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24 images

Le film d’un seul homme Mission: Impossible 2 de Marcel Jean

Robert Morin Numéro 102, été 2000

URI : https://id.erudit.org/iderudit/24115ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu Jean, M. (2000). Compte rendu de [Le film d’un seul homme / Mission: Impossible 2 de John Woo]. 24 images, (102), 55–55.

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LE FILM D'UN SEUL HOMME

PAR MARCEL JEAN

n attendait Tom Cruise, on a eu John dans le premier long métrage, l'équipe se fite de la volonté de son acteur-producteur O Woo. Voilà en quelque sorte ce qui révélant truffée de traîtres et le personnage de projetet une image athlétique pour truf­ résume ce Mission: Impossible 2, projet d'un d'Ethan Hunt (Tom Cruise) se retrouvant fer son film de scènes de kung-fu, ce qui don­ acteur devenu producteur qui a engagé tou­ discrédité et presque seul contre l'organisa­ ne à ce Mission: Impossible 2 une bien te une équipe (y compris le réalisateur) en lui tion à laquelle il appartenait. curieuse allure, celle d'un hybride qui doit donnant la mission de le mettre en valeur. Or, Dans Mission: Impossible 2, les jeux autant au cinéma chinois qu'au cinéma hol­ ce qui étonne, dans ce long métrage qui est sont faits d'emblée. Ethan Hunt est le héros lywoodien. On ne s'étonnera guère si ce film d'abord une entreprise de mise en marché, incontesté et ses partenaires ne sont que des déconcerte, d'autant plus que John Woo y c'est de constate! à quel point John Woo, acteurs très secondaires, dont les rôles sont conserve par moments les accents mélodra­ tout en remplissant la commande, s'est appro­ à peine esquissés par le scénario. Seule se matiques qui caractérisent un grand nom­ prié le film, en a fait un objet s'inscrivant dans démarque Nyah Nordoff-Hall (Thandie bre de filmsd'actio n de Hong-Kong. la plus pure lignée de son œuvre antérieure. Newton), une jeune femme qui, rapide­ Demi-succès ou demi-échec — les Ainsi, en plus de la mise en scène hypertro­ ment, passe du statut d'équipière à celui de acteurs sont plutôt mal dirigés et la construc­ phiée qui a fait la réputationd u cinéaste, cet­ butin, puisqu'en même temps qu'un virus tion du film est bancale —, Mission: te superproduction véhicule aussi ses thèmes nouveau genre, c'est elle que se disputent Impossible 2 fait la preuve, si besoin était, de prédilection: opposition mythique entre le Hunt et Sean Ambrose (Dougray Scott), que John Woo est un cinéaste fort et atypi­ bien et le mal, difficulté de concilier héroïs­ son ennemi. Quant aux autres collègues de que, capable de s'emparer d'un film sous le me et sentiments humains, nostalgie de la Hunt, ils sont pour une large partie du film nez de sa vedette. C'est là, dirons-nous, que noblesse chevaleresque, vision religieuse du réduits à l'impuissance (le personnage inter­ s'est jouée la vétitable mission impossible monde, etc. prété par Ving Rhames n'est plus rien sans désignée par le titre. • Il existe, à propos de John Woo, un son précieux ordinateur) et leur intervention bien curieux malentendu. C'est qu'une par­ est purement accessoire, puisqu'elle se limi­ tie de la critique, n'appréciant guère son te à facilitet la tâche du scénariste à des MISSION: IMPOSSIBLE 2 travail depuis qu'il est installé aux États- moments précis du récit. États-Unis 2000. Ré.: John Woo. Scé.: Robert Unis, cultive une sorte de nostalgie malsai­ Donc, John Woo accapare l'apologie Towne. Ph.: Jeffrey L. Kimball. Mont.: Steven Kemper, Christian Wagner. Mus.: Hans Zim­ ne de son œuvre chinoise. Or, quiconque a du héros individuel concoctée par Tom mer. Int.: Tom Cruise, Dougray Scott, Thandie sérieusement fréquenté des filmscomm e To Cruise et le scénariste Robert Towne pour y Newton, Ving Rhames, Anthony Hopkins. Hell with the Devil, The Killer, Bullet in investit ses obsessions. Plus encore, il pro­ 120 minutes. Couleur. Dist.: Paramount. the Head ou sait à quel point les films américains de Woo (Hard Target, John Woo accapare l'apologie du héros individuel concoctée par Tom Cruise et Broken Arrow et Face Off) poursuivent le scénariste pour y investir ses obsessions. sans concession l'œuvre amorcée à Hong- Kong. John Woo est un cinéaste obsession­ nel qui ressasse sans cesse les mêmes thèmes et les mêmes figures de style. On peut lui reprocher cela, mais certainement pas de se trahir. Mission: Impossible 2 est donc, à n'en pas douter, un filmd e John Woo, ce qui veut dire un film aussi éloigné de la série télévi­ sée dont il s'inspire que du long métrage réalisé par Brian De Palma. En 1996, De Palma avait en effet réalisé un film d'une grande netteté, au rythme haletant et à l'effi­ cacité redoutable, qui se plaisait à citer allè­ grement la série télévisée. On se souviendra aussi que cette série, qui date de 1966, repo­ sait sur le concept d'équipe, c'est-à-dire qu'en unissant leurs qualités respectives, des agents réussissaient à accomplir l'impos­ sible. Cette idée était d'ailleurs mise à mal

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