fi che fi lm (Rosa) Florinda Chico (Paulina) Monica Randall (Juana) Maité SanchezAlmendros (Irène) Conchita Perez (la mèred’AnaetAnaadulte) Géraldine Chaplin (Ana) Ana Torrent Interprètes : J. L.Perales Musique : Réalisation &scénario: ESPAGNE -19761h45 FICHE TECHNIQUE demaître avec loups commencéexplorerl’enfancemondeà dele avec avoir Aprèsémouvante… si mais grâce sans ronde bouille gigantesquesgrandsyeuxdeuxCes dévorant petite cette? Ana Torentdécouvrant petite son la père mort aucours de d’ébats amoureux noirs yeux grands les oublier Comment CRITIQUE versé dansleverre? auraitqu’ellepoisond’un l’aide à père sonAurait-elle tué trouvese chevetau trèscalmement, laverlecuisine.vala à quipassionverreSanspère.aucune.l’homme Regarde lePrendson mort. de chambre devenue d’amour chambre la dans entrefille petite Las`enfuit.maîtresse La femme. la sesvêtements hâte.laRegardà petitela de fille. Regard de Laporte s’ouvre (violence du son). La femme sort, rassemble et meurt. Regard étouffe de la petite L’homme fille. La femmedouleur. s’inquiète, de s’affole. râles deviennent plaisir de gémissements Les fille. petite la de Regard plaisir. de Unraidelumière sous uneporte fermée. Desgémissements huitansdescend, flottant presque dans sachemise denuit. debourgeoise.maisongrandefillepetite UneUnenuit. La fitsuccèsun film cedesomme toute d’abord assez difficile SYNOPSIS et surtout

CríaCuervos La cousine Angélique DE CRIA CUERVOS C .Le public ne s’y trompa pas qui ARLOS , Saura réussit un coup S AURA Ana et lesetAna 1 et un triomphe à la chanson Porqué mémoire d’Ana a pouvoir de vie et sa tante (donner le baiser au Père te vas ? (…) Cria Cuervos est un film de mort sur la mort. Irréalité, pure mort) car, pour elle, intuitivement, optimiste, ouvert sur l’avenir. Car, et simple, de la mort. La mémoire Paulina n’est que la récupération même traumatisée par les retom- d’Ana redonne la vie. Comme dans du «système» paternel dont elle a bées négatives du franquisme sur Image de Robert Altmam, où Marcel déjà démasqué l’imposture. Plus la cellule familiale, Ana quittera sa Bozzuffi, mort depuis quelques généralement méditerranéen que «tanière» à la fin du film pour se années, ne pouvait quitter la pièce strictement espagnol en cela, le rendre à l`école avec ses sœurs : tant que Susannah York pensait à microcosme social décrit par Saura on peut y voir le symbole de l’Espa- lui. Idée différente de la mort chez est un univers sans couple, réduit gne nouvelle en gestation. l’enfant. Mais avez-vous remarqué, à la seule image (présente/absen- Guy Bellinger / Jean Tulard lorsque vous recevez des amis à te) du Père. Le couple légitime est Guide des films dîner, vous vous dites : «Qu’elle désuni et n’a jamais fonctionné que est belle ! qu’il est drôle ! quelle comme «reproducteur». L’amant(e) belle robe elle porte ! Fin du dîner, est recherché(e) ailleurs, comme si De film en film, depuis Ana et les vos invités s’en vont, rentrent chez I’on épousait des mères et que l’on loups en passant par La cousine eux. Sitôt la porte fermée, vous prenait pour maîtresses des épou- Angélique, I’itinéraire de Carlos dites : «qu’elle était belle ! qu’il ses (…) L’isolement, I’enfermement Saura s’affine, s’épure, qui fait de était drôle ! quelle belle robe elle morbides auxquels se soumettent Cria cuervos, troisième volet du portait !» C’est peut-être cela, la les personnages laissent apparaî- triptyque, un film profondément mort pour les enfants. Avoir quitté tre peu à peu une dichotomie sté- proche de François Mauriac. le salon, avoir fermé la porte. Une rile dans le vécu de chacun des Enfance, mort, famille. La mémoire. chose pas réelle, un jeu. (…) univers juxtaposés : celui de l’en- Le temps. La mémoire d’Ana. Elle Henri Béhar fance et celui de l’âge adulte. Pour est habitée par la mort, par tou- Revue du Cinéma n°308 Sept. 1976 ce dernier (la tante, Nicolas, le père tes les morts. Celle de son père, défunt, Amélie) la vraie vie est tou- mort dans le plaisir, celle de sa jours ailleurs, dans un rêve dont mère, morte dans la souffrance La structure familiale/sociale étu- on cerne mal les contours fuyants (Géraldine Chaplin). Celle, éven- diée par Saura se caractérise par (adultère pour Amélie, Nicolas tuelle, de sa grand-mère - mais une double absence, celle du Père et le père d’Ana, névrose pour la sa grand-mère n’est-elle pas déjà et de la Mère, morts tous deux mère), tandis que le vécu quotidien morte, qui a perdu la mémoire, et après avoir été, de leur vivant n’est qu’un ratage permanent. Pour Ana doit, à partir de photos jau- absents de leur fonction. Or, le l’enfant, rejeté du monde trouble nies que la grand-mère contemple «collège» féminin qui assure le et incohérent des adultes, et par à longueur de journée, à longueur relais ne fait qu’entériner l’état là-même bloqué dans son affecti- de vie végétative, lui insuffler une de fait, à savoir que même dans vité et freiné dans son évolution, mémoire, lui réinventer des souve- un univers strictement féminin, I’exutoire est dans le jeu qui orga- nirs ? Mort souhaitée de la tante c’est l’homme qui reste le chef de nise et exorcise un univers incom- qui prend la relève de l’éducation famille. C’est pourquoi la tante préhensible et menaçant. Ainsi, d’Ana et de ses deux sœurs. Cris Paulina apparaît moins comme le pour Ana, il n’y a bientôt plus de de douleur d’une mère qui, malade substitut de la mère dans son rôle solution de continuité entre jouer sur son lit, se tord en hurlant : «Je affectif que comme la délégation de à tuer et croire que l’on a vrai- ne veux pas mourir» et qui, appre- l’autorité paternelle dans sa fonc- ment tué. Comme le rêve pour les nant les infidélités de son mari, tion institutionnelle. La jeune Ana adultes, le jeu devient plus vrai pleure : «Je veux mourir». La mère ne s’y trompera pas, qui refusera que la réalité. A l’instar du jeune d’Ana est morte. Mais Ana, mais la d’entrée la première injonction de héros du roman de Tom Tryon, filmé 2 par Robert Mulligan (The Other en réalité à son insu un processus ENTRETIEN AVEC CARLOS SAURA - L’Autre), Ana se dédouble et se d’involution qui, lui faisant vivre regarde, perchée sur la crête du le temps à l’envers, la conduit sym- Cría cuervos prend naissance mur qui ceint la propriété familiale, boliquement à réincarner sa mère à la dernière image de La cou- devenir oiseau (corbeau ?) et pla- dans sa propre personne. En aval, sine Angélique : une mère coif- ner sur le domaine qu’elle semble comme en amont, on retrouve, fon- fant sa fille devant le miroir qui s’approprier (s’assimiler) ou détrui- dues dans la forme idéalisée de la est la caméra. Cette image a pris re. Le thème du dédoublement gou- même actrice (Géraldine Chaplin), corps quand j’ai vu Ana Torrent verne d’ailleurs la totalité du récit, la mère d’Ana et Ana adulte. - la vedette de mon film - , dans dont il constitue la clé, ainsi que Narcissique, la poursuite du double L’esprit de la ruche. Cette fillette celle d’autres films de Saura, qui est le contraire même de la démar- m’a fasciné et c’est sans doute le n’oublie pas, cette fois encore, de che par laquelle l’être peut accéder stimulant qui m’a incité à ordonner semer les indices qui raccorderont à l’individualité. La réitération, sur des matériaux dispersés. Ce qu’il Cria Cuervos à l’œuvre antérieur, à l’électrophone des enfants, de la peut y avoir d’autobiographique Peppermint frappé (enfants décou- rengaine lancinante Porqué te vas, dans mes films intervient davanta- pant des magazines illustrés), à La n’est que la mise à jour triviale de ge sous une forme transposée que chasse (le cochon d’lnde), au Jardin cette fixation : comme propos délibéré de «faire de des délices (la chaise roulante), à Comme chaque nuit, je me l’autobiographie». Je n’ai pas enco- la Cousine Angélique, enfin, dont réveille re ressenti la nécessité de faire la photo figure sur le panneau de En pensant à toi... un film autobiographique. Je n’ai la grand-mère. A ce dédoublement Et tu m’oublies... jamais cru au prétendu paradis de de la personne correspond la répé- Je pleure comme un enfant l’enfance ; je crois, au contraire, tition des actions, d’abord dans Quand tu t’en vas. que l’enfance constitue une étape le jeu (rêve), puis dans la réalité à L’ultime plan renvoie à l’ouvertu- durant laquelle la terreur nocturne, laquelle l’enfant piégé se voit con- re du film, et sachant quel destin la peur de l’inconnu, le sentiment traint de préférer son jeu et son inaccompli sera celui d’Ana, il ins- d’incommunicabilité, la solitude refoulement. (…) Le corollaire de ce crit la conclusion dans le regis- sont présents au même titre que thème du dédoublement est celui tre de la symbolique sociale. Aux cette joie de vivre et cette curiosité de l’identification. Rejetée tou- emblèmes militaires et religieux dont parlent tant les pédadogues. jours davantage dans son passé du début répondent les uniformes Anne, I’héroïne de mon film, est qu’elle reconstruit à sa guise, Ana des écolières. L’histoire individuel- évidemment sensible et particuliè- se laisse progressivement vampi- le renvoie à l’histoire collective. rement réceptive ; face à l’agres- riser par le souvenir de sa mère, On sait que la fille deviendra la sion du monde des adultes, elle ce vide affectif que rien n’est venu mère, boucle refermée, au terme s’est fabriqué un univers personnel combler. L’acuité même du regard d’une évolution/involution, non pas à part où seuls trouvent place les voyeur qu’elle pose sur le monde linéaire, mais circulaire, que Saura êtres conformes à ce qu’elle attend adulte l’en abstrait de manière nous invite sans doute à comparer d’eux. Dans cet univers, la réalité inversement proportionnelle. En le à celle de l’Espagne, figée dans ses englobe des souvenirs qui ont la tuant rituellement (tentatives d’em- obsessions, dont l’évolution des présence de l’actualité, des désirs poisonnement sur le père d’abord, mœurs ne suit pas celle des techni- et des hallucinations qui se con- sur la tante ensuite - ces deux ques, et qui se recommence sans se fondent avec le quotidien... Dans parenthèses encadrent le récit - renouveler. Cría cuervos, tout ce qui se racon- sans oublier la proposition chari- Hélène Marinot et Michel Sineux te autour d’Anne petite fille est table faite à la grand-mère en vue Positif n°185 Septembre 1976 comme réfléchi par la même Anne, vingt ans plus tard. Comme l’action de l’aider à mourir), Ana entame 3 Le centre de Documentation du Cinéma[s] Le France, qui produit cette fi che, est ouvert au public du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h30 à 17h30 et le vendredi de 9h à 11h45 et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com Contact : Gilbert Castellino, Tél : 04 77 32 61 26 [email protected] se déroule de nos jours, c’est-à-dire il se lance dans la photographie FILMOGRAPHIE en 1975, elle nous est contée au fil dont il fait son métier puis com- des souvenirs d’Anne, jeune femme mence à réaliser des reportages. Longs métrages : de trente ans, qui nous parlerait Il s’inscrit en 1952 à l’Instituto Cuenca 1958 depuis un futur 1995. La structure de Investigaciones y Estudios Les voyous 1959 du film répond à la nécessité de Cinematograficos et y enseigne à La charge des brigands 1963 La chasse 1965 rendre compte de cette réflexion la fin de ses études jusqu’en 1963. Peppermint frappé 1967 opérée dans le passé et dont les Il réalise son premier long métrage Stress es tres, tres 1968 souvenirs sont parfois interrompus en 1959 : Los Golfos dans lequel La Madriguera 1969 par des images qui affleurent de il aborde un thème qui lui sera Le jardin des délices 1970 très loin, grâce à une documenta- cher : celui des marginaux mais Anna et les loups 1971 tion photographique appartenant cela provoque les foudres du régi- Cousine Angélique 1973 à I’album de famille soigneusement me franquiste. Cría cuervos 1976 gardé… En but à la censure, le cinéaste Elisa vida mia 1977 Je crois que l’idée que l’enfant a de recourt à des métaphores et au Les yeux bandés 1978 la mort n’est pas la même que celle symbolisme, ce qui lui permet de Maman a cent ans 1979 qu’en a un adulte. Je crois que pour critiquer la société franquiste et Vivre vite 1980 un enfant, au moins pour Anne, la de s’attaquer aux piliers du régi- Noces de sang 1981 mort est plutôt un accident, une me : l’église, l’armée, la famille. Doux moments du passé disparition. Pour Anne, sa mère (…) A partir des années 80, Carlos Antonieta 1983 Carmen 1983 n’est pas morte, simplement elle a Saura s’intéresse plus particuliè- Los Zancos 1984 disparu, mais elle peut reparaître à rement à la musique et la danse. L'amour sorcier 1986 tout moment. (…) C’est l’occasion de laisser libre El Dorado 1988 Je crois que l’individu est réelle- cours à une esthétique picturale La nuit obscure 1989 ment victime de la société moderne. avec des effets de transparences, Ay, Carmela ! 1990 On l’emmène, on le ramène, on le des projections et des lumières Flamenco 1995 harcèle, on le contraint, on essaie particulièrement soignées. Il réa- Taxi de noche 1997 de le diriger, on le surveille… Je lise ainsi une trilogie de flamenco Pajarico crois que nous sommes en train de composée de Carmen (1983), Noces Tango 1998 vivre un processus de destruction, de sang (1981) et de L’Amour sor- Goya 2001 de démolition, d’où surgira autre cier (1985). Plus récemment, le Salomé 2002 chose. D’une certaine manière, Cría réalisateur a également célébré le Le 7ème jour 2005 cuervos traite de ce processus de tango dans son film du même titre Buñuel et la Table du Roi Salomon prochainement destruction et de mort. (…) (Tango) en 1998, toujours en colla- Cría cuervos boration avec le danseur et cho- édité par Elias Querejeta. régraphe Antonio Gades. En 1999, Dossier de presse il livre un portrait personnel d’un de ses peintres préférés avec Goya. Documents disponibles au France BIOGRAPHIE (…) En 2002 il revient au flamenco en filmant la danseuse Aida Gomez Carlos Saura est né dans une à travers le ballet de Salomé. Revue de presse importante famille d’artistes : sa mère pianiste www.allocine.fr Positif n°183/184, 185, 194 et son frère peintre lui font décou- Avant-scène du cinéma n°486 vrir très tôt des oeuvres qui vont déterminer sa carrière. Adolescent 4