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cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Si la cité de la musique a tenu à inaugurer sa saison de musiques américaines par cet « hommage à Mr Ellington », ce n’est pas uni- quement à cause de la stature incontournable ou du rôle central de ce grand musicien dans l’art américain du XXe siècle. C’est aussi à la place d’Ellington comme compositeur - un des premiers musiciens de à avoir été autant concerné par la forme musicale, indépen- damment de l’improvisation, de la mélodie et des arrangements - que rendront hommage David Murray, James Newton, McCoy Tyner, Linda Sharrock et Eric Watson. «Je suis le plus grand auditeur du monde... J’ai une maîtresse, la musique, et elle n’a aucune rivale pour lui discuter le premier vio- lon. » On relève ces deux phrases à la fin de Music is my Mistress, les Mémoires de Duke Ellington, homme à femmes s’il en fut, mais amou- reux de la musique avant toute chose... Son orchestre a battu tous les records de longévité et de créativité de l’histoire du « jazz » - un mot qu’il trouvait trop réducteur, comme la plupart des grands jazzmen. Son ambition était de concilier la spontanéité de l’improvisation et la profondeur de sa culture « afro-américaine » avec l’universalité et l’immortalité de l’art. Il y a réussi. Il a laissé plus de deux mille pièces enregistrées et près de mille œuvres écrites, dont une grande partie reste inédite ou méconnue. Duke Ellington (1899-1974) est l’un des com- positeurs les plus joués de la musique américaine. « Joué », et non simplement interprété, car si ses œuvres sont éternelles, elles sont aussi et surtout, telles qu’il les a conçues, éternellement provisoires. Il les a mises au service des autres, de tous les autres, d’abord ceux à qui il les dédiait - les solistes de son orchestre - mais aussi tous ceux qui veulent bien se les approprier. Chacune de ses compositions offre une base solide, irréductible, à partir de laquelle peut s’exprimer toute la liberté de l’improvisateur. C’est pourquoi le Duke, plus que tout autre « jazzman », a veillé toute sa vie, d’une façon obsessionnelle, à l’édition et à l’enregistrement de son œuvre. Avant de choisir la musique, il avait étudié la peinture et l’architecture : son premier souci était de laisser sur cette terre une empreinte durable... mais il vou- lait aussi comme Shakespeare, son auteur préféré, que « son œuvre ne se referme pas sur lui comme un cercueil... » Il l’a élaborée dans le seul but qu’elle vive vraiment après lui, telle que l’enregistrement l’a saisie, ou telle que les musiciens sauront la ranimer. Gérald Arnaud vendredi 7 novembre - 20h / amphithéâtre du musée cinéma au musée Autopsie d’un meurtre film de Otto Preminger - Duke Ellington, musique USA, 1959, 160 mn, NB

Dès les débuts du « parlant », Duke Ellington a compris que sa musique était faite pour le cinéma : à peine deux ans après The jazz singer (premier film sonorisé, sorti en 1929), un court-métrage un peu « mélo » met en images la première de ses « suites », Black & Tan Fantasy. Bien d’autres suivront, dont les réalisateurs ne se mon- trent jamais dignes de son génie. En 1941, Orson Welles assiste à Los Angeles au spectacle musical Jump for Joy. Enthousiasmé par la musique d’Ellington, il lui propose sur le champ de co-réaliser avec lui une grande fresque cinématographique sur le jazz. Le Duke sera royalement payé, le projet engloutira des millions de dollars, mais n’aboutira qu’au licenciement de Welles par la RKO... Très déçu, Ellington ne composera guère pour l’écran : outre Paris Blues de Martin Ritt et la série TV Asphalt Jungle (1960), Anatomy of a murder (1959) est la seule b.o. dont il soit pleinement l’auteur, avec son alter-ego Billy Strayhorn. Otto Preminger était un familier du jazz. Après Laura, Carmen Jones et Porgy & Bess, il venait de réaliser son chef-d’œuvre, L’homme aux bras d’or (1957) où Frank Sinatra jouait le rôle d’un batteur aux prises avec la drogue, sur une musique superbe d’Elmer Bernstein. Selon le cinéaste, le Duke « a consacré beaucoup de son temps précieux tout au long de la production » de Anatomy of a murder. Il a composé deux fois plus de thèmes que n’en comporte le film, décidé selon ses propres termes « à prendre part à l’action au même titre que le monteur ou le metteur en scène ». De fait, sa musique fut pour beaucoup dans l’énorme succès de cet excellent thriller, où James Stewart tient l’un de ses meilleurs rôles. Bien plus, à soixante ans, le Duke a voulu profiter de l’occasion pour dresser une sorte de bilan personnel : cette « autopsie » est aussi celle de son œuvre, et l’on y trouve les traces de toutes ses grandes périodes créatives, de la « jungle music » aux grandes suites de l’après-guerre. G. A. vendredi 7 et samedi 8 novembre - 20h / salle des concerts inédits de Duke Ellington et de Billy Strayhorn avec notamment : Northern Lights (B. Strayhorn, arr. J. Newton), Bloodcount (B. Strayhorn, arr. J. Newton), African Flower - Fleurette Africaine (D. Ellington, arr. D. Murray), Chelsea Bridge (B. Strayhorn, arr. J. Newton), Wa rm Valley (D. Ellington, arr. D. Murray), Money Jungle (D. Ellington, arr. D. Murray), I Love You Madly (D. Ellington, arr. D. Murray), Come Sunday (D. Ellington, arr. J. Newton), Far East Suite, extraits (D. Ellington et B. Strayhorn, arr. J. Newton), Such Sweet Thunder (D. Ellington, arr. J. Newton)

David Murray, James Newton, direction big band : Hugh Ragin, Bobby Bradford, Rasul Saddik, Ravi Best, trompettes , Ray Anderson, George Lewis, Gary Valente, trombones James Spaulding, saxophone alto, flûte Oliver Lake, saxophones soprano et alto Ricky Ford, Charles Owens, saxophone ténor David Murray, saxophone ténor, clarinette basse John Purcell, saxophone sopranino, flûte, hautbois, cor anglais, clarinette , saxophone baryton, clarinettes alto et contralto D. D. Jackson, piano Dr. Art Davis, contrebasse , batterie Klod Kiavue, percussions Carmen Bradford, chant , violon James Newton, flûte orchestre à cordes : Nouvel Ensemble Instrumental du Conservatoire Thierry de Micheaux, assistant de David Murray concert enregistré par France Musique, avec le soutien de France Inter coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris hommage à Mr Ellington inédits de Duke Ellington et Billy Strayhorn

A la mort de Duke Ellington (1974) le musicologue Gunther Schuller écrivait dans un article fondamental : « même s’il a toujours com- posé pour son orchestre et ses solistes, la majeure partie de son œuvre les transcende par ses propres qualités (...) car ce qui fait la gran- deur d’un tel compositeur, c’est que son héritage appartient au monde entier, et non à lui-même ou à ses dédicataires. » A cette époque, même Schuller ignorait qu’au-delà d’un bon millier de compositions publiées par Ellington lui-même, des centaines de pièces inconnues dormaient dans les archives. Son fils Mercer, qui avait repris la direc- tion de l’orchestre, en a révélé quelques-unes en concert, et produit des dizaines d’enregistrements inédits parmi lesquels des œuvres majeures comme la suite The River écrite pour Alvin Ailey. A la mort d’Ellington, David Murray et James Newton n’avaient qu’une ving- taine d’années, comme la plupart des musiciens qu’ils ont réunis en grand orchestre pour ces concerts exceptionnels. Ils appartiennent à une génération qui a su concilier avant-gardisme et respect d’un héri- tage considérable où le répertoire ellingtonien occupe une place pri- vilégiée. James Newton lui a même consacré un disque entier (The African Flower, Blue Note, 1985), et David Murray a enregistré entre autres une splendide version du Chelsea Bridge de Billy Strayhorn (dans Jazzosaurus Rex, Sony, 1993). Comme c’est le cas dans la musique du film Anatomy of a Murder, la collaboration entre Ellington et Strayhorn (de 1939 à la mort de ce dernier en 1967) a été si étroite qu’il est souvent difficile de distinguer leurs interventions, même en tant que solistes. Murray et Newton ont passé de longues heures à étu- dier les manuscrits de leurs compositions au Smithsonian Institute, et constaté qu’ils « écrivaient à deux mains aussi naturellement qu’ils jouaient du piano à quatre mains ». Parmi des œuvres entièrement inédites ou totalement oubliées, ce big band de virtuoses interprétera des pièces tirées de Money Jungle - le merveilleux disque en trio du Duke avec Mingus et Max Roach - qui n’avaient jamais été jouées en grand orchestre. G. A.

notes de programme |3 samedi 8 novembre - 16h30 dimanche 9 novembre - 15h / amphithéâtre du musée les classiques de Duke Ellington (durée : 1 heure)

Linda Sharrock, chant Eric Watson, piano

concert sans entracte hommage à Mr Ellington les classiques de Duke Ellington

Longtemps, Duke Ellington a fait éditer la plupart de ses composi- tions en partition pour chant et piano. La voix - féminine surtout - a d’ailleurs toujours eu une place essentielle dans sa musique. Il aimait les « sophisticated ladies », les improvisatrices subtiles aux voix sen- suelles et colorées. La chanteuse Ivie Anderson - qui fut aussi sa compagne et qui a créé une bonne part de ses grands classiques - était considérée à part entière comme un des musiciens de l’orchestre - ses solos étaient d’ailleurs souvent interprétés sans paroles... C’est en chantant ainsi, en onomatopées, que Linda Sharrock s’est d’abord fait connaître, aux côtés du saxophoniste puis avec son premier mari le guitariste et le flûtiste Herbie Mann. Mais par la suite, elle s’est convertie aux textes et aux mélo- dies du répertoire des « standards ». Elle a notamment enregistré un magnifique album de ballades avec le pianiste Eric Watson, ce qui constitue l’essentiel de ce récital. Eric Watson est un des musiciens les plus complets de la scène parisienne actuelle : improvisateur virtuose en solo ou en trio, compositeur fécond mais aussi interprète du réper- toire pianistique de Brahms à Berg en passant par Ives ou Scriabine. On peut attendre d’un tel duo une relecture vraiment enrichissante des « standards » ellingtoniens. G. A.

notes de programme |5 dimanche 9 novembre - 16h30 / salle des concerts

McCoy Tyner Trio (durée : 1 heure 15)

McCoy Tyner, piano Avery Sharpe, contrebasse Aaron Scott, batterie

concert sans entracte hommage à Mr Ellington

McCoy Tyner Trio

A l’époque (1964) où il était encore membre du quartette de John Coltrane, cet immense pianiste avait publié chez Impulse un disque en trio devenu légendaire, McCoy Tyner plays Ellington. Le Duke avait adoré son interprétation résolument contemporaine de classiques comme Solitude ou Satin Doll.Vingt-cinq ans après, McCoy récidivait avec Things Ain’t What They Used to Be (Blue Note, 1989). Depuis, McCoy Tyner a toujours inclus Ellington dans le répertoire de ses concerts, et il s’est lancé récemment sur ses traces en formant son propre grand orchestre. Entre le Duke et McCoy, il y a certes une dif- férence de conception du clavier et de la composition qui dépasse les questions de génération : le piano d’Ellington est ascétique, ellip- tique, celui de McCoy est volubile et foisonnant ; la musique du Duke est fondée sur une architecture harmonique anguleuse, celle de McCoy sur une exploitation organique, arborescente des modes. Mais ces deux musiciens ont en commun une fascination pour le blues, le gospel, les ressources percussives du clavier et les subtilités rythmiques « à l’africaine » : c’est ce pont de lianes ancré aux racines les plus profondes de la culture afro-américaine qui a permis la ren- contre entre ces deux grands maîtres du piano et de l’orchestre. G. A.

notes de programme |7 hommage à Mr Ellington biographies David Murray ses interlocuteurs pri- Saxophoniste, il est vilégiés, ainsi qu’en l’un des musiciens duo avec le flûtiste issus de la commu- James Newton. David nauté afro-américaine Murray se rend à New à s’être spectaculaire- York pendant l’été ment révélé à la fin 1975 en compagnie des années 70. Né en de Stanley Crouch. Il 1955 à Berkeley s’y produit dans l’or- (Californie) d’un père chestre de , guitariste et d’une puis rencontre de mère pianiste, il fré- nombreux autres quente très tôt la artistes. La situation « Sanctified Church » dans cette ville est où jouent ses parents. alors effervescente, Après avoir débuté au mais les conditions piano à l’âge de sept difficiles. On com- ans, il choisit le saxo- mence à parler d’eux, phone et commence à mais, s’ils travaillent jouer dans des beaucoup, ce sont orchestres locaux de dans ces fameux lofts, rhythm and blues dès hangars désaffectés l’âge de douze ans. Il envers lesquels David se perfectionne au col- Murray n’est pas lège de musique, où il tendre. Il récuse en rencontre vers 1973 effet ceux qui ont Bobby Bradford et parlé de « », Arthur Blythe, musi- comme s’il pouvait y ciens chevronnés, et avoir une musique surtout Stanley faite pour un endroit Crouch, percussion- et pas pour un autre ! niste et spécialiste de En 1978, le poète Ted l’histoire de la Joans remarque un musique afro-améri- jeune saxophoniste caine, avec lequel il qui ne souffle pas restera très lié. En comme Coltrane mais 1974, il joue à Los qu’il faudrait rappro- Angeles avec le cor- cher d’Albert Ayler. nettiste Butch Morris, Justement Murray qui demeurera l’un de vient de sortir son

8 |cité de la musique hommage à Mr Ellington premier disque, inti- son jeu parfois clarinette basse, puis tulé Flowers for Albert, rauque, étranglé, sou- découvre la flûte à car il est particulière- vent sensuel, lyrique l’occasion d’une ment touché par la ou hargneux ; il pos- représentation de sonorité et le lyrisme sède une belle science Mort d’un Commis- de Ayler. Mais il des décalages, de Vo y a g eur d’Arthur écoute tous les l’élasticité au-delà des Miller où une flûtiste artistes, notamment rigueurs de l’écriture, intervient ponctuelle- Coleman Hawkins, de l’imprévu. Il a joué ment. Séduit par Lester Young, Sonny et enregistré en solo, Dolphy, il étudie avec Rollins, , quintette et moyenne Buddy Collette - qu’il Duke Ellington... Il formation, souvent retrouve régulière- vient en Europe en sous son nom et par- ment, depuis, plu- 1976 au festival de fois avec son grand sieurs fois par an. Il Berlin, puis à celui de aîné s’inscrit au California Moers en 1977. Il (sans lien de parenté). State College, en donne son premier Il est membre du musique, et y joue concert parisien au World Saxophone aussi bien du clas- Totem en janvier Quartet. D’une matu- sique que du jazz. Il y 1978, en compagnie rité déjà affirmée, travaille avec Stanley de Butch Morris, David Murray est un Crouch, et bien sûr Kent Carter et Oliver musicien qui ne cesse tous les musiciens qui Johnson. Il enregistre d’avancer. gravitent alors autour à la même période un de celui-ci : Arthur de ses premiers James Newton Blythe, Bobby disques européens est né dans une Bradford, Butch (pour Marge) lors famille baptiste. Sa Morris,Wilber d’un concert à Rouen. grand-mère et sa tante Morris, Charles Tyler, David Murray aime lui apprennent très tôt David Murray, John jouer en différentes des hymnes et des spi- Carter, au sein du formations, mais rituals. Au lycée, il Black Music Infinity affectionne particuliè- étudie d’abord la (1972-75). Il gagne sa rement le trio et le basse électrique, et vie en jouant aussi de quartette sans piano. joue dans des forma- la musique classique. Tant dans les exposés tions de rock et de En 1975, diplômé, il de thèmes que dans rhythm and blues part pour New York. leurs prolongements influencées par la Sept mois plus tard, motivés par l’improvi- musique de Jimi Anthony Davis lui sation, son style appa- Hendrix. Il apprend le suggère de former un raît souple, malléable, saxophone alto et la groupe. Cette associa-

notes de programme |9 hommage à Mr Ellington tion, de longue durée, souffle, le « flatter- meilleure des prépara- débouche sur divers zunge » (combinaison tions à une insertion enregistrements du souffle et du roule- professionnelle réus- (Crystal Texts en duo, ment de la langue sie. A l’extérieur Hidden Voices en quar- contre le palais), le comme à l’intérieur tette...). En 1977, il pizzicato (attaque du Conservatoire, il abandonne saxo- sèche avec la langue), participe aussi bien à phones et clarinette la percussion des des productions sym- basse pour les seules clefs, les micro-inter- phoniques et lyriques flûtes, et signe son valles (1/16, 1/8, 1/4 qu’à des activités premier disque, Flute de ton), les multipho- pédagogiques récla- Music,avec notam- niques, les effets de mant un certain ment le guitariste Les glissando, de vibrato, savoir-faire : classe de Coulter, qu’il retrou- de voix et de sons direction d’orchestre, vera plus tard pour simultanés (générale- concours de composi- interpréter une sonate ment sur une note, tion ou d’instruments, de Debussy. De for- dans l’aigu), et la res- accompagnement mation classique et piration circulaire. d’étudiants en cycle technicien irrépro- (d’après le de perfectionnement chable, James Newton Dictionnaire du Jazz, et de spécialisation... est un des rares flû- Laffont). Cet ensemble joue tistes de jazz à se ainsi un rôle de passe- consacrer exclusive- Nouvel Ensemble relle entre les années ment à cet instru- Instrumental du de formation et celles ment. Il excelle aussi Conservatoire d’insertion, entre le bien dans le travail Il constitue le prolon- Conservatoire et les exigeant de la compo- gement du dispositif institutions musicales. sition et de l’arrange- de formation supé- ment que dans rieure des instrumen- violons l’improvisation. tistes. Formé Alexandre Amedro Dynamique et essentiellement Maud Ayats-Courtet contrasté, son jeu d’élèves récemment Laetitia Bellanger s’appuie sur un primés des deux CNSM Elsa Benabdallah vibrato serré et sur la à l’orée de leur car- Nathalie Boullanger maîtrise éblouissante rière, il préfigure dans Paul Brie de tout le bagage d’ef- la diversité de ses Isabelle Cailleret fets contemporains, interventions la réalité Maria Castro-Balbi qu’il utilise pour servir polyphonique du Armelle Cuny son discours et non métier de musicien. Il Nicolas Delclaud pour l’alimenter : le constitue de ce fait la Jean-Marc Ferrier

10 |cité de la musique hommage à Mr Ellington

Sylvaine Guilloteau Linda Sharrock ou avec des spécia- Ver na Kaunisto Un article du New York listes de l’improvisa- Gisèle Lopez Times Magazine a un tion, tels que Wolfgang Sébastien Plancade jour défini Linda Puschnig ou Stéphane Rullières Sharrock comme . Alexandre Sauvaire « une chanteuse de Richard Schmoucler jazz qui s’échappe de Eric Watson, Junko Senzaki la tradition de Billie né aux Etats-Unis en Mélisande Stanese Holiday ou Ella 1955, mène de front Anne Temperville Fitzgerald ». Elle a, il depuis longtemps une Marie-Cécile est vrai, participé dans carrière internationale Verschoore les années 70 à toutes de pianiste, essentiel- les expériences musi- lement en solo ou trio, altos cales new-yorkaises de et de compositeur. Laurence Frémy son mari, le guitariste Pianiste, ses interven- Béatrice Gendek « free » Sonny tions musicales sont Fanny Kobus Sharrock. Et pour très variées : le jazz, Ludovic Michel ceux qui connaissent l’improvisation (on le Michel Perrin ses enregistrements retrouve avec Steve Emmanuelle Touly Black woman, Portrait Lacy, Paul Motian, Laurence Tricarri of Linda in three colour, Daniel Humair, John Véronique Vichery all black, ces expé- Lindberg, John riences pouvaient Carter, Aaron Scott, violoncelles dérouter : Linda s’est Jean-Paul Celea, Joëlle Frédéric Baldassare consacrée avec fougue Léandre, Françoise Paul Gonon à l’improvisation, et Kubler), la musique Hélène Renaud son style, privilégiant contemporaine (il a Nicolas Rojanski l’énergie, la fulgu- notamment interprété Isabelle Sajot rance, l’expressivité et des œuvres de Charles Hélène Silici la poésie, se trouve Ives, Scriabine, Berg), être en effet à l’en- et la musique clas- contrebasses contre des habitudes sique (des pièces de Thierry Barone esthétiques du jazz Brahms). Eric Chalan vocal. Chanteuse Compositeur, il a écrit Titus Oppmann américaine au talent pour Martial Solal Axel Salles très étendu, elle a ainsi que plusieurs poursuivi une carrière musiques pour des harpes intransigeante, venant chorégraphes. Marie Normant aussi travailler en Serge Reynier Europe, au sein du McCoy Tyner groupe Pat Brothers vit actuellement à

notes de programme |11 hommage à Mr Ellington

New York. Il a com- 1980 après avoir enre- de 16 ans, la basse mencé le piano à l’âge gistré quantité d’al- électrique. Il se pro- de 13 ans et a com- bums, passant du duit pour la première mencé à travailler avec même coup de la for- fois dans la Church of des professionnels à mation du quintette God in Christ où il l’âge de 15 ans. Il a au trio. De là est né le joue dans un étudié le jazz et la McCoy Tyner Trio qui ensemble gospel. musique de tradition parcourt depuis le Durant ses années européenne au monde en concert. d’étude, il s’initiera Philadelphia Music Parallèlement, McCoy aux autres styles : Center. Après seule- Tyner compose et réa- rhythm and blues, ment trois ans, ses lise de nombreux funk, jazz, big band, études étaient termi- arrangements pour orchestre sympho- nées. Il continue à son big band qu’il a nique... Parallèlement développer un jeu de créé depuis 1984. à son activité de bas- piano particulier, per- siste, Avery Sharpe est cussif et virtuose, qui Avery Sharpe aussi compositeur, séduit John Coltrane est un des bassistes les producteur et ensei- au point de se voir plus inventifs de sa gnant. Ses composi- invité dans son quar- génération. Il combine tions comprennent tette. Parmi ses les guitares acoustique des musiques de films, artistes de référence, et électrique, autant dont An citons Bud Powell que la voix, dans un Unremarquable Life (qu’il rencontre à 16 jazz qui lui est unique. avec Shelly Winters et ans),Thelonious Le critique Leonard Patricia Neal. Il Monk et Art Tatum. Feather a dit de lui compte à son actif Après ses études supé- qu’il est « un géant plus de vingt albums rieures, McCoy Tyner parmi les géants, un enregistrés avec rencontre le saxopho- magicien dont les McCoy Tyner, mais a niste Benny Golson solos, même s’il s’ins- aussi travaillé avec Art qui l’introduit dans le pire d’une virtuosité Blakey, Dizzy milieu new-yorkais. impressionnante, ne Gillespie, George Fin 1970, il signe un tombent jamais dans Benson,Wynton premier contrat avec l’étonnement facile ». Marsalis, Bobby la firme Milestone Il est né en Georgie en McFerrin, Freddie Records pour qui il 1954 et commence Hubbard, Archie compte comme un l’étude du piano à 8 Shepp et Yusef Lateef. des plus importants ans. Quelques années Il a également créé pianistes acoustiques. après, il aborde l’ac- son propre groupe Il quitte ce label en cordéon, puis à l’âge pour jouer à la fois les

12 |cité de la musique hommage à Mr Ellington classiques du jazz et Award. En 1985, il les musiques d’avant- s’intalle à Paris jus- garde. qu’en 1990. Durant cette période, il tra- technique Aaron Scott vaille avec l’Orchestre cité de la musique est né à Chicago en National de Jazz, avec 1956. Sa famille le Tete Montoliu Trio, salle des concerts déménage à Gary l’ensemble de Michel 7 et 8 novembre (Indiana) où il Portal, le trio et le big Joël Simon apprend très jeune le band de Martial Solal, régie générale piano et l’accordéon. le quartette et big David Raphaël A l’âge de 9 ans il joue band de François régie plateau dans un ensemble de Jeanneau et le trio Marc Gomez percussions puis com- d’Eric Watson. Il est Roland Picault mence le trombone contacté en 1988 par régie lumières dans l’ensemble à vent McCoy Tyner pour Didier Panier de son école. En faire partie de son régie son 1978, il rejoint la trio. Depuis cette 9 novembre Musique de la 32e date, cet ensemble se Noël Le Riche division de l’U.S. produit partout à tra- Army. Les quatre vers le monde. régie générale années suivantes, il Plusieurs grands Jean-Marc Letang continue à se produire noms du jazz ont joué régie plateau dans des formations avec eux : Freddie Marc Gomez très différentes : Hubbard, George Roland Picault orchestre sympho- Benson, Bobby régie lumières nique, musique de Hutcherson, Ron Didier Panier chambre, théâtre Carter, Arthur Blythe, régie son musical, ensemble à Michael Brecker, vent, trio de jazz et big Mongo Santamaria et band. Parallèlement il Joe Henderson. A amphithéâtre continue à se perfec- l’occasion d’une tour- Olivier Fioravanti tionner au Berklee née en Asie du sud- régie générale College of Music de est, il est entré en Boston contact avec des (Massachussets) où il ensembles de percus- Conservatoire rencontre Chick sions traditionnelles de Paris Corea. Il reçoit la dis- coréens et japonais. Bernard Renaudin tinction du Zildjian Boris Sanchis Music Scholarship régie générale

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