REVUE DE PRESSE Chine - Mongolie
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REVUE DE PRESSE Chine - Mongolie dépasser les frontières 法国国家科学研究中心 CNRS Edition – NOVEMBRE 2018 L’objectif de cette revue de presse est avant tout de balayer l'actualité telle qu’elle apparaît au Bureau du CNRS en Chine, mais aussi de poser un regard plus analytique sur les récents développements de la recherche en Chine. C'est l'objet de notre éditorial de ce mois de novembre consacré à la « La Chine et le financement de l’innovation ». L’accent est certes mis sur le continuum formation-recherche-innovation, mais la revue entend aussi laisser de la place à ce qui entoure la science, à Source : cnrs l’image du CNRS qui embrasse tous les champs de la connaissance. La Chine , 1er partenaire scientifique Le point de départ de cette revue est également de faire en sorte que chaque lecteur puisse construire son point de vue alors que le système d’information du CNRS en Asie en Chine demeure très contrôlé. Rappelons-le également, l'accès aux informa- tions constitue également un défi en Chine, barrière de la langue oblige. Coopère depuis 1978 avec la Chine 70 % des copublications France-Chine Bonne lecture ! Actions structurantes : 20 LIA, 4 IRN (ex GDRI), 1 UMI, 1 UMIFRE, 3 plateformes Sommaire 1 358 doctorants chinois dans les unités du CNRS (2017) 1 550 missions vers la Chine (2017) Editorial : « La Chine et le financement de l’innovation : les trésors Les publications CNRS Chine cachés » Economie, politique et société Education, science, technologie et innovation Environnement Mongolie Evénements Appels et programmes Le magazine nº27 Le livret Le CNRS en Chine La coopération Etudes et rapports du CNRS en Chine Le CNRS c’est encore… Raccourcis utiles : vers d’autres sources d’information Chine l’International magazine le journal ; numéro papier des appels à projets 10 instituts CNRS En direct des laboratoires du CNRS CNRS innovation ; CNRS hebdo Revue de presse CNRS - 1 - Chine / Mongolie NOVEMBRE 2018 Cliquez-ici pour modifier votre abonnement Editorial « La Chine et le financement de l’innovation : les trésors cachés » par A. Mynard Si l’innovation chinoise est encore mal documentée et comprise, y compris par les intérêts étrangers en Chine, elle est au centre des priorités gouvernementales. Ces dernières apparaissent dans plusieurs documents stratégiques (« Manufacturing 2025 », « Internet + »…) qui ont des traductions opérationnelles prenant la forme de programmes et, plus récemment, de fonds « public privé » à destination des grandes entreprises (microélectronique, robotique…). Au- jourd’hui, le dispositif chinois de soutien à l’innovation s’appuie également sur la nouvelle organisation du financement de la recherche publique, « le pilier 4 », c’est-à-dire le fonds de pilotage de l’innovation technologique » (FPIT). Tous ces dispositifs, où l’Etat joue un rôle central, mobilisent des sommes considérables. A quand une véritable monographie sur l’innovation chi- d’ailleurs revenu 38 fois et à tous les propos dans le rap- noise qui pourrait faire autorité ? Si tout le monde essaie port annuel du gouvernement présenté lors des d’appréhender le phénomène par une de ses composantes, « lianghui » de mars 20182 ! En d’autres termes, si l’on com- c’est que l’on est précisément tous bien en peine de l’expli- prend bien son utilité au niveau gouvernemental, l’innova- quer dans son ensemble. Et que, dans le même temps, tous tion apparaît davantage comme la doxa du moment. les pays se sentent concernés par la montée en puissance économique, scientifique et technologique chinoise, en par- L’innovation : une priorité et des moyens ticulier par l’intermédiaire des grands projets comme OBOR, des investissements « technologiques » chinois dans Pourtant, s’il est un domaine qui est assez bien documenté, les pays occidentaux ou encore par l’émergence de géants c’est bien l’action gouvernementale en matière de politique chinois. Bref, si l’on peut observer les manifestations de industrielle et de financement de l’innovation. En effet, la l’innovation, on reste incapable de décrire le système qui Chine a publié des documents d’orientation qui ’s inscrivent la soutend. dans la longue tradition de planification d’une économie dirigée par le pouvoir central. Les deux plus stratégiques L’enjeu est d’autant plus important que les grands comptes sont bien sûr le « China Manufacturing 2025 » et industriels occidentaux, ceux qui disposent à la fois d’une « Internet + » que chapeaute le treizième plan quinquen- capacité de R&D internationale et qui entendent dévelop- nal (2016-2020). Les dépouiller est très éclairant. Si éclai- per une politique d’innovation en Chine, sont à la recherche rant que la Chine s’en est même retrouvée piégée : les de la martingale : comment s’insérer dans les écosystèmes grands pays occidentaux ont vu dans ces rapports une me- chinois ? Comment repérer les innovations dans les univer- nace diffuse d’hégémonie, de prédation technologique et sités ou les jeunes entreprises prometteuses (JEI) ? Quel d’atteinte à la sécurité nationale au point de susciter des mode opératoire pour concrètement transférer de l’innova- contrefeux un peu partout, sous différentes formes tion dans des mouvements d’affaires mondialisés ? Peu de (régulations des investissements, restrictions sectorielles…). réponses opérationnelles à ces questions. Et il n’est pas du Car, en fait, la stratégie chinoise véhiculée par ces docu- tout sûr que le gouvernement chinois ait une vision plus ments n’est pas seulement conçue autour de l’innovation éclairée sur le système d’innovation même si, dans le cadre endogène, elle inclut également des cibles en matière de de la « réforme structurelle de l’offre » et de ses cinq objec- part de marché3 ainsi que des dispositions diverses desti- tifs1, l’innovation est désormais présentée comme la force nées à favoriser l’intégration civilo-militaire. motrice de l’économie chinoise. Le mot « innovation » est 1Accroître le poids des nouveaux moteurs de croissance (industries émergentes, R&D…), faire de la Chine une puissance manufacturière, lutter contre les surcapaci- tés, faciliter les procédures administratives et réduire la fiscalité des entreprises ainsi que les charges non fiscales. 2 La réunion concomitante annuelle des deux assemblées, à savoir la CCPPC et l’ANP. 3 Ex. objectif est fixé aux industriels chinois de détenir 80% des parts de marché domestique du véhicule électrique en 2025, ce qui revient à reléguer les industriels non chinois à une position de marché marginale qui sera maintenue à ce niveau par le gouvernement chinois indépendamment des forces du marché. Revue de presse CNRS - 2 - Chine / Mongolie NOVEMBRE 2018 Editorial Ainsi, le différend commercial Etats-Unis-Chine est-il en par- Ces derniers sont le fer de lance du plan « 2025 », ils se con- tie influencé par toutes ces questions, de même que le pro- forment à son cahier des charges6 tourné vers l’innovation, jet de directive européenne4 sur les investissements extra- la compétitivité et dix secteurs clés7. En plus des ministères communautaires qui fait suite aux multiples acquisitions techniques chinois (industrie, information, etc.), ces fonds ciblées chinoises (Kuka, Cotesa,…). sont supervisés par le ministère des finances et des opéra- teurs bancaires (banques, agences…). Pour mettre en œuvre ces plans stratégiques, la Chine uti- lise une véritable panoplie de mesures et d’outils. La partie Mais ce n’est pas tout. Il existe un autre canal de finance- émergée de ces derniers est constituée des programmes ment de l’innovation qui ’s adresse aux jeunes entreprises et « Torch » ou « 863 », alimentés par le trésor de guerre du ETI. Il est assurément aussi bien doté que ceux qui concer- financement public de la recherche que l’on peut estimer nent la grande industrie. Il s’agit du « pilier 4 », c’est-à-dire entre 60 et 100 milliards de dollars, sur les 400 milliards de du « fonds de pilotage de l’innovation technolo- dollars de dépenses totales de R&D chinoises (objectif gique » (FPIT). Comme les autres « piliers » du financement 2020). Le premier programme, lancé en 1988, avait pour public de la recherche, la supervision de ce fonds est assu- objet de faire émerger des industries de pointe tout en fa- rée par le MoST et la NDRC, en relation avec une structure vorisant l’éclosion de parcs technologiques et autres incu- de gouvernance complexe qui réunit plusieurs dizaines bateurs. La zone technologique de Zhongguancun à Pékin d’agences publiques8. Le FPIT dispose d’une organisation est une bonne illustration des résultats de ce programme. complexe avec trois niveaux d’arborescence. Cela s’explique Quant au « 863 » (pour mars 1986), il s’agit d’un pro- par la fusion d’activités et de structures autrefois dissémi- gramme plus classique de financement de la R&D dans plu- nées dans plusieurs départements ministériels. En gros, du sieurs secteurs de pointe (spatial, matériaux…). Mais la FPIT dépend trois autres fonds couvrant des activités spéci- Chine utilise désormais de nouveaux instruments qui relè- fiques : capital risque pour les industries émergentes (EI guent ces programmes au rayon des antiquités. Ces der- Fund), transfert de technologies et valorisation de la re- niers n’apparaissent d’ailleurs plus dans la nouvelle organi- cherche (NFTTC Fund) et développement technologique des sation en « cinq piliers » du financement public de la re- ETI (SME Fund). Pour compliquer le tout, ces trois fonds cherche qui résulte de la réforme de 20145. sont subdivisés en (10) autres fonds (et fonds et de fonds, FoF)9 qui eux-mêmes sont pilotés par (14) organismes finan- De nouveaux outils ciers10 ! Désormais, pour financer l’innovation industrielle, le gou- La puisance de feu du FPIT est considérable : les docu- vernement a mis sur pied des fonds reposant sur des parte- ments officiels indiquent que le montant total de ces fonds nariats « public-privé ». Selon une récente note du service atteint aujourd’hui 114 milliards de RMB (15 milliards d’eu- économique de l’Ambassade, on en dénombre actuelle- ros), l’objectif étant de parvenir à 300 milliards de RMB ment trois principaux : (1) le fonds national pour les semi- soit 39 milliards d’euros d’ici peu.