Anouar Brahem «Blue Maqams» Anouar Brahem Oud Dave Holland
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2019 20:00 20.03.Grand Auditorium Mercredi / Mittwoch / Wednesday Jazz & beyond Anouar Brahem «Blue Maqams» Anouar Brahem oud Dave Holland double bass Django Bates piano Nasheet Waits drums 90’ without intermission Banque de Luxembourg, société anonyme, 14 boulevard Royal, L-2449 Luxembourg - RCS Luxembourg B5310 Luxembourg - RCS Luxembourg L-2449 Royal, boulevard 14 anonyme, société Banque de Luxembourg, Les liens entre le monde de la musique et notre Banque sont anciens et multiples : soutien à la production discographique de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, mécénat en faveur du lancement des cycles Jeunes publics de la Philharmonie, ainsi qu’une scène proposée aux nombreux artistes qui se sont produits au sein de notre Auditorium. Nous nous sentons redevables à l’égard de la communauté luxembourgeoise qui nous offre le cadre de notre dévelop- pement. Nous sommes engagés depuis toujours dans la vie de la Cité, et aujourd’hui, nous sommes aux côtés de la Fondation Écouter pour Mieux s’Entendre (EME), qui vise à donner accès à la musique aux personnes qui en sont généralement exclues. Ce soir, nous sommes heureux de soutenir le concert du maestro du jazz tunisien Anouar Brahem et du trio Dave Holland / Django Bates / Nasheet Waits pour une véritable rencontre de cœur et d’esprits. Résolument tourné vers l’avenir, Anouar Brahem puise sa force créatrice dans la diversité de ses influences. En cela, ses compositions sont le reflet des grandes mutations du monde ; il combine Attentionnés envers nos clients, influences arabes et des éléments de jazz plus modernes. attentifs au monde Au nom de la Direction de la Banque de Luxembourg, je vous souhaite une agréable soirée en compagnie d’artistes d’exception ! Nous accompagnons nos clients avec attention afin qu’ils puissent mener à bien leurs projets en toute sérénité. Nous sommes attentifs au monde qui nous entoure et apportons notre soutien et notre expertise à des acteurs de la société civile. Partenaires de la Philharmonie dans le cadre de sa programmation musicale, Philippe Depoorter nous sommes également mécènes fondateurs de la Membre du Comité exécutif Fondation EME - Ecouter pour Mieux s’Entendre. Banque de Luxembourg www.banquedeluxembourg.com Tél.: 49 924 - 1 D’Bazilleschleider Le célèbre caricaturiste allemand Der renommierte deutsche Karika- Martin Fengel (connu notamment turist Martin Fengel (bekannt u. a. pour ses contributions dans le aus dem Zeit-Magazin) begleitet Zeit-Magazin) ponctue les pro- die Abendprogramme der Saison grammes du soir de la saison 2018/19 mit Momentaufnahmen 2018/19 d’instantanés sur le thème zum Thema geräuschvollen Stö- des nuisances sonores dans les rens im Konzertsaal. Lassen Sie salles de concert. Laissez-vous sich durch die vergnügliche Dar- inspirer par cette présentation stellung zu rücksichtsvollem Musik- ludique, pour savourer la musique genuss inspirieren. en toute tranquillité. Anouar Brahem, nabil et poète de l’oud Jean-Pierre Jackson Il est un quartier de Tunis, au nord de la médina, qui se nomme Halfaouine. C’est dans cet environnement populaire que naît Anouar Brahem le 20 octobre 1957. Son père est imprimeur, et comme des millions de Tunisiens il ne manque pas chaque mois la retransmission radio des concerts de Oum Khalsoum au théâtre El-Azbakia du Caire. À l’âge de dix ans, entré au Conservatoire de Tunis, il apprend la musique : il faut choisir un instrument. Sans doute sont-ce le discret Mohamed el-Qasabgi, constamment assis avec son luth derrière la diva (elle laissera sa chaise vide après la mort du virtuose), et le chanteur Mohamed Abdel Wahab qui le fascinent ; toujours est-il qu’il adopte leur instrument : le oud. Son maître de musique est Ali Sriti. L’instrument est un des plus anciens : on a découvert son ancêtre à l’âge de bronze en Mésopotamie, et dès le 5e siècle existe une sorte de luth à quatre cordes dans le monde arabe. Désormais pourvu de six cordes et perfectionné par des luthiers comme Emmanuel Venios (Manol) ou la famille Nahat, son accord varie selon les pays et les interprètes. Pour le jeune Anouar Brahem, la radio tunisienne est une source de découvertes dans tous les domaines : la musique classique, surtout Bach, avec l’Orchestre Symphonique de Tunis, mais aussi Jacques Brel et Léo Ferré ; et puis Keith Jarrett et son Köln Concert, qui répond à son besoin d’ouverture, de dépaysement, par son impressionnante capacité à mettre en œuvre une improvisation musicale. Les musiciens arabes connaissaient depuis le 17e siècle le taqsim, prélude libre ou séquence improvisée, et le maqâm, ou fondement harmonique sur lequel ils improvisaient. Mais là, c’est le langage du jazz et son approche de l’improvisation qui bouleversent à jamais le jeune instrumentiste. 5 Anouar Brahem se dégage ainsi de l’environnement musical presque exclusivement dominé par l’expression chantée et la variété. Il refuse les cérémonies de mariage ou les formations pléthoriques existantes, assez anachroniques et où le oud n’est qu’un instrument d’accompagnement. Dès ses premières réali- sations, la composition, élément central de sa vision musicale, intègre assez naturellement des éléments de langage venus d’autres traditions musicales orientales et méditerranéennes, ainsi que du jazz. En 1982 il part s’installer à Paris. Au cours de son séjour entre- coupé de retours au pays natal, il rencontre Maurice Béjart et collabore avec lui pour son ballet Thalassa Mare Nostrum. Il travaille avec Gabriel Yared en tant que soliste pour la musique du film de Costa-Gavras Hanna K. De retour à Tunis en 1987, il se voit confier la direction de l’Ensemble Musical de la Ville de Tunis. Les compositions se multiplient : « Leïlatou tayer », « El hizam el dhahabi », « Rabeb », « Andalousïat », « Ennaouara el achiqua ». Il constitue un ensemble réduit, un takht, forme originelle de l’orchestre traditionnel où chacun est à la fois soliste et improvisateur, permettant de mettre en œuvre l’esprit, la subtilité des variations et l’intimité de cette musique de chambre. En 1990, au retour d’une tournée aux États-Unis et au Canada, une rencontre majeure va permettre à Anouar Brahem d’incarner l’expérience musicale acquise et la vision de celle qu’il ressent à venir : celle du producteur des disques ECM, Manfred Eicher. De 1991 à 2017, ce sont ainsi douze albums qui vont marquer le déroulement d’une carrière qui le voit se produire sur toutes les scènes et les festival du monde entier au sein de formations dont la constitution évolue, et à travers près de cent cinquante compo- sitions musicales. Entouré de deux musiciens tunisiens, Béchir Selmi au violon et Lassaad Hosni aux percussions, il enregistre pour ECM en 1991 son premiers disque, « Barzakh ». Le nom évoque le temps qui sépare la mort d’une personne et sa renaissance au jour de la Résurrection, un intermonde entre le ciel et l’enfer. Le solo de oud sur « Le Belvédère assiégé » manifeste clairement, en particulier, 6 Anouar Brahem photo: Marco Borggreve la profondeur et la dignité du langage personnel auquel il est déjà parvenu, où la respiration du phrasé mêle de façon émouvante la tradition de l’instrument et l’individualité de son interprète. La flûte de pan diatonique appelée naï de Kudsi Erguner, la clarinette de Barbaros Erköse, le bendir et la darbouka du percus- sionniste Lassaad Hosni forment avec le oud, sur le « Conte de l’incroyable amour » gravé l’année suivante, un ensemble d’une grande beauté mélodique évocatrice d’une sorte d’Orient imagi- naire sur lequel le temps a desserré son emprise pour ne laisser s’élever que le chant presque solennel d’une identité retrouvée mais susceptible de toucher au cœur de tous. Le saxophoniste norvégien Jan Garbarek, qui fit partie d’un quartet légendaire de Keith Jarrett, avait beaucoup aimé les deux premiers albums d’Anouar Brahem et avait souhaité travailler avec lui. La rencontre se fit naturellement, quoique vivement encouragée par Manfred Eicher. Brahem et Garbarek se retrouvent alors autour d’une quête commune, celle d’une tradition universelle. « Madar » témoigne de cette « utopie en acte » et fait entendre de façon éclatante comment l’entrelacement de civilisations musicales différentes peut se réaliser, mêlant l’essence de ce qui les distingue et rendant fertile leur osmose. Le cinéma ne pouvait dès lors manquer de faire appel à son talent original de compositeur. Les Sabots en or et Bezness de Nouri Bouzid, Regard de Mouette de Kalthoum Bornaz avaient été l’occasion pour Anouar Brahem d’écrire des musiques de films. Avec « Khomsa », disque gravé en septembre 1994 à Oslo, il fait appel à ceux qui l’accompagnent depuis quelques années, le violoniste Béchir Selmi, l’élégant pianiste François Couturier, le saxophoniste Jean-Marc Larché, et à de nouveaux comparses : l’accordéoniste Richard Galliano, le contrebassiste Palle Danielsson et le batteur John Christensen, qui formaient le tandem rythmique du même quartet légendaire de Keith Jarrett. Hormis « Comme un départ » due à Galliano et deux compositions collectives, les treize autres thèmes sont issus de la plume d’Anouar Brahem pour le cinéma et le théâtre, dont cette formation aux provenances variées donne une version souvent élégiaque. 9 Et puis vint « Thimar », chef-d’œuvre enregistré à Oslo avec le contrebassiste Dave Holland et le saxophoniste John Surman, tous deux anglais. Onze compositions originales y déploient les fastes incantatoires d’une musique dont il serait vain de vouloir isoler les composantes incarnant un nouveau langage homogène, puissant et surtout chargé d’un pouvoir unique d’évocation. Se lèvent à son écoute des fantômes d’humains figés sur les photos jaunies des cafés de Tunis, des empires évanouis, des civilisations en ruines, la mélopée immémoriale d’un passé de légende. On n’y rencontre pas une musique mais un univers.