Chantons Sous La Pluie Singin' in the Rain
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Chantons sous la pluie Singin’ in the rain de Stanley Donen & Gene Kelly FFICHE FILM Fiche technique USA - 1952 - 1h38 - Couleur Réalisateurs : Stanley Donen Gene Kelly Scénario : Adolph Green Betty Comden Chorégraphie : Stanley Donen Résumé Critique Gene Kelly Juste avant l'avènement du parlant, Chantons sous la pluie est un film on se presse à la première de Prince tellement réussi, un moment de grâce et scélérat, le dernier film des célè- tellement absolu qu'on a du mal à Musique : bres Don Lockwood et Lina Lamont. imaginer, aujourd'hui, les circonstan- Nacio Herb Brown Ce couple d'amoureux à l'écran se ces plutôt particulières de son tour- et Roger Eden pour Moses déteste dans le privé et quand Don nage : loin d'avoir été entouré des manifeste de l'intérêt pour la débu- soins méticuleux dont on abreuve les tante Kathy Selden, Lina la fait met- nouveau-nés de la race princière, la tre à la porte. Mais Don et Kathy se réalisation du film s'est faite pres- Interprètes : retrouvent au moment où Don et Lina que en cachette, à mi-temps en tous Gene Kelly connaissent leur premier échec avec cas, la Metro Goldwyn Mayer ayant (Don Lockwood) le parlant : Le Duelliste chevale- donné son feu vert au projet à la con- resque sombre dans le ridicule en dition impérieuse que Gene Kelly ne Debbie Reynolds raison de la diction de Lina. Edmond, l'assume qu'à ses moments perdus. (Kathy Selden) l'ami fidèle de Don, a l'idée de trans- On avait besoin de lui, en effet, pour Donald O’Connor former le Duelliste… en Danseur interpréter un rôle d'ailleurs assez (Edmond Brown) chevaleresque et de faire doubler secondaire dans Huckleberry Finn, Jean Hagen Lina par Kathy.… une comédie musicale à énorme bud- (Lina Lamont) get que Vincente Minnelli, auréo- lé de neuf Oscars gagnés pour Un Américain à Paris, devait tourner L E F R A N C E www.abc-lefrance.com 1 D O C U M E N T S pendant vingt-six semaines dans la préparation de Chantons sous prenait un tel retard qu'il devait les studios de Culver City. Face à la pluie l'après-midi seulement, être finalement abandonné. (…) ce mastodonte, Chantons sous toutes ses matinées devant être Alain Riou la pluie faisait l'effet d'une farce réservées aux répétitions d'Huc- Le Matin de Paris - 31 décembre 1984 d'étudiants, tout juste bonne à kleberry. amuser Kelly, Donen et les mem- "Un régime démentiel, a raconté La danse est l'un des moyens les bres de leur famille. Kelly. Dans un premier temps, il plus naturels à l'homme d'exprimer Pour trouver l'explication de cet m'avait paru amusant de relever ce qu'il ne sait pas dire. Et ce que étrange aveuglement, il faut le défi, d'autant que le projet de l'homme n'a jamais su dire avec remonter plus de dix ans en arriè- Minnelli possédait la plus belle des mots - lui si loquace en ses re, en 1940, quand Louis B.Mayer musique qu'on ait jamais écrite turpitudes et ses désespoirs - c'est avait fait passer des bouts d'es- pour un film dansé. Mais au bout sa joie. sai à Gene Kelly, jeune gloire de de trois semaines, j'étais tellement Ce film d'un danseur est le film de Broadway, mais qui n'avait jamais épuisé, tellement au bout du rou- la joie. Je veux dire que tous les encore exercé ses talents dans un leau que mes amis attrapaient le éléments qui le composent - et ils film. "Ce garçon danse bien, mais cafard rien qu'en voyant la tête sont aussi multiples que ceux d'un je sens à je ne sais quoi qu'il ne que je faisais." buffet bressan - tendent à exprimer deviendra jamais une star” avait L'un des deux projets étant donc cet état de l'âme qui n'a jamais flairé Mayer, dont les erreurs de trop, on s'acheminait vers une que trop peu inspiré les poètes. de jugement étaient célèbres. coupe sombre dont Chantons Il ne doit pas exister un film musi- “Engageons-le quand même, mais sous la pluie aurait évidemment cal aussi peu gratuit que celui-là ce sera bien pour lui faire plaisir." fait les frais, quand le film de Kelly qui ne vise pas à l'enchantement Du coup, Gene, vexé, avait signé et Donen fut sauvé par un véritable des sens (comme le cherchait à un contrat avec David 0. Selznick, petit miracle : Danny Kaye, que la procurer, avec un fréquent bonheur, lequel s'était empressé de le MGM avait loué à prix d'or à un Un Américain à Paris), mais relouer très cher à la MGM quand autre studio pour être le partenaire celui - ô combien plus délicieuse- on s'aperçut qu'on avait besoin de Gene dans Huckleberry, se ment émouvant - du cœur. Rien de lui pour For me and my gal, mit à faire des difficultés sur son dans Chantons sous la pluie puis pour Cover Girl, Ziegfeld rôle, qu'il trouvait trop mince : on n'est à proprement parler joli ou Follies, Le Pirate, etc. A ce dut refaire le scénario, soit trois ravissant, rien n'a pour but de moment, devenu vedette, Kelly mit semaines de gagnées pour Kelly l'être. Le ballet final, par exemple, en scène, avec Stanley Donen, un qui les mit aussitôt à profit pour s'il est composé avec le faste habi- premier film musical qui connut un avancer Singin'in the rain. tuel aux productions du genre (et très vif succès, Un jour à New Mais Danny Kaye, décidément, ne dans des coloris tout aussi auda- York. Puis il interprète, on l'a vu, tenait pas à jouer Huckleberry cieux) ne nous séduit guère par Un Américain à Paris, qui le Finn, ayant compris, en fin renard, l'œil, mais nous procure sans arrêt propulse à l'absolu, au sommet de qu'un cabotin, ne gagne jamais la une satisfaction autre, infiniment la gloire chorégraphique. partie quand le héros du film est plus profonde en nous. Mais à la Metro où, entre temps, un enfant, ce qui, comme chacun Un fait surprenant dénote en lui on s'est décidé à l'engager, Kelly sait, est le cas du récit de Mark l'homme de cinéma ; alors que la reste inexplicablement marqué par Twain. Il tomba donc malade ; plupart des films de danse jusqu'à le premier jugement du tycoon, Gene Kelly en profita à nouveau. lui réalisés mettaient la caméra malgré les efforts d'Arthur Freed, Puis, Kaye traîna les pieds si fort au service des entrechats, de nom- grand responsable du département que Chantons sous la pluie fu breux passages d'Un Jour à New musical. Aussi Kelly entame-t-il terminé, alors que Huckleberry York - ceux qui nous séduisaient L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE 04.77.32.76.96 2 RÉPONDEUR : 08.92.68.13.48 Fax : 04.77.32.07.09 D O C U M E N T S - révélaient la Danse comme un que lui, sait nous faire sentir la spécialité. Ils sont très musiciens moyen d'expression cinématogra- délicate pureté des choses et et ont collaboré à un grand nombre phique. l'émotion profonde que contient de spectacles, de “shows”. Ils ont Les premières minutes du film, qui tout bonheur. même travaillé dans des cabarets. évoquent une preview en 1927, ne Claude Chabrol Pour tout ce qui touche à ce genre, nous amusent pas pour leur gro- Cahiers du Cinéma - novembre leur sensibilité est immense. Nous tesque, mais pour leur étonnante 1953 avions parlé de ce sujet maintes et rafraîchissante sincérité ; les et maintes fois, et j'étais resté un vamps ondoyantes, les beaux cos- certain temps sans les voir. Puis, métiqués ne nous apparaissent Entretien avec le réalisa- un beau jour, ils m'apportent leur pas grotesques, mais satisfaisants teur scénario. Je n'oublierai jamais ce et nous réjouissent. jour… C'était un extraordinaire Ces premières minutes, pétaradan- Pensez-vous que Singin'in the scénario. tes et joyeuses, nous mettent en rain marque une progression par état de réceptivité parfaite ; quel rapport à On the town ? Les scénarios de vos comédies que soit notre antagonisme de Oui, je préfère Singin'in the rain musicales sont toujours très tra- départ, quel que soit le chagrin à On the town. C'est plus parfait, vaillés ? de notre esprit, ils s'effacent par plus beau et plus drôle. Là encore Oui, oui. Je trouve qu'on les négli- magie, sans résistance possible ; c'est Arthur Freed qui nous convo- ge trop d'habitude. J'ai toujours la délicate apparition de Debbie qua, Gene et moi, ainsi qu'Adolph cherché des sujets originaux, inté- Reynolds charme simplement notre Green et Betty Comden, et nous ressants. Le meilleur est celui de cœur ; les plaisants rebondisse- dit : “Si on faisait une comédie It’s always fair weather (Beau ments d'un scénario où tout s'ar- musicale en nous inspirant d'un fixe sur New York). La plupart du range de 5 minutes en 5 minutes, vieux film de Jean Harlow ?" temps, je collabore de très près à où rien n'est inextricable, où nulle Finalement, après bien des pala- l'élaboration du scénario, surtout larme ne dure plus que le temps bres, on décida de tourner un film dans Deep in my heart, Seven d'une pirouette ou d'une chanson, sur cette merveilleuse période brides for seven brothers, renforcent notre optimisme.