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L’inépuisable p. 5

The Inexhaustible p. 15

Index p. 24

Photo : Philippe Gonthier / Editions Salabert. Pascal Dusapin Français Menu

d’imitations (ce seraient plutôt des dérives). Les L’Inépuisable Allemands parlent de Wirkungsgeschichte (un tel (sur Hinterland et OpenTime de Pascal Dusapin) concept n’existe pas en français) : essentiellement, l’histoire de l’impact et de l’influence d’une œuvre En 2009, paraissait un coffret de deux sur des œuvres ultérieures. De telles histoires, disques sur lesquels figurent, interprétés par pour ainsi dire au futur antérieur (une manière le Quatuor Arditti, les Quatuors à cordes I à V d’OpenTime, en un sens), animent l’inventivité et le trio Musique fugitive de Pascal Dusapin musicale de Dusapin et en font un singulier forum (AECD 0983). Le présent enregistrement (une « solitude peuplée », dirait Deleuze). continue cette aventure et ce sont, cette fois, les Quatuors VI – Hinterland (hapax Première tentative d’épuisement pour quatuor à cordes et orchestre) – et VII – OpenTime (21 variations pour quatuor à Ainsi, un point de rencontre entre Beckett, Deleuze cordes) – qui sont gravés. Ces deux quatuors, et Dusapin a lieu dans le Quatuor VI, « Hinterland ». composés l’un à la suite de l’autre, ont été Dans la partition, au-dessus des portées du quatuor, terminés en 2009, soit l’année où paraissait sont énumérées quatre « tentatives d’épuisement ». le coffret des cinq précédents. C’est dire que, Le mot « épuisement » est à entendre, ici, au sens depuis 1982, le quatuor à cordes comme fil où Deleuze l’emploie dans son essai sur Beckett, rouge du catalogue de Dusapin, de même L’Épuisé. En somme, il s’agit moins de fatigue que de que la relation privilégiée avec le Quatuor complètement du possible à l’intérieur de certaines Arditti qui l’accompagne, poursuivent leur coordonnées. D’où des moments de contractions chemin. menant à l’impasse, ou des bonds vers d’autres ailleurs, de nouveaux devenirs, d’autres lignes Pascal Dusapin a souvent évoqué Samuel Beckett de fuite. Mais la fuite, chez Dusapin comme chez comme interlocuteur imaginaire majeur dans son Deleuze, ne relève pas de l’évitement et du refuge. travail de composition. On en trouve des traces La fuite est un « faire ». Fuir, « c’est aussi bien faire dans plusieurs titres de ses œuvres, ainsi que dans fuir » (Deleuze). Du reste, Hinterland – mot emprunté quelques citations littéraires (réelles ou fictives) en à l’allemand – signifie « arrière-pays ». Quel est ce marges des portées de certaines de ses partitions, Dehors ? Le couple dialectique dedans / dehors dont les deuxième et cinquième quatuors. Une est, précisément, un angle particulièrement porteur dynamique similaire, et au moins autant cruciale, pour approcher le travail de Dusapin (voir, par a lieu avec le philosophe Gilles Deleuze. Quelque exemple, In & Out pour contrebasse, ou encore, chose d’eux – un « effet Beckett », un « effet plus récemment, Outscape pour violoncelle et Deleuze » – passe et s’imprègne dans la musique orchestre). Ainsi, chez Dusapin, la métaphore de Dusapin, sans qu’il s’agisse pour autant est toujours, avant tout, littérale, de sorte qu’il

5 n’y a chez lui de sortie de la musique que par la auditeurs. De fait, les investigateurs de paysages musique elle-même (dans son abécédaire réalisé sonores, à l’instar de R. Murray Schafer ou avec Claire Parnet, Deleuze parle d’une « sortie de d’Hildergard Westerkamp, nous ont bien montré la philosophie par la philosophie »). Il ne faut pas combien l’ouïe est un sens particulièrement se laisser trop dérouter par cette apparente aporie, approprié pour se faire envelopper, puisque nous car chez Dusapin, tout fonctionne toujours par série percevons le son de partout et non seulement de paradoxes et synthèses disjonctives. Impossible de face (ceci même quand il s’agit de musiciens d’identifier quoi que ce soit dans sa musique sans devant). Mais cet arrière-pays a encore un que l’avers de cette chose n’apparaisse aussitôt autre sens strictement musical. En effet, on est comme étant tout autant opératoire. Cet arrière- toujours l’arrière-pays de quelqu’un, et c’est le pays, donc, nous dit Dusapin, n’est en fait pas si cas également dans Hinterland, où deux entités éloigné : c’est le lieu, dans la cartographie de son cohabitent et sont l’arrière-pays l’une de l’autre : catalogue, où se trouvent les quatuors à cordes soit un quatuor à cordes et un orchestre. C’est (un lieu apparemment inépuisable, propice aux là qu’intervient, en sous-titre, le mot « hapax », qui éternels retours). Nul endroit sur cette carte qui signifie, selon le Larousse : « Fait de langue (mot, ne soit interconnecté à cet arrière-pays : il y a des expression, construction) dont il n’existe qu’une canaux, routes maritimes et zones d’influences seule occurrence dans un corpus donné ». C’est communiquant entre ces quatuors et les autres parce qu’il est le seul des quatuors de Dusapin régions du corpus (concertos, opéras, musique impliquant un orchestre que Hinterland est sous- symphonique, par exemple). C’est ainsi que dans titré ainsi (peut-être pourrait-on postuler que cet la note de programme de Hinterland, Dusapin hapax concerne aussi l’affect, d’emblée plus léger confie : « le quatuor à cordes représente pour moi et ludique dans ce sixième quatuor que dans tous la possibilité de dévier – à la manière d’un rayon les autres de Dusapin). L’orchestre symphonique lumineux qui passe d’un milieu à un autre – la a été, d’ailleurs, adapté à la circonstance : pour matière intégrale de mon travail ». À noter que le des raisons d’équilibre, il n’y a ni trompettes, mot « land » apparaît, frontalement ou obliquement, ni trombones, ni percussion. Sont présents les ailleurs chez Dusapin (il y a Hinterland, mais aussi bois et les cors (tous par deux), les cordes, ainsi Morning in Long Island, ou encore Outscape, qui qu’une harpe. Le quatuor, lui, est devant. Tout au évoque « landscape »). De quoi s’agit-il ? Est-ce la long de l’œuvre, ces deux entités s’approchent et capture, musicale et virtuelle, d’un paysage ? Peut- s’éloignent musicalement l’une de l’autre, dans un être est-ce l’envers de ce que fait Christo (dans pas de deux le plus souvent (mais pas toujours) Wrapped Coast, par exemple) : non pas l’artiste endiablé. Parfois, l’une des deux entités chemine qui enveloppe un paysage, mais l’artiste qui se seule, sans l’autre – comme, par exemple, lors de fait envelopper par un paysage. Ou peut-être : la « première tentative d’épuisement » (mesure 115), l’artiste inventant un paysage qui enveloppera des où le quatuor joue une première cadenza (s’il est 6 encore possible d’utiliser le langage des concertos). correspondant à différents « fuseaux horaires ». Parfois, les deux entités sont en surimpressions OpenTime, pour sa part, est constitué de 21 quasi indiscernables – comme, par exemple, lors variations. Mais qu’est-ce qu’un « temps ouvert » ? de la « troisième tentative d’épuisement » (mesure Ici, c’est peut-être, entre autres, la temporalité non 318), où le quatuor soliste rencontre son double par quantifiée de l’anacrouse : la « petite note », cette le truchement d’un autre quatuor, dans l’orchestre. distribution nomade qui, bien que notée, échappe Souvent, les deux entités sont en interconnexions au quadrillé de la métrique. L’anacrouse relève d’un rhizomatiques et foisonnantes, en un spectaculaire « temps flottant », pour utiliser cette expression de « chaosmos », pour emprunter à Joyce ce mot-valise Deleuze. Et c’est là tout ce qui sert de « thème » – en que chérissaient Deleuze et Guattari. Puis, alors fait, il s’agit plutôt d’un geste – à ces 21 variations. que l’on pourrait croire que l’œuvre rebondira à C’est l’alto qui joue ce geste : une anacrouse sur nouveau vers un autre ailleurs, elle s’arrête. Avec le un sol menant à un do haussé de trois quarts de Quatuor VII, déjà, l’hapax est achevé et l’on revient à ton, qui glisse légèrement jusqu’au même do la nomenclature habituelle, sans orchestre. mais haussé maintenant d’un seul quart de ton, et il est spécifié que la sonorité doit être « rauque et Deuxième tentative d’épuisement féroce ». Immédiatement, la micro-tonalité s’impose Ce septième quatuor aussi a un titre et un sous- telle qu’elle est chez Dusapin : ni tempéraments titre : OpenTime, 21 variations pour quatuor à égaux à échelles variables, ni intonation naturelle cordes. Sur la page-titre de la partition, sont ou transposition de modèles acoustiques, mais indiquées les dates exactes de composition : « 4 expression viscérale et écoute de « la vie nue » mars – 27 mai 2009 ». En page d’introduction, sont (pour évoquer Agamben), en-dehors des grilles inscrites les dates où ont été terminées chacune préfabriquées. C’est de ce petit geste très contracté des variations : 4 mars 2009 pour la première, 17 – à la fois presque rien (moins d’une mesure) mars pour la seconde, et ainsi de suite, jusqu’à la et presque tout (c’est tout de même le principe fin de l’œuvre, qui fut terminée le 27 mai à 1h50. d’anacrouse-accent-désinence, ou d’arsis et de Suit un fac-similé du manuscrit de la partition (d’une thesis, au cœur de toute musique ou presque) – que qualité calligraphique excessivement soignée, dérive, se déploie et dévie en directions multiples comme toujours chez Dusapin). Puis, page 1, et devenirs tous azimut ces presque quarante au-dessus du titre, on lit cette dédicace : « pour minutes de musique. Bien que ces 21 variations Anton, né le 29 juin 2009 à 0h31 ». Par son titre et soient numérotées dans la partition, elles n’ont, sa durée (près de quarante minutes), OpenTime la plupart du temps, ni débuts et ni fins aisément n’est pas sans rappeler le Quatuor II, Time Zones, discernables : elles s’amorcent et se continuent composé en 1989, exactement vingt ans avant. les unes dans les autres, par anticipations et Time Zones est un enchaînement de 24 miniatures, retards de gestes et de formes entrecroisées. Les anacrouses, et d’autres petites notes appartenant 7 au même temps in-calculé, réapparaissent çà et s’acharnant à reprendre les flux, contre « l’usure du là parmi des itérations rythmiques qui sont leur temps » (Boucourechliev). La musique de Dusapin avers et qui s’affolent parfois à la manière de (comme la philosophie de Deleuze) est empreinte machines détraquées, ou encore, a contrario, de vitalisme, et c’est peut-être pourquoi l’identité parmi des tenues très aigües et lisses comme de et l’origine y cèdent toujours sur la différence et la glace, et parmi une panoplie d’autres possibles l’à-venir. Dans la note de programme d’OpenTime, sonores encore, allant de sinueuses inflexions Dusapin écrit : « Varier, c’est toujours changer mélodiques à des silences de quelques secondes, quelque chose pour autre chose. Cela ne veut pas en passant par des salves de pizzicati aux effets dire consolider les prémices d’une idée originelle. de mandoline géante, par exemple. Ce rapport à Il se peut même qu’il s’agisse du contraire. Ici, la la variation, où le thème n’est plus tant un thème forme du quatuor avance par dérivations, déviations qu’un principe, un « programme » qui est à la fois et contournements successifs en ouvrant sans tout et rien, n’est pas sans rappeler la trajectoire cesse le temps qui passe et s’efface. Avec qu’André Boucourechliev – un compositeur qui obstination. Comme la vie sans doute… ». a beaucoup compté pour Dusapin – traçait entre les Variations Goldberg (BWV 988) de J.-S. Bach, Maxime McKinley les Variations sur un thème de Diabelli (op. 120) de Beethoven, et les Variations (op. 27) de Webern. Sans doute est-il possible d’entendre OpenTime comme un monument s’ajoutant à cette lignée (indépendamment du fait qu’il est peu probable que Dusapin ait même songé à celà). Ainsi, la variation est abordée selon une perspective où le rapport à l’origine est soit coupé, soit oublié, soit radicalement dé-tendu, de sorte que s’ouvre tout un champ de possibilités d’ex-tensions, de cristaux, de lignes de fuite, de devenirs-autres, de ritournelles au sens deleuzien du terme (ces perpétuelles dé- et re-territorialisations). Ce sont des variations de vitesses, aussi : le changement perpétuel défile, ici au grand galop dans une surenchère d’informations hallucinant la perception qui peine à suivre, là beaucoup plus lentement, comme si quelque grain de sable dans l’engrenage ralentissait la flèche du temps, d’où des ostinati 8 Pascal Dusapin création en mars 2015 au Théâtre de La Monnaie à Bruxelles suivie de la création française à l’Opéra C’est à l’âge de dix-huit ans que Pascal Dusapin du Rhin en septembre 2015, dont il tire également découvre Arcana d’Edgar Varèse. Il sait désormais une suite pour soprano et orchestre, Wenn du dem que sa vie se confondra avec la composition Wind…, créée au Suntory Hall de Tokyo en août musicale. Il suit les cours de Iannis Xenakis de 2014 et reprise à la Philharmonie de Paris en mars 1974 à 1978, qu’il perçoit comme le dépositaire 2015. contemporain de Varèse. Ses premières pièces, Souvenir du silence (1975) et Timée (1978) trouvent Entrelacées dans l’écriture de ses opéras, de l’écoute et le soutien des compositeurs Franco nombreuses pièces ont vu le jour dont sept Donatoni et Hugues Dufourt. quatuors à cordes, d’autres partitions vocales telles La Melancholia, Granum Sinapis, Dona Eis, et Sept En 1977, il remporte le prix de la Fondation de la études pour piano, A Quia concerto pour piano, Vocation et en 1981 celui de la Villa Médicis où sept solos pour orchestre, Go, Extenso, Apex, il écrira Tre Scalini, Fist et Niobé. Il écrit ensuite Clam, Exeo, Reverso et Uncut. Un nouveau cycle Assaï pour le ballet de Dominique Bagouet, pour orchestre est en cours, inspiré par la nature, grande rencontre humaine et artistique. En 1986, Morning in Long Island en sera le premier élément, il s’engage dans l’aventure de son premier opéra, suggéré par les formes du vent. Il fut créé en 2010 écrit en étroite collaboration avec l’écrivain Olivier par l’Orchestre Philharmonique de Radio France Cadiot, Roméo & Juliette. La création aura lieu sous la direction de Myung-Wun Chung. Parmi ses simultanément à l’Opéra de Montpellier et au dernières créations, on peut aussi citer un concerto Festival d’Avignon, suivi d’une tournée à l’étranger. pour violon, Aufgang, commandé par le violoniste Pascal Dusapin relie dès lors sa passion littéraire à Renaud Capuçon et une pièce pour piano et ses œuvres lyriques. Ainsi naîtront Medeamaterial six instruments, Jetzt genau! Son concerto pour d’après Heiner Müller, créé à la Monnaie en 1991, violoncelle, Outscape, écrit pour Alisa Weilerstein To be sung d’après Gertrude Stein, créé en 1994 a été créé en mai 2015 par le Chicago Symphony au Théâtre des Amandiers à Nanterre et en 2003 Orchestra et son double concerto At Swim-two- Perelà, Uomo di fumo, d’après Aldo Palazzeschi à birds, écrit pour la violoniste Viktoria Mullova l’Opéra Bastille. Il écrit ensuite le livret de ses deux et le violoncelliste Matthew Barley sera créé le prochains opéras, Faustus, The Last Night créé au 30 septembre 2017 par le Netherlands Radio Staatsoper de Berlin en 2006 et Passion inspiré par Philharmonic Orchestra, suivi du Gewandhaus le mythe d’Orphée au Festival d’Aix en Provence en Leipzig, de l’Orchestre national de France, du 2008 et représenté à la Monnaie en 2012, suivi de O London Philharmonic Orchestra et du Seattle Mensch!. Poursuivant sa mise en abyme des héros Symphony Orchestra. antiques, il s’attaque au livre référence de Heinrich von Kleist pour son dernier opéra, Penthesilea, 9 Pascal Dusapin est distingué par de nombreux Arditti Quartet prix, honneurs, récompenses dont le titre de Commandeur des Arts et Lettres en 2003, le Le quatuor Arditti jouit d’une réputation internatio- prix Cino del Duca en 2005, le Dan David Price nale qu’il doit à la qualité exceptionnelle de son in- en 2007 et le titre d’Académicien à la Bayerische terprétation de la musique contemporaine. Depuis Académie de Munich la même année, qui le voit sa fondation, en 1974, par le premier violon Irvine aussi occuper le fauteuil de la Chaire Artistique Arditti, plusieurs centaines de quatuors à cordes lui au Collège de France, second compositeur après ont été dédiés, et c’est désormais un rôle majeur Pierre Boulez à accéder à cette institution. Il tirera qui lui est acquis dans l’histoire de la musique de cette expérience et de ses conférences un livre, des trois dernières décennies. Aussi nombreux Une musique en train de se faire (édité au Seuil). que différents sont les compositeurs qui lui ont En 2010 et 2011 il est « Guest Professor » à la confié la création de leurs œuvres, dont beaucoup Musikhochschule de Munich. sont aujourd’hui reconnues comme des pièces majeures du répertoire contemporain. On trouve Irina Kaiserman parmi eux Adès, Andriessen, Aperghis, Bertrand, Les œuvres de Pascal Dusapin sont publiées aux Éditions Birtwistle, Britten, Cage, Carter, Denisov, Dillon, Du- Salabert (Universal Music Publishing Classical). fourt, Dusapin, Fedele, Ferneyhough, Francesconi, Gubaidulina, Guerrero, Harvey, Hosokawa, Kagel, Kurtág, Lachenmann, Ligeti, Maderna, Nancarrow, Reynolds, Rihm, Scelsi, Sciarrino, Stockhausen et Xenakis. Parce qu’il est convaincu qu’une étroite collaboration avec les compositeurs est essentielle dans le processus d’interprétation, le quatuor Arditti les implique autant que possible dans son travail. Cet engagement hors-pair au service de la musique d’aujourd’hui se reflète également sur un plan pédagogique, les membres du quatuor proposant dans le monde entier des master classes et des ateliers pour jeunes interprètes et compositeurs. La discographie extraordinairement étendue du quatuor Arditti compte presque 200 disques. Quarante-deux d’entre eux ont été publiés chez Naïve Montaigne et incluent une collection consa- crée principalement à de nombreux portraits de compositeurs contemporains, ainsi que le premier 10 enregistrement digital de l’intégrale de la musique Orchestre Philharmonique de chambre pour cordes de la deuxième École de Vienne. Le quatuor a aussi enregistré pour plus de de Radio France vingt autres maisons de disque. On y trouve entre Mikko Franck, directeur musical autres, l’intégrale des quatuors à cordes de Berio, Créé sous une première forme en 1937 Cage, Carter, Lachenmann, Ligeti, Nono, Rihm par la radiodiffusion française, l’Orchestre et Xenakis, ou bien encore un enregistrement du philharmonique de Radio France est refondé en spectaculaire Quatuor-hélicoptère de Karlheinz 1976 avec cette particularité de pouvoir se partager Stockhausen. Les plus récents enregistrements simultanément en plusieurs formations ; Gilbert ont été produits par la maison de disque æon et Amy en est le premier directeur musical, Emmanuel comptent les monographies de Harvey, Dusapin, Krivine le premier chef invité. Birtwistle et Gerhard. A ce jour, la discographie du Quatuor Arditti est la plus importante documenta- En 1984, Marek Janowski prend la direction tion disponible dans la littérature récente du qua- musicale de l’orchestre. Il dirigera la Tétralogie de tuor à cordes. Wagner (au Théâtre du Châtelet, au Théâtre des Champs-Élysées et aux Chorégies d’Orange) pour Ces trente dernières années, de nombreux prix ont la première fois à Paris depuis 1957. été décernés au Quatuor Arditti. En Allemagne, le Grand Prix du Disque lui a été attribué à plusieurs Nommé directeur musical en 2000, Myung-Whun reprises. En Grande-Bretagne, il a reçu deux fois Chung invite Pierre Boulez, Gustavo Dudamel, le Gramophone Award pour ses enregistrements Valery Gergiev, Esa-Pekka Salonen, etc. En 2007, des œuvres d’Elliott Carter (1999) et de Harrison les musiciens de l’orchestre et Myung-Whun Chung Birtwistle (2002), dans la catégorie du meilleur sont nommés ambassadeurs de l’Unicef. enregistrement de musique de chambre contem- En septembre 2015, Mikko Franck est nommé poraine. En 2004, l’Académie Charles Cros lui a à son tour directeur musical de l’orchestre. Des décerné son « Coup de Cœur » pour sa contribu- artistes tels que Karita Mattila, Hilary Hahn, Renaud tion exceptionnelle à la diffusion de la musique Capuçon, Edgar Moreau, Lahav Shani, Dmitri d’aujourd’hui. En 1999 il a été honoré du très Masleev, etc. participent à la saison 2016-2017, prestigieux Ernst von Siemens Musikpreis, pour également marquée par une tournée européenne sa contribution importante dans le domaine de la en novembre (Philharmonie de Berlin, Munich, musique. Le Quatuor Arditti est jusqu’à présent le Cologne, Vienne) et par une tournée en Asie en mai seul ensemble a avoir reçu ce Prix. Les archives (Chine, Corée du sud, Hong Kong). complètes du Quatuor sont rassemblées à la fondation Sacher située à Bâles en Suisse.

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Pascal Rophé Pascal Rophé est actuellement Directeur Musical de l’Orchestre National des Pays de la Loire, poste qu’il occupe depuis la saison 2013/2014. Il était auparavant Directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège. A partir de 1992, à la suite d’études au Conser- vatoire de Paris, il collabore avec Pierre Boulez et l’Ensemble intercontemporain. Surtout connu pour son implication dans le répertoire du XXe siècle, il s’est également construit une réputation enviable pour ses interprétations des grandes symphonies des XVIIIe et XIXe siècles. En France comme à l’étranger, Pascal Rophé travaille avec les plus grands orchestres et se trouve régulièrement invité par les principaux orchestres européens dédiés à la musique contemporaine. Il a ouvert la saison 2016/2017 de l’Angers Nantes Opéra par une version concert de Lohengrin ; se produit avec l’orchestre symphonique de la BBC, le philharmonique de Séoul, l’orchestre de la Suisse Romande et celui de Radio France ; en Asie, il a fait ses débuts avec l’orchestre philharmonique de Taiwan, de Chine, l’orchestre symphonique de Guangzhou et l’orchestre du Hyogo Performing Arts Centre. Chaque saison, il s’investit aussi dans le répertoire opératique: Pelléas et Mélisande, Thaïs, Le Vaisseau fantôme, Dialogue des Carmélites ou encore Akhmatova à l’Opéra National de Paris figurent à son répertoire. De sa large discographie reconnue par la critique, mentionnons son dernier disque paru en 2016 chez BIS d’œuvres de Dutilleux pour le centenaire de la naissance du compositeur.

12 Photo : B. Ealovega. Pascal Rophé Photo : Pascal Dusapin Pascal Dusapin& Arditti Quartet English Menu

the impact and influence of a work on later works. The Inexhaustible Such histories, so to speak, in the future perfect (on Pascal Dusapin’s Hinterland and OpenTime) (a sort of OpenTime, in a way), animate Dusapin’s musical inventiveness and make it a singular forum In 2009, a two-CD set was released featuring (a ‘populous solitude’, as Deleuze would say). Pascal Dusapin’s String Quartets I-V and the trio Musique fugitive, performed by the First attempt at exhaustion Arditti Quartet (AECD 0983). The present disc continues the adventure, this time with Thus, a meeting point between Beckett, Deleuze and Quartets VI – Hinterland (hapax for string Dusapin takes place in the Quartet VI, Hinterland. quartet and orchestra) – and VII – OpenTime In the score, above the staves of the quartet, four (21 variations for string quartet). These two ‘attempts at exhaustion’ are enumerated. The word quartets, composed one after the other, were ‘exhaustion’ is to be understood here in the sense completed in 2009, the same year that the set that Deleuze uses it in his essay on Beckett, The of the first five came out. This goes to show Exhausted. In short, it is less a matter of fatigue that, since 1982, the string quartet has been than of what is possible within certain coordinates. a common theme in Dusapin’s catalogue, just Hence moments of contraction leading to impasse like the favoured relationship with the Arditti or leaps towards other ‘elsewheres’, new evolutions, Quartet, which accompanies him along the other vanishing lines. But, with Dusapin as with way. Deleuze, flight does not come from avoidance or refuge. It is a ‘to do’. To flee, ‘is just as much to Pascal Dusapin has often mentioned Samuel make flee’ (Deleuze). Moreover, in Hinterland – a Beckett as a major imaginary interlocutor in his word borrowed from German and English –, what composition work. We find traces of this in the is this Outside? The dialectical couple of inside/ titles of several of his works, as well as in a few outside or within/without is, precisely, a particularly literary quotations (real or fictional) in the margins of key angle for approaching Dusapin’s work (see, some of his scores, including the Second and Fifth for example, In & Out for double bass, or, more Quartets. A similar dynamic, and one at least as recently, Outscape for cello and orchestra). Thus, crucial, occurs with the philosopher Gilles Deleuze. with Dusapin, the metaphor is always, and above Something of them – a ‘Beckett effect’, a ‘Deleuze all, literal so that, with him, there is an exit from the effect’ – passes and is imbued in Dusapin’s music music only through music itself (in his alphabet without, for all that, being a matter of imitation primer, realised with Claire Parnet, Deleuze speaks (these would be rather derivatives). Germans speak of wanting to exit philosophy as a philosopher). We of Wirkungsgeschichte (such a concept does not must not let ourselves be overly disconcerted by exist in French or English): essentially, the history of this seeming aporia, for with Dusapin, everything

15 always functions by series of disjunctive syntheses always someone’s hinterland, and that is the case and paradoxes. It is impossible to identify anything in Hinterland, wherein two entities cohabit and are whatsoever in his music without the obverse of that the other’s hinterland: for instance, a string quartet thing immediately appearing just as operative. So, and a orchestra. It is there that the subtitle, the this hinterland, Dusapin tells us, is not in fact so French word ‘hapax’, intervenes. According to the removed: it is the place, in the cartography of his dictionary, this means: ‘Linguistic phenomenon= catalogue, where the string quartets are found (a (word, expression, construction) of which there seemingly inexhaustible place, propitious to eternal is but a single occurrence in a given corpus’. It is returns). No spot on this map is not interconnected because this is the only one of Dusapin’s quartets to this hinterland: there are canals, maritime routes involving an orchestra that Hinterland is subtitled and zones of influence connecting between these thus (one might perhaps postulate that this hapax quartets and other regions of the corpus (e.g., also concerns the affect, straightaway lighter and concertos, operas, symphonic music). So it is that, more playful in this sixth quartet than in all Dusapin’s in the programme notes for Hinterland, Dusapin others). Moreover, the symphony orchestra was confides: ‘For me, the string quartet represents the adapted to the circumstance: for reasons of possibility of deflecting – in the way of a ray of light balance, there are no trumpets, trombones, or going from one milieu to another – the integral matter percussion. Present are the winds and horns (all in of my work’. It should be noted that the word ‘land’ pairs), and strings, as well as a harp. The quartet is in appears, directly or obliquely, elsewhere in Dusapin front. Throughout the work, these two entities grow (there is Hinterland, as well as Morning in Long closer or further apart from each other, musically, Island, or Outscape, which evokes ‘landscape’). in a pas de deux most often (but not always) What is this about? Is it the capturing, musically furious. Sometimes, one of the two entities makes and virtually, of a landscape? Is it perhaps the its way alone, without the other – as, for example, reverse of what Christo does (in Wrapped Coast, for during the ‘first attempt at exhaustion’ (measure example): not the artist wrapping a landscape, but 115), where the quartet plays a first cadenza (if it the artist having himself wrapped by a landscape? is still possible to use the language of concertos). Or perhaps: the artist inventing a landscape that Sometimes, the two entities are in practically will wrap listeners? In fact, investigators of sound indiscernible superimpositions – as, for example, landscapes, like R. Murray Schafer or Hildergard in the ‘third attempt at exhaustion’ (measure 318), Westerkamp, have shown us how much hearing is where the solo quartet meets its double through a particularly appropriate sense for having oneself the intervention of another quartet, in the orchestra. wrapped or enveloped, since we perceive sound Often, the two entities are in teeming, rhizomatic from all around us and not only head on (and even interconnections, in a spectacular ‘chaosmos’, to when the musicians are in front). But this hinterland borrow Joyce’s portmanteau word that Deleuze and has another, strictly musical, sense. Indeed, one is Guattari cherished. Then, when we might believe 16 that the work will rebound again towards another that glides slightly to the same C, but now raised elsewhere, it stops. Already with the Quartet VII, by only a quartertone, and it is specified that the the hapax is finished, and we come back to the sonority must be ‘hoarse and fierce’. Micro-tonality customary nomenclature, without orchestra. immediately imposes itself as it is with Dusapin: neither temperaments equal to variable scales, Second attempt at exhaustion nor natural intonation or transposition of acoustic models, but visceral expression listening to ‘bare This Seventh Quartet also has a title and a subtitle: life’ (to evoke Agamben), outside of prefabricated OpenTime, 21 variations for string quartet. On the grids. It is from this little, very contracted gesture score’s title page are indicated the exact dates – both almost nothing (less than one bar) and of composition: ‘4 March–27 May 2009’. On the almost everything (it is nonetheless the principle introductory page are listed the dates when each of anacrusis-accent-inflexion, or of arsis and thesis, of the variations was finished: 4 March 2009 for at the heart of all music or nearly) – that these the first, 17 March for the second, and so on, up to nearly 40 minutes of music are derived, unfold the end of the work, which was finished on 27 May and deflect in multiple directions and evolutions. at 1.50am. There follows a facsimile of the score’s Even though these 21 variations are numbered manuscript (of exceedingly meticulous calligraphic in the score, they do not, most of the time, have quality, as always with Dusapin). Then, page 1, easily discernible beginnings or endings: they above the title, we read this dedication: ‘for Anton, start and continue in one another, by anticipations born 29 June 2009 at 0.31am’. By its title and and delays of intertwined forms and gestures. The playing time (nearly 40 minutes), OpenTime recalls anacruses and other little notes belonging to the the Quartet II, Time Zones, composed in 1989, same in-calculated time, reappear here and there exactly 20 years earlier. Time Zones is a sequence amongst rhythmic iterations that are their obverse of 24 miniatures, corresponding to different time and which sometimes panic like broken-down zones, whereas OpenTime consists of 21 variations. machines or, a contrario, amongst very high tenuti, But what is an ‘open time’? Here, it is, perhaps, smooth as ice, and amidst a panoply of further among other things, the unquantified temporality sound possibilities, ranging from sinuous melodic of the anacrusis: the ‘little note’, this nomadic inflections to silences of a few seconds, by way of distribution that, even though noted, eludes the salvoes of pizzicati creating the effect of a giant square of the metre. The anacrusis comes under mandolin, for example. This relation to the variation, a ‘floating time’, to use Deleuze’s expression. And where the theme is no longer a theme so much as there is everything that serves as a ‘theme’ – in fact, a principle, a ‘programme’, which is both everything it is rather a gesture – for these 21 variations. It is and nothing, brings to mind the trajectory that the viola that plays this gesture: an anacrusis on a André Boucourechliev – a composer who was G leading to a C raised by three quarters of a tone, very important for Dusapin – traced between J. S. 17 Bach’s Goldberg Variations, BWV 988, Beethoven’s Diabelli Variations, Op. 120, and Webern’s Variations, Op. 27. It is doubtless possible to hear OpenTime as a monument being added to this lineage (irrespective of the fact that it is unlikely that Dusapin even thought of that). Thus, the variation is broached from a perspective where the relation to the origin is either cut, forgotten, or radically dis- tended, so that a whole field of possibilities, of ex- tensions, of crystals, vanishing points, becoming others, ritornelli in the Deleuzian sense of the term (these perpetual de- and reterritorialisations). These are variations of speed, too: perpetual change files past, here at full gallop in an excess of information that hallucinates perception, struggling to keep up, there much more slowly, as if some grain of sand in the gears were slowing down the timeline, hence ostinati working furiously to take back the floodtides against the ‘wear of time’ (Boucourechliev). Dusapin’s music (like Deleuze’s philosophy) is stamped with vitalism, and it is perhaps why identity and origin always give in on the difference and the to-come. In the programme notes for OpenTime, Dusapin writes: “To vary is to always change something for something else. That does not mean consolidating the beginnings of an original idea. It is even possible that it be the opposite. Here, the quartet form advances via derivations, deviations and successive bypassing, constantly opening time that goes by and vanishes. Obstinately. Doubtless like life…”. Maxime McKinley, Translated by John Tyler Tuttle

18 Pascal Dusapin really his only formal education, probably because Xenakis asked for nothing and gave him everything. There are many questions hidden within Pascal Dusapin’s music. Each listener will recognise the Dusapin’s first pieces, Souvenir du silence echoes of their own questions and the answers (1975), Timée (1978) were appreciated by the concealed in his writing. This uniquely organic two composers, Franco Donatoni and Hughes music with its multiple facets – in turn volcanic, Dufourt, and they gave him their full support. André indescribable, rough, thoughtful, vital, and stubborn Boucourechliev gave him precious advice and the – provokes a wide variety of feelings in its listener. mottos that would accompany him throughout his As the music moves from deep sadness to a career: “Never forget the instrument at the back of cascade of triumphant laughter, from shrill fright the orchestra.” and “Sincerity is never a virtue in to a fabulous avalanche that turns into a debonair art.” fanfare, it fearlessly embraces every level emotion. In 1977 he won the Fondation de la Vocation prize Pascal Dusapin, born on May 29, 1955 in Nancy, and in 1988 he received an award from the Villa was introduced to music at an early age. After Médicis where he was resident for two years while hearing a jazz trio while on vacation with his he wrote Tre Scalini, Fist, and his first Quatuor, family, he returned home with a longing to learn Niobé. He returned from Rome more determined the clarinet. His father, however, insisted on piano than ever to live while composing and to compose lessons. When he was 10, Dusapin discovered while living. In the summer of 1986, he wrote the organ, an overwhelming passion that would Assaï for Dominique Bagouet’s ballet company. carry him through his chaotic and unconventional Their collaboration was rich, both personally and adolescence. Growing up part time in a small village artistically, and the tour of Assaï led him to travel the in the Lorraine and part time in a Parisian suburb, world for several years. he embraced all genres with equal fervour, as In 1986, with the encouragement of Rolf Lieberman, enthusiastic about Bach as about the Doors, loving he launched himself into the composition of his first free jazz as much as Beethoven. But when he first opera, written in close collaboration with the author, heard Arcana by Edgar Varese at the University of Olivier Cadiot. Roméo & Juliette diverges from Vincennes when he was 18, his life was transformed. conventional intrigue and genre. It is a musical- From that moment, he knew that he would devote literary revolution where each word is chosen for its all of his time and energy to composition. From sound and its rhythm and is then tightly intertwined 1974 to 1978, he studied devotedly with Iannis with the completely unfettered music. The work Xenakis, whom he considered to be the modern premiered simultaneously in July of 1989 at the descendant of Varese. Xenakis became his master Montpellier Opera and at the Avignon Festival, in thinking differently, broadening his horizons to before going on international tour. Henceforth, include architecture and mathematics. This was Pascal Dusapin would tie in his love of literature to 19 his operatic works. Medeamaterial, based on the Morning in Long Island will be the first Concerto work by Heiner Müller opened at the Théâtre de n°1 for orchestra, suggested by the shapes of the la Monnaie in Brussels in 1991. This was followed wind. It was premiered in 2010 by the Orchestre by To be sung, based on Gertrude Stein’s work, Philharmonique de Radio France conducted by and was created in tandem with the great mixed Myung-Whun Chung. Among the last works we media artist and light designer, James Turell, at can also mention his violin concerto, Aufgang, the Théâtre des Amandiers in Nanterre. In 2003, commissioned by violinist Renaud Capuçon and Perelà, Uomo di fumo, based on the book by Aldo his piece for piano and six instruments, Jetzt Palazzeschi, opened at the Opéra Bastille in Paris. genau!. Dusapin went on to write the librettos for his two Pascal Dusapin has been the recipient of following operas: Faustus, The Last Night which numerous prizes and awards, including the title of opened at the Staatsoper Unter den Linden in Commandeur des Arts et Lettres, the Cino del Duca Berlin in 2006 and Passion which premiered at the prize in 2005, and the Dan David Price in 2007. Also Aix-en-Provence Festival in 2008 inspired by the in 2007 he was granted the title of Academician at myth of Orpheus. Continuing his mise-en-abyme the Bayerische Académie in Munich and became of ancient heroes, he confronts Kleist’s reference Artistic Chairman at the Collège de France, only book in his last opera, Penthesilea, premiered in the second composer after Pierre Boulez to hold March 2015 at La Monnaie in Brussels, from which the position. He has published a book based on he composed a suite for soprano and orchestra, his experiences and his conferences entitled “Une Wenn du dem Wind… premiered at the Suntory Hall musique en train de se faire” (Music in the making, in Tokyo in August 2014. published by Seuil). In 2010 and 2011 he was Guest Throughout the writing of his operas, various other Professor at Musikhochschule in Munich. works were born, including seven string quartets Dusapin’s interests and passions are many, from (the sixth with orchestra), and various vocal works morphogenesis to philosophy (with a particular such as La Melancholia, Granum Sinapis, Dona interest in Deleuze), from photography, to Eis and Disputatio. He also wrote Sept études architecture, to the theatre of Samuel Beckett, pour piano, A Quia concerto for piano, and seven to Flaubert’s work, among others. All of these solos for orchestra: Go, Extenso, Apex, Clam, Exeo, contribute to his freedom of invention, and allow Reverso (premiered by the Berliner Philharmoniker multiple layers of meaning, understanding and and Simon Rattle) and Uncut. This cycle of seven emotion in his works. He has collaborated with many orchestral forms, composed between 1991 and different artists, combining his multidisciplinary 2009, is a long symphonic tale of life and of human talents with theirs: Sasha Waltz, James Turell, Peter emotions and artistry. A new cycle for orchestra Mussbach, Laurence Equilbey, The Accroche Note is in development and is inspired by nature. Ensemble, the Berlin Philharmonic, Simon Rattle,

20 and the Arditti Quartet. New projects have also brought him into the realm of electronics on a grand scale in such exceptional venues as the Grand Palais for the Monumenta by Richard Serra or the beach at Deauville for the 150th anniversary of the city. In November 2011, he directed himself his piano and baritone cycle on poems by Nietzsche, O Mensch!, at the Paris Théâtre des Bouffes du Nord. In October 2014, he imagined a visual and sound installation for the Donaueschingen Festival, “Mille Plateaux” that will travel around, among other places, in 2015 in the Lieu Unique in Nantes, France. A unique artist, Pascal Dusapin continues his musical journey, formal and yet never dogmatic, offering his fiercely emotional music through a great range of diverse forms. Irina Kaiserman

Pascal Dusapin’s work is published by Editions Salabert / Universal Music Publishing Classical

21 Arditti Quartet first digital recordings of the complete Second Viennese School’s chamber music for strings. The The Arditti Quartet enjoys a world-wide quartet has recorded for more than 20 other CD reputation for their spirited and technically refined labels and together this CD collection is the most interpretations of contemporary and earlier 20th extensive available of quartet literature in the last century music. Many hundreds of string quartets 40 years. To name just a few, Berio, Cage, Carter, and other chamber works have been written for Lachenmann, Ligeti, Nono, Rihm, the complete the ensemble since its foundation by first violinist chamber music of Xenakis and Stockhausen’s Irvine Arditti in 1974. Many of these works have infamous Helicopter Quartet. Some of the most left a permanent mark on 20th century repertoire recent releases are with the French company æon and have given the Arditti Quartet a firm place and include profiles of Harvey, Dusapin, Birtwistle, in music history. World premieres of quartets Gerhard, Ferneyhough and Paredes. by composers such as Abrahamsen, Ades, Andriessen, Aperghis, Birtwistle, Britten, Cage, Over the past 30 years, the ensemble has Carter, Denisov, Dillon, Dufourt, Dusapin, Fedele, received many prizes for its work. They have Ferneyhough, Francesconi, Gubaidulina, Guerrero, won the Deutsche Schallplatten Preis several Harvey, Hosokawa, Kagel, Kurtag, Lachenmann, times and the Gramophone Award for the best Ligeti, Maderna, Manoury, Nancarrow, Reynolds, recording of contemporary music in 1999 (Elliott Rihm, Scelsi, Sciarrino, Stockhausen and Xenakis Carter) and 2002 (Harrison Birtwistle). In 2004 and hundreds more show the wide range of music they were awarded the ‘Coup de Coeur’ prize by in the Arditti Quartet’s repertoire. the Academie Charles Cros in France for their exceptional contribution to the dissemination of The ensemble believes that close collaboration contemporary music. The prestigious Ernst von with composers is vital to the process of Siemens Music Prize was awarded to them in 1999 interpreting modern music and therefore attempts for ‘lifetime achievement’ in music. They remain to to work with every composer it plays. The players’ this day, the only ensemble ever to receive it. commitment to educational work is indicated by their masterclasses and workshops for young The complete archive of the Arditti quartet is housed performers and composers all over the world. in the Sacher Foundation in Basle, Switzerland The Arditti Quartet’s extensive discography now features over 200 CDs. 42 CD’s were released as part of the ensemble’s series on Naive Montaigne. This series set the trend, by presenting numerous contemporary composer features, recorded in their presence as well as the

22 Orchestre Philharmonique de Radio France Mikko Frank: Musical director Created in a first form in 1937 by French broadcasting, the Radio France Philharmonic Orchestra was re-founded in 1976 with the peculiarity of being able to appear either as a small ensemble or a large orchestra. Each group is formed according to the composition of the works, several groups working simultaneously. Gilbert Amy is then the first musical director, Emmanuel Krivine the first Guest conductor. In 1984, Marek Janowski took the musical direction of the orchestra. He directed Wagner’s Tetralogy (at the Théâtre du Châtelet, the Théâtre des Champs- Élysées and the Chorégies d’Orange) for the first time in Paris since 1957 Named musical director in 2000, Myung-Whun Chung invites Pierre Boulez, Gustavo Dudamel, Valery Gergiev, Esa-Pekka Salonen, etc. In 2007, the musicians of the orchestra and Myung-Whun Chung were appointed Ambassadors of Unicef. In September 2015, Mikko Franck was appointed Music Director of the orchestra. Artists such as Karita Mattila, Hilary Hahn, Renaud Capuçon, Edgar Moreau, Lahav Shani, Dmitri Masleev, etc. are participating in the 2016-2017 season, also marked by a European tour in November (Philharmonie Berlin, Munich, Cologne, Vienna) and an Asia tour in May (China, South Korea, Hong Kong).

23 Menu

Pascal Rophé Pascal Rophé is currently Music Director of the Orchestre National des Pays de la Loire, a position he has held since the 2013/14 season. He previously served as Music Director of the Liège Royal Philharmonic Orchestra. From 1992, following studies at the Paris Conser- vatoire, he collaborated with Pierre Boulez and the Ensemble intercontemporain. Although now known as an exponent of 20th century repertoire, he also has an enviable reputation for his interpretations of the great symphonic repertoire of the 18th and 19th centuries. In France and abroad, Pascal Rophé works with many major orchestras and is regularly invited by all the major European contemporary-music ensembles. He opened the 2016/17 season of the Angers-Nantes Opera with a concert version of Lohengrin; returns to the BBC Symphony, Seoul Philharmonic, Suisse Romande and the Radio France orchestras. In Asia, he débuts with the Taiwan Philharmonic, China Philharmonic, Guang- zhou Symphony and Hyogo Performing Arts Centre orchestras. He also devotes himself to diverse operatic productions each season including Pelléas et Mélisande, Thaïs, Der fliegende Holländer, Dia- logue des Carmélites and Akhmatova by Mantovani for Opéra de Paris. -The most recent addition to his extensive and award-winning discography is a recording of works by Dutilleux, released on BIS in 2016 to celebrate the centenary of the composer’s birth.

24 Arditti Quartet

Pascal Dusapin Jonathan Harvey Roberto Gerhard String Quartets & Trio Complete String Quartets Complete String Quartets & Trio & Chaconne

Hilda Paredes Harrison Birtwistle Brian Ferneyhough Cuerdas del destino Complete String Quartets Complete String Quartets & Trio

25 25 Menu

Pascal Dusapin Quatuor VI « Hinterland » . Quatuor VII « OpenTime »

Quatuor VI « Hinterland » (2009) 20’37 hapax pour quatuor à cordes et orchestre 1 I 4’30 2 II Première tentative d’épuisement 5’52 3 III Deuxième tentative d’épuisement 3’58 4 IV Troisième tentative d’épuisement 1’43 5 V Quatrième tentative d’épuisement 5’21

Quatuor VII « OpenTime » (2009) 36’16 21 variations pour quatuor à cordes 6 Variation I 3’14 7 Variation II 1’40 8 Variation III 1’18 9 Variation IV 1’03 10 Variation V 1’36 11 Variation VI 2’52 12 Variation VII 1’32 13 Variation VIII 0’41 14 Variation IX 1’11 15 Variation X 1’08 16 Variation XI 1’31 17 Variation XII 1’18 18 Variation XIII 1’55 19 Variation XIV 3’14 20 Variation XV 1’19 21 Variation XVI 1’04 22 Variation XVII 2’25 23 Variation XVIII 2’29 24 Variation XIX 1’17 25 Variation XX 1’15 26 Variation XXI 2’06

Arditti Quartet Irvine Arditti, violin Ashot Sarkissjan, violin Ralf Ehlers, viola Lucas Fels, cello

Orchestre Philharmonique de Radio France Pascal Rophé, direction

Avec le précieux soutien de / With the support of: MFA (Musique Française d’Aujourd’hui).

Prise de son : Radio France (1-5) ; Moritz Bergfeld (MBM Musikproduktion) (6-26). Montage : Aaron Holloway-Nahum (Coviello Music Productions) (6-26). Mastering : Moritz Bergfeld. Enregistrements : (1-5) 24/01/2014, Cité de la Musique, Paris, © 10/02/2014 INA , (6-26) 25/02/2016, Ensemble Haus, Freiburg am Breisgau. æon artistic supervision /direction artistique æon : Kaisa Pousset. Photo : Dolorès Marat. Éditeurs : Éditions Salabert. æon (Outhere-France) 31, rue du Faubourg Poissonnière, 75009 Paris. C 2017. Imprimé en Autriche. 27 AECD 1217 AECD 1753