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2019 20:00 20.03.Grand Auditorium Mercredi / Mittwoch / Wednesday & beyond

Anouar Brahem «»

Anouar Brahem oud double bass Nasheet Waits drums

90’ without intermission Banque de Luxembourg, société anonyme, 14 boulevard Royal, L-2449 Luxembourg - RCS Luxembourg B5310

Les liens entre le monde de la musique et notre Banque sont anciens et multiples : soutien à la production discographique de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, mécénat en faveur du lancement des cycles Jeunes publics de la Philharmonie, ainsi qu’une scène proposée aux nombreux artistes qui se sont produits au sein de notre Auditorium.

Nous nous sentons redevables à l’égard de la communauté luxembourgeoise qui nous offre le cadre de notre dévelop- pement. Nous sommes engagés depuis toujours dans la vie de la Cité, et aujourd’hui, nous sommes aux côtés de la Fondation Écouter pour Mieux s’Entendre (EME), qui vise à donner accès à la musique aux personnes qui en sont généralement exclues.

Ce soir, nous sommes heureux de soutenir le concert du maestro du jazz tunisien Anouar Brahem et du trio Dave Holland / Django Bates / Nasheet Waits pour une véritable rencontre de cœur et d’esprits. Résolument tourné vers l’avenir, Anouar Brahem puise sa force créatrice dans la diversité de ses influences. En cela, ses compositions sont le reflet des grandes mutations du monde ; il combine Attentionnés envers nos clients, influences arabes et des éléments de jazz plus modernes. attentifs au monde Au nom de la Direction de la Banque de Luxembourg, je vous souhaite une agréable soirée en compagnie d’artistes d’exception ! Nous accompagnons nos clients avec attention afin qu’ils puissent mener à bien leurs projets en toute sérénité. Nous sommes attentifs au monde qui nous entoure et apportons notre soutien et notre expertise à des acteurs de la société civile. Partenaires de la Philharmonie dans le cadre de sa programmation musicale, Philippe Depoorter nous sommes également mécènes fondateurs de la Membre du Comité exécutif Fondation EME - Ecouter pour Mieux s’Entendre. Banque de Luxembourg

www.banquedeluxembourg.com Tél.: 49 924 - 1 D’Bazilleschleider

Le célèbre caricaturiste allemand Der renommierte deutsche Karika- Martin Fengel (connu notamment turist Martin Fengel (bekannt u. a. pour ses contributions dans le aus dem Zeit-Magazin) begleitet Zeit-Magazin) ponctue les pro- die Abendprogramme der Saison grammes du soir de la saison 2018/19 mit Momentaufnahmen 2018/19 d’instantanés sur le thème zum Thema geräuschvollen Stö- des nuisances sonores dans les rens im Konzertsaal. Lassen Sie salles de concert. Laissez-vous sich durch die vergnügliche Dar- inspirer par cette présentation stellung zu rücksichtsvollem Musik- ludique, pour savourer la musique genuss inspirieren. en toute tranquillité. Anouar Brahem, nabil et poète de l’oud Jean-Pierre Jackson

Il est un quartier de Tunis, au nord de la médina, qui se nomme Halfaouine. C’est dans cet environnement populaire que naît Anouar Brahem le 20 octobre 1957. Son père est imprimeur, et comme des millions de Tunisiens il ne manque pas chaque mois la retransmission radio des concerts de Oum Khalsoum au théâtre El-Azbakia du Caire. À l’âge de dix ans, entré au Conservatoire de Tunis, il apprend la musique : il faut choisir un instrument. Sans doute sont-ce le discret Mohamed el-Qasabgi, constamment assis avec son luth derrière la diva (elle laissera sa chaise vide après la mort du virtuose), et le chanteur Mohamed Abdel Wahab qui le fascinent ; toujours est-il qu’il adopte leur instrument : le oud. Son maître de musique est Ali Sriti. L’instrument est un des plus anciens : on a découvert son ancêtre à l’âge de bronze en Mésopotamie, et dès le 5e siècle existe une sorte de luth à quatre cordes dans le monde arabe. Désormais pourvu de six cordes et perfectionné par des luthiers comme Emmanuel Venios (Manol) ou la famille Nahat, son accord varie selon les pays et les interprètes. Pour le jeune Anouar Brahem, la radio tunisienne est une source de découvertes dans tous les domaines : la musique classique, surtout Bach, avec l’Orchestre Symphonique de Tunis, mais aussi Jacques Brel et Léo Ferré ; et puis et son Köln Concert, qui répond à son besoin d’ouverture, de dépaysement, par son impressionnante capacité à mettre en œuvre une improvisation musicale. Les musiciens arabes connaissaient depuis le 17e siècle le taqsim, prélude libre ou séquence improvisée, et le maqâm, ou fondement harmonique sur lequel ils improvisaient. Mais là, c’est le langage du jazz et son approche de l’improvisation qui bouleversent à jamais le jeune instrumentiste. 5 Anouar Brahem se dégage ainsi de l’environnement musical presque exclusivement dominé par l’expression chantée et la variété. Il refuse les cérémonies de mariage ou les formations pléthoriques existantes, assez anachroniques et où le oud n’est qu’un instrument d’accompagnement. Dès ses premières réali- sations, la composition, élément central de sa vision musicale, intègre assez naturellement des éléments de langage venus d’autres traditions musicales orientales et méditerranéennes, ainsi que du jazz.

En 1982 il part s’installer à . Au cours de son séjour entre- coupé de retours au pays natal, il rencontre Maurice Béjart et collabore avec lui pour son ballet Thalassa Mare Nostrum. Il travaille avec Gabriel Yared en tant que soliste pour la musique du film de Costa-Gavras Hanna K. De retour à Tunis en 1987, il se voit confier la direction de l’Ensemble Musical de la Ville de Tunis. Les compositions se multiplient : « Leïlatou tayer », « El hizam el dhahabi », « Rabeb », « Andalousïat », « Ennaouara el achiqua ». Il constitue un ensemble réduit, un takht, forme originelle de l’orchestre traditionnel où chacun est à la fois soliste et improvisateur, permettant de mettre en œuvre l’esprit, la subtilité des variations et l’intimité de cette musique de chambre. En 1990, au retour d’une tournée aux États-Unis et au Canada, une rencontre majeure va permettre à Anouar Brahem d’incarner l’expérience musicale acquise et la vision de celle qu’il ressent à venir : celle du producteur des disques ECM, . De 1991 à 2017, ce sont ainsi douze albums qui vont marquer le déroulement d’une carrière qui le voit se produire sur toutes les scènes et les festival du monde entier au sein de formations dont la constitution évolue, et à travers près de cent cinquante compo- sitions musicales. Entouré de deux musiciens tunisiens, Béchir Selmi au violon et Lassaad Hosni aux percussions, il enregistre pour ECM en 1991 son premiers disque, « Barzakh ». Le nom évoque le temps qui sépare la mort d’une personne et sa renaissance au jour de la Résurrection, un intermonde entre le ciel et l’enfer. Le solo de oud sur « Le Belvédère assiégé » manifeste clairement, en particulier,

6 Anouar Brahem photo: Marco Borggreve la profondeur et la dignité du langage personnel auquel il est déjà parvenu, où la respiration du phrasé mêle de façon émouvante la tradition de l’instrument et l’individualité de son interprète. La flûte de pan diatonique appelée naï de Kudsi Erguner, la clarinette de Barbaros Erköse, le bendir et la darbouka du percus- sionniste Lassaad Hosni forment avec le oud, sur le « Conte de l’incroyable amour » gravé l’année suivante, un ensemble d’une grande beauté mélodique évocatrice d’une sorte d’Orient imagi- naire sur lequel le temps a desserré son emprise pour ne laisser s’élever que le chant presque solennel d’une identité retrouvée mais susceptible de toucher au cœur de tous. Le saxophoniste norvégien , qui fit partie d’un quartet légendaire de Keith Jarrett, avait beaucoup aimé les deux premiers albums d’Anouar Brahem et avait souhaité travailler avec lui. La rencontre se fit naturellement, quoique vivement encouragée par Manfred Eicher. Brahem et Garbarek se retrouvent alors autour d’une quête commune, celle d’une tradition universelle. « Madar » témoigne de cette « utopie en acte » et fait entendre de façon éclatante comment l’entrelacement de civilisations musicales différentes peut se réaliser, mêlant l’essence de ce qui les distingue et rendant fertile leur osmose. Le cinéma ne pouvait dès lors manquer de faire appel à son talent original de compositeur. Les Sabots en or et Bezness de Nouri Bouzid, Regard de Mouette de Kalthoum Bornaz avaient été l’occasion pour Anouar Brahem d’écrire des musiques de films. Avec « », disque gravé en septembre 1994 à Oslo, il fait appel à ceux qui l’accompagnent depuis quelques années, le violoniste Béchir Selmi, l’élégant pianiste François Couturier, le saxophoniste Jean-Marc Larché, et à de nouveaux comparses : l’accordéoniste , le contrebassiste et le batteur John Christensen, qui formaient le tandem rythmique du même quartet légendaire de Keith Jarrett. Hormis « Comme un départ » due à Galliano et deux compositions collectives, les treize autres thèmes sont issus de la plume d’Anouar Brahem pour le cinéma et le théâtre, dont cette formation aux provenances variées donne une version souvent élégiaque.

9 Et puis vint « », chef-d’œuvre enregistré à Oslo avec le contrebassiste Dave Holland et le saxophoniste , tous deux anglais. Onze compositions originales y déploient les fastes incantatoires d’une musique dont il serait vain de vouloir isoler les composantes incarnant un nouveau langage homogène, puissant et surtout chargé d’un pouvoir unique d’évocation. Se lèvent à son écoute des fantômes d’humains figés sur les photos jaunies des cafés de Tunis, des empires évanouis, des civilisations en ruines, la mélopée immémoriale d’un passé de légende. On n’y rencontre pas une musique mais un univers. Foin des labels agaçants, parasites et d’abord inutiles : moderne, postmoderne, fusionnel, « créatif », etc. Car il est aveuglément évident que le soprano de John Coltrane ou la clarinette basse d’Eric Dolphy, que le piano de Dollar Brand, d’Ellington ou de Monk même, seraient ici galvanisés par cet environnement flirtant avec l’éter- nité, unissant dans une même respiration cantabile les tempi « irréguliers » chers à Bartók (Deuxième Quatuor, Suite pour piano), les timbres, le phrasé et l’improvisation du jazz, et la tradition rythmique et mélodique de la musique tunisienne traditionnelle. La passion de Coltrane pour les soufis, la vénération du Duke pour « La plus belle africaine », le génie de Monk pour engendrer l’« Ugly Beauty », les arabesques (le mot est ici pertinent) de la « Nuit tunisienne », les polyrythmies volcaniques d’Elvin Jones pourraient s’y épanouir comme à la plus belle des fêtes musicales. On se demande s’il est possible de chanter davantage et mieux que ne le font ces trois-là avec des cordes tendues sur une caisse en bois et un bout de roseau vibrant au bout d’un tuyau de métal percé, puisant aux tréfonds du chant humain pour défier par la perfection de son énonciation, l’absurde de l’univers que nous habitons un instant. C’est une sorte de retour aux sources qui s’opère avec « Astrakan Café », où Anouar Brahem retrouve la clarinette de Barbaros Erköse et les percussions de Lassaad Hosni, fresque d’un voyage musical en Azerbaïdjan, en Ossétie, au Turkménistan, à Tunis, bien sûr, au Turkestan et en Tanzanie, dont les compositions évoquent tour à tour les arcanes et les sortilèges.

10 Avec son « trio européen » Anouar Brahem participe dans la deuxième moitié des années 1990 et au début des années 2000 à de nombreuses tournées, le public étant chaque fois fasciné par la dignité et la beauté non convulsive de sa musique. Avec le oud, François Couturier au piano et Jean-Louis Matinier à l’accordéon, le rythme n’est jamais ni démonstratif, ni très présent. Mais la mélodie et l’espace y règnent en maîtres. Une nostalgie poignante y colore chacune des notes, qui ne trouve d’équivalent que dans la littérature. Il faudrait rappeler Ovide, Les Tristes surtout, pour trouver un équivalent suggestif à cette sentimentalité aux teintes méditerranéennes omniprésente. François Couturier y fait mer- veille, avec son élégance coutumière et sa délicatesse de toucher. Jean-Louis Matinier y est prodigieux de pudeur et de musicalité, son accordéon, qui a priori pourrait paraître incongru, se révélant une composante désormais indispensable à la palette de ce trio de haute inspiration présent sur « » et « ». Mais enfin, c’est le oud d’Anouar Brahem, créateur d’enchantements, qui fait lever les évocations, chavire le cœur et la mémoire. Sans ostentation, avec une vérité irréductible et la plus élégiaque des vertus. Mais ce maître du oud ne s’en tient pas à une formule établie, même si c’est la sienne. C’est ainsi que sur un poème de Mahmoud Darwish il enregistre en 2008 « The Astounding Eyes of Rita » avec une nouvelle formation comprenant à ses côtés clarinette basse, guitare basse et percussions. Trois caractères émergent immédiatement : la tonicité plus grave de l’ensemble, les trois nouveaux instruments colorant majoritairement la musique d’un soubassement impressionnant de gravité, à tous les sens du terme. D’autre part, Anouar Brahem livre ici plusieurs compositions figurant immédiatement parmi ses plus accomplies : « The Lover Of Beirut », « The Astounding Eyes of Rita », « Galilée Mon Amour », par exemple, emportent sans hésitation la conviction. Enfin, davantage peut-être que lors des albums précédents, l’archi- tecture d’ensemble des morceaux est pensée et maîtrisée. L’intérêt qui en résulte est constant et intense. L’exigence musicale est ici sensible à chaque note, à chaque silence, faisant de ce disque son meilleur depuis le fulgurant « Thimar », dont il évoque fréquem- ment l’univers.

13 En 2017, Anouar Brahem, authentique nabil, poursuit sa quête universaliste d’harmonie en signant avec « Blue Maqams » un nouvel album animé par sa passion du jazz, capté à New York, reprenant en quelque sorte les choses là où il les avait laissées il y a vingt ans avec « Thimar », enregistré déjà en compagnie de Dave Holland et John Surman. La magie de son oud y évoque avec élégance les fascinantes facettes de son univers musical, vers lequel la nostalgie noblement vibrante, le lyrisme constant de son chant et les suaves arrangements de ses compositions entraînent l’auditeur subjugué. S’il trouve avec le très grand batteur Jack DeJohnette un interlocuteur de classe, c’est avec le pianiste anglais Django Bates que le dialogue est le plus pur, le plus émouvant et sans doute le plus accompli. Ce nouvel album d’une dignité musicale absolue, d’une haute vertu d’inspiration, voyage intérieur d’une constante noblesse d’inspiration, relève de la plus pure poésie.

« Blue Maqams » a été créé en concert en juillet 2017 à Hammamet. En avril 2018, quelque mois après la parution du disque, le quartet a effectué une tournée à travers l’Europe. C’est ce quartet (excepté Jack DeJohnette, remplacé par Nasheet Waits) à la magie constante qui se produit ce soir dans le Grand Auditorium, attestant qu’il est heureusement donné de temps en temps au mélomane de pouvoir entrer, émerveillé, dans un territoire nouveau dont rétrospectivement il s’effraie qu’il aurait peut-être pu ne pas exister.

Jean Pierre Jackson a enregistré neuf disques. Batteur, il a joué un an avec et avec de nombreux musiciens, dont pendant douze ans au Festival de Jazz de Tanger. Il a été conseillé pour les disques Vogue, pour TDK et United Archives. Il a rédigé les rubriques jazz du Dictionnaire Mozart et de Tout Bach (Bouquins Laffont). Il a écrit six livres sur le jazz pour les éditions Actes Sud : Charlie Parker, Miles Davis, Benny Goodman, Oscar Peterson, La Discothèque idéale du Jazz et Keith Jarrett. Il chronique les disques de jazz chaque mois depuis 1998 dans Répertoire, puis Classica et Pianiste. Il est membre depuis début 2011 de l‘Académie du Jazz. 14 Anouar Brahem photo: Marco Borggreve Anouar Brahem – Freiheit der Balance Ralf Dombrowski

Die Oud hatte einen langen Weg in den Jazz. Dafür gibt es viele Gründe und einer lag bereits in ihrem Klang. Denn die bundlose Kurzhalslaute wirkte im Vergleich zur Gitarre akustisch dünn, skelettiert transparent. Üblicherweise wurde sie melodisch gespielt, Akkordgriffe waren unbequem, sie eignete sich daher nicht dafür, in einem Bandzusammenhang eingesetzt zu werden, wo sie mit wuchtigen Partnern wie Schlagzeug, Saxophon oder Klavier hätte konkurrieren müssen. Bevor sich wirkungsvolle Verstärkersysteme durchsetzten, war sie außerdem schlicht zu leise, um eine Chance zu haben. Außerdem fehlte die Veranke- rung im afroamerikanischen Traditionszusammenhang, so dass man nur gelegentlich auf sie stieß, wenn einzelne Musiker Vor- lieben für Exotismen oder Experimente hegten. Einer der ersten, die sich für das Instrument im Jazz-Umfeld einsetzten, war der New Yorker Bassist Ahmed Abdul-Malik. In ­Brooklyn geboren, aber mit Wurzeln im muslimischen Sudan, begann er mit seinem Ensemble Middle Eastern Music von 1957 an, arabische Elemente in die urban avantgardistische Klangwelt zu integrieren. Es war ein Pionierprojekt, für das er zu zahlreichen traditionellen Instrumenten griff, eben auch der Laute, die auf diese Weise im Umfeld von John Coltrane und Thelonious Monk auftauchte, ohne allerdings nachhaltig Spuren zu hinterlassen.

Es dauerte weitere zwei Jahrzehnte, bis die Oud im Umkreis der Improvisation ernsthaft wahrgenommen wurde. Zuvor hatte sie im kleinen Rahmen der klassischen neuen Musik Komponisten wie Steve Reich oder Terry Riley beeindruckt, die sich vor allem im Anschluss an Konzerte des durch die USA tourenden ägyptischen

17 Virtuosen Hamza El Din und dessen 1971 aufgenommenen Albums «Escaly: The Water Wheel» für Sound und Wirkungsweise der arabischen Laute interessierten. Mehreres kam zusammen. Zum einen sorgte der der Hippie-Ära entwachsene Trend der Welt- musik dafür, dass neben dem Mainstream von angloamerikanischem Pop und Rock auch Regionen wie Brasilien, Argentinien, die Kari- bik, Afrika und auch der Orient auf den Plattenspielern Einzug hielten. In Ägypten und im Libanon hatten sich über Jahrzehnte hinweg umfangreiche Musikindustrien entwickelt, die vor allem Nordafrika und den arabischen Kulturraum bespielten, zuweilen Abgesandte in europäische Kulturhäuser schickten, vor allem aber eine umfangreiche Szene gut ausgebildeter und versierter Instru- mentalisten heranbildeten, die die Studios und Bühnen in Kairo, Beirut oder auf dem Maghreb bevölkerten. Einige davon wiederum fühlten sich im Umfeld der traditionellen Musik und des arabi- schen Pops nicht ausgelastet. Sie zogen weiter nach Europa und begannen, mit klassischer Musik und Jazz zu experimentieren.

Im Fall der Oud erschienen nahezu zeitgleich drei sehr unterschied- liche Künstler auf der Bildfläche, die bis heute zu den prägenden Gestalten dieser Phase des stilistischen Kulturkontaktes gehören. Der eine heißt Rabih Abou-Khalil, hatte in seiner Heimatstadt Beirut Musik studiert und musste 1978 vor dem Bürgerkrieg im Libanon flüchten. Von München aus suchte er Verbindungen zur Jazzwelt, veröffentliche 1984 seine erste Platte mit arabeskem Improvisations-Crossover und entwickelte sich zum Motor eines Trends, der in den folgenden zwei Jahrzehnten die Bürgerhäuser füllte. Spieler Nummer zwei ist Dhafer Youssef. Er stammte aus einem tunesischen Dorf, hielt es aber Ende der 1980er in der gedanklichen Enge des arabisch Rustikalen nicht mehr aus und landete über zahlreiche Umwege in Wien, wo er schnell mit orts- ansässige Musikern in Kontakt kam und wiederum einen eigenen Zugang zum Klangerbe fand, der ihn inzwischen viel mit Electronics und skandinavischem Flow verbindet. Nummer drei schließlich ist Anouar Brahem, der Feingeist im Triumvirat der Jazz-Oud.

18 Feingeist und Tradition Anouar Brahem wuchs im klassisch arabischen Traditionsgefüge auf. Geboren 1957 in Tunis, studierte er bereits als Zehnjähriger am lokalen Konservatorium unter anderem bei Größen ihres Fachs wie dem Oud-Meister Ali Sriti. Man hörte ihn mit klassischen Konzerten, aber ebenso bei profaneren, wenn auch opulenten Anlässen wie Festen und Hochzeiten. Das war zwar üblich, doch dem neugierigen jungen Mann genügte diese typisch verlaufende Karriere eines Musikers nicht. «Schon als junger Musikstundent begann ich, in meiner Heimatstadt Tunis Jazz zu hören», erinnert er sich heute an die ersten Momente seiner großen Reise. «Zu der Zeit widmete ich mich mit Hingabe der traditionellen arabischen Musik, die ich bei dem großen Meister Ali Sriti studieren durfte. Gleichzeitig war ich aber auch voller Neugier auf andere musikalische Ausdrucksfor- men. Die Ästhetik des Jazz ist eine ganz andere als die der arabischen Musik, aber ich fühlte mich davon angesprochen, weil sie mir eine andere Welt eröffnete, eine, der ich mich ebenfalls nahe fühlte. Zweifellos gibt es eine gewisse Spontaneität in der arabischen Musik, eine Art zu spie- len, die es den Musikern erlaubt, sich einige Freiheiten gegenüber dem Notentext zu gestatten. Und das spiegelt vielleicht auch das, was im Jazz passiert.»

Um das Gelernte hinter sich zu lassen oder zumindest mit Distanz zu verarbeiten, ging Anouar Brahem 1981 nach Paris. Als klassi- scher Musiker stürzte er sich allerdings nicht gleich in das Getümmel der florierenden französischen Jazzszene, sondern begann seine Grenzüberschreitungen mit Komposition für Kino und Theater, bald auch für Ballett. Eine Einladung des Karthago Festivals brachte ihn Mitte des Jahrzehnts mit vielen improvisie- renden Kollegen zusammen und so nahm seine zweite Karriere Fahrt auf. Er gewann den Tunesischen Nationalpreis für Musik, profilierte sich einerseits als modern arabischer Komponist für Kammermusik, blieb aber gleichzeitig im Jazzumfeld aktiv. Die Zeit war reif für solche Grenzüberschreitungen, zum einen, weil die Studio- und Bühnentechnik es inzwischen ermöglichte, auch feinsinnig Filigranes akustisch angemessen abzubilden. Für einen Klangbegeisterten wie Brahem war das wichtig, denn er wollte die fragilen, oft im pianissimo verweilenden Melodielinien

21 seiner Kunst auch hören können. Die französische und europä- ische Musik war darüber hinaus gerade von Konzepten wie der Imaginären Folklore fasziniert, die im postmodernen Denken des Alles-Ist-Möglich im Besonderen Verknüpfungen von Tradi- tionellem mit Experimentellem feierte. Und dann kam noch die Begegnung mit dem Plattenproduzenten Manfred Eicher hinzu, der auf seinem Label ECM Platz für Anouar Brahem schuf und über seine Beziehungen Bands mit internationalen Jazzkory- phäen möglich machte.

Laute und Jazz Von 1990 an ging es zügig voran. Noch im selben Jahr erschien Brahems erstes Album unter neuer künstlerischer Idee ­«Barzakh», eine zerbrechlich schöne Vision arabesker Kammer- triomusik. Zwei Jahre später traf er mit dem Saxophonisten Jan ­Garbarek im Studio zusammen, wenig später folgten Projekte mit dem Akkordeonisten Richard Galliano und dem Pianisten François Couturier, mit dem er immer wieder zusammenarbei- ten sollte. International schaffte Brahem den Durchbruch mit dem Trio-Album «Thimar», das ihn 1997 mit dem Bassisten Dave Holland und dem Saxophonisten John Surman verband. Seitdem gibt es eigentlich keine Aufnahme mehr, die nicht irgendwo auf der Welt mit einem Preis ausgezeichnet und über- haupt mit viel Lob bedacht wird. Für Anouar Brahem ist das eine unglaubliche Entwicklung, allerdings auch eine, die ihn oft mit Kammermusik und klangethnischen Impulsen, jedoch deut- lich weniger mit Jazz konfrontiert. Deshalb war es für ihn wich- tig, sich mit dem Programm «Blue Maqams» wieder ausführlich mit dem Konzept von Improvisation auseinanderzusetzen: «Es begann wie meistens, indem ich die Ideen einfach herankommen ließ, ohne spezielle Richtung in Bezug auf Stil, Form oder Instrumentierung. Ohne es zunächst wirklich wahrzunehmen, entstand der Gedanke und bald auch das Bedürfnis, den Klang der Oud erneut mit dem des Kla- viers zu verbinden. Es dauerte nicht lange und dann folgte diesem Impuls der Wunsch nach einer exquisiten instrumentalen Kombination, die auch die Balance und Dynamik dieser Verbindung stellenweise fein und ebenso umfassend umgreifen könnte, also nach einer echten Jazz-Rhythmusgruppe.»

22 Bass und Schlagzeug waren relativ schnell gefunden. Dave Holland kannte er bereits von «Thimar» und wer einmal die Gelegenheit hatte, mit dem Grandseigneur der musikalischen Eleganz zu arbeiten, wird sich kaum nach einem anderen Kolle- gen sehnen. Jack DeJohnette wiederum empfahl sich als einer der umsichtigsten rhythmischen Grenzgänger der Jazzgeschichte, dessen Vielfalt der Erfahrungen auch noch so komplexe Projekte greifbar machen kann. Für das Klavier musste Brahem länger suchen, doch er fand in Django Bates die ideale Kombination aus Abstraktion, Intuition und Gestaltungskultur. «Blue Maqams» bekam seine Form und wurde zu dem, was Brahem am Anfang noch gar nicht wusste, dass es werden sollte: «Ich möchte, dass jedes Stück eine eigene Identität durch die auskomponierten Passagen behält. Die Rolle des Musikers ist es, sich innerhalb des Rah- mens eines jeden Stückes so auszudrücken, dass die Eigenheit bewahrt wird. Ein entscheidender Teil des Zusammenspiels dreht sich genau um diesen Aspekt, gemeinsam die richtige Balance aus aufgeschriebener und improvisierter Musik zu finden. Denn selbst in komponierten Stücken und in Passagen, in denen vielleicht weniger Raum zur Interpretation bleibt, möchte ich, dass die Musik klingt, als bewege sie sich vorwärts in einem stetigen Fluss». Auf der Bühne hat Anouar Brahem dieses Konzept bereits in zahlreichen Konzerten weiter verfeinert. Dabei steht ihm inzwischen am Schlagzeug der New Yorker Polyrhythmiker Nasheet Waits zur Seite, der, eine Generation jünger als DeJohnette, dessen Errungenschaften bereits in einen Personalstil eingearbeitet hat, der dem Filigranen eine profunde grundlegende Kraft beimischt. Als Quartett ist das eine der besten und vielseitigsten Kombinationen an der Schwelle von Improvi- sation, Kammermusik und Kulturkontakt, die die aktuelle Jazz- welt zu bieten hat. Anouar Brahem kann zufrieden sein und das Publikum kann ein außergewöhnliches Konzert erwarten.

Ralf Dombrowski, Musikjournalist, Buchautor und Fotograf, schreibt seit 1994 über Musik mit Schwerpunkt Jazz. Er arbeitet für die Süddeutsche Zeitung, den Bayerischen Rundfunk, Spiegel Online und zahlreiche Fachmagazine.

25 Anouar Brahem photo: Marco Borggreve Interprètes Biographies

Anouar Brahem oud Born in 1957 in Halfaouine, in the heart of the Medina in Tunis, Anouar Brahem was ten when he began studying the oud at the National Conservatory in Tunis, and later pursued his appren- ticeship with the great master Ali Sriti. In an Arab musical envi- ronment where popular songs and crowded orchestras dominated – the oud was reserved for accompaniment – he revealed his many facets in undertaking a mission to restore the oud to the status of an emblematic solo instrument in Arab music, and at the same time breaking with tradition in his work as a composer by integrating elements of jazz and other musical traditions from the Orient and the Mediterranean. In 1981 he moved to Paris for four years, where he collaborated with Maurice Béjart and composed numerous original works, notably in Tunisian films and theatre. On his return to in 1985, he spent the next five years composing and giving concerts which established his reputation. In 1989 he met producer Manfred Eicher, who gave Brahem the opportunity to record his first album for the highly prestigious ECM label. «Barzakh» marked the beginning of a particularly fruitful association which, in the space of twenty years, has seen Anouar Brahem in the company of some of the world’s most talented musicians, whatever the genre or tradition: Barbaros Erköse, Jan Garbarek, Dave Holland, John Surman and Richard Galliano to name only a few. To date, he has recorded no fewer than eleven other albums, all of which have received similar public and critical acclaim: «Conte de l’Incroyable Amour» (1991), «Madar» (1994), «Thimar» (1998), «Le Pas du Chat Noir»

27 (2001), «The Astounding Eyes of Rita» (2009), «Souvenance» (2014) and «Blue Maqams» (2017). In 2006 his love for films became tangible when he directed and coproduced his first documentary film,Mots d’après la Guerre, made in the Lebanon following the war between Israel and the Hezbollah. The film was selected for the Locarno Film Festival. Considered in his country to be the most innovative composer and instrumentalist of recent years, he enjoys considerable esteem among young Tunisian composers and oud-players; and today he has become, more than ever, one of the most influential figures in contemporary music, both in the Arab world and beyond. In 2012, shortly after the revolution in Tunisia, he was named a Life-Member of the Tunisian Academy for Science, the Arts and Literature. In the course of his career Anouar Brahem has obtained many awards and decorations: the Prix National de la Musique (Tunisia, 1985); a Preis der Deutschen Shallplattenkritik for «Thimar» (Germany, 1998), an Edison Award for his album «Le Voyage de Sahar» (Netherlands, 2006), an Echo Jazz Award as «Best International Musician of the Year» for his album «The Astounding Eyes of Rita» (Germany, 2010) and a Klara’s Classical Music Awards, for «Blue Maqams» as «Best International Album» (Belgium, 2018).

Dave Holland double bass Over the course of a nearly five-decade career, bassist and composer Dave Holland has never stopped evolving, reinventing his concept and approach with each new project while constantly honing his instantly identifiable voice. From the electric whirlwind of Miles Davis’ electric band to the pioneering avant-garde quartet Circle to his own acclaimed big band, Dave Holland has been at the forefront of jazz in many of its forms since his earliest days. Outside the jazz world, he has collaborated with Bonnie Raitt, flamenco master Pepe Habichuela, and bluegrass legend Vassar Clements. In 2013, the Wolverhampton, England native unveiled Prism, a visceral electric quartet featuring his longtime collabo- rator and Tonight Show bandleader Kevin Eubanks, along with keyboardist Craig Taborn and drummer Eric Harland. In addition, Holland continues to lead his Grammy-winning big band; his

28 Dave Holland photo: Sylvain Gripoix Django Bates photo: Nick White renowned quintet with saxophonist Chris Potter, trombonist Robin Eubanks, vibraphonist Steve Nelson, and drummer Nate Smith; and the Overtone quartet, with Potter, Harland, and pianist Jason Moran.

Django Bates piano Django Bates is a self-taught composer, pianist and keyboard player who credits the variety of musical influences in his work to his childhood. His father is a collector of Jazz, and Romanian and African folk music. A founder member of Loose Tubes, Django Bates was a leading light in the 1980s European jazz renaissance. The Dutch Metropole Orchestra, The Brodsky Quartet, Joanna MacGregor, Britten Sinfonia, Royal Shakespeare Company, and Duisburg Philharmonic are some of the many artists and ensembles that have commissioned new works from him. As an internationally respected musician he has appeared along- side Bill Bruford, Dudu Pukwana, Sidsel Endresen, Wynton Marsalis, Michael Brecker, Tim Berne, and Ronnie Scott. In 1997 Django Bates was awarded the prestigious Danish Jazzpar prize, dubbed the «Nobel Prize of Jazz». His album «The Study of Touch» produced by Manfred Eicher has been released on the ECM label in November 2017. Django Bates is professor of jazz at the Hochschule der Künste, Berne, Switzerland.

Nasheet Waits drums Nasheet Waits s a New York native. His interest in playing the drums was encouraged by his father, legendary percussionist, Frederick Waits. He has been a member of Andrew Hill’s various bands, Jason Moran’s Bandwagon, and Fred Hersch’s trio. As an originating member of pianist Jason Moran’s Bandwagon, Jason, bassist Tarus Mateen, and Nasheet have been deemed «the most exciting rhythm section in jazz» by JazzTimes. The 2001 recording «Black Stars» with Bandwagon, featuring Sam Rivers was named the «Best CD of 2001» in JazzTimes and The New York Times. In addition he is receiving accolades as the drummer for Nasheet’s recording and performing discography is a veritable

31 who’s who in jazz, boasting stints with jazz notables such as , Mario Bauza, Hamiett Bluiett, Jane Bunnett, Abraham Burton, Jaki Byard, , Marc Cary, Steve Coleman, Stanley Cowell, Orrin Evans, Stefon Harris, Andrew Hill, Bill Lee, Joe Lovano, Jackie McLean, Mingus Orchestra, The New Jersey Symphony Orchestra, Greg Osby, Joshua Redman, Vanessa Rubin, Antoine Roney, Wallace Roney, Shirley Scott, Jacky Terrasson, and Mark Turner. Nasheet Waits has recorded and toured extensively in Africa, Europe, Japan, Canada, South America and the United States.

32 Nasheet Waits photo: Emra Islek Jazz & beyond Prochain concert du cycle «Jazz & beyond» Nächstes Konzert in der Reihe «Jazz & beyond» Next concert in the series «Jazz & beyond»

2019 20:00 27.04.Grand Auditorium Mercredi / Mittwoch / Wednesday

Jan Garbarek Group feat. Jan Garbarek saxophone Rainer Brühninghaus piano Trilok Gurtu percussion Yuri Daniel bass

39 La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

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© Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2019 Pierre Ahlborn, Président Stephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan Gehmacher Rédaction: Lydia Rilling, Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christph Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design Limited Imprimé au Luxembourg par: WEPRINT Tous droits réservés.

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