O ÉTÉ 2019 DE REBECCA ZLOTOWSKI N 171 GRATUIT UNE FILLE FACILE REINES DE L’ÉTÉ domino films présente

SWANN ARLAUD MAUD WYLER FANNY ARDANT NICOLAS MAURY

une comédie amoureuse de ERWAN LE DUC PERDRIX DYNAMITE LA COMÉDIE ROMANTIQUE Première PERDRIX CIRCULE PERDRIX, LE CAPITAINE À TOUTE ALLURE S’ENFLAMME ! Libération FOLLEMENT DRÔLE HUMOUR DÉCAPANT Les Fiches du Cinéma Info

AU CINÉMA LE 14 AOÛT

Perdrix_TroisCouleurs_170x285.indd 1 03/07/2019 17:19 domino films présente

SWANN ARLAUD MAUD WYLER FANNY ARDANT NICOLAS MAURY

une comédie amoureuse de ERWAN LE DUC PERDRIX DYNAMITE LA COMÉDIE ROMANTIQUE Première PERDRIX CIRCULE PERDRIX, LE CAPITAINE ÉDITO S’ENFLAMME ! À TOUTE ALLURE Dehar. En France, tout le monde connaît son prénom, mais Le Monde Libération Zahia qui connaît son nom de famille ? S’il s’agissait sans doute de FOLLEMENT DRÔLE HUMOUR DÉCAPANT la manière dont elle se faisait appeler quand elle exerçait comme escort-girl, France Info Les Fiches du Cinéma certains médias n’ont pas hésité à la figer dans cette image réductrice, en continuant à la nommer par son seul prénom (comme Marilyn Monroe en son temps) après sa reconversion en tant que mannequin, créatrice de lingerie et aujourd’hui actrice. Cet été, c’est à travers un film que Rebecca Zlotowski et Zahia Dehar elle-même tentent d’ébranler le mythe, de se réapproprier cette étiquette de « fille facile », d’en révéler d’autres facettes. En un mot : de l’anoblir. Par le verbe (cette scène dans laquelle l’héroïne redore le mot « pute » ; cette autre dans laquelle elle coupe adroitement la chique à une femme riche et jalouse qui tente de la faire passer pour une écervelée) comme par les actes (elle transmet à sa jeune cousine les compétences qu’elle a acquises pour se sentir libre et pour pouvoir circuler dans tous les milieux sociaux, qu’il s’agisse d’utiliser son corps comme elle le désire ou de se livrer à l’introspection à travers la littérature), le personnage de Parisienne épicurienne campé par Zahia Dehar contrecarre tous les préjugés liés au slut-shaming, cette attitude qui consiste à humilier quelqu’un (souvent une femme) à cause de son goût affiché pour la sexualité. En déconstruisant patiemment ce système sexiste, sous une apparence légère conviée par les vacances dans les calanques cannoises et la torpeur estivale, Zahia Dehar et sa réalisatrice Rebecca Zlotowski (la première est venue trouver la seconde et a beaucoup nourri le film, nous ont-elles confié en interview) nous apprennent AU CINÉMA LE 14 AOÛT comment changer le sens des images et celui des mots. • TIMÉ ZOPPÉ

Perdrix_TroisCouleurs_170x285.indd 1 03/07/2019 17:19 Une pépite. Une merveille. A voir d’urgence. TÉLÉRAMA LE PARISIEN ELLE

LES HIRONDELLES DE KABOUL un film de ZABOU BREITMAN et ÉLÉA GOBBÉ-MÉVELLEC

adapté du roman de YASMINA KHADRA © LES ARMATEURS – MELUSINE PRODUCTIONS CLOSE UP FILMS - ARTE France Cinéma RTS KNM 2018 © LES ARMATEURS avec SIMON ABKARIAN ZITA HANROT SWANN ARLAUD HIAM ABBASS

4 SEPTEMBRE

LHDK_3coul170x285.indd 1 09/07/2019 19:06 Une pépite. Une merveille. A voir d’urgence. POPCORN TÉLÉRAMA LE PARISIEN ELLE P. 14 RÈGLE DE TROIS : SWANN ARLAUD • P. 16 SCÈNE CULTE : LES MOISSONS DU CIEL • P. 22 FLASH-BACK : EYES WIDE SHUT

BOBINES P. 26 EN COUVERTURE : UNE FILLE FACILE • P. 38 INTERVIEW : DESPLECHIN X LUBTCHANSKY • P. 46 INTERVIEW : RICHARD KELLY

ZOOM ZOOM P. 66 MIDSOMMAR • P. 68 HER SMELL P. 70 GIVE ME LIBERTY • P. 76 DIEGO MARADONA

COUL’ KIDS P. 88 INTERVIEW : GRAND CORPS MALADE & MEHDI IDIR P. 90 LA CRITIQUE DE LÉONORE : WONDERLAND

OFF P. 9 2 LA NOUVELLE BD POSTAPOCALYPTIQUE • P. 96 EXPOS : LES BARBARA PROBST • P. 108 SÉRIES : THE LOUDEST VOICE HIRONDELLES ÉDITEUR MK2 AGENCY — 55, RUE TRAVERSIÈRE, PARIS XIIe — TÉL. 01 44 67 30 00 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : [email protected] | RÉDACTRICE EN CHEF : [email protected] RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : [email protected] | RÉDACTEURS : [email protected], [email protected], DE [email protected] | GRAPHISTE : JÉRÉMIE LEROY | SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : VINCENT TARRIÈRE KABOUL STAGIAIRE : QUENTIN BILLET-GARIN | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : JULIEN BÉCOURT, LILY BLOOM, CHARLES BOSSON, RENAN CROS, un film de JULIEN DOKHAN, JULIEN DUPUY, MARIE FANTOZZI, YANN FRANÇOIS, CLAUDE GARCIA, ADRIEN GENOUDET, AÏNHOA JEAN-CALMETTES, DAMIEN LEBLANC, GRÉGORY LEDERGUE, OLIVIER MARLAS, STÉPHANE MÉJANÈS, THOMAS MESSIAS, JÉRÔME MOMCILOVIC, WILFRIED PARIS, ZABOU BREITMAN et ÉLÉA GOBBÉ-MÉVELLEC MICHAËL PATIN, LAURA PERTUY, PERRINE QUENNESSON, BERNARD QUIRINY, CÉCILE ROSEVAIGUE, ÉRIC VERNAY, ANNE-LOU VICENTE, ETAÏNN ZWER & LÉONORE ET ANNA, MATHILDE, CÉSAR ET ANNA | PHOTOGRAPHES : JULIEN LIÉNARD, PALOMA PINEDA, JAMES WESTON ILLUSTRATEURS : PABLO COTS, SAMUEL ECKERT, ÉMILIE GLEASON, ANNA WANDA GOGUSEY, PABLO GRAND MOURCEL adapté du roman de YASMINA KHADRA PUBLICITÉ | DIRECTRICE COMMERCIALE : [email protected] | RESPONSABLE MÉDIAS : [email protected] © LES ARMATEURS – MELUSINE PRODUCTIONS CLOSE UP FILMS - ARTE France Cinéma RTS KNM 2018 © LES ARMATEURS avec SIMON ABKARIAN ZITA HANROT SWANN ARLAUD HIAM ABBASS ASSISTANTE RÉGIE, CINÉMA ET MARQUES : [email protected] | RESPONSABLE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : [email protected] | ASSISTANTE CULTURE, MÉDIAS ET PARTENARIATS : [email protected] TROISCOULEURS EST DISTRIBUÉ DANS LE RÉSEAU LE CRIEUR [email protected]

4 SEPTEMBRE © 2018 TROISCOULEURS — ISSN 1633-2083 / DÉPÔT LÉGAL QUATRIÈME TRIMESTRE 2006 — TOUTE REPRODUCTION, MÊME PARTIELLE, DE TEXTES, PHOTOS ET ILLUSTRATIONS PUBLIÉS PAR MK2 AGENCY EST INTERDITE SANS L’ACCORD DE L’AUTEUR ET DE L’ÉDITEUR. — MAGAZINE GRATUIT. NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE.

LHDK_3coul170x285.indd 1 09/07/2019 19:06 INFOS GRAPHIQUES FEUILLE DE (DÉ)ROUTE été, deux beaux road movies sont à l’écran : Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky (lire Cet p. 70) et Roads de Sebastian Schipper. On a saisi l’occasion pour se demander comment et à quel rythme les héros de road movies américains emblématiques parcouraient leur pays. À partir des étapes énoncées dans chaque film, on a estimé avec Google Maps la longueur et la durée réelles de leur trip (s’ils le faisaient d’une traite en voiture), ainsi que leur temps de trajet fictionnel. En comparant tout ça, on constate que, comme dans la vie, il y a ceux qui respectent le code de la route et ceux qui devraient vraiment renoncer à conduire. • JOSÉPHINE LEROY

LITTLE MISS UNE HISTOIRE BROWN BUNNY SUNSHINE THELMA ET LOUISE VRAIE EASY RIDER de Ridley Scott de Dennis Hopper de Vincent Gallo de Jonathan Dayton (1991) de David Lynch (1969) (2004) et Valerie Faris (1999) (2006)

1 909 KM 2 787 KM 4 762 KM 7 684 KM 1 834 KM (soit 20 heures)* (soit environ 5 heures)* (soit 38 heures)* (soit environ 46 heures)* (soit 12 heures)* parcourus en parcourus en parcourus en parcourus en parcourus en quatre jours dans six jours dans environ deux semaines environ une semaine environ deux jours le film le film dans le film dans le film dans le film Fuyant les flics Juché sur sa (très) Comme nos icônes bikers Sur le chemin d’une Une panne, un cadavre à la suite d’un drame, lente tondeuse à gazon, du Nouvel Hollywood course de motos en sur les bras, un ado en deux amies carburent le vieil Alvin part (Dennis Hopper et Peter Californie, un pilote crise… À bord de leur sur les routes. Et ça rendre visite à son frère. Fonda) aiment la fumette professionnel (Vincent van, les Hoover, très se sent dans le Si au départ on a le et les réunions de hippies Gallo) est envahi par les pressés, font face à montage nerveux et sourire un peu moqueur, en plein désert, on douloureux souvenirs tout pour que la petite l’énergie des actrices ce héros au rythme si comprend pourquoi ils d’une passion amoureuse, Olive se rende à un (Susan Sarandon et singulier finit par nous mettent si longtemps à ce qui rend son voyage concours de beauté. Geena Davis). arracher une larme. toucher au but. long et mélancolique.

: « Roads : « Give Me Liberty » de Kirill » de Sebastian Schipper (Rezo Films, 1 h 40), Mikhanovsky (Wild Bunch, 1 h 51), sortie le 17 juillet sortie le 24 juillet ILLUSTRATION : JÉRÉMIE LEROY JÉRÉMIE ILLUSTRATION :

* Longueur et temps de trajet estimés avec Google Maps

ÉMOPITCH JUILLET) 31 LE (SORTIE MIDSOMMAR

6 EXPOSITION 12 JUILLET— 10 NOVEMBRE 2019

261, boulevard Raspail 75014 Paris — fondation.cartier.com #FONDATIONCARTIER #NOUSLESARBRES

CÁSSIO VASCONCELLOS, A PICTURESQUE VOYAGE THROUGH BRAZIL #37 (DÉTAIL), 2015. COURTESY DE L’ARTISTE ET GALERIA NARA ROESLER, SÃO PAULO, BRÉSIL. © CÁSSIO VASCONCELLOS. DESIGN GRAPHIQUE © AGNÈS DAHAN STUDIO. Six femmes pour l’assassin, 1964 l’assassin, pour femmes Six (L’Archipel, 288 p.) aura lieu au mk2 Bibliothèque en septembre Bibliothèque en lieu mk2 aura au (La ville brûle, 176 p.) thème class le master sur même •une : Le Magicien d’Oz avec célébrité àla jeune toute aaccédé qui Garland, Judy géniale la de tragique parcours le retraçant livre puissant ce que mieux de rien contredire, la Pour pas. l’écoutant ne en bêtise une fait avez vous que répéter vous pour incendiaires lettres des années des depuis envoie vous sévère regard au prof Votre STAR ENFANT UN(E) VOUS DE FAIRE VOULAIT QUI SOLFÈGE DE PROF VOTRE POUR : 40 ans. ses fête qui saga flippante) (et fascinante la de autour scientifiques des par rédigé ficelé bien collectif ouvrage d’un parution « class master àla l’emmenant en ciné au Sensibilisez-le canapé. votre dans avachi(e) préférés d’horreur films vos matez vous cour, la de côté l’autre de que, d’entendre pas supporte ne il ouvrages, ses dans plongé nez Le HOME-CINEMA VOTRE DE PLAINDRE SE TOUJOURS VIENT QUI SCIENTIFIQUE UN VOISIN, VOTRE POUR : électrique Le Cavalier dans monture sa sur nuit pleine en scintiller Redford Robert fringant le regarder adorer va tonton votre westerns, de Féru contrée. bonne la dans né pas n’est il décidément, que, dîtes vous vous lasso, son sortir voyez le vous quand Jimmy. Et l’appelle qu’on préfère il mais Jacques, est nom vrai Son CAMARGUE EN UN RANCH MONTANT EN AMÉRICAIN RÊVE SON ARÉALISÉ QUI ONCLE VOTRE POUR

« « « Judy Garland. Splendeurs et chute d’une chute et Garland.Judy Splendeurs légende Le Cavalier électrique L’art “Alien” la dans science et Grâce ànos conseils, enjolivez le quotidien de personnes ces de Sydney Pollack, beau film autour d’un champion de rodéo déchu. rodéo de champion d’un autour film beau Pollack, Sydney de À chaque jour ou presque bonne sa action cinéphile. ressortie en version restaurée le version 31 juillet en ressortie restaurée : patriarcales. sociétés des dérives les force avec a dénoncé vague la après pluie… ( années 1950 les dans sortis films huit dont Mizoguchi, Kenji Japonais du Les Misérables dévorait elle enfants, étiez vous Quand FAIBLES PLUS LES AVOCATE CONSTAMMENT COUSINE DÉFEND QUI VOTRE POUR

« Kenji 8 films en Mizoguchi qui font de votre vie un film vrai (à sketchs). de Victor Fleming avant de sombrer dans la dépression. la dans sombrer de avant Fleming Victor de L’art et la science dans Alien dans L’art science la et » de Sydney Pollack (Carlotta) Sydney » de ) viennent d’être restaurés. Marqué par ses traumatismes de guerre, le cinéaste avant-gardiste avant-gardiste cinéaste le guerre, de traumatismes ses par Marqué restaurés. d’être ) viennent © THÉÂTRE DU TEMPLE FAIS TA B.A. à la Cinémathèque française à la Cinémathèque : s’inspirer. pourra il dont spéciaux ( Bava Mario italien cinéaste au consacre française Cinémathèque la que rétrospective àla Invitez-le numéro. son àrenouveler mal adu surprendre vous pour rue de coin chaque derrière drôle c’est fois, première La QUARTIER VOTRE DE PASSANTS AUX PEUR ÀFAIRE S’AMUSE QUI RUE DE CLOWN CE POUR », collectif ouvrage

« Rétrospective Bava Mario 1964), savant créateur de giallos et d’effets d’effets et giallos de créateur savant 1964), l’assassin, pour femmes Six » (Les Bookmakers /Capricci Films),» (Les Bookmakers

», organisée à l’occasion de la la de àl’occasion organisée », 8 » de Bertrand Tessier Bertrand » de de Victor Hugo. Nul doute qu’elle sera fan du cinéma engagé engagé cinéma du fan sera qu’elle doute Nul Hugo. Victor de ; la centième, ça l’est moins. Ce clown maladroit qui se cache cache se qui maladroit clown Ce moins. l’est ça centième, ; la », jusqu’au 28 juillet L’Intendant Sansho, Les Contes de la lune lune la de Contes Les L’Intendant Sansho, • JOSÉPHINE LEROY JOSÉPHINE

QUE LA FÊTE COMMENCE !

ACTUELLEMENT AU CINÉMA

DisneyPixarFRDisneyPixarFR@DisneyFR@DisneyFR@disneyfr@disneyfr#ToyStory4#ToyStory4 ©2019 Disney/Pixar

TOY_STORY_4_TROIS COULEURS_170x285.indd 1 04/06/2019 12:06 HOME CINÉMA

Chaque mois, une traversée des tendances du design, de l’art de vivre et de la culture portées par le grand écran et disponibles au mk2 store du mk2 Bibliothèque. Ce mois-ci : une sélection pop et tarantinesque à l’occasion de la sortie le 14 août de

Once Upon a Time… in Hollywood. • CORENTIN LÊ

LE ROCKYRAMA SPÉCIAL LE LIVRE TARANTINO CALIFORNIA GIRLS DE SIMON LIBERATI Dans ce nouveau LE VINYLE DE LA B.O. numéro de la revue LE LIVRE En complément de la DE PULP FICTION trimestrielle consacrée CHARLES MANSON biographie de Charles à la pop culture, l’équipe PAR LUI-MÊME Manson, ce roman De Pulp Fiction, tout le de Rockyrama parcourt de Simon Liberati monde retient la scène la filmographie de Pour tout savoir de relate la période durant de danse entre Uma Quentin Tarantino au gré l’été sanglant de laquelle la Famille, Thurman et John Travolta de ses innombrables 1969 pendant lequel la secte satanique qu’il sur « You Never Can Tell » références. Cette Once Upon a Time… a engendrée et qui de Chuck Berry. Pour se publication riche en in Hollywood prend tient un rôle important remémorer le film sans détours et anecdotes place, pourquoi ne dans le nouveau quitter la piste, rien de cinéphiles se décline en pas commencer par film de Tarantino, a mieux que le vinyle de trois couvertures : Pulp se plonger dans la sauvagement assassiné sa bande originale, qui Fiction, Boulevard de la biographie de Charles l’actrice Sharon Tate regroupe notamment mort ou Kill Bill. De notre Manson par… lui-même ? et quatre autres les célèbres « Misirlou » côté, on préfère le jaune À travers le récit du personnes dans la nuit de Dick Dale, « Girl You’ll (fluo). Et vous ? commanditaire du du 8 août 1969, sur les Be a Woman Soon » meurtre de Sharon Tate, hauteurs de Los Angeles. d’Urge Overkill ou encore retranscrit par un de ses « Let’s Stay Together » compagnons de prison, d’Al Green. peut-être verrez-vous cette époque sous un nouveau jour.

— : mk2 store du mk2 Bibliothèque 128, avenue de France, Paris XIIIe —

10 EXE_PUB_MK2_170X285.qxp_Mise en page 1 10/06/2019 12:12 Page1 CHAUD BIZ CASSER CE QUI FONCTIONNE

un rapport d’évaluation paru de l’image animée a pour rôle de réglementer Dans début juin, deux députés de LREM et de soutenir l’économie du cinéma, de affirment que le nombre de films français l’audiovisuel, du multimédia et du jeu vidéo. qui sortent en salles est trop important et Il est financé principalement par trois taxes : épinglent le CNC. En sous-texte, on peut voir sur les entrées en salles, sur les éditeurs et là une volonté de réorganiser un système les distributeurs de services de télévision et pourtant fonctionnel. sur la diffusion des contenus audiovisuels qui

POPCORN ont rapporté quelque 672 millions d’euros en « Il faut trouver un dispositif qui finance des 2018. Alors que préconise ce rapport ? Il met films mieux vus et mieux vendus à l’international en avant un plafonnement des taxes affectées pour consolider notre soft power. » C’est au CNC, « dans l’objectif d’assurer un pilotage avec cette phrase – qui veut un peu tout et de la dépense », un rééquilibrage en faveur de rien dire, mais dans laquelle on sent bien l’audiovisuel, prétendument défavorisé par l’envie de rentabilité rapport au cinéma, et du cinéma – que le un contrôle renforcé rapport des députées Une petite musique revient par le Parlement. Des LREM Céline Calvez, recommandations vice-présidente de régulièrement : il faudrait réfutées point par la commission des point par l’ensemble Affaires culturelles, de la profession. et Marie-Ange plafonner l’ensemble des Et notamment par Magne, membre de le ministre de la la commission des taxes affectées au CNC. Culture, Franck Finances, dans le Riester, qui assure cadre du « Printemps de l’évaluation » des que les décisions essentielles du CNC « sont politiques publiques, avait fait parler de lui fin partagées avec le ministère [de la Culture, mai, juste avant sa publication officielle. Sur le ndlr] » et que, pour les taxes affectées, thème du « il y a trop de films qui sortent mais « c’est le Parlement qui décide, pas le CNC nous n’avons pas vraiment de solutions », le tout seul », assurant ainsi la transparence du fameux rapport de 52 pages laisse entendre fonctionnement de l’organisme. Si les griefs une autre petite musique qui, elle, revient de Céline Calvez et Marie-Ange Magne ne encore plus régulièrement : il faudrait plafonner risquent pas de faire date, ils permettent l’ensemble des taxes affectées au CNC, parce cependant de rappeler que l’apparente que, bon, donner de l’argent pour des produits indépendance du cinéma en tant qu’art et qui ne fonctionnent pas toujours, ça va bien. industrie n’est jamais gagnée. • PERRINE Pour rappel, le Centre national du cinéma et QUENNESSON — ILLUSTRATION : ÉMILIE GLEASON

12 avec LUANA BAJRAMI LAETITIA COLOMBANI ISABEL AIMÉ GONZALEZ SOLA ALAIN ARTUR JOSHUA ROSINET MILAN HATALA SOLAL FERREIRA

AU CINÉMA LE 4 SEPTEMBRE RÈGLE DE TROIS SWANN ARLAUD Après son César du meilleur acteur pour Petit paysan, le premier film d’Hubert Charuel, le prolifique Swann Arlaud continue de jouer devant la caméra de jeunes cinéastes. Cet été, il campe un gendarme déboussolé dans Perdrix d’Erwan Le Duc. L’acteur, à l’allure d’éternel jeune premier, a répondu à notre questionnaire cinéphile.

Tes 3 flics favoris physique d’une apparente qu’elle a réalisés depuis. Elle au cinéma ? normalité, sa voix inimitable. transforme avec humour et Le lieutenant Smicer dans Benoît Poelvoorde aussi. poésie des choses vécues, Perdrix, interprété par Il peut tout jouer et il a une leur arrache quelques Alexandre Steiger. C’était capacité à être dedans moments de grâce. Noémie une joie de jouer avec lui : immédiatement alors que Lvovsky. J’avais passé des il a la discrétion des gens la seconde d’avant il faisait essais pour Camille redouble, brillants et un humour qui marrer toute l’équipe. Il a je n’avais pas eu le rôle et frôle le génie. L’officier Bauer une grande tendresse et un je me souviens avoir été dans Tchao pantin, campé amour des gens. Et François très déçu. Mais quand j’ai par Philippe Léotard. Il est Morel, qui est dément vu Samir Guesmi dans le sur le fil, il n’a rien d’un flic d’invention, de poésie, et qui rôle, j’ai compris : y avait pas et ne cherche pas à jouer a bercé mon adolescence photo. J’ai adoré le film. la fonction ; il l’est, et on y avec Les Deschiens. croit absolument. Il n’y a 3 cinéastes taillés pour un plus beaucoup d’acteurs 3 cinéastes pour qui tu film sur les gilets jaunes ? comme lui. Et Marge dans aimerais tourner ? Ken Loach, pour comprendre Fargo, campée par Frances Xavier Dolan. Il sait filmer les ce qu’ils vivent et en pleurer. McDormand. J’ai tout de acteurs – il est d’ailleurs Antonin Peretjatko, pour suite pensé à elle avant de lui-même très bon comédien. montrer le décalage entre jouer mon rôle de gendarme. Les thèmes qu’il aborde me nos dirigeants et la réalité Elle n’a l’air de rien ; pourtant parlent : la complexité des puis en rire. Matthieu elle comprend tout, presque liens familiaux, amoureux, Bareyre, pour leur donner la sans jugement. Comme ce gouffre qui n’empêche parole. Il a réalisé L’Ép o q u e , souvent chez les frères pas l’amour mais qui un très beau documentaire Coen, il arrive des choses empêche peut-être tout le [sorti en avril, ndlr] dans extraordinaires à des reste. Valeria Bruni Tedeschi. lequel il rencontre de jeunes personnages ordinaires. Je me souviens d’elle dans gens, la nuit, dans les rues de Les gens normaux n’ont Paris et en banlieue. 3 acteurs qui t’inspirent ? rien d’exceptionnels. Elle Michel Serrault, pour sa m’a toujours beaucoup • PROPOS RECUEILLIS PAR folie et sa liberté, avec son touché, comme les films CORENTIN LÊ

— : « Perdrix » d’Erwan Le Duc, Pyramide (1 h 39), sortie le 14 août —

14 UNE AGENT DU MOSSAD INFILTRÉE EN IRAN A DISPARU

DIANE MARTIN KRUGER FREEMAN

UN FILM DE YUVAL ADLER

AU CINÉMA LE 24, JUILLET

170x285.indd 1 01/07/2019 15:35 SCÈNE CULTE LES MOISSONS DU CIEL (1979)

« Le diable est là, il rigole. Il est content quand les gens font le mal. » POPCORN

début du xxe siècle. serpents », commente Linda de sa voix éraillée. États-Unis, Bill (Richard Gere) La chute aura lieu sous la forme d’une invasion fuit Chicago pour les prairies du Texas avec de sauterelles – un fléau biblique. À ce moment sa jeune sœur, Linda (Linda Manz), et sa petite précis, le regard de Malick se transforme : amie, Abby (Brooke Adams), qu’il fait passer il s’arrête sur plusieurs d’entre elles, dans pour son autre sœur. Embauchés à la saison une série de gros plans inquiets, comme s’il des moissons dans une ferme isolée, ils vont observait des êtres venus de l’espace. Le esquisser un plan pour sortir de leur misère : naturalisme laisse soudain place au présage, Abby séduira le jeune propriétaire des terres et les sauterelles envahissent chaque plan, (Sam Shepard), gravement malade, et dont obligeant la caméra à adopter des angles les jours sont comptés… Pendant sa première bizarres, comme cette contre-plongée sur heure, Les Moissons du ciel se déploie d’un Linda donnant de furieux coups de tapette seul mouvement, tel un poème sans strophe, aux insectes, ou ce travelling circulaire autour ample et harmonieux. Terrence Malick filme la d’un feu dans lequel on les jette par paniers. nature et les hommes comme les termes d’une Une funeste panique s’est emparée des même équation divine : rien n’est métaphore hommes et des bêtes, et la nature elle-même dans la danse du vivant, mais tout se répond change de visage, ravagée de taches noires, par des voies mystérieuses. Ce sont les « jours avant de s’embraser. Les jours d’enfer ont de paradis » du titre original (Days of Heaven), commencé. • MICHAËL PATIN qui se poursuivent après l’été, quand la petite communauté se recompose (Abby tombe — amoureuse du fermier) et que chacun profite : de Terrence Malick, d’un trompeur repos de l’âme. « Le diable ressortie en version restaurée est là, il rigole. Il est content quand les gens le 17 juillet (Solaris, 1 h 34) font le mal. Puis il les envoie dans la fosse aux —

16 UN MÉLANGE HABILE ENTRE UNE CHRONIQUE DE CLASSE FÉMINISME ET LIBERTÉ EN TOUTE LÉGÈRETÉ LES INROCKUPTIBLES LIBÉRATION SOLAIRE FASCINANT ! FRANCE INFO EXPLOSIF KONBINI TÉLÉRAMA

LES FILMS VELVET présente MINA ZAHIA BENOÎT CLOTILDE NUNO FARID DEHAR MAGIMEL COURAU LOPES TROÏKA

un film de REBECCA ZLOTOWSKI AU CINÉMA LE 28 AOÛT Crédit Photo : © Julian TORRES / Les films VELVET • Design : Benjamin & Laurent / • Design VELVET / Les films TORRES © Julian Crédit Photo :

3 Couleurs 170x285 UNE FILLE FACILE 03-07.indd 1 03/07/2019 16:16 TROIS IMAGES NO FUTURE IS FEMALE Dans Her Smell, Alex Ross Perry met en scène la fin d’un groupe, détruit par une leadeuse excessive et toxique jouée par Elisabeth Moss. Retour en images sur des rockeuses mélancoliques qui contemplent leur horizon.

force de Her Smell, c’est sa construction La très radicale en cinq scènes et autant de courts interludes vidéo qui enregistrent les dernières heures d’un girls band des années 1990. Dans son studio, Becky Something erre, usée par la drogue, la solitude et l’égoïsme, irritante jusqu’à l’insupportable pour son entourage et pour le spectateur. Le visage relevé, les yeux hagards, la chanteuse s’incarne dans un moment d’absence, avant de regarder enfin celle qui est là et qui l’attend, sa fille.

À la mort de sa mère, une jeune femme interviewée par une chaîne de télé locale livre sans détour sa vision nihiliste et sarcastique du futur dans l’excellent Ladies and Gentlemen. The Fabulous Stains de Lou Adler (1982).

POPCORN Corinne Burns devient malgré elle la voix d’une génération, et s’arme d’un micro pour fonder son propre groupe et prêcher une rébellion des femmes. Le jeune âge des actrices du film (Diane Lane a 17 ans, Laura Dern, qui joue la bassiste, en a 15) et l’aspect documentaire de celui-ci chargent d’une grande vérité émotionnelle ces moments de R. © D. contemplation de l’avenir.

Le girls band formé par trois lycéennes japonaises et leur correspondante coréenne dans Linda Linda Linda de Yamashita Nobuhiro (2005) vient à peine de naître et il ne connaît encore ni la brutalité de la vie de tournée ni la désillusion de la séparation. Le cinéaste capte avec une tendresse inouïe cet îlot de liberté dans lequel se réfugient trois adolescentes jusqu’à la fin d’un été. L’actrice Bae Doona (muse de Bong Joon-ho et des sœurs Wachowski) prête son corps somnambule à ce personnage qui découvre en musique sa force et sa liberté. • CHARLES BOSSON

— : « Her Smell » d’Alex Ross Perry, Potemkine Films (2 h 14), sortie le 17 juillet R. © D. —

18 AU CINÉMALE21 AOÛT WHY NOT PRODUCTIONS © 2019WHY NOT PRODUCTIONS -ARTE FRANCE CINÉMA PRÉSENTE

PHOTO: SHANNA BESSON LE TEST PSYNÉPHILE AS-TU LA POISSE ?

La canicule n’a pas eu raison de toi, tu penses… Qu’est-ce qui est pire qu’un déj’ en tête à tête avec Trump ? T’offrir un week-end un peu particulier au Cap d’Agde. Servir d’encas à des piranhas préhistoriques. Louer une baraque dans les hauteurs Un dîner à thème avec Charles Manson. de Los Angeles. Une journée de jeûne avec Depardieu. Faire un break à Miami avec plein de copines délurées. Si je te dis « bonheur », tu me réponds quoi ? « J’ai besoin d’une sérieuse dose Jusqu’où irais-tu pour éviter de passer l’été de sérotonine. » avec ta belle-mère ? « Donne-moi un Quarter Pounder avec L’envoyer sur le boulevard de la mort. du fromage. »

POPCORN Simuler ton propre kidnapping. « Que je sois damné(e) ! » Ramper jusqu’à la Casbah. Le permafrost fond pendant l’été, tu fais quoi ? On t’offre un saut en parachute, tu penses… Rien – tu es la reine des connes. C’est bon, au pire, j’ai déjà eu neuf vies. Tu fais une liste de gens à abattre et tu t’y Plutôt sauter sans – le destin est une putain. mets avec méthode. Je veux un gonze dans chaque bol de riz Tu écoutes « Crocodaïl » de Jacques Higelin, pour lui plomber les molaires. en attendant la vague.

SI TU AS UN MAXIMUM DE :

OUI, ET C’EST SPECTACULAIRE. OUI, MAIS C’EST SUPRA COOL. NON, TU ES MONSIEUR CHANCE. En même temps, t’as toujours de T’es du genre à te faire applaudir quand Alors qu’on ne sait pas si c’est une guerre mauvaises idées, comme traverser un tu te ramasses. Tarantino aussi. Avec nucléaire ou le changement climatique désert radioactif en famille, ou agiter lui, être has been devient branché, et qui aura raison de notre espèce, tu crois ton bikini fluo dans un lac infesté de des musiques improbables se muent encore en la possibilité d’une île. Tu piranhas. Tu vas adorer le dernier film au en standards intemporels. Dans Once dois certainement avoir envie de partir pitch improbable d’Alexandre Aja, Crawl Upon a Time… in Hollywood (qui sort te reposer. Eh bien c’est le programme (qui sort le 24 juillet). En plein ouragan, le 14 août), il arrive à transformer une que te propose Guillaume Nicloux avec une jeune femme préfère se battre avec histoire sordide en hommage geek… Thalasso (qui sort le 21 août). T’as du de gros crocos dans un sous-sol plutôt à Hollywood. Alors, le film est bancal, un bol, tu ne seras pas seul(e) dans ce que déguerpir en vitesse… Ce film et peu douteux, mais difficile de faire des monde des repas sans sel : tu pars avec cette nana sont faits pour toi. reproches à Quentin. Depardieu et Houellebecq.

• LILY BLOOM — ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL

20 AU CINÉMA LE 14 AOÛT

SudoKu Aventure Chaque case et chaque ligne verticale ou horizontale doit contenir tous les symboles sans quʼils se répètent. Et trouve le chemin qui mène à la cité dʼor.

31_AP 3 COULEURS_DORA.indd 2 03/07/2019 11:37 FLASH-BACK EYES WIDE SHUT Vingt ans après sa sortie, Eyes Wide Shut est-il toujours écrasé par son intimidant statut de film posthume de Stanley Kubrick ? Réponse avec le scénariste Laurent Vachaud, spécialiste de l’œuvre du cinéaste.

film fut projeté pour la première fois à laissé son empreinte. « Quand Da Vinci Code « Le Tom Cruise et Nicole Kidman quelques fut publié en 2003, Dan Brown raconta que le jours avant la mort de Stanley Kubrick, survenue film de Kubrick lui avait inspiré son portrait des le 7 mars 1999. Mais le mixage n’était pas fait, sociétés secrètes. » Pour Vachaud, auteur en et il restait quelques plans à caler », rappelle 2013 d’un texte publié dans les colonnes de la Laurent Vachaud. Kubrick ayant pour habitude revue Positif intitulé Le Secret de la Pyramide, de modifier ses œuvres jusqu’au dernier le film traite en effet de l’instrumentalisation moment, Eyes Wide Shut demeure inachevé. de femmes que l’on prive de libre arbitre L’accueil du film (sorti le 13 juillet 1999 aux pour servir d’esclaves sexuelles aux élites États-Unis) s’avéra assez froid. « Même ceux new-yorkaises. « Il est également question de la qui l’ont défendu semblaient surpris par la fracture entre les maîtres et les valets. Le héros lenteur du récit. De folles rumeurs avaient ne cesse de montrer ses billets pour affirmer circulé pendant des années sur ce projet. son statut social, mais à la fin il s’écrase comme Tout le monde s’attendait à un thriller érotique un laquais. Kubrick était visionnaire et avait torride ; on racontait aussi que Tom Cruise pressenti que les ultrariches allaient gagner ; s’habillait en femme à un moment. » Aucune ce qui est confirmé aujourd’hui quand on voit trace pourtant d’une telle séquence dans cette le président américain. Donald Trump aurait adaptation moderne de La Nouvelle rêvée parfaitement eu sa place dans la célèbre scène d’Arthur Schnitzler qui suit les déambulations de l’orgie. » Vingt ans après, Eyes Wide Shut nocturnes d’un médecin (Tom Cruise) devenu invite plus que jamais à ouvrir les yeux. « Des ivre de jalousie après que sa femme (Nicole choses horribles et insoupçonnables se passent Kidman) lui a confessé ses fantasmes sexuels. peut-être au coin de votre rue. » • DAMIEN LEBLANC Eyes Wide Shut a en tout cas progressivement ILLUSTRATION : ANNA WANDA GOGUSEY

22 AV E C ET DONALD SETH CHIWETEL ALFRE BILLY JOHN JOHN BEYONCÉ JAMES EARL GLOVER ROGEN EJIOFOR WOODARD EICHNER KANI OLIVER KNOWLES-CARTER JONES

LE 17 JUILLET AU CINÉMA

#LEROILION

LE_ROI_LION_3COUL_170x285.indd 1 07/06/2019 18:37 LE NOUVEAU TIMOTHÉE ROBART POPCORN

ses yeux doux, il traverse perchman et de voguer entre les différents Avec Vif-Argent, très joli premier film tournages. « On y noue des relations très fortes, de Stéphane Batut (auréolé du Prix du jury très soudées, en plus de découvrir de nouveaux au Champs-Élysées Film Festival et du prix lieux. » Rattrapé par son talent, il s’apprête Jean-Vigo) de sa dégaine tranquille. Son toutefois à investir un autre premier rôle chez personnage, prénommé Juste, écoute le Vincent Cardona, jeune réalisateur remarqué monde avec grâce, devenu spontanément pour son court métrage Coucou-les-Nuages. passeur entre la vie terrestre et l’au-delà. Une nouvelle rêverie qui, on l’espère, en « Je ne me suis pas fait violence pour le rôle, inspirera bien d’autres. • LAURA PERTUY Stéphane a vu le personnage à travers ce que PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA je dégageais. » Arrivé sur le tournage un peu par hasard, touché par un scénario ancré dans — des lieux familiers (un XIXe arrondissement : « Vif-Argent » de Stéphane Batut, onirique), Timothée Robart n’entretient pourtant Les Films du Losange (1 h 44), pas de velléités de jouer la comédie. À 21 ans, sortie le 28 août ce passionné de son ambitionne de devenir —

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EN COUVERTURE

UNE FILLE FACILE BOBINES

26 EN COUVERTURE BOBINES © D. R.

27 EN COUVERTURE BOBINES

FIÈRES EXPLORATRICES Avec Une fille facile, sensation de la dernière Quinzaine des réalisateurs, Rebecca Zlotowski (Belle épine, Grand central) offre à la gracieuse Zahia Dehar, ancienne escort-girl devenue mannequin et créatrice de lingerie, un époustouflant premier rôle au cinéma – celui de Sofia, une Parisienne douce et voluptueuse qui, le temps d’un été chez sa jeune cousine à Cannes, fait valser les clichés. Sur la terrasse ensoleillée d’un grand hôtel parisien, la réalisatrice et l’actrice nous ont raconté leur coup de foudre artistique, leur rapport aux féminités et comment elles explorent les mythes que l’on y associe.

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Comment vous Dans les scènes de sexe, le corps de l’homme est filmé comme celui de la femme, et la êtes-vous découvertes jouissance féminine est montrée sans fausse pudeur. Vous vouliez faire exploser l’une et l’autre ? certaines barrières dans la représentation du plaisir féminin ? Rebecca Zlotowski : J’avais repéré Zahia, R. Z. : Oui, parce qu’on sent que, au cinéma, dont j’aimais l’allure, le parcours de l’époque du code Hays [un code de censure transfuge social. Mais, à ma grande surprise, appliqué de 1934 à 1966 à Hollywood, qui c’est elle qui m’a contactée sur Instagram. interdisait notamment la nudité à l’écran, Zahia Dehar : J’étais fan de son film Grand ndlr] n’est pas encore révolue, et que c’est central, et il y avait quelque chose dans son encore rare de voir des hommes attentifs visage qui me plaisait. au désir féminin. C’est pour ça qu’en R. Z. : Je songeais à faire un film d’été postproduction j’ai retravaillé le son de autour de deux jeunes michetonneuses, mais la scène de sexe où Andrès [joué par Nino rien de précis. Ma rencontre avec Zahia a Lopes, ndlr] demande à Sofia ce qu’elle été déterminante pour l’écriture du film, a envie qu’il lui fasse, pour qu’on entende sur laquelle on a toutes les deux travaillé. bien sa question. (Elle se tourne vers Zahia.) La scène où Sofia explique à sa cousine Naïma qu’avant un Zahia, par votre allure et votre diction, rencard autour d’un dîner il faut manger on vous compare souvent à ; pour être pleinement attentive, ça vient de vous semblez attachée à l’esthétique des toi, par exemple. années 1960-1970. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette période ? Sofia initie aussi sa cousine à l’empowerment Z. D. : Je crois que c’est parce qu’on en garde des femmes. Quelles lectures sur le sujet une image de grande liberté, d’hédonisme. vous ont particulièrement touchées ? R. Z. : C’est une période qu’on ne doit pas Z. D. : Surtout celle de Grisélidis Réal, non plus idéaliser. Les femmes subissaient une artiste peintre, autrice et prostituée. la misogynie, mais en même temps elles À sa mort, elle a insisté pour que sur ont conquis une certaine liberté. Dans le l’épitaphe de sa tombe on n’indique pas film, on réutilise ces mythes avec un regard seulement « écrivaine et artiste », mais très contemporain. aussi « prostituée ». J’adore cette phrase, BOBINES dans Le noir est une couleur [publié en 1974, La force de Sofia, c’est aussi d’assumer ndlr], où elle dit : « La est un son côté léger. Elle fait penser aux héroïnes acte révolutionnaire.» de Jacques Rozier dans Du côté d’Orouët, notamment quand elle feuillette avec sa Dans le film, le corps de Sofia est filmé cousine des magazines féminins. Était-ce comme une œuvre d’art : sous différentes une référence ? lumières, à plusieurs échelles, parfois R. Z. : Oui. Il y a aussi Adieu Philippine du longé par la caméra comme une surface même réalisateur, un film d’été très libre… mystérieuse. Considérez-vous le corps En parlant de magazines féminins, je me comme une matière artistique ? souviens que je lisais beaucoup 20 ans Z. D. : Oui. J’ai posé plusieurs fois pour les quand j’étais ado. J’ai perdu ma mère tôt artistes Pierre et Gilles, je trouve que leur et ma sœur – à raison – n’a pas cherché à la regard sur le corps est fantastique. J’ai remplacer. C’est à travers ces magazines toujours voulu jouer avec le mien, prendre des poses particulières. J’ai très longtemps eu un côté exhibitionniste. Petite, je cherchais déjà à attirer l’attention. R. Z. : L’idée du corps comme matière compte, mais je ne voulais surtout pas réduire le personnage de Sofia à son physique spectaculaire, même s’il est fascinant. Je voulais raconter son intériorité.

Comment avez-vous discuté ensemble de la façon de filmer votre corps, Zahia ? Y avait-il des limites à ne pas franchir ? Z. D. : Aucune ! J’avais totalement confiance en Rebecca et en son sens de la mise en scène. Zahia Dehar

29 EN COUVERTURE « Je ne voulais surtout pas réduire le personnage de Sofia à son physique, mais raconter son intériorité. » REBECCA ZLOTOWSKI

que j’ai construit ma féminité. Mais l’idée de la scène où Naïma et Sofia lisent le courrier d’une lectrice qui s’interroge sur le fait de ne pas tomber amoureuse vient principalement de toi, Zahia. Z. D. : C’est vrai. J’aimais l’écho entre ce texte « antiromantique » et le personnage de Sofia, qui ne cherche pas du tout l’amour. Mina Farid et Zahia Dehar

Zahia, dans une interview à Première, vous avez dit ne pas supporter la « dictature du les clichés et les insultes misogynes, bonheur ». Qu’entendez-vous par là ? notamment le mot « pute ». BOBINES Z. D. : C’est un ressenti que j’ai. Dans notre Z. D. : Oui, et j’essaie de faire la même chose société, il n’y a pas de place pour la tristesse, dans la vie. Je pense que ce mot enferme on est dans l’obligation de sourire de tout. les femmes. Et, en même temps, il n’est Je m’oppose à ça, je voudrais qu’on puisse pas insultant en soi. Même jeune, je n’ai vivre nos émotions, positives ou négatives, jamais compris pourquoi il était perçu ouvertement. négativement. C’est quoi, « pute » ? Ça renvoie à la prostitution. Et est-ce que la Dans le film, plutôt que de les nier, votre prostitution, c’est mal ? Non. personnage se réapproprie positivement R. Z. : Et c’est bien plus varié qu’on ne le

« Riley » Lakhdar Dridi et Mina Farid

30 ENTRETIEN

pense. La prostitution, ça ne se réduit pas négatif à ça, elle n’a pas honte de ses origines à assouvir le désir de l’homme. Le désir et n’a pas de désir de revanche sociale. féminin est aussi en jeu. BOBINES Z. D. : Je suis d’accord. On peut très bien À Cannes, on a aussi découvert le court imaginer une femme se prostituer un soir métrage Plaisir fantôme de Morgan Simon, et payer un prostitué le lendemain pour qui désamorce certains clichés, mais ici sur son propre plaisir. les actrices porno. Vous sentez un intérêt R. Z. : Mais c’est important de préciser que croissant du cinéma d’auteur français pour Sofia n’est pas une prostituée. Si j’avais voulu les figures féminines traditionnellement faire un film sur la prostitution, je ne t’aurais méprisées par la société ? probablement pas contactée, tu m’évoques R. Z. : Je ne l’ai pas vu, mais je sens que les d’autres choses. En fait, on ne sait rien du choses bougent. Il y a urgence, notamment métier de Sofia. économique, pour le cinéma d’auteur à Z. D. : On sait seulement qu’elle a voulu s’ouvrir à d’autres représentations, d’autres librement quitter son milieu, explorer de corps et d’autres récits. nouvelles choses. Z. D. : Personnellement, je suis heureuse de voir qu’on prend de plus en plus en compte Il y a tout de même l’idée d’une tension ces autres formes de féminités, attaquées entre classes. Naïma et son meilleur ami, parce que libres, qui ne sont pas moins Dodo [campé par « Riley » Lakhdar Dridi, intéressantes que celles qu’on a beaucoup ndlr], se traitent par exemple de charclos vues jusque-là. [« clochards » en verlan, ndlr]. Qu’est-ce que ces jeunes projettent de ce point de vue dans • PROPOS RECUEILLIS PAR JOSÉPHINE LEROY le personnage de Sofia, selon vous ? PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA R. Z. : Naïma et Dodo découvrent à travers elle qu’il y a des luttes à l’intérieur d’une — même classe sociale. L’employé du yacht, : « Une fille facile » par exemple, ne supporte pas de voir Naïma de Rebecca Zlotowski, et Sofia passer l’entrée du bateau. Il y a un Ad Vitam (1 h 31), rejet virulent. sortie le 28 août Z. D. : À l’inverse, Sofia n’a pas de rapport —

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que la prostitution ou la pornographie oppressent systématiquement les femmes. Cette figure de « fille facile » se situe dans une lignée de représentations sur les écrans que d’aucuns jugent asservies aux fantasmes sexistes, quand des féministes pro-sexe ont justement tôt fait d’insister sur leur Une fille facile, titre du dernier film possibilité d’empowerment.

de Rebecca Zlotowski, avec Zahia PIN-UP GRRRLS Dehar, est trompeur. Plutôt qu’une De tous les personnages de « femmes faciles » du cinéma, celui de la pin-up est l’un des plus dénomination morale, l’expression est anciens mais aussi des plus ambivalents. portée comme un étendard féministe Symbole de charme s’affichant dans des positions sexy, la pin-up est souvent désignée par la réalisatrice et par son actrice. comme objet du regard voyeur masculin Une démarche anti-slut-shaming qui, hétéro. Mélanie Boissonneau, qui a analysé ce stéréotype au cinéma dans les livres des pin-up au porno queer, s’inscrit Les Pin-up au cinéma (coécrit avec Laurent dans une filiation de représentations Jullier) et Pin-up au temps du pré-code (1930-1934), note que, contrairement à de femmes maîtresses de leurs d’autres figures comme la femme fatale ou désirs à l’écran. la vamp qui usent consciemment de leur attrait pour causer la perte des hommes, on attribue à la pin-up les caractères de naïveté BOBINES et Naïma bullent dans une et d’inadvertance. C’est, par exemple, le Sofia calanque en lisant des magazines personnage de Marilyn Monroe dans Sept ans quand deux jeunes hommes les abordent de réflexion (1956), qui s’extasie des courants en les draguant lourdement. Absolument d’air de la bouche d’aération du métro sur pas décontenancée, Sofia joue avec eux. Ils laquelle elle met les pieds sans avoir l’air de finissent par la traiter de pute. Elle ne leur se rendre compte que le vent dans sa robe répond pas, et, à sa cousine qui s’étonne de dévoile ses jambes nues. Mais Boissonneau son manque de réaction, elle explique que, pour elle, ce n’est pas une insulte… Rebecca Zlotowski, avec sa manière habile de faire ressortir la capacité d’agir du personnage de Sofia joué par Zahia Dehar, s’attaque ici très directement au slut-shaming, cette attitude qui consiste à stigmatiser les femmes qui, par leur manière de s’habiller ou par leurs propos, affichent leur goût pour la sexualité. En interview, Dehar nous a confié être une lectrice de Grisélidis Réal, autrice et travailleuse du sexe suisse qui, dans ses livres, a mis en avant, sans fard ni idéalisation, son activité de prostitution comme « un acte révolutionnaire ». Sans s’en revendiquer explicitement, mais par ses propos et son choix de jouer ce rôle, on CENTURY FOX TH peut dire que l’actrice, créatrice de mode, modèle et ancienne escort-girl, inscrit sa démarche dans le courant du féminisme pro-sexe, par opposition à celui du Sept ans de réflexion de Billy Wilder (1956) féminisme abolitionniste qui considère © SWASHBUCKLER FILMS / 20

32 DÉCRYPTAGE

Une fille facile de Rebecca Zlotowski (2019) © JULIAN TORRES / LES FILMS VELVET

insiste sur le fait que la pin-up, c’est avant Se présenter tout un rôle ; et que cette performance, qui constitue une position contrôlée de mise comme objet en scène de soi, dénote d’un plaisir dénué de complexe à se présenter comme objet du du désir tout en regard et du désir, tout en restant bien sujet. Dans le délirant Barbarella (1968) de Roger restant bien sujet. BOBINES Vadim, Jane Fonda s’épanouit à la fois dans le statut de sex-symbol (elle s’effeuille dès Satana dans Faster, Pussycat! Kill! Kill! le générique d’ouverture pour enlever sa (1965) de Russ Meyer joue de ses charmes combinaison spatiale) et dans celui d’icône avec brutalité et sans empathie. Dans le féministe (elle explore la galaxie et ses désirs registre de l’exagération, leur jeu verse sexuels avec le même appétit), quand Tura dans une autoparodie qui démontre autant la construction du genre que la propension de ces actrices à s’amuser de ces codes de la féminité exacerbée. Malheureusement, dans beaucoup de cas, dès qu’un personnage féminin de cinéma s’assume en tant qu’objet de fantasmes, il est sanctionné moralement, voire physiquement. C’est le cas de manière flagrante avec les scream queens, ces femmes sexy qui crient parce qu’elles sont pourchassées par des monstres ou des tueurs en série dans les films d’horreur. Boissonneau cite celles de Souviens-toi… l’été dernier (Jim Gillespie, 1998) et de La Maison de cire (Jaume Collet-Serra, 2005), qui connaissent un destin funeste : les cheveux arrachés ou avec un pieu dans le front.

UN DÉSIR À SOI Parce que le concept est lié à la sexualité dans son appellation même (slut signifie « salope », « fille facile » ; shaming renvoie à Faster, Pussycat! Kill! Kill! de Russ Meyer (1965) © FILMS SANS FRONTIÈRES l’action d’humilier), le slut-shaming

33 EN COUVERTURE © STARZ Now Apocalypse de Gregg Araki et Karley Sciortino (2019) Ces réalisatrices ou ces actrices clament le fait qu’elles jouissent avant tout pour elles.

BOBINES à l’écran peut apparaître encore plus Lyon Bell. Celles-ci s’élèvent contre le violent une fois passée la frontière du X. Le préjugé qui fait de la pornographie un genre phénomène du revenge porn, qui consiste asservissant par essence les femmes. D’autres à diffuser publiquement, sans son points de vue que celui des mâles blancs consentement, un contenu à caractère sexuel hétéros (femmes, personnes trans, racisées mettant en scène un(e) ex-partenaire (le plus ou non binaires), d’autres représentations souvent une femme) dans le but de le ou de moins normées (des hommes se faisant la ridiculiser, le prouve bien. C’est contre pénétrer par des femmes, des orgasmes cette dépossession de sa propre image et de sans pénétration, des digues dentaires ou ses désirs que Karley Sciortino, blogueuse des préservatifs féminins érotisés…) y sexe et cocréatrice avec Gregg Araki de la sont affirmés, en même temps qu’un souci série Now Apocalypse (2019), a construit d’éthique. Le sexe protégé, le consentement, le personnage de Carly, camgirl à temps des rémunérations décentes y sont des partiel (elle se dévêt et accomplit toutes conditions sine qua non, et l’on s’oppose à sortes d’actes affriolants devant sa webcam toute forme d’objectivation. Ces réalisatrices pour des hommes qui la payent) qui acquiert ou ces actrices clament le fait qu’elles une véritable confiance en elle et dans sa jouissent avant tout pour elles. Ce n’est pas propre sexualité à travers cette activité. En autre chose que dépeint Zlotowski dans une mai dernier, Sciortino nous confiait : « Il y scène de sexe d’Une fille facile. Sur le bateau, a toujours quelque chose de transgressif, de par la porte entrouverte, Naïma tombe sur mystérieux et d’un peu provocateur dans le fait sa cousine Sofia à qui un homme riche, qui d’être une “salope”, mais la transgression peut la rémunère indirectement sous forme de être positive. Si on arrive à se réapproprier ce cadeaux, fait longuement un cunnilingus qui mot, son pouvoir de nuisance sur les femmes semble lui donner beaucoup de plaisir à elle. sera réduit. » Dans ce même courant pro- Son corps, Sofia le contrôle et lui fait lâcher sexe, on note l’émergence dès les années 1970 prise en même temps. À sa jeune cousine à d’un porno féministe et queer, aujourd’hui laquelle elle adresse un regard complice, elle représenté par des réalisatrices comme Erika donne les armes pour s’épanouir pleinement. Lust, Courtney Trouble, ou encore Jennifer • QUENTIN GROSSET & TIMÉ ZOPPÉ

34 SAÏD BEN SAÏD ET MICHEL MERKT PRÉSENTENT

« ISABELLE HUPPERT EST IMPÉRIALE » LES INROCKUPTIBLES

« L’UN DE SES FILMS LES PLUS ÉMOUVANTS » LE MONDE

« BOULEVERSANTE » TÉLÉRAMA

ISABELLE HUPPERT

réalisé par IRA SACHS

BRENDAN GLEESON MARISA TOMEI JÉRÉMIE RENIER PASCAL GREGGORY VINETTE ROBINSON

© 2018 SBS PRODUCTIONS / O SOM E A FÚRIA ARIYON BAKARE CARLOTO COTTA SENNIA NANUA et GREG KINNEAR écrit par MAURICIO ZACHARIAS & IRA SACHS

AU CINÉMA LE 28 AOÛT EN COUVERTURE VA-ET-VIENT

C’est l’été à Cannes. Entre la plage, les yachts et l’appartement familial, Sofia (Zahia Dehar) prend sous son aile sa cousine Naïma (Mina Farid), illuminant un récit initiatique plus complexe qu’il n’y paraît. BOBINES

à séduire le propriétaire bas d’un port quand de petits appartements Parvenue fortuné d’un yacht, Sofia forment des nids d’aigles où l’on peut se se dirige vers les cabines en contrebas sous couper du monde ; un carré V.I.P. est surélevé le regard de Naïma, sa jeune cousine. Elle en boîte de nuit quand les cabines privées se descend les escaliers puis s’exclame : « Je ne terrent au-dessous des bateaux ; on grimpe savais pas qu’il y avait un étage en bas ! » Si la vers une villa surplombant la Méditerranée réplique sonne comme une blague, elle reflète puis l’on en redescend aussitôt. Aux côtés l’aisance de Sofia à pouvoir passer, sans de cette « fille facile », difficile de distinguer complexe, d’une strate les classes les unes sociale à une autre. des autres : Sofia s’y Figure libertaire à la Rebecca Zlotowski meut trop aisément, sensualité débordante, trouve dans les alentours elle trouble les lignes. Sofia mène la mise Le récit initiatique en scène de ce film escarpés de Cannes un de sa cousine tient rythmé par son goût donc en ce qu’elle pour les va-et-vient. terrain de jeu idéal. finit par emprunter Ceux-ci ne sont ces circulations. Au d’ailleurs pas ceux que l’on croit, car de sexe il début du film, Naïma regarde sa mère prendre est peu question dans Une fille facile. C’est que le funiculaire du bas en haut d’une luxueuse la « facilité » dont jouit Sofia se rapporte plutôt résidence de vacances dans laquelle elle à son hédonisme en mouvement, se fondant à travaille. Plus tard, la jeune fille l’emprunte l’envi partout où elle le désire. Multipliant les à son tour dans le sens inverse, vers le allers-retours entre le haut et le bas, le dedans restaurant où elle s’apprête à dîner avec de et le dehors, sans jamais que la topographie de riches vacanciers. Rien de définitif : il fallait son film ne s’avère totalement figée, Rebecca simplement que Naïma goûte elle aussi à Zlotowski (Grand central, Planétarium) trouve l’indolence du luxe avant de choisir sa propre dans les alentours escarpés de Cannes un voie. Soit descendre d’un étage pour mieux terrain de jeu idéal. Des yachts s’entassent en remonter la pente. • CORENTIN LÊ

36 ©CARACTÈRES CRÉDITS NON CONTRACTUELS Elles donnent descouleurs à lacomédie 21 AOÛT INTERVIEW BOBINES LES LUMIÈRES DE LA VILLE Irina Lubtchansky et Arnaud Desplechin Après l’ardent Trois souvenirs de ma jeunesse (2014) et le tourmenté Les Fantômes d’Ismaël (2017), Arnaud Desplechin et la chef opératrice Irina Lubtchansky (qui a aussi collaboré avec Jacques Rivette ou Louis Garrel) se retrouvent avec le film noir Roubaix. Une lumière, qui sonde l’humanité de deux amantes soupçonnées de meurtre campées par Léa Seydoux et Sara Forestier. Le tandem offre un éclairage aussi social que romanesque sur cette ville du Nord, dans laquelle le cinéaste a vécu sa prime jeunesse. On les a réunis pour évoquer la cinégénie de cette cité toujours insaisissable.

38 DESPLECHIN X LUBTCHANSKY

Que vous inspire photographiquement. Marie est interrogée : la lumière décroît tandis que Daoud [le chef la lumière du nord de de la police de Roubaix, incarné par Roschdy Zem, ndlr] est penché tel un père qui écoute la France ? la confession d’un enfant qui a fait une bêtise. Un étage au-dessus, Claude résiste Irina Lubtchansky : On l’a travaillée à Louis [nouveau venu au commissariat différemment sur chacun de nos films. Là, campé par Antoine Reinartz, ndlr] et clame nous étions en hiver, mais on a quand même son innocence. On a filmé cette persistance choisi des tons chauds, avec des vapeurs de à être ce qu’elle dit être, et donc cette sodium issues des lampadaires, plutôt que du persistance dans la lumière. Cette attention mercure [qui donne une lumière bleutée, ndlr]. au visage du personnage et de l’actrice qui C’est vraiment une lumière de film noir. l’interprète, c’est la raison pour laquelle Arnaud Desplechin : C’est important de le je travaille avec Irina. dire, car le film est souvent décrit comme appartenant au genre du film policier – film Dans Trois souvenirs de ma jeunesse, vous noir me paraît plus juste. Il y a un désir filmiez des peaux juvéniles, veloutées, rosées. d’embrasser plus large que le seul récit Dans Roubaix. Une lumière, les peaux des policier, de d’abord faire le portrait de personnages prennent des tons plus ternes, Roubaix, de nuit comme de jour. Peu à peu, voire blafards. on se resserre sur deux personnages, Claude I. L. : On est dans le registre du film noir, donc et Marie [respectivement Léa Seydoux et Sara c’est moins solaire. Comme il fallait quand Forestier, ndlr]. Quand on commence à se même qu’on puisse voir ces filles, on avait concentrer sur ces deux visages, le film va besoin d’être chirurgical. Cela dit, on a tenu plus loin, on pénètre le mystère des âmes. à une certaine douceur. Les visages et les gros plans des films de Carl Theodor Dreyer ont été très importants La tension entre film noir et film social se pour ce film. retrouve dans la lumière. Comment avez-vous I. L. : Claude et Marie sont filmées avec travaillé ces glissements, cet équilibre ? beaucoup moins de contraste que les autres A. D. : C’est difficile à dire, mais c’est comme personnages. J’ai l’impression que les scènes cela que j’ai pensé le film à l’écriture. Je d’interrogatoire sont celles où l’on rentre le voulais faire le portrait d’une institution, un plus dans leur âme ; on s’approche d’elles peu comme Frederick Wiseman dans Welfare BOBINES doucement avec des travellings et des zooms, [documentaire sorti en 1975 qui ausculte un en légère plongée ou pas, et ça donne un côté bureau d’aide sociale new-yorkais, ndlr], très touchant. qui croiserait le trajet de femmes vivant à Roubaix, à la manière des Dardenne. Mais La question de cinéma sous-tendue par le film étant donné qu’on filmait la vie des policiers serait donc : que veut dire filmer un visage ? dans un commissariat, c’est aussi devenu un A. D. : Oui, et à ce propos je parlerais film de genre. Là, on s’est éloignés du film d’une scène qui me touche beaucoup strictement social pour revenir au cinéaste

Léa Seydoux et Roschdy Zem

39 INTERVIEW

de mes années de formation : Sidney Dans le film, Roubaix reste insaisissable. Lumet. On embrassait une matière sociétale On traverse beaucoup d’espaces, mais la avec une légère torsion, en essayant d’ajouter géographie est obscure, incertaine. Vous une excitation, un suspense visuel dans l’avez pensée comme un espace mental, avec chaque scène. des zones confuses ? I. L. : Je connais Arnaud et je savais qu’avec A. D. : Plutôt comme un espace mental que lui on irait au-delà du simple récit de fait comme un espace géographique, en effet. divers. Mais je n’ai pas vraiment visualisé la Dans la scène où Daoud montre à Louis les lumière en lisant le scénario. C’est plutôt en environs de Roubaix depuis le toit d’un hôtel découvrant les décors que tout s’est joué. la nuit, tout ce qu’il dit est géographiquement A. D. : J’ai assez peu de mots au sujet de la exact, mais on ne voit rien car on est dans lumière. Je ne fais pas de dossier avec des sa tête. On devine seulement l’espace. Il y a peintures, des images, comme d’autres cependant des passages dans des lieux bien réalisateurs. En revanche, j’ai un engagement définis, comme le parc Barbieux, que l’on viscéral : celui de travailler en décors naturels. filme pour la troisième fois. Tant qu’on ne sait pas où ils se trouvent, je ne sais ni comment les personnages se déplacent Dans les films que vous avez tournés ni ce que la scène veut dire. ensemble à Roubaix, il y a beaucoup d’espaces en ruine, un peu escarpés et Louis et Daoud n’ont pas du tout la désolés. À quoi ça tient ? même manière d’interroger, de regarder A. D. : C’est le Roubaix dans lequel j’ai les suspects. Vous les avez éclairés grandi, celui que j’ai aimé. Ces paysages différemment ? de brique, cette façon de ne pas rejeter la A. D. : Ce ne serait pas juste, car cela pauvreté mais de l’embrasser et de l’accepter, reviendrait à juger un personnage, à dire d’y trouver de la beauté et de la gloire, ce à l’avance au spectateur s’il a tort ou pas. sont des choses qui m’ont marqué et qui Il faut que celui-ci se débrouille avec continuent de me travailler. l’incapacité du personnage, ses dons, son absence de don, sa grâce ou son absence de La lumière porte-t-elle toujours une grâce. Il faut l’accepter. Il y a des directeurs symbolique dans vos films ? de la photographie qui font un cadre et A. D. : Ce n’est que ça ! J’ai envie de parler qui après éclairent l’image. Irina crée la d’une séquence en particulier, une scène en BOBINES lumière d’un espace avant le cadre. Cela voiture à la fin du film. Cette scène n’était influe sur le rapport qu’on peut avoir avec composée que d’une seule didascalie qui les personnages. Le cadre de Claude dans disait que Claude et Marie sont dans un sa cellule, il vient par exemple de la lumière fourgon et qu’elles vont vers la prison. orangée qu’Irina m’a offerte. Cette image Il n’y avait rien d’autre. J’ai eu la chance de restera gravée en moi. faire la veille un rêve très précis : à la fin

Léa Seydoux et Sara Forestier

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Roschdy Zem et Antoine Reinartz

« Cette attention au visage du personnage, c’est la raison pour BOBINES laquelle je travaille avec Irina. » ARNAUD DESPLECHIN

du « Paradis » , Dante arrive chez les morts. et voilà que le film suivant s’appelle Il voit Béatrice, la femme aimée, échange carrément Roubaix. Une lumière. J’y reviens avec elle un dernier regard, puis elle bat sans cesse. du cil. Je me suis réveillé en me disant : I. L. : Roubaix est une ville très cinégénique. aujourd’hui on va filmer le battement de cil A. D. : En effet, et il me reste le tramway. de Béatrice. Et on l’a eu ! Marie s’endort, Je n’ai pas encore réussi à le filmer, alors paisiblement, comme après la guerre. Claude que c’est une part importante de ma vie. est derrière, cachée entre deux sièges. Tout On l’empruntait pour aller au cinéma. Je à coup, il y a ce regard entre elles, le soleil pense au tramway de Prague, à celui des monte de manière aberrante alors que la films d’espionnage. C’est un beau moyen de lumière changeait aléatoirement d’une rue transport, le tramway. Comme le train, il à une autre, et il y a un dernier battement invite à la fiction. de cil. C’était un miracle photographique insensé à filmer. Sans ce miracle, la scène • PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET n’aurait pas de sens. & CORENTIN LÊ — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA

Pensez-vous filmer de nouveau Roubaix — à l’avenir ? : « Roubaix. Une lumière » A. D. : J’ai l’impression d’en avoir fait le tour, d’Arnaud Desplechin, mais depuis mon premier film, La Vie des Le Pacte (1 h 59), morts [1991, ndlr], je dis que c’est la dernière sortie le 21 août fois que je tourne à Roubaix. J’ai perdu — toute crédibilité ! Je pensais avoir tout dit de Roubaix après Les Fantômes d’Ismaël,

41 CRITIQUE AU BOUT DU TUNNEL

Avec Roubaix. Une lumière, en Compétition officielle à Cannes en mai, l’auteur d’Un conte de Noël signe un polar social incandescent, inspiré de faits réels, et confirme qu’il est l’un de nos plus grands directeurs d’acteurs.

BOBINES Desplechin est un sculpteur Sara Forestier, stupéfiantes), accusées du Arnaud de fictions qui part des meurtre d’une vieille dame. Beau et éloquent, matériaux les plus divers (sa vie, une pièce le titre résume parfaitement le film. Il y a de théâtre, un essai d’anthropologie ou donc Roubaix, le vrai Roubaix, la terrible même ses propres films) pour construire réalité à laquelle sont confrontés les flics. des récits cinématographiques qui Il y a la description précise, captivante du happent le spectateur. Après les dédales et travail des policiers, de leur langage, sur le tourbillons des Fantômes d’Ismaël, il change terrain et lors des interrogatoires. Et puis il totalement d’échelle et de rythme avec ce y a la lumière, celle qui vient d’on ne sait où, film qui présente qui nous transperce. l’originalité d’être La lumière est-elle largement inspiré par Et puis il y a la du côté de Daoud, un documentaire, lumière, qui vient personnage phare du Roubaix, commissariat film, mi-psy central. Affaires d’on ne sait où, qui mi-médium, courantes de Mosco mystérieux et Boucault, diffusé à nous transperce. flegmatique (« J’aime la télévision en 2008. pas m’énerver, ça Nous voici plongés dans le quotidien d’un m’irrite. ») ? Mais ne jaillit-elle pas aussi commissariat, lieu qui concentre les maux de l’amour puissant et destructeur qui d’une société, sa misère et sa violence. La unit Claude et Marie, notamment lors de première partie du film expose de façon l’extraordinaire scène de confrontation fragmentaire de douloureuses affaires (viol, de leur témoignage ? Réalisme social et disparition…) traitées par le commissaire élans passionnels, diagnostic chirurgical Daoud (Roschdy Zem, impérial) et le petit et envolées musicales (encore une belle nouveau, le capitaine Coterelle (Antoine partition de Grégoire Hetzel) : en faisant Reinartz, remarquable). La seconde se feu de tout bois, Arnaud Desplechin signe concentre sur deux jeunes femmes à la une œuvre pleine d’humanité sur de grands dérive, Claude et Marie (Léa Seydoux et brûlés de la vie. • JULIEN DOKHAN

42 UN FILM D’UNE EXTRÊME BEAUTÉ  THEUPCOMING.CO.UK

KMBO PRÉSENTE LE MARIAGE DE

VERIDAUN FILM DE MICHELA OCCHIPINTI

UN FILM DE MICHELA OCCHIPINTI HISTOIRE ET SCÉNARIO MICHELA OCCHIPINTI SIMONA COPPINI AVEC VERIDA BEITTA AHMED DEICHE AMAL SAAB BOUH OUMAR AICHETOU ABDALLAHI NAJIM SIDI MOHAMED CHIGHALY PRODUIT PAR MARTA DONZELLI ET GREGORIO PAONESSA DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE DARIA D’ANTONIO MONTAGE CRISTIANO TRAVAGLIOLI MUSIQUE ORIGINALE ALEX BRAGA SON LAVINIA BURCHERI DIRECTION DE PRODUCTION LIVIA BARBIERI PRODUCTION EXÉCUTIVE ALEX BRAGA ALESSIO LAZZARESCHI PRODUCTION DÉLÉGUÉE SERENA ALFIERI 1ER ASSISTANT RÉALISATION FRANCESCA SCANU MONTAGE SON SILVIA MORAES MIRKO PERRI MATTIA PERSICO MIXAGE MICHELE MAZZUCCO UNE PRODUCTION VIVO FILM AVEC RAI CINEMA EN COLLABORATION AVEC FILMS BOUTIQUE ET KMBO SOUTENU PAR LE MINISTERO PER I BENI E LE ATTIVITÀ CULTURALI  DIREZIONE GENERALE CINEMA AVEC LE SOUTIEN DE REGIONE LAZIO ROMA LAZIO FILM COMMISSION DÉVELOPPÉ AVEC LE SOUTIEN DE CREATIVE EUROPE PROGRAMME  MEDIA OF THE EUROPEAN UNION

AU CINÉMA LE 4 SEPTEMBRE

TROISCOULEURS_VERIDA_170x285.indd 1 01/07/2019 16:04 MOTS CROISÉS L’INTRANQUILLE

Sintra, là-bas ! Glorieux éden, séjour céleste / Suivi sans fin de monts et de vallons / Mais quelle main saurait peindre ou décrire / Une moitié de ce que l’œil admire ? Le Pèlerinage de Childe Harold de Lord Byron (1812-1818)

Je me suis rendu pour la première fois à Sintra en 1979, pour y passer des vacances avec ma mère et mes deux sœurs. J’étais un adolescent qui découvrait la vie. J’y suis revenu sept ans plus tard, avec mon coscénariste Mauricio Zacharias. Il faut être patient pour toucher à la beauté de Sintra, il y a tellement de monde. C’est un peu cliché de le dire, mais il faut du temps pour vraiment découvrir ce que recèle un lieu. C’est intéressant parce qu’aucun personnage du film ne prête vraiment attention à Sintra, ils n’ont pas de lien personnel fort avec l’environnement. C’est parce que c’est avant tout un film de voyage : chacun s’autorise à être une version différente de lui-même, ils sont presque sur une scène de théâtre. J’ai pensé le film comme une performance. C’est autant un film sur Frankie face à sa mort Le réalisateur Ira Sachs (Keep the prochaine qu’un documentaire sur Isabelle Huppert face à ce personnage. Lights on, Love Is Strange) était en Compétition à Cannes cette année avec Frankie, l’histoire d’une Ma mise en scène est très spontanée, aléatoire et actrice (Isabelle Huppert, dans une dictée par les circonstances, le composition très intimiste) atteinte décor et les acteurs. Par le d’un cancer qui réunit sa famille une possible, pour donner un terme toute dernière fois à Sintra, une station plus générique. Éric Rohmer, balnéaire portugaise connue pour ses entretien paru dans Les Inrockuptibles, 1996 miracles. On est toujours emportés C’est drôle que Rohmer ait dit ça parce par la sérénité et la délicatesse avec que, sous son apparente légèreté, sa mise en scène, que j’ai beaucoup étudiée, est lesquelles Sachs traite des épreuves extrêmement pensée. Mon directeur de les plus douloureuses. On l’a donc fait la photo Rui Poças et moi sommes très inspirés par ses films, particulièrement ceux réagir à des citations qui résonnent fort dont la photo est signée Néstor Almendros avec ce film inquiet mais lumineux. [La Collectionneuse, Le Genou de Claire

44 IRA SACHS ou encore Pauline à la Plage, ndlr]. Leurs l’invisible. Le film part ainsi d’instants que images ont une vraie sensualité, une j’ai vécus personnellement qui ont bouleversé compréhension du plaisir visuel lié aux l’idée que j’avais de la mort. J’ai vu une amie corps et aux couleurs. Et aussi un sens très proche mourir d’un cancer, et j’ai été chorégraphique inouï. Mais Rohmer avait très présent dans les trois dernières années du temps pour préparer le tournage de de sa vie. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il y a de ses séquences ; nous, nous n’avions que la vie jusque dans les derniers moments : de trois semaines pour tourner. Il fallait l’humour, de l’amour, du sexe. Le film parle donc beaucoup planifier. En revanche, je de cette variété inattendue d’expériences. n’organise pas de répétitions avec les acteurs. Je leur donne le texte pour les guider, mais je souhaite préserver leur improvisation émotionnelle. En général, il y a toujours Mon travail consiste à quelque chose d’inattendu qui survient. trouver des liens entre les peuples, entre les personnes, à trouver les points communs, les Nous vivons à une époque ressemblances entre les êtres où l’artiste est oublié. Il humains. La tragédie a alors la est un chercheur. Je me vois même signification pour tous. comme ça. David Hockney, entretien Abbas Kiarostami, entretien paru dans paru dans The Observer, 1991 L’Humanité, 2004

Cette citation sur l’artiste comme explorateur J’envisage cette recherche dont parle me fait penser à Isabelle Huppert. Je pense Kiarostami à travers ce qui est spécifique, et que la chose la plus importante pour elle, non universel. En tant que cinéaste, j’essaye c’est d’être dans l’action, de prendre en d’être le moins général possible, d’être charge une vraie part du processus de attentif aux différences. C’est notamment création des films. Elle a un rapport à la fois pour cela que je voulais faire un film au vorace et sincère à la culture, au cinéma, à Portugal, parce que je n’en connais presque la musique, au théâtre… Peut-être que ma rien. L’universalité de votre propos, elle position en tant que cinéaste est la même : apparaît d’abord parce que vous êtes un bon BOBINES ce que je regarde, je veux le comprendre. artiste. C’est pour cela que je me bats pour Or le film traite de cette difficulté de un cinéma très personnel. Parce que dans comprendre quelqu’un qui, comme une icône un monde globalisé l’individualité se perd, inaccessible, vous met sans cesse à distance. l’émotion devient générique. Je me pose une question : le film peut-il révéler cette part cachée et inconsciente • PROPOS RECUEILLIS PAR QUENTIN GROSSET du personnage de Frankie ? J’ai en tout cas PHOTOGRAPHIE : JULIEN LIÉNARD demandé à Isabelle d’autoriser le public à la connaître, d’être aussi simple et transparente — que possible, d’essayer de ne pas se cacher : « Frankie » d’Ira Sachs, derrière sa technique. SBS (1 h 38), sortie le 28 août — La vie est ce que nous en faisons. Les voyages ce sont les voyageurs eux-mêmes. Ce que nous voyons n’est pas fait de ce que nous voyons mais de ce que nous sommes. Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa (1982)

J’aurais pu mettre cette citation en épigraphe du film. C’est une vraie chance de pouvoir regarder la vie avec d’autres perspectives que la sienne, et pour moi c’est ce que font les cinéastes. Ils sont le pont entre le visible et

45 INTERVIEW RETOUR VERS LE FUTUR BOBINES

Un teen movie lynchéen réalisé à 25 ans (Donnie Darko, 2002, qui ressort en salles dans deux versions, dont le director’s cut inédit de 2004), une fresque d’anticipation délirante (Southland Tales, 2006, inédit en salles en France), un conte de science-fiction cruel (The Box, 2009), et puis… plus rien. Richard Kelly avait tout pour devenir un grand auteur populaire, mais le destin en a décidé autrement. Mal compris par la critique et l’industrie, ses trop rares films n’en ont pas moins imprégné l’inconscient collectif. On a fait le point avec l’Américain sur son étrange carrière, placée sous le signe du voyage dans le temps.

46 RICHARD KELLY

Donnie Darko a été un celle sortie en salles aux États-Unis, ndlr] et on l’a projetée devant une foule immense au échec en salles, mais Los Angeles County Museum of Art. Même si les effets spéciaux sont restés à l’état est depuis devenu d’ébauche, j’ai été soufflé par l’enthousiasme du public. Rien à voir avec cette horrible culte. Vous voyez ce projection cannoise de 2006 ! Les réactions ont été vraiment brutales… Je pense statut comme une que les gens n’étaient pas prêts pour un film aussi étrange, avec sa construction malédiction ? kaléidoscopique, son casting de figures pop [on y trouve notamment Sarah Michelle Gellar Je préfère penser le contraire. Bien sûr, et Justin Timberlake, ndlr] et son mélange j’aurais adoré que ce soit un carton immédiat d’humour et de politique. Les producteurs – c’est ce que je souhaite pour tous mes ne savaient pas quoi en faire. Avant même films –, mais, quand un long métrage met la projection, j’entendais murmurer dans les quatre ou cinq ans à trouver son public, la couloirs que ça allait être un désastre. récompense me semble encore plus belle. Ça veut dire qu’il est apprécié pour ses qualités Ce film aussi résonne différemment propres. Donnie Darko doit son succès au bon depuis que Trump est au pouvoir. C’est vieux bouche à oreille. presque comme si l’Amérique s’était modelée à son image. C’est quand même ironique qu’un film qui Il faut se remettre dans le contexte parle de voyage dans le temps vous oblige à post-11-Septembre dans lequel est né le vous replonger sans cesse dans votre passé… scénario. À l’époque, je vivais à Venice Oui, mais c’est un exercice intéressant. Beach. Quand mon colocataire m’a annoncé L’histoire se déroule en 1988, l’année où qu’un avion s’était écrasé sur le World Trade George Bush a succédé à Ronald Reagan. Center, j’ai cru que la Troisième Guerre Une période plutôt innocente comparée mondiale venait de commencer. Et je me à ce qu’on vit aujourd’hui sous le mandat suis mis à en imaginer les conséquences : de Donald Trump. Je pense que le film dictature, État policier, crise de l’énergie, résonne différemment, peut-être mieux, terrorisme Internet… L’obsession pour dans cette période de grande tension et de la célébrité prenait déjà des proportions BOBINES crise culturelle. inquiétantes – c’était l’époque de Paris Hilton, de Britney Spears, des débuts médiatiques de Là où Donnie Darko était clairement en Kim Kardashian. Pourtant, même dans mes avance, c’est sur le revival eighties qu’on pires délires, je n’aurais pas osé imaginer que connaît depuis quelque temps… Trump deviendrait président. Si je pouvais Je repense souvent aux discussions que j’avais voyager dans le temps pour m’informer de ce en l’an 2000 avec les financiers. « Pourquoi qui va advenir, mon moi de 2006 dirait à mon ton histoire se passe en 1988 ? Ça n’intéresse moi de 2019 d’aller se faire foutre. personne. Il faut parler du monde actuel ! » Ils ne comprenaient pas mon attrait pour Le voyage dans le temps est à la fois un motif cette époque, ni la tonalité nostalgique de votre carrière et l’une de vos thématiques que je voulais insuffler au film. En même favorites. D’où vient cette obsession ? temps, imaginez si je devais vendre une C’est la seule chose que l’être humain ne idée similaire en 2019 : « Alors, c’est un film peut pas faire. On a marché sur la lune, d’époque qui se déroule en 2008… »

En effet. Mais attendez, ce film existe déjà : c’est Southland Tales !

Celui-ci est moins un film culte qu’un film maudit : hué lors de sa présentation en Compétition à Cannes en 2006, démoli par la majorité des critiques, presque pas distribué en dehors des États-Unis… C’est aussi celui que je chéris le plus. En mai dernier, on a ressorti des cartons la version Jake Gyllenhaal et Richard Kelly sur le tournage de Donnie Darko cannoise [qui durait 2 h 40, contre 2 h 24 pour © PANDORA INC

47 INTERVIEW

WWW.VRARLESFESTIVAL.COM #VRARLESFESTIVAL « Donnie DU 1ER JUILLET Darko AU 25 AOÛT 2019 doit son TOUS LES JOURS DE 10H À 19H30 succès au AU COUVENT SAINT-CÉSAIRE bon vieux IMPASSE DE MOURGUES, ARLES bouche à oreille. » Donnie Darko (2002) © PANDORA INC

on envoie des robots sur Mars, on de ma conception du cinéma. J’ai grandi finira par envoyer des gens sur d’autres avec les blockbusters de Steven Spielberg, de planètes… toutes ces évolutions sont à peu George Lucas, de Ridley Scott et de Robert près garanties. Mais est-ce qu’on va un jour Zemeckis. J’aime les grands décors, les voyager dans le temps ? Je ne crois pas. Pour grands studios, le grand spectacle conçu pour moi, c’est le plus tentant des mystères, parce le grand écran. Les occasions de réaliser des que, si ça devenait une réalité, toutes nos films n’ont pas manqué depuis The Box, mais règles seraient réécrites. j’ai préféré rester sélectif et peaufiner mon écriture. Pour citer le poète Robert Frost, Vous semblez avoir du mal à laisser vos ou son homonyme imaginaire, le sénateur films derrière vous. Quand vous ne les Bobby Frost de Southland Tales : « I have […] remontez pas, vous prolongez leur univers, miles to go before I sleep, and miles to go en publiant un livre après Donnie Darko before I sleep. » [« J’ai beaucoup de chemin à BOBINES ou une série de romans graphiques autour parcourir avant de me reposer », ndlr]. de Southland Tales… J’ai toujours considéré Southland Tales On peut donc s’attendre à de nombreux comme un projet beaucoup plus vaste, qui films signés Richard Kelly dans les pourrait donner lieu à de multiples suites et prochaines années ? prequels. Certaines œuvres ont vocation à C’est mon vœu le plus cher. s’étendre, et le contexte actuel est favorable à cela. Vous avez vu la nouvelle version des Mais vous n’êtes pas autorisé à m’en parler. Huit Salopards que Quentin Tarantino a Malheureusement non. Tout ce que je peux montée pour Netflix ? C’est une minisérie vous dire, c’est que les feux sont à l’orange. Si en quatre chapitres, avec plus de quarante ça se trouve, pendant qu’on parle, j’ai reçu un minutes inédites. Et c’est encore mieux message de mon agent et je vais devoir rentrer que le film original. Avec l’avènement du à Los Angeles sur le champ. En attendant, streaming, on est entré dans une ère de je dois garder la tête froide. Rien n’est plus formes longues. La frontière entre cinéma et imprévisible que l’industrie du cinéma. télévision est très poreuse, et nos habitudes de spectateurs évoluent à toute allure. Les • PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAËL PATIN gens ont du mal à rester assis dans un cinéma PHOTOGRAPHIE : JAMES WESTON pendant deux heures sans pouvoir consulter leur portable. Notre capacité d’attention se — réduit de plus en plus. : « Donnie Darko » de Richard Kelly, Carlotta Films Vous entretenez un rapport compliqué avec (1 h 53 | 2 h 14 pour le director’s cut), l’industrie. Vos films nécessitent de gros ressortie le 24 juillet budgets qui n’existent qu’à Hollywood, — mais en même temps vous faites un cinéma d’auteur complexe. J’aimerais trouver le moyen de réduire l’échelle de mes films, mais ça va à l’encontre

48 WWW.VRARLESFESTIVAL.COM #VRARLESFESTIVAL DU 1ER JUILLET AU 25 AOÛT 2019 TOUS LES JOURS DE 10H À 19H30 AU COUVENT SAINT-CÉSAIRE IMPASSE DE MOURGUES, ARLES DÉCRYPTAGE

FIN DE RÈGNE Attendu comme une petite bombe de cool, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino risque bien de dérouter les estivants spectateurs venus chercher le frais en salles. Et tant mieux. Le dixième film du réalisateur d’Inglorious Basterds et de Kill Bill est une élégie mélancolique et morbide sur la fin de Hollywood – et du cinéma ? – dans les ruines de l’âge d’or, en 1969. On en décrypte ici les symboles, pour mieux cerner ce qui se jouait cette année-là.

1967, Warren Beatty et Arthur années 1930 de la Warner. » Ç’en est trop pour En Penn présentent au célèbre magnat le producteur : « Un hommage ? Mais putain, hollywoodien Jack Warner leur Bonnie and si t’appelles ça un hommage, fourre d’urgence Clyde, tout juste terminé. « Mais qu’est-ce que ton nez dans le dictionnaire ! » Cette anecdote, c’est que ce bordel ?! » s’exclame le patron à citée par Peter Biskind en ouverture de son la fin de la projection. Embarrassé, Beatty livre* consacré au renouveau du cinéma tente de justifier la radicalité nouvelle de américain dans les années 1970, saisit toute ce film de gangsters apathique et politique : la tension de la fin des sixties à Hollywood. « C’est un hommage au film de gangsters des Une période charnière qui voit s’affronter

50 ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD

de cinéma à l’ancienne. Tarantino nous glisse dans les pas de cet acteur lambda cabossé par l’alcool et les regrets pour saisir la charnière entre les deux Hollywood. Les affiches de cinéma « bigger than life » qui parsèment la villa de Rick contrastent avec le noir et blanc réducteur du petit écran sur lequel il joue les cow-boys pathétiques. Rick rêve de cinéma énorme, de films dans lesquels on dégomme des nazis au lance-flammes, de héros dominants dont la virilité éclate à l’écran. Mais l’Amérique, en 1969, se passionne elle pour les outsiders d’Easy Rider, les cow-boys fatigués de La Horde sauvage ou les hommes perdus de Macadam Cowboy. Des antihéros fragiles à la masculinité en crise – caractéristique d’un changement d’ère – qui contrastent avec les fantasmes de Rick. Alors il erre, pathétique et égocentrique, dans les rues de En 1969, Hollywood meurt et

renaît à BOBINES la fois. deux visions du cinéma américain : d’un Los Angeles, là où la splendeur décrépie du côté, une jeune génération engagée qui cinéma d’hier côtoie les mouvements hippies rêve d’un cinéma radical ; de l’autre, une et contestataires de l’époque. Un habile ancienne génération qui s’accroche aux effet de contraste qui raconte l’époque par ruines d’un âge d’or moribond. L’histoire fera l’image. C’est, par exemple, une immense de cette nouvelle génération les vainqueurs affiche défraîchie de Géant – l’un des et les artisans d’un nouvel Hollywood, une derniers sommets du cinéma classique, avec parenthèse de dix ans de cinéma furieux qui James Dean – que croise une bande de jeunes voit émerger Martin Scorsese, Francis Ford filles hippies qui font de l’autostop. La Coppola ou encore William Friedkin. Le ville grouillante et débordante se confond nouveau film de Quentin Tarantino s’installe en 1969, dans ce contexte flottant où les clés de l’« usine à rêves » changent de main. Mais depuis Reservoir Dogs (1992), on le sait : Tarantino n’aime pas les vainqueurs. Once Upon a Time… n’est donc pas le récit de cette conquête, mais le portrait mélancolique de ceux que l’histoire et Hollywood ont oubliés.

CRÉPUSCULE DES LOSEURS Nous sommes en 1969 et Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) – héros d’un piteux western télévisuel comme on en produisait Leonardo DiCaprio et Brad Pitt beaucoup à l’époque – rêve d’être une star

51 DÉCRYPTAGE

Tarantino utilise le charme désarmant de Brad Pitt pour faire de Cliff un guide vers les zones d’ombre de l’époque.

avec les dérives de l’industrie, le cinéma du désespoir) que l’on suit le long d’une se mêle au quotidien dans un crépuscule journée. Si la trajectoire de Rick et son permanent. En 1969, Hollywood meurt et ultime tentative de rêve hollywoodien renaît à la fois. occupent une large partie du film, Tarantino y intercale deux récits, deux promenades ZONES D’OMBRE hollywoodiennes qui racontent elles aussi Once Upon a Time… in Hollywood est un quelque chose de cette fin de règne. D’abord long métrage dans lequel personnages – et celle de Cliff Booth (Brad Pitt), cascadeur et spectateurs - flânent, zigzaguent dans les doublure de Rick, qui traîne sa cool attitude rues, s’aperçoivent mais ne se rencontrent et son sourire narquois sur les plateaux de jamais vraiment. À la façon d’un film de Hollywood. Parasite généreux, ami fidèle, Robert Altman (Nashville, 1975), Tarantino revenu de tout – notamment de la guerre du raconte une époque, un moment, plus qu’il Viêt Nam –, le personnage incarne une forme ne construit une histoire. Le film ressemble de désinvolture pop. Tarantino utilise le en cela à une œuvre du Nouvel Hollywood. charme désarmant de Brad Pitt pour faire Comme si, par le montage, l’image, le de Cliff un guide vers les zones d’ombre de rythme, Tarantino suggérait déjà la défaite l’époque – il amorce un questionnement sur la de ses personnages. Ainsi, par un effet liberté sexuelle, mais aussi sur la survirilité caractéristique de cette période, il déplace toxique des mâles (l’affrontement improbable sans cesse le point de vue. Once Upon a entre Cliff et un jeune Bruce Lee qui vire au Time… in Hollywood n’a en apparence pas combat de coqs) et les dérives à venir de la de héros, mais de pures énergies (parfois contre-culture. Ironiquement filmé comme BOBINES

Brad Pitt

52 ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD

corps-objet, machine à punchlines, Brad Pitt incarne une forme de rêve américain goguenard, dénué d’ambition, qui se nourrit et vit des rêves de Rick. Une masse physique ambiguë, à la fois sécurisante et inquiétante, qui fait le pont vers cette autre Amérique qui naît en bordure de ville : les communautés hippies, que Tarantino filme comme des villages de western où la tranquillité semble menaçante. Il raconte ainsi toute l’ambivalence des utopies libertaires de la fin des sixties, symbolisée en cette année 1969 par le concert phénomène de Woodstock – mais aussi par la funeste célébrité du clan meurtrier de Charles Manson.

À REBOURS Si Rick et Cliff sont des inventions, symbolisant Hollywood et son revers ainsi que l’état de l’Amérique en 1969, Tarantino confronte aussi sa fiction à l’histoire par l’intermédiaire du destin tragique de Sharon Tate. Star montante, nouvelle figure chic du cinéma hollywoodien (elle est l’une des actrices principales de La Vallée des poupées, somptueux mélo rugueux et féministe, sorti aux États-Unis en 1967), en couple avec

Roman Polanski – à l’époque vu comme un Margot Robbie réalisateur européen avant-gardiste –, elle incarne le renouveau de Hollywood. En la filmant heureuse, insouciante et passionnée, colérique. Mais la distance qui nous sépare Tarantino la pose discrètement en opposition de 1969, le chemin qui va de l’histoire à à Rick. Le jeune Hollywood qui s’épanouit la fiction, crée un dispositif troublant qui juste à côté de l’ancien. Deux mondes qui interroge. Comme la morale d’un conte de se croisent mais ne se rencontrent jamais. fée qui voit les crapauds se transformer C’est la gorge serrée que le spectateur en prince et les princesses retrouver leur de 2019 contemple la fausse Sharon Tate trône, Once Upon a Time… in Hollywood (Margot Robbie) regarder, émue, la vraie veut réordonner le monde. Si le geste frôle Sharon sur l’écran d’un vieux cinéma de la nostalgie revancharde, le « c’était mieux Los Angeles. Elle y joue avec ironie les pin- avant » qui guette souvent Tarantino, il up espionnes face à Dean Martin dans un est sauvé, in fine, par ses conséquences épisode de la saga pop Matt Helm (Matt Helm imaginaires et poétiques. Car le film règle son comte, 1968). Le dialogue entre révèle, dans ses toutes dernières secondes, l’écran et la salle, la Sharon Tate jouée et la pudiques, une émotion inattendue. Comme Sharon Tate joueuse, permet à Tarantino si, avec Once Upon a Time… in Hollywood, de suspendre son film quelque part entre la Tarantino avait enfin saisi la dimension fiction et la réalité. Car on sait que pèse sur quasi ésotérique de son cinéma fétichiste ce « personnage » le poids du drame à venir : ultra documenté, le cinéaste libère à l’écran le 9 août 1969, la jeune actrice, enceinte, est les fantômes et les laisse vivre, sans nous, assassinée dans sa villa hollywoodienne une autre vie. • RENAN CROS par des membres de la Famille, la secte créée par Charles Manson. Un fait divers — sordide qui acte, par son caractère absurde : « Once Upon a Time… in Hollywood » et révoltant, la bascule vers un cinéma de Quentin Tarantino, américain désabusé, inquiet, violent. On ne Sony Pictures (2 h 42), dira pas ici comment Tarantino s’en empare sortie le 14 août littéralement. Dans le dernier acte du film, — comme une sorte de feu d’artifice purement fantasmatique, le réalisateur fait bifurquer * « Le Nouvel Hollywood. Coppola, Lucas, Scorsese, son histoire du cinéma vers une histoire de Spielberg… la révolution d’une génération » de Peter Biskind regrets. À l’écran, c’est joyeusement gore et (Le Cherche midi, 2002)

53 MICROSCOPE LA MANIVELLE Comme le diable, le cinéma se loge dans les détails. Geste inattendu d’un acteur, couleur d’un décor, drapé d’une jupe sous l’effet du vent : chaque mois, de film en film, nous partons en quête de ces événements minuscules qui sont autant de brèches où s’engouffre l’émotion du spectateur. Ce mois-ci : un bruit mécanique déchirant, dans First Man. Le premier homme sur la Lune de Damien Chazelle (2018).

un cliquetis d’une effroyable (Francis Ford Coppola, 1988), L’Arrière pays, C’est régularité, qui fait résonner toute (Jacques Nolot, 1997). Car il n’y suffit pas, la tristesse du monde. Clic, clic, clic : on bien sûr, d’aller récolter sur le visage des met en terre un enfant. First Man raconte acteurs l’affliction des personnages. Il ne l’histoire de Neil Armstrong et finit, bien suffit pas de l’idée de la mort, il faut qu’un entendu, avec lui sur la Lune. Mais c’est au détail tranche pour ramasser l’émotion cimetière, où celui-ci enterre en 1962 sa fille – chez Cassavetes c’est la petite vieille de 3 ans, que Chazelle loge les prémices dame, courbée comme un arc, filmée de si de son film. Au plan d’avant, la petite fille loin, accrochée au bras de Ben Gazzara. malade est endormie, ses douleurs oubliées Ici c’est le bruit de la manivelle, pudique et sous la caresse patiente de son père. C’est effroyable à la fois. L’idée est d’autant plus sur ce plan d’une infinie douceur qu’apparaît subtile qu’elle en porte une plus globale, qui la sonorité métallique et cadencée, dont la traverse First Man en lui donnant la beauté source est introuvable – une montre qu’on inhabituelle (ou plutôt : devenue rare) d’un est en train de remonter, se dit-on sans film qui se donne à entendre autant qu’à voir. Le destin d’Armstrong, ici, est d’abord BOBINES affaire de bruits, tout un tapage métallique Une montre relayé d’une machine l’autre en une longue oraison de métal. Qu’on trace un trait de qu’on est en train l’infime au sidéral, c’est le moins qu’on puisse attendre d’un film sur la conquête de remonter, se de l’espace. Mais Chazelle s’y emploie avec une double et étonnante audace. D’abord, dit-on sans avoir s’approprier le plus positif, le plus manifest destiny des mythes américains du xxe siècle (le petit/grand pas d’Armstrong), mais pour tout à fait tort. y raconter l’histoire d’un type qui ne va sur la Lune que pour y enfouir sa tristesse avoir tout à fait tort, tant c’est l’arbitraire et regarder en face, sur le sol gris de ce scandaleux du temps qui se fait entendre gros caillou funèbre, la mort qui lui a pris dans la mort d’un enfant. Le plan suivant sa fille. Et le faire en cousant l’intime et retrouve la mère, dehors, mais le cadre est les étoiles par le fil de cette symphonie trop serré pour savoir où. Les costumes concrète. Dans l’avion qui, aux toutes noirs nous renseignent vite, puis le plan premières images, pousse Armstrong hors du cercueil minuscule, et sur son bord de l’atmosphère, le moindre écrou chante l’ombre d’une main qui fait tourner une une complainte funèbre, on jurerait que tout manivelle et éclaire enfin le bruit qui n’a va finir broyé par la tôle. Puis c’est, dans un pas cessé : c’est la mécanique avec laquelle raccord inattendu, le grincement robotique on fait descendre le cercueil. Le cliquetis de l’énorme appareil IRM penché sur le persiste sur le plan du père, tout serait muet cancer de l’enfant. Et quelques scènes plus s’il n’y avait ce bruit, et l’enterrement se loin, donc, la manivelle chronométrique termine. On compte sur les doigts d’une au bord du caveau. À l’oreille, trois temps main les scènes d’enterrement vraiment mais une seule machine, du ciel au sous-sol : justes. Citons-en quelques-unes : Husbands la vie d’un homme, first man, chantée par (John Cassavetes, 1972), Jardins de pierre la ferraille. • JÉRÔME MOMCILOVIC

54 MICROSCOPE BOBINES

55 PORTFOLIO BOBINES

FILS DE L’OMBRE 56 FIL NOIR BOBINES © LARRY CLARK; COURTESY OF THE ARTIST AND LUHRING AUGUSTINE, NEW YORK Larry Clark, Sans titre, 1963, de la série « Tulsa », collection Maison européenne de la photographie, Paris

une banlieue tranquille, une lumière spectrale émane d’un pavillon niché derrière un arbre Dans tortueux, perçant la nuit dans une contre-allée déserte. Il ne s’agit pas d’un plan d’un film de David Lynch, mais d’une photographie de Henry Wessel, Night Walk No 5, prise en 1998, visible dans l’expo « Henry Wessel. A Dark Thread » à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 28 août. Pour prolonger l’hommage à l’artiste américain (décédé en 2018) qui créait des échos visuels entre ses images, la MEP a monté une autre expo, « Fil noir », en sortant de ses archives cent cinquante clichés en noir et blanc d’artistes de tous horizons eux aussi influencés par le film noir. Pascal Hoël, responsable de la collection de la MEP, a décrypté pour nous une sélection d’images qui évoquent ce genre filmique explorant les recoins sombres de l’âme humaine. À vos loupes. • JOSÉPHINE LEROY & TIMÉ ZOPPÉ

57 PORTFOLIO BOBINES

Helmut Newton, Vogue Grande-Bretagne, Londres, 1967, collection Maison européenne de la photographie, Paris « Le travail de Helmut Newton, grand photographe de mode, a été très marqué par celui des paparazzis, et en particulier par celui de Weegee, un reporter qui a photographié quantité de faits divers dans les années 1940 et 1950. Cette photo, qui est une commande du magazine Vogue, est clairement un pastiche de La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. C’est rare que Newton se réfère aussi nettement à une œuvre. »

58 FIL NOIR

Sabine Weiss, Sortie de métro, Paris, 1955, collection Maison européenne de la photographie, Paris « Cette photo a été prise à Paris, en 1955. Sabine Weiss est peut-être la dernière artiste du courant de la photographie humaniste [qui comptait notamment dans ses rangs Robert Doisneau, Izis ou Brassaï, ndlr] encore vivante. Ce sont des photographes qui ont souvent été associés au réalisme politique, au cinéma de Jean Grémillon et de Marcel Carné. Dans le contexte de l’après-guerre, cette école produisait des œuvres sombres, bien qu’on ait dit de leurs travaux qu’ils étaient optimistes. En réalité, il y a beaucoup de photographies de nuit, à l’atmosphère assez noire. » © SABINE WEISS

Johan van der Keuken, Boulevard du Temple, Paris, 1957, collection Maison européenne de la photographie, Paris

© THE HELMUT NEWTON ESTATE / MACONOCHIE PHOTOGRAPHY « C’est une photo du Néerlandais Johan van der Keuken, qui est devenu l’un des plus grands réalisateurs de documentaires [il a par exemple signé L’Enfant aveugle (1964) ou Amsterdam Global Village (1997), ndlr]. On est en 1957, à Paris. Il a 23 ans et il suit des cours à l’institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Il est marqué par la photographie humaniste et il prépare son livre Paris mortel, inspiré du livre de William Klein New York 1954-1955. Il photographie de nuit un cinéma et son reflet dans le bitume parisien, ce qui rappelle fortement les codes du film noir. » © THE ESTATE OF JOHAN VAN DER KEUKEN

59 BOBINES radical. assez esthétique, purement essai un C’est locomotive. cette dans Gabin Jean bien 1938, en ndlr]. imagine On [sorti humaine Bête La Renoir Jean de film du d’ouverture scène àla penser fait vraiment ont nous photographies Ces fixes. images des dans mouvement le retranscrire de mais personnages, autres ou cheminots les photographier de pas n’était ce s’intitule « René Groebli, Le photographe suisse René Groebli, qui a plus de 90 ans maintenant, a publié en 1949 un livre qui qui livre un 1949 en apublié maintenant, 90 ans de aplus qui Groebli, René suisse photographe Le dans lequel il évoque le mouvement d’une locomotive. Ce qui l’intéressait, l’intéressait, qui Ce locomotive. d’une mouvement le évoque il lequel dans rail du Magie Sans titre, 1949, de la série « série la de 1949, PORTFOLIO rail du Magie 60 » »

© SEYMOUR JACOBS PHOTOGRAPHY ARCHIVES » Martin Scorsese. de personnages les aussi évoque Elle De Palma Brian de celui 1933, que en ndlr] France en [sortie Hawks Howard de film le Scarface de tirées d’être l’impression donne et 1977 de date plans gros en photo Cette àBrooklyn. d’enfance quartier son dans d’anonymes nombre certain un acapturé qui Jacobs, Seymour par l’Américain photographié mafieux, àl’aspect homme cet dont noirs, films des àceux penser font qui personnages « de Paris laeuropéenne photographie, 1977,Brooklyn, Maison collection Seymour Jacobs, Dans l’exposition, il y a beaucoup de de yabeaucoup il l’exposition, Dans [sortie en France en 1984, ndlr]. en France en [sortie Flatbush Terrace,

© RENÉ GROEBLI – aussi bien bien – aussi

FIL NOIR BOBINES © CHARLES HARBUTT / COURTESY OF PETER FETTERMAN GALLERY

Charles Harbutt, Car, Aspen, Colorado, 1971, collection Maison européenne de la photographie, Paris « Charles Harbutt est un photographe américain qui fut très longtemps membre de l’agence Magnum. Il disait qu’on ne voit vraiment ce qu’est l’image que longtemps après la prise. Cette image est tout à fait exemplaire de ce côté-là. C’est une photographie prise du réel, mais, avec cette portière de voiture ouverte, cette nature pleine d’arbres dont on ne voit que les troncs, on a l’impression d’une mise en scène proche de l’univers de David Lynch, dont les films sont pourtant sortis des années après. »

— : Exposition « Fil noir », jusqu’au 25 août à la Maison européenne de la photographie —

61 Folle nuit russe Give Me Liberty d’Anja Kreis, de Kirill ASC (1 h 17) Mikhanovsky, 17 JUIL. Wild Bunch (1 h 51), page 70

Les Moissons Persona Manta Ray du ciel non grata de Phuttiphong de Terrence de Roschdy Zem, Aroonpheng, Malick, Mars Films (1 h 32) Jour2fête (1 h 45), Solaris (1 h 34), page 72 page 16

Her Smell Roads Crawl d’Alex Ross Perry, de Sebastian d’Alexandre Aja, Potemkine Films Schipper, Paramount (2 h 14), Rezo Films (1 h 40) Pictures (1 h 28), pages 18 et 68 page 82

Le Voyage Le Roi lion Daniel Darc de Marta de Jon Favreau, Pieces de Neus Ballús, Walt Disney of my Life New Story (1 h 23), (1 h 58) de Marc Dufaud et page 72 Thierry Villeneuve, UFO (1 h 45), page 82

L’Œuvre Te Ata The Operative sans auteur de Nathan de Yuval Adler, Parties 1 & 2 Frankowski, Le Pacte (1 h 56), de Florian Henckel Jupiter Films page 82 von Donnersmarck, (1 h 41) Diaphana (1 h 31) et (1 h 39), page 82

Yuli Wild Rose Factory d’Icíar Bollaín, de Tom Harper, de Yuri Bykov, ARP Sélection SND (1 h 41) KinoVista / (1 h 50), Bac Films (1 h 49), page 82 page 84

100 kilos Wonderland d’étoiles Le royaume de Marie-Sophie sans pluie Chambon, de Keiichi Hara, Bac Films (1 h 28) 24 JUIL. Art House (1 h 55), page 90

Le Coup Donnie Darko 303 du siècle de Richard Kelly, de Hans de Chris Addison, Carlotta Films Weingartner, Universal Pictures (1 h 53 | 2 h 14 pour Wayna Pitch (2 h) (1 h 34) le director’s cut), page 46 Ils reviennent… Comme Nomades d’Issa López, des bêtes 2 d’Olivier Karmafilms de Chris Renaud Coussemacq, (1 h 23) et Jonathan Local Films Del Val, (1 h 27), Universal Pictures page 84 (1 h 26)

La Source Mon frère C’est quoi de Rodolphe de Julien cette mamie ?! Lauga, Abraham, de Gabriel Apollo Films Bac Films (1 h 36) Julien-Laferrière, (1 h 45) UGC (1 h 39)

Promare Fast & Furious de Hiroyuki Hobbs & Shaw Imaishi, de David Leitch, Eurozoom (1 h 51) Universal Pictures 31 JUIL. (N. C.)

Midsommar Rétrospective Playmobil d’Ari Aster, Kenji Mizoguchi Le film Metropolitant Les Bookmakers / de Lino DiSalvo, FilmExport Capricci Films Pathé (1 h 43) (2 h 27), page 66

Halte Rêves de de Lav Diaz, jeunesse ARP Sélection d’Alain Raoust, (4 h 36), Shellac (1 h 32) page 74 14 AOÛT

Ricordi? Perdrix de Valerio Mieli, d’Erwan Le Duc, Le Pacte (1 h 51), Pyramide (1 h 39), page 74 7 AOÛT pages 14 et 78

Diego Maradona Une grande fille Once Upon d’Asif Kapadia, de Kantemir a Time… Mars Films Balagov, in Hollywood (2 h 10), ARP Sélection de Quentin page 76 (2 h 17), Tarantino, page 76 Sony Pictures (2 h 42), page 50

Les Faussaires Nevers Grow Old Le Mystère de Manhattan d’Ivan Kavanagh, des pingouins de Marielle Heller, Rezo Films de Hiroyasu Condor (1 h 47), (1 h 40), Ishida, page 84 page 84 Wild Bunch (1 h 48), page 78 L’Intouchable Le Déserteur Scary Stories Harvey de Maxime Giroux, d’André Øvredal, Weinstein Ligne 7 (1 h 34), Metropolitant d’Ursula page 86 FilmExport (N. C.) Macfarlane, Le Pacte (1 h 39), page 80

Je promets Late Night d’être sage de Nisha Ganatra, de Ronan Le Page, ARP Sélection Apollo Films (1 h 42), (1 h 32), page 86 28 AOÛT page 84

Dora et Ma famille Vif-Argent la cité perdue et le loup de Stéphane de James Bobin, d’Adrià Garcia, Batut, Paramount Apollo Films Les Films Pictures (N. C.) (1 h 20), du Losange page 86 (1 h 44), pages 24 et 86

Le Gangster, Thalasso Une fille facile le Flic et de Guillaume de Rebecca l’Assassin Nicloux, Zlotowski, de Lee Won-tae, Wild Bunch Ad Vitam (1 h 31), Metropolitan (1 h 33), page 26 FilmExport (1 h 49) page 86

Nuits magiques A Dog’s Journey Frankie de Paolo Virzì, de Gail Mancuso, d’Ira Sachs Bac Films (2 h 05) Universal Pictures SBS (1 h 38) (1 h 48) page 44

L’Affaire La Vie scolaire Pasolini de Grand de David Grieco, Corps Malade 2iFilms (1 h 53) et Mehdi Idir, 21 AOÛT Gaumont (N. C.), page 88

Roubaix Les Baronnes La Chute Une lumière d’Andrea Berloff, du président d’Arnaud Warner Bros. de Ric Roman Desplechin, (N. C.) Waugh, Le Pacte (1 h 59), SND (N. C.) page 38

Hauts Perchés Reza L’œuf dure d’Olivier Ducastel d’Alireza de Rémi Lange, et Jacques Motamedi, Destiny Films Martineau, Norte (1 h 34) (1 h 53) Épicentre Films (1 h 30), page 80

ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE

MIDSOMMAR

Un couple états-unien en crise tableau idyllique. De gentils touristes et leurs amis sont conviés à une Un américains curieux de découvrir les traditions anciennes de la Suède. Une célébration païenne qui n’a lieu communauté aux habits éclatants qui qu’une fois tous les quatre-vingt-dix les accueille chaleureusement dans un paysage lumineux et fleuri. Des cérémonies ans dans un village suédois reculé… panthéistes qui prêchent la communion Après le stupéfiant Hérédité, entre l’humain et les émanations de la nature. C’est effrayant. Avant tout parce Ari Aster confirme son statut de que Dani (Florence Pugh et son étrange nouveau maître de l’horreur avec ce sourire à l’envers) se sent gênante. Elle est venue ici chercher un refuge émotionnel film en transe qui installe le mal au après la mort soudaine de toute sa famille. cœur de la plus parfaite harmonie Mais, avant même leur départ, son copain Christian (Jack Reynor), peu attentionné, – et nous prend par surprise en et ses acolytes lui font comprendre qu’elle explorant d’un ton grinçant la est en trop dans leur boys club. Et, une fois en Suède, face à la tribu Hårga (une violence qui consiste à exotiser peuplade fictive du nord de la Suède) très des cultures différentes. démonstrative dans la bienveillance, Dani sent bien que celle-ci prépare un rituel pas net. Ce sentiment de ne pas être la bienvenue l’isole et la sauve en même temps. Contrairement à elle, ses compagnons de route n’ont pas l’air de comprendre qu’ils sont si bien accueillis parce qu’ils sont des proies. Pourtant, la mise en scène d’Ari Aster, en apparence chatoyante et délicate, avec très peu d’ombre, ne cesse de les FILMS

3 QUESTIONS À ARI ASTER © METROPOLITAN

Midsommar est un film de rupture. Le film d’horreur serait-il un genre intimiste ? C’est un genre qui sonde les profondeurs obscures de l’humanité, et c’est effectivement un biais utile pour parler de choses personnelles. Le film d’horreur me force à aller vers l’extrême. Mais je suis surtout fan du mélodrame : il y a ici une intensité dramatique et musicale, un aspect tout à la fois expressionniste et mental que j’essaye de donner à tous mes films. C’est une gamme qui détermine les émotions des héros et me permet de les embarquer ailleurs.

Peut-on voir Hérédité, votre précédent film, et Midsommar comme un diptyque sur la prévenir à coups de silhouettes bizarroïdes transmission ? qui menacent à l’arrière-plan, de fresques Oui, je n’ai pas pensé Midsommar comme une suite de mauvais augure, de fleurs colorées d’Hérédité, mais, en le concevant, j’ai vu des liens qui vénéneuses, d’architecture insensée, de se tissaient entre les deux films. Je vois Midsommar surexpositions qui brûlent la rétine… La comme un conte de fées autant que comme un film séquence en focalisation interne dans d’horreur sur la codépendance, ce qu’on retrouve laquelle Dani prend des champignons dans Hérédité. Mais les deux films partagent surtout hallucinogènes l’indique : la fête va tourner cette réflexion sur la famille, sur ce qu’on en fait, sur la au mauvais trip, et les danses rituelles vont manière dont on vit avec nos origines et comment on se faire mortifères. On pense aux Maîtres s’en éloigne. fous de Jean Rouch (1957), documentaire figurant la transe collective d’une tribu Quelles sont vos influences graphiques pour d’immigrés nigériens installés à Acra au toutes les fresques qui ponctuent le récit ? Ghana dont on ne sait trop si elle est un rituel Lors de mes recherches avec mon chef décorateur de sorcellerie ou bien une représentation Henrik Svensson, originaire de Stockholm, je suis allé parodiant les colonisateurs britanniques. dans le nord de la Suède et on a filmé des maisons Avec leurs manières outrecuidantes (un avec des peintures qui datent de plusieurs siècles. des Américains pisse sur un tronc sacré, Les fresques sur les murs des Hårga sont un hommage l’autre photographie un livre interdit et à ces décorations. On a essayé de s’approprier pose des questions incommodantes sur leur style médiéval pour inventer quelque chose de la prétendue pratique de l’inceste au sein spécifique à ce monde et qui permet d’émailler le récit de la communauté), c’est comme si ces d’éléments prophétiques. dudes venus pour satisfaire leur curiosité anthropologique condescendante s’étaient pris au piège de traditions plus ambiguës — qu’ils ne le pensaient. C’est tout l’art d’Ari : d’Ari Aster, Aster d’aller débusquer l’ombre sous le soleil Metropolitan FilmExport (2 h 27), rasant, là où elle semblait de prime abord sortie le 31 juillet s’être éclipsée. • QUENTIN GROSSET —

67 FILMS HER SMELL

désir d’indépendance chevillé au d’autre choix que de se révéler sans artifice, Le corps, Alex Ross Perry (Queen of malgré les paillettes qui parsèment leurs Earth) livre un film punk qui loue la force visages. Le film navigue dans le chaos et du collectif dans une industrie grignotée fait transpirer la solitude du processus par la course au profit. créatif, mais aussi la quête de liberté qui l’accompagne. En investissant le délire

ZOOM ZOOM ZOOM Meneuse d’un groupe de rock qui tutoya un égotique de son héroïne, le cinéaste vient temps la gloire, Becky Something (Elisabeth à nouveau côtoyer la Nouvelle Vague après Moss), rattrapée par ses nombreuses dérives, Listen Up Philip et Queen of Earth, dans un est sommée de retrouver l’inspiration naturalisme particulièrement percutant après l’annulation d’une tournée en Europe et volubile. Becky, dont le patronyme – « Je ne suis pas finie », lance-t-elle à ses (« quelque chose ») évoque le champ des comparses au début du film. La recherche possibles, réfléchit à la fois à l’indépendance de complétude de cette rock star cramée et au collectif comme salvation. par la drogue se joue en cinq actes tirés • LAURA PERTUY au cordeau, matière assez épaisse pour en extraire son portrait. Chez Alex Ross — Perry, le temps s’égrène comme au théâtre, : d’Alex Ross Perry, en de folles explosions de dialogues et des Potemkine Films (2 h 14), morceaux entiers de musique, autrement sortie le 17 juillet dit en des scènes où les personnages n’ont —

3 QUESTIONS À ALEX ROSS PERRY

Pourquoi avoir choisi l’univers Comment avez-vous appréhendé Envisagez-vous d’enchaîner avec un du rock des nineties ? la notion de temps sur ce film ? film d’une même ampleur ? J’avais essayé de faire un film sur Le fait de passer trois jours dans J’aspire à travailler sur des projets du la musique des années 1960 il y a un studio d’enregistrement pour même acabit que le Suspiria de Luca maintenant quelques années, mais, tourner une scène de 25 minutes Guadagnino, mais c’est un film qui a été au final, l’idée d’ancrer Her Smell où il ne se passe rien, où l’héroïne rendu possible par le succès de Call Me dans une période que j’ai vécue, n’avance pas, c’était faire le pari by Your Name. C’est perturbant de se dont la musique et les stations de de la vérité. Ça m’a permis de dire que c’est impossible de proposer radio me sont familières, m’a paru retranscrire un écoulement réaliste des objets plus longs, étranges, tout en plus cohérente. du processus créatif. gardant son indépendance.

68 «UNE FABLE ÉCOLOGIQUE, DRÔLE ET LUMINEUSE» FRANCE INFO

LE 24 JUILLET FILMS GIVE ME LIBERTY

à la Quinzaine des qui chamboulent tout, les nombreuses Découvert réalisateurs, ce séquences de huis clos…), ce deuxième long de deuxième long métrage fougueux de Kirill Kirill Mikhanovsky – lui-même ambulancier Mikhanovsky (Sonhos de peixe) sur un jeune quand il a débarqué de sa Russie natale aux Américain bienveillant qui transporte en États-Unis – surprend par son rythme fou : sur camionnette des personnes en situation de l’autoroute de sa fiction fiévreuse, pas d’arrêt handicap tient le spectateur en haleine et inutile et, malgré quelques crochets rapides désamorce certains clichés. et toujours savoureux, l’impression d’un long

ZOOM ZOOM ZOOM plan-séquence qui met tout le monde à égalité Milwaukee, dans le Wisconsin. Alors qu’une sans jamais questionner cette évidence. révolte sociale gronde dans cette ville Teinté d’une pointe d’absurde, ce film paumée, Vic, un jeune Américain travaillant brut de décoffrage dévoile surtout la force dans une société assurant le transport de indéboulonnable de citoyens marginalisés, personnes en fauteuils roulants, fait tout tout en échappant aux lectures politiques pour se dédoubler : à bord de son van, il simplistes. Arrivés à destination, on se dit doit s’arranger pour déposer ses clients qu’il serait impossible de cloisonner ce film (notamment une jeune femme qui doit se d’une liberté rare. • JOSÉPHINE LEROY rendre à un concours de chant et Tracy, une jeune Afro-Américaine, qui a prévu — de s’installer chez son copain instable) et : de Kirill Mikhanovsky, accompagner son papi russe et ses amis Wild Bunch (1 h 51), aux funérailles d’une vieille tante. Fidèle à sortie le 24 juillet certains codes du road movie (les imprévus —

3 QUESTIONS À KIRILL MIKHANOVSKY

Le climat politique actuel aux Le rythme du film est très particulier, Pourquoi avoir choisi le noir et États-Unis vous a-t-il poussé à l’atmosphère, pleine de tensions. blanc pour la brillante et intense défendre la diversité ? À quoi est-ce dû ? scène de manifestation ? Non, ce n’est pas un film politique, Aux difficultés qu’on a rencontrées C’est un parti pris esthétique. Je je n’ai pas voulu faire passer un pour financer le film, aux conditions voulais que la scène contienne message. Mon passé, mon histoire de tournage, au fait aussi que les moins d’informations, qu’elle soit m’ont naturellement ouvert aux autres. acteurs sont pour la plupart des plus viscérale, dépouillée. Malgré la Le van a simplement permis de créer non-professionnels. Tous ces obstacles manifestation, ça resserre l’attention une connexion singulière entre des ont façonné le rythme du film et nous sur les héros. C’est eux contre le gens isolés socialement. ont obligés à être plus inventifs. reste du monde.

70 AU CINÉMA LE 14 AOÛT

JPDES-MK2-3couleurs-pleinepage-BAT.indd 1 24/06/2019 14:41 FILMS LE VOYAGE DE MARTA — : de Neus Ballús, New Story (1 h 23), sortie le 17 juillet —

la veille de ses 18 ans, Marta (étonnante Elena Andrada) accepte de passer des vacances À au Sénégal avec son petit frère et son père (génial Sergi López), qui travaille dans une agence de tourisme et qu’elle voit rarement. Dans le club-hôtel choisi par ce dernier et peuplé de touristes principalement européens qui bullent autour de la piscine, sirotent des cocktails ou jouent au ping-pong, elle s’ennuie… Dans ce récit familial intimiste, qui prend peu à peu une couleur plus politique, l’Espagnole Neus Ballús – qui signe ici son premier long métrage de fiction – nous fait sentir avec une belle intensité le désir épidermique des ados de se libérer de l’autorité des parents. Elle donne bien vite une autre ampleur au récit en faisant dévier la trajectoire de Marta, qui se retrouve par hasard aux côtés d’employés sénégalais de ce club-hôtel, desquels elle se rapproche. Par un dispositif malin, Neus Ballús intègre dans son film les rushs du caméscope de Khouma, le photographe de l’hôtel, qui capture les ridicules divertissements proposés à ces touristes friands d’exotisme. Des images qui questionnent en profondeur notre regard sur l’Afrique à l’ère du postcolonialisme. • JOSÉPHINE LEROY

ZOOM ZOOM ZOOM MANTA RAY — : de Phuttiphong Aroonpheng, Jour2fête (1 h 45), sortie le 24 juillet —

esthétique, invitation au voyage intérieur : le premier long métrage de Phuttiphong Choc Aroonpheng évoque l’œuvre d’Apichatpong Weerasethakul. Devant Manta Ray, sa forêt envoûtante et sa rivière en forme de barrière, il y a comme une langueur qui nous frappe, une hypnose qui s’accroît à mesure que l’intrigue s’amincit. Ici un pêcheur thaïlandais recueille un homme blessé dans les bois puis disparaît sans raison, prélude d’un chassé-croisé qui voit le rescapé mutique prendre la place du sauveur… Si l’on peut lire ce destin cahoteux comme l’allégorie de la souffrance des Rohingyas (minorité musulmane persécutée en Birmanie et contrainte de s’exiler vers les pays limitrophes), le cinéaste thaïlandais ouvre assez de brèches oniriques dans le récit pour écarter toute réponse évidente. Refuge ou lieu de perdition (notamment lors de scènes nocturnes de traques hallucinées), la forêt est surtout un labyrinthe mental dans lequel s’égarent nos songes. C’est grâce au montage de Lee Chatametikool, déjà à l’œuvre sur Tropical Malady et Cemetery of Splendour de Weerasethakul, que les repères temporels deviennent flous et que chaque plan se fait rêverie étirée. • OLIVIER MARLAS

72

FILMS HALTE — : de Lav Diaz, ARP Sélection (4 h 36), sortie le 31 juillet —

retour avec un nouveau film défiant les standards de la narration cinématographique, De le prolifique Philippin Lav Diaz (Norte. La fin de l’histoire, La Femme qui est partie) a présenté à la dernière Quinzaine des réalisateurs cette dystopie apocalyptique en noir et blanc, étirée sur quatre heures et demie. Si ce programme peut en faire fuir plus d’un, le cinéaste fait pourtant, comme souvent, des miracles. Nous propulsant en 2034, il imagine son pays littéralement plongé dans la nuit, gouverné par un fasciste mégalo qu’il caricature sans retenue – l’ombre du Dictateur de Charlie Chaplin plane, mais c’est surtout une puissante charge contre le gouvernement philippin actuel, dirigé par le populiste Rodrigo Duterte. Le cinéaste nous ballotte entre absurdités et visions noires ultra réalistes – il filme, en plans fixes, la déglingue écolo et politique de son pays, menacé par des pluies torrentielles et par les coups de feu des militaires. « Les Philippins ne veulent pas se souvenir », fait dire Diaz à l’un de ses personnages, comme pour mieux renvoyer au présent et entourer son film entêtant d’une aura tragiquement prophétique. • JOSÉPHINE LEROY

ZOOM ZOOM ZOOM RICORDI? — : de Valerio Mieli, Le Pacte (1 h 51), sortie le 31 juillet —

le couple comme un empilement de souvenirs, c’est le beau parti Envisager pris de ce film italien qui nous incite à fouiller dans nos mémoires… mais également à nous en méfier. L’entreprise de Valerio Mieli (Dix hivers à Venise) est ambitieuse : raconter une relation amoureuse en explorant les mondes intérieurs d’une femme et d’un homme sans jamais filmer la réalité objective. Deux visions s’opposent : si elle a tendance à magnifier les événements du passé, lui n’en retient que leurs fantômes. Une divergence de points de vue qui permet à Ricordi? de déployer son onirisme gorgé de mélancolie et d’inquiétude. Le cinéaste mène un travail intelligent sur les couleurs (froides pour lui, chaudes pour elle), jouant d’abord sur l’opposition des deux regards avant de filmer leur fusion progressive et tumultueuse. Ricordi? invite à réinterroger ses propres histoires de couples, à distinguer le réel du fantasmé. Que peut-on espérer d’une relation basée sur des lambeaux de souvenirs ? Même lorsqu’il filme la chaleur estivale de l’Italie, Valerio Mieli parvient à donner la chair de poule. • THOMAS MESSIAS

74 ©CARACTÈRES MUSIQUE VIKTORIA MIROSHNICHENKO VASILISA PERELYGINA ANDREY BYKOVIGORSHIROKOVKONSTANTIN BALAKIREV KSENIAKUTEPOVA OLGADRAGUNOVA TIMOFEY GLAZKOV EVGUENIGALPERINE PRODUCTEUR ÉXÉCUTIF UN FILMDEKANTEMIRBALAGOV NATALIA GORINA

SCÉNARIO KANTEMIRBALAGOV ALEXANDER TEREKHOV ALEXANDER RODNYANSKY PRODUCTEURS ASSOCIÉS ELLENRODNYANSKI MICHELMERKT 7 AOÛT ET SERGEYMELKUMOV IMAGE KSENIASEREDA PRÉSENTENT MONTAGE UNEGRANDEFILLE IGORLITONINSKIY PRODUIT PAR

SERGEYMELKUMOV ALEXANDER RODNYANSKY DÉCORS UN FILM DE SERGEYIVANOV

KANTEMIRBALAGOV COSTUMES OLGASMIRNOVA RÉALISÉ PAR KANTEMIRBALAGOV FILMS DIEGO MARADONA — : d’Asif Kapadia, Mars Films (2 h 10), sortie le 31 juillet —

vivante, footballeur de génie, idole déchue… Diego Maradona avait déjà Légende inspiré un film à Emir Kusturica (Maradona) en 2008, mais Asif Kapadia, auteur de remarquables documentaires sur les trajectoires brisées d’Ayrton Senna (Senna, 2011) et d’Amy Winehouse (Amy, 2015, Oscar du meilleur docu), concentre ici son regard sur les années napolitaines du joueur argentin. Une intense période qui démarre en 1984 lorsque, à la surprise générale, el Pibe de Oro (« le gamin en or ») rejoint le peu couru club italien. Hissant sa nouvelle équipe au sommet, Maradona se heurtera pourtant à de nombreux démons (addiction à la drogue, fréquentation de la mafia, refus de reconnaître un enfant né d’une relation extraconjugale). Ayant eu accès à cinq cents heures d’images d’archives inédites, Kapadia sublime cette épopée aussi sportivement glorieuse qu’intimement éprouvante ; après un générique survitaminé dont le synthétiseur rappelle l’introduction du Scarface de Brian De Palma, le cinéaste manie avec brio des émotions contraires qui transforment une houleuse aventure personnelle en une déchirante tragédie universelle. • DAMIEN LEBLANC

ZOOM ZOOM UNE GRANDE FILLE — : de Kantemir Balagov, ARP Sélection (2 h 17), sortie le 7 août —

1945, dans une ville de Leningrad dévastée et qui sort à peine de la guerre, deux En jeunes femmes chargées de soigner des victimes du conflit essaient de reprendre goût à la vie. L’une est régulièrement atteinte de crises nerveuses qui la paralysent et l’empêchent de respirer ; l’autre, qui a vu l’enfer du front, est devenue stérile. Ensemble, elles vont affronter l’adversité, les traumatismes et les situations imprévues… Moins de dix-huit mois après Tesnota. Une vie à l’étroit, le jeune prodige russe Kantemir Balagov (28 ans cet été) s’inspire de La guerre n’a pas un visage de femme de l’écrivaine biélorusse Svetlana Aleksievitch et met en scène un environnement dont les couleurs chatoyantes ne peuvent dissimuler la violence subie par des corps féminins qui ont payé un terrible tribut durant le conflit armé. Porté par deux sidérantes actrices (Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina), le film s’avère souvent asphyxiant mais réussit à porter haut l’idée, forte et tangible, qu’il est tout aussi éreintant de lutter pour réapprendre à vivre qu’il fut douloureux de braver la mort et la fureur guerrière. • DAMIEN LEBLANC

76 “UN FILM QUI REGORGE D’AMOUR”LES INROCKS

AUSTEN & MIKHANOVSKY présentent

LE PETIT BIJOU DE

UN FILM DE KIRILL MIKHANOVSKY

une production GIVE ME LIBERTY Mfg. en association avec FLUX CAPACITOR STUDIOS BRIMSTAGE FILM FUND GREEN STREET FILM Co. THE SPACE PROGRAM SOTA CINEMA GROUP “GIVE ME LIBERTY” avec CHRIS GALUST LAUREN “LOLO” SPENCER MAXIM STOYANOV et avec JAMES WATSON STEVE WOLSKI MICHELLE CASPAR BEN DERFEL ZOYA MAKHLINA DARYA EKAMASOVA SHERYL SIMS-DANIELS ARKADY BASIN ANNA MALTOVA DOROTHY REYNOLDS costumes KATE GRUBE décors BART MAGRUM son JEREMY MAZZA design son VINCENT HAZARD mix son JULIEN PEREZ image WYATT GARFIELD producteurs exécutifs GUS DEARDOFF BRIAN FENWICK OLEG KOKHAN ALEKSEY MAKUKHIN DAVID STAMM RYAN ZACARIAS BENH ZEITLIN ERIC WAGNER ALEX WITHERILL et BRIGHT STAR WISCONSIN producteurs VAL ABEL WALLY HALL MICHAEL MANASSERI GEORGE RUSH SERGEI SHTERN MIKHANOVSKY produit par AUSTEN scénario de AUSTEN & MIKHANOVSKY montage+réalisation par MIKHANOVSKY 2019 © GIVE ME LIBERTY THE MOVIE, LLC FILMS LE MYSTÈRE DES PINGOUINS — : de Hiroyasu Ishida, Wild Bunch (1 h 48), sortie le 14 août —

des dizaines de pingouins et un mystérieux vortex apparaissent sans raison, Quand le quotidien de la petite ville nippone où vit Aoyama, 10 ans, est bouleversé à jamais. Associant conte bucolique, comédie burlesque et film d’aventure, quelque part entre Les Goonies, Hayao Miyazaki et Mamoru Hosoda, Le Mystère des pingouins trouve matière à revitaliser ce cinéma d’animation japonais peuplé d’univers magiques et autres animaux fantastiques. Si Aoyama tente de percer le secret des pingouins puis de l’étrange portail qui s’est ouvert, le principal n’est pas là. Derrière ses péripéties épiques, sur fond d’inframonde menaçant le sort de toute l’humanité, c’est un touchant récit d’amitié et d’apprentissage qui, peu à peu, se met en place. En plus de conjurer le sort qui malmène sa région, Aoyama se rapproche de ses amis comme de ses ennemis, jusqu’à faire l’expérience, aux côtés d’une assistante dentaire dont il s’est épris, d’une vie d’adulte qu’il pense déjà pouvoir mener du haut de sa dizaine d’années. Le jeune surdoué en retiendra une chose : tout vient à point à qui sait attendre. • CORENTIN LÊ

ZOOM ZOOM ZOOM PERDRIX — : d’Erwan Le Duc, Pyramide (1 h 39), sortie le 14 août —

un commissariat vosgien, le gendarme Pierre Perdrix (Swann Arlaud, voir p. 14) Dans s’ennuie, entre sa famille charmante mais un chouïa collante et ses collègues paresseux. Jusqu’au jour où il voit débarquer, en même temps que des naturistes radicaux, une certaine Juliette Webb (hilarante Maud Wyler), jeune femme obsessionnelle qui vient dynamiter son quotidien… Présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année, ce premier long métrage épate d’abord par son dynamisme, offrant à travers sa galerie de personnages perchés une belle choralité burlesque – la famille Perdrix, qui vit encore sous un même toit, rappelle beaucoup La Famille Tenenbaum de Wes Anderson, avec une Fanny Ardant géniale en maman poule prodiguant de sa voix langoureuse des conseils amoureux dans une émission de radio kitsch que personne n’écoute et un Nicolas Maury en fiston, spécialiste des vers de terre et père divorcé à côté de la plaque. Mais c’est dans la relation des êtres à l’espace qu’Erwan Le Duc excelle. En incorporant progressivement dans ce paysage bucolique la mélancolie de ses personnages, le film atteint, en même temps qu’eux, une subtile harmonie. • JOSÉPHINE LEROY

78 SORTIE LE 21 AOÛT

MFELL-MK2-3couleurs-pleinepage-BAT.indd 1 18/06/2019 18:25 FILMS L’INTOUCHABLE. HARVEY WEINSTEIN — : d’Ursula Macfarlane, Le Pacte (1 h 39), sortie le 14 août —

an et demi après l’éclatement de l’affaire Harvey Weinstein, la Britannique Ursula Un Macfarlane revient, dans un documentaire brillant et subtil, sur cet événement qui a soulevé une vague d’indignation mondiale. Pour aborder cet épineux sujet, elle a rassemblé les témoignages glaçants de victimes, de témoins, de collaborateurs et de journalistes (notamment Ronan Farrow, qui a signé l’enquête du New Yorker ayant révélé les agissements du producteur) qui brossent le portrait d’un homme asocial, menaçant et avide de pouvoir. Elle dévoile la perversité du personnage, comme celle du système hollywoodien qui, obéissant à la loi du silence, a fermé les yeux sur les nombreux cas de viols et de harcèlements sexuels pourtant portés à sa connaissance. Dans cette ambiance nimbée de mystère, proche de celle du film noir – dès l’ouverture, la caméra longe lentement des palmiers californiens ensoleillés par-dessous, alors qu’on entend en voix off l’annonce de l’éclatement de l’affaire –, on pense beaucoup au livre Hollywood Babylone de Kenneth Anger, sur le Hollywood sombre et tordu de l’âge d’or, qu’on espère maintenant définitivement révolu. • JOSÉPHINE LEROY

ZOOM ZOOM HAUTS PERCHÉS — : d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Épicentre Films (1 h 30), sortie le 21 août —

l’embrasé Théo et Hugo dans le même bateau (2016), Olivier Ducastel et Jacques Après Martineau proposent un huis clos aux airs de Cluedo intimiste. Une femme et quatre hommes sont réunis dans un appartement par leur ex commun. Ils ne se connaissent pas et savent juste que celui-ci se cache dans une chambre attenante : au fil de la soirée, chacun ira se confronter à lui. En attendant, les convives démêlent les fils de leur relation houleuse avec cet homme ; ils esquissent le portrait d’un séducteur manipulateur… La bonne idée des cinéastes est de ne pas nous dévoiler ce qui se déroule dans cette fameuse pièce : comme un point aveugle qui incarne l’incertitude propre à toute relation amoureuse, celle-ci concentre d’abord toute l’attention. Puis, progressivement, les langues se délient, et on ne porte plus grand intérêt au mystérieux personnage qui s’y trouve. D’abord construit comme une enquête, le récit dévie vers le pur plaisir de la conversation cathartique. À la fin, on constate, le sourire aux lèvres, que, s’il essaye encore de s’agiter vainement avec son piteux stratagème, cet ex relou s’est déjà dissipé dans notre souvenir. • QUENTIN GROSSET

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LES FAUSSAIRES-TROIS COULEURS-170x285.indd 1 04/07/2019 12:42 FILMS

L’ŒUVRE SANS AUTEUR. PARTIES 1 & 2 Dans la RDA des années 1940, Kurt rencontre Ellie (Paula Beer) dans son école d’art. Leur amour grandissant et leur soif de liberté les poussent à passer à l’Ouest… Nommée à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur film étranger en hiver dernier, cette fresque émotionnelle est une formidable réflexion sur les souvenirs et sur leur perception à travers l’art. • Q. B.-G. — : de F. H. von Donnersmarck (Diaphana, 1 h 31 et 1 h 39), sortie le 17 juillet

YULI Jouant son propre rôle, Carlos Acosta met en scène un spectacle de danse inspiré de sa vie et se remémore des événements qui l’ont mené des rues de Cuba au Royal Ballet de Londres… La cinéaste Icíar Bollaín signe un biopic ample et ambitieux qui donne à voir les souvenirs épars du célèbre danseur de ballet, à mi-chemin entre fiction et réalité. • C. L. — : d’Icíar Bollaín (ARP Sélection, 1 h 50), sortie le 17 juillet

DANIEL DARC. PIECES OF MY LIFE Marc Dufaud et Thierry Villeneuve retracent la carrière du regretté Daniel Darc, de ses débuts frénétiques dans Taxi Girl aux compositions mystiques de ses dernières années, avec des images d’archives inédites révélant autant sa singularité musicale que sa sensibilité d’écorché vif. Si le film émeut autant, c’est parce qu’on sent qu’il est fait par de proches amis. • Q. G. — : de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve (UFO, 1 h 45), sortie le 24 juillet

CRAWL En Floride, après qu’un ouragan a tout dévasté, des alligators se promènent dans les rues d’une zone pavillonnaire inondée. Hayley (Kaya Scodelario) part à la recherche de son père… Habitué des monstres aquatiques (Piranha 3D), Alexandre Aja a l’art de faire naître la tension avec peu de chose : un animal, une maison, du vent, de la pluie. C’est tout. • Q. G. — : d’Alexandre Aja (Paramount Pictures, 1 h 28), sortie le 24 juillet

THE OPERATIVE À la fin des années 2000, l’Iran, qui cherche à obtenir l’arme nucléaire, est particulièrement surveillé. Une espionne du Mossad (Diane Kruger) s’infiltre à Téhéran pour obtenir des informations, avant de disparaître… Adapté du roman The English Teacher, censuré en Israël à sa sortie en 2013, ce thriller ultra réaliste questionne le libre arbitre des espions. • Q. B.-G. — : de Yuval Adler (Le Pacte, 1 h 56), sortie le 24 juillet

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FACTORY Près de Moscou, une vieille usine est fermée du jour au lendemain. Quelques ouvriers qui n’ont plus rien à perdre décident de prendre en otage le propriétaire des lieux, un oligarque influent de la région… Ce thriller nocturne sur fond de crise sociale et de précarité des classes populaires résonne implacablement avec l’actualité. • C. L. — : de Yuri Bykov (KinoVista / Bac Films, 1 h 49), sortie le 24 juillet

LES FAUSSAIRES DE MANHATTAN Pour rembourser ses dettes et relancer sa carrière, une biographe monte une arnaque consistant à imiter à la perfection des lettres intimes écrites par des stars et à les revendre. Un don qui intéresse vite le F.B.I… Inspirée d’une histoire vraie, cette comédie dramatique est portée par une Melissa McCarthy méconnaissable et parfaite en galérienne de l’emploi. • Q. B.-G. — : de Marielle Heller (Condor, 1 h 47), sortie le 31 juillet

NEVER GROW OLD Après l’arrivée de malfrats, un charpentier devenu croque-mort (Emile Hirsch) voit sa bourgade plonger dans le chaos. Mais si les cadavres s’amoncellent, le business, lui, est florissant… Ivan Kavanagh fait simple et efficace dans ce western blafard hanté par les spectres fordiens et par l’ambivalence du mythe américain, partagé entre sa soif de morale et de sang. • C. L. — : d’Ivan Kavanagh (Rezo Films, 1 h 40), sortie le 7 août

NOMADES À Tanger, un adolescent envisage de rejoindre ses deux frères aînés, exilés en Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. Pour le dissuader de partir, sa mère, qui l’a élevé seule, l’emmène au sud du pays… Dans ce drame intimiste à la mise en scène appliquée, la crise économique se juxtapose au conflit générationnel qui divise le Maroc et les cercles familiaux. • C. L. — : d’Olivier Coussemacq (Local Films, 1 h 27), sortie le 7 août

JE PROMETS D’ÊTRE SAGE Franck plaque tout : il lâche sa compagnie de théâtre et se reconvertit comme agent de sécurité dans un musée. Alors qu’il pense connaître enfin le calme, il rencontre Sibylle, une collègue misanthrope prête à tout pour le démoraliser… Cette comédie romantique efficace mise tout sur la prestation de ses acteurs (l’énergie de Pio Marmaï, l’insolence de Léa Drucker). • Q. B.-G. — : de Ronan Le Page (Apollo Films, 1 h 32), sortie le 14 août

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LATE NIGHT La présentatrice snob d’un late-night show (Emma Thompson), qui risque de perdre son émission si elle ne récupère pas un bon taux d’audience, embauche une autrice ambitieuse… Comme Présentateur vedette. La légende Ron Burgundy d’Adam McKay, cette comédie entraînante tourne en dérision le monde de la télévision à coups de répliques incisives. • Q. B.-G. — : de Nisha Ganatra (ARP Sélection, 1 h 42), sortie le 21 août

MA FAMILLE ET LE LOUP Hugo, 9 ans, passe les vacances d’été près de Toulon, chez sa grand-mère (Carmen Maura). Alors qu’un loup géant menace de capturer celle-ci, il élabore un plan avec ses cousins pour l’en empêcher… Alternant prises de vue réelles et animation, cette comédie familiale solaire travaille les codes du conte pour enfants, de Perrault au mythe du grand méchant loup. • Q. B.-G. — : d’Adrià Garcia (Apollo Films, 1 h 20), sortie le 21 août

THALASSO Après l’avoir kidnappé (L’Enlèvement de Michel Houellebecq, 2014), Guillaume Nicloux envoie cette fois le romancier en thalasso. Il y rencontre Gérard Depardieu… Dans cette comédie dramatique, les corps sont malmenés, l’étrange toujours prêt à s’immiscer dans les couloirs de l’établissement, et Houellebecq passe avec brio du bougon comique à la figure tragique. • C. L. — : de Guillaume Nicloux (Wild Bunch, 1 h 33), sortie le 21 août

LE DÉSERTEUR Alors que son pays est menacé par une guerre dont on ne sait rien, un Canadien (Martin Dubreuil), imitateur professionnel de Charlie Chaplin, part se réfugier dans l’Ouest américain. Il y rencontre un agent d’acteurs (Reda Kateb) intéressé par ses talents… Ce drame intense, qui mixe absurde beckettien et western américain, se révèle aussi étrange que fascinant. • J. L. — : de Maxime Giroux (Ligne 7, 1 h 34), sortie le 21 août

VIF-ARGENT Chargé d’accompagner des êtres dans l’au-delà, Juste (le jeune Thimothée Robart, tout en retenue, voir p. 24) prend sa mission à cœur. Censé être invisible, il est reconnu par une jeune femme (Judith Chemla) dont il tombe amoureux… Entre film de fantômes minimaliste et tragédie romantique, ce joli drame parisien souligne la puissance des souvenirs. • J. L. — : de Stéphane Batut (Les Films du Losange, 1 h 44), sortie le 28 août

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COUL’ KIDS L’INTERVIEW

GRAND CORPS Qu’est-ce qui vous a inspiré pour ce film ?

Grand Corps Malade : Nos années collège. On en parlait souvent avec Mehdi, on avait pas mal d’anecdotes sur cette période. Mehdi Idir : Et puis on a de nombreux amis MALADE ET ou proches qui sont enseignant ou conseiller principal d’éducation, comme mon cousin, qui a donné son nom au prof de maths du film.

Quel genre d’élève étiez-vous au collège ? M. I. : J’étais un peu comme le personnage MEHDI IDIR de Yannis dans le film : je bavardais beaucoup, Anna, Mathilde, César et Anna je m’ennuyais un peu, en fait. ont entre 15 et 16 ans. Élèves de G. C. M. : Moi c’était un peu moins pire : j’avais de bons résultats, mais je collectionnais les troisième et de seconde, ils ont avertissements de conduite. interviewé le slameur Grand Corps Pour vous, qu’est-ce qu’un parcours Malade et Mehdi Idir, coréalisateurs scolaire réussi ? de La Vie scolaire, leur deuxième G. C. M. : On pense systématiquement à la filière générale et aux grandes écoles, alors qu’un film (après Patients, 2017), qui parcours scolaire réussi devrait correspondre raconte la vie d’un collège de la ville à tes envies. Trop souvent, les filières pro sont vues négativement, alors que si c’est ce que tu de Saint-Denis. désires faire c’est épanouissant. D’ANNA, MATHILDE, CÉSAR ET ANNA

LE DÉBRIEF « On a vu le film une semaine avant l’interview, j’étais pressée de poser mes questions. — On les a interviewés sur la terrasse d’un hôtel plutôt très chic. — Au début, ils étaient un peu tendus ; et pour la séance photo, ils étaient plus intimidés que nous. — Finalement, au bout de deux questions, ils avaient l’air contents de nous rencontrer. C’était super, on a bien discuté ! »

dans le film : une scène d’accident, pour laquelle il a fallu bloquer des rues, et une autre où Yannis part de chez lui à pied pour se rendre au collège. Sur son parcours, il croise beaucoup de personnages : si un acteur se trompe dans son texte ou son déplacement, il faut tout recommencer depuis le début !

À quel moment pensez-vous à la musique de votre film ? M. I. : On y pense en écrivant. Il y a même des scènes qui sont écrites pour les sons qu’on a en tête. Ça permet à la production de demander COUL' KIDS COUL' Si vous étiez ministre de l’Éducation, que l’autorisation d’utiliser ces titres et de tourner feriez-vous ? avec ces musiques. G. C. M. : Je changerais vite de métier ! Plus G. C. M. : En plus des morceaux existants, il y a sérieusement, j’essaierais de lancer une grande aussi une bande originale, qu’Angélo Foley a concertation et je donnerais plus de moyens créée en fonction de notre montage. aux écoles des quartiers en difficulté. Le prof de maths de notre film dit : « Enseigner Où écrivez-vous ? à Saint-Denis, c’est pas comme enseigner G. C. M. : Il n’y a pas de règles… Dans un café, à la ailleurs. » C’est vrai, il y a des particularités, et il terrasse d’une chicha, dans des bureaux. faut investir dans la formation des enseignants. M. I. : En musique ou dans le silence, on s’adapte à notre environnement. Qu’est-ce qui est le plus difficile, dans la réalisation d’un film ? • PROPOS RECUEILLIS PAR ANNA, MATHILDE, CÉSAR ET ANNA M. I. : Tenir sur la longueur. Entre le moment (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE) — PHOTOGRAPHIE : PALOMA PINEDA où l’on a écrit celui-ci et sa sortie, il s’est écoulé deux ans. — : « La Vie scolaire » de Grand Corps Est-ce qu’il y a une scène qui a été Malade et Mehdi Idir (Gaumont), particulièrement compliquée à tourner ? sortie le 28 août,dès 10 ans M. I. : Oui, il y a deux longs plans-séquences —

TOI AUSSI TU AS ENVIE DE RÉALISER UNE INTERVIEW ? DIS-NOUS QUI TU AIMERAIS RENCONTRER EN ÉCRIVANT À [email protected]

89 COUL’ KIDS une aventure comme alors ça, bon… lit tout le temps. En plus, je sais très bien que je ne vivrai jamais devient rien. Et c’est ça, nul, parce que moi j’ai envie de rester au de l’histoire, c’est donc qu’il ne faut pas rester au lit, sinon on des trucs, alors que chez elle elle n’aurait rien appris. morale La qu’aller dans le monde magique aide l’héroïne aide magique qu’aller monde le dans pour les enfants, parce qu’à la fin se ça passe bien. Je crois même film quand le ira Mais guerre. de camion un à ressemble a des choses qui font peur aussi, comme un gros véhicule qui et des personnages encore plus petits que des petits nains. Il y monde magique, avec des gros chats qui parlent comme nous et du coup elle découvre dans un magasin l’entrée vers un ne veut pas avoir de problèmes. Mais sa maman l’oblige àsortir, l’école de ce réalisateurde ce àlasensibilité exacerbée. films, l’état intérieur desonhéroïne. précédents Plusenjouéque ses lieu etchaquerencontre unemétaphore agissentcomme de au merveilleux avec Wonderland, encréant ununivers oùchaque fantastiquesconsonances (MissHokusai),lecinéaste s’essaie personnages. Après lerécit defantômes (Colorful)etlebiopicà se satisfaire de laréalité atteindre pour lavérité deses Depuis AVIS DU PETIT GRAND LE LA CRITIQUEDELÉONORE, 8 ANS LA Wonderland àl’œuvre introduction surtout est unebonne Un étéavec Koo, onsaitqueKeiichi Hara nepeut : elle est toute molle et elle ne veut rien faire, parce qu’elle le temps d’aller du refuse l’héroïne film. début, à Au un monde imaginaire auquel on croit vraiment « à fabriquer une morale et ànous faire visiter Une histoire comme celle de Wonderland WONDERLAND COUL’ KIDO EST CACHÉ 3 FOIS DANS CETTE PAGE… PAGE… CETTE DANS 3 FOIS CACHÉ COUL’ EST KIDO RETROUVER LE SAURAS-TU • JULIEN DUPUY 90 » ? — : — dès 6 ansdès 24 juillet, le sortie (1 h55), House Art Keiichide Hara, Pluie sans Le Royaume «Wonderland.

: elle apprend elle apprend : sert sert » SI VOUS NE DEVEZ VOIR QU’UN SEUL FILM D’ANIMATION CETTE ANNÉE, CE DOIT ÊTRE CELUI-CI

UN FILM DE HIROYASU ISHIDA

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ANS8 OFF CECI N’EST PAS DU CINÉMA

LIGNES

Saccage de Frederik Peeters (2019)

oublie souvent que le grand récit On catastrophiste et mythique de Katsuhiro D’ARRIVÉE Ōtomo, Akira, se déroulait en 2019. Lorsqu’a Juin 2019. La France connaît un débuté la parution de la série manga, en 1982, la projection d’un avenir au milieu des ruines, épisode caniculaire précoce. Est-ce entre effondrement et radiation, guerre et un hasard si, cette année, plusieurs famine, semblait plutôt lointaine. Les récits en bande dessinée publiés par Metal hurlant bandes dessinées ont évoqué, à dans les années 1970, ou les grandes sagas leur manière, le sentiment que la futuristes et galactiques, d’Enki Bilal à Alejandro Jodorowsky en passant par les rêveries de catastrophe écologique se conjugue François Schuiten et de Benoît Peeters dans au présent ? Sous le crayon de Zep, Les Cités obscures et celles de Philippe Druillet et de Mœbius, propulsaient les lecteurs dans de Frederik Peeters ou encore de des visions futuristes destinées à déplacer Renaud Thomas, la réalité dépasse le présent, à le mettre à distance. L’échelle du temps a bien changé depuis. La bande désormais la fiction. dessinée, comme les autres arts, s’imprègne de BD

L’INSTANT DESSINÉ La bande dessinée est un art du collage et de la réappropriation. Pour mieux étendre les temps et donner la sensation d’une catastrophe présente dans laquelle toute notre culture visuelle serait notre ultime mémoire collective, Frederik Peeters multiplie les références aux grands peintres, dessinateurs et cinéastes, en redessinant, au sein de ses planches, des éléments reconnaissables par tous. Renaud Thomas, quant à lui, intensifie la dimension présente de la catastrophe en photographiant (plus de treize mille photos) des paysages urbains, puis en les redessinant, directement, et en les « altérant » pour créer les décors de son récit apocalyptique. Ce faisant, Thomas permet que le lecteur se retrouve face à des paysages qui lui sont familiers et qui, en fin de compte, l’intègrent dans le récit et l’interpellent – puisque ces lieux abandonnés et en ruines sont ceux qui, dans la réalité, nous entourent. • A. G.

ou postapocalyptique, ces œuvres ne mettent pas en question les causes de la « fin », mais directement ses conséquences brutales sur les êtres qui restent et errent sur une planète dévastée. « Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitres entiers. Mais après la fin, aucun livre ne fut plus écrit. » On pouvait lire cette sentence OFF au début de La Terre des fils de Gipi, (2016), qui, comme La Route de Cormac McCarthy dix ans plus tôt en littérature, ouvrait la voie du postapocalyptique de proximité : tout, dans les décors, les références culturelles, les habits et les personnages, nous fait penser que la catastrophe se situe à notre époque. « La fin des temps est, selon moi, inéluctable, elle est pour nous », nous explique Renaud Thomas. Auteur de Zone Z, il a décidé de faire errer ses deux © ÉDITIONS ATRABILE personnages, sans but précis, au milieu des ruines d’une périphérie sans contours. « Avec la l’anxiété ambiante et donne à voir et à penser, catastrophe, je pense à l’urbanisme, à ces zones par des amas de traits et de lignes, que l’avenir sans âme qui ont déjà un goût de fin des temps », doit désormais se dessiner au présent. ajoute-t-il. Construit comme une sorte de conte, le récit donne à voir notre environnement EFFET DE PROXIMITÉ saturé de panneaux publicitaires et de centres Dès ses balbutiements, le neuvième art s’est commerciaux – mais marqué par le désastre. confronté aux récits d’anticipation, aux utopies Cet effet de proximité s’accompagne d’un désir et à la science-fiction. En regard de son histoire, de comprendre et d’insérer de la connaissance on pourrait croire que l’acte du dessin invite dans les récits fictionnels. Dans le surprenant à la projection, à l’envie d’imaginer un monde The End, Zep suit une petite équipe de futur, des créatures nouvelles ou des terres aux scientifiques qui va découvrir que ce sont contours inconnus. Sauf que, rien que cette les arbres qui peuvent réguler la Terre et les année, trois bandes dessinées (Zone Z de êtres vivants. En imaginant que ceux-ci sont Renaud Thomas, The End de Zep et Saccage de responsables d’un empoisonnement massif Frederik Peeters) ont traité de la question de la qui aurait conduit à l’extinction des dinosaures, catastrophe écologique ou de l’effondrement Zep explique la fin prochaine de l’humanité par de la civilisation en considérant qu’elle était le même biais : les arbres nous feraient la peau déjà advenue. Selon une tonalité apocalyptique pour que la Terre survive. Au-delà du

93 SONS © SANJA MARUŠIĆ © RUE DE SÈVRES

The End de Zep (2019)

OFF Dans The End, Zep suit une équipe de scientifiques qui découvre que ce sont les arbres qui peuvent réguler la Terre et les êtres vivants.

récit, extrêmement bien ficelé, Zep dilue spectateur, revivait toutes les catastrophes de réelles intuitions scientifiques et pose des au moment du dernier déluge, celui qui nous questions touchant l’actualité de la recherche, et sera fatal, celui de notre époque. À travers donc notre époque. On retrouve cet entre-deux ces planches magistrales, aux collages et aux dans l’excellent Petit traité d’écologie sauvage références multiples, on voit se dessiner un d’Alessandro Pignocchi (2017-2018) dans lequel nouvel enjeu : celui de la poétique de la ruine l’auteur imagine, à l’inverse de la catastrophe, et de la fin. « C’est la dimension poétique, dans que notre époque aurait enfin pris conscience le désastre, qui m’intéresse avant tout », nous de l’urgence écologique en adoptant la vision confie Renaud Thomas, quand Peeters déclare du monde des Indiens d’Amazonie. Les scènes, que, ce qui le guide, c’est d’orienter ce sujet vers tirant vers l’absurde et habitées par un humour une « dimension poétique, esthétique », même grinçant, donnent à lire les nouveautés qui si le mot ne lui plaît pas. Or, c’est bien cela dont accompagnent la recherche en anthropologie il est question : de sentir la catastrophe, par le tout en restituant l’intensité de la pensée dessin, car, selon Thomas, « le trait participe amérindienne, proche du vivant, et confrontent du désastre ». Peeters ajoute qu’il faut bien notre époque à son aveuglement. chercher « une mise à distance poétique », par une forme de « transe » pour ne pas tomber dans POÉTIQUE DES RUINES la « fascination » et pour « dépasser l’effroi ». La catastrophe ? « Difficile d’éviter un tel sujet Il y a de cela, chez Zep, Peeters ou Thomas, de nos jours ! » sourit le Suisse Frederik Peeters. une volonté d’apprivoiser la catastrophe en La claque de cette année nous vient de son dessinant, en cherchant à trouver, par le trait, somptueux Saccage. Plus de soixante-dix les couleurs, la planche et les rythmes, un dessins pleine page, muets, nous racontant dernier soupçon de beau, pour parvenir à mieux le désastre à l’échelle de l’instant : comme si s’endormir le soir – et nous aider, nous aussi, à la planète, à travers les yeux d’un personnage trouver le sommeil. • ADRIEN GENOUDET

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EXPOS BARBARA PROBST © ADAGP, PARIS, 2019 Exposure # 139, Munich, Nederlingerstrasse 68, 08 . 21 . 18, 5 :13 p. m., 2018

réalisant des prises de vue d’un même sujet selon différents — En angles, la photographe allemande crée d’intrigantes mises en : « The Moment in Space », scène et en regard qui nous invitent à entrer dans l’espace de l’image. jusqu’au 25 août au Bal Qu’il s’agisse de scènes fixes ou en mouvement, que celles-ci réunissent — des personnages (une femme traversant la gare Grand Central à New York) ou des objets (une main gisant paume vers le ciel à côté d’un pied de table, d’une bouteille de verre vide et d’un citron), chaque ensemble d’images de la série Exposure – un terme anglais délibérément polysémique pouvant signifier « exposition » ou « révélation » – relève d’un même protocole qui consiste Une multiplicité de points de OFF à déclencher simultanément plusieurs appareils photographiques disposés vue qui oriente et modifie en différents endroits, offrant ainsi une multiplicité de points de vue qui oriente nécessairement notre lecture. et modifie nécessairement notre lecture, plurielle, de ces fragments de réel. Si telle image peut nous montrer ce que l’on ne peut voir dans telle autre, dévoilant ainsi une forme de contrechamp voire de hors-champ, il en ressort moins une « clairvoyance » qu’une étrangeté qu’amplifient les variations (de distance, de hauteur, de couleur) d’un cliché à un autre. Chaque Exposure est numérotée, laissant apparaître dans sa légende le lieu, le jour et l’heure précis des faits, pour ne pas dire du « crime », tant Barbara Probst se plaît à jouer des ressorts de l’enquête, de l’indice et de l’instant dont il nous revient de recomposer l’épaisseur narrative dans l’espace et dans le temps. • ANNE-LOU VICENTE

FUTURES OF LOVE BRICE DELLSPERGER L’amour est-il soluble dans les algorithmes ? Quintessence du camp, le vidéo-artiste Brice Comment la technologie oriente-t-elle nos Dellsperger tourne depuis les années 1990 des désirs ? En guise de réponse prospective, Body Doubles, remakes de films célèbres dans l’exposition « Futures of Love » réunit des lesquels un comédien transformiste incarne œuvres d’une quarantaine d’artistes du monde tous les rôles. Après s’être attaqué à Żuławski, entier. Installations, vidéos et performances De Palma ou Van Sant, il revisite le film Perfect y interrogent l’avenir de la libido face à de James Bridges. Une déconstruction queer l’avènement de l’intelligence artificielle et du et grinçante du cinéma hétéronormé. • J. B. troisième sexe. • JULIEN BÉCOURT : « Fucking Perfect. Body Double 36 » : « Futures of Love », jusqu’au 8 septembre de Brice Dellsperger, jusqu’au 13 octobre aux Magasins généraux (Pantin) à la villa Arson (Nice)

96 ART COMPRIMÉ Tous les mois, notre chroniqueuse vous offre un concentré des dernières réjouissances du monde de l’art.

Nouvel épisode dans le feuilleton du rachat des grandes maisons de vente aux enchères par des milliardaires français. Après François Pinault (Christie’s) et Bernard Arnault (Phillips), c’est au tour de Patrick Drahi de s’offrir Sotheby’s, pour la bagatelle de 3,7 milliards de dollars. Un moyen pour le magnat franco-israélien des télécommunications et des médias, collectionneur discret mais avisé, d’acquérir un pouvoir d’influence dans le monde entier, estimait un spécialiste dans Le Monde le mois dernier. • Un riche inconnu a quant à lui fait l’acquisition du pistolet avec lequel Vincent Van Gogh se serait suicidé en 1890. Adjugé pour 162 500 euros aux enchères à Drouot à Paris, le 19 juin, ce Lefaucheux de calibre 7 mm, aujourd’hui amplement rouillé, n’a pas atteint le prix du revolver que Paul Verlaine avait utilisé contre Arthur Rimbaud, vendu 434 500 euros en 2016. • En revanche, personne ne semble prêt à débourser 10 000 euros pour un tableau de Pal Sarkozy, père de Nicolas. Mis aux enchères à Nice le 18 mai, Cycle of Life (2008) – un arbre doté d’attributs féminins du meilleur goût – n’a pas trouvé preneur. • Nous vous annoncions dans le numéro 169 de mai que Christo allait emballer l’Arc de triomphe en avril 2020. Il se trouve que ça a été décalé à septembre. Le plasticien américain ne savait pas (comme nous) que des faucons crécerelles venaient couver sur les hauteurs du monument parisien d’avril à août : tout l’amour de l’art ne saurait compliquer la reproduction d’une espèce protégée ! • MARIE FANTOZZI ILLUSTRATION : PABLO GRAND MOURCEL OFF AMOUR GRAND MON En En — : — Paris XIII Paris 166, Tolbiac, de rue jusqu’au 3 août ont toutes le même goût. même le toutes ont larmes les ailleurs, ou ici – car commun pourtant récit un tissent singulières trajectoires les et corps, les dans àlire donne se politique violence la Saïgon, Mon Avec grand amour jouée. est pièce la où ville la dans rencontré amateur comédien àun rôle dernier ce confier de a choisi Nguyen Guiela Caroline scènes, les sur rarement trop que voit ne l’on que et n’entend l’on que personnes des et récits des lumière en mettre de envie bavure mari son quitter de décide femme une à Bruxelles, temps même en lieu ont qui histoires trois ysuivent spectateurs les comité, petit tout En amour, Mon grand aimaginé scène en metteuse la comme un pendant encore plus intimiste, le théâtre contemporain français fait trop souvent l’économie. En dont ce (mélo)drame, du et l’émotion de parti – le surtout – et aussi prenait Saïgon approximatifs, Hommes des compagnie sa avec Hô-Chi-Minh-Ville jusqu’à l’a emmenée qui témoignages de collecte de et recherche de Viêt Nam et la France, sur plusieurs générations. par le prisme familial, une histoire de la colonisation à cheval entre le : à prendre pour aujourd’hui tourne se C’estpersistant. vers Anton Tchekhov qu’elle Henrik Ibsen), elle interrogeait le machisme (d’après poupée de maison Une Avec amoureux. pouvoir de rapports les explorait elle Norén), Démons Avec dernier. siècle du d’interpréter classiques les et de réécrire spécialité une fait s’est Sagazan de Lorraine L’ABSENCE DE PÈRE redéfinir le concept de réussite. de concept le redéfinir de urgent devient il où époque àune sociale, la question de la reconnaissance bras-le-corps u Centquatre(2 h15) au de Caroline de Guiela Nguyen, de Lorraine de Sagazan, Lorraine de 28 juillet 26 au du ; à Paris, un policier est licencié après une une après licencié est policier un ; àParis, avec avec 2017, Caroline Guiela Nguyen bouleversait les festivaliers d’Avignon une petite forme pour un appartement. appartement. un pour forme petite une ; la troisième histoire, elle, n’est pas toujours la même. Fidèle à son àson Fidèle même. la toujours pas n’est elle, histoire, troisième ; la l’espace quotidien devient la chambre d’écho du bruit du monde, monde, du bruit du d’écho chambre la devient quotidien l’espace e Saïgon, (1 h) grande fresque de 3 • AÏNHOA JEAN-CALMETTES SPECTACLES • (d’après Lars A. J.-C.

h

: : 45 s’attachant45 à redessiner, 98 Issu d’un long processus processus long d’un Issu d’écho dubruitmonde. devient lachambre L’espace quotidien : jour-là. ce l’a saisie qui émotion profonde la àpartager et à retrouver produit s’est qui ce rejouer de même ni pas, ces reproduire de question pas danseurs, huit ses et Rizzo Christian improviser une danse folklorique. Pour pour scène la sur surgissent hommes des spectacle, àun assiste chorégraphe le que alors ans, dix de plus désormais ya il ÀIstanbul, souvenir. d’un vient création cette de l’envie l’indique, titre son Comme D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE au lycée Jacques-Decour (1 lycéeau Jacques-Decour de Christian Rizzo,de 31 juillet du 3 août au comme dans

parallèle,

• A. J.-C. : plutôt de chercher chercher de : plutôt h)

© JEAN-LOUIS FERNANDEZ Back Side MK2 85x285 09 Print Vecto.indd 1 04/07/2019 12:34 RESTOS DU NEUF SOUS LE SOLEIL Et si on profitait du (relatif) calme de l’été parisien pour découvrir de nouvelles adresses sans se presser ? Au programme : Fleur de Pavé et sa cuisine chaleureuse, Adar et ses assiettes ensoleillées, Augustin Marchand d’vins et ses planches canailles. © STÉPHANE MÉJANÈS FLEUR DE PAVÉ Il manquait au paysage gastronomique parisien. Fin 2017, il avait cédé Itinéraires, le restaurant OFF étoilé qu’il tenait avec Sarah, son épouse et associée (et directrice de salle hors pair, et sommelière surdouée). Juin 2019, Sylvain Sendra est revenu (presque) seul. Sarah s’est occupée de la déco et des arts de la table (magnifiques assiettes, verres et accessoires soufflés à la bouche par l’Atelier George), mais « c’est le restaurant de Sylvain », insiste celle-ci, qui voguera bientôt vers d’autres projets. Dans l’ancienne Mémère Paulette, on se plonge dans le Paris 1920 de Picasso et de Foujita : carrelage noir et blanc, verrières, tables noires, mobilier vintage. Comptoir sur cuisine ouverte, alcôve pour six ou huit personnes ou tables classiques, on choisit son ambiance pour une balade très végétale. Élève de Sarah, Maxime Courvoisier tient la salle et la cave tout en sourire. La carte des vins regorge de pépites à bon prix (savoie altesse d’Antoine Petitprez, 59 €). Dans les assiettes, techniques et spontanées, l’inspiration vient de l’enfance lyonnaise du chef, de ses ascendances italiennes et algériennes. Marqué aussi par un récent séjour de quatre mois au Liban, il envoie un fondant carré d’agneau de Lozère, ravioles ricotta-menthe, condiments zaatar-sumac, et LE meilleur dessert de l’année (pour votre serviteur), fraises gariguette, cremeux de lait comme un ashta, miel-fleur d’oranger. Sans oublier la salade du jardin d’Asafumi Yamashita, parmesan et praliné. Menus : 45 €, 65 € ou 95 € (113 € accords mets-vins). • STÉPHANE MÉJANÈS : 5, rue Paul-Lelong, Paris IIe

ADAR AUGUSTIN MARCHAND D’VINS Adar, c’est le sixième mois du calendrier Artiste, auteur, journaliste, Augustin Marchand hébraïque, entre mars et avril, celui qui porte (pseudo) a ouvert en mai son bar à vin bonheur. C’est sous ce signe que Tamir façon cénacle. Vins vivants, jura en majesté Nahmias se lance en solo. Petites assiettes et (Les Lumachelles, domaine des Cavarodes, traiteur, on découvre une cuisine israélienne 34 € sur table), rillettes pur canard (15 €), pleine de saveurs : labné, poulet aux artichauts, burrata (17 €), assiettes selon la saison, caillette babka noisettes, jus de grenade (4,90 €). ardéchoise maison, par exemple (20 €), fraises, Menu : 20 €. Assiettes à partir de 5 €. • S. M. rhubarbe et crème de jersiaise (9 €). • S. M. : 49, passage des Panoramas, Paris IIe : 26, rue des Grands-Augustins, Paris VIe

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— : le 24 août à Rock en Seine — © FLORENT MUSET

les lumières s’éteignent, c’est du 404Billy : le rappeur Quand de Villiers-le-Bel brille par sa capacité à broyer du noir avec brio. Sur la vingtaine de pistes que recèlent Hostile (2018) et Process (2019), ses deux prometteuses premières mixtapes, il déploie un art essentiellement nocturne, dans lequel des flashs violents (« Quand j’coupe des têtes, les oiseaux s’envolent ») jouent le rôle de lampe torche. « Sombre univers, ciel orageux », voici le mantra du MC de 24 ans, dont le flow lapidaire a la fluidité froide et implacable d’un plan-séquence de polar new-yorkais en noir et blanc. Pour la zumba et la musique de club, on repassera. Hors des modes et conscient Le rappeur désenchanté détonne de cette image d’animal à sang OFF froid qu’il dégage depuis la sortie dans un rap game français dopé de son glaçant clip « Le kid est à la pop ensoleillée. mort » (« Mes djinns sont mes ghostwriters, me poursuivent pour droit d’auteur »), 404Billy laisse parfois se craqueler l’armure pour parler de ses blessures intimes (absence d’un père gangster, séparation d’avec la mère de ses enfants). Il sait aussi se moquer de lui-même sur le single « Sombre fan », captant avec malice la voix exigeante de son public dans un habile tour de passe-passe. Plus kickeur macabre que chanteur de Macarena, « autant puriste que futuriste », le rappeur désenchanté détonne dans un rap game français dopé à la pop ensoleillée. C’est sans doute cette intransigeance qui a conduit Damso à poser avec lui sur l’imparable « RVRE » et à l’inviter sur sa dernière tournée. Le kid est mort, vive 404Billy. • ÉRIC VERNAY

KING PRINCESS KOKOROKO La nouvelle icône queer, c’est elle. Signée Shabaka Hutchings, Nubya Garcia, Kamaal par Mark Ronson, la très jeune New-Yorkaise Williams... l’excitante scène underground a charmé la pop US en un unique EP (Make londonienne réinvente le jazz, portée par une My Bed, 2018). La faute à sa nonchalance communauté de kids décomplexés. Dernière enjôleuse, à ses clips en forme de vignettes pépite en date : le collectif Kokoroko, mené vintage léchées et à ses titres sacrément bien par la trompettiste Sheila Maurice-Grey et roulés qui jonglent entre identité et intimité révélé avec l’ultra smooth « Abusey Junction » pour raconter sans fard et avec un humour (compilation We Out Here, 2018), dont la irrésistible (« Pussy Is God ») l’amour, le sexe fusion magique entre afrobeat, highlife, soul et (« Talia ») et l’empowerment entre filles. Loud pulsations urbaines impose sa grâce groovy et and proud. • ETAÏNN ZWER chaleureuse. Jazz alive ! • E. Z. : le 23 août à Rock en Seine : le 3 septembre à Jazz à La Villette

102 Grande Halle de la Villette 50 artistes - 4 scènes - 3 jours de fête Jeudi 31 octobre by : Skepta - Mura Masa - Hamza Zola - Ateyaba Celeste - Duendita - Ezra Collective Flohio - Kojey Radical - Master Peace slowthai - The Comet is Coming Yussef Dayes…

Vendredi 1er novembre : Chromatics - Belle & Sebastian Primal Scream - Weyes Blood Barrie - Briston Maroney - Chai - Desire Drugdealer - Helado Negro - In Mirrors Jackie Mendoza - Nilüfer Yanya Orville Peck - Sheer Mag - Squid…

Samedi 2 novembre : The 1975 - Charli XCX 2manydjs (dj set) Aurora - SebastiAn Aeris Roves - Jamila Woods Jessica Pratt - Kedr Livanskiy Korantemaa - Scène Konbini…

Tickets sur pitchforkmusicfestival.fr #P4Kparis PLANS COUL’ À GAGNER JEAN DUBUFFET EXPO

— : « Jean Dubuffet. Un barbare en Europe », jusqu’au 2 septembre au Mucem (Marseille) — © D. R. Jean Dubuffet, Affluence, 1961 été, rendez-vous à Marseille pour tout parcours de cette exposition, riche de près Cet savoir du peintre et sculpteur français de trois cents pièces, objets et documents Jean Dubuffet, polémiste ayant revigoré dévoilant une partie de la conception de ses l’avant-garde artistique européenne à la fin œuvres, s’articule en trois sections. De ses de la Seconde Guerre mondiale après avoir figures fantasmatiques à sa critique de l’art questionné les représentations picturales par en passant par sa période ethnographique et la mise en avant de la folie et des marginaux. par l’éclosion de la notion d’art brut, le Mucem Mettre à nu des corps entassés dans des vient tisser le fil qui l’a mené de la célébration compositions déstructurées, à l’époque jugées de « l’homme du commun » (celui plus banal barbares, comme dans son Affluence (1961) que beau) à celle d’un relativisme absolu dans ou son célèbre Ontogénèse (1975), Dubuffet lequel l’ensemble des formes et des figures s’y est attelé durant presque quarante ans. Le finissent par fusionner. • CORENTIN LÊ OFF LE VOYAGE À NANTES ÉVÉNEMENT Comme chaque été depuis 2012, la ville de Nantes est investie par l’art sous toutes ses formes – peinture, graphisme, sculpture… Une ligne verte tracée au sol sert de guide pour se repérer dans cette installation insolite qui longe l’estuaire de la Loire. Gratuite dans la plupart des sites, cette escapade emprunte pour la première fois la célèbre butte Sainte-Anne. • Q. B.-G. La Colline du collectif Appelle-moi papa, 2018 : « Le Voyage à Nantes », jusqu’au 1er septembre CHEFS-D’ŒUVRE DU GUGGENHEIM EXPO Une cinquantaine d’œuvres issue des collections de la Fondation Guggenheim sont montrées pour la première fois en Europe à l’occasion d’une exposition itinérante. Après le Guggenheim de Bilbao, l’Hôtel de Caumont expose à son tour des monuments de l’art moderne tels que Devant la glace d’Édouard Manet (1876) ou Le Moulin de la Galette de Pablo Picasso (1900). • Q. B.-G. : « Chefs-d’œuvre du Guggenheim », jusqu’au 29 septembre Pablo Picasso, Le Moulin de la galette, 1900 à l’Hôtel de Caumont – Centre d’art (Aix-en-Provence) COUP DE FOUDRE EXPO Investissant les 800 m2 de la Fondation EDF, les artistes Fabrice

Hyber et Nathalie Talec illustrent le flux d’émotions qui nous R. ; D.

traverse lors d’un coup de foudre amoureux. Le visiteur peut se R. ; D. déguiser, entrer dans des « chambres de sidération » ou danser dans une salle de bal où résonne, tous les jeudis, une playlist electro du DJ Christophe Vix-Gras. • Q. B.-G.

HyberTalec, Cadavres exquis, 2019 : « Coup de foudre », jusqu’au 20 octobre à la Fondation EDF © PHILIPPE PIRON / LVAN

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— : « First Taste » (Drag City), sortie le 2 août — © DENÉE SEGALL

deux albums en 2018, le Led Zeppelin, ses parents ici) et de culpabilité. Après prolifique Californien revient Celle-ci appelle à la rédemption, et l’album avec un First Taste gonflé à bloc d’électricité, manie cette ambivalence, comme son titre : de colère (politique ou introspective) et de « L’avant-goût [« First taste », ndlr] a plusieurs recherches soniques. Dans le premier clip sens, répond-il par mail : Péché, renaissance, extrait de son nouvel album, « Taste », on voit enfance, curiosité, début d’une fin… J’aime OFF Ty Segall assassiner un à un tous les membres beaucoup les paroles, les titres de chansons de son groupe (sauf un), pour leur prendre et les noms d’albums qui sont difficiles leurs vêtements les plus scintillants, et finir à interpréter. Les chansons sont parfois par danser, seul au milieu de mannequins politiques, mais pas toujours. Elles peuvent être dénudés, paré d’un costume pailleté, à textes, parfois juste sonores. » Et First Taste parfaitement glam. « Our salivating makes it all est spécialement sonore (de la fuzz partout), taste worse » (« Notre salivation donne à tout très chargé musicalement (on y entend koto, un goût encore pire »), chante-t-il sur sa danse flûte à bec, bouzouki, mandoline, cuivres…), victorieuse, pointant le dégoût qui succède usant particulièrement de la stéréo, avec fatalement à l’appétit, dans un monde où deux batteries (Ty Segall sur le haut-parleur l’envie et le conformisme s’apparentent à du gauche, Charles Moothart sur le kit côté droit), vampirisme. C’est tout le sel de ce First Taste heavy, en un mot. Tout cela laisse peu de nouveau que de mettre ses auditeurs face à place au silence, comme le reflet d’un monde leurs responsabilités, en tant que narrateurs saturé de bruit, d’informations, de messages. de leurs propres prophéties, décideurs de « Le seul message que j’ai délibérément voulu leurs choix les plus écœurants. Ty Segall ne diffuser, c’est l’intensité, et un léger stress. Je s’épargne pas, dans le fracas électrique, « I am ne voulais pas faire un disque “sympa”. » Dans a rabbit and I worship the dog » (« Je suis un cette surcharge sonore, la voix de Ty Segall, lapin et je vénère le chien »), se présentant toujours tendue et vibrante, au risque de en créature de Frankenstein, golem pétri casser, est un formidable fil d’Ariane vers une de multiples glaises (John Lennon, T. Rex, nouvelle saveur. • WILFRIED PARIS

SI TON ALBUM ÉTAIT UN FILM ? des Monty Pythons. Mes chansons sont parfois « Je ne sais pas ce que ce serait exactement, mais politiques, parfois juste personnelles. J’aime quand j’espère quelque chose comme un mélange entre l’auditeur crée une définition à lui. Peut-être que je La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky et Hellraiser voulais juste faire quelque chose de plus fort et de plus de Clive Barker, avec une éclaboussure du Sacré Graal fucked-up… » TY SEGALL

106 DANIEL DARC ÉTAIT AUTHENTIQUE. CE FILM LUI RESEMBLE.  PREMIÈRE VIBRANT DE SINCÉRITÉ  JUKE-BOX MAGIC

LE RÉVEIL DES TROPIQUES : « L’Arbre à cames » (Flat Moon) Nommé en référence à un dispositif mécanique, ce nouvel album des Lyonnais (issus de FOUDRE !, d’Oiseaux-Tempête, de Trésors ou de Casse Gueule) mêle divers enregistrements (scène, studio, usine désaffectée, nature) célébrant dix ans d’expérimentations psychédéliques. Entre krautrock, free et noise, le caractère hybride du collectif ressort ici en de longues jams hypnotiques, accordant les singularités en une fascinante alchimie. • W. P. STEREO TOTAL : « Ah ! Quel cinéma ! » (Tapete) Cela fait vingt ans que Stereo Total fête son éternelle jeunesse pop, punk, disco ou new-wave, en héritiers de Jacno, de Telex ou de Charles Trenet. Ce douzième album est fidèle à l’esprit lo-fi et iconoclaste du duo, porté par les instruments cheap de Brezel Göring et la fausse ingénuité façon Bardot berlinoise de Françoise Cactus. Ils s’amusent ici des codes de la représentation féminine (ce « cinéma »), avec humour et énergie. • W. P. BAND APART UFO DISTRIBUTION PRÉSENTE UNE PRODUCTION SOMBRERO & CO : « Band Apart » (Crammed Discs) Crammed Discs réédite l’œuvre du duo franco-américain Band Apart, dont la DANIEL trajectoire météorique (1981-1983) a laissé de belles PIECES OF MY LIFE traces dans le ciel de la no-wave, entre New York et Marseille. Minimalistes et brumeuses, les compos de Jayne Bliss (issue de la scène downtown de la UNDARCFILM DE ET fin des années 1970) et de M. Mader (compagnon MARC DUFAUD THIER Y VILLENEUVE phocéen d’Hector Zazou) font dissoner funk et new-wave, façon Lizzy Mercier Descloux codéinée, Theoretical Girls envapées. • W. P.

AU CINÉMA LE 24 JUILLET © Tous droits réservés ILLUSTRATION : SAMUEL ECKERT

DD_3Coul85x285.indd 1 09/07/2019 14:53 SÉRIES THE LOUDEST VOICE PREMIER DE LA CLASSE avec Pascal NZonzi et Michèle Laroque de Luc Besson ANNA

LE ROI LION avec la voix de Jean Reno

de Florian Henckel von Donnersmarck L’ŒUVRE SANS AUTEUR — : Saison 1 sur Canal+ Séries FACTORY de Yuri Bykov —

avec la voix de Philippe Lacheau COMME DES BÊTES 2

DIEGO MARADONA de Asif Kapadia © SHOWTIME

travers le biopic du conservateur Roger dont il fut sur la fin très proche : mégalo, avec Chantal Ladesou, Julie Gayet et Lucien Jean-Baptiste C’EST QUOI CETTE MAMIE ?! À Ailes, homme de télé qui avait l’oreille parano, et convaincu que les faits valent peu des grandes figures du Parti républicain, face aux opinions pourvu qu’on les assène Tom McCarthy (Spotlight) règle ses comptes suffisamment fort. Décidément plein de PLAYMOBIL, LE FILM avec les voix de Kad Merad et Franck Dubosc avec la droite américaine. Dans The Loudest ressources, il incarne aussi l’avant-#MeToo, Voice, le scénariste et son cocréateur Alex une sorte de Harvey Weinstein de l’info en Metcalf (Sharp Objets) chargent d’abord leur continu accusé de harcèlement sexuel par avec Dwayne Johnson, Jason Statham et Idris Elba FAST & FURIOUS ­ HOBBS & SHAW protagoniste, ogre engloutissant tout sur plusieurs collaboratrices. McCarthy s’écoute OFF son passage, en commençant par ensevelir parfois un peu maudire, à travers Ailes, les l’acteur qui l’incarne (Russell Crowe) sous les néoconservateurs d’autrefois et le pensionnaire ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD de Quentin Tarantino prothèses. Depuis le lancement de Fox News actuel de la Maison-Blanche. Mais difficile, en 1996, dont Ailes fut le grand architecte devant The Loudest Voice, de ne pas ressentir (« Laissons CNN apaiser le monde. Nous, la même fascination morbide que devant de Arnaud Desplechin ROUBAIX, UNE LUMIÈRE on s’en tape, on est du côté de l’Amérique », la terrifiante Chernobyl. Ici, c’est le même dira-t-il après le 11-Septembre), jusqu’à sa effarement permanent devant la reconstitution mort en 2017, c’est la situation politique dans édifiante d’une catastrophe dont on n’a pas de Grand Corps Malade et Mehdi Idir laquelle se trouvent aujourd’hui les États-Unis fini de mesurer les retombées radioactives : LA VIE SCOLAIRE qui se dessine au fil des épisodes. L’homme l’effondrement moral de la fabrique de l’opinion a beaucoup en commun avec Donald Trump, en Amérique. • GRÉGORY LEDERGUE

REVOIS VOIS PRÉVOIS

TUCA & BERTIE EUPHORIA FERTILE CRESCENT Doublées par les humoristes Passé un pilote trash et Arte continue à prendre le Tiffany Haddish et Ali Wong, putassier, la première série teen pouls de la planète et enverra Tuca et Bertie sont deux de HBO se laisse davantage cette fois Félix Moati en Syrie dames-oiselles d’aujourd’hui, apprécier pour ce qu’elle est : chercher sa sœur, partie FRAIS D’ADHÉSION OFFERTS* cool et trendy. Voilà, tout est la proposition de Sam Levinson combattre Daech. La série, en DU 17 JUILLET AU 20 AOÛT 2019 dit à propos de ce cartoon (Assassination Nation) de tournage, est pilotée par une signé par l’équipe de BoJack présenter avec force excès de équipe de scénaristes israéliens Horseman – dont on retrouve mise en scène l’adolescence (dont ceux de False Flag) et est la patte graphique mais pas la comme une expérience coproduite avec Hulu. • G. L. mélancolie. Très chouette. • G. L. baroque. • G. L. : saison 1 prochainement : saison 1 sur Netflix : saison 1 sur OCS sur Arte 12.325.016€ social Capital - 92200 Neuilly-sur-Sein Gaulle, de Charles avenue 24 – 347.806.002 de Nanterre CITÉ – RCS CINÉ – UGC PLUS DE 1000 FILMS PAR AN DANS PLUS DE 850 SALLES

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de Grand Corps Maladeet MehdiIdir avec la voix de Jean Reno avec les voix de Kad Merad et Franck Dubosc de Yuri Bykov

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JEUX VIDÉO OBSERVATION

— : Devolver Digital (PS4, PC) — son scénario catastrophe petit drone pour se balader librement dans la Avec et sa capacité permanente carlingue, ou pirater certains terminaux pour d’expérimentation, Observation redéfinit le en apprendre toujours plus sur le secret de cet concept d’incarnation avec brio. Quelque part endroit maudit. À l’image de Stanley Kubrick OFF au milieu de l’espace, dans une station orbitale et de son HAL 9000, la science-fiction n’a que à la dérive, une astronaute se réveille après trop exploité la figure de l’I.A. misanthrope avoir perdu connaissance. Patatras ! les dégâts et complotiste. Observation ose le postulat sont innombrables, la plupart des commandes inverse : que se passe-t-il quand celle-ci ne répondent plus et ses collègues ont possède une bonne âme, la nôtre ? Flirtant tous disparu. Aux commandes de SAM, son autant avec le réalisme pointu (le design de ordinateur de bord, il va nous falloir remettre la station inspiré du vrai modèle SSI) qu’avec l’appareil en route et tirer tout ça au clair. Au le trip ésotérique, la narration multiplie les départ, nos moyens sont plus que limités : rebondissements et les défis, comme pour à peine peut-on passer d’une caméra à mieux nous permettre de nous glisser dans l’autre pour observer un décor sous plusieurs la « peau » de SAM et de réfléchir comme angles, ou actionner certaines écoutilles pour elle. De cette aventure trépidante naît le plus permettre à notre cosmonaute de se déplacer. beau des vertiges : devenir une machine, pour Heureusement, notre I.A. gagne peu à peu mieux nous connaître nous-mêmes. en efficience : bientôt, elle saura piloter un • YANN FRANÇOIS

OUTER WILDS JUDGMENT SUPER MARIO MAKER 2 Prisonnier d’une boucle temporelle, Les créateurs de la saga Yakuza Alors que l’on croit connaître Mario notre héros astronaute doit visiter reviennent avec un nouveau par cœur, cet opus créatif – il faut les planètes de son système solaire spin-off. Dans une reproduction construire ses propres niveaux pour briser ce maléfice… Pensé avec aussi fidèle qu’outrancière du de A à Z – vient nous donner une minutie, regorgeant de découvertes quartier de Shinjuku, on dirige un bonne leçon. Quel que soit l’habillage en tout genre, chaque monde détective privé chargé d’enquêter graphique (de la NES à la Wii U, tout se fait ode à l’esprit d’aventure. sur plusieurs affaires mafieuses… y est) que l’on choisit, le monument Enchanteur. • Y. F. Les héros changent, mais le génie de Nintendo n’a jamais fini de nous : (Annapurna Interactive | narratif, lui, demeure intact. • Y. F. surprendre. • Y. F. PC, One) : (Sega | PS4) : (Nintendo | Switch)

110 Chaque mois, notre chroniqueur explore les mondes du jeu vidéo indépendant en donnant la parole à l’un de ses créateurs.

Un petit cube de couleur doit aller d’un bout à l’autre d’un parcours constitué d’obstacles et de précipices en tout genre. Le programme a l’air simple, mais l’originalité est ailleurs : chaque note de la bande-son (electro) va avoir une incidence sur notre périple. Parfois, c’est une plate-forme qui disparaît et revient. Parfois, c’est un piège mortel ou un bonus à attraper à toute vitesse qui s’invite dans l’équation. Pour survivre, pas le choix : il nous faut caler nos mouvements sur chaque pulsation, étudier le niveau comme d’autres apprendraient une partition par cœur, et recommencer sans relâche jusqu’à choper le bon tempo… On doit ce petit prodige à Ludopium, un studio allemand basé à Cologne. Selon Francesca Calderoni, coordinatrice du projet, « tout est parti d’une idée un peu folle : créer une synesthésie parfaite entre image et son dans la tête des joueurs, pour qu’ils soient capables d’avancer leur cube sans avoir à regarder l’écran ». Repéré par Arte, le studio bénéficie alors d’un budget plus confortable pour transformer le prototype en jeu à part entière, avec pour seul contrainte de devoir créer une expérience aussi accessible qu’évolutive, avec une nouvelle idée par niveau. « Souvent, nos joueurs essaient de s’approprier le jeu, comme s’ils apprenaient vraiment à danser. On ne s’y attendait vraiment pas. » Même combat pour l’esthétique minimaliste (inspiré des tableaux de Victor Vasarely), choisie pour garantir une immersion immédiate dans un monde harmonieux de sons et de formes. « L’abstraction est un outil précieux pour permettre à n’importe qui sur Terre d’interpréter les règles d’un jeu en quelques secondes. » En effet, ce petit cube est bien parti pour faire danser la planète entière. • YANN FRANÇOIS — : « Vectronom » (Ludopium | PC, PS4, Mac) LIVRES

29 août / LAISSER DES TRACES 10 septembre

avez adoré les élections décalé, ses petites potacheries malicieuses Vous européennes ? La politique vous – voyez les titres des trois parties, « Carottes passionne ? En attendant les municipales, et polémiques », « Brouillard et sociologie », ouvrez le dernier roman d’Arnaud Dudek, « Tajines et cahiers ». Attentif aux détails, Laisser des traces. Vous y découvrirez, croqué aux marqueurs sociologiques qui classent avec malice, le petit monde des appareils les gens et révèlent l’esprit de l’époque, partisans, des campagnes électorales et il excelle dans l’art du portrait express, des coups fourrés tacticiens. Dudek raconte résumant ses personnages en moins d’une l’histoire de Maxime, un jeune loup aux ligne – « Soixante-treize kilos, quarante-trois dents longues, membre d’un nouveau parti ans, treize de tension ». Laisser des traces qui rappelle vaguement LREM. Élu maire d’une ville moyenne, Maxime On retrouve l’humour décalé se frotte aux difficultés quotidiennes de la gestion d’Arnaud Dudek, ses petites d’une commune – les problèmes de logement, potacheries malicieuses. les services publics à assurer, les plans d’urbanisme à réviser. Mais s’impose ainsi comme une jolie comédie il a déjà des vues plus ambitieuses. Il se verrait pleine de charme et de piquant, illuminée par bien siéger au palais Bourbon, voire entrer au la tendresse bienveillante de l’auteur pour ses gouvernement. Un drame survenu non loin personnages, spécialement les seconds rôles, de sa mairie le rappelle brutalement au sens les modestes, les anonymes. Vous aimez la OFF profond de son engagement politique, et lui politique ? Lisez ce roman. Vous la détestez ? inspire des projets soudain très différents… Lisez ce roman, il pourrait bien vous réconcilier Laisser des traces offre deux romans pour le avec elle. • BERNARD QUIRINY prix d’un : d’un côté, c’est une satire grinçante du milieu politique, avec ses manœuvres — d’appareil, sa langue de bois technocratique, : « Laisser des traces » ses mensonges et son cynisme ; de l’autre, d’Arnaud Dudek c’est une célébration humaniste du geste (Anne Carrière, 188 p.)

gratuit, du don de soi, du dévouement à un Graphisme — idéal qui ne rapporte rien mais qui grandit

l’âme, preuve qu’un incorrigible optimiste : Hartland Villa Licence E.S sommeille chez Arnaud Dudek, lequel signe là son meilleur livre. On retrouve son regard doux-amer sur les choses, son humour . - 1083294 1041550 1041546 1041547 * Le J QUELQUES CAFÉS L’ALTANA OU LA VIE INCOGNITA INCOGNITA ITALIENS VÉNITIENNE Un excellent poche pour l’été (ter) ? Un excellent poche pour l’été ? Un excellent poche pour l’été (bis) ? L’Anglais Mark Forsyth vous explique Patrick Mauriès promène son regard Aucun écrivain français n’a aimé pourquoi le plus important n’est pas d’érudit dandy de Milan à Rome Venise comme Henri de Régnier. Il ce que l’on sait, ni ce que l’on sait dans ce petit bijou entièrement l’explore sous toutes ses coutures ignorer, mais ce que l’on ne sait pas dédié aux cafés italiens, lieux de dans ce livre qui, quatre-vingt-dix ans ne pas savoir. Une leçon de sagesse sociabilité, de littérature et d’histoire. après sa parution, reste le meilleur en moins de 50 pages, à lire le temps Une perle chic, à lire avec un nuage guide pour découvrir les secrets d’un trajet. B. Q. • azz n

de lait. • B. Q. de la Sérénissime. • B. Q. : de Mark Forsyth ’est pas mort : de Patrick Mauriès : d’Henri de Régnier (Les Éditions (Arléa, 112 p.) (Omnia Poche, 286 p.) du Sonneur, 48 p.)

112 JEAN-MARC DUMONTET présente

29 août / 10 septembre ALEX LUTZ

Cheval

Photo Hélène Pambrun

Mise en scène TOM DINGLER Lumières DAVID CHAILLOT

Graphisme OCTOBRE NOVEMBRE DÉCEMBRE JANVIER

1 M Thér. de l'E. 1 V Toussaint 1 D Florence 1 M Jour de l'an 2 M Léger 2 S Défunts 2 L Viviane 2 J Basile 3 J Gérard 3 D Hubert 3 M Fr.-Xavier 3 V Geneviève : Hartland Villa Licence E.S 4 V Fr. d'Assise 4 L Charles 4 M Barbara 4 S Odilon 5 S Fleur 5 M Sylvie 5 J Gérald 5 D Edouard 6 D Bruno 6 M Bertille 6 V Nicolas 6 L Mélaine 7 L Serge 7 J Carine 7 S Ambroise 7 M Raymond 8 M Pélagie 8 V Geoffroy 8 D Concept. 8 M Lucien 9 M Denis 9 S Théodore 9 L Pierre Fourier 9 J Alix 10 J Ghislain 10 D Léon 10 M Romaric 10 V Guillaume 11 V Firmin 11 L Armist. 1918 11 M Daniel 11 S Pauline 12 S Wilfried 12 M Christian 12 J Jean. F. de C. 12 D Tatiana 13 D Géraud 13 M Brice 13 V Lucie 13 L Yvette 14 L Juste 14 J Sidoine 14 S Odile 14 M Nina 15 M Thér. d'Avila 15 V Albert 15 D Nianon 15 M Rémi 16 M Edwige 16 S Marguerite 16 L Alice 16 J Marcel 17 J Baudouin 17 D Elisabeth 17 M Gaël 17 V Roseline . - 1083294 1041550 1041546 1041547 * Le J 18 V Luc 18 L Aude 18 M Gatien 18 S Prisca 19 S René 19 M Tanguy 19 J Urbain 19 D Marius 20 D Adeline 20 M Edmond 20 V Zéphyrin 20 L Sébastien 21 L Céline 21 J Prés. de Marie 21 S Pierre 21 M Agnès 22 M Elodie 22 V Cécile 22 D Hiver 22 M Vincent 23 M Jean de C. 23 S Clément 23 L Hiver 23 J Barnard 24 J Florentin 24 D Flora 24 M Adèle 24 V Fr. de Sales 25 V Crépin 25 L Catherine 25 M Noël 25 S Conv. S. Paul 26 S Dimitri 26 M Delphine 26 J Etienne 26 D Paule 27 D Emeline 27 M Sévrin 27 V Jean 27 L Angèle 28 L Jude 28 J Jacq. de la M. 28 S Innocents 28 M Th. d'Aquin 29 M Narcisse 29 V Saturnin 29 D David 29 M Gildas 30 M Bienvenu 30 S André 30 L Roger 30 J Martine 31 J Quentin 31 M Sylvestre 31 V Marcelle .FR YOCITY 2-T1005584 - DESIGN : LICENCE : azz n ’est pas mort

OCTOBRE 2019 - JANVIER 2020 BD LES FLEURS ROUGES OFF

— : de Yoshiharu Tsuge (Cornélius, 260 p.) — un univers entier, habité de personnages errants dans les marges du Japon ; C’est c’est un noir et blanc ancestral, gras et étiré, limpide, qui s’offrent à nos regards. Auteur méconnu en France, élève prolifique de Shigeru Mizuki, Yoshiharu Tsuge nous livre ici ses obsessions sous forme de nouvelles, enfin traduites, parues dans le célèbre magazine Garo à partir de 1967. Chez Tsuge, tout part de l’attention portée aux détails, aux rythmes de l’environnement et au temps qui passe. Trait caractéristique de son graphisme, la nature est dessinée avec application alors que les personnages sont parfois de simples contours. Chaque histoire est un condensé brut d’une vie en cours – à la limite, toujours, de la disparition. Pionnier de la bande dessinée autobiographique, Tsuge devient le personnage de quelques histoires qui nous parlent toutes d’un conflit temporel : lorsque le Japon se modernise, le passé se fait tradition et laisse flotter, à ras des ruisseaux, un intense sentiment de mélancolie. • ADRIEN GENOUDET

114 LE PARC DES PRINCES COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS VU

STADIUM TOUR

HISTORY ROOM

ARCADE VR

SOYEZ LES PREMIERS À VIVRE L’EXPÉRIENCE DÈS LE 22 JUILLET

INFOS ET RÉSERVATIONS SUR EXPERIENCE.PSG.FR LES ACTUS mk2 BOUILLON DE CULTURE Cette année encore, les salles mk2 accueillent une riche saison culturelle. Outre les traditionnelles conférences et les différents cycles pour découvrir les arts, les sciences et l’histoire, trois nouveaux programmes déversent eux aussi leur flot de connaissance. Des agendas sont disponibles aux caisses des cinémas ; et toutes les infos, sur le site mk2.com

vastes, de Melancholia aux Kardashian, en passant par Sophie Calle ou Dalida, j’essaye de rendre accessible à tous la compréhension de la santé mentale, avec un ton ludique.

Quels peuvent être les enjeux d’une plus grande pédagogie à propos de la santé mentale ? Il y en a tant ! Au vu de la fréquence des troubles psychiques, on y sera tous confrontés à un moment de notre vie, à titre personnel ou à « CULTURE POP ET PSYCHIATRIE » travers notre entourage. Mieux les comprendre, c’est permettre À partir de la culture pop, le médecin psychiatre Jean-Victor Blanc une meilleure inclusion des propose, un samedi par mois au mk2 Beaubourg, de donner des personnes concernées. Faire clés de compréhension des enjeux de la psychiatrie moderne. référence à Amy Winehouse ou Pourquoi associer culture pop années, par exemple le regard à Virgin Suicides pour en parler, et psychiatrie ? posé sur le trouble bipolaire c’est un moyen de les illustrer et Les troubles psychiques sont dans Happiness Therapy est de diminuer cette stigmatisation très fréquents : une personne sur bien moins négatif. dont souffrent les patients. quatre est concernée au cours Les succès de films comme de son existence. Pourtant, ils Comment sont organisées Black Panther ou Le Secret de sont mal connus et sont l’objet de vos conférences ? Brokeback Mountain ont déjà beaucoup de préjugés négatifs. C’est très variable. J’utilise montré que la culture pop était Au cinéma, la schizophrénie les films comme support à la un formidable catalyseur des est trop souvent amalgamée discussion, pour aborder des évolutions sociétales. À quand le avec le fait d’avoir plusieurs thèmes qui sont parfois peu tour de la psychiatrie ? personnalités. Mais je garde connus ou tabous, comme espoir, car les choses évoluent la dépression post-partum. : programme complet positivement depuis quelques Avec des références très sur mk2.com

« LUNDIS PHILO DE CHARLES PÉPIN » Charles Pépin vous convie chaque lundi à un cours de philo dans un lieu propice à la réflexion et à l’introspection : une salle de cinéma. Des relations humaines (« Et si nous cessions de “communiquer” pour apprendre à parler ? ») aux questions existentielles (« Comment épouser le mouvement de la vie ? »), ses conférences apportent des réponses accessibles, qui sont ensuite soumises au débat. Suite à leur succès, elles sont maintenant proposées les lundis à 12 h 30 au mk2 Bastille (Côté Beaumarchais) en plus du mk2 Odéon (côté St Germain) à 18 h 30. : programme complet sur mk2.com

116 RENTRÉE CULTURELLE

AU BAL DES INITIÉS VERS L’INFINI On a beau les avoir ET AU-DELÀ vus mille fois, ils La première image sont toujours aussi d’un trou noir super irrésistibles : les films massif dévoilée le culte s’invitent de 10 avril dernier vous nouveau en salles cette travaille encore ? saison, particulièrement Le cycle « Venez avec le bien nommé parcourir l’univers avec cycle « Cultissime ! », Christophe Galfard » toujours les dimanches est fait pour vous. après-midis au mk2 Gambetta. D’ici décembre, vous Spécialiste des trous noirs, le physicien Christophe serez notamment conviés au sanguinaire bal de fin Galfard vous invite à percer les mystères de l’univers : d’année de Carrie, l’héroïne de Brian De Palma, aux relativité gravitationnelle, monde quantique… Suite à parties de bowling du Dude du Big Lebowski des leur succès, ses conférences ont maintenant lieu au frères Coen, et aux rêveries sans pareilles de Hayao mk2 Odéon (côté St Germain) un vendredi par mois en Miyazaki (Le vent se lève, Princesse Mononoké…). plus du mk2 Quai de Loire un samedi par mois. Le magazine en ligne madmoiZelle se joint à Pour entrer en connexion spirituelle avec ces la partie en proposant, les mardis soirs, sa propre autres dimensions, « Karma Cinéma » vous propose sélection de films inoubliables dans son cycle des cours de méditation avec Sophia L. Mann un « CinémadZ » au mk2 Bibliothèque. mardi par mois au mk2 Bastille (côté Fg St Antoine). : programme complet sur mk2.com : programme complet sur mk2.com

n’avons pas souvent la possibilité de fournir. Ce cycle est donc une opportunité de permettre enfin aux personnes sourdes et malentendantes d’écouter La Poudre.

Pourquoi la parole et l’écoute sont-elles primordiales pour les luttes féministes ? Parce que les femmes bénéficient d’un temps de parole inférieur à celui des hommes dans les médias, mais aussi au cinéma, dans les conférences, dans les universités et dans « LA POUDRE REPLAY AVEC LAUREN BASTIDE » l’ensemble de l’espace public. Or, cette rareté entraîne la Huit épisodes du podcast féministe La Poudre à réécouter collectivement, un samedi par mois au mk2 Quai de Seine, lors de persistance des stéréotypes séances accessibles à tous suivies d’une discussion. de genre. En multipliant les récits, on apporte de la nuance Pourquoi réécouter un podcast, membres du public. C’est très et on déconstruit les préjugés. qui plus est collectivement ? fort en émotions ! C’est pour cela qu’on dit J’ai constaté que les épisodes souvent, dans le mouvement de La Poudre continuaient à Les dispositifs sous-titrés féministe, que « le personnel est susciter des réactions longtemps et interprétés en langue des politique ». Quant à l’écoute, elle après leur mise en ligne. J’ai eu signes vous semblent-ils trop déclenche une parole profonde envie de voir cette communauté rares aujourd’hui ? et authentique. Je m’émerveille se matérialiser dans la vraie Oui, il y en a très peu. Un chaque jour de tout ce que vie. Une écoute collective est podcast, malheureusement, n’est j’apprends des femmes que par ailleurs une expérience très accessible qu’aux personnes j’interviewe : elles nourrissent riche. Au début, on ne sait pas entendantes, à moins de fournir mon engagement féministe. bien où regarder ; puis quelque pour chaque épisode des chose s’installe dans la salle et retranscriptions qui induisent : programme complet une connexion se crée entre les un travail très long que nous sur mk2.com

117 LES ACTUS mk2

ART VIVANT « SCIENCES En format long ou court, SOCIALES & le cinéma contemporain CINÉMA » qui fait bouger les lignes Le cinéma n’est pas investit les salles mk2 qu’une imbrication pour dresser un état des d’images et de sons ; lieux des préoccupations c’est aussi un miroir actuelles et des artistes des sociétés dans de demain. Organisé par lesquelles nous vivons. l’ACID, le programme Un lundi par mois, « Acid pop », au mk2 au mk2 Bibilothèque, Quai de Seine, donne la parole à des cinéastes le cycle « Sciences sociales & cinéma » explore indépendants de toutes nationalités qui viennent ce rapport en projetant un film qui est ensuite partager leurs expériences de travail autour de commenté par un enseignant ou une enseignante thématiques données. Le cycle « Déjà demain », par de l’École des hautes études en sciences sociales l’Agence du court métrage, propose quant à lui des (EHESS). Cette nouvelle saison nous invite à étudier rencontres au mk2 Odéon (côté St Michel) avec des les utopies avec un programme de films qui permet réalisateurs prometteurs qui viennent présenter des de scruter le mythe de Thomas More sous tous les œuvres en format court qui se sont fait remarquer, angles – par exemple Captain Fantastic de Matt Ross, comme Mémorable de Bruno Collet, Cristal du court qui suit une famille américaine isolée du monde métrage au festival d’Annecy cette année. par un père de famille idéaliste. : programme complet sur mk2.com : programme complet sur mk2.com

détail certains thèmes qui ont été survolés dans le livre – les mythes actuels autour des neurosciences, le Q.I. et ses implications chez les enfants – mais aussi chez les adultes.

Comprendre la cognition, c’est aussi une forme de thérapie sur le plan personnel et affectif ? Mes recherches sont basées sur la connaissance. En tant que clinicien, je travaille par exemple avec mes patients sur leurs acquisitions de connaissances « VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS » sur eux-mêmes – l’estime de soi, l’humeur, le stress... Docteur en neurosciences et psychologue, Albert Moukheiber Avec le public en général ou propose, un dimanche par mois au mk2 Bibliothèque, d’analyser le comportement du cerveau humain. les entreprises, je travaille sur les mécanismes qui peuvent Quelles conclusions connaissances ainsi que sur modifier la manière dont on tirez-vous de votre étude leurs implications concernant acquiert des connaissances sur le fonctionnement de divers sujets, telles que les sur le monde qui nous entoure notre cerveau ? problématiques sociétales, les – nos collègues, la politique, Que nous sommes tous en train fake news ou l’écologie. la santé publique... Je travaille de reconstruire le monde grâce aussi sur la prise de décisions à lui. Le réel existe, mais nous Votre cycle reprend-il aussi des et le raisonnement critique. Plus ne saurions l’appréhender sans exemples tirés de votre livre, récemment, j’ai aidé à fonder que notre cerveau l’interprète. qui porte le même titre, sorti un laboratoire de recherche, Récemment, nos connaissances cette année ? Chiasma, qui étudie les freins sur ses mécanismes se sont Certains thèmes sont communs. cognitifs et comportementaux développées grâce aux progrès Lors de la deuxième conférence, face à l’urgence climatique. techniques. Ce cycle de nous parlerons par exemple de conférences a pour objet de biais cognitifs, et nous allons : programme complet faire le point sur de nouvelles aussi creuser un peu plus en sur mk2.com

118 RENTRÉE CULTURELLE

dressent des ponts et créent des résonances à travers les âges et les courants. Fanny Laruaz explore notamment les cités millénaires d’Uruk, de Troie ou de Persépolis au mk2 Grand Palais, Nachiketas Wignesan analyse un film (Vertigo, Blow Up…) ou l’œuvre d’un cinéaste (Akira Kurosawa, Brian De Palma, Stanley Kubrick, Quentin Tarantino…) au mk2 Odéon (côté St Michel), quand Paul Bernard-Nouraud et Nicolas Xavier-Ferrand décryptent au mk2 Parnasse et au mk2 Bastille (côté Beaumarchais) La Vierge 1 HEURE POUR LE SAVOIR à l’enfant avec sainte Anne de En soixante minutes chrono, des historiens de l’art, des sciences, Léonard de Vinci, Les Ménines de la société, des civilisations, du cinéma vous font découvrir une de Vélasquez ou encore La Vénus œuvre, une personnalité ou même une cité millénaire. d’Urbin de Titien. Au carrefour des arts et des pratiques, un Une heure, c’est presque le mythe. Organisées par Des Mots cycle réaffirme l’importance du temps qui sépare, en voiture, et Des Arts, de nombreuses genre féminin dans l’histoire de la Paris de Germignonville dans conférences viennent éclairer des société, des arts et des sciences. l’Eure-et-Loir. Une heure, c’est œuvres, des lieux ou des figures Tatiana Mignot et Manon Roth plus ou moins le temps qu’il faut célèbres, dont Agnès Varda, retracent – en une heure donc – pour regarder un épisode de Eugène Delacroix, John Ford, au mk2 Odéon (côté St Michel) le sa série préférée. Une heure, Rosa Luxembourg, Le Corbusier, parcours exceptionnel de femmes c’est aussi le temps de cuisson Jérôme Bosch, Camille Claudel, d’influence telles que George d’un gratin de rutabaga. Mais et même Paris, le musée de Sand, Simone de Beauvoir, une heure, c’est surtout le l’Ermitage de Saint-Pétersbourg Marie Curie ou encore Charlotte temps qu’il faut pour découvrir ou Babylone. Ces monuments Perriand. Vous ne pourrez pas dire en famille, dans les cinémas de l’histoire de l’art et du cinéma que vous n’aviez pas le temps. mk2 tout au long de l’année, un se regroupent au sein de cycles film, un artiste, un musée, une thématiques dans lesquelles des : programme complet cité millénaire ou encore un historiens et des historiennes sur mk2.com

Le Petit Monde de Bahador et grâce à vous ils pourront dire, eux aussi, qu’ils sont tombés dedans quand ils étaient petits. Dans le cadre du cycle « Junior », les enfants plus âgés, dès 5 ans, pourront de leur côté (re) découvrir l’animation traditionnelle devant Dumbo, Mary Poppins, Les 101 Dalmatiens ou Robin des bois, et aussi s’émouvoir du stop motion avec Le Piano magique ou Le Voyage de Tom Pouce. Et parce que le futur n’attend pas, pourquoi ne pas emmener tout ce beau monde explorer les mondes virtuels du mk2 VR. Des jeux et des expériences inédites et immersives y sont à découvrir en famille. POUR LES ENFANTS Également pour les petits et les grands, le cycle Parce qu’il n’y a pas d’âge pour s’émerveiller devant « 1 heure, 1 mythe en famille », organisé par Des Mots et un film, mk2 propose plusieurs programmes destinés Des Arts, revient au mk2 Quai de Loire sur les grandes à la prime jeunesse avide d’images en mouvement. figures de la mythologie grecque et de l’Antiquité. Les plus petits, de 2 à 4 ans, ont droit à leurs séances Présentées par l’historienne de l’art Cécile Lecan, ces dédiées avec le cycle « Bout’Chou », qui propose des conférences narrent les histoires passionnantes et films de moins d’une heure, dans une lumière tamisée épiques de la guerre de Troie, d’Ulysse, d’Orphée et et avec un niveau sonore adapté pour leurs oreilles Eurydice ou des douze travaux d’Héraclès. juvéniles. Emmenez-les voir Les P’tits Explorateurs ou : programme complet sur mk2.com

119 LES ACTUS mk2 CINEMA PARADISO : LE RETOUR © MK2+

les 30 ans de sa pyramide, le professeur Robert Langdon (Da Vinci Code), Pour Louvre vous invite au cinéma, parcourir l’ancien château avec La Reine avec des projections gratuites de films culte Margot pour guide, réveiller les momies avec OFF en plein air dans sa cour carrée. Après deux les éclats de colère de Cléopâtre (Astérix et éditions sous la nef majestueuse du Grand Obélix. Mission Cléopâtre). Au programme Palais (en 2013 et 2015), Cinema Paradiso, la également : Visages villages, Cinema Paradiso, salle de cinéma éphémère de mk2, s’installe Indiana Jones et la dernière croisade, Le Voyage au cœur du plus grand musée du monde. Du de Chihiro et Quand Harry rencontre Sally. 19 au 26 juillet, les spectateurs sont invités L’accès aux projections est gratuit, mais la à pénétrer chaque soir dans la cour carrée, réservation en ligne est obligatoire. métamorphosée pour l’occasion en festival • CLAUDE GARCIA de cinéma en plein air : 3 000 places face à un écran géant de 24 mètres de long. Les visiteurs — profiteront de nombreuses animations (food : du 19 au 26 juillet, à partir de 19 h, court, cours de danse, ping-pong, pétanque…) gratuit, réservation obligatoire jusqu’à 22 heures, heure du début de la séance. sur www.mk2cinemaparadiso.com, Confortablement lovés dans des chaises Une coproduction Le Louvre, longues, ils pourront redécouvrir les secrets Kinoshita Group et mk2 des galeries du musée en compagnie du — mk2 SUR SON 31 Cet été, trois films sont projetés lors de plusieurs séances du cycle Cultissime ! certains dimanches après-midi au mk2 Gambetta.

DIMANCHE 18 AOÛT DIMANCHE 25 AOÛT DIMANCHE 1er SEPT. Projection d’Arrietty Projection du Vent se lève Projection de Porco rosso de Hiromasa Yonebayashi. de Ken Loach. de Hayao Miyazaki.

120 Chez k , tous les jours LIBERTÉ ! à toutes les séances, Cet été, Bordeaux associe moult talents votre place de cinéma à contemporains à sa riche histoire pour une saison culturelle placée sous le signe de la liberté, avec des concerts ensoleillés, des spectacles vivants et des expositions riches * en planches de surf. 6,90€

Bastille k Beaubourg Odéon Quai de Loire Nation Martin Parr, Devon et Cornwall England, 2017 Quai de Seine © MARTIN PARR / MAGNUM PHOTOS / LA COMPAGNIE CULTURELLE

Que peuvent bien avoir de commun la figure du Parnasse

Gambetta la carte surfeur en take off sur sa longboard et l’allégorie Bibliothèque

Grand Palais 5 révolutionnaire du tableau d’Eugène Delacroix La Grèce sur les ruines de Missolonghi ? Toutes les deux sont présentes cet été à Bordeaux et viennent représenter, à leur façon, une appétence partagée pour la liberté. La première est à retrouver tout au long de cette rafraîchissante saison culturelle, durant le parcours « La Déferlante surf » au musée d’Aquitaine, au cours de l’expo « Surf Tribe » de Quai de Seine Stephan Vanfleteren à la cour Mably ou à travers Quai de Loire la rétrospective « Life’s a Beach » du photographe Gambetta Martin Parr qui jalonne les grilles du jardin public. Grand Palais Beaubourg La seconde, elle, est au centre de l’exposition Bastille « La Passion de la liberté. Des lumières au Odéon romantisme » à la galerie des Beaux-Arts, l’un des Parnasse Nation temps forts de cette saison qui offre décidément son lot d’événements à ne pas manquer. Parmi Bibliothèque eux : un parcours urbain consacré à l’artiste lituanien Žilvinas Kempinas et conçu par José- Manuel Gonçalvès, qui a élu domicile le long des quais de la Garonne et à la chapelle du Crous ; des concerts prenant la forme de croisières musicales à bord du Sicambre, quai des Chartrons ; ou encore la série d’installations sportives « Play ! », créée par le skateur Léo Valls en association avec l’artiste * Pour l’achat d’une carte 5 à 34,50€, et designeur Nicolas Malinowski, qui met un point pour 1 à 3 places par séance d’honneur à repenser la notion de liberté par Valable 1 an ou 2 mois après la 1ère date d’utilisation l’entremise du mouvement dans l’espace public. - Hors films en 3D relief Rien de mieux pour confirmer cette aspiration urbaine et libertaire que d’explorer, à votre tour, la ville cet été à la recherche d’une nouvelle vague (culturelle). • CORENTIN LÊ — : du 20 juin au 20 août à Bordeaux LES ACTUS mk2 MK2 ET LE PSG LANCENT PSG EXPERIENCE © MK2+

club de football parisien s’associe à découvrir le mur des trophées du PSG. La PSG Le l’entreprise cinématographique pour Arcade VR, enfin, une salle d’arcade de 400 m2 réinventer la visite du Parc des Princes dédiée à des expériences de réalité virtuelle OFF au moyen de technologies immersives de telles que voler au-dessus de Paris et du Parc pointe. Visiter les vestiaires, s’asseoir sur le des Princes grâce au Birdly, enfiler les gants banc de touche, mais aussi survoler le célèbre du gardien de but du PSG pour arrêter les tirs stade ou arrêter les coups francs de Kylian d’Ángel Di María, revivre le dernier classico Mbappé… PSG Expérience propose toutes contre Marseille en vidéo à 360 degrés, ou sortes d’activités regroupées dans trois lieux. même faire du rameur sur la Seine avec des Le PSG Stadium Tour, d’abord, prend la forme joueurs parisiens. d’une visite de stade inédite, enrichie par des • CLAUDE GARCIA dispositifs d’immersions, qui donne au public accès aux coulisses de l’exploit. La History — Room, ensuite, permet de revivre les grands : Ouverture au public le 22 juillet, moments de l’histoire du club, grâce à une toutes les informations et billetterie projection vidéo englobant le spectateur, en ligne sur experience.psg.fr qui déambule ainsi dans le récit avant de —

VR ARLES FESTIVAL Parmi les nombreux événements associés à la 50e édition des Rencontres de la photographie d’Arles, il en est un qui se consacre aux œuvres cinématographiques tournées en réalité virtuelle et qui propose une idée moderne et ludique du septième art. Cette année, les dix-huit films en compétition (le jury est présidé par Charlotte Rampling) sont répartis en trois catégories correspondant à autant de façons de travailler le réel : le réinterpréter (Fictions), en raconter les enjeux sociaux et politiques selon une forme documentaire (Versions) ou en imaginer les prolongements surnaturels ou abstraits (Visions). On peut notamment y découvrir 7 Lives de Jan Kounen, Charles Ayats et Sabrina Calvo, sur les expériences de mort imminente, ou le cartoon de science-fiction Bonfire d’Eric Darnell (coréalisateur des trois volets de Madagascar). Le jeune public est aussi convié à plusieurs ateliers, comme la création d’un jardin en réalité augmentée. • Q. B.-G. : jusqu’au 25 août à Arles, à partir de 6 ans

122 une saison 20 culturelle juin du 20 siècle août des 2019 Lumières à l’esprit océan Photographie : © Alexandre Chamelat / Conception graphique : direction de la communication, mairie2019 de Bordeaux de la communication, direction graphique : Chamelat / Conception © Alexandre Photographie :

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