Maghrébins France
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Sigle fff. LES JOUEURS MAGHRÉBINS EN ÉQUIPE DE FRANCE L’histoire des joueurs algériens, marocains, tunisiens et « pieds-noirs » en équipe de France de 1924 à 2012 En contradiction avec l’euphorie de la victoire de 1998 d’un Onze « Black-Blanc-Beur », des millions de Français ont été choqués par les propos sur les trop nombreux joueurs « d’origine étrangère » en équipe de France. Pour leur répondre, l’Histoire est la meilleure des solutions. Elle raconte la saga des joueurs d’origine maghrébine chez les Bleus qui, depuis 1924, ont conduit deux fois à la victoire en Europe (1984 et 2000), une fois à la conquête du titre mondial (1998) et une fois à celle du titre olympique (1984). Des joueurs, de toutes confessions, de toutes origines (kabyle, arabe, européenne), issus ou non de l’immi- gration et originaires des trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) ont écrit les plus belles heures du Onze de France. Cette histoire raconte aussi celle des « populations maghrébines » en France et l’histoire des immigrations. En outre, plusieurs joueurs originaires du Maghreb ont souvent été des symboles forts à tra- vers les siècles : Zidane pour l’intégration, Mekhloufi pour l’Indépendance, Sahnoun pour les harkis, Fontaine pour les pieds-noirs, et Ben M’Barek pour l’époque coloniale. Une immense saga sur plus de huit décennies qui raconte l’histoire d’une nation métisse au coeur de l’his- toire de France au moment où le mondial est pour la première fois organisé sur le continent africain. Ce soir, je serai fi er d’être Français… Zinédine Zidane, 1998 En arabe, al-Maghrib, « le couchant » est la région d’Afrique MAGHREB du Nord comprise entre la mer Méditerranée, le Sahara Maghreb >>> et l’océan Atlantique. Il regroupe au sens strict, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. Équipe de France (de gauche à droite : debout : le 1er Courtois, le 4e Cazenave, le 7e Di Lorto, le 8e Jordan), photographie de presse, 1938. 1 © Fonds Excelsior /Presse Sports LES PIONNIERS MAGHRÉBINS Le temps des colonies 1924 1945 1897 Premier club de football en Algérie : le Club Athlétique Liberté d’Oran (réservé aux Européens) Sports L’Équipe © Presse Larbi Ben M’Barek au journal L’Équipe jonglant avec une corbeille, non datée. 1924 Pierre Chesneau, européen né en Algérie, est sélectionné en équipe de France 1925 Trois nouveaux internationaux Européens d’Algérie : L’équipe de France de football, Félix Pozo, Charles Bardot et André Liminana c’est l’histoire en raccourci 1926 Inauguration de la Grande Mosquée de Paris Sélection de deux ailiers originaires d’Algérie : d’un siècle d’immigration... Henri Salvano et Georges Bonello Didier Braun, 2000 1928 Ahmed Bougherra el-Ouafi est médaille d’or en athlétisme aux JO d’Amsterdam Les pionniers du football maghrébin en équipe de France sont trois 1930 L’Européen d’Algérie Alexandre Villaplane est le capitaine de France à la Coupe du monde joueurs aux destins totalement différents : les Algériens Ali Benouna (qui joue alors à Sète), Abdelkader Ben Bouali (joueur de l’OM) et le 1931 Exposition coloniale internationale à Paris Marocain Larbi Ben M’Barek (la star de Casablanca). Mais, aupa- 1932 L’International pied-noir Charles Bardot remporte, ravant la France avait fait appel à des Européens nés en Algérie avec l’AS Cannes, la Coupe de France (appelés « pieds-noirs ») : le premier d’entre eux, sélectionné en 1934 Coupe du monde en Italie 1924, est Pierre Chesneau. Cette période est aussi marquée par une forte présence de joueurs issus du Maghreb, et notamment de la 1935 Joseph Alcazar dit « Pepito » obtient sa onzième et dernière sélection chez les Bleus ville d’Oran dans le championnat de France : certaines équipes, comme l’Olympique de Marseille ou le FC Sète, possèdent jusqu’à sept titulaires venus d’Afrique du Nord. © Club Algérois © CAOM, Aix-en –Provence/DR © Presse Sports L’Équipe © Presse Joseph Alcazar, non datée. La sélection d’Alger en mars, Pierre Chesneau et Ali Benouna, 1931. Affiche du PCF et de la CGTU,1930. Les Nord-Africains sont des « gagneurs ». Sur le terrain, ils défendent fièrement leurs chances… Jean Eskenazi, Paris-Soir, 1938 1936 L’Algérien « indigène » Ali Benouna est sélectionné en équipe de France Aux côtés de ces joueurs issus du monde colonial, un personnage 1937 Abdelkader Ben Bouali est sélectionné en équipe comme Alexandre Villaplane symbolise la complexité de ces années. de France Milieu de terrain pied-noir, capitaine de l’équipe de France pen- 1938 Première sélection du Marocain Larbi Ben M’Barek dant la Coupe du monde 1930, il s’engagera dans la Collaboration 1939 Quatre cent cinquante mille Nord-Africains en 1944 en dirigeant la Brigade nord-africaine et sera fusillé par ont travaillé en France depuis 1920 la Résistance. Avec ses vingt-cinq sélections, il gardera pendant 1940 Plus de quarante régiments venus d’Afrique du Nord longtemps le record de l’équipe de France. Il avait été rapidement sont mobilisés rejoint chez les Bleus par d’autres pieds-noirs de renom (dont une grande partie jouait à l’Olympique de Marseille), comme Ernest 1944 Alexandre Villaplane est arrêté et fusillé pour Collaboration Liberati (sélectionné en 1930) et Joseph Alcazar (premier olympien à disputer une Coupe du monde et grand-oncle de José Anigo). 1945 Abolition du régime de l’indigénat en Algérie Massacre et répression en Algérie (8 mai) à Sétif et Guelma © Coll. part. /DR © Coll. part. /DR Affiche de la Coupe du Monde en Uruguay, 1930. Affiche de la Coupe du Monde en Italie, 1934. Sans le football… je n’aurais pas connu Marseille, ni Paris, ni la tour Eiffel… Larbi Ben M’Barek, 1939 © Collection Lionel Laget/Presse Sports L’Équipe © Collection Lionel Laget/Presse L’Équipe de France lors de la Coupe du Monde, Alexandre Villaplane et Ernest Liberati, 1930. 2 DE L’après-guerre À L’équipe DU FLN La fin d’une époque 1945 1962 1945 Création de l’Office national d’immigration (ONI) © Presse Sports L’Équipe © Presse Une nouvelle génération de joueurs pieds-noirs en sélection nationale : Jean-Claude Samuel, Just Fontaine posant avec le ballon dédicacé du match France-Yougoslavie, 1955. Lucien Jasseron et Marcel Salva (tous du RC Paris) 1949 Abderrahman Ibrir est le premier gardien de but algérien chez les Bleus Si je suis le roi du Football, 1953 Première sélection de Just Fontaine alors Ben M’Barek en est le Dieu. (premier Européen du Maroc) Pelé, 1960 1954 Fin de la guerre d’Indochine et début de la guerre d’Algérie Match France-Afrique du Nord au profit des sinistrés du tremblement de terre en Algérie (Orléansville) Larbi Ben M’Barek marque l’immédiat après-guerre et jouera son 1956 Première sélection de Rachid Mekhloufi en équipe de France dernier match pour l’équipe de France, en 1954, à l’âge probable Fin des protectorats français au Maroc et en Tunisie de 40 ans, un record à ce jour. Autour de la « perle noire », une 1957 Première sélection de Mustapha Zitouni nouvelle génération de joueurs apparaît, des Algériens comme en équipe de France Kader Firoud ou Abderrahman Ibrir (gardien du Toulouse FC), des 1958 Coupe du monde en Suède (Fontaine meilleur buteur) Marocains comme Mustapha Ben M’Barek (des Girondins de Bordeaux) Les Algériens de l’équipe de France rejoignent le FLN et des pieds-noirs pour la plupart du RC Paris comme l’arrière latéral 1960 Championnat d’Europe organisé en France Marcel Salva mais aussi le gardien de l’OGC Nice Georges Lamia (la France termine quatrième) ou Just Fontaine (vingt et une sélections et trente buts, un record 1961 Oui au référendum pour la paix en Algérie chez les Bleus). Mahi Khennane (Stade rennais) est sélectionné en équipe de France et sera designé par France-Football « meilleur attaquant » du championnat 1962 Le Onze du FLN aura disputé 91 matchs internationaux © Presse Sports L’Équipe © Presse Times Photos © Musée du Sport/New York © Presse Sports L’Équipe © Presse Mustapha Zitouni et Larbi Ben M’Barek La sélection nord-africaine, 1954. Marcel Salva, 1949. lors du match France-Afrique du Nord en octobre, 1954. Désigne un soldat algérien musulman engagé aux La Coupe du monde ? Bien sûr que UN HARKI côtés de l’armée française j’y ai pensé. Mais, ce n’était rien en regard Un harki >>> dans une unité appelée harka (du mot arabe de l’indépendance de mon pays. « mouvement ») pendant Rachid Mekhloufi, Le Monde, 2004 la guerre d’Algérie. L’année 1958 est un tournant. Le départ rapide des meilleurs joueurs algériens du championnat de France, pour rejoindre l’équipe du FLN, provoque une rupture dans le football français. Des joueurs du talent de Rachid Mekhloufi (futur entraîneur national de l’Algérie), Mustapha Zitouni (lui aussi futur entraîneur national d’Algérie) ou Abdelazziz Ben Tifour (qui a joué durant la Coupe du monde 1954 et sera sélectionneur de l’équipe nationale algérienne en 1969-1970) s’engagent dans la revendication politique en rejoignant le Onze du FLN. Au même moment, l’immigration maghrébine s’accroît massivement en direction de la métropole. En quinze ans (1945-1960), au cours de ces années riches pour le football français, vingt et un joueurs originaires du Maghreb auront porté le maillot des Bleus, dont 50 % sont des « Français d’Algérie ou du Maroc ». © Coll. part. /DR L’Équipe : Neuf footballeurs algériens (dont Zitouni) disparaissent, avril 1958. Mekhloufi a été l’un des footballeurs qui m’ont le plus marqué… Aimé Jacquet, 2001 Rachid Mekhloufi lors du match France-Bulgarie, 1957. 3 Sports L’Équipe © Collection Lionel Laget/Presse DU MAGHREB ET DE FRANCE D’où venaient-ils ? L’Algérie : c’est quand même là que sont mes racines.