N° 394 Janvier-Février-Mars 2013
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N° 394 Janvier-février-mars 2013 Vallon de POLSET (Maurienne) Conférence du 11 avril sur les Forêts de montagne par J.-P. FEUVRIER Photo : M. CHAMBRE 1 2 LE MOT DU PRESIDENT « Il était une fois une société d’amis de la nature qui trimaient bénévolement depuis très longtemps, tâchant de conserver amoureusement tout ce qui dans leur belle région était témoignage de sa richesse naturelle… » Ainsi pourrait commencer dans quelques années à l’usage de nos petits enfants une comptine célébrant le souvenir de feu la Société d’Histoire Naturelle de Savoie ! Car cette année 2013 commence très mal pour nous. Au moment où j’écris ces mots, notre subvention annuelle semble hésiter entre 4 000 et 10 000 euros (au lieu des 35 000 qui seraient le minimum admissible pour ne pas mettre la clé sous la porte à la fin de l’année). Notre déménagement des archives de Bassens a pris un gros retard, et la punition ne s’est pas faite attendre : une inondation récente par les eaux usées de l’étage au-dessus a détruit irrémédiablement une partie de nos archives… Par miracle, les herbiers n’ont pas été touchés directement, mais l’humidité résultante les menace. Comme quoi lorsque nous demandons depuis des années à nos élus les moyens d’une conservation décente de tout ce patrimoine, nous ne sommes peut-être pas tout à fait irresponsables ; et à force de ne pas nous entendre, on en arrive à des catastrophes. Et tout cela malgré le succès de nos opérations 2012 et le succès de la réouverture du musée en 2013 (nombreuses classes de la ville, 500 visiteurs lors du dimanche porte-ouverte), avec le plaisir non dissimulé des visiteurs d’être fort bien accueillis par nos commentateurs bénévoles dans un musée certes à l’allure un peu vieillotte, mais qui lui donne aussi un certain charme que n’ont peut-être plus les happenings moderne-style ! J’en profite une fois de plus pour remercier nos membres qui donnent sans compter de leur temps pour que vive ce bâtiment, et je salue la mémoire de deux disparus récents, Monsieur Pierre LEVECQ, généreux donateur d’herbiers et Monsieur Gérard MOUTON, membre de diverses associations naturalistes bien connu des botanistes régionaux. Je vous invite à continuer nombreux à participer aux conférences, ateliers, expositions, rencontres, qui ne manqueront pas de se dérouler tout au long de cette année, car nous continuerons notre effort contre vents et marées. Rien ne doit venir entamer notre enthousiasme pour cette belle cause du Patrimoine naturel à laquelle nous tenons tant ! J’ajoute que nous espérons beaucoup du projet de « contrat tripartite » en cours d’étude avec nos élus (cf. réunion du 11 avril) ; cela afin de pérenniser nos moyens en réponse à ce que la SHNS, la ville de CHAMBERY, et le Conseil général de la SAVOIE, doivent conjointement à la connaissance de la nature régionale et à la conservation du patrimoine des collections du muséum. Photo : TRIBOULETGilles : Michel SAVOUREY 3 PROGRAMME D’ACTIVITÉS DU 2ème TRIMESTRE 2013 CONFERENCES : (2ème jeudi du mois à 18h30) - 11 avril : Les forêts de montagne : diversité et contraintes par Jean-Pierre FEUVRIER. - 16 mai : Géologie, roches et reliefs des Alpes françaises du Sud, diaporama présenté par Henri WIDMER (auteur des Guides du relief : Alpes françaises du Nord ; Alpes du Sud et Provence - aux éditions GAP). - 13 juin : « Les Chauves-souris vous sourient » par Olivier SOUSBIE. Découverte des chauves-souris chambériennes à travers un film et un diaporama ATELIERS : (4ème jeudi du mois de 18h à 20h) - 25 avril - 23 mai - 27 juin Penser à apporter de quoi alimenter cet atelier (minéraux, fossiles, insectes, plantes ou des photos, livres nouveaux, etc.…). EXPOSITION : - Du 7 mai au 20 juin : "Bouquetin, le retour du roi" Plus animal de rocher qu’animal de montagne, le Bouquetin des Alpes s’est également bien adapté aux altitudes élevées où il a trouvé son dernier refuge. Au bord de l’extinction à la fin du XIXe siècle, ses effectifs se portent maintenant mieux. Cette exposition, riche des clichés de Michel FORIEL pris au coeur du Parc national de la Vanoise, vous fera connaître cet animal emblématique des Alpes. L’exposition présente les caractéristiques de l’espèce et sa vie au cours des saisons. Exposition aimablement prêtée par la Galerie Euréka. SORTIE : - Samedi 4 mai : rendez vous à 19h sur le parking du Lac Sainte-Hélène. Nocturne aux marais de Villaroux pour inventorier les papillons de nuit avec nos spécialistes et présentation de la Rainette verte (petite grenouille) par Ludivine QUAY. Ces marais représentent un très bel ensemble humide du Val Coisin. Ils se composent de nombreuses prairies et de boisements humides qui offrent des habitats naturels et des lieux de passage pour de nombreuses espèces. Sortie organisée conjointement avec d’autres organismes naturalistes (CPNS, FRAPNA, GHRA). Pour toutes informations : Philippe FRANCOZ [email protected] 4 INSECTES ET PLANTES : UNE COEXISTENCE PAS SI PACIFIQUE COMPTE RENDU DE LA CONFÉRENCE DU 13 DECEMBRE 2012 Parler des Insectes et de leurs relations avec les plantes est pour moi une agréable opportunité : concilier mon grand intérêt pour les insectes et celui, non moins grand, pour les plantes. Cet exposé général et loin d’être exhaustif sur les insectes phytophages, est réalisé à partir de documents personnels, enrichis de documents tirés d’ouvrages et issus d’Internet. Les différents régimes alimentaires des insectes : Dans la grande saga de l’évolution de la vie, les insectes ont acquis des adaptations à des régimes alimentaires variés. On peut distinguer par exemple les zoophages se nourrissant de proies animales, les xylophages exploitant le bois vivant ou mort, les coprophages consommant les déjections animales et les phytophages se nourrissant aux dépens des végétaux. Ce sont ces derniers qui seront les héros principaux de l’exposé. Les zoophages peuvent être prédateurs redoutablement armés comme les Carabes, les Calosomes, les Cicindèles, les Coccinelles, les Mantes, les Ascalaphes, Chrysopes. Les parasitoïdes exploitent leur hôte en le maintenant en vie jusqu’au bout. Les Hyménoptères Ammophiles, Pompiles ou Braconides en offrent de bons exemples. Les régimes phytophages sont très variés : Les xylophages tels que les Coléoptères Scolytidés, s’attaquent aux arbres dépérissants. Leurs larves dessinent avec leurs galeries larvaires, des motifs très caractéristiques sous l’écorce. D’autres comme la superbe Rosalie alpine, le Lucane cerf-volant ou le Cérambyx de Scopoli pondent dans des bois morts en voie de décomposition dont se nourriront leurs larves. Les coprophages utilisent les déjections d’animaux végétariens. Ce sont les Bousiers tels le Scarabée sacré dont le comportement a été si bien décrit par Jean-Henri Fabre. Les vrais phytophages s’alimentent à partir de différentes parties de végétaux et pour cela sont armés de pièces buccales spécialisées dans un type particulier de consommation. Les brouteurs de végétaux : Munis de pièces buccales broyeuses avec d’efficaces mandibules coupeuses et broyeuses, ils peuvent s’attaquer à n’importe quelle partie de la plante, feuilles, tiges, fleurs, graines ou fruits. Selon le spectre de leur régime alimentaire, il est possible de les répartir par catégories qui traduisent leur liaison à une ou plusieurs plantes hôtes. Les monophages s’attaquent principalement à une espèce ou plusieurs espèces très voisines. Par voie de conséquence, ce sont des espèces rares ou localisées et fragiles. Les chenilles du Nacré de la Canneberge (Boloria aquilonaris) se nourrissent exclusivement des Oxycoccos, tandis que celles du Solitaire (Colias palaeno) vivent sur les Airelles des marais et des landes. Le Cuivré de la Bistorte (Lycaena helle) est exclusif de cette plante dans les tourbières du Jura des Vosges et du massif central. Dans nos massifs alpins, le Petit Apollon (Parnassius sacerdos) (figure 1) ne se rencontre qu’au bord des torrents où vit le Saxifrage faux aïzon. Plus communs sont les Sphinx de l’Euphorbe (Hyles euphorbiae) qui vit aux dépens de 5 l’Euphorbe petit cyprès principalement, ou Cucullia verbasci sur les Molènes, Cucullia caninae sur la Scrophulaire des chiens, le Vulcain (Vanessa antiopa) et le Paon du jour (Inachis io) (figure 2) sur les orties. Les suceurs de sève Chez les Coléoptères beaucoup d’espèces sont liées à une plante hôte précise. Citons simplement la Chrysomèle de l’Aulne (Agelastica alni), celle de la Menthe (Chrysolina herbacea) ou le Doryphore (Leptinotarsa decemlineata), qui chez nous affectionne notre Pomme de terre. Les oligophages se nourrissent de quelques espèces dans une famille donnée. Le bien connu Aurore (Anthocaris cardamines) se délecte des Brassicacées (Arabis, Lunaria, Cardamine, Rorippa, Biscutella…). La Cucculie de la Laitue (figure 3) consomme des Lactuca, mais aussi des Prenanthes, tandis que notre Apollon (Parnassius apollo) est inféodé aux Crassulacées (Sempervivum, Sedum). Chez nos magnifiques porte-queue, la chenille du Flambé (Iphiclides podalirius), dévore quelques Rosacées arbustives ou arborescentes tels que Prunus, Amelanchier, Crataegus, Malus tandis que le Machaon (Papilio machaon) se régale des Apiacées dont Daucus, Laserpitium, Peucedanum etc. Parmi les envahisseurs on peut évoquer le cas de ce très beau papillon originaire d’Argentine, importé avec des palmiers, le Paysandisia archon de la famille des Castnidae. Les chenilles se développent dans le bourgeon terminal, c’est-à-dire le cœur du palmier. Les dégâts constatés dans le midi de la France sont importants d’autant plus qu’il s’y rajoute maintenant les dégâts dus à un grand Charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus) arrivé en 2006 en France et originaire d’Asie tropicale. Les polyphages ont pour plante-hôte de nombreuses plantes de familles différentes. Cela leur permet de pulluler parfois au détriment de nos forêts. La chenille de la Pudibonde (Calliteara pudibonda) (figure 4) vit aux dépens de divers arbres : Quercus, Salix, Acer, Fagus, Corylus, Tilia, Rubus, Sorbus, Pyrus, Malus…celle du Cul brun (Euproctis chrysorrhoea), vit sur Quercus, Ulmus, Prunus, Crataegus, Rosa et sur des arbres fruitiers.