ANNEXE 4-11 Le séisme de 11 juin 1909 et témoignages recueillis sur la commune de Salon-de-

séisme de Lambesc du 11 juin 1909

out à coup une secousse étrange se produit…La terre tremble, les murs, les arbres se balancent sur leurs bases…Un sinistre grondement souterrain se fait entendre ; on est d’abord surpris, puis épouvantés… Une seconde secousse plus forte, puis Tune troisième, peut-être une quatrième, tout tremble, tout craque ; ceux qui le peuvent s’enfuient affolés…Mais déjà tout est fini : le tout a duré au plus dix secondes. Et voilà qu’en dix secondes quatre villages sont détruits, une quinzaine d’autres gravement endommagés et quarante-trois cadavres sont ensevelis sous les ruines des maisons écroulées.

l était un peu plus de 21 h, que comptait la ville, il est c’est le pays provençal de la Ile 11 juin 1909, lorsqu’un très rapidement admis que Trévaresse qui a été le siège violent séisme suivi, une ving- les secousses ressenties sont des secousses les plus vio- taine de minutes plus tard, par imputables à un séisme. lentes. Dans ce massif, pen- une seconde secousse, ébran- Ainsi, un journal de Mar- dant les quelques secondes lèrent tout le Sud-Est de seille annonçait-il au matin qu’ont duré les secousses, la . De Perpignan à du 12 juin : « Ce qui est certain, ce sont des villages entiers Nîmes, de Montpellier à Avi- c’est que des secousses plus graves qui ont été détruits. Façades gnon, partout la population, que celles ressenties à ont écroulées, clochers effondrés y encore très marquée par le pu être éprouvées loin, très loin, en font désormais office de pay- tout récent séisme meur- quelque lieu que nous connaîtrons sage, tuant dans leur chute trier de Messine (Italie) du demain sans doute, à moins que ce plus d’une quarantaine de 28 décembre 1908, fut prise ne soit un point du globe inhabité. » personnes dans six villages : de panique. Si les habitants Lambesc, Rognes, Saint-Can- de Toulon ont d’abord pu l n’en est malheureuse- nat, Pélissanne, Puy-Sainte- croire à l’explosion d’une Iment rien, et en lieu et Réparade et Vernègues. des nombreuses poudrières place de lointaines contrées,

Ministère de l'Écologie, du Développement durable, Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des transports et du logement des Transports et du Logement www.developpement-durable.gouv.fr culminant du massif de la les habitations en contrebas), Trévaresse, a eu à souffrir on y observa également un des dommages encore plus grand nombre d’immeubles conséquents compte tenu dont les façades à peine lézar- de sa configuration topo- dées cachaient un intérieur graphique, laquelle ampli- complètement ravagé. fia les mouvements du sol. Ainsi, dans la partie ancienne la généralisation des et supérieure du village, le À dommages dans la région quartier du Foussa, construit épicentrale, tous les villages à flancs de colline, s’effondra n’eurent cependant pas à en totalité « Les maisons dégrin- souffrir de la même manière. golant les unes sur les autres ; un Plus que les effets liés à la énorme rocher se précipitant du haut topographie, c’est, semble- de la colline acheva le désastre ». t-il, la nature même des sols Au lendemain du séisme, des qui conditionna la violence témoins affirmèrent qu’il était du mouvement sismique. Dégâts – Saint-Cannat impossible de reconnaître le C’est ce que constata le com- tracé de la moindre rue au mandant Spiess en charge ans toute la région les milieu des décombres de ce d’une enquête de terrain sur Ddommages sont considé- quartier. Dans une moindre la détermination des dom- rables, inspirant au journa- mesure, de semblables effets mages : « D’une manière générale, liste du Petit-Marseillais envoyé de site topographiques ont les édifices construits sur des roches sur la zone sinistrée ce triste été observés à , à solides, tels que les calcaires com- constat : « Au-dessous de nous, ou dans le vieux pacts, ont beaucoup mieux résisté toutes les vieilles maisons poussié- . que ceux reposant sur des terrains reuses sont couchées les unes sur moins consistants. » les autres. On dirait qu’un géant Salon, « Une partie des fortes s’est amusé avec elles – comme un À murailles qui entourent le châ- enfant joue aux billes – à les faire teau […] a été, sur une longueur se toucher. » de 25 mètres, précipitée dans le vide par la secousse sismique. Elle s’est a seule vision des champs abattue sur les immeubles situés en de ruines fait craindre Sismogramme du séisme d’après l’observatoire L contrebas. […] Et cependant, fait du Parc-Saint-Maur (Paris) un nombre de victimes bien inimaginable et heureux, sous les plus élevé encore que celui décombres de ces modestes logis, u-delà de la zone épicen- observé. Fort heureusement, aucune victime, aucun blessé ne Atrale, le séisme provençal la population provençale resta enseveli. » du 11 juin 1909 affecta une étant habituée de profiter des zone très étendue en France : heures fraîches des débuts de iraculeusement pré- pas moins d’une vingtaine de soirées printanières, de nom- Mservée de victime, les départements constatèrent breuses personnes se trou- dégâts à Salon furent pour- les vibrations, violemment vaient encore à l’extérieur tant immenses. Ils valurent comme dans les Bouches-du- au moment du séisme et à la ville de présenter des Rhône, le Vaucluse, le et non dans leurs habitations. dommages dont la valeur le Gard ou plus légèrement Selon l’avis d’un habitant estimée (près de 14 millions comme dans les Pyrénées- de Rognes « Si le tremblement de de francs de l’époque) était Orientales ou la Haute-Loire. terre […] s’était produit une heure la plus importante. Outre plus tard, c’est-à-dire au moment l’effondrement d’un grand Aix-en-Provence, située où tout le monde serait rentré chez nombre de bâtiments et la À à une vingtaine de kilo- soi, tous les habitants du village ou ruine d’une partie de son mètres de l’épicentre, la à peu près tous auraient été ensevelis château (la tour du pigeon- toiture d’un bâtiment s’ef- sous les décombres ». C’est que nier dut être dynamitée afin fondra, des vitres furent le village de Rognes, point qu’elle ne s’écroulât point sur brisées, et le courant élec- trique fut coupé, plongeant l’étranger, le séisme fut ainsi la ville dans l’obscurité. À ressenti en Italie, dans les Quelques kilomètres plus au régions de Ligurie et du Pié- sud, à Marseille, un véritable mont, et en Espagne jusqu’à affolement s’est emparé de la Barcelone. population, il est vrai ampli- fié par la récente catastrophe ans les mois qui suivi- de Messine. En de nombreux Drent, on ne compta pas endroits, la cité phocéenne moins d’une vingtaine de a même vu apparaître des répliques. Certaines, relati- campements improvisés de vement fortes, plongèrent la personnes refusant de rega- population dans l’inquiétude gner leur domicile par crainte et le désarroi, tandis que de répliques. À plus grande d’autres, plus légères, eurent distance de la Trévaresse, les pour principal effet de faire effets du séisme furent encore parler les langues comme nettement ressentis mais l’écrivit un journaliste du moins violents, les secousses Petit Provençal : « - L’avez-vous res- Consolidation d’édifices par les troupes se contentant de stopper le sentie, demandons nous ? – Non, du Génie militaire à Salon-de-Provence balancement de pendules nous répond-t-on, mais comme tout d’horloges comme à Mont- le monde prétend qu’elle a eu lieu, Retour sur la gestion de crise pellier, ou faisant se déplacer nous avons fini par croire que nous « Le désastre était grand ; il n’eut légèrement de petits meubles l’avions ressentie. » d’égal que l’empressement que l’on aux étages supérieurs des apporta de tous côtés à l’organisa- maisons comme à Perpignan. tion des secours. »

assée la stupeur des pre- Pmières heures, la popula- tion s’organisa très vite pour secourir les personnes piégées sous les décombres. Partout, de Lambesc à Saint-Cannat, de Rognes à Vernègues, les sauvetages se multiplièrent, les sauveteurs improvisés travaillant de nuit au milieu des maisons écroulées et des murs branlants.

e lendemain,12 juin, Larrivèrent les premiers secours extérieurs, avec notamment un envoi massif de troupes militaires venues d’Aix ou d’. Sur place, les soldats s’attelèrent à pour- suivre les opérations de sau- vetage ainsi qu’à sécuriser Isoséistes du séisme de Lambesc du 11 juin 1909 à partir des données SisFrance la zone sinistrée où la seule crise. Orchestrée au niveau de à l’image de ces camps de force du Mistral suffisait « comités locaux de secours », l’aide réfugiés composés de tentes parfois à faire s’effondrer des se manifesta sous de nom- militaires dressées lors du pans entiers de murs… Par la breuses formes, allant de la séisme de L’Aquila (Italie) du suite, les troupes du Génie prise en charge des victimes 6 avril 2009, camps que l’on multiplièrent les interven- (hébergement et nourriture) à trouvait déjà en Provence en tions, tantôt par la destruc- la récolte de fonds, en passant 1909… tion de bâtiments menaçant par des dons de tous ordres ruine, tantôt par l’installation (matériaux de construction, d’étais sur des maisons sem- vivres…). blant pouvoir être réparées. ien que l’initiative pri- ais, au-delà des secours Bvée tint une place extrê- Mp r o p r e m e n t d i t s , mement importante, le l’exemple du séisme de parallèle avec la gestion de Lambesc est remarquable par crise d’événements plus l’organisation de la gestion de récents ne peut manquer,

Camps de réfugiés : séisme de Lambesc (1909) et séisme de L’Aquila (2009) exte : S. Auclair (BRGM) /Octobre 2011 t

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