Henry Roujon
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La galerie des bustes (Nouv. éd.) / Henry Roujon Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Roujon, Henry (1853-1914). Auteur du texte. La galerie des bustes (Nouv. éd.) / Henry Roujon. 1909. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ». - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. 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HENRY ROUJON w es Bustes, NOUVELLEÉDITION PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET 7g; BOCLEVARD A M. ADRIEN. HÉBRARD Directeur du Temps CHER DIRECTEUR et Ami, plu- C'est sur un ordre de votre amitié que la part de ces pages ont été écrites. Permettez-moi de vous les dédier, comme un faible hommage de ma fidèle et reconnaissante affection. H. R. LA GALERIE DES BUSTES GUY DE MAUPASSANT Lettresfévrier 1876, arrivant à la République des r remplir les fonctions, dont j'étais pour y très fier, de secrétaire de la rédaction sous les ordres de mon maître et ami Catulle Mendès, je vis le patron me tendre un manuscrit d'un air intéressé. « Lisez-cela », me dit-il. C'était un poème qui s'appelait Au bord de l'eau. Deux amants quelconques, un canotier et une blanchisseuse, qui s'aimaient à en périr une idylle brutale et sensuelle, qui débutait en fait-divers et se terminait en cauchemar. J'étais alors un tout jeune apprenti, fort ignorant et pourvu de convictions intransigeantes, ainsi qu'il convient aux débutants. Insatiable lecteur de poé- sies, j'avais en méfiance les vers qui n'étaient pas ciselés selon la formule, et je renchérissais volon- tiers sur les théories du Parnasse. Tout me cho- qua d'abord dans ce manuscrit la vulgaritë du sujet, le caractère facile des métaphores, le .négligé du rythme, la dispersion des rimes, le style à la diable. Ces vers étaient selon le type que je croyais devoir réprouver. Toutefois, par dessus en gros bruit que menait le contour autour d'un accouplement fort banal éclatait le don suprême do la vie. Je relus Au Lord de l'eau. A la deuxième lecture, si j'aimai ]couvre peut-être moins encore, je désirai être renseigné sur son autour. Si léger et si tranchant que je fusse alors, je sus pressentir quelqu'un. Le manuscrit portait cette signature Guy do Valmont. « Qui est-ce ? Un protégé, un ami de Flaubert, me répondit Mendès. Flaubert envoie lui-même le manuscrit, en me pressant do le publier. » Gustave Flaubert, au lendemain do la Tenta- tion de saint Antoine, était pour nous une idole. Il réalisait à nos yeux le type achevé de l'homme de lettres, l'écrivain exemplaire, héroïque et par- fait. Un inconnu qui se présentait en son nom revêtait par cela même un caractère sacré. Mon devoir élémentaire était de relire une troisième fois les vers de M. Guy de Valmont. L'auteur étant un ami de Flaubert, je cédai à mon désir de les admirer. Cependant Catulle Mendès, équitable et pai- sible, docile aux principes d'hospitalité littéraire qui ont dirigé sa vie, envoyait sans retard à l'im- primerie cette copie de conscrit, illustrée du patronage d'un maréchal. « Guy de Valmont, ajoutait-il, est un pseudo- nyme. Flaubert m'explique que son jeune ami est employé au ministère de la Marine, sous les ordres d'un homme qui n'aime pas les vers. Le vrai nom du poète est Maupassant. D'ailleurs, il va venir nous voir. Dès aujourd'hui, il est de la maison. » Au bord de l'Eau parut dans le numéro suivant de la République des Lettres, parmi de nobles vers de Léon Dierx, des Marginalia d'Edgar 'Poë, et un extrait d'une féerie, alors inédite, de Flau- bert. Soit dit sans blasphème, ce fragment, Le Royaume du Pot-au-feu, ajoutait médiocrement à la gloire du maitre. On lut les vers du nou- veau venu quelques parnassiens, qui ne badi- naient pas sur les questions de facture, firent leurs réserves .Mais on s'accorda généralement à penser que l'auteur était « un monsieur ». Cependant, Guy de Maupassant était devenu très vite des nôtres. J'ai le souvenir très précis de ma première rencontre avec lui, à l'un de ces charmants dîners que donnait Catulle Mendès, rue do Bruxelles. Autour de cette table fraternelle, s'asseyaient habituellement Léon Dierx, Jean Marras, Léon Cladel, Villiers de l'Isle-Adam, Stéphane Mal- larmé. Flaubert était venu en personne présider quelquefois ce cénacle de disciples passionnés. On n'y parlait que des choses de l'art Hugo^et Wagner étaient nos dieux. Maupassant vint s'asseoir parmi noua, souriant et courtois, comme un homme qui se trouve en son milieu naturel. Son aspect n'avait rien de romantique. Une ronde figure congestionnée de marin d'eau douce, de franches allures et des manières simples. J'ai nom «mauvais-passant », répétait-il, avec une bonhomie qui démentait la menace. Sa conversa- tion se bornait aux souvenirs des leçons de théo- logie littéraire que lui avait inculquées Flaubert, aux quelques admirations plus vives que pro- fondes qui constituaient sa religion artistique, à une inépuisable provision d'anecdotes grasses et à de sauvages invectives contre le personnel du ministère de la Marine. Sur ce dernier point, il ne tarissait pas. A vrai dire, il parlait peu, ne se livrait guère, no disait rien do ses projets. Il con- tinuait à faire des vers, ni meilleurs ni pires que les premiers, des vers on marge do la poésie, sensuels et verbeux, des vers do prosateur do race. Si on la sommait d'écrire autre chose, il répondait simplement « Rien ne presse j'apprends mon métier. » On l'aimait pour la bonne grâce do ses façons et pour l'égalité de son humeur. Il était néan- moins profondément différent de la plupart d'entre nous. Nous étions d'incorrigibles Pari- siens, prisonniers des bureaux de rédaction et des théâtres. Le plus clair de notre existence s'en allait en papier noirci. Nous habitions, au moins en rêve, cette demeure si joliment décrite et raillée par Sainte-Beuve à l'extrémité d'une langue de terre réputée inhabitable et par delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l'Edgar Poë, où l'on récite des sonnets exquis, où l'on s'enivre de haschich pour en raisonner après, où l'on prend de l'opium et mille drogues abominables dans des tasses d'une porcelaine achevée ». Nous nous imaginions volontiers que l'insom- nie, la dyspepsie et certains troubles nerveux faisaient partie de la dignité de l'écrivain. Mau- passant, le Maupassant d'alors, n'avait aucune- ment la mine d'un névrosé.