les enfants de la zique 2017/2018

Albin de la Simone Ce que la chanson dit de nous

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Le 104, 2012. © Christophe Meireis

Albin de la Simone est un artiste aux multiples facettes : musicien, producteur, auteur, compositeur, il est aussi arrangeur pour d’autres chanteurs : , , Alain Chamfort, Keren Ann, , Mathieu Boogaerts, JP Nataf, Iggy Pop, Salif Keita… Depuis 2003, il a publié cinq albums – Albin de la Simone (2003), Je vais changer (2005), Bungalow ! (2008), Un homme (2012) et L’Un de nous (2017) – aux chansons à la fois pop et singulières, inspirées par les choses de la vie, les thèmes éternels de l’amour, de l’amitié et du temps qui passe.

Un parcours éclectique

Né en 1970 près d’Amiens, Albin de la Simone apprend le piano à l’âge de sept ans sans vocation pre- mière. Plus tard, ce qu’il souhaite, c’est faire un métier en relation avec les arts plastiques – domaine proche de la sensibilité de sa mère – et de la musique, mais en amateur – comme son père, clarinettiste de jazz Nouvelle-Orléans.

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En 1979. En 1965. Collection Albin de la Simone Collection Albin de la Simone

À l’adolescence, il part étudier les arts plastiques dans un pensionnat belge aux méthodes uniques : l’institut Saint-Luc à Tournai. Dans ce lieu qui laisse les élèves s’épanouir et créer leur propre singu- larité, Albin y arrive en échec scolaire et en ressort trois années plus tard diplômé « des humanités » (l’équivalent du baccalauréat) avec les félicitations du jury ! Trois années fondatrices où il apprend la création artistique et retrouve le soir un piano sur lequel il joue, pour son seul plaisir et celui de quelques étudiantes.

Dessin d’Albin de la Simone, 2013. Collection Albin de la Simone

Une fois son diplôme en poche, Albin délaisse les arts plastiques et vient à Paris pour étudier… le jazz qu’il surnomme d’« intellectuel », à l’opposé de celui que joue son père. Une façon de se démarquer tout en continuant la lignée. Malgré son passage au CIM à Paris (l’école Jazz et Musiques actuelles), de deux années passées au Label Bleu à Amiens réunissant la fine fleur du jazz français (Henri Texier, Julien Lourau, Magic Malik, Vincent Ségal... ) et de sa place de finaliste au Concours national de jazz de la Défense, il a du mal à trouver sa place dans ce milieu.

Découvrez le clip de Non merci.

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Duo de jazz avec Vincent Mascart, 1992. Collection Albin de la Simone

L’IMPORTANCE DES AUTRES, L’ART DES RENCONTRES, L’AMITIÉ

Pure Sins, 1998. Collection Albin de la Simone

Albin de la Simone multiplie les rencontres et les collaborations diverses. L’appétit des autres, la joie de la découverte et du partage l’amènent à travailler avec différents musiciens. Clara Finster est la première chanteuse avec laquelle il collabore. Nous sommes en 1992. Il ne le sait pas encore mais la liste ensuite sera longue. Il joue aussi avec le musicien Salif Keita et la chanteuse Angélique Kidjo. Grâce à eux, il voyage un peu partout en Afrique en les accompagnant au clavier. Mais, à cette époque, Albin est si tendu vers l’objectif de devenir un professionnel « sérieux » qu’il en oublie de prendre du plaisir en jouant de la musique. Son ami le bassiste Jérôme Goldet lui réapprend ces bases essentielles en l’incitant à l’improvisation « pour faire danser les autres » dans les groupes Royal Bastille et House, sans machine qu’ils montent ensemble.

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Mathieu Boogaerts, Albin de la Simone, Thierry Stremler, Vincent Delerm, et Jérôme Goldet, vers 2004. Droits Réservés

En 1998, Albin de la Simone se met tout doucement à travailler avec la fine fleur de ce que l’on nomme à l’époque « la nouvelle chanson française ». Notamment sur l’album remarquable de Mathieu Boogaerts, 2000, le premier album solo de JP Nataf, Plus de sucre, mais aussi les albums d’Alain Chamfort, Keren Ann, Jean-Louis Aubert, Arthur H, Raphaël… et Alain Souchon qu’il suit en tournée acoustique pendant près d’une année. À force d’accompagner les autres, Albin se met à écrire, puis réalise quelques maquettes et enfin enregistre son premier album en 2003, intitulé sobrement Albin de la Simone. Ce disque est unanimement salué par la critique. Albin, l’air de rien, apporte un air nouveau à la chanson française, ses chansons ne ressemblent à rien de connu, aussi délicates qu’incongrues (parfois !) : « Albin est cet enfant qui s’amuse avec la musique et les mots comme s’il s’agissait d’un meccano, d’un lego pour l’ego, accessoirement d’une thérapie qui chante 1. » S’en suivent deux autres albums écrits dans la même veine. Albin continue à creuser son sillon tout en poursuivant les collaborations avec d’autres artistes. En 2008, Matthieu Chedid et Vanessa Paradis lui proposent de les accompagner pour la tournée de leur album réalisé ensemble, .

Albin de la Simone avec Vanessa Paradis, sur le tournage du clip Adrienne, 2008. © Claude Gassian

La rencontre avec la chanteuse marque un autre moment charnière dans son métier de chanteur. Deux ans après cette tournée, Vanessa Paradis lui demande de réarranger deux chansons à elle. Elle est à Los Angeles, lui à Paris.

Les séances de travail se font par Skype. Il lui joue ce qu’il imagine et elle le guide dans ses choix. En construisant des arrangements autour de sa voix, notamment sur la chanson Scarabée, sans jamais forcer la chanteuse à tronquer quoi que ce soit de sa nature profonde, Albin enfin ose s’afficher, lui aussi, tel qu’il est, sans artifice : « Elle m’a embelli, m’a mis en valeur, m’a montré beau. » Il assume sa voix feutrée, ses imperfections qui deviennent alors sa force et les deux artistes enregistrent même un duo sur la chanson Adrienne.

1 Christophe Conte, « Albin De La Simone », Les Inrocks, 30 septembre 2003.

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ALBIN DE LA SIMONE, CHANTEUR À PART ENTIÈRE

Cette libération, non seulement de sa voix mais aussi de son écriture et de sa musique, correspond à un changement de maison de disques, changement également fondamental dans sa carrière. Le label Tôt ou Tard (Vincent Delerm, Mathieu Boogaerts…) l’accueille comme s’il avait toujours fait partie de cette « famille ». La directrice artistique, Virginie Aussiètre, l’aide à s’afficher tel qu’il est, à délester son écriture, à se dévoiler sans impudeur tout en gardant cette part de mystère propre à son écriture. Enregistré avec deux musiciennes, la violoncelliste Maeva Le Berre et Anne Gouverneur, la violoniste, qui vont le suivre en tournée, Un homme, son quatrième album, marque un véritable tournant dans la carrière du chanteur.

Découvrez leur travail complice dans l’épisode 4 du documentaire Albin de la Simone, images fantômes réalisé par Pauline Jardel (Girelle Production, 2016).

Musicien et homme fidèle, il retrouve les musiciennes sur L’Un de nous sorti en 2017. L’envol est confirmé, la fragilité assumée et la beauté des compositions font de cet artiste un auteur-compositeur- interprète incontournable et salué par tous.

Maeva Le Berre et Anne Gouverneur, Bouffes du Nord, 2014. © Micky Clément

« Sans un gramme de plomb, avec cette aisance ailée des pudiques contrariés, il égrène en douze chansons un inventaire des amours qui flanchent, de l’homme face à la mort (La Fleur de l’âge) ou de retour à la vie (À quoi), des enfants disparus (Les Chiens sans langue) ou jamais apparus (Ma barbe pousse), emballant cette matière fragile d’une musique-papier de soie belle à mourir2. »

Regardez la version live d’Une femme.

2 Christophe Conte, « Albin de la Simone livre un cinquième album qui fend le cœur », Les Inrocks, 24 mars 2017.

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Comment transformer son quotidien en chansons ?

Albin de la Simone aime jouer avec son quotidien. Il le transforme en terrain de jeux de l’imaginaire – en revisitant son propre passé sur J’ai changé comme amorce à une histoire fictive – et en terreau d’écriture – comme sur Catastrophe, en transformant une mésaventure en ritournelle. Comment trans- cender le réel grâce au pouvoir d’une chanson, de quelques couplets et d’un refrain ? C’est tout le jeu, l’enjeu des chansons d’Albin de la Simone, plus particulièrement sur ses trois premiers albums.

Pochette premier album, 2003. © David Zacharias

LA CHANSON COMME UNE FARCE : CATASTROPHE

La chanson « Catastrophe » a été écrite en 2007 par Albin de la Simone et figure sur son troisième album, Bungalow !, paru en 2008 sur le label français Cinq 7.

Visionnez le clip de Catastrophe.

Cette chanson parle d’une situation qu’il a réellement vécue. Un matin d’été de canicule, Albin rentre chez lui, vers les hauteurs du 20e arrondissement, en haut de Belleville, à Paris. Il grimpe les escaliers (quatre étages) pressé de retrouver son lit. Une fois devant la porte, il glisse les clés dans la serrure mais la clé ne tourne pas. La porte reste close. Après avoir appelé les pompiers qui refusent de lui venir en aide, un serrurier lui ouvre sa porte après l’avoir délesté de mille euros. Cette anecdote, qui reste évidemment pour lui un mauvais souvenir, il a choisi d’en faire une farce.

Dans Catastrophe, Albin se retrouve sur le palier de chez lui après qu’un courant d’air a claqué la porte devant lui. Il choisit de renforcer la dramaturgie en accumulant les péripéties : que peut-on craindre quand on claque la porte et qu’on laisse ses clés à l’intérieur ? – qu’il fasse nuit (« il est vingt heures, j’ai froid aux pieds ») ; – ne pas être habillé (« en pyjama sur le palier ») ; – une poêle allumée sur le feu (« alors qu’au feu brûle le fond/de mon dîner dans un poêlon ») ; – un fer à repasser lui aussi allumé (« le dîner crame, le fer aussi ») ; – se faire couler un bain et les robinets encore ouverts (« mais maintenant l’eau de mon bain/va déborder sur le parquet ») ;

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– mais surtout d’y laisser son bébé (« et voilà, je l’entends pleurer, la fumée l’aura réveillée, elle voudrait mais n’ouvrira pas/Éléonore n’a que 8 mois »), etc.

Le jeu d’écriture de cette chanson vient de l’accumulation des catastrophes au fil des couplets qui s’accentue dramatiquement au fur et à mesure et en devient paroxystique. Chacun pourra s’amuser à imaginer d’autres situations catastrophiques !

Albin chante Catastrophe en concert, 2008. Rose et Barbara Barnes (marionnettes) aux chœurs et aux chorégraphies, Pascal Colomb à la basse, François Lasserre à la guitare et Raphaël Chassin à la batterie. © Philippe Noisette

Une double lecture se joue avec la musique drôle, enlevée, qui est à contre-pied de la noirceur du texte. Il y a chez lui l’envie de faire rire, d’être léger. Il s’amuse sur ses machines à façonner des chœurs féminins en triturant sa propre voix ! En 2005, le chanteur vient d’arrêter de fumer et veut profiter du nouveau souffle que cela procure à sa voix. Influencé par le personnage de M, alias Matthieu Chedid, facétieux et multigénérationnel, et du chanteur Philippe Katerine, qui vient de remporter un immense succès avec son album Robots après tout et sa chanson phare « Louxor J’adore », il tente de leur emboîter le pas et compose des chansons joyeuses, « des comptines acidulées qui racontent les petites misères du quotidien3 ». Faire rire du quotidien, jouer la farce est essentiel pour lui et s’en revendique : « Il arrive encore que mon côté farceur et mon côté poète entrent en conflit, reconnaît-il lui-même. Ils forment pourtant un tout en moi : ce mélange-là, c’est toute ma vie. Gamin, je suis allé voir les Exercices de style de Queneau, j’écoutais aussi Vassiliu ou Vian. Ado, j’ai lu les bouquins du même Vian ou d’Édika. Tout ça correspondait à une culture familiale, une façon d’être farfelu de manière sérieuse : c’est une forme de pensée qui m’a toujours touché4. »

SES PROPRES SOUVENIRS COMME TERREAU D’UNE CHANSON : J’AI CHANGÉ

Cette chanson paraît sur son deuxième album Je vais changer sorti le 3 mai 2005 sur le label EMI.

Visionnez le clip de J’ai changé.

Le début de la chanson est doux et rappelle à chacun ses propres souvenirs d’enfance, telles des photographies de famille que notre mémoire ravive, des petits tableaux d’antan. Albin, comme nous tous, a vraiment « pesé dix kilos », a porté des « débardeurs éponge » (pour ceux qui sont nés dans les années soixante-dix), chaussé comme tout un chacun du « 18, 28 et du 38 », eu les « fesses rouges » et « du talc dans les langes » (quand il était bébé), « les cheveux gras et longs, j’ai d’ailleurs été blond, de 0 à 8 mois, puis à 15 ans » (on comprend ici qu’à l’adolescence, le chanteur s’est décoloré les cheveux !)

3 Valérie Lehoux, « Bungalow ! », Télérama, 19 mai 2008. 4 R. Robert, « Bungalow ! », Les Inrocks, 15 mai 2008.

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Albin en famille avec son père, sa mère et sa sœur, vers 1980. Collection Albin de la Simone

Lui qui avoue facilement que l’écriture n’est pas un exercice aisé, prend grand soin à soigner un maxi- mum ses strophes. Il peut passer des mois entiers sur une chanson pour atteindre l’équilibre parfait.

Ici cette magnifique strophe « J’ai pesé dix kilos dont 2 de vélo » que ne renierait pas Alain Souchon dont il dit lui-même : « Il chante quelques mots, et c’est comme si on avait lu les cent premières pages d’un livre. Parvenir à susciter une telle impression est très difficile. » Ici, l’objectif est atteint ! D’ailleurs, Albin avoue que cette chanson est l’une des mieux écrites : « J’y retrouve mon langage, ma personna- lité, le style d’images que j’aime, et pourtant, elle reste ouverte, elle peut toucher énormément de monde à différents niveaux. Chacun peut s’y retrouver. Et puis je la trouve positive. Elle parle de la difficulté de la vie de manière sereine. Elle dit : “Ne t’inquiète pas. Aujourd’hui tu peines, mais demain sera meilleur5 !”. » Ainsi, Albin puise dans ses propres souvenirs pour dresser cette galerie de l’évolution d’un homme pour ensuite s’en échapper et laisser libre cours à son imagination.

En 2013. © Serge Leblon

Avec le refrain « Tu vois, j’ai changé, j’ai changé, j’ai changé », ce « ne t’inquiète pas » apporte une touche de noirceur et d’inquiétude. Avec sa douce voix et les arrangements toniques et entraînants de la musique, on ne sait pas où le récit d’Albin de la Simone nous emporte. L’art de ses chansons est de ne jamais enfermer l’auditeur, mais, au contraire, lui laisser toujours une part où il invente la chanson qu’il écoute, « l’essentiel est à tricoter par l’auditeur » aime-t-il à dire.

5 Albin de la Simone, La Marmite : entretiens, Paris, La Machine à cailloux, 2007.

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Ici, cette promesse de changement recouvre quelque chose de plus dramatique encore et on le découvre à la strophe suivante :

« Puis hier aux aurores mon âme et puis mon corps tordus par l’alcool fort a su te mal aimer je ne sais pas pourquoi pas encore pas encore »

Que s’est-il passé ce matin-là ? On comprend facilement que le personnage a trop bu et « qu’il a mal aimé » ? A-t-il frappé sa femme, l’a-t-il insultée ?

L’écriture elliptique d’Albin de la Simone sème le trouble et installe un peu d’effroi dans la chute de cette chanson, technique qu’il reprend à plusieurs reprises dans ses chansons. On retrouve ici l’amateur du réalisateur David Cronenberg qui installe dans ses films des sentiments d’ambiguïté qui frôlent souvent l’angoisse.

Encore une fois, la musique joue comme un contrepoint au texte de la chanson. Joyeuse, légère, sa composition ici a tout d’une chanson populaire. Il va même, à sa toute fin, monter d’un ton, une tech- nique très pratiquée pour faire un « tube » !

Des chansons, comme des confessions

Des chansons comme de douces confidences, miroirs de ses propres sentiments.

Albin, après avoir joué au « fanfaron », tombe le masque sur ses deux derniers albums et se révèle tel qu’il est et tel qu’il se voit. L’émotion des chansons d’Albin de la Simone est aussi l’aveu de sa part de fragilité et de doutes inhérente à chaque homme. En se dévoilant avec délicatesse et toujours beaucoup de pudeur, Albin touche le cœur de tous. Mes Épaules et Dans la tête peuvent être qualifiées de chansons « psychanalytiques » : « L’intérêt de la psychanalyse, c’est de garantir un espace dédié à la recherche sur soi. On confine la recherche sur soi pour protéger le reste. Ainsi, ni mes chansons ni mon couple ne doivent me servir de psychanalyse, mais les deux doivent en profiter. Mes chansons ne sont pas l’instrument, mais le résultat de mon analyse6. » Sans travail analytique, Mes épaules et Dans la tête n’existeraient sans doute pas.

6 Ibid.

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En 2013. © Serge Leblon

LA PEUR, MOTRICE DES CHANSONS : MES ÉPAULES

« Mes épaules » est la première chanson de son précédent album, Un homme, paru en 2014 chez Tôt ou Tard. Elle marque un véritable tournant dans la carrière d’Albin de la Simone, une chanson introspec- tive dans laquelle Albin n’a non seulement plus peur de se cacher derrière un personnage mais où il montre ses fragilités pour mieux les exorciser.

Visionnez le clip de Mes épaules.

La peur est souvent le centre de gravité de ses chansons, cette peur qui pousse à vigiler avec soin pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

Ne plus rêver d’être quelqu’un d’autre, mais s’affirmer tel que l’on est et faire de ses faiblesses sa force, tout en sobriété, élégance et pudeur : « J’ai longtemps fait le malin. Parce que c’est plaisant d’être un peu cocasse dans les chansons. Mais ça coupe de l’émotion. Le besoin de me protéger derrière des artifices m’est passé. J’ai commencé à écrire des chansons à 30 ans et j’ai mis dix ans à devenir vrai- ment chanteur7 ! »

Il fait le même exercice avec ses compositions musicales pour donner à ses chansons des allures de confessions. « Mon intention est d’arriver à dire des choses compliquées avec des mots simples. De transmettre des émotions complexes8. »

Cette simplicité-là, il la retrouve dans des concerts « débranchés » qui lui ont permis de démanteler toute sa construction musicale « pop » pour revenir à des arrangements plus simples, plus posés : « C’est comme si j’avais vraiment trouvé le noyau dur, qui j’étais, pourquoi j’étais là. »

Dans Mes épaules, la guitare acoustique et le refrain composé aux synthés donnent le rythme de cette chanson confession d’un jeune père de famille qui regarde sa vie se construire et qui espère que tout

7 Interview pour le Parisien, 24 mai 2013. 8 Éric Tandy, « Albin de la Simone, mélodies pour tous », La Vie, 22 février 2017.

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cela pourra tenir « malgré ses épaules peu baraquées ». Une magnifique chanson d’amour qui prend à revers l’image de force que les hommes sont censés montrer. Dans cette chanson, il casse les codes établis entre un homme et une femme, comme à l’époque Alain Souchon avec sa chanson Allô ! Maman, Bobo qui parlait plus généralement de la peur de vivre. Albin de la Simone non seulement admire l’écriture de son aîné mais peut facilement se revendiquer être un de ses « fils spirituels », tant leurs créations aujourd’hui sont de plus en plus proches.

Extrait d’Allô! Maman, Bobo

J’train’fumée, j’me retrouve avec mal au cœur J’ai vomi tout mon quatre heur’ Fête, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol Maintenant qu’j’fais du music-hall J’suis mal à la scène et mal en ville Peut-être un p’tit peu trop fragile

En 2011, Albin et sa compagne accueillent leur fille Alice dans leur toute nouvelle maison qu’ils ont retapée, dessinée à leurs souhaits. La peur de perdre ce bonheur tant espéré le pousse à écrire cette chanson tout comme une autre chanson autobiographique, Ma crise :

« Un jour la vie est belle une euphorie nouvelle Pour un oui pour un non, tout va bien pour de bon Un jour je suis croyant végétalien pratiquant Plus de sel ni de pain, plus de lait ni de vin »

Ces deux chansons sont arrivées à la toute fin du disque comme si la pudeur qui est la sienne l’em- pêche de parler de lui de manière si intime. Tout le jeu de ses chansons est de réussir à parler de soi sans trop se dénuder mais en montrant l’essentiel : « Je voulais réussir à être sincère tout en gardant le mystère qui me plaît tant9. »

Visionnez le clip de Ma crise.

9 Interview pour Tess Magazine, 25 février 2013.

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LE JE, JEU DE L’ÉCRITURE : DANS LA TÊTE

« Dans la tête » est la deuxième chanson de son dernier album, L’Un de nous, sorti en 2017.

Affiche pour les concerts solo, 2010. © Thomas Baas

Il reprend le principe de sa chanson J’ai changé où il s’adresse à quelqu’un : une femme, sa compagne, et peut-être lui-même ? Il interroge ses doutes, ses peurs :

« Tu dis la douleur aujourd’hui La mort, la maladie Le corps et la mémoire L’abandon et l’espoir C’est dans la tête tout ça C’est dans la tête. »

Il est rare de commencer une chanson avec ces mots : « douleur », « mort », « maladie », « abandon ». Mais Albin préfère annoncer ses craintes, plutôt que de les cacher et cette énumération est une réponse à sa propre mélancolie. Pourtant, il est tout sauf un homme triste et mélancolique ! Un homme qui doute, qui cherche, qui tente d’être un homme heureux. Parler des fragilités et des doutes ne veut pas forcément dire qu’ils sont vécus par l’auteur. C’est tout l’art subtil des chansons qui ne sont pas forcément autobiographiques.

Pour ce dernier album, Albin a repris son habitude de partir loin chercher l’inspiration et écrire ses nouvelles chansons (ce qu’il n’avait pas fait sur son précédent album Un homme). Le voyage et la soli- tude, pour lui, libèrent l’esprit : « Quitter son environnement quotidien ouvre la voie pour que cette bête farouche qu’est l’inspiration sorte de sa tanière. Comme j’écris peu, ou disons plutôt que comme je n’aime qu’une maigre proportion de ce que j’écris, je jette beaucoup, je garde peu, alors l’écriture progresse lentement. Parfois douloureusement même, quand une chanson me résiste pendant plu- sieurs mois. Et parfois avec légèreté quand les mots me viennent d’un trait. » C’est le cas pour cette

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Pochette album Un homme, 2013. © Serge Leblon

chanson enregistrée pour la première fois sur une plage de l’île Maurice… sur son téléphone ! Alors qu’il cherche encore l’inspiration, assis face à la mer, Albin commence à fredonner les paroles et la chanson est venue ensuite presque d’un trait.

Ensuite, vient la phase de « polissage » car ce premier jet enregistré sur un simple téléphone doit ensuite devenir une chanson. Albin de la Simone taille, sculpte et polit pour que seuls les mots essen- tiels restent, ce qu’il appelle « le travail de pince à épiler ».

En cela, l’écriture d’Albin de la Simone se rapproche de celle de Mathieu Boogaerts qui aime à ôter tout adverbe, adjectif superflu pour ne garder que le suc de ses chansons. Ainsi l’imagination de l’auditeur peut à loisir s’épanouir dans la poésie de ces deux auteurs. La chanson « Le Ciment » de Mathieu Boogaerts figurant sur l’album 2000 (sorti chez Tôt ou Tard en 2002) est un parfait exemple de ce travail d’écriture :

« Le ciment, je l’attends Le ciment pour la maison J’ai la main, j’ai le plan Les parpaings, c’est peut-être pour maintenant Il est bien le terrain Il est lourd, il est profond Mon amour, c’est en cours Dans la cour, y a un ballon Pour un p’tit garçon Dans pas longtemps à la maison »

Une écriture métaphorique qui a beaucoup inspiré Albin de la Simone. Amis, les deux artistes sont de la même génération et partagent quelques thèmes communs, comme l’amour, le couple et la construction d’une famille. Le Ciment alors comme prémisse à la chanson Mes épaules. Des hommes qui ne fanfaronnent plus mais qui se montrent fragiles et pleins de doutes.

Musicalement, on retrouve les subtilités du musicien arrangeur. On retrouve notamment la batterie de son ami Raphaël Chassin. À vouloir trop le guider sur son album précédent, ils ont initié une méthode originale pour celui-ci : Albin de la Simone ne participera pas aux séances d’enregistrement des bat- teries. Raphaël Chassin a donc enregistré seul dans son studio et a envoyé le résultat final par e-mail au chanteur. Aussi surpris que ravi, Albin a, grâce à ce jeu, redécouvert certaines de ses chansons sous un autre jour.

Découvrez le travail d’Albin de la Simone en studio dans l’épisode 3 du documentaire Albin de la Simone, images fantômes réalisé par Pauline Jardel (Girelle Production, 2016)

ALBIN DE LA SIMONE – CE QUE LA CHANSON DIT DE NOUS 14 les enfants de la zique 2017/2018

Questionner les différents amours

L’amour, thème universel, sujet récurrent dans la plupart des chansons. Celles d’Albin n’échappent pas à la règle, même s’il cherche à chaque fois à traiter de ce sentiment de manière originale. Dans quelle situation peut nous mettre ce sentiment que tout le monde a déjà ressenti ? Une extase, un bonheur, une duperie, un jeu, un souvenir. Dans son dernier album, Albin de la Simone s’est rendu compte que ses chansons ne parlaient que de cela ! L’amour sous toutes ses formes : celui qui dure (Une femme), l’amour dont on ne prend pas assez soin (Pourquoi on pleure), l’amour qui laisse muet (À quoi), la tentation d’aller voir ailleurs (À midi on m’a dit), la rupture (Ma barbe pousse), l’amour perdu à la suite de la mort d’un enfant (Les Chiens sans langue) mais aussi l’amour absolu (Le Grand Amour) ! Albin, dans deux de ses chansons, questionne l’amour sous ses deux aspects les plus antinomiques : l’amour idéal et l’amour trahi.

L’AMOUR IDÉAL : LE GRAND AMOUR

« Le Grand Amour » est la première chanson de son dernier album, L’Un de nous, paru en 2017.

Visionnez le clip du Grand Amour.

Cette chanson est la traduction d’un fantasme : l’amour absolu. Telle une peinture naïve, Albin dépeint un paradis terrestre où seul ce sentiment prédomine, où un couple s’aime sans se poser de questions. Tels Adam et Ève, les deux amoureux ne pensent à rien d’autre qu’à l’instant qu’ils sont en train de vivre. Il reprend le même jeu rhétorique que pour la chanson Catastrophe en jouant avec une accumula- tion de situations décrivant ce sentiment d’amour absolu : la forêt, la nature, le paréo, le ciel, la nature, « le goût du sel sur la peau » qui laisse penser que la mer est à deux pas, la chaleur, le baldaquin de tulle, la nudité, le chant… Une forme de caricature du paradis terrestre que tout le monde sait irréel et qui laisse donc supposer que la suite de la chanson n’aura pas la même tonalité : « On ne parlait jamais d’amour, l’amour c’est quoi, le grand amour, cela n’existait pas. »

Cette phrase ambivalente apporte avec elle un mystère qui détonne par rapport au début de la chanson. Certes, quand on vit une situation idyllique, on ne la commente pas, on la vit simplement. La bouche ne servant qu’à distribuer des baisers, le silence de la quiétude et de la beauté de l’instant à savourer l’instant présent. On peut ici songer à un tableau du Douanier Rousseau. Le lyrisme de la situation est accentué par les cordes du violoncelle et du violon. Puis soudain, plus de cordes et un basculement dans cette histoire d’amour qui s’arrête mystérieusement au mois de juillet. On ne comprend pas les raisons de cette rupture, Albin évite de nous les commenter :

« C’était l’amour, je m’y connais, jusqu’à ce jour de fin juillet, elle souriait mais je devinais, le vent avait tourné. Affolée par l’épouvantail de quelle erreur épouvantable, l’amour le vrai, le beau, s’était barré au galop »

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« L’énigme, l’absence d’explication, le moment de flou dans l’art en général, c’est le moment le plus fort. J’aime ce moment où tout est fait pour que, soi-même, on essaie d’imaginer ce qui se passe. » Qui parle, qui raconte l’histoire ? Le narrateur n’est ni le héros principal mais le troisième œil de l’histoire qui observe, dessine la scène, et nous la livre de case en case, telle une bande dessinée.

Albin, en jouant avec ce mystère, aiguise la curiosité de l’auditeur mais peut-être nous en dit-il plus encore sur l’amour et ses mystères : à trop fantasmer, on se coupe du réel et l’amour véritable est peut-être celui vécu par le héros de Mes épaules, celui qui œuvre dans le quotidien.

Dans cette chanson, il ne faut pas se fier à la légèreté des arrangements : ils cachent une douce mélan- colie. Une douceur donnée par le piano feutré et les cordes dont le violoncelle de Maeva Le Berre. Ce piano arrangé, Albin l’a cherché longtemps : « J’ai eu la révélation, lors d’un séjour dans la maison d’un ami en Provence, que le piano pouvait m’aller au teint, chose que je doutais sérieusement jusque-là. Le piano droit dudit ami résonnait tellement qu’il m’a fallu le couvrir de couvertures, et j’ai immédia- tement aimé sa sonorité devenue douce et moelleuse. Donc, pour être plus précis, ce que j’ai appris en cet hiver 2016, c’est que le piano droit et très étouffé m’allait au teint, et à celui de mes nouvelles chansons. » (Livret de L’Un de nous, Tôt ou Tard, 2017)

En 2017. © Frank Loriou

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Cette utilisation de ce fameux piano arrangé, il la partage avec Vincent Delerm, tout comme le thème de l’amour au quotidien, si présent dans les chansons de ce dernier.

« Je me suis pris la tête pendant des années autour du son du piano, pour finalement me rendre compte que j’avais reproduit le son de son avant-dernier album [Les Amants parallèles]. Je sais que j’ai pu l’influencer par ailleurs, on est si proches que ce serait idiot d’être étanches l’un à l’autre10. »

On songe notamment à la magnifique chanson « Embrasse-moi » de Vincent Delerm sur l’album Les Amants parallèles.

Découvrez cette recherche du son du piano dans l’épisode 1 du documentaire Albin de la Simone, images fantômes réalisé par Pauline Jardel (Girelle Production, 2016).

Quand Vincent Delerm joue au minimalisme avec l’arrangeur Clément Ducol, Albin de la Simone, lui, enregistre ses partitions telles des dentelles fines : « J’ai enregistré toutes les chansons en deux jours en piano-voix. Ensuite, on les a enregistrées avec le violon et le violoncelle, la contrebasse, la harpe mais aussi la scie musicale de Mara Carlyle et les casseroles de Jacques Tellitocci. En procédant ainsi, on a adapté la musique à ma voix, et pas l’inverse. J’ai pu les protéger pour qu’elle ait le plus de liberté possible11. ».

Albin, en parfait musicien, prépare méticuleusement toutes les maquettes de ses chansons à venir et les musiciens qui l’accompagnent : ici Maeva le Berre au violoncelle, Anne Millioud-Gouverneur au violon et François Lasserre aux percussions travaillent sur des propositions très précises du musicien. Les idées claires, Albin sait parfaitement ce qu’il veut obtenir : dans cette chanson, par exemple, une volonté de reproduire une douce sensualité musicale avec les cordes langoureuses de ces musiciennes et un ton orientale à sa musique.

L’AMOUR TRAHI : TU VAS RIRE

La chanson « Tu vas rire » figure sur le précédent album d’Albin de la Simone, Un homme, paru en 2014. La face B du Grand Amour, son exact opposé non seulement dans le traitement de son thème, mais aussi dans l’écriture de la chanson. Elle raconte l’histoire d’un homme qui ne doute de rien : le jour de son mariage, il annonce à sa femme l’existence de nombreuses autres femmes et de quelques enfants.

En choisissant ce personnage de fiction, il joue sur l’humour pour le tourner en ridicule. Cet homme qui ment tout le temps est une image angoissante de la virilité. En plaçant cette confession le jour de leur mariage, Albin de la Simone s’amuse avec la dramaturgie en la renforçant pour que cette chanson devienne une farce grinçante où le sourire est de mise !

Le groove de la chanson, avec en écho les cordes du violoncelle, donne un vrai rythme à la chanson. Le tout accompagné de chœurs qui sont ici assurés par les deux musiciennes, Anne Millioud-Gouverneur et Maeva Le Berre.

10 Christophe Conte, art. cit., 2017. 11 Interview pour La Voix du Nord, 25 février 2017.

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Ce personnage, il nous semble le retrouver dans la chanson « Moi, moi », qui figure sur l’album Mon homme, dans laquelle le chanteur s’amuse à peindre un personnage à l’ego débordant :

« Moi mes oiseaux, moi mes médailles De comédie, de maladie. À tes amours tes boréales De sous les lits doigts dans la malle Bla bla bla bla bla Parlons plutôt de moi Non parle-moi de moi, toi Un seul être nous manque, moi Un seul être nous manque, moi »

Cette chanson, comme souvent chez Albin de la Simone, cache aussi une double lecture. L’amour encore sous un autre jour, celui de la difficulté de communiquer ensemble, de s’entendre dans le couple quand chacun a besoin de dire, parler sans pour autant savoir écouter l’autre. Cette chanson, il la partage avec sa chanteuse préférée, Emiliana Torrini.

Visionnez le clip de Moi, moi.

Albin de la Simone avec Emiliana Torrini, 2015. © Céline Gaudier

Il n’existe pas, d’ailleurs, un album d’Albin de la Simone sans un duo.

Outre ses musiciens, on retrouve sur chacun de ses disques des chansons partagées avec d’autres : , Alain Souchon, Vanessa Paradis, Feist, mais aussi le pianiste Alexandre Tharaud sur la chanson La Fuite.

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Albin de la Simone avec Alexandre Tharaud, 2012. © Louise Leblanc

Albin, artiste protéiforme

Albin aime confronter son travail avec d’autres, que ce soit des peintres, des auteurs, des comédiens et bien évidemment d’autres musiciens.

Toujours au carrefour de la musique et des arts plastiques, Albin aime à s’aventurer dans des domaines qui ne sont au départ les siens. Le goût du jeu est aussi celui d’entremêler des univers différents : jouer au musée d’Art moderne de la ville de Paris dans l’exposition d’un artiste d’art brut, Henry Darger, en 2014, comme il l’avait fait déjà quelques années auparavant avec quelques œuvres choisies du musée.

Albin aime l’aventure artistique, laisser son imagination prendre le pouvoir et imaginer non seulement des chansons mais aussi d’autres formes artistiques, notamment sur ses « films fantômes ». L’idée est née d’une envie d’écrire de la musique instrumentale et pour cela, Albin s’est inventé des films qui n’existent pas mais pour lesquels il a écrit la musique. Il s’est ainsi amusé à enregistrer la musique avec des amis. Ensuite, il a fait appel à des amis comédiens pour qu’ils racontent ces fameux films qui n’existent pas. Cela a donné lieu à un spectacle, puis à une exposition.

Avec l’écrivain Brigitte Giraud, il a joué pendant deux ans à un ping-pong inédit au cours duquel les textes de l’écrivain et les chansons du chanteur se répondent de manière surprenante.

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BRIGITTE GIRAUD ALBIN DE LA SIMONE -

L’amour ping-pong avec l’écrivain Brigitte Giraud, 2013.

P H O T : G I L E S V D A © Gilles Vidal

Les deux artistes évoquent les tumultes de l’amour : un échange doux-amer où chansons et textes se questionnent et se répondent pour dire les espoirs et les déceptions, les petits arrangements et les grands élans, les lâchetés ordinaires et l’héroïsme fou. Cet auteur, Albin de la Simone l’a rencontrée au festival Correspondances de Manosque qui invite écrivains et musiciens à partager leurs répertoires. Albin y était notamment pour ses siestes acoustiques inventées par son ami, le musicien Bastien Lallemant.

Albin est un homme de bandes, d’amitié. Durant ce festival, il retrouve JP Nataf, Maeva Le Berre, Sébastien Martel, Babx, le dessinateur Charles Berberian. Ils invitent les spectateurs à s’allonger, ber- cés par les douces mélodies des musiciens qui s’amusent à reprendre le répertoire des uns et des autres. Outre la beauté unique de chacune de ses siestes, elles sont une ode à l’amitié créatrice et à la complicité artistique.

Extrait de l’EPK Mes épaules, réalisation d’Antoine Goetghebeur, avec Raphaël Chassin et JP Nataf, studio La Fabrique, 2013. © Goetghebeur

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Il prend part aussi à la tournée des Colibris, rassemblement de citoyens, partout en , où de nombreux chanteurs, Arthur H, Dominique A, Zaz, Alain Souchon, Matthieu Chedid, etc., viennent chanter et débattre pour repenser le monde de demain.

Enfin, chez Albin de la Simone, la notion de jeu est essentielle. Jouer, c’est s’amuser, toujours avec d’autres, pour créer ensemble et inventer des formes nouvelles. Son talent et sa créativité débordante ne font qu’augurer une suite passionnante, variée et surprenante ! Et si parler de nous, on ne le faisait jamais aussi bien qu’à travers et avec les autres ?

Sieste acoustique à Pordic, décembre 2015. Collection Albin de la Simone

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Médiagraphie

Christophe Conte, « Albin De La Simone », Les Inrocks, 30 septembre 2003.

R. Robert, « Bungalow ! », Les Inrocks, 15 mai 2008.

Valérie Lehoux, « Bungalow ! », Télérama, 19 mai 2008.

Interview pour Tess Magazine, 25 février 2013.

Interview pour le Parisien, 24 mai 2013.

Éric Tandy, « Albin de la Simone, mélodies pour tous », La Vie, 22 février 2017.

Interview pour La Voix du Nord, 25 février 2017.

Christophe Conte, « Albin de la Simone livre un cinquième album qui fend le cœur », Les Inrocks, 24 mars 2017.

Livret de l’album L’Un de nous, Tôt ou Tard, 2017.

Albin de la Simone, La Marmite : entretiens, Paris, La Machine à cailloux, 2007.

Blog d’Albin de la Simone : albindelasimone.blogspot.com

Albin de la Simone, images fantômes de Pauline Jardel, 50 min, Girelle Production, 2016.

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Accompagnements pédagogiques

En complément du dossier pédagogique, retrouvez les accompagnements disponibles en télécharge- ment pour chacune des 6 chansons d’Albin de la Simone : – partitions dont arrangements adaptés aux tessitures des enfants et adolescents ; – accompagnements instrumentaux correspondants ; – bandes sons, piste par piste (écoute guidée des différents instruments) ; – paroles et chansons.

Pierre Bouther, Julien Bouvard et Jean Bouther ont produit et réalisé les contenus audio spécialement adaptés pour la classe, sous formes de versions instrumentales, avec ou sans voix, de pistes par pistes, de supports d’écoute comparée. Ils ont pu travailler en étroite collaboration avec Albin de la Simone afin de mettre leur expertise et leur savoir-faire au service de la plateforme numérique des Enfants de la Zique.

Enregistrements instrumentaux et vocaux : Pierre Bouther, professeur certifié en éducation musicale au collège Ernest-Bichat à Lunéville dans l’académie de Nancy-Metz.

Édition des partitions, paroles, création des polyphonies : Julien Bouvard, professeur agrégé en édu- cation musicale au collège Paul-Émile-Victor à Cranves-Sales dans l’académie de Grenoble.

Mixage et exports des pistes : Jean Bouther, technicien du son.

Auteur du dossier : Clémentine Deroudille Journaliste, auteur, éditrice, Clémentine Deroudille est notamment la commissaire de l’exposition « Brassens ou la liberté » à la Cité de la musique à Paris en 2011. Elle a suivi une formation d’historienne de l’art pour ensuite se diriger vers le documentaire radiophonique pour RFI pendant plusieurs années.

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