Un Foglio Letterario Nella Parigi Della Monarchia Di Luglio
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Université Sorbonne Nouvelle – Università di Pisa Paris 3 Dipartimento di Filologia, CIRCE – LECEMO Letteratura e Linguistica Ecole Doctorale 122 Dottorato in Filologia, Letteratura e Langues, Civilisation et Littérature Linguistica Italienne Ilaria Gabbani «L’Italiano». Un foglio letterario nella Parigi della Monarchia di Luglio Tesi di Dottorato Relatori: Prof. Jean-Charles Vegliante Prof. Luca Curti Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 Università di Pisa Commissione: Prof. Jean-Charles Vegliante (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Prof.ssa Elsa Chaarani-Lesourd (Université de Lorraine-Nancy), Prof. Luca Curti (Università di Pisa), Prof.ssa Augusta Molinari (Università degli Studi di Genova) Anno accademico 2014-2015 Riassunti Riassunti. «L’Italiano». Une gazette littéraire dans le Paris de la Monarchie de Juillet. Ce travail se propose de reconstruire une page peu connue de l'histoire de la diaspora de l'époque du Risorgimento, écrite autour d'un journal littéraire publié à Paris entre les mois de mai et octobre 1836, «L’Italiano. Foglio letterario». Conçu en Suisse par Mazzini et certains de ses compagnons d'exil, «L’Italiano» vit le jour grâce à la collaboration d'un groupe d'exilés italiens résidant dans la capitale française. Par rapport à l'idée d'origine née au sein de la Jeune Italie, le journal dut se confronter à des intellectuels aux parcours culturels et politiques divers qui collaborèrent pour « inaugurer une nationalité, soit-elle littéraire ». Contrairement à son prédécesseur parisien, «L'Exilé» (1832-1834), qui avait l'ambition d'offrir au public italien et français une histoire de la littérature italienne, «L'Italiano» proposait un programme de « critique éducatrice » en s'adressant principalement aux intellectuels de la péninsule. Outre le partage d'une conception éthique et civique de la littérature, le socle culturel sur lequel reposait le journal se fondait sur l'adhésion à une philosophie spiritualiste qui, tout en se revendiquant exclusivement italienne, était alimentée par la rencontre avec certains penseurs français de la Restauration, comme Pierre Leroux et Philippe Buchez. Le programme littéraire du journal s'appuyait sur le théâtre dramatique et sur le mélodrame, considérés comme des dispositifs de mobilisation politique aptes à transposer l'idée de nation sur un plan émotif et symbolique mais aussi à toucher les classes populaires sans avoir recours à la médiation de la parole écrite. Mots-clés: Mazzini, mazzinisme, Risorgimento, littérature nationale, théâtre du XIXe siècle, mélodrame, identité nationale, presse italophone, histoire de la presse, éduacation féminine, saint- simonisme, catholicisme social. «L’Italiano». A Literary Magazine in the July Monarchy Paris. The research aims at reconstructing a neglected episode in the cultural life of the Italian exiles in the Age of the Risorgimento and is centered on a literary magazine published in Paris, from May to October 1836: «L'Italiano. Foglio letterario». «L'Italiano» was envisaged by Mazzini in Switzerland, together with his companions of exile, and was eventually published with the aid of a group of Italian refugees in Paris. The journal was originally conceived within the context of the «Giovine Italia», but had to face up to a number of intellectuals whose cultural and political background was extremely various and whose intent was to cooperate in order to «principiare una nazionalità, sia pure letteraria». While «L’Exilé» (1832-1834) – the nearest antecedent of this magazine – aspired to provide an history of Italian literature for the Italian and French readers, «L'Italiano» presented rather a program of «critica educatrice» and it was especially addressed to the Italian intellectuals. The circle which arised around the journal was cemented not only by an ethic and engaged conception of literature, but also by a spiritualist philosophy: even if the proponents defended the Italian character of this philosophy, it was developed through a continuous exchange with French Philosophers of the Age of Reaction, such as Pierre Leroux and Philippe Buchez. The journal's proposal was centered on dramatic theatre and melodrama, insofar as they were considered as instruments for political mobilization, apt to set on an emotional and symbolic dimension the idea of nation, as well as to affect the working-class, without the need for written words. Key words: Mazzini, Mazzinianism, Risorgimento, National Literature, Nineteenth Century Theatre, Melodrama, National Identity, Italophone Press, History of Press, Female Education, Saint- Simonianism, Social Catholicism. 2 Résumé Résumé. « L’Italiano ». Une gazette littéraire dans le Paris de la Monarchie de Juillet. « L'Italiano » est un journal paru à Paris entre le mois de mai et le mois d’octobre 1836. L’idée originelle remontait à Mazzini et au petit cercle d’affiliés à la Jeune Italie, avec qui il partageait son exil en Suisse depuis 1833 : les frères Agostino et Giovanni Ruffini, Antonio Ghiglione et Angelo Usiglio. Les collaborateurs du journal étaient une vingtaine, issus pour la plupart du milieu des exilés politiques italiens à Paris. Il en résultait un groupe hétérogène en termes d’appartenance politique : aux côtés de ceux qui militaient au sein de la Jeune Italie, il y en avait d’autres qui avaient été impliqués lors du soulèvement de 1831 dans le centre de l’Italie et, dans une moindre mesure, d’autres encore qui avaient participé aux émeutes de 1821. Parmi eux, jouissant d’une certaine renommée littéraire, se distinguait la figure de Niccolò Tommaseo. Depuis toujours la presse jouait un rôle stratégique dans le projet politique de Mazzini, qui voyait dans les journaux des outils efficaces pour mener un combat idéologique, ayant pour but la formation de l’opinion publique. À ce propos, Alessandro Galante Garrone parle de Mazzini comme « le plus grand inspirateur ou instigateur de toute la presse périodique de l’émigration italienne » 1. Au tout début Mazzini et son petit cénacle envisageaient de publier une Biblioteca drammatica, un recueil de traductions de drames d’auteurs européens du XIXe siècle (comprenant, entre autres, Alfred de Vigny, Friedrich Schiller, Victor Hugo, Franz Grillparzer). Ce recueil aurait dû être accompagné d’un journal proposant des comptes rendus et des critiques consacrés au théâtre. En effet, selon les vœux de ses éditeurs, le recueil devait se présenter comme un « Cours dramatique en action » (« Corso drammatico in azione »), suivant en cela la méthode proposée par Mazzini, qui préconisait de lier pratica et teorica, écrits littéraires et essais critiques, dans le 1 « il più grande ispiratore o stimolatore di tutta la stampa periodica dell’emigrazione politica italiana ». Cf. Alessandro Galante Garrone, Franco Della Peruta, La stampa italiana del Risorgimento, in Valerio Castronovo, Nicola Tranfaglia, Storia della stampa italiana, Rome-Bari, Laterza, 1979, p. 165. 3 Résumé but d’offrir aux intellectuels italiens les outils herméneutiques nécessaires à la fondation d’une nouvelle littérature nationale. Dès son origine, ce qui devint par la suite « L’Italiano » voulait être d’abord un journal littéraire – quoique dans une acception militante et politique de la littérature – tout particulièrement voué à la littérature européenne, parce que selon Mazzini il fallait « fonder une critique italienne sur la littérature étrangère »2. A l’instar du recueil dramatique, le journal aussi entendait s’adresser principalement au public italien. En effet, à l’exception de deux articles de Tommaseo, tous les contributions parues dans le journal étaient écrites en langue italienne. Quant au théâtre – dans les deux genres du drame et du mélodrame – il s’agissait d’un choix tout à fait cohérent avec le programme de Mazzini : dans les deux cas, il était question de formes artistiques qui, en opérant sur les émotions du spectateur et son identification avec les personnages, visaient à susciter son enthousiasme. Ce phénomène permettait donc l’accomplissement d’un objectif pédagogique, considéré par Mazzini une valeur essentielle de la production artistique. De plus, la forme dramatique possédait la qualité de communiquer directement avec les classes populaires non alphabétisées, sans la médiation de la parole écrite. Grâce à sa nature de rite social, à sa capacité d’action sur les émotions et en tant que « dispositif de sensibilisation politique »3, le théâtre arrivait à attirer l’attention des classes populaires pour les inciter à l’exercice du patriotisme et des vertus civiques. D’ailleurs, c’était déjà dans un essai publié entre 1830 et 1831 dans « L’Antologia » de Florence et intitulé Del Dramma storico, que Mazzini affirmait que : Le drame, création éminemment philosophique, agissant sur les âmes avec davantage de puissance grâce à l’efficacité de la représentation, qui prévaut sur les descriptions, possède seul avec l’art de l’orateur la vertu de communiquer directement avec le peuple.4 2 «Fondare una critica italiana sulla letteratura straniera». Cf. lettre à Enrico Mayer du 26 janvier 1837. 3 Carlotta Sorba, Audience teatrale, costruzione della sfera pubblica ed emozionalità in Francia e in Italia tra XVIII e XIX secolo, in Aa. Vv., Rileggere l'Ottocento. Risorgimento e nazione, sous la direction de Maria Luisa Betri, Turin, Carocci, 2010, p. 184. 4 «Il dramma, creazione altamente filosofica, oprante tanto più potentemente sugli animi quanto la efficacia della rappresentazione prevale alle descrizioni, divide unico coll'arte dell'oratore il vanto di 4 Résumé En plus