CHRONIQUE NÉCROLOGIE

La Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine est de nouveau en deuil. Elle vient en effet de perdre deux de ses membres les plus actifs.

Louis LANG (1902-1984)

L'abbé Louis Lang vient de nous quitter : c'est une'grande perte pour notre archéologie lor­ raine. Né le 26 septembre 1902 à , dans le pays de , il fit ses études primaires à l'école communale de son village natal, puis au Collège Saint-Augustin de , avant d'aboutir au Grand Séminaire de , où il fut ordonné prêtre en 1927. D'abord vicaire à Freyming jusqu'en 1930, nous le trouvons ensuite curé de Cutting et de Rohrbach-lès-, de 1930 à 1940, date à la­ quelle il fut expulsé avec ses paroissiens en Tarn-et-Garonne, à Puy Laroque. Il re­ prend sa paroisse en 1945 puis est nommé curé de en 1948 où il demeu­ re jusqu'à sa retraite en 1970. Il se retire alors dans sa maison natale de Brettnach et meurt à Metz le 21 juillet 1984. Il repose à Brettnach à l'ombre de son clocher et à côté de sa sœur, Mademoiselle Marie Lang, qui fut sa fidèle gouvernante et qui le suivit de quinze jours dans la tombe.

C'est en 1948 que je fis la connaissance de Louis Lang, à son retour d'exil. Ce petit homme vif, extrêmement sympathique, me reçut à bras ouverts et ce fut le dé­ but d'une très fructueuse collaboration, au sein de la section de la Société, car Louis Lang connaissait sa petite patrie du bout des doigts. Le secteur -Veckers­ notamment, si en protohistoire, n'avait aucun secret pour lui. A la suite des publications de Naue, Schlosser et d'autres, je fus mis au courant des plus petits détails de l'archéologie du pays et, avouons-le, il y en avait de fort intéressants. Je pus enfin voir les objets hallstattiens découverts vers 1934 dans les tumuli de la Spatzmatt, objets déjà aperçus pendant la guerre, alors que l'abbé Labach gérait la paroisse de Veckersviller. En 1949, l'abbé Lang offrit cette collection au Musée ré­ gional de . Dès lors les contacts avec la S.H.A.L. furent constants et il est impossible de relater tous les renseignements qui me furent fournis. Contentons­ nous de citer l'atelier néolithique de Veckersviller, une série de nouveaux tumuli, la fameuse monnaie grecque de Locres, trouvée à Veckersviller, qui témoigne d'un tra­ fic commercial important dans la région dès l'époque de la Tène, le Rohrbrunnen, puits cuvelé hallstattien, des découvertes de sites romains et bien d'autres.

Louis Lang était également expert dans les recherches au pendule et à la ba­ guette, art dans lequel il obtint des résultats extraordinaires (à et Saint­ Ulrich notamment), tous confirmés par la photo aérienne et la pioche.

Pendant plusieurs années, il fit activement partie de l'équipe de recherches de la Société. Lorsqu'il prit sa retraite à Brettnach en 1970, son activité archéologique ne ralentit pas pour autant. Il signala tout un réseau de villas et de sites romains autour de Téterchen et de Bouzonville, renseignements dont la carte archéologique du

319 département de la , en voie de publication, tiendra largement compte. Il était d'ailleurs à ce moment en contact avec tous ceux qu'intéressait l'archéologie du sec­ teur de Bouzonville (même au-delà de la frontière) et avec l'Association des Amis de l'Archéologie Mosellane et son président, Louis Poncelet. Il en résulte plusieurs arti­ cles intéressants dont on trouvera la liste ci-dessous.

Ceci pour le savant discret et effacé qui pudiquement cachait ses connaissances. L'homme ne lui était pas inférieur. Ouvert à tout le monde, il a rendu des services éminents à tous ceux qui l'approchaient. L'archéologie lorraine lui doit beaucoup et son nom demeurera dans ses annales.

Publications de Louis Lang

1) A propos des problèmes des lieux-dits « Spielberg »et Spiegelberg », Fiches d'in­ formation de l'Association des Amis de l'Archéologie mosellane, 1961, 4, en colla­ boration avec L. Poncelet.

2) « Ateliers et industries », ib., 1962, 1.

3) « Une pièce de monnaie grecque trouvée à Veckersviller », ib. , 1963, 2-3.

4) « Enquête archéologique sur la région de Brettnach », ib. , 1965, 3-4.

5) « L'enceinte quadrilatère d'Oberdorf » (1re partie), ib. , 1968, 3-4 (réédition dans ib. , 1976, 1-2.

6) « Petit commentaire sur les trouvailles néolithiques », ib. , 1971 , 1.

7) « Les mardelles », ib. , 1974, 3 et 4, p. 78-79.

8) « Puits antiques de Veckersviller et autres lieux », ib. , 1975 , 1-2, p. 20-27.

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Nicolas BAROTH (1917-1984)

Peu de temps après le décès du regretté abbé Louis Lang, un nouveau deuil sensible est venu frapper notre Société : en effet, le 25 août 1984 décédait à Metz le chanoine Nicolas Baroth, membre de la S.H.A.L. de longue date et prési­ dent de l'A.A.A.M. Nicolas Baroth était né à le 8 juin 1917. Après avoir fréquenté l'école de son village, il fit ses études secondaires au Collège Saint-Au­ gustin de Bitche et entra ensuite au Grand Sémi­ naire de Metz et, après la fermeture de ce dernier par les Allemands, à celui de Spire, en pleine guerre.

Il fut ordonné prêtre en 1942 et nommé vicaire à Montigny-lès-Metz, où il resta pendant sept ans avant d'être nommé curé d' et de , dans le pays de Sarrebourg. Il revint ensuite à Metz en 1956 comme aumônier dans différents établis­ sements secondaires, dont l'Institution de La Salle, à Queuleu, ainsi que dans les hôpitaux. Il fut ensuite chargé de la paroisse de Metz-Plantières qu'il quitta en 1977, après avoir été nommé chanoine titulaire de la Cathédrale de Metz. Il avait conservé ses activités diocésaines, bien que depuis de longues années sa santé laissât à désirer,

320 situation qu'il supportait avec courage et résignation, sans perdre son inébranlable humour. Cependant son état de santé allait s'aggravant et la mort lc surprit en fin de compte le 25 août 1984.

J'avais fait sa connaissance alors qu'il était curé d'Imling et de Xouaxange et le fis entrer à la section sarrebourgeoise de notre Société, où il ne tarda pas à devcnir u'n collaborateur très actif, intéressé à tout ce qui touchait l'histoire et même l'ar­ chéologie. C'était l'époque des fouilles de Mittelbronn auxquelles il participa et où il fit ses premières armes de fouilleur, ce qui lui permit de découvrir l'officine de Bou­ cheporn, alors qu'il prenait quelques jours de vacances dans son village natal de Por­ celettc(1). Ces débuts dans l'archéologie lui permettront plus tard, lorsqu'il sera à Metz, de faire quelques autres découvertes intéressantes.

Excellent germaniste (il avait assuré le poste de professeur d'allemand, pendant plusieurs années, dans une institution sarrebourgeoise), il avait bien voulu m'épauler dans certaines traductions, not,!mmentdans celle de ma conférence « Promenade la­ tine autour de la maison », où il traduisit en allemand des passages de la littérature latine.

Dès son séjour à Imling, il avait travaillé à l'histoire locale et régionale, d'une façon approfondie, ce qui lui permit de publier plusieurs études, dont on trouvera la mention dans sa bibliographie , notamrrient celle de ses deux ouvrages sur Porcelette et sur Imling. A Sarrebourg, le futur chanoine fit partie de l'équipe de recherches de la section et on lui doit ainsi d'intéressantes découvertes à Xouaxange notamment, découvertes qui ont été exploitées depuis. Lorsqu'il s'installa à Metz, il devint rapi­ dement président de l'Association des Amis de l'Archéologie Mosellane, qui se dé­ veloppa notablement grâce à son inlassable activité.

Cet homme d'église et d'histoire répandait autour de lui une ambiance d'amitié et de chaleur et ne perdait jamais son éternelle pointe d'humour, même dans les cir­ constances les plus graves. Réaliste et plein de bon sens, il était toujours de bon conseil pour son entourage ct ses nombrcux amis qui lui conserveront un fidèle sou­ venir, en regrettant que la mort ait écourté trop tôt une carrière qui promettait enco­ re beaucoup.

Publications de Nicolas BAROTH

1) « Galba, village imaginaire », Cahiers Lorrains, 1955, p. 34. 2) « Déplacement de la frontière linguistiquc au pays de Sarrebourg », A.S.H.A.L., UV, 1945 , p. 39-45. 3) « L'église des Cordeliers de Sarrebourg », CL., 1958/1, p. 10-13. 4) « Un atelier de céramique gallo-romaine à », CL., 1959/4, p. 54. 5) « Un établissement gallo-romain à Metz-Borny », CL., 196211 , p. 11-12. 6) « Les voies romaines en Gaule mosellane », Fiches d'information /'A.A.A.M., 1967/4-1968/1, en collaboration avec L. Poncelet, Letenre, Moreau, Ternes, Weisse.

7) « A propos de Chèvremont », CL., 1969/2, p. 51-53. 8) Porcelette, cité du Wa rndt et son ancienne annexe de , villages agricoles reconvertis en cités minières, Metz, 1968, 242 p.

1) Tl fit cette découverte pratiquement en même temps que G. Lévy-Mertz, conservateur du musée de Saverne. alors jeune professeur au Lycée de Saint-Avold.

321 9) « La chapelle « des païens » à Dalem », Fiches d'information de J'A.A.A.M., 1971/1, p. 243-244.

10) « Le poste romain des « Jolis champs » à », en collaboration avec Ticheur et Morin, ib. , 1971/1, p. 234-236. 11) Suite de l'article précédent, ib. , 1971/1, p. 237-143, en collaboration avec Morin. 12) Histoire d'Imling et de J'ancien village de Sarrixing, Metz, 1971, 78 p. (coll. Mo­ nographies de la Lorraine mosellane).

13) « Rapport sur la découverte d'une nécropole à Elvange (Moselle), Fiches d'in­ formation de J'A.A.A.M., 1972/3-4, p. 347-349. Il convient d'ajouter à cette liste plusieurs rapports sur les activités de l'A.A.A.M.

Marcel LUTZ

SOCIÉTÉS Académie Nationale de Metz

Séance du 12 avril 1984 Me Henri Bena, sur rapport de Me Pierre Mendel et M. le Général Guy Menuat, sur rapport de M. Lucien Henrion, sont élus le premier membre titulaire, le second membre associé-libre. M. Hans-Walter Herrmann sur présentation de M. Gilbert Cahen est élu membre correspondant.

M. Henri Wilmin donne lecture de sa communication intitulée « Les souvenirs messins d'un instituteur lorrain (25 novembre 1940 - 28 février 1949) ».

L'École Normale d'instituteurs de la Moselle à Montigny a été, à partir du 25 novembre 1940, le principal foyer de germanisation et de nazification. Le but était de détacher les enseignants lorrains du passé et de leur faire accepter les pensées, les idées et comportements du peuple allemand national-socialiste auquel ils seraient in­ timement liés par leur origine et leur ascendance.

Les archives de Spire , la série AR des archives départementales de la Moselle, surtout les archives privées, apportent des précisions sur le personnel allemand et les stages spéciaux de trois à neuf mois dont le dernier fut mis en route le 5 mai 1944. Les deux premiers stages furent l'œuvre de la Hochschule für Lehrerbildungsanstalt Saarbrücken ouverté le 1er octobre 1936 et transférée à Metz en 1940, puis la Lehrer­ bildungsanstalt à partir de l'automne 1941. En 1943, l'école comptait, avec les nor­ maliens, 250 élèves. Le premier stage fut mixte et s'adressa à 125 élèves groupés en cinq divisions selon leur connaissance de la langue allemande. Ils suivirent des cours de pédagogie, de Volkskunde, de grammaire et de littérature allemande, d'histoire, de géographie, de Rassenkunde, de musique, cette dernière orientée vers les chants du parti. L'enseignement était parfois pseudo-scientifique et s'imbibait des principes nationaux-socialistes : racisme, antisémitisme, autoritarisme et francophobie. Le Volkskunde et l'histoire voulaient démontrer que la Lorraine était une terre allemande.

Les résultats furent peu marquants : la masse des stagiaires se replia sur l'atten­ tisme, les autres démissionnèrent et partirent en . Deux figures se détachent du personnel allemand : l'érudit Ernst Christmann et le pédagogue Franz Fahnemann.

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