l'évêque de Mont-Laurier. Il est études secondaires et universitaires au petit nommé ensuite administateur apostolique par Séminaire Saint-Jean-Marie-Vianney d'Ottawa Jean XXIII en 1963. Il est sacré évêque du diocèse puis ses études théologiques au grand Séminaire le 27 mars 1965. Il demeurera en poste jusqu'au Saint-Thomas d’Aquin, toujours à Ottawa. Il est 10 mai 1978. Il est décédé le 11 octobre 2001. ordonné prêtre, le 27 avril 1952 à Wendover puis

entreprend une carrière d’enseignant au petit Pierre Neveu : curé de la paroisse cathédrale séminaire d’Ottawa où il enseigne le latin et le Né le 8 février 1884, Pierre Neveu fait des études grec. Il fait des études philosophiques à au Séminaire de Saint-Hyacinthe et au Grand l’Université Angelicum à Rome où il fait une thèse Séminaire de Québec. Il de doctorat de 1953 à 1955. Il enseigne la est ordonné prêtre le philosophie au petit séminaire d’Ottawa dont il 12 mai 1907. Professeur devient le supérieur en 1966. au Séminaire de Saint- Après des cures à Saint-Victor d’Alfred, de 1970 à Hyacinthe, il est vicaire à 1973, et Saint-Charles de Vanier, de 1975 à 1978, West Shefford, en 1910, à il devient, le 10 mai 1978, le successeur de Mgr Saint-Ours en 1912 et André Ouellette comme évêque de Mont-Laurier. secrétaire du premier Son sacre survient le 29 juin de la même année. évêque de Mont-Laurier Mgr Jean Gratton occupe ce poste jusqu’en 2001, en 1914. Fondateur de la Pierre Neveu année où il démissionne en raison de son âge. paroisse de Kiamika, en

1923, il devient curé de la paroisse Notre-Dame-

de-Fourvière pendant 20 ans avant de prendre sa

retraite pour cause de cécité avancée. Il décède en février 1979. La commission scolaire de la région porte son nom.

Jean Gratton Mgr Vital Massé : évêque actuel du diocèse Né à St-Barthélémy, le 16 décembre 1936, il fait ses études classiques au Séminaire de Joliette. Détenteur d’une licence en théologie de l’Université de Montréal en 1962, d’un doctorat en théologie de l’Université Saint-Thomas d’Aquin de Rome en 1965, il obtient également un diplôme de l’Institut pastoral catéchétique de Strasbourg et un certificat supérieur en pédagogie religieuseMgr Vital de l’UniversitéMassé de Strasbourg. Il est ordonné prêtre le 26 mai 1962 et est professeur au Séminaire de Joliette de 1962 à 1964, aumônier d’écoles secondaires et chargé de pastorale des vocations en 1966 et 1967 ; directeur de l’Office diocésain de l’Éducation chrétienne au primaire de 1967-1989 ; curé de la paroisse Marie-Reine-du-Monde et Saint-Patrick de Rawdon, de 1980 à 1987 ; de Sainte-Geneviève de Berthier de 1987 à 1993. Il est nommé vicaire général aux affaires pastorales et recteur de la cathédrale de Joliette en 1993; puis il devient évêque auxilliaire du diocèse de Saint- Jérôme en 1993. Le 8 septembre 2001, le pape Jean-Paul II nomme Vital Massé évêque du diocèse de Mont-Laurier dont il prend la charge pastorale et administrative le 4 novembre 2001. Source : Luc Coursol, Un diocèse dans les cantons du Nord, Histoire du diocèse de Mont-Laurier, 1988, 482 pages

18 Des femmes impliquées dans leur communauté Par Louis-Michel Noël

Des femmes de foi et de dévouement…

LES CHANOISSESSES DES CINQ-PLAIES Providence née dans la région est Cécile L’allier, En septembre 1896, à la demande des fille d’Augustin et d’Octavie Giroux qui entra au Chanoines Réguliers de l’Immaculée-Conception, noviciat en 1912. L’année suivante, sa sœur une communauté de religieuses arrive de Lyon en Monique la rejoint dans la communauté. En 1927, France et s’installe à Nominingue, ce sont les les Sœurs de la Providence quittent Mont-Laurier. Chanoinesses des Cinq-Plaies : la supérieure, Mère Joséphine, Sœur Eulalie et Sœur Séraphine. LES SŒURS DU SACRÉ-CŒUR Elles font l’entretien de la cuisine et de la lingerie Arrivées en octobre 1914 pour prendre des Chanoines Réguliers de l’Immaculé- service à l’évêché-presbytère, puis au Séminaire Conception et fonderont un orphelinat et un Saint-Joseph de 1915 à 1921, elles sont hôpital. En 1914, elles quittent Nominingue et remplacées par les Sœurs Notre-Dame de Mont- rentrent à leur monastère provincial à Ottawa. Laurier. Elles retournent alors à leur vocation Leur monastère de Nominingue est acheté par les première qui est l’enseignement. Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception qu’elles rebaptisent Béthanie et qui devient LES SŒURS DE L’IMMACULÉE-CONCEPTION noviciat. Sœur Marie-du-Saint-Esprit née Delia Tétrault, fondatrice établie à Outremont, est à la recherche d’un lieu de repos favorable à la santé des membres de sa communauté dans les Laurentides. Au même moment, Mgr Brunet est confronté avec le problème du collège de Nominingue. Il prévoit relancer l’œuvre en érigeant un séminaire diocésain à Mont-Laurier et désire se départir du collège attenant à l’église Monastère des religieuses Chanoinesses des de Nominingue. Ainsi la recherche d’un lieu de Cinq-Plaies qui en font un juvénat, un hôpital et un orphelinat. repos pour les Sœurs de l’Immaculée-Conception coïncide avec cette volonté de la vente de la LES SŒURS DE LA PROVIDENCE Corporation du Collège. En mai 1914, les Invitées par le curé Joseph-Alphonse Génier, religieuses présentent une première offre. Après les premières religieuses de cette communauté, étude, le curé Génier, procureur du diocèse, arrivées en 1910, sont : Sœur Florentine, propose de vendre les lots 39-40, ainsi que les supérieure, Soeur Clarence, Sœur Irène-du bâtisses s’y trouvant, moins l’église, pour Portugal et Sœur Marcellin. Elles habitent alors 10,000$. Cette vente permettrait de payer une dans ce que tout le monde appelait à l’époque partie des dettes laissées à la Corporation du « la grange à Chasles » ; logeant à l’étage, les Collège par les Chanoines réguliers. classes se donnaient au rez-de-chaussée. Elles y habiteront jusqu’à la construction de l’Académie C’est ainsi que les Sœurs de l’Immaculé- du Sacré-Cœur en 1914. Ces femmes dévouées Conception deviennent propriétaires de l’ancien s’occupèrent d’éducation en oeuvrant à collège et d’une grande propriété qui s’étend du l’Académie et dans les écoles de Mont-Laurier Lac Saint-Joseph jusqu’au grand Lac Nominingue. jusqu’en 1926 alors que les sœurs de Sainte-Croix En 1915, elle s’installent dans une grande prennent la relève. La première sœur de la construction blanche qui domine les hauteurs du

19 Nomininingue. Elles se spécialisèrent dans les école. Sous la direction de Sœur Marie- retraites fermées. Maximilienne, supérieure, elles décerneront plus de 1 676 diplômes d’enseignement et assume- LES SŒURS NOTRE-DAME ront également l’enseignement dans les écoles Le 25 janvier 1921 a lieu l’érection canonique primaires de Mont-Laurier. Les Sœurs de Sainte- des Sœurs Notre-Dame-de-Mont-Laurier et un Croix quittent l’École Normale Christ-Roi en 1971 groupe de 13 religieuses, dont 11 sont de l’Ordre lors de la vente de l’institution à la Commission de Sainte-Marthe et une est novice des Sœurs scolaire Pierre-Neveu. Grises, arrive le 19 novembre 1921 pour s’installer dans un monastère en briques situé entre l’église et la rivière. La Supérieure générale, Soeur Saint-Hippolite, qui était d’abord Sœur de Saint-Joseph, prend le nom de Sœur Saint- François-Xavier. Leur monastère devenu trop exigu pour les besoins de la communauté, un édifice plus spacieux est construit en 1933 près du séminaire Saint-Joseph. En plus d’être en charge de l’entretien de l’évêché et du séminaire, elles se dédièrent à la confection d’ornements d’église, au travail de blanchissage et de couture et à l’enseignement dans les écoles de la région.

Les sept premières femmes à prononcer leurs Sœurs de Sainte-Croix vœux en 1921 sont Marie-Anne Gendron (Soeur Marie-François-Xavier), Olympe Petit (Soeur Marie-Jean-du-Sacré-Cœur), Adelina Boutin SŒURS GRISES DE LA CROIX D’OTTAWA (Sœur Marie-du-Divin-Cœur), Marie-Ange Dubuc En septembre 1931, cette communauté reli- (Soeur Marie-Raymonde-de-Pennafort), Marie- gieuse accepte l’invitation de Mgr Limoges de Antoinette Petit (Soeur Marguerite-Marie), Laura venir à Mont-Laurier s’occuper d’un orphelinat et Ayotte (Soeur Sainte-Anne-Marie) et Albina St- d’un hospice pour les vieillards. En juin 1932, les Denis (Soeur Marie-Vincent-Ferrier). En 1921, premières sœurs arrivent : Soeur Saint-Donatien, une première jeune fille de la région devient supérieure, Soeur Saint-Norbert. Soeur Saint- membre de la communauté, il s’agit d’Irène Léonce, Soeur Marie-Flore, Soeur Sainte-Cécile et Leblanc, fille d’Adolphe Leblanc et de Luce Soeur Sainte-Léonide. Une partie de leur Moncion de Ferme-Neuve. Elle consacrera établissement servira d’hôpital jusqu’à l’ouver- quelques années à l’enseignement puis elle se ture de l’hôpital de Mont-Laurier en 1950. À ce dévouera dans les presbytères au service des moment, leur établissement redevient un prêtres. En 1937, la communauté quitte son orphelinat et un foyer pour personnes âgées. En monastère de Mont-Laurier pour poursuivre leurs octobre 1974, elles cèdent le Foyer Sainte-Anne œuvres en Abitibi, à Rouyn. Elles prendront alors au Ministère de la Santé. Aujourd’hui la le nom de Sœurs Notre-Dame-Auxiliatrice. congrégation s’appelle les Sœurs de la Charité d’Ottawa. SŒURS DE SAINTE-CROIX À la demande de Mgr Limoges, les sœurs de LES ADORATRICES DU PRÉCIEUX-SANG Sainte-Croix acceptent d’ouvrir une école Le 23 juin 1934, sept membres de la Normale à Mont-Laurier. Elles arrivent le 10 août communauté des Adoratrices-du-Précieux-Sang 1926 en provenance de Ville Saint-Laurent et en arrivent de Nicolet. Ce sont Soeur Marie-Sainte- juillet 1927, elles s’installent dans leur nouvelle Cécile (Dubuc), Soeur Marie-du-Carmel (Tessier),

20 Soeur Marie-de-la-Providence (Lemay), Soeur LES PETITES SŒURS DE LA SAINTE-FAMILLE Marie-Immaculée (Mercure), Soeur Catherine-de- Elles arrivent de Sherbrooke en 1936 pour Jésus (Rousseau), Soeur Véronique-de-la-Passion prendre en charge la cuisine et l’entretien de (Lafond) et Soeur Marie-du-Bon-Conseil (Breton). l’évêché et du séminaire. Le 11 mars 1984, elles À leur arrivée, elles occupent l’ancien monastère quittent la région. des Sœurs Notre-Dame près de la cathédrale. LES SŒURS DE SAINTE-ANNE En 1945, elles demandent un plus grand Elles s’installent en 1950 à Sainte-Véronique, monastère. Mgr Limoges leur cède alors un grand à Lac-Saguay et Saint-Jean-sur-le-Lac en 1952, à domaine de 17 arpents le long de la rivière du La Macaza en 1953, elles se destinent à Lièvre où un monastère érigé en granit rose de l’enseignement dans ces écoles. Guénette comprend 40 pièces dont 20 cellules monastiques. Elles y aménagent en décembre LES MARIANITES DE SAINTE-CROIX 1952. Depuis 1950, les Adoratrices du Précieux- En juillet 1950, arrive de France la Sang se sont rattachées à l’ordre de Saint-Benoît. Congrégation des Marianites de Sainte-Croix à En 1961, le prieuré devient abbaye. La première qui on confie la direction du tout nouvel hôpital mère abbesse est Cécile Bénédicte Dubuc. d'une centaine de lits, sous la direction de Mère Véronique. Elles forment également des infirmières auxilliaires à l’hôpital de Mont- Laurier. En 1970, la direction de l’hôpital passe à un laïc. En 1950, Marielle Lamoureux est la première fille née à Mont-Laurier à faire son entrée dans cette communauté.

Premier monastère des Sœurs du Précieux-Sang

La chapelle des Marianites

LES OBLATES DE L'IMMACULÉE-CONCEPTION

Abbaye des Moniales Bénédictines, sur le Le 11 mai 1954 arrivent à Mont-Laurier

boulevard Albiny-Paquette quatre membres de la Congrégation des Oblates missionnaires de l’Immaculée-Conception en les personnes de Mlles Yvette Poulin, directrice, Suzanne Grenier, Réjeanne Caron et Gabrielle Marcoux qui sont chargées des cours d’enseignement ménager à l’École d'agriculture : art culinaire, couture, tissage, tricot, crochetage, chapellerie, art décoratif. Elles ont également œuvré à Lac-Saint-Paul dès 1958 et à Chute-Saint- Philippe. Les Moniales bénédictines lors de leur **** e 75 anniversaire d’arrivée, en 2009

21 ÉVA MARCOTTE Des femmes vouées à l’enseignement… Fille d’Augustin Marcotte et de Sophie MARGUERITE GODARD Turgeon, Eva Marcotte a environ deux ans quand S’il vous arrive de faire une promenade dans elle arrive avec ses parents au Rapide de l’Orignal les rues de Mont-Laurier par une belle et chaude en 1887. La rumeur raconte que c’est suite à une journée de l’été, peut-être avez-vous croisé peine d’amour qu’elle serait entrée au couvent « Mademoiselle Godard » lors de son circuit des sœurs Saint-Joseph (Hospitalières de l’Hôtel- guidé. Personnage coloré s’il en est un, notre Dieu de Montréal), le 19 décembre 1907, à titre jeune guide personnifie la fille du premier de sœur tourière. Toujours selon la rumeur, elle médecin installé à Mont-Laurier, le Dr Oscar aurait servi de modèle au sculpteur Louis-Philippe Godard, et de Laurenza Dumoulin, et qui mena Hébert pour la statue de Jeanne-Mance installée une longue et brillante carrière d’enseignante de à l’extérieur de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Elle 1916 à 1970 en proposant aux élèves de Mont- travailla 25 ans auprès des malades de l’Hôtel- Laurier des cours de rattrapage dans sa petite Dieu, puis aux cuisines pendant de nombreuses école privée de la rue Bellerive. années, et, enfin, à l’infirmerie de la communauté.

Marguerite Godard devant sa maison, avec ses élèves : Lise Boies, Jacynthe Ouellette, Daniel Ryan, Sylvie Hotte, Steve Tinkler, Johanne Daoust et Marie - Josée Matte

De nombreuses autres « maîtresses d’écoles » se sont dévouées à l’instruction des enfants des premiers colons du Rapide-de-l’Orignal dont la première, Alexina Forget, enseigna dès 1895, à l’âge de 15 ans, pendant quelques années dans la première chapelle-école bâtie sur les lots de Solime Alix et Adolphe Bail, dans le quartier du Rapide. Eva Marcotte et la statue de Jeanne-Mance devant l’Hôtel-Dieu

22 Des femmes impliquées socialement… CÉCILE REID-BRISEBOIS AMANDA AUDET devient en 1907 la première présidente des Dames de Sainte-Anne de la Fille de Rosario Reid et d’Yvonne Cloutier, paroisse Notre-Dame de Fourvière. HERMINE Cécile enseigne de 1932 à 1940 à l’Académie du LAPOINTE (mère d’Émile Lauzon, le marchand- Sacré-Cœur. En 1939, une section de l’Association général) fut la première présidente du Cercle des catholique des institutrices rurales voit le jour à Fermières qui porta le nom de « La divine Mont-Laurier dont elle Bergère » en 1924. LILIANE GAUTHIER, mère de prend la responsabilité du 11 enfants, fonda l’ordre des filles d’Isabelle de secrétariat. Au cours de sa Mont-Laurier et en fut la régente de 1952 à 1962. vie, elle met sur pied l’Association Parents- ÉLIANE DESJARDINS fut la deuxième conseillère Maîtres, fait partie de municipale. En 1975, grâce à son implication à l’Opération 55 qui voit la titre de responsable de la vie culturelle de la ville création de 55 commissions de Mont-Laurier, la Société historique de la scolaires régionales ; de région de Mont-Laurier voit le jour. En 1990, elle 1955 à 1965, elle collabore reçoit une récompense municipale pour son à la revue Parents- Cécile Reid-Brisebois implication dans la société d’Horticulture de Instituteurs et au bulletin Foyers-Heureux. Elle Mont-Laurier. fait du théâtre amateur et s’occupe de 1955 à 1965, de la bibliothèque paroissiale avant sa LAURENZA BLOUIN arrive à Mont-Laurier en municipalisation en 1965, puis devient la 1909 avec ses parents, Flavien Blouin et Rose première directrice de la bibliothèque municipale Dubois. Elle étudie le piano chez Alphée Boisvert où elle travaille jusqu’en 1972. En plus de devenir et, en juin 1917, elle obtient son diplôme de présidente de l’AFÉAS de 1967-1971 et de la professeur de piano. À partir de 1918, elle Société historique de 1975-1985. Elle publie deux enseignera le piano à plus monographies : Les Institutrices Rurales, 1898- de 3 000 élèves. Elle fut une 1960 et La centrale hydroélectrique de Mont- femme impliquée dans Laurier, fondée par son grand-père Jean-Baptiste plusieurs domaines de la Reid. Elle décède en 2003. vie de sa communauté : membre du Cercle des

Fermières dès sa fondation en 1924, puis présidente en 1946. Lorsqu’en 1947 le Madame Cécile Reid- Cercle des fermières Brisebois, alors devient l’Union Mme Lorenzo Blouin- présidente de la Société Catholique des Femmes Bélanger à l’orgue historique, en Rurales, elle en est la de la cathédrale compagnie de présidente jusqu’en Madame Nicole Leblanc, 1966 ; lorsque l’organisme devient l’AFEAS, elle comédienne en est la présidente fondatrice et demeure en personnifiant Rosanna St-Cyr dans le téléroman poste de 1966 à 1971. En plus d’être la Le Temps d’une paix, présidente de la conférence Saint-Vincent-de- lors du centenaire de Paul de 1954-1972, elle est marguillère, organiste Mont-Laurier, en 1985. à la cathédrale de Mont-Laurier, siège au Conseil économique et à la Commission des loisirs de

Mont-Laurier.

23 LÉONIE LABELLE BÉLANGER LYSE BEAUCHAMP est la co-fondatrice de Toxico- er Alerte. Au printemps 1997, elle reçoit le Méritas C’est le 1 juillet 1904 que Léonie Labelle et municipal du « Bénévole de l’année » de la ville sa soeur jumelle Eugénie voient le jour. Léonie de Mont-Laurier et « Bénévole de l’Année » de la épouse Albert Bélanger le 25 Fondation provinciale des organismes d’aide octobre 1922. De cette union et de soutien aux toxicomanes. À Mont- naîtront 13 enfants. Au décès Laurier, un organisme qui vient en aide aux de son conjoint en 1949, 11 personnes ayant des problèmes de enfants habitent toujours toxicomanie et de santé mentale porte son avec elle. Le souvenir le plus nom en son honneur. souvent relaté par ces derniers concernant leur mère est de voir des gens aller et venir à la maison lui demander son assistance Des femmes en politique… pour un accouchement par exemple ou encore pour tout Léonie Labelle Bélanger SUZANNE DORION MILLER, fille de Zéphyr autre besoin. Toujours, cette Dorion et Mary Hélène Longpré, est en 1962 femme porte assistance aux autres, c’est inné la première femme à se porter candidate à une chez elle d’aider. C’est surtout pour son élection municipale à Mont-Laurier. Elle défait implication à la Saint-Vincent de Paul « Le Apollinaire Labelle et fait son entrée au conseil Louvoir » comme on l’appelait à l’époque, que municipal où elle siègera jusqu’en 1966. En 1964, Madame Bélanger laisse sa marque : récupérer, elle représente la ville de Mont-Laurier à Régina laver et réparer des vêtements usagers afin de lors de la conférence de la Fédération des Maires venir en aide aux personnes plus en besoin. et des Municipalités. Pendant sa vie politique, Notons qu’en 1950, les « machines à laver », ainsi elle s’intéresse particulièrement à l’embellis- que les machines à coudre, exigent plus de sement de la ville en améliorant manipulation et que l’eau courante dans les considérablement le parc à l’embouchure du maisons est un luxe que tous ne peuvent se ruisseau Villemaire et en s’impliquant dans la permettre, ce qui ajoute tout le coeur à l’ouvrage Société d’horticulture de Mont-Laurier de 1962 à qu’il fallait y mettre. Elle s’y investit entre 1950 et 1965. 1975.

En 1982, Le Centre de bénévolat voit le jour. Afin de rendre hommage à cette femme de coeur et ainsi marquer symboliquement le geste bénévole, on demande à Mme Léonie Bélanger l’autorisation de joindre son nom à celui de l’organisme. L’organisme s’appelle alors «Centre d’action bénévole Léonie-Bélanger».

Transmission des pouvoirs du Dr. Jean-Claude Lemieux à Léopold Forant, nouveau maire Suzanne Dorion à gauche Centre Léonie-Bélanger, rue de la Madone

24 JOHANNE DESCHAMPS, fille de Claude En 2000 elle se lance en Deschamps et de Denise Bock, descendante de politique en se présentant Joseph Deschamps et Marie Fortin, pionniers de aux élections fédérales, mais Kiamika, et de Charles Bock et Corinne Dupré, elle sera défaite. Elle ne se pionniers de Mont-Laurier, elle nait à Saint-Jovite décourage pas et, en 2004, puis s’installe avec ses parents à Val-Barrette elle devient la première quelques années plus tard. Elle est une femme femme députée de la impliquée dans la vie régionale à plusieurs nouvelle circonscription niveaux. Après avoir été adjointe administrative Laurentides-Labelle et sera au diocèse de Mont-Laurier, elle devient vice- réélue en 2006 et 2008. En présidente de l’Association du diabète de Mont- plus de sa charge de Laurier, administratrice des Habitations Les députée, elle est la deuxième Jardins Verts, conseillère municipale de Val- vice-présidente du caucus du Johanne Deschamps Barrette, commissaire à la Commission scolaire Bloc Québécois, porte-parole du parti en matière Pierre-Neveu, adjointe administrative du ministre de coopération internationale et porte-parole Jacques Léonard, attachée politique de Sylvain adjointe aux affaires étrangères. Pagé, député de Labelle, puis présidente de l’Association du Bloc Québécois de Pontiac- Papineau-Labelle.

Les premières femmes à …

… s’établir dans la nouvelle colonie du Rapide-de- … à naître dans la colonie : KILDA BOCK, fille de l’Orignal : AZILDA CLOUTIER qui épouse le Charles Bock et Corinne Dupré, baptisée le 14 16 novembre 1885, à Sainte-Agathe-des-Monts, septembre 1886, au Rapide de l’Orignal, par le Zéphir Lafleur. Ensemble, ils arrivent en traîneau, curé Labelle dans le « shak » de ses parents; le en janvier 1886, sur la rivière du Lièvre gélée. Le curé Labelle inscrit par contre son baptême dans jeune couple passe l’hiver au chantier de Solime le registre de Nominingue à son retour. Alix et Adolphe Bail et s’installe sur la rive nord de la rivière à environ un mille en haut du rapide.

Sources : Les Sœurs de Notre-Dame auxiliatrices, Semailles et moissons, de 1921 à nos jours, les éditions Francine Breton, Montréal, 271 p. Luc Coursol, Un diocèse dans les cantons du Nord, Histoire du diocèse de Mont-Laurier, 1988, 482 pages Fernand Simard, 100 ans d’histoire, monographies publiées à comte d’auteur, Mont-Laurier, 1985

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La face cachée des institutrices rurales ! Par Geneviève Piché

Amanda Audet École Campeau, institutrice : Jacqueline Reid Marie-Berthe Robert Élèves de l’École du Institutrice rurale Mont-Saint-Michel Wabassee, 1905

Durant plus d’un siècle, des centaines de jeunes femmes se sont dévouées à la cause de l’enseignement. Pour certaines, ce fut le plus beau métier du monde. Gabrielle Roy l’a d’ailleurs immortalisé dans un de ces romans, Ces enfants de ma vie. Pour d’autres, la tâche fut pénible, voire cauchemardesque. Plusieurs d’entre elles nous ont légué des récits sur la vie d’une institutrice rurale, levant ainsi le voile sur un métier souvent méconnu dans l’histoire de notre région. Démystifions ensemble ce qu’était la vie d’une maîtresse dans une école de rang !

Au XIXe et XXe siècle, le principal débouché qu’offre Toutefois, la tâche d’une institutrice en milieu rural le marché du travail pour les jeunes femmes instruites demeure exigeante. Elles sont souvent mal payées, est l’enseignement. Afin de devenir maîtresse d’école, mal logées et mal nourries. Elles doivent veiller à elles doivent d’abord fréquenter un couvent, puis l’entretien ménager de l’école, au chauffage du local passer les examens du Bureau des examinateurs et au déneigement. Leurs locaux n’offrent que le strict catholiques, ou encore étudier à l’École normale afin minimum et sont souvent mal isolés. En 1905, l’école d’obtenir un diplôme. Très vite, les femmes vont de Sainte-Véronique a dû fermer ses portes parce que surplomber les hommes dans le domaine de les enfants ne pouvaient plus supporter le froid l’enseignement, surtout en milieu rural. Dès 1850, hivernal ! Sans même avoir prononcé le vœu de elles représentent plus de la moitié du personnel du pauvreté, l’institutrice en vit quotidiennement. Elle réseau scolaire public et cette proportion ne cessera doit aller puiser l’eau au puits, à la rivière, ou chez le d’augmenter. Alors que les institutrices, le « sexe voisin, été comme hiver. Les toilettes sont à l’extérieur faible », se concentrent dans les classes primaires, et elle doit constamment affronter les invasions de avec les plus jeunes, leurs homologues masculins bestioles. Le soir, la journée de travail n’est pas finie. Il s’occupent des niveaux supérieurs et pourvoient les reste encore le ménage, la correction des devoirs et la postes d’inspecteurs. planification des leçons du lendemain. Pour obtenir un poste, l’institutrice rurale se doit Puisque l’obligation scolaire n’apparaît qu’en 1943 d’être célibataire. Les femmes mariées sont alors mal au Québec, ce sont les parents qui décident d’envoyer vues dans l’enseignement. Elle enseigne de la ou non leurs enfants à l’école. L’institutrice est alors première à la neuvième année, et ce dans la même confrontée à une fréquentation scolaire aléatoire. À classe. Elle dispense tout d’abord un enseignement l’époque, il n’était pas rare qu’une école ne puisse religieux, le catéchisme, puis des rudiments qui ouvrir ses portes au début de septembre, parce qu’il touchent un peu à tout (grammaire, calcul, n’y avait pas d’institutrice ou pas d’argent pour la agriculture, instruction civique, hygiène, bienséance, payer. On tentait d’engager « au meilleur prix économie domestique). Les inspecteurs vérifient une possible », car le salaire provenait essentiellement des fois par année à la fois la propreté des lieux et les contribuables. L’instruction était une chose secon- connaissances des élèves. Les succès ou les échecs daire, un luxe. Et ce n’était certainement pas grâce à sont automatiquement reliés à l’institutrice, puisque elle, disait-on, qu’on ramenait du pain sur la table. c’est à elle, et non aux parents, à leur apprendre leurs leçons. 26 Il existe un écart salarial important entre les l’Ascension, Mlle Camille Legault est engagée pour un institutrices et les instituteurs. Dans les années 1850, salaire annuel de 90$. Toutefois, quelques mois plus les femmes touchent 40% du salaire des hommes. Si tard, Mlle Carmen Filiatreault s’offre à meilleur l’on peut le comparer à celui d’une domestique, il ne marché, d’autant plus qu’elle possède un bon faut pas oublier que l’institutrice doit parfois acheter certificat du curé de la mission. le bois de chauffage à même son salaire, tout comme L’institutrice doit également faire face à la elle doit entretenir l’école. De même, elle doit souvent cléricalisation de la profession. De plus en plus de accepter d’être payée en denrées agricoles. Elle est villages se tournent vers une communauté religieuse aussi moins bien payée qu’une institutrice qui pour prendre en charge l’éducation des enfants. La enseigne dans une ville. Dans les années 1910, dans la religieuse, contrairement à l’institutrice laïque, région de Mont-Laurier, le salaire annuel tourne bénéficie d’une sécurité d’emploi, de la garantie autour de 170$. De plus, les institutrices ne sont pas d’avoir un poste, un gîte et un couvert, et ce jusqu’à sa payées durant les vacances scolaires, ce qui les mort. obligent à se chercher un emploi temporaire, soit sur C’est pour toutes ces raisons que les institutrices une ferme ou soit comme domestique. Toutes ces vont tenter, dans les années 1930, de se regrouper et conditions poussent l’institutrice à ne rester dans de faire valoir leurs revendications. Des associations l’enseignement que quelques années, en attendant de voient le jour et réclament de meilleurs salaires, de se marier ou de trouver mieux. meilleures conditions de travail et de vie. Dès 1936, l’institutrice de La Malbaie, Laure Gaudreault, s’attèle à la tâche de regrouper ses consœurs au sein de l’Association catholique des institutrices rurales. Chaque district voit bientôt une association se former. Le district numéro 9, celui de Mont-Laurier, voit la sienne prendre vie en 1939, après une visite que fait l’instigatrice à Mgr Limoges, évêque du diocèse de Mont-Laurier. À l’époque, les syndicats n’ont pas encore tout l’assentiment du clergé et chaque association a besoin de l’approbation de l’évêque pour survivre. Ces associations vont bientôt donner vie à la Fédération catholique des institutrices rurales. Dès lors, ses membres s’acharnent à acquérir de Mlle Marie-Anne Dumouchel et ses élèves, 1916 meilleures conditions. Durant les décennies qui 1ère rangée : de gauche à droite : suivent, grâce à leurs luttes, les institutrices rurales ? Hatin, Albert Grenier, ?, Noé Venne, Clara Melançon, verront leurs conditions s’améliorer. Déjà, dans les Gilberte Venne, Rose Melançon, (en arrière) : Gilberte années 1940, leur salaire a plus que doublé ! Bélec, Régina Venne, Simone Grenier, deux enfants Cet article aura contribué, je l’espère, à rendre Desnoyers, Paul Grenier, Télesphore Melançon, ? Hatin, Arthur Grenier. hommage à une génération de femmes qui se sont e 2 rangée : Eugénie Labelle, Marie-Louise Venne, Léonie donné corps et âme dans cette vocation, afin

Labelle, Simone Barrette, Juliette Grenier, Marie-Rose d’instruire les enfants de nos campagnes. Plusieurs

Barrette, Luméra Venne, Aurore Hatin, Aurore Aubin, ?. d’entre elles ont passé leur vie dans ces écoles de

rang, dans des conditions parfois très pénibles. Les

écoles de rang disparaîtront peu à peu pour laisser la Puisqu’il n’y a qu’une seule institutrice par rang ou place à des écoles centralisées et à nos fameuses par village, le poste est très convoité, d’autant plus polyvalentes. Toutefois, s’il vous arrive d’aller vous que plusieurs institutrices n’ont pas d’emploi. C’est balader dans les rangs éloignés de Mont-Laurier, de pourquoi les faits et gestes de la maîtresse d’école Ferme-Neuve, de Lac-des-Îles ou de Kiamika, vous sont étroitement surveillés par les commissaires, les verrez peut-être les vestiges de cette époque parents, les voisins et les curés. Un seul écart de désormais révolue et vous aurez une petite pensée conduite, même après les classes, peut lui valoir d’être pour ces institutrices rurales… renvoyée, pour cause d’immoralité ou pour avoir faire preuve d’une trop grande sévérité! En 1901, à Sources : Cécile Reid-Brisebois, Nos institutrices rurales, 1898-1960, La Société d’histoire de la région de Mont-Laurier, 1984, 92 p. Collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Éditeur Le Jour, 1992, 646 p. 27

Raymond Dinelle Précurseur des cours universitaires à Mont-Laurier

Oncle Raymond est né le 9 novembre 1933 pendant la crise. Il aimait bien étudier et lire. Je me rappelle des dimanches après-midi quand j’allais chez lui avec ma mère, combien j’aimais bouquiner dans sa bibliothèque. Elle comprenait toutes sortes de livres allant de la psychologie à la sociologie, aux grands auteurs français. Mais moi, j’aimais par-dessus tout ses livres sur l’histoire des civilisations remplis de photos archéologiques.

Il a travaillé pour la Banque Nationale pendant plusieurs années. Il s’occupait de la comptabilité. Par la suite il a travaillé pour le Centre des services sociaux de l’Outaouais à Mont-Laurier (l’ancêtre des CLSC). Il était bien apprécié par ses collègues de travail surtout pour son professionnalisme, son écoute et son entraide.

En 1976, après plusieurs démarches, il a démarré des activités de certificat en travail social avec le Centre d'études universitaires dans l'Ouest québécois (aujourd'hui l'UQO). Par la suite le certificat en sciences infirmières a été ajouté. Il travaillait à partir de sa résidence et y recevait les étudiants de Mont-Laurier et de Maniwaki pour ouvrir leur dossier et les renseigner sur les procédures à suivre pour l’obtention de leur certificat.

En 1978, au cours de son baccalauréat, il a fait un stage de 6 mois en France sur le travail social. En 1980, il termine son baccalauréat en Raymond Dinelle travail social mais la maladie l’oblige à se retirer de ses fonctions. Il n’a pas pu accrocher son diplôme dans son bureau. Il est décédé le 16 mai 1981 à la suite d’un cancer. Madame Pauline Roy, registraire de l’Université, a tenu à lui rendre hommage de cette façon : « Monsieur Dinelle, en tant qu’agent de liaison, s’est montré d’une équité exemplaire en tout temps et à fait preuve d’un dévouement inlassable. Il n’a rien épargné pour répondre aux attentes des étudiantes et étudiants de son milieu et promouvoir l’Université.»

Merci oncle Raymond! Luc Paquette

Une visite guidée de l'Église de Nominingue sera offerte tous les dimanches de 12 h à 15 h et les jeudis de 14 h à 16 h du 27 juin 2010 au 5 septembre 2010 inclusivement. Une offrande volontaire est demandée pour la visite.

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Mots croisés par Louis-Michel Noêl 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 Horizontalement 1.Première présidente des dames de Ste-Anne de 2 la paroisse Notre-Dame de Fourvière. 2. Lettres 3 peintes au début d’un texte. 3. Poème. Populaces. 4 4. Enlevées. …Lanka. 5. Révérend Père. Non dit. 5 Greffa. 6. Écoutera. Oiseau échassier des marais. 7. 6 Type de transistor. Jamais entendue. 8. Choix. Partie décorée d’un autel. 9. Avant Air-Canada. 7 Changée en génisse. Enveloppe des céréales. 10. 8 Institut de l’Hôtellerie. Verrou. Deux. 11. On y 9 cultive des fruits. Auxiliaire. 12. Infinitif. 3e évêque 10 du diocèse. 11 12

VERTICALEMENT

1. La première arriva en 1909. 2. Orifice d’un canal. Première femme arrivée au Rapide-de-l’Orignal. 3.

Conduisent des ânes. 4. Nouvelle lune. On le moissonne. Le moi. 5. Dette. Peu de chose. Reçu. 6. Tranchant. Champ. 7. Sent et goûte fort. Voyelles. 8. Premières pages. Gonflement des ganglions lymphatiques. 9. Premier maire de Mont-Laurier. Dans la rose des vents. 10. Fatiguées. Phonétiquement enlever. 11. À toi. Vers, anglais, Enduit. 12. Sœur de l’hôpital.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 M A P P E M O N D E B 2 O R O T A R A M B U 3 U R I N E S S L A C 4 L O S E R S T E A K 5 I B S E N N E R O L I 6 N E O I D E I N N 7 S N I T R I L E A G 8 A M B R E G E R A H 9 S A L B E T A S A 10 C R A M P E A S A M Photo envoyée par M. Maurice Brisebois, 11 I E N A T L I E D Peut-être prise devant l’église de la paroisse Sainte-Famille d’Aumond. 12 E S C O B A R T Z A R Le prêtre qui figure sur la photo est l’abbé Elphège Cousineau qui a été curé de la paroisse Sint-Jean-sur-le-Lac de 1934 à 1952. M. Brisebois souhaite remettre la photo À ces personnes. Les reconnaissez-vous ? Si oui, appellez-nous au 819-623-1900. Merci !

29 Encourageons nos commanditaires !

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Sylvain Pagé Député de Labelle 384, rue du Pont Mont-Laurier (819) 623-1277

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Insérer la publicité de la SNQ

Municipalité de Ferme-Neuve

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