LETTRE DE LA TRIBUNE DE SAINT-BARNARD Numéro 18
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LETTRE DE LA TRIBUNE DE SAINT-BARNARD Numéro 18 – décembre 2017 ISSN 2258-7640 - Dépôt légal à parution Les Amis de l’orgue de Saint-Barnard Romans - Drôme Certaines rencontres tiennent à de telles circonstances qu’on imagine mal, par la suite, qu’elles aient pu s’agencer de la sorte ! Ainsi, que notre secrétaire, Colette Bernard, ait côtoyé une dame d’une particulière importance après un concert donné à la collégiale Sainte-Croix de Montélimar ; qu’elle n’apprenne qu’ a posteriori , de Christiane Boué, la présidente des Amis de l’orgue du Temple de Valence, l’identité de cette dame ; que Fabienne Medurio, l’organiste de Sainte-Croix, nous dise ensuite que cette personne habite la Drôme et qu’elle pouvait facilement organiser une rencontre, voilà qui constituait un enchaînement assez exceptionnel. Car enfin, cette dame, Mme Agnès Mazeaud, n’est autre que la deuxième des trois enfants de Jehan Alain ! Pour tout dire, Jehan Alain a constitué l’une de mes premières découvertes dans le monde de l’orgue. J’avais acheté, chez les frères Chiron à Romans, les deux volumes de l’intégrale enregistrée chez Erato par Marie-Claire Alain à Belfort. Ces disques, j’ai dû les user jusqu’à la corde avant même de prêter une oreille à Bach ! Aussi, si j’ai longtemps retardé cette rencontre avec Mme Mazeaud, qui a eu lieu en février dernier, c’est sûrement parce que se formait difficilement pour moi l’idée que l’on pût rencontrer quelqu’un de si proche d’un personnage « historique », marqué qui plus est par un tel destin. Quelle bêtise ! Et quelle joie que cet entretien si émouvant qui a pu avoir lieu grâce à mes douces « entremetteuses », Fabienne, Christiane et Colette, que je n’aurais de cesse de remercier ! Il constitue la pierre angulaire d’un dossier consacré à Jehan Alain, établi sur deux Lettres , que nous dédions à la mémoire de Denis Alain, troisième enfant du compositeur, décédé en mars 2017. Frédéric Brun Président de l’association Association loi 1901 subventionnée par la Ville de Romans 5, rue des Trois Carreaux 26100 ROMANS [email protected] Le blog de l’association : orguessaintbarnard.unblog.fr Retrouvez nos activités sur : orgues.free.fr - ffao.fr - orgueenrhonealpes.fr Photo de l’orgue : Yann Montero Saison 2017 : haute volée ! Deux grands concerts ont marqué cette Guilhem-le-Désert, qui s’est livré à de saison et méritent d’ouvrir ce traditionnel nombreuses improvisations, notamment dans petit récapitulatif de nos activités. Tous les le registre arabo-andalou. deux nous avaient été proposés « clés-en- Moment musical qui mêle amateurs et main » mais n’en ont pas moins nécessité un professionnels, notre Marathon d’orgue a eu notable investissement de la part de nos lieu le 18 juin, entre 15h00 à 19h00. On a pu troupes. Ils ont permis de recevoir à Saint- entendre, dans un programme tout en Barnard des productions que nos seuls variété, Christiane Boué avec le flûtiste moyens nous interdisent du fait de l’ampleur Nathanaël Chauffour, Bernard Fouilland, de leurs besoins logistiques et humains. Tout Jean-Michel Petit avec le hautboïste Benito d’abord, le vendredi 26 mai, le Chœur et Arellano-Garcia, Muriel Gontard, Bernard l’Orchestre Adhémar, sous la direction de Bender et Frédéric Brun. Bernard Giulivi, avec Sylvie Giangrasso- Habitués ou venus pour la première fois, Bedrossian, soprano, Hélène Mazgaj, alto, les musiciens des Double Jeu !, toujours aussi Jonathan Halépian, ténor et Pierre Guiral, virtuoses, ont enthousiasmé le public. Ces basse, donnaient le Requiem de Mozart . Le superbes concerts, de haute volée, placent Quatuor Graziozo donnait un beau notre activité dans la cour des grands ! Il mouvement d’un Quatuor de Mozart, tandis faudrait raconter par le menu chacune des que Jean-Michel Petit adaptait à l’orgue une prestations à Saint-Barnard et à Saint- Fantaisie pour piano. Le vendredi suivant, le 2 Antoine-l’Abbaye. Paul Goussot, organiste de juin, l’Orchestre Allegro du Conservatoire à l’abbatiale Sainte-Croix, à Bordeaux, s’est rayonnement départemental de Valence- montré virevoltant notamment dans Romans-Agglomération, placé sous la Haendel ; Florent Gallière, professeur au direction de Didier Vadrot, donnait Conservatoire de Saint-Etienne, a maîtrisé le l’imposante et célèbre Troisième Symphonie fleuve musical qu’est l’immense « Ad nos… » avec orgue de Camille Saint-Saëns . de Liszt ; Hervé Désarbre, organiste de la Dominique Joubert, organiste de la chapelle du Val-de-Grâce à Paris, a enchanté cathédrale de Valence et professeur de la le public avec un programme original et classe d’orgue du CRD, tenait les claviers gourmand en hommage aux grandes figures après avoir fait entendre deux de ses élèves. féminines ; Vincent Bernhardt, professeur au Superbes moments applaudis par un Conservatoire de Metz, a démontré sa nombreux public, magnifiques succès, ces maîtrise de la musique baroque tout en deux concerts ont considérablement donnant des œuvres romantiques et contribué à renforcer la visibilité de notre modernes. Ces concerts sont un honneur et association et sa réputation dans le domaine une chance pour nous : notre tribune gagne des concerts classiques locaux. Saluons en notoriété et notre activité un surcroît de encore une fois, pour leur talent, les musiciens réputation de qualité musicale auprès du accueillis et remercions leurs structures pour public. la confiance qu’ils nous ont témoignée ! Les Intermezzo du titulaire ont permis Nos traditionnels Jeux d’orgue ont d’entendre, pour la saint Barnard, notre ami accueilli successivement Dominique Joubert, Maxime Heintz ; pour Pâques Maxime Patel, dans un programme mi léger, mi méditatif ; jeune et brillant concertiste qui remplaçait au Muriel Groz, organiste de l’église Saint-Bruno, pied levé Philippe Gueit, organiste de la à Voiron, et la mezzo Cathia Lardeau (venues cathédrale de Marseille ; pour la sainte Cécile à Romans pour la première fois) dans un (dimanche 19 novembre) et pour Noël (lundi original programme ouvert aux musiques 25 décembre), Frédéric Brun et Jean-Michel minimalistes ; Jean-Michel Petit, notre Petit ont offert au public des florilèges organiste titulaire, qui accompagnait le musicaux bienvenus. violoniste suisse Philippe Borer, spécialiste du rarissime archet courbe dont la Encore une belle saison ! démonstration a séduit le public ; Frédéric Encore mille mercis et Muñoz, organiste de l’abbatiale de Saint- mille bravos à tous nos invités ! 2 ourrait-on distinguer, finalement, ce qui nous attache le plus à la figure de Jehan Alain, compositeur au destin éphémère, éternellement jeune et désormais entré au Panthéon Pmusical ? Sa musique toujours si nouvelle, avant tout ; sa personnalité que de nombreux témoignages permettent de mieux circonscrire ; sa liberté ou son audace ; ses goûts et ses intérêts précurseurs ; ses aspirations ou les angoisses qui l’étreignirent… Tout cela le caractérise certainement, mais pas seulement. Jouer son œuvre requiert un engagement que l’auteur lui-même a sollicité, voire exigé. Elle interpelle toujours autant l’auditeur, plus de soixante-dix ans après la mort héroïque de son auteur, parce qu’elle s’exprime avec franchise et ne se fane pas, fruit d’un labeur de patient artisan et sismographe de l’âme vive d’un jeune homme sans cesse en mouvement… L’entretien exclusif que nous a accordé Mme Agnès Alain-Mazeaud a guidé l’organisation des deux Lettres de la tribune qui seront consacrées à Jehan Alain. D’abord cet entretien dont nous avons conservé l’intégrité (à l’exception de quelques digressions de la conversation qui ont été supprimées parce qu’elles n’apportaient pas d’élément significatif), précédé d’un petit rappel biographique de la famille Alain (orgue de salon compris…). Dans le prochain numéro, vous pourrez découvrir d’autres aspects du compositeur et de l’homme : une évocation des célèbres Litanies , œuvre majeure de Jehan Alain, un extrait du livre que Bernard Gavoty consacra à son ami juste disparu pour que ses enfants, tout jeunes, le connaissent, ainsi qu’un article inédit d’Aurélie Decourt, musicologue et historienne, nièce de Jehan Alain, que nous remercions chaleureusement pour sa confiance et sa vigilante collaboration à l’élaboration de ce dossier. La famille Alain Par Frédéric Brun ne citation de Marie-Claire Alain, enfants. C’est aussi un compositeur fécond souvent reprise, décrit bien mais un peu oublié. Marié à Magdeleine Ul’ambiance qui régnait dans la maison Alberty en 1910, Albert Alain est aussi resté du 46, rue de Pologne, à Saint-Germain-en- célèbre pour l’orgue qu’il construisit Laye, là où Albert Alain s’établit, fonda sa patiemment dans le salon de sa maison du 46, famille et construisit son fameux orgue de rue de Pologne à Saint-Germain-en-Laye, salon, et l’extraordinaire conjonction de entre 1911 et 1950. Outre Jehan (1911/1940) talents de cette famille : « Dans la maison et la cadette, Marie-Claire (1926/2013), la Alain, située dans la banlieue parisienne, où, fratrie Alain comprenait aussi Marie-Odile et durant toute mon enfance, j’ai entendu les Olivier. La seconde enfant du couple Alain eut sons simultanés d’un orgue de quatre claviers un destin tragique. Née en 1914, Marie-Odile et de deux ou trois pianos. Nous riions, perdit la vie, en 1937, lors d’un accident comme d’une bonne plaisanterie, de la phrase survenu à Argentière, dans les Alpes, où la « tous musiciens dans la famille », parce famille Alain possédait un chalet (c’est qu’elle apparaissait invariablement dans la d’ailleurs toujours le cas). On sait qu’une bouche des gens qui nous rencontraient pour la première fois. Et tous, les quatre enfants d’Albert Alain, nous nous lancions éperdument dans la musique. » Véritable ruche musicale, cette maison vit jaillir d’un milieu propice une extraordinaire fratrie de géniaux musiciens.