Nelson Monfort Hors Antenne
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NELSON MONFORT avec Renaud de Laborderie Hors antenne Préface de Stéphane Diagana SOLAR A Dominique, Isaure et Victoria « Certaines personnes voient les choses telles qu'elles sont et se demandent : pourquoi ? Mais moi, je rêve de choses telles qu'elles devraient être et me demande : pourquoi pas ? » George Bernard Shaw Si vous souhaitez recevoir notre catalogue et être tenu au courant de nos publications, envoyez-nous vos nom et adresse, en citant ce livre et en précisant les domaines qui vous intéressent. Éditions SOLAR 12, avenue d'Italie 75013 PARIS Internet : www.solar.tm.fr Toutes les photos ont été fournies par l'auteur Directeur de collection : Renaud de Laborderie © 2000, Éditions Solar ISBN : 2-263-02705-X Code éditeur : S02705 Avant-propos Accoutumé à parler des autres, Nelson Monfort n'était pas préparé à s'exprimer sur lui-même. D'une certaine manière, c'était une lacune. Car l'exposition médiatique méritait, à elle seule, une tentative d'analyse et d'expli- cation. En fait, seul un document écrit pouvait lui permettre d'éclairer ses contemporains sur la partie ombrée de son activité à France Télévision. L'argument essentiel de cet ouvrage - qui n'aurait jamais vu le jour sans le préambule d'une longue et solide amitié - est donc Nelson Monfort en personne. Ce n'était pas un mince challenge que d'inviter ce grand professionnel à s'épancher, en toute liberté, pour nous livrer confidences et impressions. Mais sa difficulté faisait son prix. Et ce défi n'aurait pas été gagné sans l'ad- hésion totale de Nelson Monfort à un projet original et ambitieux. En suggérant HORS ANTENNE comme le titre le mieux adapté à ce livre, Nelson Monfort traçait lui-même les contours non exhaustifs de ces entretiens exclusifs, destinés à évoquer une carrière diversifiée, riche en ren- contres et en péripéties multiples. Et non moins riche de ces enseignements qui, sur la durée, donnent consistance et éclat à une existence. Renaud de Laborderie Un « gentleman populaire » par Stéphane Diagana Le sport ne peut être que spectacle. Qu'on le veuille ou non, com- ment pourrait-il en être autrement ? Depuis son origine, l'idéal sportif incarne de façon symbolique, claire et forte, tout un ensemble de valeurs de la morale universelle, voire religieuse. L'abnégation, le courage, la persévérance... sont autant de ver- tus louées par la rhétorique religieuse. Dans l'imaginaire collectif, elles étaient l'apanage des dieux et des saints. Le sport aura pour rôle, inconscient ou non, prétentieux sûrement, de sublimer l'homme en dieu. Les stades deviendront dès lors des lieux de culte, où les spectateurs viendront voir l'homme se mesurer à son maître. L'ap- parition des médias ne fera tout d'abord qu'agrandir la congrégation. Dès les premières olympiades, on adulera les exploits herculéens des athlètes. Plus tard, en 1936, Leni Riefensthal parlera tout sim- plement de « dieux du stade » dans son controversé documentaire sur les jeux Olympiques de Berlin. Ainsi, depuis des siècles, le sport et ses acteurs sont condamnés à évoluer dans l'univers de la perfection totale. Après tout, comment supporter l'idée de l'imperfection divine ? Gare, donc, à celui qui bafouille lors d'une interview, qui affiche avec maladresse ses relations « diaboliques » avec un sponsor, qui ne supporte pas la fameuse pression. Gare aussi à celui qui, abreuvé du tout-puissant « élixir dollar », vient à défaillir. Gare enfin à tous ceux qui laissent entrevoir un semblant de faiblesse humaine dans leur cuirasse invulnérable. Le mythe a donc encore quelques beaux jours devant lui, malgré ou grâce à son grand âge. Pourtant, tout prête à croire que ses heures sont comptées. Depuis une cinquantaine d'années, les interviews et les articles consacrés aux sportifs se sont multipliés, complétant les simples retransmissions sportives auxquelles s'étaient cantonnés les médias. Les « icônes » prenant la parole, il a bien fallu constater enfin que la perfection n'était pas ici-bas. La désillusion fut sans doute à la hauteur de l'illusion millénaire. Un extrême en chassant un autre, dans les années 60 et 70, on jet- tera les idoles aux orties : « Tout dans les muscles, rien dans la tête », c'est bien connu. On préférera les seconds, de peur d'être déçu par les premiers. Aujourd'hui, les médias sportifs, mandatés par le public, doivent donc en un tour de force faire cohabiter, de manière antinomique, le surhumain et l'humain, l'homme n'étant sans doute pas encore assez sage pour renconcer au premier et plus assez crédule pour nier le second. L'engouement pour la victoire des Bleus, lors de la Coupe du monde de football 1998, résume sans doute cela on ne peut mieux. Le terrain nous a montré l'exploit, et les coulisses nous ont montré combien il était humain et donc accessible à tous. Même si certains journalistes, n'ayant pas renoncé à leur quête de perfection divine, encensent et crucifient les sportifs comme autant d'espoirs déçus, il y en a pour accueillir tout simplement ceux-ci parmi les hommes. Nelson Monfort est de ceux-là. Il est sans doute l'un des plus iconoclastes, et s'inscrit parfaite- ment dans son temps. Nelson Monfort est un personnage qui intrigue. Voici une des questions que l'on m'a souvent posée : « Nelson Monfort, toi qui le connais, il est vraiment comme ça ? » Eh bien oui, je dirai que c'est un « gentleman populaire ». C'est sans doute cette particularité qui le rend, plus que tout autre, sensible au trompe-l'œil que sont les idées reçues. Ainsi, à son micro, les sportifs laissent place aux hommes et aux femmes, les statues de marbre prennent vie, sourient et rient, gri- macent et chahutent, doutent et renoncent, espèrent et regrettent... A son micro, les sportifs sont heureux d'être et non de paraître dans un costume qu'ils n'ont pas choisi. Ils sont heureux d'affirmer leurs différences comme pour s'affranchir d'un carcan trop étroit. Nelson Monfort a sans doute le secret de l'alchimie bienveillante, qui donne au spectateur l'occasion rare d'entrevoir, presque trivia- lement, les ressorts humains de l'exploit. DÉBUTS Le jardin secret de Martina Navratilova • Que s'est-il passé exactement en vous lors de votre première grande interview en direct d'un champion devant l'objectif d'une caméra ? - Mon premier grand reportage télévisuel, je m'en souviens comme d'un événement extrêmement précis. En décembre 1987, avec les frères Drhey, Adolphe et Michel, que j'avais rencontrés au hasard des tribunes de presse et avec lesquels j'avais immédiatement sympathisé, nous retransmettions sur FR3 National un tournoi de tennis sur invitation, le Trophée de la Femme, qui se déroulait au cap d'Agde, dans les confor- tables installations de Pierre Barthès. Les quatre championnes conviées étaient prestigieuses. Avec Chris Evert-Lloyd et Martina Navratilova, des habi- tuées du palmarès de Roland-Garros, la toute jeune Steffi Graf, qui venait de gagner cette année-là ses premiers Inter- nationaux de France, et Arantxa Sanchez-Vicario, qui brûlait de l'ambition de s'imposer en France, l'affiche était intéres- sante. Adolphe et Michel Drhey avaient remarqué que je parlais anglais et ils guettaient une bonne occasion de me faire intervenir sur le terrain à chaud. • C'était donc la toute première fois ? - Presque. A dire vrai, un an auparavant, nous avions retrans- mis l'Open de golf Agena, qui se déroulait à Lyon, sur FR3 Rhône-Alpes. Le meneur de jeu était une sorte de candide qui ne connaissait pas grand-chose au sport - et encore moins au golf, d'ailleurs -, ce dont il convenait volontiers, sans s'en formaliser. C'était Sylvain Augier. Nous travaillions ensemble d'une manière assez décontractée. Quoi qu'il en soit, ce ren- dez-vous de golf n'avait été qu'une simple entrée en matière. • Alors, au cap d'Agde, avec les quatre championnes annoncées, l'affaire devenait sérieuse ? - Et comment ! Ce premier vrai reportage, je l'abordais comme un rêve, les yeux grands ouverts. D'accord, le Tro- phée de la Femme n'était jamais qu'une exhibition et, à l'époque, Philippe Chatrier, à la fois président de la FF Tennis et de la Fédération internationale de tennis, menait une guerre intense contre ces tournois exhibitions qui, selon lui, dénaturaient le tennis de haute compétition. Le Trophée de la Femme était l'équivalent du Carré d'as de Fréjus, réservé aux hommes et généralement organisé en été. En tout cas, pour le néophyte total que j'étais, le premier contact fut imprévu. • Vous voulez évoquer l'ambiance du cap d'Agde ? - On m'avait réservé une chambre à l'hôtel Ève. Ce qui, après tout, pouvait correspondre, avec une certaine distance, à l'idée que l'on se faisait d'un tournoi féminin. En réalité, cet hôtel Ève ne comprenait et n'accueillait, en règle générale, que des... nudistes, un détail que j'ignorais complètement. La première personne que j'ai vue, c'était le réceptionniste : il se tenait derrière son comptoir le torse nu, ce qui m'intrigua au premier chef. En se promenant en mini-slip, les jambes nues et le ventre à l'air, cet homme donnait, en dépit de la fraîcheur de la température hivernale, une surprenante leçon de décon- traction, voire d'authenticité. Il ne cachait rien de lui-même et s'en portait bien. Je crois avoir retenu - de longues années plus tard - quelque chose de cette insolite rencontre du cap d'Agde dans cet hôtel Ève qui méritait et portait si bien son nom. • Ce Trophée de la Femme vous avait donc marqué ? - Bien plus qu'on ne le pense.