3 / Une Sesshin, Albert Low 6 / Why The
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Volume 10, Numéro 2 Décembre 2001 3 / Une Sesshin, Albert Low 6 / Why the Japanese Words ?, Albert Low 9 / Voici venu le temps d’un sesshin, Brigitte Clermont 10 / Petits gestes, Louis Bricault 12 / Seven Days at a Detox Centre, Karen Kimmet 13 / Why Did You Go ?, Sandra Olney 14 / Un rendez-vous, Jeanne d’Arc Labelle 15 / Le silence qui nourrit, Pierre Lanoix 17 / Setting the Table, Alan Travers 18 / Les esprits affamés, Monique Dumont 20 / De la soupe... à la pratique !, Marielle Ouellette 21 / Il y aura une autre fois, Robert Bissonnette 23 / Les bodhisattvas sont en sesshin, Roger Brouillette 24 / Sept jours dans une vie, Marie-Bernarde Pérès 25 / Falling Apart, Fred Bloom 26 / Le pouvoir du chant, Jean-Claude Décarie 27 / In the Dead of Night, David Booth 29 / After the Sesshin, Jacqueline Vischer 31 / Fragments d’une conversation, Monique Dumont " We can see this resistance to the truth, for example, in the way we prefer answers to questions, or the way we constantly recoil from uncertainty and the unknown. " (Lord Pentland) " Pour le Zen le passé est gratitude, le présent service et le futur responsabilité " (Houston Smith) Zen Gong Volume 10, Numéro 2 Décembre 2001 Comité de rédaction Louis Bricault, Monique Dumont (éditrice) Collaborateurs pour ce numéro Robert Bissonnette, Fred Bloom, David Booth, Louis Bricault, Roger Brouillette, Brigitte Clermont, Jean-Claude Décarie, Monique Dumont, Karen Kimmet, Jeanne d’Arc Labelle, Pierre Lanoix, Albert Low, Sandra Olney, Marielle Ouellette, Marie-Bernarde Pérès, Alan Travers, Jacqueline Vischer Calligraphie de la page couverture Michèle Guérette Mise en page Claude Jean Jacques Lespérance Abonnements Janine Lévesque Distribution dans les librairies Pierre Laroche Le Zen Gong est une publication du Centre Zen de Montréal Directeur du Centre : Albert Low Adresse : 824, rue Parc Stanley, H2C 1A2 Téléphone : (514) 388-4518 Abonnement de soutien : 15$ et plus (Supporting subscription) Abonnement outre-mer : 20$ (Overseas) Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, 2001 Une sesshin Albert Low ne sesshin - orchestration de vingt-cinq esprits, la démarche de la promenade ou de la marche ryth- Uaccord d'efforts et de désirs intenses, de questions mée, une démarche dégagée plutôt, sans obstruction, incisives et de perplexité muette; communauté de mouvement régulier d'une jambe qui se lève et se patience, de douleur, de sacrifice afin d'atteindre on ne dépose, l'une après l'autre. Et de nouveau zazen, la sait quoi pour on ne sait quelle raison. Chacun en porte claustrophobie. l'entière responsabilité. Dans cette unification de Même ceux qui font zazen depuis des années sont l'esprit, dans cette clarté ouverte de la quête au-delà de touchés par la solennité de la cérémonie d'ouverture, la pensée, la sesshin trouve son point focal. Dans le dé- l'intronisation de Manjusri, le son profond de la grosse sespoir qui saisit à la cloche et la lecture des gorge, dans la séche- Quatorze Rappels. C'est resse, dans la tentative de comme si une lourde saisir avec une main sans porte de fer se refermait, nerf qui ne peut plus saisir nous coupant de tout ce ni laisser aller, quand tout qui pourrait venir inter- semble vain et futile, la rompre, interférer, de tout sesshin trouve son ce qui pourrait venir nous ressort. Poursuivre, seule- séduire, nous proposer ment poursuivre, conti- une autre option, une n u e r, avancer, continuer, excuse, une « meilleure » CONTINUER! Il y a une voie. Parmi ceux qui font pulsation plus profonde zazen depuis des années, que celle de la respiration, certains exsudent la sueur une pulsation inévitable des êtres consacrés, et qui bâtit son rythme, parmi ceux qui commen- cadence sur cadence de cent à peine, certains con- silence. C'est le joriki - naissent des moments de c'est l'énergie de la panique, l'impression que sesshin. Concentration, tout est perdu. Mais dès le unification, samâdhi - et tout début, la sesshin - la ensuite, le dernier pas. En communauté et l'unifica- japonais, sesshin signifie tion des esprits - offre un littéralement « unifier ou soutien à tous. Le travail concentrer l'esprit ». Il si- régulier de ceux qui ont gnifie également chercher plus d'expérience et le tra- l'esprit, mais en pratique, vail inspiré de ceux pour la sesshin est un temps où qui c'est la première « le feu et la rose ne font sesshin se rencontrent, et qu'un ». dans cette rencontre les premiers doutes s'écartent, les Yeux baissés, dos droit, les jambes croisées ou participants s'installent, la sesshin se met en marche. agenouillées, les mains l'une dans l'autre, la gauche « Il y a quelques directives importantes à suivre reposant sur la droite, paumes en l'air, les pouces ne se dans une sesshin ». Le maître s'adresse aux partici- touchent pas tout à fait, mais ne sont pas tout à fait pants, après la cérémonie d'ouverture. La première séparés. On ne bouge pas ! Pendant trente-cinq mi- directive est le silence. Vous devez garder le silence en nutes on est seul avec soi-même et il n'y a aucune issue tout temps. Aucune parole ou chuchotement. Si vous par où s'échapper. On ne peut pas quitter la sesshin. La devez communiquer, faites-le par écrit et sans que les tension monte. Après 35 minutes, cinq minutes de autres le voient. C'est là une directive très importante. marche. Une démarche mesurée, vigoureuse, non pas Ensuite, tenez les yeux baissés en tout temps. Ne cédez pas aux pensées négatives. Rappelez-vous que tous de céder au plaisir déchirant de regarder les choses. La ceux qui viennent ici le font au prix d'un sacrifice per- neige tombante, les nouvelles pousses, le soleil sonnel considérable. Vous avez une responsabilité non éblouissant ou le bruissement des feuilles cherchent et seulement face à vous-même mais face à tous ceux qui aspirent notre regard à la périphérie; mais y céder une sont présents. Finalement, faites tout votre possible - seule fois, et la fontaine se tarit et « la chape blafarde mobilisez toutes vos énergies et ne cédez pas au des pensées » se durcit. Garder le silence et garder les découragement. À cette étape, le maître peut enchaî- yeux baissés - deux règles simples, mais d'où surgis- ner avec cette histoire du maître chinois qui disait : « Si sent le coeur et l'esprit de la sesshin. vous voulez réussir dans Au début, la douleur votre formation Zen à l'in- règne. Elle commence dès le térieur d'un temps donné, premier jour et nous harcèle, alors vous devez agir comme nous tord, nous brûle et nous un homme qui est tombé déchire les sept jours sui- dans une fosse de mille vants. La douleur physique, pieds. Ses mille et dix milles la douleur dans les jambes, pensées sont réduites à une les chevilles, les genoux, les seule : comment se sortir de hanches; la douleur aux cette fosse. Il la conserve du épaules, dans le cou; la matin au soir et du soir au migraine et le mal de dos. Et matin. Si vous agissez de puis il y a cette autre douleur cette façon et ne réalisez pas plus immédiate, celle de la la Vérité en cinq ou sept frustration, de l'humiliation, jours, que je brûle en enfer de la honte. Comment cette pour vous avoir trompés. » quelconque folie commise il Dans ce puits de silence y a si longtemps peut-elle de sept jours, le silence de venir nous déchirer si fort vingt-cinq personnes qui ont maintenant ? Il y a la douleur accepté de laisser leurs com- du vide, de la peur, de la pensations ordinaires et terreur, la douleur de la stu- leurs barrières s'affaiblir, qui pidité face à notre koan qui ont accepté de laisser couler s'est figé là, comme une et déferler la douleur de leur phrase dépouvue de sens, la blessure humaine, l'Esprit douleur du kyosaku, et la pire Un est aperçu. Ce n'est pas le des douleurs, celle des silence de l'absence, mais le autres. silence de la présence. C'est Mais le confort, nous le le silence dont toutes les connaissons. Toute notre vie choses sont faites, le silence des humeurs : attente, nous avons cherché à nous encoconner dans une plus anxiété, urgence, paix profonde et désespoir. C'est le grande chaleur, nous nous sommes blottis dans un silence de la respiration profonde et le claquement du coin confortable, nous nous sommes détournés de la kyosaku. C'est le silence des pleurs, des rires, des vérité et avons étouffé la voix qui protestait. Toute rugissements. C'est le coeur silencieux de la sesshin; notre vie nous avons suivi la foule et tranquillisé notre c'est le coeur silencieux de nous tous. tourment jusqu'à ce que le tranquillisant devienne Quand on garde les yeux baissés, on ne fabrique notre tourment, jusqu'à ce que notre porte de sortie pas d'images; et quand on ne fabrique pas d'images, devienne sa propre forme de prison. Et nous voilà donc on ne soulève pas d' écume à la surface de l'esprit. ici. Nous avons besoin de savoir, nous devons trouver. Combien c'est difficile au début ! Comme il est tentant Alors la douleur est inévitable. « Tout est souffrance »; la première noble vérité est, pour ceux qui font une On n'a pas le temps de s'en rendre compte, et déjà sesshin, une vérité certaine. La souffrance est le feu de le sixième jour est arrivé. Le premier jour est facile en la sesshin. Si c'est de l'or ça ne brûlera pas, si ça brûle quelque sorte.