Quelques Données Économiques Sur L'édition Française
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Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques Mediadix Techniques documentaires et gestion des médiathèques Module Edition française Jean-Claude Utard - Direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris Quelques données économiques sur l'édition française Objectifs du chapitre Comme dans beaucoup de pays développés, la tendance générale de l’édition est à la concentration. Mais, parallèlement à la constitution de quelques grands groupes d’édition, inclus en fait dans de puissants groupes financiers aux impératifs de rentabilité affirmés, il existe aussi de nombreux éditeurs indépendants, qui se renouvellent fréquemment et qui explorent de nouveaux domaines, tant littéraires que documentaires. Cette bipolarisation de l’édition est un des paradoxes de cette " industrie culturelle " que ce chapitre s’entend à souligner. 1. Introduction 2. Le chiffre d’affaire de l’édition française 3. La concentration éditoriale 4. Les grands groupes d'édition 5. Les maisons indépendantes 6. Les problèmes actuels 7. L'édition et l'Etat Médiadix / Cours d’édition française/Mise à jour : 24 octobre 2012 Chapitre 2 : 1/42 Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques 1. Introduction L'édition est aujourd'hui un marché qui connaît des résultats contrastés selon les années L’édition française a connu des périodes économiquement contrastées : après les fameuses trente glorieuses qui, des années cinquante à la fin des années soixante-dix, ont vu, année après année, le chiffre d’affaire général de l’édition augmenter, une première récession s’est produite de 1980 à 1986, puis une seconde de 1990 à 1994. De nombreux discours alarmistes se sont fait alors entendre. Or, après une quasi-stagnation pendant plusieurs années, les années 2000 à 2005 se sont traduites par une vive reprise, avec des résultats supérieurs à la croissance du PIB (Produit intérieur brut), étonnant certains économistes qui considèrent que le marché du livre est, dans les pays développés, un marché "mature", c’est-à-dire arrivé aux sommets de ses potentialités, qu’il n’y plus guère de nouveaux lecteurs à conquérir et de nouveaux produits ou domaines à explorer puisqu’il existe des livres sur tous les sujets et pour toutes les tranches d’âge et qu’il ne faut pas s’attendre à des croissances fortes de ce secteur. Aujourd’hui un nouveau discours souvent alarmiste, parfois enthousiaste s’interroge sur les mutations que le numérique va apporter à l’édition et surtout, à la commercialisation du livre : le livre numérique va-t-il succéder ou compléter (mais en quelle proportion et dans quels domaines) au livre sur papier ? Les acteurs de l’édition, les auteurs, les libraires et les bibliothécaires qui sont sur le terrain ne partagent pas forcément cet avis : ils constatent qu’il existe encore une large part de la population qui est loin du livre, qui n’en achète et n’en lit pas ou peu (un quart des Français âgés de plus de 15 ans déclare ne pas lire de livre), et que sur de nombreux sujets, il y a encore fort à faire pour inventer des livres répondant aux besoins et aux demandes des lecteurs. Les résultats des récentes années (2005 à 2011) sont très contrastés. Si on étudie le marché du livre, et pas seulement, les chiffres d’affaire des éditeurs, on observe que l’année 2005 s’était terminée sur un léger tassement des ventes au détail et que 2006 a été une fort mauvaise année avec un recul des ventes au détail du livre de 1,5 % en euros courants. Ce recul a paru très préoccupant car il présentait un décrochage complet de la consommation de livres par rapport à l’ensemble des commerces de détail qui, au contraire, connaissait une progression de 1,9 %. En revanche, le commerce du livre a affiché pour 2007 un bilan économique nettement positif, avec une progression de 3 % en euros courants, re-dépassant l’évolution du commerce de détail. En 2008, l’année avait connu une régression du commerce du livre. En 2009, l’année pourtant fort mal commencée, a terminé sur une petite progression de 1,5 % en euros courants, ce qui contraste avec l’ensemble du commerce pour la même période (- 2,3 %). En revanche, l’année 2010 a connu une légère régression (-0,5 % en euros courants) où tous les secteurs de l’édition ont connu des reculs sauf le poche et le livre jeunesse et 2011 a marqué un nouveau recul (- 1 % euros courants), le seul secteur en progression étant celui du livre de poche tandis que, pour la première fois, celui du livre de jeunesse stagnait. On peut donc dire que le marché du livre, sur la décennie écoulée, a connu une forme de stabilité qui peut passer pour de la résistance au vu du contexte général, mais que les deux dernières années sont inquiétantes. Sont-elles les indices d’une crise du livre imprimé ? Médiadix / Cours d’édition française/Mise à jour : 24 octobre 2012 Chapitre 2 : 2/42 Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques 2. Le Chiffre d’affaire de l’édition française Près de 1200 éditeurs étaient recensés dans le supplément de Livres Hebdo, Guide 2000... Edition et diffusion francophones, dont environ 170 belges, canadiens et suisses. Mais l'enquête statistique annuelle menée par le Syndicat national de l'édition (SNE) sur la base du chiffre d'affaires réalisé n'en a retenu, sur la base de leur chiffre d’affaires, que 267 pour les résultats annuels de l’édition (chiffres de l'année 2008 – selon les années il avait varié entre 275 et 310 environ les années précédentes, ce qui démontre la con centration croissante de l’édition), ce qui signifie que nombre d’éditeurs ont une activité d’un poids économique marginal. En effet, le Guide édition et diffusion francophones publié par Livres Hebdo qui, il est vrai, élargissait le champ de recensement à la francophonie en comptait environ 800, et enfin le répertoire Editeurs et diffuseurs de langue française (Éditions du Cercle de la Librairie) en recensait plus de 3 500. Ces produits papier étant aujourd’hui abandonnés, une interrogation d’Électre donne plus de 58.00 éditeurs français dont les productions sont recensés dont 14.000 éditeurs installés à Paris. On comprend aussitôt que ces chiffres recouvrent des réalités diverses et qu'on ne peut traiter sur le même plan des éditeurs diffusés exclusivement en librairie de création et qui défendent un catalogue restreint mais très cohérent, avec des maisons d'édition (comme Grasset ou Fayard), intégrée à un groupe et qui ont des moyens de promotion importants, avec des éditeurs d'ouvrages scolaires ou encyclopédiques (comme Bordas ou de Larousse, d’ailleurs eux aussi intégrés à des groupes) aux investissements "lourds" et dont la stratégie privilégie aujourd’hui les supports électroniques et, enfin, avec les groupes eux-mêmes où l’activité éditoriale ne représente qu’une partie des activités et du chiffre d’affaire. Enfin, les données économiques sur l’édition et le livre peuvent être construits de nombreuses façons : - On peut prendre en compte le chiffre d’affaire des éditeurs réalisés en France sur le prix de cession de base des livre, c’est-à-dire la part qui revient strictement à l’éditeur, hors l’ensemble des pourcentages liés à la commercialisation (distributeur, diffuseur et point de vente), et les cessions de droit à l’étranger (les statistiques du SNE) - Mais on peut aussi chercher à connaître le marché du livre en France, calculé selon le prix de vente réel des ouvrages, après donc vente en librairie et dans les autres canaux de diffusion, - Et enfin on peut calculer les résultats des sociétés et groupes d’édition représentés en France, en y incluant ceux de leur filiales à l’étranger pour les éditeurs dont le siège social est en France et en y englobant également les résultats de leurs filiales de distribution ou diffusion s’ils en possèdent (les classements annuels des éditeurs de la revue Livres Hebdo). 2.1 Les résultats selon le Syndicat national de l’édition Il y a plusieurs manières de considérer les résultats économiques de l’édition. On peut en effet considérer le seul chiffre d’affaire des maisons d’édition ou, de manière plus large, considérer le chiffre d’affaire du secteur livre, en incluant donc les résultats des point de Médiadix / Cours d’édition française/Mise à jour : 24 octobre 2012 Chapitre 2 : 3/42 Formation aux techniques documentaires et gestion des médiathèques vente du livre. Nous nous en tiendrons, ici aux résultats des maisons d’édition, mais même en ce domaine il existe plusieurs types de données. Les premières sont les statistiques annuelles du Syndicat national de l’Édition (SNE) qui prend en considération le chiffre d’affaire des éditeurs, résultant de la stricte activité éditoriale (donc le prix de cession éditeur, c’est-à-dire la part du prix de vente des ouvrages qui revient strictement à l’éditeur, avant le circuit de commercialisation, distributeur, diffuseur, et librairie). Le SNE travaille sur l’échantillon des 3.000 éditeurs principaux, dont 1.000 ont une activité régulière mais dont seulement 400 ont une activité significative. Au total, les statistiques du SNE en ont retenu 295 en 2007, 267 en 2008, 305 en 2010, etc. Ces résultats sont relativement faibles : le chiffre d'affaires purement édition (hors filiales de diffusion et de distribution) des 295 éditeurs recensés en 2007 représenterait, selon l’enquête du SNE, 2,9 milliards d’euros (soit une hausse de 3,5 % par rapport à 2006, alors que la croissance française n’a été que de 1,9) et aurait connu une baisse en 2008 : les 267 maisons ne réalisant qu’un CA de 2,8 milliard d’euros.