REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

RAPPORT SUR LA SITUATION ECONOMIQUE RECENTE DANS LA PROVINCE DU Public Disclosure Authorized K O N G O C E N T R A L

Enjeux de la modernisation d'une province à fort potentiel énergétique face à la qualité de vie de sa population Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE

République Démocratique du Congo

Rapport sur la situation économique récente dans la province du

ENJEUX DE LA MODERNISATION D’UNE PROVINCE A FORT POTENTIEL ENERGETIQUE FACE A LA QUALITE DE VIE DE SA POPULATION

« Juin 2016 »

Table des matières

Liste des Acronymes ...... 5 Avant-propos ...... 6 Equipe de rédaction et contacts ...... 7 Résume exécutif ...... 8 I. INTRODUCTION ...... 10 1.1. Contexte national et décentralisation ...... 10

1.2. APERÇU SUR LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL ...... 14 II. ETAT DE L’ECONOMIE DE LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL ...... 16

2.1. STRUCTURE ÉCONOMIQUE DE LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL ...... 17

2.2. VECTEURS CLÉS DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE AU KONGO CENTRAL ...... 19 2.2.1. Un secteur agricole en grande partie traditionnel mais qui emploie la majeure partie de la population ...... 19 2.2.2. Le secteur forestier souffre encore d’une exploitation passée excessive ...... 23 2.2.3. Un secteur pétrolier important à côté des minerais sous-exploités ...... 24 2.2.4. Un réseau hydrographique important et suffisant pour la fourniture de l’énergie électrique ...... 24 2.2.5. Un secteur industriel en difficulté mais qui offre des opportunités importantes ...... 28 2.2.6. Un secteur des services dynamique mais tributaire des activités portuaires ...... 29

2.3. MOBILISATION DES MOYENS DE FINANCEMENT DE LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE DE LA PROVINCE ...... 30 2.3.1. Des recettes fiscales locales qui confirment la volonté d’une auto-prise en charge ...... 30 2.3.2. Des capacités internes de mobilisation des recettes qui se consolident ...... 35

2.4. UNE DÉPENSE PUBLIQUE POUR DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITÉ ...... 36

2.5. ECHANGES COMMERCIAUX NATIONAUX ET INTERNATIONAUX ...... 38

2.6. ETAT DU SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER AU KONGO CENTRAL ...... 40 III. PAUVRETE ET EMPLOIS DANS LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL ...... 42

3.1. TENDANCE DE LA PAUVRETÉ ET DE L’INÉGALITÉ DANS LE KONGO CENTRAL ...... 43 3.1.1. La pauvreté et l’extrême pauvreté dans la province du Kongo Central sont en diminution depuis 2006 ...... 43 3.1.2. Les conditions de vie des ménages et les indicateurs du développement humain se sont améliorés mais les défis restent importants ...... 44 3.1.3. Les inégalités dans la province n’a pas beaucoup baissé ...... 48

3.2. PROFIL ET CARACTÉRISTIQUES DE LA PAUVRETÉ DANS LA PROVINCE ...... 48 3.2.1. Nombre encore important des pauvres dans la province mais faible participation à la pauvreté nationale ...... 48 3.2.2. Une pauvreté plus élevée en milieu rural et chez les hommes ...... 49 3.2.3. Caractéristiques du chef des ménages déterminantes pour la pauvreté ...... 49

3.3. CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES ET EMPLOIS ...... 52 3.3.1. Une poussée démographique ravivée par un fort niveau de fécondité ...... 52

2 3.3.2. Une population jeune, dominée légèrement par les femmes, et un niveau élevé de la population potentiellement en charge ...... 54 3.3.3. Un marché d’emplois étroit à l’instar du pays face à une forte demande...... 56 IV. CONSIDERATIONS FINALES : Tirer profit des opportunités de la province pour relever les défis de son développement économique et réduire la pauvreté ...... 61  Exploiter le potentiel agricole de la province et lever les contraintes à sa relance par le développement des chaines de valeur des filières clés...... 62  Moderniser et réformer les infrastructures portuaires et des transports pour tirer profit de position géographique favorable et améliorer les échanges commerciaux et culturels...... 62  Poursuivre le développement des ressources énergétiques variées pour desservir le pays et une grande partie de l’Afrique ...... 63  Renforcer et créer des capacités de la gouvernance locale pour permettre à l’Etat de mieux jouer son rôle et développer le secteur privé au niveau de la province...... 64

Liste des Graphiques

Graphique 1. Répartition sectorielle du PIB aux prix du marché (en pourcentage du total) ...... 17 Graphique 2. Part des secteurs dans le PIB du Kongo Central ...... 18 Graphique 3. Kongo Central, Evolution du budget de la province par source de financement ...... 31 Graphique 4. Kongo Central, Structure de financement du Budget de la province ...... 31 Graphique 5. Répartition des transferts centraux par affectation ...... 32 Graphique 6. Evolution de transferts centraux ...... 33 Graphique 7. Kongo Central, Recettes par services de mobilisation...... 36 Graphique 8. Kongo Central, Recettes par assiette de mobilisation ...... 36 Graphique 9. Kongo Central, Incidence de la pauvreté ...... 44 Graphique 10. Répartition de mode d’éclairage d’habitation (en % des ménages) ...... 45 Graphique 11. Répartition du type de l’énergie de cuisine (en % des ménages) ...... 45 Graphique 12. Répartition de l’approvisionnement en eau au Kongo Central (en % des ménages) ...... 46 Graphique 13. Répartition des ménages qui consomment l’eau potable selon la province (en % des ménages) ...... 46 Graphique 14. Répartition des ménages par type de logement ...... 47 Graphique 15. Pauvreté selon le milieu au Kongo Central ...... 49 Graphique 16. Pauvreté individus selon le sexe au Kongo Central et en RDC ...... 49 Graphique 17. Pauvreté selon le niveau d’instruction du chef de ménage ...... 51 Graphique 18. Pauvreté selon le type de famille ...... 51 Graphique 19. Pauvreté selon la situation matrimoniale du chef de famille ...... 51 Graphique 20. Pauvreté selon la tranche d’âge du chef de famille ...... 51 Graphique 21. Fécondité et mortalité des enfants de moins de 5 ans ...... 54 Graphique 22. Pyramide des âges de la population du Kongo Central ...... 55 Graphique 23. Taux d’activité selon la tranche d’âge et le milieu de résidence (%) ...... 57 Graphique 24. Taux d’activité selon la tranche d’âge et le genre (%) ...... 57 Graphique 25. Structure des emplois par secteur institutionnel et par secteur d’activité ...... 59 Graphique 26. Taux de chômage par groupe d’âge et par genre ...... 59 Graphique 27. Taux de chômage et de sous-emploi en RDC et dans le Kongo Central ...... 60

3 Liste des Tableaux

Tableau 1. Informations centrales sur la population, la superficie et la pauvreté des provinces avant le découpage ...... 13 Tableau 2. Emplois du PIB provincial en % du total...... 19 Tableau 3. Evolution des quelques produits vivriers clés (en tonnes) ...... 21 Tableau 4. Production et Consommation de l’électricité et de l’eau ...... 27 Tableau 5. Recettes propres du Kongo Central par type de recettes, 2006-141...... 33 Tableau 6. Kongo Central, Importations et exportations ...... 39 Tableau 7. Nombre des points d’exploitations des banques commerciales et leurs agences agréées par la BCC en 2012 ...... 41 Tableau 8. Répartition des ménages selon le temps mis pour accéder à une structure de santé, un établissement primaire et au cybercafé (% des ménages) ...... 47 Tableau 9. Niveau d’instruction des chefs de ménage ...... 50 Tableau 10. Structure par taille de ménages selon le milieu de résidence...... 53 Tableau 11. Répartition de la population selon la structure d’âge et le milieu de résidence ...... 55 Tableau 12. Causes principales de la pauvreté selon le milieu (en % des ménages) ...... 57 Tableau 13. Taux d’activité, de participation et de dépendance selon le sexe et le milieu de résidence au Kongo- Central ...... 58 Tableau 14. Liste des agences provinciales de collecte des recettes ...... 66

4 Liste des Acronymes

BCC : Banque centrale du Congo CEM : Country Economic Memorandum (Mémorandum Economique Pays) CFEF : Cellule d’Exécution des Financements en Faveur des Etats Fragiles CILU : Cimenterie de Lukala CINAT : Cimenterie nationale CPCAI : Comité de Pilotage pour l’Amélioration du Climat des Affaires et des Investissements DGDA : Direction générale de douanes et accises DGM : Direction Générale de Migration ETD : Entités Territoriales Décentralisées EVP : Equivalent Vingt Pieds (en anglais, twenty-foot equivalent unit : TEU) Gécamines : Général des Carrières et des Mines IMF : Institutions de Micro Finance INS : Institut national de la Statistique INSS : Institut national de sécurité sociale kWh : kilowattheure MW : Mégawatt PDPC : Projet de Développement des Pôles de Croissance Ouest PEMARCO : Pêche maritime du Congo PEMU : Projet d'alimentation en Eau potable en Milieu Urbain PIB : Produit Intérieur Brut PRC-GAP : Projet de Renforcement des capacités de la fonction de base de Gestion Administration publique RDC : République Démocratique du Congo REGIDESO : Régie de distribution d'eau DGR/KC : Direction Générale des Recettes du Kongo Central SNEL : Société Nationale d’Electricité SNSA : Service national des statistiques agricoles SOGEPE : Société de Gestion des Péages SONAS : Société Nationale d’Assurance

5 Avant-propos

La République Démocratique du Congo (RDC) est un vaste pays qui possède d’importantes ressources naturelles et humaines, avec des atouts et des défis majeurs qui diffèrent en fonction de zones géographiques du pays. Le processus de décentralisation, initié par les autorités pour tenir compte de l’immensité du pays et des différences entre ses provinces, demeure encore inachevé car plusieurs des dispositions constitutionnelles relatives à sa mise en place ne sont pas encore appliquées. Pour accompagner cette décentralisation, les politiques publiques de développement devraient tenir compte des caractéristiques économiques des provinces et se fonder sur une analyse profonde de chacune d’elles. Ce rapport porte sur la province du Kongo Central et vise à informer sur la situation économique et financière de la province ainsi que sur les défis majeurs auxquels celle-ci fait face.

Avec ses contrastes saisissants en termes géographiques, de dotations, d’activité économique, de niveau de pauvreté et de potentiel économique, son immensité, la RDC nécessite aujourd’hui une approche provinciale et locale dans la définition des politiques publiques. En effet, les provinces tendent à se spécialiser selon la spécificité de leurs ressources naturelles et humaines et le fait de se concentrer uniquement sur le plan national n’est pas suffisant pour une compréhension plus ou moins claire de la réalité du pays. Ainsi, une approche d’analyse de la situation économique qui se limite au niveau central pourrait conduire à un survol de la réalité vécue par chaque province, alors que les priorités peuvent varier d’une province à une autre. En effet, les disparités entre provinces soulignent l’importance de tenir compte pour chaque province de ses défis spécifiques et de son potentiel en ressources physique, financières et humaines.

Dans ce contexte, les politiques publiques de développement du pays devront découler d’une analyse de chaque province. Pour être efficace, la formulation des politiques économiques devraient tenir compte des communautés et régions et de leurs potentiels inhérents ou de leur progrès. Les sources de croissance économique de chaque province devraient être identifiées, dans le but de créer des pôles ou des corridors de croissance aptes à lier l’économie provinciale aux économies nationale et régionale. C’est pour donner une dimension provinciale au développement que la Banque mondiale entend conduire ce type de rapport de suivi de la situation économique pour suivre les récents développements économiques et financiers de chaque province.

L'objectif de ce rapport est de se focaliser sur les développements récents de la province du Kongo Central comme province pilote à cette approche. En réponse aux ambitions des autorités de la Province du Kongo Central de positionner celle-ci au centre de l’émergence du pays à l’horizon 2035, ce rapport est destiné à informer sur les récents développements économiques et financiers de la province et sur les défis de développement auxquels elle est confrontée. Etant donné que les autorités de la province souhaitent préparer une "Etude Prospective du Kongo Central", l'analyse détaillée du développement économique au cours des années dernières devra faciliter une meilleure compréhension du contexte et des situations fragiles auxquelles fait face la province. L'étude envisage de produire ce rapport pour amorcer des discussions approfondies sur les politiques susceptibles d’être proposées pour des meilleurs résultats de développement souhaités tant par les autorités nationales du pays que celles du Kongo Central.

Ahmadou Moustapha Ndiaye Directeur des Opérations de la Banque Mondiale pour la République Démocratique du Congo

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Equipe de rédaction et contacts

Le Rapport sur la situation économique récente dans la province du Kongo Central est préparé par l’équipe du Département de la Gestion économique et financière de la Banque mondiale - MFM. Il a été rédigé sous la direction d’Emmanuel Pinto Moreira (économiste en chef), et avec la participation de Chadi Bou Habib (économiste principal), Moise Tshimenga Tshibangu (économiste résident) et Karim Omonga (Consultant). Albert Zeufack (directeur sectoriel), et Ahmadou Moustapha Ndiaye (directeur des opérations) en ont assuré la supervision. Louise Mekonda Engulu (chargée de communication), Karima Laouali Ladjo et Alpha Balume (assistants) ont pris en charge la coordination logistique, l’impression du document et la coordination avec les médias.

Les analyses, interprétations, et conclusions exprimées dans ce rapport reflètent le travail de l’équipe en charge de sa rédaction et ne représentent pas nécessairement le point de vue des membres du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent.

Les informations sur la Banque mondiale, ses activités en RDC, et les copies électroniques de la présente publication, sont disponibles sur le lien suivant: http://www.banquemondiale.org/fr/country/drc.

Pour s’inscrire sur la liste de distribution électronique et recevoir le Rapport de suivi de la situation économique et financière, veuillez contacter Alpha Balume ([email protected]).

Pour les questions et commentaires sur le contenu de la publication, veuillez contacter Emmanuel Pinto Moreira ([email protected]).

Les requêtes de la part des médias peuvent être adressées à Louise Mekonda Engulu ([email protected]).

7 Résumé exécutif

i. La Province du Kongo Central couvre 2,3 % du territoire de la RDC et sa population représente 6,3 % de la population totale du pays. Son histoire est intimement liée à celle du pays depuis l’époque coloniale car cette province a joué un rôle crucial pour l’échange des produits avec le reste du monde. A l’instar de l’économie nationale, l’économie du Kongo Central est à forte dominance agricole, même si le secteur pétrolier reste également l’un des plus importants du pays, en termes de sa contribution au budget national. La structure économique de la province a connu une profonde mutation entre les années 1980 et 2000, avec l’effondrement de l’économie marchande. La part de l’agriculture marchande qui était de 60% en 1984 a sensiblement baissé pour être dominée à plus de 90% par l’agriculture familiale. Aussi, la province enregistre un volume important des importations dont juste une faible partie est consommée au niveau local.

ii. Les ressources de la province sont importantes. Et le Kongo Central dispose d’un important réseau hydrographique capable de favoriser la production et fourniture de l’électricité à toute l’Afrique et de l’eau potable pour la province et la région. Cependant, la production et la distribution de l’énergie électrique et de l’eau potable restent encore un domaine de quasi-monopole sous la gestion du pouvoir central qui n’a pas favorisé l’augmentation de l’offre de leurs services. Aussi, les grandes unités de transformation manufacturière dont disposait la province à l’époque coloniale ont progressivement disparu à partir des années 70 jusqu’à la fin des années 90, à cause des troubles sociopolitiques qui ont suivi les années de l’indépendance, la zaïrianisation et la mégestion des entreprise du portefeuille de l’Etat. Le dynamisme des activités de service en général et des activités portuaires en particulier est dû en grande partie à la proximité avec la capitale nationale. iii. La décentralisation soulève des défis importants qui soulignent davantage la nécessité de mobiliser plus des moyens de financement pour la fourniture des services publics de base. La province du Kongo Central a expérimenté une amélioration des ressources publiques mises à sa disposition au cours des cinq dernières années concomitamment avec le développement du processus de la décentralisation en RDC. Les transferts de fonds provenant du Gouvernement central constituent la majeure partie des ressources budgétaires de la province, même si on observe depuis 2011 une augmentation de la part des recettes propres grâce aux efforts de la province pour élargir son assiette fiscale en vue de relever les défis de son développement. Cependant, la volatilité d’une part importante du budget de la province ne facilite pas l’alignement entre les ressources et les besoins de fonctionnement des institutions provinciales et d’investissements locaux, surtout pour les secteurs à compétence exclusive. Toutefois, ces recettes propres de la province du Kongo Central révèlent une certaine vulnérabilité liée à leur forte dépendance vis-à-vis des activités portuaires (taxe d’embarquement et de débarquement). Corollairement aux recettes, les dépenses publiques ont grimpé dans le but d’améliorer l’offre des services publics dans la province mais le niveau faible des investissements publics révèle l’ampleur des défis à relever pour un développement durable et l’émergence de la province. iv. En dépit de ses potentialités en ressources naturelles et de l’ampleur de ses activités économiques, la province fait face aux défis sociaux majeurs. La pauvreté demeure massive même si elle

8 a diminué dans la province ; car près de la moitié de la population de la province est encore considérée pauvre. Les conditions de vie des ménages et les indicateurs du développement humain se sont améliorés mais leurs niveaux sont encore sujets à préoccupation. Il y a encore des disparités qui doivent être surmontées entre les milieux géographiques et le sexe. La pauvreté touche plus les ruraux que les urbains dans la province du Kongo Central. Les inégalités sont importantes entre les riches et les pauvres. Les ménages dont le chef est de niveau primaire, polygame et exerçant une activité précaire connaissent un taux de pauvreté le plus élevé. Le manque d’emploi est considéré comme la principale cause de la pauvreté pour les ménages au Kongo-Central. Plus de la moitié de la population est jeune de moins de 20 ans et le taux de fécondité est très élevé, même si la mortalité dans la province est en baisse. Toutefois, la situation économique de la province classe celle-ci parmi les provinces à fort taux d’activité, en dépit d’une certaine fragilité du fait de la prédominance de l’emploi agricole traditionnel et faiblement industriel dans la province. v. Relever les défis de la diversification de l’économie et de la réduction de la pauvreté dans le Kongo Central exige de bâtir sur ses opportunités et ses atouts. Pour ce faire, les autorités tant du gouvernement central que provinciales devraient : (i) exploiter le potentiel agricole de la province et lever les contraintes à sa relance par le développement des chaines de valeur des filières clés, la réhabilitation et l’entretien des routes de desserte agricoles tant nationales, provinciales que locales; (ii) moderniser et réformer les infrastructures portuaires, incluant le développement d’un port en eau profonde (à Banana), et des transports pour tirer profit de position géographique favorable et améliorer les échanges commerciaux et culturels ainsi que la mobilisation des recettes domestiques pour le central et la province ; (iii) poursuivre le développement des ressources énergétiques variées pour desservir le pays et une grande partie de l’Afrique, en même temps que (iv) renforcer et créer des capacités de la gouvernance locale pour permettre à l’Etat de mieux jouer son rôle et développer le secteur privé au niveau de la province .

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INTRODUCTION

Kongo central

10 1.1.CONTEXTE NATIONAL ET DECENTRALISATION

1. La République Démocratique du Congo (RDC) est un vaste pays qui possède d’importantes ressources naturelles et humaines. Avec une superficie de 2 345 095 de Km2, la RDC est le deuxième plus grand pays d’Afrique. Sa population est estimée à de 74,88 millions d’habitants en 2014 et devrait atteindre 90,17 millions d’habitants d’ici 2020. Le pays possède la plus grande étendue de forêt tropicale au monde après le Brésil et 80 millions d’hectares de terres arables, représentant 25% de la surface du pays. C’est également le pays africain le plus important pour la préservation de l’environnement sur le plan international. Au plan national, 64 % de la population vivent en dessous du seuil de la pauvreté, qui touche encore plus les zones rurales (environ 65%) que les zones urbaines (moins de 62,5%). Selon les estimations, 38,5 % de la population, soit 27,1 millions d’habitants vivent dans les zones urbaines ; d’ici 2025, l’on estime que 40,3 millions de congolais seront des citadins.

2. Le pays sort à peine des conséquences des politiques économiques inadaptées des années 90 ainsi que des différents conflits qui ont émaillé la vie politique au cours de cette période. Des indications montrent que la pauvreté s’est certes réduite ces dernières années, de 69,3% à 64% entre 2005 et 2012, mais la plupart des indicateurs sociaux restent en-dessous des normes régionales. La croissance rapide de la production agricole au cours des dernières années aurait contribué à ces résultats favorables ; car l’agriculture génère des revenus pour les ménages ruraux pauvres et contribue à la baisse des prix des biens alimentaires qui constituent la plus grande partie de la consommation des ménages à faible revenu. Bien que certains indicateurs de santé et d’éducation se soient améliorés, de nombreux indicateurs révèlent des défis encore importants. Ainsi, environ un enfant sur dix meurt avant d'atteindre l'âge de cinq ans, près de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable, et plus de trois quart n’a pas accès à l’électricité.

3. Depuis 2001, la RDC s’est engagée dans un processus des réformes structurelles en vue d’inverser les tendances de l’effondrement de son économie et a opté pour la décentralisation dans le but d’améliorer son mode de gestion. Avec l’appui des partenaires techniques et financiers extérieurs parmi lesquels la Banque mondiale, plusieurs réformes ont été amorcées. En 2006, les autorités du pays optèrent pour un système gouvernemental décentralisé, avec des provinces autonomes jouissant d’une large autorité et responsabilité. Ce mode de gestion de la chose publique en RDC fut institué par la Constitution adoptée par referendum le 18 février 2006. En considérant les facteurs géographiques, historiques, d’infrastructures et de développement économique, l’instauration d’un État unitaire décentralisé, telle que l’exige la Constitution nationale de 2006, était un choix approprié et potentiellement bénéfique pour un pays comme la RDC (CEM, 2012). Pour la RDC, ce nouveau système institutionnel devrait permettre d’améliorer la responsabilité de l’État auprès des populations et favoriser l’offre des services publics et d’infrastructures de base à la population ainsi que la création des emplois. L’objectif était donc de rapprocher les gouvernés des gouvernants, en considérant la décentralisation

11 comme une manière d’apporter des réponses rapides et efficaces aux besoins des populations, alors que le gouvernement central faciliterait la mise à disposition des moyens financiers.

Encadré 1. Processus de décentralisation en RDC

La structure étatique de la RDC telle que consacrée par la Constitution, adoptée par referendum en février 2006, prévoit un système de gouvernement fortement délégué, avec des provinces autonomes qui possèdent une autorité étendue et des responsabilités importantes. Alors que la Constitution prévoit un État unitaire décentralisé plutôt qu’un système fédéral, il s’agit d’une avancée importante dans l’évolution de la gestion gouvernementale, laquelle provient de la tradition centralisatrice sans imputabilité provinciale ou locale, sauf en ce qui touche à la position des chefs traditionnels. Ainsi pour y parvenir, plusieurs textes de loi furent pris, notamment la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces ; la loi-organique n°08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des ETD et leurs rapports avec l’Etat et les provinces, et la loi de programmation n°15/004 du 28 février 2015 déterminant, en application de l’article 226 de la Constitution telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011, les modalités d’installation de nouvelles provinces dont 25 provinces et la Ville de . En neuf années de la mise en œuvre de ce processus de la décentralisation, plusieurs pas importants ont été effectués, notamment la création d’un système électoral qui fonctionne pour les gouvernements provinciaux et l’adoption des principales pièces de législation qui instaurent les droits et obligations des gouvernements provinciaux et locaux. Cependant, le processus demeure inachevé en RDC et quelques problèmes-clés persistent même après des années de débats politiques et sociaux, notamment : . L’opérationnalisation des clauses constitutionnelles sur le partage des revenus ; . Le transfert des compétences et du personnel dans les secteurs décentralisés ; . La création de pouvoir d’élus locaux (sous les provinces). Bien que la loi régissant la Caisse nationale de péréquation soit adoptée, les dispositions pour le prélèvement au profit de chaque province de 40% des recettes à caractère national qui y sont collectées n’ont été que partiellement d’application et souvent sujettes à d’interprétations variables, source de tensions entre les gouvernements provinciaux et le gouvernement central. A côté de ce problème, il y a celui du transfert des compétences et du personnel dans des secteurs décentralisés. À l’exception de la santé, aucune compétence des secteurs de l’éducation primaire et secondaire, l’agriculture et le développement rural n’a été transférée aux provinces, même si les règles intérimaires sur la gestion publique, appliquées depuis 2009, ont transféré le personnel provincial sous l’autorité des ministres provinciaux respectifs. Par ailleurs, la réforme sur le découpage territorial vient à peine d’être lancée avec la promulgation en février 2015 de l’ordonnance présidentielle et depuis juillet 2015, la RDC compte officiellement 26 provinces (21 provinces sont créées à partir de 6 existantes, alors que les frontières des 5 autres, dont Kongo Central, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema et Kinshasa, demeurent intactes). Cependant, leur mise en place a donné lieu à de nouveaux défis quant aux infrastructures, fonctionnement et capacités institutionnelles des nouvelles provinces. Enfin, les élections qui devraient permettre la mise en place des autorités élues au niveau local (secteur, chefferie, ville et commune) n’ont jamais été organisées depuis la mise en place de la décentralisation, ce qui constitue une sérieuse entrave à la mise en place des actions locales de développement économique.

12 4. Aborder les questions du développement en s’appuyant sur le potentiel de chaque province est approprié pour un pays aussi vaste que la RDC. Les caractéristiques économiques des provinces déterminent le choix de leur mode de développement économique. Dans certaines provinces de l'Est de la RDC comme les anciennes provinces du Katanga, les deux Kasaï et le Nord-Kivu, les activités économiques se concentrent sur l’extraction minière, que ce soit par quelques grandes entreprises (Gécamines, Société Minière de Bakwanga et coentreprises), par certaines entreprises de taille moyenne ou par une multitude de producteurs artisanaux. La volatilité des prix des matières premières a souvent des retombées négatives dans ces provinces. L’ancienne province de Bandundu et celle du Kongo Central à l’Ouest ainsi que celle de l'ex-Équateur dans le Nord ont un avantage comparatif en agriculture, et auraient un potentiel dans l'industrie agroalimentaire, notamment en raison de leur proximité au marché de la Capitale Kinshasa et des pays voisins africains. Ces provinces ont vécu l’effondrement de leur agriculture industrielle au profit d’une agriculture de subsistance, situation aggravée par la Zaïrianisation des années 70 et les pillages des années 90, qui ont anéanti les investisseurs privés. La province Orientale ainsi que celles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont été frappées par l'effondrement de leur industrie de base et sont en proie à l'insécurité persistante qui affecte tous les secteurs de l'économie et la vie des populations locales. Dans la partie Ouest de la RDC, par exemple, le développement d’une Zone Économique Spéciale pourrait s’appuyer sur l’expansion du barrage hydroélectrique d’Inga, sur l’amélioration des transports reliés à l’Océan Atlantique, par les ports de la province.

Tableau 1. Informations centrales sur la population, la superficie et la pauvreté des provinces avant le découpage Part en pourcentage du total Population vivant en dessous Espace Géographique Population Superficie en Km2 de seuil de pauvreté National 100,0 100,00 64,0 Nord-Kivu 7,6 2,54 49,0 Kongo Central 6,3 2,30 49,3 Kinshasa 11,8 0,42 52,8 Orientale 10,6 21,46 55,2 Katanga 14,6 21,19 62,9 Maniema 2,6 5,64 63,5 Sud-Kivu 8,8 2,78 62,9 Kasaï Occidental 8,0 6,60 74,7 Kasaï Oriental 8,8 7,26 75,9 Equateur 9,9 17,20 76,4 Bandundu 11,0 12,61 77,2 Source : Banque mondiale, Enquête 123 de 2012

13 1.2. APERÇU SUR LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL

5. Le Kongo Central est l’une des provinces la moins vaste du pays après la ville de Kinshasa et couvre 2,3 % de l’étendue de la RDC. Avec ses 54 078 km² (INS, 2015) et ses 4,7 millions d’habitants (2014), le Kongo Central, ex-province du Bas-Congo, est densément peuplé, avec une densité de 87 hab. /km² contre une moyenne nationale de 32 hab. /km². La province est habitée par un peuple ethniquement homogène, les Bakongo, et dispose de deux villes, , Chef-lieu de la Province, et Boma, et de 10 territoires. Des mouvements migratoires sont importants dans la province et le pourcentage de la population non native est le plus élevé du pays, soit 25% pour le Kongo Central contre une moyenne nationale de 18% ; Kinshasa demeure la principale bénéficiaire de cette émigration provinciale. Et outre, la province du Kongo Central est limitée au Sud par l’Angola, à l’Est par la capitale nationale Kinshasa et la province de Bandundu, à l’Ouest par l’Océan atlantique et l’Enclave du Cabinda et au nord par la République du Congo. Le Kongo Central est traversé par le fleuve Congo dans le Nord-Est/Sud-Ouest sur une longueur de 400 km. La province connait aussi une urbanisation rapide, avec une population urbaine qui est passée de 19,8% de la population totale de la Province (2005) à 30,8% de la population (2012) et répartie sur ses 2 villes avec plus de 100.000 habitants et 33 centres de plus de 5.000 habitants.

Carte 1. Province du Kongo Central et ses territoires

14 6. Le Kongo Central est à vocation agro-pastorale avec, en plus des ressources minérales sous- exploitées, des potentialités énergétiques considérables. Située dans la partie Sud-Ouest de la RDC, le Kongo Central est l’unique province du pays dotée de tous les modes de transport, à savoir : le transport routier, fluvial, maritime, ferroviaire et aérien. Sa dotation en infrastructures de transport est supérieure à la moyenne du pays, même si certaines d’entre elles ont besoin d’être réhabilitées. Seule province ayant accès à l’océan, le Kongo Central contient les trois principaux ports du pays: Matadi et Boma sur le fleuve Congo, et Banana sur l’océan atlantique. La province dispose également d’un chemin de fer long de 366 kilomètres nécessitant une réhabilitation, et elle est traversée par la route nationale N°1 (Tronçon Kinshasa – Matadi en bon état) et dispose de routes secondaires dont certaines sont bitumées. Le réseau routier revêtu est le plus long du pays, et représente 22% du total national. La province ne dispose que de deux biefs fluviaux navigables, celui de Matadi-Banana long de 148 km et celui de Mpioka-Kinganga long d’environ 80 km. Sa proximité géographique avec Kinshasa et d’autres centres urbains frontaliers constitue également un atout que les autres provinces n’ont pas. Cependant, malgré ses atouts, notamment en termes d’infrastructures, le Kongo Central fait face aux contraintes d’accessibilité et d’approvisionnement que connait l’ensemble du territoire de la RDC.

7. L’histoire de la province est intimement liée à celle du pays et à celle de la colonisation. Cette histoire commence avec la découverte par Henry Stanley de l’embouchure du fleuve Congo. Pour tirer profit des riches ressources du sol et du sous-sol du pays, les colons belges décidèrent de tirer la cuvette congolaise qu’ils venaient d’acquérir de son isolement et construisirent le port de Matadi dont les travaux débutèrent en 1886 et la première ligne de chemin de fer reliant Matadi au Pool Malebo (ex Stanley Pool) en 1898. La découverte de plusieurs gisements de ressources donna lieu à un grand aménagement de la province en termes de construction des routes et des voies ferrées pour pouvoir acheminer les produits du sol et du sous-sol vers les ports de Matadi. On observa alors un développement des activités commerciales et industrielles dans la province1.

1 Prévot Victor. L'œuvre belge au Congo. In: L'information géographique. Volume 25 n°3, 1961. pp. 93-100.

15

ETAT DE L’ECONOMIE DE LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL

16 8. L’économie du Kongo Central est marquée par une dégradation des infrastructures et des services d’appui à la production qui a pendant longtemps caractérisé l’économie nationale et a conduit à l’effondrement de son appareil industriel malgré un potentiel agricole et minier sous-exploité. A côté d’un secteur pétrolier important et grâce à sa position géographique, son secteur des services tire son dynamisme d’un niveau important des importations nationales qui passent par la province.

1.3. STRUCTURE ECONOMIQUE DE LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL

9. A l’instar de l’économie nationale, l’économie du Kongo Central est à forte dominance agricole, même si son secteur pétrolier reste également l’un des plus importants. D’après la dernière estimation du PIB de la province conduite avec l’appui du projet PDPC, le secteur agricole compte pour plus de la moitié de l’activité économique, soit environ 55% ; alors que la part des industries extractives, essentiellement des hydrocarbures, s’élève à 23%. Le secteur secondaire qui inclue les industries manufacturières reste faible à 10% du PIB et le secteur des services compte pour 12 % du PIB en moyenne, dont plus de 2/3 sont des activités commerciales.

Graphique 1. Répartition sectorielle du PIB aux prix du marché (en pourcentage du total)

Composition du PIB du Kongo-Central, 2010-14 Autres Secteur 12.1% secondaire 9.7%

Industries Agricole extractives 55.3% 22.9%

Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

10. Le Kongo Central a connu une profonde mutation de son économie. Celle-ci est passée d’une économie assez équilibrée sur le plan sectoriel à une économie dominée par l’agriculture traditionnelle de subsistance. En 1970, les parts des secteurs agricoles, industriel et des services marchands étaient presque égale à près de 20% chacune dans le total de la production de la province. La production agricole marchande représentait plus de 60% de la production agricole totale. Cependant, avec la dégradation des infrastructures et des services d’appui à la production, la structure des activités productives de la province

17 se modifia et la part du secteur agricole grimpa sensiblement dépassant même la barre de 50 % pour certaines années au cours de ces deux dernières décennies. L’agriculture vivrière d’autosubsistance, sans débouchés ni accès aux intrants, fut ainsi l’option qui s’est offerte à la grande majorité de la population de la province. En effet, la production agricole marchande disparut car environ 96% de la production agricole est informelle de nos jours (INS, 2013). En dépit de ce changement, le Kongo Central fait toujours partie des 3 provinces du pays les plus économiquement dynamiques, en raison notamment de ses activités portuaires, pétrolières et énergétiques.

Graphique 2. Part des secteurs dans le PIB du Kongo Central

Compostion de l'activité économique du Kongo Central, Services non 1974-2014 marchands 100% 90% Services marchands 80% 70% Construction 60% 50% Industries et 40% énergies 30% 20% Industries extractives 10% 0% Agriculture 1970-84 2006-10 2011-14

Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

11. La province joue essentiellement un rôle de transit entre les autres provinces et le reste du monde. La province a été pendant longtemps et continue d’être une plateforme d’importations des biens et services au profit de la demande intérieure des autres provinces du pays. En effet, la demande intérieure s’est établie à environ 65% du PIB du Kongo Central en moyenne sur la période 2010-14, niveau inférieur à la moyenne nationale de 104% sur la même période. Les investissements publics et privés se sont accrus au cours de ces quatre dernières années mais sont restés faibles à moins de 20% du niveau du PIB de la province. Les exportations nettes avec le reste du monde sont négatives à cause de l’importance des importations et ont été compensées par un volume important des transactions avec les autres provinces du pays. En effet, la consolidation de ces deux types de transactions dans la province a abouti à un excédent commercial qui se situe dans la fourchette de 32-36% du PIB sur la période 2010-14, attribuable en grande partie aux exportations du pétrole brut extrait en province. L’excédent commercial

18 et le niveau des investissements montrent que l’économie de la province est en mesure de dégager une épargne considérable.

Tableau 2. Emplois du PIB provincial en % du total 2010 2011 2012 2013 2014 Consommation 54,7 51,0 48,1 49,3 47,4 Consommation publique 2,0 2,4 2,6 3,0 3,1 Consommation privée 52,7 48,6 45,5 46,3 44,3 Investissement 13,3 14,6 16,5 18,9 15,9 Investissement public 2,9 4,2 6,0 8,3 5,3 Investissement privé 10,3 10,3 10,4 10,6 10,7

Absorption (= Demande intérieure) 68,0 65,6 64,6 68,1 63,3 Echanges nets avec l’extérieur -122,5 -113,9 -118,4 -110,2 -123,0 Echanges nets avec les autres provinces du pays 154,5 148,4 153,8 142,0 159,7 PIB provincial nominal (milliards de FC) 15 003,5 17 159,3 19 096,6 19 569,8 21 350,1 Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

1.4. VECTEURS CLES DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU KONGO CENTRAL

1.4.1. Un secteur agricole en grande partie traditionnel mais qui emploie la majeure partie de la population

12. Les particularités naturelles de la province lui confèrent d’immenses potentialités agricoles. La diversité des conditions naturelles édaphiques et climatiques ont permis le développement des zones de spécialisation avec des bassins de production, dont chacun est considéré comme une entité homogène et spécialisée. Les principales spéculations pratiquées dans la province concernent les cultures vivrières, industrielles et d’exploitation, de production fruitière, maraîchères et de l’élevage. Le Kongo Central, avec ses 10 Territoires, serait à même de réaliser des résultats dans la lutte contre l’insuffisance alimentaire, mais cela exige la formation et l’encadrement des ressources humaines et leur dotation en matériel agricole approprié à la nature des sols. « Il faut reconnaître que beaucoup reste à faire pour que le Kongo Central soit réellement la mamelle nourricière de la ville de Kinshasa et des provinces voisines, voire des pays voisins, où il faut déverser l’excédent de la production agricole ».

19 Tableau 3. Kongo Central. Bassins de production avec les territoires couverts N° Espace de Territoires couverts Spéculations production 1 Bassin , Lukula et Le palmier à huile, le café, le cacao, l'hévéa, le riz, la banane, Sekebanza. le maïs, le haricot, le manioc, l'arachide,… 2 Bassin de Luala Luozi Le riz, le haricot, le manioc, l'arachide, les ananas,… 3 Bassin de kwilu Songololo et Mbanza- L'arachide, le manioc, le haricot, le riz, la banane, le maïs, Ngungu. l'ognon, les choux, la ciboule, la pomme de terre, les agrumes et les ananas, … 4 Bassin d'Inkisi , Kimvula et Le maïs, l'arachide, le Manioc, le sésame, le niébé, le haricot, . … 5 Bassin de la Moanda Le manioc, le niébé, les arachides, le café, le maïs, … mer Source : Agrer, élaboration du schéma directeur/PDPC, 2012

13. Comme pour tout le pays, le secteur agricole se caractérise par un potentiel qui demeure encore sous-exploité. Avec une superficie agropastorale évaluée à près de 2.050.000 ha, seuls 10% des terres sont effectivement exploitées. Cela fait suite à la dégradation progressive des infrastructures de base dans un contexte d’absence de financement et des politiques inappropriées notamment la zaïrianisation. Alors que la part de la production agricole commercialisée dépassait 60% en 1970 et 1984, la situation s’est inversée après un long déclin et pendant le conflit de 1998-2002. En effet, comme le souligne le rapport de la Banque mondiale (CEM, 2012), la chute de la production agricole en RDC est largement antérieure au conflit. Elle a débuté peu après l’indépendance, s’est accélérée avec la politique de « zaïrianisation » lancée en 1973, dont l’effet a été une désorganisation de l’agriculture commerciale, et s’est poursuivie dans les décennies suivantes au rythme de la dégradation des infrastructures de transports et de la disparition des services d’appui à la production qui ont coupé les producteurs des marchés et des services dont ils avaient besoin.

14. En dépit de ces faiblesses, l’agriculture est l’un des plus importants secteurs pour l’économie de la province. Elle représente environ 55% des activités productives de la province et est pratiquée comme activité principale par la majorité (soit 70%) de la population. De manière générale, la situation de production agricole qui a connu un déclin depuis la zaïrianisation enregistre aujourd’hui une faible amélioration et les efforts consentis permettent au secteur de se maintenir. En 2011 et 2012, le Gouvernement central lança des campagnes agricoles en faveur de toutes les provinces du pays. Mais ces efforts s’avérèrent insuffisants et l’agriculture demeure un secteur à faible productivité à cause de son mode de production traditionnel. La production vivrière est la plus importante, avec principalement les cultures de riz paddy, banane, maïs, manioc, haricot, arachide, etc. Malgré les problèmes de leur fiabilité (voir encadré 2), les diverses sources de données montrent clairement que les cultures telles que le manioc, le maïs et le riz domine la production agricole de la province. C’est dans ce contexte que le Gouvernement central a mis en place avec l’appui financier de la Banque mondiale un Projet de

20 Développement de Pôles de Croissance Ouest (PDPC), dont 48 millions de dollars US, sur un financement total de 110 millions de dollars US, sont destinés au développement des chaînes de valeur agricoles dans la province en faveur des filières de manioc, de riz et de l’huile de palme. A cet effet, environ 50 000 agriculteurs, dont 40% de femmes, pourraient être directement touchés par les activités du projet qui consistent en la fourniture des biens publics sous forme d’infrastructures physiques et institutionnelles sur tous les maillons de la chaîne de valeurs des produits agricoles en vue de l’augmentation de la productivité et de l’emploi dans ces filières. Des unités industrielles de transformation seront implantées pour la transformation et le stockage des produits bruts, dans la perspective d’acheminer en bonnes conditions les produits finis et semi-finis vers les marchés finaux.

Tableau 4. Evolution des quelques produits vivriers clés (en tonnes) Production Rendement Importance (Tonne, 2014) (T/ha)* nationale Arachides 14 818 ,0 1 ,0 3 ,5 Bananes plantains 231 520 ,0 4 ,0 4 ,7 Haricots 28 336 ,0 1 ,0 11 ,4 Maïs 34 040 ,0 1 ,0 1 ,7 Manioc 3 172 981 ,0 10 ,0 9 ,1 Patates douces 14 340 ,0 4 ,0 3 ,0 Pois-cajan 5 880 ,0 0,68 94 ,9 Pommes de terre 477 ,0 5 ,0 0 ,5 RIZ Paddy 56 764 ,0 1 ,0 5 ,6 Source : INS, Annuaire statistique, 2015 *INS/Bas-Congo, Annuaire statistique, 2013

15. Les activités de production agricole restent traditionnelles même si on observe quelques tentatives de leur modernisation. Comme pour tout le pays, la production est de type traditionnel sans utilisation de variétés sélectionnées – sauf dans de rares cas pour le manioc – ou d’intrants (engrais, produits phytosanitaires). La plupart des cultures sont dominées par des exploitations traditionnelles de très petite taille, centrées sur l’autoconsommation et l’alimentation familiale, qui n’utilisent aucun intrant et qui se cultivent le plus souvent en association (manioc, arachide). La culture est manuelle et il n’y a pas d’utilisation de variétés améliorées, ni d’engrais. Par conséquent, les rendements sont également très faibles. Malgré la présence d’unités de production modernes dans la province, le secteur informel domine les activités agricoles à hauteur de 93% contre une moyenne nationale de 91% (Enquête 123 de 2012).

21 Encadré 2. Fiabilité des statistiques agricoles dans les provinces en RDC

Les données statistiques agricoles disponibles en RDC sont dans l’ensemble bien en deçà des attentes des utilisateurs. Même lorsqu’elles sont disponibles elles ne sont souvent pas accessibles, et leur fiabilité discutable rend difficile leur utilisation pour orienter les politiques publiques. De manière générale, l’appareil statistique en RDC connait un déficit important en moyens financiers, humains et matériels. Le système statistique national continue de souffrir d’un problème de coordination des activités statistiques en dépit des prérogatives données à l’INS par le Décret no 10/05 du 11 février 2010 fixant création et organisation du système statistique national. Alors que ces lacunes sont moins perceptibles dans les secteurs des industries extractives, elles sont plus criantes au niveau du secteur agricole. En dépit de l’existence et du déploiement du Service national des statistiques agricoles (SNSA) dans toutes les provinces, le manque de ressources financières, techniques et humaines fait obstacle à la production régulière de statistiques agricoles fiables.

Il n’existe pas un système intégré de recensements et d’enquêtes agricoles périodiques dans le pays. Ainsi, il n’y a pas de collecte des données sur les coûts de production, l’emploi, le niveau de la production et les surfaces cultivées. Ces types d’enquêtes et de collectes sont en effet couteux et requièrent des ressources importantes.

Des différences sont observées sur les données produites par la coordination nationale de la SNSA et les coordinations provinciales. Les explications recueillies auprès de ces services évoquent un problème d’approche méthodologique. Ainsi, les instances des provinces procèdent par des enquêtes sur le terrain, qui cependant ne couvrent pas tous les territoires et districts des provinces ; et sous-estiment souvent le volume réel de production agricole. Pour contourner ces difficultés, la coordination nationale procède par des projections sur la base d’hypothèses datant de plus de vingt ans et qui n’ont pas été actualisées. Les informations statistiques du secteur agricole dans la province du Kongo Central n’échappent pas à ces difficultés.

Les différences et les tendances parfois contradictoires observées entre plusieurs sources de données soulignent la nécessité d’un travail concerté et régulier pour la collecte des données agricoles. Cela est d’autant impérieux que le secteur constitue le plus important des activités économiques du pays, en termes de la main d’œuvre employée (environ 60-70%) et de sa part dans la composition du produit intérieur brut de la plupart des provinces du pays (20-30%).

Le travail de terrain demeure une étape incontournable pour aborder la diversité des exploitations agricoles au sein d’une aire géographique restreinte et leur impact sur l’espace et l’environnement. De ce point de vue, le recensement agricole joue un rôle crucial car il permet de collecter auprès des exploitations agricoles les données pour construire des bases de sondage adaptées aux enquêtes agricoles complémentaires.

16. Les cultures à caractère industriel connaissent une certaine stagnation. A côté du mode de production traditionnel, il existe une partie minime de la production agricole de la province qui utilise des procédés modernes comme pour les cultures de café, le cacao, le palmier à huile et l’hévéa. Ces cultures ont souffert de l’abandon et la fermeture de la plupart de leurs unités de production au cours des années 1990 mais gardent toujours leur potentiel au cas d’une relance. L’huile de palme se retrouve presque partout à l’état naturel dans la province. On estime que la palmeraie naturelle occupe la moitié de la surface forestière de 200 000 hectares dans les territoires de Tshela et Lukula dans le Bas-Fleuve, avec une densité de plus de 50 arbres par hectare (Agrer, 2012). En 1983, les statistiques indiquaient pour la province une production annuelle d’huile de palme avoisinant 7 000 tonnes sur un total de 85 000 tonnes pour le pays, mais les analyses actuelles tablent sur un potentiel de plus de 100 000 tonnes d’huile de

22 palme pour le Kongo Central (Projet PDPC). Toutefois, les rendements en huile sont restés presque statiques par manque de programme spécifique de rajeunissement des plantations et pour tout le pays, la production a baissé jusqu’à moins de 10 000 tonnes, d’après le rapport annuel de la BCC. Certains exploitants d’huile de palme ont même basculé vers la filière d’hévéa à cause de la faiblesse des rendements.

17. La production animale reste également faible malgré son potentiel. Comme pour l’agriculture, le potentiel de production animale (élevage, pisciculture, pêche et apiculture) est non négligeable. Le cheptel est constitué de façon générale de bovins, porcins, caprins, ovins et de volailles (poules, canards, pigeons, cobayes, …). Bien que le Kongo Central soit une province agropastorale par excellence, la production d’élevage reste faible et le nombre d’animaux pour type d’animal ne dépasse pas le niveau d’il y a 10 ans. Depuis la faillite de la Pêcherie Maritime du Congo (PEMARCO), la pêche et la pisciculture sont devenues des activités essentiellement artisanales qui s’exercent essentiellement sur le fleuve, avec une capacité qui ne dépasse guère 1000 tonnes par an. Les activités de pêche dans la partie du fleuve qui se situe à Luozi sont importantes avec des pêcheurs organisés en associations.

1.4.2. Le secteur forestier souffre encore d’une exploitation passée excessive

18. La province du Kongo Central dispose d’un capital forestier important et varié. Comparativement aux provinces forestières du pays que sont les ex-provinces de Bandundu, de l’Equateur et Orientale, le Kongo Central dispose d’une couverture forestière moindre. La province dispose d’un capital forestier 522 350,67 hectares, représentant près de 10% de sa surface totale, et renfermant une cinquantaine d’essences forestières exploitables, appartenant à quatre groupes de bois. L’une des plus importantes est la forêt dense de Mayumbe qui fournit annuellement une variété d’essences de bois d’un volume commercialisé de 16.587,4 m3, soit 278 679 tonnes de bois et grumes dont le Limba, le Kambala et le Tola.

19. Malgré le potentiel, la production forestière a sensiblement baissé depuis les années 80s en raison de la surexploitation des réserves forestières. Cette situation a occasionné la délocalisation et l’arrêt de la plupart des entreprises forestières de la province (Cas d’Agrifor au Bas-Fleuve). Les statistiques disponibles sur le niveau de la déforestation du pays placent le Kongo Central comme étant la province où la forêt a été la plus exploitée de toutes les provinces, avec un taux de déboisement annuel de 0,6% trois fois supérieur à la moyenne nationale de 0,2%. Aucune autre donnée fiable ne permet de savoir quelle a été l’étendue réelle de la déforestation dans la province. Toutefois, le bois représente plus de 90 % de la consommation énergétique des ménages de la province, soit comme bois de chauffe, soit comme charbon. Le Gouvernement central a suspendu l’exploitation du bois dans la province du Kongo Central ; mais cette décision a été levée par les autorités provinciales, en jouissance des prérogatives qui leur sont attribuées par la Constitution relative à la décentralisation. Néanmoins, il existe des programmes

23 (Programme d’Investissement Forestier) qui visent à aider la province à reboiser, promouvoir l’agroforesterie et préserver les zones à haute valeur biologique (biosphère Luki, mangrove Muanda, etc.).

1.4.3. Un secteur pétrolier important à côté des minerais sous-exploités

20. Le Kongo Central est doté de ressources minières et pétrolières abondantes. Le secteur comprend des activités minières et pétrolières ainsi que des exploitations des matériaux de carrières. Les unités d’exploitation pétrolière présentes dans la province tirent profit de deux zones d’intérêt pétrolier : off-shore (en plein Océan) et on-shore (sur la terre ferme). Sur un total de 12 entreprises pétrolières ayant déclarées les paiements effectués à l’Etat, 9 entreprises sont opérationnelles dans la province du Kongo et ont contribué à environ 99% des paiements à l’Etat du secteur2. Plusieurs puits de pétrole se trouvent répartis en chapelet sur la terre ferme ainsi qu’au large de la côte congolaise. Cependant, le niveau de la production pétrolière stagne autour de 27 000 à 28 000 barils par jour (bpj) au total depuis des années. Cette situation est en partie expliquée par l’étroitesse de la côte maritime qui s’étend sur 37 kilomètres du nord au sud et des eaux territoriales congolaises qui représentent un petit triangle. Car l’accès de la RDC à la mer, par l’entremise du Kongo Central, est enserré entre l’Angola continentale et l’enclave du Cabinda, avec les eaux territoriales correspondantes. Par ailleurs, comme dans la plupart des autres provinces du pays, le sous-sol du Kongo Central regorge également d’importants gisements miniers. Parmi ces minerais, il y a le phosphate, la bauxite, le calcaire, le sel gemme, les schistes bitumeux, le manganèse, le marbre, le sable fluvial, le cuivre, etc. Si le calcaire et le bitume sont déjà en exploitation, les autres minerais requièrent une exploration et des recherches complémentaires. Les métaux précieux, tels que l’or et le diamant font l’objet d’une exploitation artisanale dans les territoires des Districts de Cataractes et du Bas-Fleuve. La production des moellons à partir du calcaire reste la plus importante des produits miniers de la province. Son dynamisme est une réponse à la demande pour la construction de la province et des provinces voisines, essentiellement la Ville-Province de Kinshasa.

1.4.4. Un réseau hydrographique important et suffisant pour la fourniture de l’énergie électrique

21. La province dispose d’un potentiel énergétique très important et diversifié. Plusieurs sources d’énergie peuvent être exploitées dans la province : hydroélectrique, biomasse, hydrocarbures liquides et gazeux, solaire, éolien, sables asphaltiers, schistes bitumineux, etc3. Le potentiel hydroélectrique de la province est estimé à 63,516.78 MW (soit 560 640 GWh/an), reparti entre les différents sites recensés (24) dont celui d’Inga qui représente à lui seul 69% du potentiel (soit 44 000 MW), suivi du site de Mpioka

2 D’après le rapport ITIE 2014, il s’agit notamment de PERENCOREP, LIREX, MIOC, TEIKOKU, CHEVRON ODS, ENERGULF, ENI, SURESTREAM et SOCO. 3 Le système électrique de la RDC est composé de 2 réseaux électriques interconnectés à l’Ouest dans le Kongo Central et Kinshasa, et le Sud au Katanga et d’un réseau isolé à l’Est. Le reste est constitué des centrales thermiques et hydroélectriques isolées desservant des chefs-lieux et des cités dans les provinces.

24 (20 000 MW) et le reste est disséminé à travers la province. Il existe également un fort potentiel d’électrification rurale à travers la Province. Tous ces sites sont interconnectés, permettant ainsi avec la centrale de Zongo d’alimenter les grandes villes de la province du Kongo Central (Matadi, Boma, Mbanza Ngungu, Inkisi, etc…) ainsi que les villes de Kinshasa, Bandundu et la cité angolaise de Noqui. La centrale de Mpozo est actuellement désaffectée tandis que celle de Sanga qui fonctionne encore en réseau isolé avec trois groupes disponibles sera bientôt interconnectée au réseau Ouest. La production issue de la province est également interconnectée au réseau de Brazzaville en République du Congo.

Tableau 5. Quelques centrales hydroélectriques dans la province du Kongo Central Territoire ou/et ville Population Superficie Densité Potentiel hydroélectrique (hab) (km2) (hab/m2) (MW)

Kasangulu 43 091 4 680 9 151.30 kimvula 125 605 3 371 37 … Lukula 420 313 3 270 129 … Luozi 322 197 6 784 47 7.76 Madimba 560 226 7 968 70 32.00 Mbanza-Ngungu 518 914 8 507 61 20,000.84 Seke-Banza 280 916 3 620 78 43,321.20 Songololo 265 659 8 190 32 1.78 Tshela 329 125 3 090 107 1.90 Total 2 866 047 49 480 58 63,516.78 Source : RDC, Ministère des Ressources hydrauliques et Electricité, Atlas des énergies renouvelables en RDC, Aout 2014

22. Le potentiel d’énergie hydroélectrique est important pour desservir non seulement le pays tout en entier mais également une grande partie de l’Afrique. La RDC dispose d’un immense potentiel de production d'énergie hydroélectrique (100.000 MW), supérieure à la demande continentale. C'est dans la province du Kongo central au gîte hydroélectrique INGA sur le Fleuve Congo que se trouve concentré près de 40 % de ce potentiel. De plus, l’apport potentiel des centrales Inga I et II est obéré, la production ne dépassant pas 40 % de la capacité installée de sorte que même, la demande au niveau de la province du Kongo central reste encore largement insatisfaite. En effet, le taux de desserte de la province en électricité est faible, soit environ 16 %, c'est-à-dire dans le même ordre de grandeur que la moyenne nationale de 15 %, contre une moyenne en Afrique subsaharienne de 35,4 % (2012). D’après les études, le développement du Site d’Inga dans le Kongo Central pourra en faire une des sources d’énergie renouvelable les plus rentables d’Afrique avec un coût de production estimé à 0,03 dollars le kilowattheure (kWh). Le tableau ci-dessus renseigne sur le potentiel hydroélectrique de chaque territoire ou ville de la province du Kongo Central. Cependant, le potentiel hydroélectrique de la province est à ce jour sous-exploité à seulement 10% des capacités installées est utilisées à travers seulement 2 centrales hydroélectriques de Inga et Zongo, ce qui ouvre la porte à d’opportunités énormes pour la production de

25 l’énergie électrique. C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a approuvé un don de 73,1 millions de dollars en faveur de la RDC au titre du Projet d’assistance technique au barrage Inga 3 Basse Chute (BC) et d’autres centrales hydroélectriques de taille moyenne. Dans sa phase finale d’aménagement, le complexe d’Inga pourrait fournir plus de 25 % de la production mondiale d’énergie électrique d’origine hydraulique.

23. La production et la distribution de l’électricité et de l’eau sont encore gérées par les entreprises publiques relevant du pouvoir central. La production et la distribution de l’électricité et de l’eau sont de la compétence du pouvoir provincial suivant le prescrit de la Constitution de 2006 ; mais en attendant l'aboutissement du processus de décentralisation en cours de mise en œuvre et surtout celui de la réforme des secteurs de l’eau et de l’électricité également en cours, les deux services publics de production-distribution de l'eau potable et de l'électricité sont gérés par deux sociétés commerciales jouissant encore du quasi-monopole, appartenant totalement au pouvoir central, en l'occurrence la Société Nationale d’Electricité (SNEL S.A.) et la Régie de distribution d’eau (REGIDESO S.A.) respectivement. A ce jour, en l'absence d'un cadre contractuel adapté au prescrit constitutionnel relatif à la répartition des compétences sectorielles, les autorités provinciales ne jouent pas encore de rôles spécifiques (tutelle technique, régulation sectorielle, gestion de la ressource en eau, qualité de l'eau, gestion des investissements dans les infrastructures, travaux, gestion du service public...). Celles-ci interviennent pour atténuer quelques difficultés en fournissant parfois des transformateurs à la Société Nationale d’Electricité (SNEL S.A.), ou même en finançant certains branchements sociaux au réseau d’eau potable pour la population vulnérable4. Le processus de réforme des deux entreprises publiques doit se poursuivre en vue de leur redressement pour l'amélioration du niveau et de la qualité des services à la population, l'amélioration des performances techniques, commerciales et financières avec à la clé le rétablissement de l'équilibre financier du secteur. Cette réforme vise leur restructuration profonde et déboucher sur une plus grande participation du secteur privé. Sur la production de l’énergie électrique dans le Kongo Central estimée à 4500-5000 Gigawatts/heure, moins de 10% est consommée dans la province. Le défi de l'approvisionnement en eau et en électricité pose moins de problème de leur disponibilité en tant que ressources que celui de mobilisation des moyens financiers, matériels requis pour leur mise en exploitation et la maintenance des équipements.

4 Le gouvernement provincial du Kongo Central a déjà payé pour le compte du Gouvernement central au titre des fonds de contrepartie en faveur du Projet d’alimentation en Eau potable en Milieu Urbain (PEMU) financé par la Banque Mondiale.

26 Tableau 6. Production et Consommation de l’électricité et de l’eau 2005 2012 Energie électrique [Gwh] Production 4 604,3 5 089,6 Inga 4 551,7 4 957,6 Zongo 52,6 130,4 Nsanga … 1,6 Consommation 290,4 490,8 Taux de desserte Kongo Central 15,6% 16,1% National 10,3% 15,0% Eau potable [m3] Production totale 16 355 081 16 008 118 Consommation 12 677 599 12 105 845 Taux de desserte Kongo Central 17,1 54,4% National 22% 50,2% Source : INS Kongo Central, Annuaire statistique, 2012 et INS, Annuaire statistique, 2015.

24. Des efforts importants ont été fournis par les autorités nationales et provinciales, avec l’appui de la Banque mondiale, pour renverser la tendance dans la province. La production d’eau par la REGIDESO dans la province avant l'achèvement des travaux du Projet d’alimentation en Eau potable en Milieu Urbain (PEMU) à la REGIDESO, avec l’appui de la Banque mondiale (année 2012) était particulièrement déficiente (Tableau 4), soit quelque 16-17 millions de m3 dont les seules villes de Matadi et de Boma consomment plus de 70%. Mais déjà avant la mise en œuvre du programme général des travaux, le PEMU a réalisé des travaux d’urgence par le remplacement de 9 groupes motopompes à Matadi, travaux qui ont permis de tripler la capacité de production fonctionnelle de la ville de Matadi soit de 18 000 à 44 000 m3/j. Les installations exécutées au titre du programme PEMU, à savoir notamment la construction d’une nouvelle usine de traitement d’eau de Mpozo (15 840 m3/Jour), la réhabilitation de celle de traitement d’eau du Fleuve et du captage d’eau brute, la pose de quelque 43 km de canalisations, la réhabilitation des stations de pompage la réhabilitation de 8 réservoirs et la construction de 3 nouveaux ouvrages de stockage d'eau au site Mpozo et au réseau de distribution, ont permis de restaurer pleinement les capacités et la fonctionnalité du système de production et distribution d'eau potable du chef-lieu de la province du Kongo central pour une service à clientèle plus étendu grâce à 100 nouvelles bornes fontaines 5000 branchements sociaux (4900 déjà réalisés) dont les frais de suscription ont été pris en charge par le gouvernement provincial à raison de 50 $ par branchement, tandis que 7500 des 9500 branchements existants ciblés par l'opération pose compteurs ont déjà été appropriés et équipés de compteurs sécurisés. Enfin en vue de garantir une alimentation plus régulière en énergie des installations de production d'eau à Matadi, le PEMU finance la construction d'une ligne électrique moyenne tension (15 kV) au titre d'activités supplémentaires grâce aux économies réalisées sur les marchés relatifs à certaines activités principales du PEMU.

27 1.4.5. Un secteur industriel en difficulté mais qui offre des opportunités importantes

25. La province a hérité depuis la colonisation d’un secteur industriel prometteur qui a eu du mal à résister aux soubresauts sociopolitiques du pays. La province a bénéficié durant la période coloniale jusqu’à la fin des années 90 de grandes unités de transformation qui ont progressivement disparu à partir du début des années 70, notamment avec les troubles sociopolitiques qui ont suivi les années de l’indépendance, la zaïrianisation, les diverses guerres, etc. Il s’agissait notamment d’huileries, d’unités de décorticage du café, d’usines de traitement de thé, de rizeries, de savonneries, de minoteries et de brasseries. Bon nombre de ces unités sont soit à l’arrêt ou presque à l’abandon. A ce jour, les industries de la province se limitent principalement à une cimenterie, une sucrerie, une raffinerie de pétrole, une minoterie, une brasserie (Boma), une usine de traitement et production d’eau minérale, quelques petites unités de production financées par le Fonds pour la Promotion de l’Industrie et aux barrages hydro- électriques. Ainsi, l’activité industrielle est dominée par les industries agro-pastorales (J.V.L à Nkolofuma, SCAM à Tshela), l’agro-alimentaire (Minoterie de Matadi, Sucrerie et raffinerie de sucre à Kwilu-Ngongo), les industries du bois dans le Mayumbe et les Cataractes, les industries extractives ou cimenteries à Lukala et à , les huileries à Tshela et à Boma, etc.

26. Certaines industries de la province continuent de jouer un rôle majeur dans l’économie. La Minoterie de Matadi (MIDEMA) demeure l'une des principales industries agro-alimentaires et alimente une grande partie du pays, y compris la ville de Kinshasa, en farine de froment, en semoule et en sous- produits divers notamment les aliments pour bétail. Sa production est passée de 180.000 sacs de farine de 45 kg par mois en 1973 pour s’établir à environ 330 000 sacs à ce jour, soit 15 000 sacs par jour. Les rapports annuels de la Division provinciale de l’INS situent la production de farine de froment entre 110 000 et 170 000 tonnes sur la période 2010-2012. La compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo dans les Cataractes, une société d'économie mixte créée en 1925 et où l'Etat Congolais est partenaire à 40%, est seule productrice sucrière du pays, elle produit et exporte également de l’alcool de bon-gout. Elle comprend des plantations de cannes à sucre, une sucrerie et une distillerie et dispose d’environ 10 000 hectares de canne à sucre qui lui ont permis de récolter 722 723 tonnes des cannes et de produire environ 80 000 tonnes de sucre en 2013.5 La province du Kongo Central compte également deux unités de production de ciment gris (Cimenterie de Lukaya et Cimenterie Nationale), et est avec le Katanga et le Kivu l’une des trois provinces qui disposent de cimenteries. La Cimenterie de Lukala (CILU) appartient au Groupe Malta Forrest – Heidelbert Cement et c’est la plus grande cimenterie du pays. La production annuelle de ciments de la CILU est de 400 000 tonnes (70% de la production nationale), dont 20% sont exportés. La deuxième cimenterie de la province, Cimenterie Nationale (CINAT), appartenant à 92% l’Etat, est à l’arrêt, ne produisant en 2010 que 100 000 tonnes en moyenne, ce qui est bien en deçà de sa capacité installée de 300 000 tonnes et de son seuil de rentabilité. Les réserves en argile et calcaire, qui sont des

5 http://www.finasucre.com/fr/compagnie-sucriere/

28 matières premières à la fabrication des ciments, nécessitent l’usage des engins d’extraction appropriés. Leur abondance dans la province est la cause d’un afflux d’investissements dans de nouvelles cimenteries observés récemment6. Comme dans toutes les autres provinces, le Kongo Central compte également quelques succursales des brasseries dont les sièges se trouvent à Kinshasa.

1.4.6. Un secteur des services dynamique mais tributaire des activités portuaires

27. L’ardeur des activités portuaires ainsi que la proximité avec Kinshasa sont des éléments clés à la base de la dynamique des activités de service. Le commerce de gros et de détails ainsi que le tourisme occupent la place de choix dans le secteur de services marchands. Le niveau des trafics à la fois des marchandises et des personnes souligne l’importance dans la province des activités de services. Le volume des marchandises manutentionnées dans les ports de Matadi et de Boma représente plus de 90% du volume total enregistré dans le pays. Le tonnage de marchandises manutentionnées s’est accru de 30,1% sur la période entre 2010 et 2014 (BCC, 2014). En conséquence, les services de transport maritime et terrestre sont également plus sollicités.

28. Les ports peuvent créer les richesses et favoriser le commerce international dans la province. La présence dans la province des trois principaux ports du pays – Matadi, Boma et Banana – constitue un atout potentiel important sur le plan économique. Cependant cela exige des infrastructures portuaires de qualité et une bonne connexion aux corridors économiques du pays. Située à 145 km de l’embouchure sur la rive gauche du fleuve Congo et à la frontalière avec l’Angola, le port de Matadi est le plus important et fait le lien entre l’océan Atlantique et l’intérieur du pays. Le port de Matadi a une capacité de manutention de 2 500 000 tonnes par an et une capacité de stockage de 7200 TEU’s (conteneurs standards de 20 pieds) pour l’ensemble de ses parcs, et supportait près 90 % du trafic portuaire total en 2013. Cela se traduit souvent par une saturation des capacités logistiques du port, car seuls sept quais sur dix sont opérationnels, et le délabrement du chemin de fer, qui ralentit l'écoulement des marchandises vers la capitale, constitue un défi majeur à relever. Ainsi, en dépit de petits ports secs aux abords de Matadi, la congestion demeure un sérieux problème.

29. Les prélèvements et les frais portuaires dans la province sont au moins deux fois plus chers que dans la plupart des ports d’Afrique. De nombreuses contraintes concourent au renchérissement des taxes portuaires aux ports de la province, notamment la congestion, les longues procédures, etc. Les procédures d’importations et d’exportations d’un conteneur de 20 pieds dans le port de Matadi nécessitent respectivement deux mois et un mois et demi, dont plus de la moitié sont consacrés pour les procédures

6 On y trouve notamment la cimenterie de Malanga (PPC), de Kimpese, Songololo (Nyumba ya Akiba), Kasangulu avec les Marocains, etc). Trois autres cimenteries sont en construction à Minkelo/Songololo, Nyumba ya Akiba du Groupe Rawji, à Malanga/Songololo du groupe Barnet Group et la Cimenterie du Congo à Wene/Mbanza Ngungu.

29 de pré-dédouanement (Doing business 2015). Cette durée est de deux fois supérieures à ce qui est observé dans les ports de Douala, de Libreville et de Lomé comme l’indique le tableau 8 ci-dessous. Ceci occasionne des coûts élevés qui sont de toute évidence répercutés sur les consommateurs. En effet, un jour supplémentaire dans un port génère des coûts additionnels à la compagnie maritime. D’après Alan Harding, Gylfi Pálsson et Gaël Raballand, ces coûts peuvent se situer à 35 000 USD en moyenne pour un navire de 2 200 EVP en Afrique de l’Ouest et du Centre (2007).

Tableau 7. Caractéristiques de quelques ports africains

Caractéristiques des Procédures à l'importation terminaux à conteneurs Trafic Capacités (Doing business 2015) conteneurisé théoriques Pays Ports Linéaire (milliers EVP, maximales Coût Tirant d'eau Durée de quai 2011) (en EVP*) ($US par (m) (jours) (m) conteneur)

RDC Matadi 6,2 520 nd 120 000 63 4 290 Congo Pointe-Noire 11,5 530 443 575 000 54 7 590 Cameroun Douala 7,0 660 340 350 000 25 2 267 Gabon Libreville, Owendo 11,0 475 Nd 120 000 22 2 275 Nigeria Lagos (APAPA) 12,0 502 1 413 850 000 33 1 695 Guinée Conakry 13,0 270 120 200 000 31 1 480 Ghana Accra, Tema 11,5 575 750 500 000 41 1 360 Togo Lomé 15,0 500 350 350 000 29 1 190 Source : Rapport final– MLTC/CATRAM, Etude de marché sur les terminaux conteneurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre, 2013 *EVP : Equivalent Vingt Pieds : unité de mesure de référence dans le secteur du transport conteneurisé international

1.5. MOBILISATION DES MOYENS DE FINANCEMENT DE LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE DE LA PROVINCE

1.5.1. Des recettes fiscales locales qui confirment la volonté d’une auto-prise en charge

30. La province du Kongo Central a expérimenté une amélioration de ses ressources au cours des cinq dernières années, concomitamment avec la décentralisation en RDC. Les ressources totales du Kongo Central sont passées de 32 913,6 millions FC en 2010 à 57 943,1 millions en 2014, avec une croissance moyenne de 19,01 % par an. En neuf ans, les ressources de la province ont été multipliées par sept, reflétant en grande partie l’augmentation des recettes propres et en plus de celle des transferts centraux à partir de 2008. Ces ressources proviennent essentiellement des recettes collectées directement par les administrations provinciales pour le compte de la province ainsi que des transferts reçus du gouvernement central7 ainsi que des dons sous forme de projets financés par les partenaires extérieurs. Si depuis la mise en place de la décentralisation en 2006, les recettes de la province ont été dominées par les transferts centraux, on observe depuis 2010 de plus en plus un équilibre entre les deux

7 Conformément aux dispositions de la Constitution de 2006 relatives à la rétrocession de 40 % des recettes à caractère national.

30 sources de financement. Ainsi, la part des transferts centraux sont passée de 77% en 2006-09 à 52% en 2010-14. Cette situation s’est davantage renversée en 2014 où les recettes propres de la province se sont situées à 62%.

Graphique 3. Kongo Central, Evolution du budget Graphique 4. Kongo Central, Structure de de la province par source de financement financement du Budget de la province

Budget du Kongo-Central en millions de FC, 2010-15 60,000.0 Budget de la province du Kongo Central (millions de francs congolais) 60,000.0 50,000.0 50,000.0 40,000.0 40,000.0 30,000.0 30,000.0 20,000.0 20,000.0 10,000.0 10,000.0 0.0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 0.0 2010 2011 2012 2013 2014

Transferts centraux Recettes propres Budget total de la province Transferts centraux Recettes propres

Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

31. Jusqu’en 2012, les transferts de fonds provenant du Gouvernement central ont constitué la majeure partie des ressources budgétaires de la province. Les allocations du gouvernement central ont été la principale source de revenus pour le budget de la province jusqu’en 2009, contribuant pour plus de 70 % de l’ensemble du budget. Ces transferts centraux, selon les rapports budgétaires du gouvernement central, sont passés de 7 946,7 millions FC en 2006 à 15 462,9 FC en 2009, puis 21 911,9 millions FC en 2014. Il s’agit essentiellement des transferts faits par le gouvernement central sur la quotité de 40% des recettes à caractère national, dont près de 18% est également allouée à l’Assemblée provinciale. En plus de ce montant, il y a aussi les recettes pétrolières qui découle d’un accord entre les provinces et le gouvernement de rétrocéder 10% des recettes collectées8. Cependant, ces transferts à la province sont assez volatiles, ce qui empêche celle-ci de planifier son développement à moyen et long terme. En outre, il faut préciser que ces transferts dans le cadre des recettes à caractère national ne comprennent que la tranche due au titre de fonctionnement de la province. La part due au titre de la rémunération et des investissements continue à être exécutée par le Gouvernement central. Cette situation soulève des contestations de la part de la province, en dépit du protocole d’accord signé entre les parties pour une gestion concertée des investissements dans les secteurs à compétence exclusive des provinces9.

8 En 2014, les recettes pétrolières renseignées dans le rapport budgétaire du Central se sont chiffrées à environ 410 millions USD. Cependant, le Gouvernement Central n’a concédé qu’un transfert avoisinant 1,0 millions USD, soit moins 1% du montant collecté dans la Province. 9 RDC, Gouvernement central et Gouvernements provinciaux, Protocole d’accord relatif aux modalités de consommation des crédits d’investissements dans les secteurs à compétence exclusive des provinces, mars 2013.

31 Graphique 5. Répartition des transferts centraux par affectation Kongo Central, Répartition des transferts centraux en 2012-14

Fonctionnement Recettes du pétolières gouvernement 3.2% provincial 79.1%

Dotation à l'Assemblée provinciale 17.6% Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

32. La prévisibilité des transferts centraux est essentielle pour permettre aux autorités provinciales de disposer des ressources nécessaires au moment opportun et fournir les services publics à la population. Le non-respect de la Constitution quant aux transferts réguliers des ressources dues au titre de la rétrocession réduit la prévisibilité des ressources à long terme et la marge de manœuvre des provinces face aux fluctuations économiques et aux défis sociaux. Bien que le rapport entre ces transferts et le budget total de la province tende à diminuer, ceux-ci demeurent une part importante du budget provincial. Ainsi, la volatilité d’une part importante du budget de la province ne facilite pas l’alignement entre les ressources et les besoins de fonctionnement des institutions provinciales et d’investissements locaux. D’après les autorités provinciales, cela a rendu difficile toute planification et programmation des actions contenues dans le Plan quinquennal 2011 – 2015 et dans le Programme d’actions prioritaires 2013 – 2015 adopté par l’Assemblée Provinciale à l’Investiture du Gouvernement provincial. Pour le Kongo Central, et malgré la tendance haussière des quatre dernières années, l’évolution en dent de scie du graphique ci-dessous témoigne de cette volatilité des transferts centraux et plaide en faveur de l’augmentation de la part des recettes administrées et levées localement. En effet, les problèmes de prévisibilité ne découlent pas des capacités de mobilisation actuelle de la province ni de sa situation économique, mais plutôt de la capacité du Gouvernement central à mettre la décentralisation en application, tant sous ses aspects administratifs que financiers.

32 Graphique 6. Evolution de transferts centraux

Kongo Central,Evolutions des transferts centraux, 2006-14 en millions FC 20,000.0

15,000.0

10,000.0

5,000.0

0.0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

33. Les recettes propres se sont accrues grâce aux efforts de la province d’élargir son assiette fiscale en vue de relever les défis du développement. Le tableau 5 renseigne sur l'évolution des recettes propres de la province, qui s’établissent à 36,03 milliards FC, soit l’équivalent de 38,95 millions dollars US, en 2014 contre un niveau de 9,04 milliards FC en 2009 et de 0.59 milliards FC en 2006. Avec un tel niveau des ressources propres, le Kongo Central est compté aujourd’hui parmi les trois provinces qui disposent d’un niveau des revenus de sources locales élevé. L’augmentation des recettes propres qui coïncide avec la mise en place depuis 2007 d’une administration de collecte des recettes dans la province s’est reflétée dans l’augmentation des recettes issues des taxes spécifiques à la province et des taxes d’intérêt commun. Ces deux taxes représentent plus 75% des recettes collectées sur la période 2010-14 ; alors que les recettes exceptionnelles, qui comprennent notamment les dons, legs et emprunts intérieurs, valent pour 23,6% du total.

Tableau 8. Recettes propres du Kongo Central par type de recettes, 2006-141 2006-09 2010-14 En millions de Franc Congolais En % En % Moy. Moy. du total du total Total 1 685,9 100,0 18 555,7 100,0 Recettes d'intérêt commun 1 358,1 80,6 5 664,5 30,5 Taxes spécifiques 202,9 12,0 8 504,7 45,8 Recettes exceptionnelles 124,9 7,4 4 386,5 23,6 Source : Rapport d’exécution des budgets du Kongo Central, 2010-2014 1/ Hors budgets annexes

33

34. L’analyse de la structure des ressources de la province du Kongo Central révèle une certaine vulnérabilité liée à une forte dépendance vis-à-vis des activités portuaires. Hormis les recettes de péage routier qui ont beaucoup augmenté sur la période grâce à son encadrement, l’effort fiscal du Kongo Central s’est davantage axé sur les taxes à la porte, c’est-à-dire touchant aux activités portuaires pour les importations. Environ 60% des recettes fiscales en 2014 portent sur les activités portuaires d’embarquement et de débarquement dans les ports de la province. Les taxes sur l’embarquement et débarquement des produits manutentionnés dans les installations portuaires perçues depuis 2011 par le gouvernement provincial constituent la principale source de recettes, représentant 89% des recettes spécifiques collectées dans la province. Ces taxes sont de 6$ /tonne pour les marchandises importées en conventionnel ainsi que pour tout véhicule, 129 USD pour le conteneur de 20 pieds, 140 USD pour celui de 40 pieds. Par conséquent, un déclin dans les activités portuaires perturbe directement plus de la moitié des recettes de la province. A cet effet, les problèmes liés à l’engorgement dans les ports de la province constituent une menace dont les implications directes seraient la baisse des recettes tant du gouvernement central que provincial. Le détournement d’une partie des importations vers le port de Luanda et la voie routière de Lufu, prive aussi la Province des recettes liées à la taxation portuaire.

35. La diversification et la modernisation des taxes provinciales pour mieux cibler des activités et assiettes intérieures permettra de renforcer la résilience et l’autonomie du Kongo Central. En effet, bon nombre des taxes jadis relevant de la DGRAD ont été transférées aux provinces et mais leur mobilisation nécessite la mise à disposition de moyens matériels importants. L’impôt foncier constitue une bonne fenêtre car son taux de recouvrement reste faible. A titre expérimental, ce taux pour un des quatre quartiers fiscaux de Matadi est passé de 49% à 79% en 100 jours grâce à une Initiative à résultats rapides initiée par le Gouvernement provincial avec l’appui du Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités (SENAREC) sur financement de la Banque mondiale. Le potentiel au niveau du foncier reste grand car l’impôt est basé sur la taille physique des propriétés plutôt que sur leur valeur de marché, or cette valeur a constamment augmenté au cours des dernières années. Il en va de même pour la taxe sur les véhicules, qui est une taxe nationale partagée avec les gouvernements locaux, et qui est basée sur le poids des véhicules plutôt que sur leur valeur de marché. Les taxes sur les revenus des particuliers et des sociétés sont restées stables autour de 8-9% du total, alors que les taxes sur la consommation des biens et services par les ménages ne représentaient plus que 18% des recettes locales en 2014 contre 55% en 2010, ce qui est un développement positif compte tenu de la nature régressive de ce type de taxes. Enfin, plus d'importance devrait être accordée aux frais d'utilisation, et les frais et prélèvements contre prestations de services fournies localement.

34 Encadré 3. Libre administration et recouvrement des recettes des provinces

La loi n°08-012 du 31 Juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces dans ses articles 48 à 53 identifie les ressources de la province. Celles-ci comprennent les impôts, les taxes, les droits provinciaux et locaux ainsi que les recettes de participation. C’est la province qui établit le mécanisme de leur recouvrement dans le respect des procédures fixées par la législation. Les taxes, les droits provinciaux et locaux comprennent notamment : les taxes d’intérêt commun, les taxes spécifiques à chaque province et à chaque entité et les recettes administratives rattachées aux actes générateurs dont la décision relève de la compétence des provinces. Les taxes spécifiques à chaque province sont prélevées sur les matières locales non imposées par le pouvoir central. Elles sont soit rémunératoires, soit fiscales conformément à la législation sur la nomenclature des taxes et droits provinciaux. Les règles de perception des taxes spécifiques sont fixées, après avis de la Conférence des Gouverneurs de province, par la loi fixant la nomenclature des recettes locales.

1.5.2. Des capacités internes de mobilisation des recettes qui se consolident

36. La décentralisation soulève la question de mobiliser plus de moyens de financement pour la fourniture des services publics de base. Les retards dans l’application et la non application effective des dispositions prévues par la loi sur le transfert des ressources financières a conduit la plupart des provinces

à mettre place des régies provinciales des recettes (voir liste en annexe) et à adopter une législation fiscale afin de répondre aux besoins de leurs populations dans les différents domaines d’actions transférés. Pour pouvoir assurer l’autofinancement de certaines infrastructures et des services sociaux de base, le Kongo Central fut la première province à mettre une place une administration fiscale en 2007, dénommée

« Régie Provinciale d’Encadrement et de Recouvrement des Recettes (REPERE) débaptisée en 2015, Direction Générale des Recettes du Kongo Central (DGR/KC)». Conformément à l’arrêté provincial de juillet 2007 et complété par un autre d’octobre 2013, la REPERE dispose d’un nombre variable d’actes générateurs actifs10. De plus, les autorités provinciales ont mis en place des administrations autonomes pour la gestion des péages, la Société de Gestion des Péages (SOGEPE), dont les recettes représentent 16 % du total des recettes de la province en 2014. La SOGEPE vise à tirer profit de la dynamique dans le secteur de transport et d’un niveau élevé des trafics sur les tronçons menant vers les ports internationaux dans les provinces. Cependant, deux ans après la promulgation de la loi sur la nomenclature des recettes des provinces, de nombreuses sources potentielles de revenus ne sont toujours pas utilisées de façon optimale. Toutes les taxes activées n’ont pas un potentiel important de mobilisation de ressources, poussant la province à concentrer ses efforts sur les 20% de taxes qui sont susceptibles de mobiliser environ 80% de recettes provinciales.

10 La REPERE a été créée en 2007 par Arrêté provincial no 090/Bis/CAB.GOUV/BC/074/2007 du 19 juillet 2007 modifié et complété par l’Arrêté provincial no 090/BIS/CAB.GOUV/0050/2013 du 02 octobre 2013.

35 Graphique 7. Kongo Central, Recettes par Graphique 8. Kongo Central, Recettes par assiette services de mobilisation de mobilisation

Kongo Central, Services de mobilisation des recettes, 20.00 Kongo Central, Recettes collectées par la REPERE par source 2014 (en milliards de FC) SOGEPE FONER 5% 16% 15.00

10.00

5.00

0.00 2010 2011 2012 2013 2014

Autres taxes, impôts et redevances Impôts foncier et sur les revenus locatifs

REPERE 79% Taxe sur la consommation des biens et services Taxe à l'embarquement/au débarquement

Source : Calculs des auteurs sur base des données des autorités provinciales

37. La DGR/KC en tant qu’administration fiscale de la province fait face à des contraintes majeures qui doivent être levées pour accroitre son niveau de recouvrement des recettes. L’évaluation des capacités de la DGR/KC conduite avec l’appui de la Banque mondiale (Projet PRC-GAP) souligne des contraintes majeures à la performance de la régie. Ces contraintes touchent notamment à l’insuffisance du personnel tant en nombre qu’en profil, à l’éloignement de l’administration fiscale du contribuable, au déploiement inadéquat du personnel sur le Territoire de la Province près de 60% du personnel étant basé dans la Ville de Matadi, à l’absence d’équipements informatiques et à la faible mobilité pour atteindre l’ensemble de la province. Il y a donc besoin d'un soutien accru des administrations fiscales locales par la formation et la modernisation de l'équipement informatique. En outre, l’évaluation fait aussi référence aux contraintes d’ordre institutionnel qui sont liées soit au dispositif règlementaire, soit aux missions et prérogatives de la DGR/KC. Bon nombre des perceptions au niveau de la province sont soumises préalablement à des textes réglementaires à promulguer soit au niveau central, soit au niveau provincial à travers des édits et arrêtés. Ce qui souvent crée un retard dans leurs applications.

1.6. UNE DEPENSE PUBLIQUE POUR DES SERVICES PUBLICS DE PROXIMITE

38. Corollairement aux recettes, les dépenses publiques ont grimpé dans le but d’améliorer l’offre de services publics dans la province. La province a vu croitre ses dépenses publiques sur ressources propres de la province de 8 148,1 millions FC en 2006 à 24 783,2 millions FC en 2010, puis à 52 627,9 millions de FC en 2014 (représentant 10 dollars US par tête d’habitant contre 4 dollars US en 2006), multipliant ainsi par sept le niveau de ses dépenses au départ de la décentralisation. Cette situation exprime donc la volonté des autorités provinciales à s’impliquer davantage dans la gestion de leur province. Ces dépenses sont composées à 70% des dépenses courantes avec une tendance à la baisse

36 passant de 88,7% en 2010 à 68,0% en 2014. Les rémunérations représentent en moyenne le tiers des dépenses courantes totales et sont à 80% des dépenses sur le personnel actif alors que le 20% restants sont alloués au titre des dépenses accessoires du personnel.

39. Le niveau faible des investissements publics révèle l’ampleur des défis à relever pour un développement durable et l’émergence de la province. L’investissement étant un outil important de la croissance à long terme, l’orientation des dépenses vers cette direction est indispensable afin de contribuer à un développement durable et important de la province. Les investissements ont représenté seulement 11,3% de dépenses sur ressources propres de la province, ce qui est une part très réduite pour l’une des provinces les plus riches du pays. Toutefois depuis 2013, la situation s’est amélioré et la part des dépenses en capital dans le total a augmenté de 16,9 % en moyenne en 2010-2012 à 42,8 % en 2013, prenant aussi en compte des dépenses d’investissements pour la mise en place de nouvelles institutions issues des élections d’un nouveau gouverneur de la province et de son gouvernement11. Cependant, l’impact de ce bond d’investissement en termes de développement durable est ambiguë, car il s’agit essentiellement de travaux de construction, de réhabilitation et d’équipement des bâtiments devant abriter les différents services du Gouvernement provincial, de travaux routiers de la voirie à Boma, ainsi que le démarrage de construction des stades de football à Matadi et à Boma. Ainsi en 2014, cette part a baissé à 32% des dépenses totales de la province sur budget propre.

40. La dynamique de transferts aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD) des ressources de la province demande d’être renforcée. L’article 115 de la loi organique n°08/016 du 07 Octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des ETD et leurs rapports avec l’Etat et les Provinces spécifie que « les Entités Territoriales Décentralisées ont droit à 40% de la part des recettes à caractère national allouées aux provinces ». Dans la plupart des provinces, cette rétrocession constitue juste montant symbolique et de façon irrégulière, conséquence de l’incertitude et de l’irrégularité des recettes à caractère national devant être transférées par le gouvernement central. Au niveau du Kongo Central, la rétrocession aux ETD qui a évolué en dent de scie n’a représenté que 1,5% des dépenses totales du budget propre de la province en 2014. Les transferts des ETD sont passés de 3,1% des transferts reçus du gouvernement central en 2012 à 18,1% en 2013, avant de décliner sensiblement à 3,7 % des transferts en 2014. Les autorités considèrent que la poursuite de la rétrocession en faveur des ETD devrait s’appuyer sur la mise en place d’un mécanisme clair de redevabilité entre les instances provinciales et territoriales, et une mise en place des comités locaux de développement qui doivent à leur tour présenter et défendre des projets soutenables à convenir avec le gouvernement provincial .

11 En remplacement du gouverneur démissionnaire pour une place à l’Assemblée nationale comme député national.

37 1.7. ECHANGES COMMERCIAUX NATIONAUX ET INTERNATIONAUX

41. La présence des ports internationaux dans la province donne lieu à d’importants échanges commerciaux qui confirment son atout sur le plan géographique. Les échanges commerciaux dans le Kongo Central restent organisés sur trois niveaux : à l’intérieur de la province (flux intra-provinciaux), avec les autres provinces du pays (flux interprovinciaux) et avec l’extérieur (flux d’importations et d’exportations). Bien qu’il soit difficile d’établir le volume réel de ces échanges aux deux premiers niveaux, il est évident que la province joue un rôle important dans les activités commerciales à la fois pour son propre compte et aussi comme zone de transit vers les autres provinces du pays. La province dispose de 13 postes frontaliers avec la République du Congo et de 30 postes frontaliers avec l’Angola12. Cependant, les échanges commerciaux ne sont actifs que dans quelques postes frontaliers qui font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière de la part des services douaniers du pays, comme le montre le tableau ci- dessous. Selon la Division provinciale du commerce extérieur, il n’y a que 37 postes frontaliers actifs entre le Kongo Central et ses voisins dont 11 avec la République du Congo et 26 avec l’Angola. Plus de 85% des importations du pays se font à partir du port de Matadi. Il n’existe pas un relevé statistique sur la nature des biens importés et exportés, surtout ceux se déroulant sur les axes terrestres des frontières avec l’extérieur. Mais certains postes frontaliers sont spécifiques à certains types de biens. Les ports fluviaux d’Ango-Ango et de Kinlua ont été construits avec des installations conçues spécialement pour recevoir les produits pétroliers.

42. Les transactions courantes de la province avec le reste du monde dégagent un solde fortement déficitaire, à la suite d’un niveau important des importations des biens destinés à la consommation des autres provinces du pays. Le volume important du tonnage des importations d’environ 3,0 millions de tonnes pour les biens et 1,6 millions de m3 pour les produits pétroliers en 2014 dépasse largement celui des exportations s’est établi à 1,4 millions tonnes en moyenne annuelle sur la période 2010-14. Du volume de tonnages réceptionnés dans les ports du Kongo Central pour importations, le tonnage traité avoisine 68% entre 2011-14, tandis que celui des exportations est à plus de 90% en moyenne, traduisant une meilleure maitrise par les services douaniers des exportations. Les exportations sont moins diversifiées que les importations et incluent les grumes pour près de 38% du tonnage total des exportations, les conteneurs vides avec 27,3% ainsi que les son de blé pour environ 15%. Cependant, le niveau faible de la consommation finale de la province (environ 50%) par rapport à la moyenne nationale (95%) met en exergue le fait qu’une partie importante des importations est consommée par les autres provinces et accroit le solde sur les transactions avec les autres provinces ; permettant à l’économie de la province

12 voir www.dgm.cd

38 d’enregistrer un solde global positif de 34% du PIB. Cette situation souligne ainsi le rôle joué par la province du Kongo Central de servir de transit aux exportations et importations du pays.

Tableau 9. Kongo Central, Importations et exportations Importations Exportations Marchandises, 000' tonnes Produits pétroliers, 000' m3 Marchandises, 000' tonnes Postes Douaniers Part Part Part 2013 2014 Moy. 2013 2014 Moy. 2013 2014 Moy. en % en % en % Matadi 2,362.28 2,472.97 2,417.62 82.27 0.00 0.00 0.00 0.00 242.78 149.23 196.01 14.78 Boma 129.16 148.07 138.62 4.72 0.00 0.00 0.00 0.00 3.01 5.17 4.09 0.31 Ango-Ango 0.00 0.00 0.00 0.00 975.06 1,032.30 1,003.68 66.51 0.64 0.92 0.78 0.06 Yema 12.33 25.28 18.80 0.64 1.18 6.14 3.66 0.24 11.75 13.95 12.85 0.97 Banana 30.71 23.33 27.02 0.92 7.41 17.31 12.36 0.82 3.16 23.81 13.49 1.02 Kinlau 382.28 0.00 191.14 6.50 461.16 513.47 487.32 32.29 728.79 1,462.97 1,095.88 82.65 Lufu/Songololo 22.70 59.90 41.30 1.41 0.00 0.00 0.00 0.00 3.04 2.31 2.68 0.20 Kimpangu 0.08 0.07 0.07 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.11 0.05 0.08 0.01 Kizenga 0.01 0.01 0.01 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 SOCOPE 73.54 134.31 103.92 3.54 0.06 3.88 1.97 0.13 0.01 0.00 0.00 0.00 Musanda 0.01 0.09 0.05 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.01 0.07 0.04 0.00 Total 3,013.10 2,864.03 2,938.56 100.00 1,444.88 1,573.10 1,508.99 100.00 993.31 1,658.49 1,325.90 100.00 Source : Direction provinciale de la DGDA/Kongo Central

43. Les échanges commerciaux sont plus importants aux ports fluviaux qu’aux axes routiers. Les informations disponibles renseignent que les échanges au niveau des ports fluviaux représentent plus de 90% du flux de marchandises prises en charge par les services douaniers du pays (Direction générale de douanes et accises, DGDA), dont plus de 80% dans le port de Matadi. La quasi-totalité des 10% de commerce restant se fait avec l’Angola. En effet, le trafic transfrontalier au poste de Lufu à Songololo avec la localité de Lovo, dans la province angolaise de Do Zaïre prend de plus en plus de l’ampleur, grâce au pont de 36 mètres d’une capacité de 45 tonnes construit à la frontière naturelle entre les deux provinces13. Ce poste frontalier de Lufu enregistre aujourd'hui un volume de trafic de 60 millions de tonnes, soit 40% du volume de 148 millions de tonnes enregistré au port de Boma en 2014. La DGDA rencontre des résistances pour obtenir des statistiques sur les intervenants économiques au poste frontalier de Lufu en vue de leur fiscalisation. La DGDA a tenté de résoudre le problème en mettant sur pied une fiche d’identification par la DGDA. En dépit du volume important des flux des marchandises dans les postes frontaliers du Kongo Central, leur valeur en unité monétaire s’avère moins importante que celle des flux enregistrés dans la province du Katanga, à cause de l’importation des sociétés minières, grandes importa- trices des engins lourds, des pièces de rechange et des produits pétroliers (DGDA, Rapport annuel 2013).

13 Les deux localités voisines sont limitées par la rivière Lufu (appelée aussi Lovo en Angola) qui prend sa source en Angola, traverse le territoire de Songololo et rejoint le fleuve Congo dans le Kongo Central.

39 Encadré 4. Marché transfrontalier de Lufu.

Depuis quelques années, le marché de Lufu est au centre des échanges commerciaux avec l’Angola. Situé à la frontière dans la Province du Kongo Central, ce marché constitue aujourd'hui un grand site commercial et un débouché important des denrées alimentaires et autres biens de première nécessité. Il se déroule chaque samedi à Lufu alternativement du côté de la RDC et à Lovo du côté de l’Angola et reçois des petits commerçants venant de la ville de Kinshasa, de l’ancienne province du Bandundu et du Kasaï. Un accord a été signé par les administrateurs des deux territoires voisins pour que les échanges se fassent hebdomadairement entre les deux marchés (installés sur cette frontière).

Cette zone est devenue un lieu d’affaires où l’argent circule intensément ; ce qui contribue au renforcement des économies des régions frontalières. Les marchandises en provenance de l’Angola et de la RDC sont vendues à des prix abordables. Ce marché de Lufu facilite le libre-échange entre les deux pays et constitue un espace important d’interaction où les populations échangent les marchandises, même si il y a souvent des plaintes sur la qualité des biens vendus dans cet espace. Les principaux produit qu'on y trouve sont souvent de type alimentaire (Sucre, Huile, Biscuit, Céréale, Carburant, Sardine,...) et surtout le ciment. A cause des prix très bas des biens provenant de l'Angola obtenu dans le marché frontalier de Lufu, les autorités de la province relèvent que cette forte concurrence menace les industries locales notamment la cimenterie de Lukala (CILU) qui connaissent déjà des difficultés dans la production des biens alimentaires. D’autre part, le Gouvernement angolais qui subventionne l’importation de produits alimentaires s’inquiété de l’exportation de ces produits vers la RDC et impose de mesures restrictives quant à ce.

1.8. ETAT DU SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER AU KONGO CENTRAL

44. Le système financier congolais est dominé par les banques et reste sous développé. La RDC dispose de 20 banques agréées, d’une société nationale d’assurance (SONAS), de l’Institut national de sécurité sociale (INSS), de 5 institutions spécialisées, de 14 Institutions de Micro Finance (IMF) et coopératives, de 59 institutions de transfert de fonds, de 3 institutions de monnaie électronique et de 16 bureaux de change. Mais les avoirs globaux du système financier Congolais sont constitués à environ 94,7% des avoirs globaux des banques, et les dépôts bancaires représentent 94,8 % des ressources du secteur financier, le solde étant détenu par les institutions de microfinance14. Les réformes initiées depuis 2001 ont permis des progrès significatifs dans le secteur financier avec le renforcement de son cadre légal et l’amélioration de la gestion dans le secteur. Toutefois, l’accès aux banques reste faible même si le pourcentage des détenteurs des comptes en banque a atteint 17,5% pour 74,8 millions d’habitants (2014), grâce à la bancarisation des agents de l’Etat (fonctionnaires, enseignants, policiers et soldats). En réalité donc le secteur bancaire est pratiquement limité aux rares entreprises du secteur formel.

14 D’après le rapport de suivi de la situation économique et financière de la Banque mondiale, le total d’actifs des banques commerciales s’élevait à 18 % du PIB à fin 2012.

40 45. Les institutions bancaires restent concentrées dans les provinces à fortes activités économiques, y compris le Kongo Central. En dépit des efforts fournis par les autorités congolaises, le déploiement des institutions financières, particulièrement bancaires, reste limité. La ville de Kinshasa concentre à elle seule 90% des sièges sociaux des banques et plus de 50% des points d’exploitations, agences et guichets confondus (voir tableau 7). L’ex-Katanga et le Kongo Central se classent respectivement en deuxième et troisième position avec respectivement 43 et 27 points d’exploitations des banques. Avec l’éclatement de la Province du Katanga en 4 nouvelles provinces, le Kongo Central se classe désormais en 2ème position après la Ville-Province de Kinshasa. Les dépôts bancaires dans la province ne représentent que 2,12 % des dépôts totaux du pays en 2011, mais ces dépôts se composent essentiellement de 97,43 % des dépôts à vue. Si les informations sur les dépôts ont été fournies, celles relatives aux crédits octroyés à la population par province reste difficiles. Il y a lieu de croire que leur configuration ne devrait cependant pas s’écarter de la situation de l’ensemble du pays où le crédit bancaire reste une denrée assez rare, de court terme et fortement concentré dans le secteur tertiaire. Les crédits à court terme, à savoir les découverts et prêts dont l’échéance est inférieure à deux ans, représentent environ 63 % de l’ensemble des prêts du pays à fin 2014 tandis que le crédit à moyen terme compte pour environ 37 %.

Tableau 10. Nombre des points d’exploitations des banques commerciales et leurs agences agréées par la BCC en 2012 Provinces Siège Agences Guichets Total En % du total social bancaires Kinshasa 18 106 35 159 52.5 Katanga 1 37 5 43 14.2 Kongo Central 0 26 1 27 8.9 Province Orientale 0 21 3 24 7.9 Nord-Kivu 1 22 0 23 7.6 Autres provinces (6) 0 26 1 27 8.9 Total 20 238 45 303 100.0 Source : Banque Centrale du Congo, Rapport sur la supervision des intermédiaires financiers, 2012

46. Les institutions financières de proximités sont essentielles pour les personnes à bas revenus dans la province du Kongo Central. En effet, le Kongo Central est parmi les provinces les plus actives dans le secteur de microfinance grâce au dynamisme de son économie. Bien que le nombre d’institutions de microfinances (IMF) et des coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) ait baissé à la suite de l’assainissement et de la consolidation menés dans le secteur, le nombre des comptes ouverts auprès de ces institutions au niveau national est passé de 0,71 millions en 2010 à 1,78 millions en 2014, soit une augmentation de 150%. Dans la province du Kongo Central, cette augmentation s’est établie à 160% et le nombre des comptes représente près de 4% du total alors que Kinshasa disposait de plus de 40% des comptes ouverts auprès des IMF. Cependant, sur le total du bilan du secteur estimé à 258,9 millions d’USD, la part de la province n’est que de reste insignifiante et ne représente que 1,3% du total contre 46,7% pour Kinshasa, 21,2% pour le Nord-Kivu et 25,7 % pour le Sud-Kivu. Au total, il existe 10 coopératives d’épargne et de crédit et une institution de microfinance dans la province (2014).

41

PAUVRETE ET EMPLOIS DANS LA PROVINCE DU KONGO CENTRAL

42

47. L’analyse de la situation économique du Kongo Central ci-haut a souligné des défis divers qui traduisent l’insuffisance de l’offre des biens et services qui affectent les conditions sociales de la population vivant dans cette partie du pays. Depuis 2000, deux enquêtes sur la consommation des ménages ont été réalisées par la RDC, en 2005 et en 2012, et celles-ci soulignent que la pauvreté a décliné au niveau national, passant de 69,3% à 64,0% entre 2005 et 2012, son analyse pour la province du Kongo Central permet ici de cerner les particularités des défis qui se posent à elle. La présente partie analyse l’ampleur ainsi que les multiples dimensions de la pauvreté. Une telle analyse est essentielle pour orienter les politiques publiques nécessaires pour l’éradication de la pauvreté dans cette province.

1.9. TENDANCE DE LA PAUVRETE ET DE L’INEGALITE DANS LE KONGO CENTRAL

48. La pauvreté demeure massive en dépit de sa diminution dans la province car près de la moitié de la population de la province est encore considérée pauvre. Les conditions de vie des ménages et les indicateurs du développement humain se sont améliorés mais les défis restent importants. Les indicateurs de développement humain et d’accès à l’électricité et à l’eau potable mettent en évidence des disparités importantes selon le milieu de résidence. Les inégalités sont importantes entre les riches et les pauvres.

1.9.1. La pauvreté et l’extrême pauvreté dans la province du Kongo Central sont en diminution depuis 2006

49. La pauvreté monétaire s’est réduite entre 2005 et 2012 dans la province du Kongo Central plus vite qu’au niveau national. L’incidence de pauvreté, ou la proportion des pauvres dans la population totale, a baissé de 12,9 points, passant de 62,2% à 49,3% entre 2005 et 2012, alors qu’au niveau national, cette baisse n’a été que de 5,3 points si on réfère aux chiffres de l’INS. Aussi, la profondeur et la sévérité de la pauvreté ont également décliné respectivement à 13,0% et 4,7% en 2012, alors qu’elles s’établissaient respectivement à 20,5% et 9,0% en 2005. Ces deux indicateurs mesurent respectivement le fossé qui sépare les pauvres de non-pauvres et le degré d’aversion d’une société pour la pauvreté et l’inégalité entre les pauvres.

43 Graphique 9. Kongo Central, Incidence de la pauvreté

Incidence de la pauvreté (en pourcentage)

80 69.3 70 62.2 64 60 49.3 50 40 30 20 10 0 Kongo Central RDC

2005 2012

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

50. La pauvreté est plus perceptible au niveau individuel qu’à celui des ménages de la province. Contrairement au rapport de l’enquête 1-2-3 de 2005 qui n’a analysé que la pauvreté individuelle, celui de 2012 a apporté une innovation en calculant les indicateurs de pauvreté au niveau des ménages. Ce rapport indique donc que la pauvreté des ménages de la province se situe à 45,8% contre 49,3% pour les individus en 2012. Si l’on tient compte des sexes, il s’établit que les femmes dans les ménages (38,1%) sont moins pauvres que les hommes (48,2%). Cette situation, comme le souligne le rapport de l’enquête 123, met en exergue le fait qu’au sein des ménages, les individus s’organisent mieux en communautés ; ce qui permet de faire des économies d’échelles.

1.9.2. Les conditions de vie des ménages et les indicateurs du développement humain se sont améliorés mais les défis restent importants

51. L’accès des ménages aux services et infrastructures communautaires de base est essentiel pour comprendre les multiples dimensions de la pauvreté. Au regard du caractère multidimensionnel de la pauvreté, les aspects relatifs à l’accès aux services sociaux de base permettent de mieux cerner les différentes facettes du phénomène. L’accès aux services sociaux de base aide les populations à utiliser au maximum leur potentiel économique et leur capital humain et social en vue d’augmenter leurs opportunités et d’améliorer sensiblement leurs conditions de vie. L’accès des ménages aux services et infrastructures communautaires de base est en général mesuré en termes de proximité, soit en fonction de la distance parcourue, soit en fonction du temps mis pour atteindre la structure concernée.

52. L’accès à l’électricité reste globalement faible dans la province alors que le pétrole est l’énergie la plus utilisée pour l’éclairage par les ménages. En effet, 16,1% des ménages sont connectés au réseau électrique et utilisent l’électricité comme mode d’éclairage d’habitation. Ce pourcentage, légèrement

44 supérieur à la moyenne nationale de 15%, n’a connu qu’une faible amélioration depuis 2005, quand le taux de desserte était à 15%. Au même moment, 71,5% des ménages utilisent le pétrole avec la lampe à tempête et la lampe Coleman. Contrairement à ce qui se passe au niveau national où les lampes à piles se sont substituées à la lampe tempête, seulement 9,2% des ménages dans la province utilisent la lampe à pile comme moyen d’éclairage. Ce pourcentage connait cependant une augmentation avec l’introduction des lampes à pile de marque chinoise à prix abordables. Si la bougie éclaire 2,2% des ménages de la RDC, seulement 0,1% des ménages dans la province utilise ce mode d’éclairage. Finalement, si un ménage sur dix (9,8%) en RDC utilise une énergie d’éclairage autre que les énergies classiques, dans la province, cette proportion n’est que de 0,2%. Pour la cuisson des aliments, la majeure partie des ménages dans la province utilisent le bois de chauffe (61,4%), et 30,2% le charbon de bois, soit au total 91,6% d’énergie de cuisson provenant de la forêt, avec des conséquences négatives sur l’environnement en général.

Graphique 10. Répartition de mode d’éclairage Graphique 11. Répartition du type de l’énergie d’habitation (en % des ménages) de cuisine (en % des ménages)

Pétrole+lampe de tempête 71.5 61.4 22.1 Bois de chauffe et lampe Coleman 65.6 16.1 Electricité 30.2 15 Charbon de bois 26.8 Lampe à pile 9.2 39.3 4.7 Electricité 5.6 2.6 Feu de bois 11.2 3.4 Pétrole 0.2 0.9 Groupe électrogène 0.4 0.2 Sciure de bois 0.1 0.9 Bougie 2.2 0.2 0.2 Gaz Autre 9.8 0.2

0 20 40 60 80 0 20 40 60 80

Kongo Central RDC Kongo Central RDC

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

53. L’accès à l’eau potable est en amélioration dans la province mais demeure insuffisant, en dépit de l’immense potentiel en hydrographie. En considérant comme eau potable, celle provenant des robinets, des sources aménagées, des puits protégés, des forages et des bornes fontaines, on constate que 54,4% des ménages ont accès à l’eau potable au niveau de la province. L’eau potable étant une denrée de première nécessité, son accessibilité physique et financière permet de se rendre compte des conditions de vie de la population. De manière générale, plus d’un tiers des ménages de la province (45,4%) déclarent

45 parcourir plus d’ 1 km pour s’approvisionner en eau dans la province dans un point le plus proche. En milieu rural, cette proportion des ménages se situe à plus de 72 % alors qu’ils sont à 33% de ménages en milieu urbain à parcourir plus d’un km pour atteindre un point d’approvisionnement en eau le plus proche. Aussi, l’on constate que 45,6% des ménages n’ont pas d’accès à l’eau potable. En effet, 31,1% des ménages utilisent l’eau en provenance d’une source non aménagé, ce pourcentage est respectivement de 1,8%, 12,6% et 0,2%, pour les puits non protégé, les cours d’eau et autre.

Graphique 12. Répartition de l’approvisionnement Graphique 13. Répartition des ménages qui en eau au Kongo Central (en % des ménages) consomment l’eau potable selon la province (en % des ménages)

Source non aménagée 31.1 Kinshasa 98.7

Source aménagée 25.4 Nord Kivu 65.3

Robinet d'un autre… 13.1 Sud Kivu 58.4

Cours d'eau 12.6 Bas Congo 54.3

Robinet extérieur 6.9 Maniema 49.9

Puits protegé 3.7 Katanga 46.2

Borne fontaine 3.5 Kasaï Oriental 44.0

Puits non protegé 1.8 Orientale 43.6

Robinet intérieur 0.9 Bandundu 33.7

Forage 0.9 Equateur 29.3

Autre 0.2 Kasaï Occidental 22.2

0 10 20 30 40 0 50 100

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

54. Les conditions de logement sont légèrement au-dessus de la moyenne nationale mais le degré de promiscuité reste élevé dans la province. Au Kongo Central, 55,2% des ménages logent dans des maisons individuelles de type traditionnel contre 52,4% au niveau national. Dans l’ensemble, 15% des ménages logent dans des maisons de type moderne, 21,8% dans des pièces sans dépendances et 3,3% dans des studios. En milieu rural, 8 ménages sur 10 logent dans des maisons individuelles de type traditionnel. Avec une taille moyenne du ménage de 6 – 7 personnes, la proportion des ménages qui habitent dans des maisons à moins de trois chambres (67,2%) souligne un fort degré de promiscuité dans la province.

46 Graphique 14. Répartition des ménages par type de logement 100 81.09 80 60 31.5 31.88 40 23.34 11.13 20 5.67 1.47 7.59 0.63 5.69 0 Appartement ou Maison en bandes Pièces sans Studio Maison individuelle maison de type (type ONL) dépendances du type traditionnel moderne dans la ou autre concesssion

Rural Urbain

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

55. Les indicateurs du développement humain se sont améliorés mais le nombre des personnes n’ayant pas accès aux infrastructures sanitaires, scolaires et des technologies de l’information est encore important. Les résultats de l’enquête 1-2-3 montrent que la majorité des ménages, soit 58,7% des ménages, résident à moins de vingt minutes de la structure de santé la plus proche ; dont 21,6% résident à moins de dix minutes. Seuls 12,4% des ménages sont à plus de cinquante minutes de marche de la structure de santé la plus proche. La structure de santé ici comprend l’hôpital public ou privé, le centre de santé et le poste de santé. Par contre, pour ce qui est de l’accès aux établissements scolaires dans le primaire, près de 70% des ménages disposent d’une école primaire à moins d’une demie heure de marche de leur domicile, dont 29,5% à moins de dix minutes de marche et ils sont seulement 12,8% à se trouver à plus d’une heure de l’école primaire la plus proche. En outre, en ce qui concerne l’accès aux technologies de l’information et de la communication par le biais de l’internet, l’enquête 123 mentionne que 66,6% des ménages peuvent utiliser les services d’un cybercafé à moins de 20 minutes de leur domicile, dont 22,2% à moins de dix minutes. Seuls 22,3% des ménages n’y ont accès qu’après plus de cinquante minutes ou plus de marche.

Tableau 11. Répartition des ménages selon le temps mis pour accéder à une structure de santé, un établissement primaire et au cybercafé (% des ménages) Temps mis en Accès à une Accès à un Accès au cybercafé minutes structure de santé établissement primaire 0 – 9 21,6% 29,5% 22,2% 10 – 20 37,1% 39,7% 44,4% 25 – 45 28,9% 18% 11,1% +50 12,4% 12,8% 22,3% Total 100% 100% 100% Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

47 1.9.3. Les inégalités dans la province n’a pas beaucoup baissé

56. Le niveau des inégalités n’a pas beaucoup changé dans la province du Kongo Central mais est resté faible par rapport à la moyenne nationale. Avec le coefficient de Gini estimé à 28,6, les inégalités au Kongo Central sont inférieures à celles de la moyenne de la RDC de 35,015. Malgré l’amélioration faible de son coefficient de GINI de 29,1 en 2005 à 28,6 en 2012, les inégalités dans la province du Kongo Central sont restées moins faibles que dans toutes les autres provinces du pays. Au niveau de la consommation, les disparités entre les plus riches et les plus pauvres de la province sont grandes. Les 25% de la population les plus riches de la province consomment par tête d’habitant 6,3 fois plus que les 25% les plus pauvres de la province. Ce niveau d’inégalités est bien au niveau de la moyenne nationale dont le rapport quant au niveau de consommation par habitant est de 1 à 8 entre le quart de la population la plus pauvre et le quart de la population la plus riche. En 2005, le quartile de la consommation des riches ne représentait que 5,6 fois de celle des pauvres ; alors qu’en moyenne ce rapport était au niveau national de 1 à 7,3. Au fil des ans, les disparités dans les dépenses de consommation moyennes entre les riches et les pauvres continuent de se creuser, pendant le niveau de la consommation par habitant a été multiplié par 4 entre 2005 et 2012. Dans la province, 33,8% de la consommation totale des ménages est effectuée par les 25% les plus riches contre 18,4% pour les 25% les plus pauvres. La structure de dépense dans la province est très tributaire de l’alimentation qui représente 66,6% de la consommation totale.

1.10. PROFIL ET CARACTERISTIQUES DE LA PAUVRETE DANS LA PROVINCE

57. Et bien que la pauvreté soit massive, il y a des disparités entre les milieux géographiques en termes de son intensité et la pauvreté touche plus les ruraux que les urbains dans la province du Kongo Central et touche différemment les individus selon le sexe. Les ménages dont le chef est de niveau primaire, polygame et exerçant une activité précaire connaissent un taux de pauvreté le plus élevé.

1.10.1. Nombre encore important des pauvres dans la province mais faible participation à la pauvreté nationale

58. Près de la moitié de la population de la province du Kongo Central continue de vivre dans la pauvreté. Bien que le chiffre exact de la population ne soit pas bien connu à ce jour16, les projections à partir des données de 1984 indiquent qu’environ 2,2 millions de la population Kongo continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté. Ce chiffre peut paraitre insignifiant face à la taille du pays, mais il indique que près de la moitié de la population de la province vit en dessous du seuil de pauvreté. Cependant, la

15 L'indice de Gini indique dans quelle mesure la répartition des revenus (ou, dans certains cas, les dépenses de consommation) entre les individus ou les ménages au sein d’une économie s’écarte de l’égalité parfaite. 16 Le dernier recensement du pays remonte de 1984 et la province du Kongo Central (ex Bas-Congo) représentait 6,3% de la population nationale.

48 participation de la province à la pauvreté nationale est faible. Le Kongo Central représente moins de 5% de la pauvreté nationale ; ce qui est une amélioration de la situation car les pauvres de la province représentaient 9% de la pauvreté du pays en 2005.

1.10.2. Une pauvreté plus élevée en milieu rural et chez les hommes

59. La pauvreté touche plus les ruraux que les urbains dans la province du Kongo Central et touche différemment les individus selon le sexe. Les estimations au niveau de la province révèlent des disparités de niveaux de pauvreté selon le milieu. En effet, la pauvreté est légèrement plus élevée en milieu rural avec une proportion de 59,6% contre 50,7% dans le milieu urbain. Cette disparité dans le chiffre nous montre qu’il est raisonnable de penser que les ruraux qui ont moins accès aux marchés, aux infrastructures de production, équipements, services sociaux de base et structures de financement ont un niveau de bien être moindre que celui des citadins. En outre, il ressort que 58% des hommes sont pauvres alors que l’on compte 51,8% des femmes pauvres. Cette situation se confirme aussi au niveau national où 64% des hommes pris individuellement sont pauvres contre 60,3% des femmes.

Graphique 15. Pauvreté selon le milieu au Kongo Graphique 16. Pauvreté individus selon le sexe au Central Kongo Central et en RDC

70 70 63.5 59.6 56.9 58 56.9 60 60 50.7 51.8 50 50 40 40 26.5 30 30 20.1 18.8 18.9 18.2 18.8 20 15.6 20 14.5 9 8.2 8.1 8.6 8.2 10 6.4 10 0 0 Urbain Rural Total Masculin Feminin Total RDC

P0 P1 P2 P0 P1 P2

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

1.10.3. Caractéristiques du chef des ménages déterminantes pour la pauvreté

60. La majorité des pauvres se trouve parmi les ménages dont le chef de famille a un faible niveau d’instruction. La relation entre le niveau d’instruction du chef de ménage et les indicateurs de pauvreté atteste l’idée selon laquelle l’éducation contribue à améliorer le niveau des ménages. Le capital humain est un facteur de réalisation et d’épanouissement social permettant à l’individu de tirer un meilleur profit des opportunités qu’offrent les différents marchés où se négocient le travail, les produits et services pouvant aider à la génération des revenus, sources de bien-être économique. Le résultat de l’enquête 1- 2-3 confirme que la pauvreté baisse de façon nette avec le niveau d’instruction du chef de ménage sauf

49 pour les ménages dont le chef est non scolarisé. En effet, au niveau de la province les ménages dont le chef de ménage est de niveau primaire connaissent les taux de pauvreté les plus élevés 54,9%. Ce taux chute à 50,5% quand le chef de ménage a fréquenté une institution de formation professionnelle. Il se situe à 15,1% pour les ménages dont le chef a atteint le niveau d’enseignement supérieur général.

61. Des chefs de ménages en majorité de niveau secondaire. Au Kongo Central, un chef de ménage sur deux a le niveau secondaire (50,3%). On observe une disparité spatiale importante dans la province : la proportion des chefs de ménage de niveau secondaire en milieu urbain (60,7%) est presque le double de la proportion en milieu rural (38,9%). Environ 18% sont non scolarisés, 24,3% ont le niveau primaire et 7,4% le niveau supérieur. La proportion des chefs de ménage qui sont non scolarisés est plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain : environ trois chefs de ménage sur dix sont non scolarisés.

Tableau 12. Niveau d’instruction des chefs de ménage Niveau d’instruction du CM Kongo-Central Milieu Urbain Milieu Rural Ensemble RDC Non scolarisé 10,06 26,68 17,95 20,46 Primaire 16,13 33,40 24,33 24,33 Secondaire 60,70 38,87 50,35 46,52 Supérieur 13,09 1,05 7,38 8,30 Total 100,00 100,00 100,00 100,00 Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

62. Les ménages polygames sont les plus touchés par la pauvreté ainsi que ceux qui possèdent beaucoup d’enfants. Au niveau de la province, 65,9% des personnes vivant dans les ménages dirigés par un chef de ménage marié polygame sont plus pauvres que ceux vivant avec un chef de ménage monogame. Il Sans doute dans ces types ménages, il y a plus de charges que chez d’autres types de ménages (48,1%). Ce taux est de 63,4% pour le chef de ménage en union libre, 36% pour les chefs de ménages divorcés, 34,4% pour les ménages où le chef est veuf et 18,9% parmi les ménages des célibataires. Pendant ce temps, les ménages en couples sans enfants (21,8%) et personnes vivant seules (5,6%) ressentent moins la pauvreté dans la province. Ce sont plutôt les couples avec enfants (55,1%), les individus qui vivent dans les familles élargies (53,8%) et dans les familles monoparentales (44,6%) qui sont les plus touchés par la pauvreté. Cette situation est d’autant plus compliqué pour les ménages dont le chef de ménage est âgé de 75 ans et plus et sont vulnérables au phénomène de la pauvreté dans la province.

50 Graphique 17. Pauvreté selon le niveau Graphique 18. Pauvreté selon le type de famille d’instruction du chef de ménage

54.9 55.1 Primaire 18.0 Couple avec enfants 17.5 5.5 7.6 50.5 Professionnel 14.6 53.8 5.3 Elargie 17.2 44.5 7.2 Secondaire 13.1 5.3 Monoparental 44.6 12.2 43.2 nucléaire 4.8 Non scolarisé 13.1 2.0 21.8 Programme non 34.0 Couple sans enfants 2.7 8.6 0.4 formel 2.6 5.6 15.1 Superieur 3.0 Unipersonnel 0.9 1.1 0.2

0.0 20.0 40.0 60.0 0 20 40 60

P0 P1 P2 P0 P1 P2

Graphique 19. Pauvreté selon la situation Graphique 20. Pauvreté selon la tranche d’âge matrimoniale du chef de famille du chef de famille

1.7 4.5 15-24 4.8 Veuf/veuve 10.2 21.5 34.4 5.1 5.5 25-34 12.3 Divorcé 11.9 40.6 36 6.7 35-44 15.8 8.9 50.1 Union libre 20.4 6.7 63.4 45-54 15.8 50.6 8.9 6.1 Marié(e) polygame 20.6 55-64 14.4 65.9 46.4 6 5.9 Marié(e) monogame 14.6 65-74 13.5 48.1 40.6 3.5 1.5 75 et + 17 Célibataire 4.6 92.1 18.9 0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80

P2 P1 P0 P2 P1 P0

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

51 63. Au Kongo Central, la pauvreté monétaire est plus présente chez les travailleurs précaires (travailleurs pour compte propre et aides familiaux). La compréhension des relations de travail au sein des catégories socioprofessionnelles peuvent aider à la définition des stratégies de réduction de la pauvreté. Au niveau de la province, la pauvreté est plus répandue chez les ménages dirigés par les aides familiaux, apprentis ou autres avec une incidence de 85%. Concernant les ménages dirigés par les travailleurs pour propre compte (ceci comprend par exemple les agriculteurs), on constate que 59,7% sont pauvres et ce taux est de 58,7% pour les manœuvres. L’on compte 21,3% et 45,6% des pauvres chez les cadres et les employés qualifiés. Cette situation laisse supposer que le statut de salarié (cadre ou employé qualifié) préserve plus de la pauvreté.

1.11. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET EMPLOIS

64. La province connait un accroissement rapide de sa population à cause de son fort taux de fécondité, en dépit de la baisse de la mortalité dans la province. En conséquence, plus de la moitié de la population est jeune de moins de 20 ans ; ce qui pose les défis non seulement pour le marché de l’emploi, considéré comme la cause principale de la pauvreté pour les ménages au Kongo-Central. Ce qui est aggravé par le niveau élevé de la dépendance démographique. Toutefois, la situation économique de la province classe celle-ci parmi les provinces à fort taux d’activité, même si ces activités soulignent une certaine fragilité du fait de la prédominance de l’emploi agricole traditionnel et faiblement industriel dans la province.

1.11.1. Une poussée démographique ravivée par un fort niveau de fécondité

65. En l’absence d’un recensement récent, les projections notent une forte croissance de la population à l’instar du pays. Entre 1984, l’année du dernier recensement en RDC, et 2014, la population de la RDC a progressé à un rythme annuel d’environ 3 %, selon les projections des nations unies, soit nettement plus vite que la moyenne mondiale, estimée à 1,7 %. En appliquant ce taux démographique national pour la croissance de la population de toutes les provinces du pays, le nombre d’habitants du Kongo Central a été multiplié par 2,6 en trente années. Cette situation met au défi les capacités de l’économie non seulement de la province mais également de tout le pays à absorber le flux de main- d’œuvre découlant de l’accroissement de la population. Avec cette allure de progression, la population du Kongo Central devrait atteindre plus de 12,3 millions d’habitants en 2050, comparé aux projections de 4,4 millions en 2014. En conséquence, la densité de la province devrait également augmenter de 87 personnes par km2 en 2014 à 227 personnes en 2050. Ce qui fera de Kongo Central, l’une des provinces les plus densément peuplées du pays et qui pourrait poser en conséquence un problème d’aménagement du Territoire : (i) plus de la moitié de cette population serait urbaine et un problème d’infrastructure scolaires et d’emplois ; (ii) plus de la moitié de la population sera jeune de moins de 30 ans d’ici 2050.

52 66. Bien qu’inférieur au niveau national, la taille moyenne des ménages au Kongo central toutefois importante cache des disparités selon les milieux. La taille moyenne de ménages est un facteur déterminant des conditions de vie. Au Kongo Central, la taille moyenne des ménages est de 4,5 personnes et fait suite au nombre important des ménages de plus de 3 personnes qui représentent 69% de total. La fréquence des ménages de grande taille peut s’expliquer par la structure familiale caractéristique des sociétés traditionnelles où la famille élargie est la norme. Toutefois, cette taille moyenne des ménages est importante en milieu urbain (4,9 personnes) qu’en milieu rural (4,2 personnes). En effet, 56,7% des ménages urbains sont constitués de 2 à 6 personnes, et ce pourcentage est de 68,39% pour les ménages ruraux. A l’autre extrémité, c’est dans le milieu urbain que la proportion des ménages de dix personnes et plus est la plus élevée : elle est six fois supérieure à celle observée en milieu rural (4,45% contre 0,8%).

Tableau 13. Structure par taille de ménages selon le milieu de résidence Kongo Central RDC Milieu Urbain Milieu Rural Total - 1 personne 10,05 12,8 11,4 7,50 - 2 – 3 personnes 21,8 29,2 25,3 23,30 - 4 – 6 personnes 43,6 42,9 43,3 44,90 - 7 – 9 personnes 20,1 14,3 17,3 18,90 - 10 personnes et plus 4,45 0,8 2,7 5,40 Total 100,00 100,00 100,00 100,00 Taille moyenne des ménages 4,89 4,17 4,5 5,0 Femmes chefs de ménage (%) 20,5 16,2 22,8 19,8 Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

67. Le fort taux de fécondité explique l’accroissement rapide de la population, en dépit de la baisse de la mortalité dans la province. Grâce aux efforts fournis par les autorités du pays d’améliorer l’offre des services sanitaires, avec l’appui des partenaires au développement, le taux de mortalité, surtout des enfants de moins de 5 ans a baissé entre 2007 et 2013, de 185 pour mille naissances vivantes en 2007 à 124 pour mille en 2013 (EDS, 2014). Cette situation est observée au niveau national car ce taux est passé de 148 à 104 pour mille naissances vivantes entre les deux années. Au même moment, la fécondité est restée élevée puisque chaque femme de la province donne naissance, en moyenne, à 6 enfants contre 6,6 enfants au niveau national. En plus, la fécondité précoce au Kongo central est parmi les plus élevées du pays et accroît la probabilité pour celles-ci d’avoir un nombre élevé d’enfants. En effet, plus d’un tiers d’adolescentes (15-19 ans) a déjà commencé la vie procréative (autrement ayant donné naissance vivante ou enceinte d’un premier enfant), soit 37,2% en 2013 contre 25,6 en 2007 ; alors qu’au niveau, ce taux la se situe en moyenne à 27,2% contre 23,8% pour la même période.

53 Graphique 21. Fécondité et mortalité des enfants de moins de 5 ans

185.0

37.2

124.0 25.6

5.9 6.0 Kongo Central Kongo

Enfants moyens par femme Adolescentes avec vie feconde (%) Mortalité infanto-juvénile (‰)

2007 2013 2007 2013 2007 2013

148.0

27.2 104.0 23.8

6.3 6.6 RDC

Enfants par femme Adolescentes avec vie feconde (%) Mortalité infanto-juvénile (‰)

2007 2013 2007 2013 2007 2013 Source : RDC/Enquête démographique et santé (EDS), 2007 et 2014

1.11.2. Une population jeune, dominée légèrement par les femmes, et un niveau élevé de la population potentiellement en charge

68. La population de la province du Kongo Central est très jeune et dominée légèrement par les femmes. La population de la province est composée de 52,12% des jeunes de moins de 20 ans alors que les personnes âgées de 65 ans et plus comptent pour moins de 3%. La prépondérance des jeunes dans la province du Kongo Central, adultes de demain, souligne la nécessité pour les autorités du pays de disposer de plus de moyens pour assurer leur prise en charge en termes d’alimentation, l’éducation, les sons de santé et surtout des opportunités d’emplois décents. En outre, le nombre des femmes dans la province représente 51% de la population. Le pourcentage de femmes en âge de reproduction (15 – 49 ans) est de 23% et celui des enfants de moins de 5 ans de 15%, ce qui correspond à un ratio de près de 0,65 enfant par femme en âge de procréation. La pyramide des âges (voir graphique 22) ci-dessous permet de constater, pour la population féminine, un gonflement des effectifs à 10 – 14 ans, au détriment du groupe d’âge 5 – 9 ans.

54 Graphique 22. Pyramide des âges de la population du Kongo Central

20 15 10 5 0 5 10 15 20 Hommes Femmes

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

Tableau 14. Répartition de la population selon la structure d’âge et le milieu de résidence

Population (%) Milieu Urbain Milieu Rural Ensemble 56,26 43,74 100 Structure par âge (%) - de 0-14 ans 40,2 43,6 41,7 - de 15-59 ans 54,4 49,1 52,1 - de 60 ans et plus 5,4 7,3 6,2 dont Femmes (%) 50,8 51,18 50,97 Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

69. La dépendance démographique est de niveau assez élevé dans la province. L’enquête 1-2-3 a montré que 41,7% de la population a moins de 15 ans. Si on ajoute à ce taux, le nombre des personnes âgées de 65 ans et plus, on obtient près de 48% de la population sous dépendance sur le plan économique. Cela traduit la charge qui pèse sur la population adulte (15-59 ans), soit 92 individus potentiellement inactives à la charge de 100 adultes. En milieu rural, cette situation est encore plus accentuée car plus de 50% des personnes potentiellement inactives sont économiquement à prendre en charge par les 49,1% restant. Ceci souligne une autre dimension de vulnérabilité, celle de la solidarité intergénérationnelle. La mesure des efforts à fournir par les personnes en âge de travailler pour la prise en charge des personnes plus âgées et des enfants de moins de 15 ans tient compte des opportunités d’emplois lucratifs dans la province et de la solidarité de la collectivité et de la famille, et peut constituer un frein pour permettre à la catégorie des personnes actives d’accumuler l’épargne nécessaire pour des investissements dans le futur. En plus des inactifs liés à l’âge, il y a aussi ceux qui le sont pas le fait du chômage. Il s’agit de la population potentiellement active (15-59 ans), qui sont devenu inactif pour des raisons de la scolarité (50,7%), invalidité ou maladie (6,3%) ou parce qu’étant femmes au foyer (15,5%). Pour cette catégorie de

55 la population, la majeure partie (93%) est prise en charge par leur famille ou autre personne en l’absence des structures étatiques de prise en charge dans le pays. Ce qui souligne le rôle majeur que joue la solidarité intra et interfamilial dans la province.

70. Les hommes contrôlent la majeure partie des ménages alors que les femmes chefs de ménages sont bien au-dessus de la moyenne nationale. Au niveau du Kongo Central, on compte 22,8% des ménages dirigés par les femmes. Ce pourcentage est supérieur à la moyenne nationale de 19,8%. Ce pourcentage est supérieur à la moyenne nationale. Les femmes chefs de ménage sont plus fréquentes en milieu urbain (11,55%), et en milieu rural ce pourcentage est de 7,06% (INS, 2012), ce qui reflète dans une certaine mesure la tendance à une grande autonomisation plus marquée des femmes urbaines, dans un contexte où les valeurs modernes influent petit à petit sur les rôles et responsabilité des femmes aussi bien dans le ménage qu’en dehors.

1.11.3. Un marché d’emplois étroit à l’instar du pays face à une forte demande

71. Le manque de travail constitue la principale cause de la pauvreté pour les ménages au Kongo- Central. Les ménages dans la province, dans leur grande majorité, considèrent le travail comme principal moyen d’élimination de la pauvreté. En effet, près de 74% d’entre eux pensent que le manque de travail constitue la première cause de la pauvreté dans la province. Cette cause est moins déterminante en milieu rural qu’en milieu urbain. En milieu rural, il n’y a que 66,79% des ménages à considérer que le manque de travail est la première cause de la pauvreté contre 72,88% en milieu urbain. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’en milieu urbain, les habitants se tournent généralement dans « le travail » des sociétés ou de l’administration alors que les ruraux ont une préférence pour les activités agricoles individuelles, Ils sont juste 3,39% des ménages à penser que les causes non économiques telles que la sorcellerie ou la paresse constituent les principales causes de pauvreté (4,19% pour les ménages ruraux contre 2,66% des ménages urbains). Finalement, la corruption et la mauvaise gestion ne sont évoquées que par 5,38% des ménages comme première cause de pauvreté. Cependant, cette cause semble beaucoup plus préoccuper les ménages urbains (7,97% des ménages) que ceux du milieu rural (2,53% des ménages).

56 Tableau 15. Causes principales de la pauvreté selon le milieu (en % des ménages) Déterminants de la pauvreté Milieu de résidence Urbain Rural Total Manque de travail 72,88 66,79 73,68 Mauvaise gestion/Corruption 7,97 2,53 5,38 Insuffisance des revenus 4,93 7,77 6,28 Manque d’instruction 1,14 6,09 3,49 Autres multiples raisons 13,08 16,82 11,17 Total 100,00 100,00 100,00 Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

72. Le marché de l’emploi reste caractérisé par un fort taux d’activité. Le taux d’activité pour la province du Kongo Central est estimé à 53% dans son ensemble, légèrement en dessous de la moyenne nationale (56% pour la RDC). Cela veut dire que sur 10 personnes potentiellement actives, un peu plus de cinq sont actives, c’est-à-dire présentes sur le marché du travail pour travailler ou pour chercher du travail. Selon le genre, le taux d’activité pour les hommes est de 55,8% contre 50,3% pour les femmes, et ce taux varie selon le milieu de résidence : il est légèrement plus élevé en milieu rural pour les femmes (67,6% pour les femmes contre 62,9% pour les hommes) (voir Tableau 16). Egalement, le taux d’occupation ou taux de participation est 48,2%. Cela veut dire que dans la province, seulement 5 personnes en âge de travailler sur dix occupent effectivement un emploi. Ce taux global cache une disparité entre le genre et le milieu de résidence : la proportion des occupés à la population en âge de travailler est plus importante chez les hommes urbains (43,6% des hommes contre 28,8% des femmes en milieu urbain) alors que les femmes rurales sont plus nombreuses à occuper effectivement un emploi (67,2% des femmes contre 61,8% des hommes).

Graphique 23. Taux d’activité selon la tranche Graphique 24. Taux d’activité selon la tranche d’âge et le milieu de résidence (%) d’âge et le genre (%)

Taux d'activité selon la tranche d'âge et le milieu de residence au Kongo-Central Taux d'activité selon la tranche d'âge et le sexe au Kongo-Central

15

20

15

10

10

5

5

0

0

10 - 14 15 - 19 20 - 24 25 - 29 30 - 34 35 - 39 40 - 44 45 - 49 50 - 54 55 - 59 60 - 64 65 - 69 70 et + 10 - 14 15 - 19 20 - 24 25 - 29 30 - 34 35 - 39 40 - 44 45 - 49 50 - 54 55 - 59 60 - 64 65 - 69 70 et + urbain rural Hommes Femmes

Source: Enquête 1-2-3 National, Phase 1, 2012, INS Source: Enquête 1-2-3 Nationale, Phase 1, 2012, INS

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

57 73. Le taux de dépendance défini comme le rapport entre l’ensemble des personnes au chômage, les personnes inactives de 10 ans et plus, auxquelles sont ajoutées les personnes de moins de 10 ans et la population active occupée, donne le nombre moyen de personnes à la charge d’un actif occupé. Ce taux est de 1,9 dans l’ensemble de la province, indiquant qu’une personne active occupée a en charge près de deux personnes inoccupées. De ce point de vue, la dépendance pèse inégalement selon le milieu de résidence et le genre : elle est plus pesante pour les femmes en milieu urbain (3,7 contre 1,1 pour les femmes en milieu rural).

Tableau 16. Taux d’activité, de participation et de dépendance selon le sexe et le milieu de résidence au Kongo-Central Genre Milieu Urbain Milieu Rural Ensemble Taux d’activité Hommes 50,5 62,9 55,8 Femmes 37,4 67,6 50,3 Taux de participation Hommes 43,6 61,8 51,3 Femmes 28,8 67,2 45,3 Taux de dépendance Hommes 2,2 1,3 1,75 Femmes 3,7 1,1 2,04 Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

74. L’entrée précoce des enfants sur le marché du travail est une réalité dans la province et les filles sont bien plus touchées que les garçons par ce problème. Le Kongo-Central, avec 6,8% de la population des 10 ans et plus accueille 9,1% des actifs du pays. Le taux d’activité pour la tranche d’âges de 10 à 14 ans s’établit à 1,6% dans son ensemble. Ce taux est de 1,8% pour les filles de cette tranche d’âge contre 1,4% pour les garçons. Le taux d’activité est dominant pour la tranche d’âge de 35 ans à 44 ans selon le genre et le milieu de résidence.

75. La structure de l’emploi, essentiellement agricole traditionnel et faiblement industriel, dans la province souligne une certaine fragilité. Plus de 58,4% des actifs occupés sont en effet employés dans l’agriculture, 32,5% dans le commerce et les services et 9% dans l’industrie. Cependant, la structure par branche des emplois diffère nettement selon le milieu de résidence des actifs. En milieu urbain, c’est le secteur tertiaire qui prédomine, regroupant plus de 60% des emplois. En milieu rural, c’est bien évidemment l’agriculture qui prédomine, mobilisant près de 84% de la main d’œuvre contre un peu plus de 9% pour le secteur tertiaire et moins de 7% pour l’industrie. Sur le plan institutionnel, l’emploi dans le secteur informel prédomine avec 83,6% des actifs dans la province, variant de 69% dans le milieu urbain et de 94,5% en zone rurale. Le secteur public (administration et parapublic) occupe près de 12% des emplois dans la province. Enfin, 4% des actifs travaillent dans le secteur privé formel. Alors que ce secteur est peu représenté en milieu urbain (8,28%), il est quasiment inexistant en milieu rural (0,89%).

58 Graphique 25. Structure des emplois par secteur institutionnel et par secteur d’activité

80.0 90.0 Kongo Central, emplois selon Kongo Central, emplois selon 70.0 le secteur institutionnel 80.0 le secteur d'activité 60.0 70.0 60.0 50.0 50.0 40.0 40.0 30.0 30.0 20.0 20.0 10.0 10.0 0.0 0.0 Administration Parapublic Privé formel Informel non Informel Primaire Industrie Commerce Services agricole agricole

Milieu Urbain Milieu Rural Ensemble Milieu Urbain Milieu Rural Ensemble

Source : Auteurs sur base de l’enquête 1-2-3 de 2012, INS

76. Le niveau chômage dans la province n’a pas beaucoup changé et reste essentiellement un phénomène urbain, en dépit de sa sous-estimation par les chiffres officiels. Le taux de chômage dans la province est situé à 2,8% de la population en 2012, chiffre inférieur à la moyenne nationale de 4,5%. Cependant, ce niveau obtenu au sens strict du BIT n’est pas le reflet de l’image exacte ni du pays, ni de la province, et serait même plus important si les mécanismes de prise en charge collective des personnes sans emploi étaient efficaces et si les chômeurs découragés se décidaient de se prononcer. En dépit de leur sous-estimation, ces chiffres soulignent tout de même des disparités importantes sur le chômage plus élevé en milieux ruraux de 0,7% qu’en milieux urbains de 10,4%. Ces disparités sont aussi importantes pour le taux de chômage selon le sexe (2,6% en moyenne pour les femmes contre 3,0% pour les hommes) et les tranches d’âge ; lesquelles disparités apparaissent pour les tranches d’âge entre 35 et 39 ans en défaveur des hommes et deviennent Graphique 26. Taux de chômage par groupe d’âge et par genre importantes entre 40 et 49 ans en Taux de chômage selon le genre au Kongo-Central défaveur des femmes, tranches 14

12 d’âges qui sont les plus frappées par

10 le chômage dans la province.

8

Cependant, les autorités de la 6

province font parfois référence à la 4

forte présence des travailleurs à 2 temps partiels dans la Ville de Matadi 0 15 - 19 20 - 24 25 - 29 30 - 34 35 - 39 40 - 44 45 - 49 50 - 54 55 - 59 60 ans et + pour certaines de grandes Hommes Femmes

Source: Enquête 1-2-3 entreprises publiques et dans les sociétés de Télécommunication. Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012

59

77. Le nombre élevé de sous-emplois aussi bien dans la province que dans le pays traduit les tensions importantes qui existent entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Il s’agit d’apprécier les tensions sur le marché du travail par le nombre d’emplois à temps partiel et/ou celui des emplois dont la rémunération horaire est inférieure à un salaire jugé minimum pour vivre. Ce qui se justifie dans un contexte des opportunités d’emplois formels limitées. En effet, 5,2% des actifs dans la province travaillent moins de 35 heures par semaine, contre 6,3% au niveau national. Partant du taux de chômage au sens BIT (2,8%) et en tenant compte de 69 % des actifs occupés gagnant par heure, et dans l’ensemble de leurs emplois, moins que le salaire horaire minimum actualisé, on obtient alors ce que l’on pourrait qualifier de sous-emploi global dans la province de 71,3% contre 74,4% au niveau national.

Graphique 27. Taux de chômage et de sous-emploi en RDC et dans le Kongo Central

Taux de chômage au sens de BIT Indicatrice de sous- selon le milieu et selon le sexe, en % emplois global, en % 12.0 11.1 10.4 74.4 10.0

8.0

6.0 5.4 4.5 3.6 4.0 3 71.3 2.6 2.8 2.0 1.4 0.7 0.0 Rural Urbain Femmes Hommes Total

Kongo Central RDC Kongo Central RDC

Source : Calculs des auteurs sur base des données de l’enquête 123, 2012 ** Sous-emploi global a été calculé par l’INS comme la somme sans double compte du sous-emploi visible (moins de 35 heures par semaine) du sous-emploi invisible et du chômage au sens du BIT (en % de la population active).

60

CONSIDERATIONS FINALES : Tirer profit des opportunités de la province pour relever les défis de son développement économique et réduire la pauvreté

61 78. Comme mentionné ci-dessus, l’économie de la province du Kongo Central a enregistré des progrès substantiels depuis la mise en place de la décentralisation en RDC en 2006. Ces progrès sont expliqués notamment par la dynamique des activités portuaires qui ont fourni plus de la moitié des recettes au gouvernement provincial mais qui restent assez vulnérables du fait de leur dépendance au commerce international (exportation/importation), dans un contexte où les défis d’amélioration des conditions de vie de la population demeurent importants et plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Relever les défis de la diversification de l’économie et de la réduction de la pauvreté exige de bâtir sur les opportunités et les atouts de la province, tout cela dans un contexte d’amélioration des ressources propres et du respect des dispositions légales des transferts des ressources du central à la province.

 Exploiter le potentiel agricole de la province et lever les contraintes à sa relance par le développement des chaines de valeur des filières clés.

79. Partant à son potentiel agricole, les politiques devraient se fonder sur la généralisation d’une approche par les chaînes de valeur dans le développement des filières agricoles potentielles. Les autorités devraient travailler sur une meilleure connectivité entre les zones rurales et la route nationale numéro 1 qui sert d’évacuation des produits vers Kinshasa et d’autres villes. Une approche basée sur les chaînes de valeur dans les filières de production dont la province a un avantage comparatif serait mieux indiquée qu’une approche plus globale qui risque de passer outre les vraies difficultés des filières importantes. Des actions publiques concertées avec le secteur privé et les organisations paysannes devraient permettre d’identifier et d’adresser les contraintes auxquelles ils font face en vue de leur participation efficace à la production. La mise en place d’un parc agroindustriel à Luozi telle qu’envisagée par le pouvoir central devrait s’appuyer non seulement sur la réhabilitation des routes de desserte agricole mais aussi compléter les efforts déjà entrepris dans le cadre du projet de développement des pôles de croissance (PDPC) à travers les six pôles nodaux implantés dans les territoires et districts de la province (Boma, Lukula, Tshela, Kimpese, Mbanza-Ngungu et Inkisi).

 Moderniser et réformer les infrastructures portuaires et des transports pour tirer profit de position géographique favorable et améliorer les échanges commerciaux et culturels.

80. Pour tirer profit de son atout d’accès à l’océan, la modernisation des ports de la province, en plus de réformes à mettre en œuvre, constituent la première étape d’efforts pour la réduction des coûts dans les ports de la province et accroitre le niveau des trafics commerciaux. L’ampleur des échanges internationaux soulève des enjeux nouveaux qui mettent les ports de la province en concurrence avec les autres ports du continent et aussi du monde. L’entrée en lice des grands navires et l’augmentation des trafics conteneurisés intensifient la pression en faveur de meilleurs installations portuaires dans la province et l’amélioration conséquente de l’efficacité de ses ports afin de jouer le rôle de connexion avec le monde sur le plan de l’offre et de la demande de biens. Cependant, l’extension du port de Matadi est

62 rendue difficile pour des raisons topographiques, les rives sont marécageuses et le tirant d’eau est faible à certaine distance du bief maritime. Les politiques publiques devraient se concentrer non seulement sur l’efficacité et la fluidité des solutions logistiques des ports mais également sur leur intégration avec les systèmes de transport vers le reste de la province et la capitale du pays. Les opérations d’inspection et de traitement des dossiers de dédouanement devraient être simplifiées ; ce qui libérerait l’espace pour l’accostage des navires. La participation du secteur privé dans la gestion des ports pourrait être une option.

81. Le projet de construction de Port en eau profonde à Banana devrait apporter des solutions efficaces à l’augmentation des trafics des ports et de l’augmentation des échanges commerciaux. Les autorités estiment que la construction du port en eau profonde sur le littoral du Kongo Central à Banana favorisera l’accostage des navires de grands tonnages et ouvrirait la voie aux activités commerciales de grande envergure. La baie de Banana dispose d’un vaste plateau littoral situé au nord de l’embouchure du fleuve Congo. L’intérêt manifesté par le Gouvernement congolais de construire un nouveau port en eau profonde de Banana à Moanda remonte à plusieurs années. Le projet, en cours d'examen, est couteux. Plusieurs études de faisabilité ont déjà été conduites (Tshobo, 2011)17. Et toute les estimations qui ont été faites par le passé, indiquent les coûts de construction respectivement, à environ 300 millions USD pour le port en eau profonde de Banana et autres travaux connexes; et environ 500 millions USD pour le chemin de fer Matadi - Banana18. En dépit des contraintes existantes, Matadi devrait être susceptible, par des modernisations successives, d'assurer tout le trafic commercial. Ainsi, le bras de Mer entre l’océan et Matadi nécessite un dragage efficace alors qu’une amélioration de gestion des Ports, des voies maritimes et ferroviaires s’impose par l’introduction du Partenariat Public Privé.

 Poursuivre le développement des ressources énergétiques variées pour desservir le pays et une grande partie de l’Afrique

82. La dotation de la province en ressources énergétiques abondantes est une source potentielle de revenus à la fois pour le pays tout entier et pour la province. Ses capacités à répondre au besoin du continent en matière de l’énergie hydroélectrique constitue un pilier important susceptible de revitaliser la croissance de l’économie et une source des revenus d’exportation pour le pays. Cependant, ce souci d’exportation ne doit occulter l’objectif de répondre aux besoins internes de l’économie d’une part, et de la population d’autre part. Dans une perspective de réduction de la pauvreté et de développement, l’amélioration de l’accès à l’hydroélectricité pour les ménages, les infrastructures publiques telles que les écoles et les cliniques, ainsi que les entreprises, qui dépendent sinon de la production dispendieuse de

17 Tshobo Nduka, Jean-Felix, Le port de Matadi et les problèmes de sa viabilité: Plaidoyer en faveur de la construction d'un port en eau profonde à Banana en RD Congo, Editions Universitaires Européennes, décembre 2011. 18 Les dernières études menées avec l’appui Sud-Coréen ont estimé le coût global de la construction de ce port à 474 millions USD, dont près de 150 millions devraient servir à la voirie et drainage.

63 générateurs individuels d’énergie fossile, sont des priorités pour le développement et l’environnement (Banque mondiale, 2012). Étant donné les défis logistiques et financiers associés au transport des combustibles liquides, les petites centrales hydroélectriques (au fil de l’eau), biomasses (associées à l’industrie du bois) sont probablement des sources de production plus rentables dans les villes secondaires et devrait de fait être encouragées.

83. La province constitue aussi une mosaïque de sites historiques et culturels intéressants pour une approche touristique. Sa proximité avec Kinshasa et le niveau relativement meilleur des infrastructures (routes, électricité, possibilités de logements) par rapport aux autres provinces du pays lui donnent une valeur ajoutée. La disponibilité d’un patrimoine riche avec des plages, une faune et une flore variées ainsi que des attractions naturelles et culturelles sont des atouts majeurs dont disposent la province pour faire du tourisme un vecteur de croissance économique et de création d’emplois. D’après la Banque mondiale, le tourisme est à la base 8,8% d’emplois dans le monde. On dénombre 113 sites touristiques non classés et 55 sites classés dans la province, dont notamment la Réserve de biosphère de Luki, le barrage d’Inga, le jardin botanique de Kisantu, les grottes aux poissons aveugles, quelques belles chutes d’eau (Zongo, Vampa, Inga), les parcs marin, des tombes funéraires d’une grande beauté, des plages aux cocotiers (Moanda, Nsiamfumu, Banana, Matadi), les mangroves de palétuvier, etc, ainsi que la présence de quelques espèces animales ou animaux endémiques (espèces bonobos, Lamentin, Buffles, …). Tout ce patrimoine ne peut être profitable pour le tourisme que si les infrastructures sont adéquates, les moyens de transports sont fiables, l’hébergement est de haute qualité et que les communautés locales sont accueillantes envers les visiteurs.

 Renforcer et créer des capacités de la gouvernance locale pour permettre à l’Etat de mieux jouer son rôle et développer le secteur privé au niveau de la province.

84. La qualité de la gouvernance est un des facteurs déterminants des perspectives de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Un programme de gouvernance au niveau provincial est essentiel pour renforcer l’efficacité des institutions et utiliser de manière optimale les ressources physiques, humaines, naturelles et financières pour assurer une croissance économique soutenue pour les populations du Kongo Central. Un paquet minimum de mesures de gouvernance dans les provinces ont été ainsi mises en place avec l’appui d’une équipe conjointe gouvernement central et la Banque mondiale (voir encadré 5). Ces réformes comportent des mesures de gouvernance dans les domaines économique, administratif et institutionnel. Un suivi régulier avec le soutien des instances nationales, telles que le Comité technique de suivi des réformes (CTR) devrait permettre le succès de cette expérience et d’en faire un modèle pour les autres provinces du pays. En outre, la province du Kongo Central procède depuis 2013 à l’évaluation des conditions auxquelles sont soumises les entreprises pour œuvrer dans la province, à travers une Commission Provinciale pour l’Amélioration du Climat des Affaires et des Investissements (CPCAI/BC) visant à suivre les réformes dans ce domaine. En effet, le secteur privé reste

64 dynamique au Kongo Central, mais fait face à des difficultés qui mènent au final à des coûts de production élevés et à une faible compétitivité des produits locaux face aux produits importés. Le climat des affaires souffre également de la présence de plusieurs services centraux y compris des services de sécurité dans les frontières et qui font divers prélèvement illégaux. A ce sujet, les autorités de la province estiment qu’il s’agit également d’un problème de déficit communicationnel et de redevabilité entre tous les services dont elles tentent de régler à travers l’organisation permanente des concertations. L’attrait des investissements privés est également essentiel pour combler les besoins énormes en capitaux et en expertise opérationnelle qu’exige le développement des infrastructures pour tirer profit des potentiels agricoles, énergétiques et des activités portuaires dans la province. A cet égard, la loi sur le partenariat public-privé devrait apporter des réponses positives aux préoccupations.

Encadré 5. Paquet minimum des mesures de gouvernance dans les provinces

La Banque mondiale entend s’engager dans un partenariat avec les autorités provinciales pour le renforcement des capacités humaines et institutionnelles articulé autour de quatre principaux axes: (i) macroéconomie et étude prospective ; (ii) appui à la gestion des finances publiques, y compris à la structure provinciale de mobilisation des recettes ; (iii) appui à l’appareil statistique, (iv) appui à l’amélioration de la gouvernance. Ce partenariat vise l’efficacité de l’action gouvernementale et le renforcement des capacités en Gestion Axée sur les Résultats. Il s’agit essentiellement d’un paquet minimum d’activités qui pourrait bénéficier de l’appui technique et/ou financier des bailleurs de fonds, y compris la Banque mondiale et consiste à retracer des mesures cruciales dont la province a besoin dans les domaines économique, administratif et institutionnel afin d’impulser et de soutenir la dynamique de changement. Dans cet ordre d’idée, un volet sur l’amélioration du climat des affaires est développé avec l’appui technique de la Société Financière Internationale du groupe de la Banque mondiale. Au niveau institutionnel, une approche de gestion axée sur les résultats avec des plans de performance et des lettres de missions signées par le Gouverneur de la province et assignées à chaque membre de son gouvernement est proposée aux autorités provinciales. Cette approche consiste à assigner à chaque membre du gouvernement des objectifs en termes de réalisation pour un exercice budgétaire donné. Les premières lettres de mission et les plans de performance ont signés depuis mars 2014. Et une revue périodique a été planifiée. Plusieurs séminaires gouvernementaux avec les autorités provinciales furent organisés par le Secrétariat national de renforcement des capacités (SENAREC) avec l’appui de la Banque mondiale, notamment dans les ex provinces orientale, du Kasaï-Oriental, du Katanga, et les provinces du Sud-Kivu, Kongo Central et de Kinshasa, lesquels ont abouti à une feuille de route sur la gestion axée sur les résultats (GAR). En ce qui concerne les finances publiques des provinces et au niveau local, des efforts sont fournis par la plupart des provinces pour préparer régulièrement, dans le respect des dispositions de la loi en vigueur en RDC, le budget de la province et produire annuellement un rapport de son exécution pour son dépôt à la Cour des comptes et adoption à l’Assemblée provinciale. Aussi, une approche méthodologique dans le cadre d’une plateforme minimale pour l’amélioration de la gestion des finances publiques en province a été proposée sous la coordination du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF). Cette plateforme prévoit un état des lieux du système de gestion des Finances Publiques dans la province, l’identification des besoins prioritaires, l’adoption d’une feuille de route pour sa mise en œuvre. Celle-ci est sensée aboutir à la mise en place d’une chaîne de la dépense dans la province. En outre, pour l’amélioration de la transparence dans la gestion des finances publiques, des structures de passation des marchés, de contrôle et de régulation des marchés publics dans la province doivent être mises en place et le personnel clé chargé de leur animation recruté. A ce jour, toutes les provinces ont déjà pris des édits sur les marchés publics dans la province et ont institué des Directions Provinciales de Contrôle des Marchés publics (DPCMP). Pour les provinces disposant des riches ressources naturelles, il est important que les fruits tirés de ces ressources fassent l’objet d’un certain niveau de transparence. Le processus de cession des titres et actifs sur les ressources naturelles devrait faire l’objet d’une procédure compétitive et les informations y relatives ainsi que celles sur les recettes mobilisées être rendues publiques.

65 Annexes

Tableau 17. Liste des agences provinciales de collecte des recettes Province Agences provinciales Date de mise Recettes propres en place réalisées en 2013 ($US millions) Bandundu Brigade des Recettes du Bandundu 2009 5.2 Kongo Central Régie Provinciale d'Encadrement et de Recouvrement des Recettes 2007 16.4 (DGR/KC) Equateur Direction Générale des Recettes de la Province de l'Equateur 2009 nd Kasaï Occidental Direction Générale des Recettes du Kasaï Occidental (DGRKOC)1 2009 24.6 Kasaï Oriental Direction Provinciale de Mobilisation des Recettes (RMR) 2008 3.7 Katanga Direction des Recettes du Katanga (DRKat) 2009 244.3 Kinshasa Direction Générale des Recettes de Kinshasa (DGRK) 2008 50.6 Maniema Direction Générale des Recettes du Maniema (DGRMA) 2009 0.6 Nord-Kivu Direction Générale des Recettes du Nord-Kivu (DGR / NK) 2009 6.7 Orientale Direction Générale des Recettes de la Province Orientale (DGRPO) 2008 6.1 Sud-Kivu Direction Provinciale de Mobilisation et Encadrement des Recettes 2009 5.7 (DPMER) 1/Ancienne Brigade de Mobilisation des Recettes (BMR). Source : Cour des Comptes (Redditions des comptes des budgets des provinces, 2013)

66 République Démocratique du Congo Province du Kongo Central Tableau 2. Opérations financières de la Province (TOFP)

En millions francs congolais 2010 2011 2012 2013 2014

RECETTES ET DONS 110,708.2 143,554.2 205,851.5 255,956.1 218,020.0 I. RECETTES 54,018.9 72,381.4 76,686.2 104,539.0 105,639.2 Recettes totales hors budgets annexes 47,299.4 67,392.1 73,559.3 95,477.2 105,639.2 Solde reporté 1.2 0.0 0.0 0.0 0.0 Recettes à caractère national 15,740.1 14,568.3 16,777.2 19,460.7 21,911.9 dont Quotité recettes pétrolières 0.0 0.0 703.1 232.5 930.0 Recettes d'intérêt commun 6,028.1 4,747.8 5,189.0 5,829.1 6,528.6 Taxes spécifiques 2,486.2 7,079.9 7,338.3 9,293.5 16,325.8 Recettes exceptionnelles 527.7 698.9 993.4 6,535.6 13,176.9 Budgets annexes 6,719.6 4,989.3 3,126.9 9,061.8 0.0 Transferts fonctionnement aux services déconcentrés 0.0 101.7 114.1 395.3 304.1 Transferts salaires autres serv.déconcentrés 3,342.9 4,826.2 5,085.4 6,243.2 7,471.3 Transferts salaires services décentralisés 17,761.2 25,505.9 29,003.4 32,920.6 37,314.3 Recettes à caractère national pour les investissements 1,412.0 9,863.4 9,058.5 14,799.3 2,606.3

II. DONS 56,689.3 71,172.8 129,165.3 151,417.1 112,380.8 Pour financement de dépenses courantes 20,299.4 15,066.3 31,246.4 32,743.7 19,706.2 Pour financement d'investissements 36,389.9 56,106.5 97,919.0 118,673.4 92,674.6 Dons Exterieurs en capital directs a la province 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

DEPENSES TOTALES 110,708.2 137,726.2 208,625.2 273,080.8 212,704.8 I. DEPENSES COURANTES 66,750.9 64,843.9 93,884.9 110,156.4 100,601.2 Salaires personnels provinciaux et deconcentres 25,062.2 33,545.2 43,069.0 48,403.7 54,819.6 Salaires fonctionnaires provinciaux 3,958.1 3,213.1 8,980.1 9,240.0 10,034.0 Salaires Education 12,764.5 18,455.3 21,427.4 24,392.7 27,838.3 Salaires Santé 4,305.5 6,164.1 6,645.7 7,544.8 8,339.2 Salaires Agriculture 691.2 886.5 930.3 983.0 1,136.8 Salaires autres personnels deconcentrés 3,342.9 4,826.2 5,085.4 6,243.2 7,471.3 Biens et matériels 1,720.0 1,049.7 926.1 1,394.4 1,628.5 Dépenses de prestations 3,574.4 6,237.5 6,525.9 8,315.5 10,209.1

Arriérés intérieurs (personnel, fournisseurs, etc) 233.9 410.4 0.0 0.0 0.0 Frais financiers sur dette publique 114.6 1,917.2 2,912.4 1,240.9 1,741.1 Transferts et interventions 12,386.6 4,021.3 7,527.6 13,132.1 12,192.6 Transferts et interventions iternes 12,386.6 4,021.3 3,583.5 6,179.0 7,971.6 Dotation à l'Assemblée provinciale 3,421.0 3,421.0 3,421.0 Transferts aux ETD 523.1 3,532.1 800.0 Frais de fonct. subventionnés par l'Etat 0.0 101.7 114.1 395.3 304.1 Dépenses ordinaires du budget annexe 3,359.8 2,494.7 1,563.4 4,530.9 0.0 Dépenses ordinaires financés par dons 20,299.4 15,066.3 31,246.4 32,743.7 19,706.2 dont: aide humanitaire 442.7 8,959.2 5,588.5 0.0 0.0

II. DEPENSES EN CAPITAL 43,957.3 72,882.3 114,740.3 162,924.4 112,103.6 Sur ressources propres, y.c. budget annexe 7,567.4 16,775.8 16,821.4 44,251.0 19,429.0 Dont: Budget annexe 3,359.8 2,494.7 1,563.4 4,530.9 0.0 Sur resources propres de la province 2,795.6 4,417.7 6,199.4 24,920.7 16,822.6 Investissements sur Transfert aux Provinces et ETD 1,412.0 9,863.4 9,058.5 14,799.3 2,606.3 Sur ressources extérieures 36,389.9 56,106.5 97,919.0 118,673.4 92,674.6

Solde global 0.0 5,828.0 -2,773.7 -17,124.7 5,315.2 FINANCEMENT 0.0 -5,828.0 2,773.7 17,124.7 -5,315.2 Prets Exterieurs du Gouvernement central à la province 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 Financement intérieur 0.0 -5,828.0 2,773.7 17,124.7 -5,315.2

Pour mémoire PIB (chiffres préliminaires) 1,500,347.7 1,715,934.0 1,909,660.6 1,956,984.4 2,135,006.2 Budget total de la province 24,782.0 27,094.9 30,297.8 41,118.9 57,943.1 Transferts centraux 15,740.1 14,568.3 16,777.2 19,460.7 21,911.9 Recettes propres 9,041.9 12,526.6 13,520.6 21,658.2 36,031.3 Recettes d'intérêt commun 6,028.1 4,747.8 5,189.0 5,829.1 6,528.6 Taxes spécifiques 2,486.2 7,079.9 7,338.3 9,293.5 16,325.8 Recettes exceptionnelles 527.7 698.9 993.4 6,535.6 13,176.9

Part des transferts dans le budget total de la prov. en % 63.5 53.8 55.4 47.3 37.8 Budget total par tête d'habitant 6,537.0 6,912.1 7,475.1 9,811.2 13,371.0 Variation en % du budget prov 33.2 9.3 11.8 35.7 40.9

67 Figure 2: Cadre opérationnel de cohérence des activités relatives au développement des chaînes de valeur dans les filières manioc, riz et huile de palme

Assistance technique Etudes de faisabilité, Plans ONUDI d’opérations et revue qualité CHAÎNE SEMENCIÈRE

INERA Production des semences de PLATEFORME DE PRE- PRODUITS de base à mettre à la TRAITEMENT D’HUILE DE CONSOMMATION disposition des PALME INTERMEDIAIRE organisations villageoises NORMALISES Entreprises semencières • Approvisionnement • Usinage Ménages • Stockage Semences de recherches PME Agroindustries • Conditionnement • Emballage • Distribution MARCHES SENASEM • Administration

Accompagnement et Certification Mini PRODUITS BRUTS et Plateforme SEMI-TRANSFORMÉS Mini Plateforme Mini PLATEFORMES MULTISERVICES ET MULTIPRODUITS Services économiques Plate forme Services • Boutique de semences, engrais et de petits outillages ORGANISATIONS • Groupage des matériels et organisation de la collecte VILLAGEOISES économiques et évacuation; SEMENCIERES • Transformation primaire; Produits GIE Production des • Emballage et conditionnement; bruts semences à mettre à Semences • Conseil technique, formation et vulgarisation la disposition des commerciales • Information sur les marchés; • Facilitation d’accès à la microfinance et assurance, paysans SENASEM Certification etc. • Gestion administrative centralisée des activités Structuration et • Normalisation, métrologie et promotion de la professionnalisation qualité des paysans

FOPAKO

Source : Ministère des Finances/CFEF, note sectorielle pour l’opérationnalisation de la composante 1 du PDPC

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