LA ROCHE MAURICE (Finistère)
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RAPPORT DE SONDAGE EN LA ROCHE-MAURICE (Finistère). Site n° : 29.237.002 - AH. Autorisation n° : 93.53. Responsable : Michel LE GOFFIC Archéologue Départemental du Finistère. 832a RAPPORT DE SONDAGE EN LA ROCHE MAURICE (Finistère). Site n° 29.237.002 - AH. Autorisation n° 93.53. Responsable Michel LE GOFFIC Archéologue Départemental du Finistère. 1 RAPPORT DE SONDAGE EN LA ROCHE-MAURICE (Finistère). Site n° : 29.237.002 - AH. Autorisation n° : 93.53. Responsable : Michel LE GOFFIC Archéologue Départemental du Finistère. Naissance d'Hervé VIII de Léon, fils d'Hervé VII et de Marguerite d'Avaugour, au château de la Roche-Maurice. Cet événement fut consigné sur la bible des sires de Léon ("apud Rocham seu Rupem Mauricii") (13). Ce seigneur réside à La Roche-Maurice durant la guerre de Succession derBretagne ainsi que son oncle Erard de Léon, sieur de Frémerville (14). 1363 Dans son testament, Hervé VIII fonde une chappellenie dans la chapelle dédiée à Saint Yves qui existe près du château ("item fundo & creo duas perpétuas Capellanias in capelle Beati Yvonis apud Rocham Morvam") (15). Ce seigneur étant mort sans héritier, sa soeur Jeanne de Léon qui avait épousé Jean I de rohan en 1349, apporte la vicomte dans cette puissante famille. 1374 Guillaume Riou est connétable de La Roche-Maurice (16). 1391 Alain de Rohan confie la garde du château à Hervé Goello et Guéhomar Manfuric lors de son voyage en France (17). 1420 Jean V accorde la remise de rachat au vicomte de Rohan après la mort de son père à charge que Tristan de la Lande tienne durant un an les places de Rohan, La Chèze et la Roche- Maurice (17 bis). 1421 A la suite d'un conflit entre des officiers ducaux et ceux du vicomte de Rohan pour la perception de droits sur les vaisseaux qui abordent à Landerneau le duc ordonne, par un mandement du 28 octobre, que la moitié des trente sols perçus par ses gens sur chaque tonneau de marchandise soient baillés au vicomte "pour iceux mettre et employer à la réparation de son chastel et forteresse de la Roche-Maurice qui est sur port de mer et en danger & lequel a mestier de réparation" (18). Des travaux sont, sans doute, effectués sur le château à cette époque. 1472 Ulcéré par les intrigues de Jean II de Rohan avec Louis XI, François II confisque une première fois plusieurs des châteaux du vicomte dont celui de la Roche-Maurice où il place une garnison sous les ordres de Louis de Rosnivinen (19). 1479 A la mort du précédent, son fils cadet, Guillaume, lui succède dans la charge de capitaine qui rapporte alors trois à quatre cents livres par an (20). Dans un mémoire, Jean II de Rohan décrit ainsi le rôle de la Roche-Maurice : "est-il que de tout temps la seigneurie de Léon a esté emparée d'un très bon fort et grand chasteau fort et puissant de deffense autant et plus que chasteau de Bretagne, nommé La Roche-Morice, qui grandement a servi et peut servir quand le cas en adviendra à la tuition et garde des biens subjets de tout le pays" (21). 1484 Nouvelle saisie ducale : Guillaume de Rosnivinen recouvre la garde du château accompagné de six hommes d'armes gagés chacun à cent sols par mois (22). Le vicomte de Rohan se soumet aux exigences ducales ; Perceval de Lezormel est nommé capitaine du château mais dès 1487, le duc reconfisque la place (23). 1489 En février, Jean II de Rohan reconquiert ses terres à la tête d'une armée française qui occupe Brest (24). Le château de la Roche-Maurice qui sert de poste avancé à cette ville est partiellement démantelé pour empêcher qu'il ne soit utilisé par les troupes ducales. 1491 Charles VIII autorise le vicomte de Rohan à réparer la forteresse toutefois les vassaux de celui- ci refusent d'y faire le guet en 1492 car le château est, disent-ils, trop délabré. Le roi confirme la jouissance du droit de guet à Jean II qui maintient Perceval de Lezormel à son poste de capitaine jusqu'en 1506 (25). Il semble cependant que dès cette époque, le château cesse d'être entretenu comme place de guerre : les réparations qui y sont effectuées concernent plutôt la conversion de la forteresse en prison (les salles basses des tours de l'entrée sont aménagées pour en faire des cachots en 1492) même si, en 1504, le vicomte de Rohan lui consacre encore d'importantes sommes (26). Fin du XVHe siècle Le château qui a perdu tout rôle militaire est à demi-ruiné ; il est utilisé comme geôle pour la juridiction de la seigneurie de Daoulas (27). DESCRIPTION Le site : les rapports entre le château et le village. Le château occupe l'extrémité d'un promontoire qui surplombe de plusieurs dizaines de mètres, la confluence de l'Elorn dont la vallée est orientée est-ouest et d'un ruisseau, le Morbic. Le rocher de quartzite très exigu est relié au plateau qui le domine au sud-est par une dépression de terrain, un ensellement, où fut implanté le village de La Roche-Maurice. Le choix du site résulte donc de la présence d'un abrupt escarpé, facile à défendre, même si des versants plus élevés existaient au sud, ce qui ne comptait guère à une époque où la portée des armes de jet n'excédait pas quelques dizaines de mètres. Cette contrainte du site dut cependant être très vite ressentie, non pas pour l'aménagement du château lui-même mais pour celui de ses annexes. Il semble en effet probable q'une basse-cour fut établie en avant de l'enceinte ; cette bayle abritait les communs, les écuries, les logements des serviteurs et de la garnison qui ne purent tous être édifiés dans la forteresse. Ce type de dispositif correspond bien à l'organisation des châteaux des Xle et Xlle siècles qui comportaient fréquemment des défenses échelonnées en hauteur et en profondeur : donjon (ici ceint d'une chemise), enceinte et basse-cour souvent sommairement défendue par un fossé et une palissade de bois, quelquefois par un rempart maçonné flanqué de tours. La bayle de La Roche-Maurice ne possédait sans doute pas de retranchements importants car le village qui lui a succédé ne conserve pas dans son parcellaire de traces notables d'un "vallum" ou d'une muraille. Cette localité reste de taille modeste, sa superficie n'excédant pas quelques hectares. La "place du château" (qui pourrait occuper l'emplacement d'anciennes défenses avancées) et l'église en constituaient le centre. Cet édifice, cité dès le XlVe siècle, remplaça la chapelle castrale qui n'avait pu trouver place dans la forteresse. Elle demeura une église tréviale de Ploudiry, grosse paroisse rurahrdont le centre était distant de six kilomètres. La faible importance de ce village qui jouxtait l'un des principaux châteaux des vicomtes de léon résulte à la fois du rôle stratégique de la place, des contraintes topographiques mais aussi de la proximité de Landerneau, cité qui comptait déjà trois paroisses fondées au détriment d'anciennes circonscriptions ecclésiastiques voisines. La Roche-Maurice était donc un château de superficie restreinte auprès duquel se serraient les habitations de quelques vassaux ainsi que des communs et quelques bâtiments à usage administratif. Les vicomtes ne cherchèrent pas à promouvoir l'essor de cette localité et se contentèrent probablement d'autoriser l'accès de la chapelle castrale aux gens de leur suite comme ils le firent pour l'oratoire de Saint-Julien à Landerneau. Un verger, un moulin et peut- être déjà un pont complétaient l'ossature de ce microcosme au bas Moyen-Age. Description d'ensemble et état des vestiges La topographie du site conditionna le plan de la forteresse : les constructeurs du château utilisèrent judicieusement les irrégularités rocheuses de l'éperon dont la principale, une butte haute d'une vingtaine de mètres, servit d'assise au donjon et à son enceinte tandis que sur une deuxième plate-forme moins élevée (cinq à dix mètres) furent édifiés des ouvrages secondaires. Ces deux éminences orientées nord-sud étaient naturellement protégées par des abrupts rocheux au nord et à l'est, et même pour la première à l'ouest et au sud. Celle-ci constituait un réduit autonome qui dominait l'ensemble du château. Le flanc sud de la forteresse, le plus accessible, était barré par un profond fossé et un rempart long d'une cinquantaine de mètres qui reliait la base sud-ouest de la plate-forme occidentale à une grosse tour qui armait la partie sud de la terrasse orientale. Ce dernier édifice, vraisemblablement doublé d'un autre similaire, flanquait l'entrée de la place que défendait un pont-levis. L'espace intérieur du château était exigu, de l'ordre de trois à quatre mille mètres carrés. La nature du site rendit problématique l'aménagement interne de la place où les conditions de résidence étaient moins favorables que si la forteresse avait été implantée en terrain plat. Ainsi l'escalade de la plate-forme du donjon qui constituait une épreuve pénible pour les assaillants devait aussi être incommode pour les nobles léonards même s'il existait probablement alors des rampes de bois pour en améliorer l'accès. L'espace plat qui se trouvait entre les deux plates- formes abritait sans doute des constructions peut-être des communs alors que d'autres logements s'appuyaient contre la courtine sud en-dessous du donjon auquel était accolé un logis. L'examen des vestiges nous montre un château ruiné qui servit pendant plusieurs siècles de carrières de pierre pour édifier les maisons voisines.