Comment Je Suis Devenue Célèbre (En Larguant Mon Mec)
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COMMENT JE SUIS DEVENUE CÉLÈBRE (EN LARGUANT MON MEC) Robin Benway Traduit de l’américain par Anne Delcourt L’édition originale de ce livre est parue aux États-Unis chez Razorbill (Penguin Group, New York, U.S.A.) sous le titre Audrey, wait ! Copyright © 2008 Robin Benway Tous droits réservés. Couverture : crédits photographiques © Shutterstock Images LLC/Jason Stitt Traduction © Éditions Nathan (Paris, France), 2009 pour la première édition, sous le titre Comment je suis devenue célèbre (malgré moi) © Éditions Nathan (Paris, France), 2012 pour la présente édition Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. » ISBN 978-2-09-253942-2 Pour ma mère, qui a toujours dit : « Il faut avoir la foi. » Et pour mon frère, qui l’a toujours eue. Sommaire Couverture Copyright Sommaire chapitre 1 chapitre 2 chapitre 3 chapitre 4 chapitre 5 chapitre 6 chapitre 7 chapitre 8 chapitre 9 chapitre 10 chapitre 11 chapitre 12 chapitre 13 chapitre 14 chapitre 15 chapitre 16 chapitre 17 chapitre 18 chapitre 19 chapitre 20 chapitre 21 chapitre 22 chapitre 23 chapitre 24 chapitre 25 chapitre 26 chapitre 27 chapitre 28 chapitre 29 chapitre 30 chapitre 31 chapitre 32 chapitre 33 chapitre 34 chapitre 35 chapitre 36 chapitre 37 chapitre 38 chapitre 39 chapitre 40 chapitre 41 ROBIN BENWAY « Les muses travaillent tout le jour, bien séparées. Le soir venu, s’étant retrouvées, elles dansent. » Edgar Degas « Oh, baby, here comes the sound ! » [C’est parti pour la musique, mon ange !] My Chemical Romance, « Give 'Em Hell, Kid » CHAPITRE 1 « Don’t you just love goodbyes ? » [Ça ne vous fait pas vibrer, les adieux ?] — Mew, « 156 » J'ai rompu avec Evan le jour où il a écrit la chanson. Vous savez, La Chanson. Vous avez dû danser dessus à la fête du lycée ou la chanter un vendredi soir au volant de votre voiture, les vitres baissées et rien que le vent qui vous souffle dans la figure, en vous disant qu’il faut sûrement être inhumain pour se sentir aussi heureux. Votre mère a dû la fredonner en nettoyant le filtre du sèche- linge, et votre papy en aura sans doute siffloté quelques mesures. S’il est du genre siffloteur. D’après un sondage publié à la une de USA Today, soixante-trois pour cent des Américains me jugent responsable de la rupture. Mettons tout de suite les choses au clair : ils ont raison. Soixante- trois pour cent des Américains ne se laissent pas prendre pour des crétins en ce qui concerne ma vie amoureuse, ce qui est totalement flippant et ne risque pas de m’aider à dormir. Pourtant, c’est vrai : j’ai rompu avec Evan et, huit heures plus tard, il avait une chanson dans la tête et sa guitare dans la main. Et tout est parti de là. Je peux vous dire qu’il m’a fallu des siècles pour me décider à rompre. Je ne me suis pas exactement réveillée un matin en me disant : « Allez, mettons un peu de piment dans ma vie ! » Franchement. J’ai assez de pain sur la planche comme ça. Qu’est-ce que vous croyez, je suis en première ! D’accord, je n’ai pas les SAT 1 à passer cette année. Mais j’y pensais – je parle de la rupture – depuis un bon bout de temps. – Fais une liste, m’avait suggéré Victoria. C’est une dingue de listes, elle en a des classeurs pleins. Elle leur donne des titres, comme « Six Couleurs dans lesquelles me Teindre les Cheveux avant de me ratatiner et mourir » ou « Cinq Personnes à Bannir de la Surface de la Terre ». (Elle a fait passer Evan en Number One.) Bref, ce jour-là, sur la table de la cuisine chez Victoria, j’ai listé les raisons pour lesquelles je devrais rester avec Evan : 1. Il est chanteur-compositeur dans un groupe. Et il a un vrai talent. 2. Il a une hygiène buccale irréprochable. (Ça, c’est un point important, vous n’imaginez pas. Ça ne me traverserait même pas l’esprit d’embrasser quelqu’un qui n’utilise pas de fil dentaire. Beurk.) 3. Il dit qu’il va écrire une chanson sur moi. Ensuite, j’ai listé les « contre » : 1. Il fume trop d’herbe. 2. Il passe son temps en répétitions ou en sessions « live » avec son groupe, les Boy-scouts, de préférence quand j’ai besoin de lui. 3. Il dit « live ». 4. Il prend tout de façon cool. TOUT. 5. Il part du principe que c’est à moi de faire le plein de capotes à l’infirmerie du lycée. 6. Quand il a fini de manger, il suce ses dents en faisant des petits bruits atroces, on dirait une souris qui agonise. Et cætera. J’ai listé tellement de « contre » que j’ai dû prendre une nouvelle page. Quand elle m’a vue faire, Victoria me l’a prise des mains en secouant la tête : – Audrey, s’il te plaît, épargne un arbre. – Bon, mais on peut… je ne sais pas, moi, rester amis ? Un truc bancal dans ce genre ? Quand j’ai rompu avec lui, Evan était assis en tailleur sur son lit. J’étais à l’autre bout de la chambre, assise à califourchon sur sa chaise de bureau. On pleurait tous les deux. Moi, je n’avais pas besoin de mouchoirs, mais la boîte de Kleenex faisait quand même la navette entre nous deux. – Ce serait super, ai-je répondu. Je me suis sentie immensément soulagée. Les amis, c’est génial. Ça ne se met jamais en colère contre vous, et ça ne révèle pas les secrets de votre vie sexuelle dans les vestiaires. Les amis, ça continue à se parler. Et, avec le temps, ça s’éloigne. – Ça me ferait super plaisir. Il s’est renversé sur son lit, puis s’est redressé au bout d’une minute : – Steve a fini par convaincre le directeur artistique de la maison de disques de venir nous voir jouer. Il a organisé un concert unique ce soir. T’as flingué mon groove. – Désolée, me suis-je excusée. Et j’étais sincère. Vraiment. – Tu viendras ? – Bien sûr, si tu as envie que je sois là. « Tout, pourvu qu’on en finisse avec cette conversation », pensais-je. Evan a hoché la tête en serrant sa guitare contre lui. Je dois reconnaître qu’au cours des onze mois où on a été ensemble, cette guitare a eu droit à plus de câlins que moi. (Au fait, raison numéro quatorze dans ma liste des « contre ».) – T’es sûre que ça te pose pas de problème ? – Ouais, ai-je murmuré. Sûre. On a gardé le silence quelques minutes, puis j’ai annoncé en me levant : – Bon, je vais y aller. Comme il ne disait toujours rien, je suis sortie de la chambre, et j’avais déjà descendu la moitié de l’escalier quand il m’a crié : – Audrey, attends ! Je ne me suis pas arrêtée. J’ai fait semblant de ne pas avoir entendu. Ce soir-là, j’ai enrôlé Victoria et Jonah, son mec, pour m’accompagner au concert à titre de soutien moral. – Comme si j’avais pas déjà décidé d’y aller, m’a répondu Victoria quand je lui ai demandé. J’ai reçu cinquante millions de SMS et trente millions d’IM2 à propos de ce truc. En plus, a-t-elle ajouté, je veux tous les détails. Sur la route du Juke-box, dans la voiture de Jonah (il a une sono d’enfer avec un caisson de basses), elle m’a fait raconter la rupture à la virgule près, avec Jonah qui faisait la grimace toutes les trois minutes en marmonnant : – C’est dur, mec. Dur dur. Victoria a fini par lui donner une claque sur l’épaule. – Tu ne pourrais pas te montrer un peu plus compatissant avec Audrey ? a-t-elle sifflé. Jonah m’a souri dans le rétro : – Désolé, Aud. Commandes de compassion activées. – Et tu ne pourrais pas le faire sans prendre l’air d’un débile ? – Faut choisir, ma poule. – T’en fais pas, Jonah, l’ai-je rassuré. C’est tout bon. Victoria s’est contentée de se caler sur la banquette en secouant la tête. – N’empêche, ça me scie que tu aies accepté d’y aller ce soir. Une demi-heure plus tard, serrées comme des sardines au Juke-box, on n’avait toujours pas changé de sujet. – Il a vraiment dit ça, que tu avais « flingué son groove » ? me demandait Victoria. Elle en était à son troisième Coca light et je voyais la caféine qui commençait à lui jaillir par les yeux. Je me tenais les bras croisés, à l’avant de la salle, sur le côté, en espérant que les Boy-scouts allaient se dépêcher de jouer pour qu’on puisse rentrer à la maison avant les bouchons. – Mot pour mot. Plus quelques autres expressions choisies. – Quoi ? Du style : « Va te faire voir » ? J’ai touillé mes glaçons avec ma paille. – Non, plutôt du style : « Comment tu peux me faire ça ? Je croyais qu’on ne se quitterait jamais… », bla bla.