Dans la même collection :

VAGNEY, autour du Mettey - , d'hier à aujourd'hui EPINAL, un siècle d'images , la musique des images LE VAL D'AJOL - , à la croisée des chemins BOURBONNE-LES-BAINS, histoire d'eau

Le THILLOT - - LE MÉNIL, ]?Ut-sur- JVLo selle Georges Poull, historien, a déjà publié : A titre d'auteur-éditeur : L'abbaye de Dames nobles d'Epinal, des origines au XV]f? siècle. Epuisé La famille de Dommartin. - 1961. Epuisé Le château et les seigneurs de Bourlémont. Deux tomes (500 pages) Préface de Pierre Lyautey. Ouvrages couronnés par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et par l'Académie de Stanislas. - 1962 et 1964. Les cahiers d'Histoire, de biographie et de généalogie : 1. - La bataille de Bulgnéville. 2 juillet 1431. - 1965. Epuisé 2. - Robert sire de et sa famille. (xvie - xve siècles). Epuisé 3. - La Maison ducale de Lorraine. (400 pages) - 1968. Epuisé 4. - Les sires de La Fauche (XIIe - xve siècles) - 1969. Epuisé 5. - Gironcourt-sur-Vraine. Son château et ses seigneurs. - 1970. Epuisé 6. - Les sires de Parroye. (XIF - XV]f? siècles) Ouvrage couronné par l'Institut de - 1972 La Maison ducale de Bar. Tome 1er (942 - 1239). 1977 L'Industrie textile vosgienne (1765-1981) (475 pages). 1982 Fléville. Son château et ses seigneurs. 1988 Aux Editions France-Empire à Paris : Les . Terroirs de Lorraine. -1985. Ouvrage couronné par les Conseils Généraux de Lorraine. Aux Presses Universitaires de Nancy : La Maison ducale de Lorraine. 2e édition. Préface d'Hubert Collin. Ouvrage couronné par l'Institut de France. - 1991. (596 pages) La Maison souveraine et ducale de Bar. - 1994. (458 pages) Aux Editions Gérard Louis : Les Vosgiens célèbres. Ouvrage collectif. - 1990. Epuisé Aux Editions Serpenoise à Metz : Les fondateurs de l'industrie textile vosgienne. (1800 - 1870). - Septembre 1997.

@ Copyright 1997 : Editions Gérard Louis - 1, rue Stanislas Bresson - 88200 (F) Tous droits de reproduction, d'adaptation ou de traduction réservés pour tous pays. I.S.B.N. : 2-907016-70-9 Rupt-sur- Ferdrupt

Textes de Georges Poull Illustrations anciennes : Georges Poull, Hervé Girol et Hubert Lambert

Photographies de Gérard Louis

Le siècCe passant

Rupt-sur-Moselle et Ferdrupt au fil des siècles

es territoires respectifs des communes Rupt, , La Poirie, Reherrey et Franould, de Rupt-sur-Moselle, Dommartin-lès- situés dans la paroisse de Dommartin. Remiremont, Ferdrupt, et Vecoux Le ban de Longchamp voit le jour vers le constituaient autrefois le ban de milieu du viie siècle, peu de temps après la Longchamp qui a disparu au début de la fondation au sommet du mont Habend, nommé Révolution. De nombreux villages et hameaux plus tard le Saint-Mont, d'un monastère de étaient disséminés à travers cette vaste femmes et d'hommes. Ce dernier est l'œuvre de circonscription administrative, notamment dans Romaric et d'Amé que l'Eglise placera ensuite la vallée de la Moselle, zone de passage très au nombre des saints. Créé vers 620, il est fréquentée depuis l'époque romaine. Il y avait transformé notablement deux cents ans plus notamment Remanviller, Xoarupt, Liébauxard, tard, sous l'abbatiat d'Imma. Abandonnant la Ferdrupt, Saulx, Le Chêne, Longchamp, règle de saint Colomban, les moniales et les La Roche, La Dermanville, Lette, Rupt, le religieux qui chantent et prient jour et nuit dans Dessus-de-Rupt, Maxonchamp, Lépange qui ce sanctuaire adoptent la règle de saint Benoît faisaient partie de la paroisse Saint-Etienne, de le 11 mai 817. Le 17 mai de l'année suivante, elles font déposer les reliques des fondateurs de a pour centre une chapelle édifiée à droite de la leur établissement dans l'église du nouveau vallée de la Moselle à l'emplacement de l'église monastère qu'elles viennent de faire construire actuelle. Cet édifice religieux avec le cimetière dans la vallée. Elles s'installent dans celui-ci le clos de murs constitue l'aître. Dominant légère- 1er août 818. ment la vallée, cet ensemble sert de refuge Les Empereurs séjournent parfois dans la provisoire en cas d'attaque. Il est sans doute région au cours de cette époque lointaine. Leur utilisé de 910 à 940 lorsque les Hongrois, qui arrivée coïncide avec l'automne, saison des remontent la vallée de la Moselle, ravagent chasses. Les chroniqueurs contemporains notent toute la région à plusieurs reprises. avec soin ces déplacements. Ils nous appren- nent que Charlemagne est l'hôte de l'abbaye de Les seigneurs du ban Remiremont en 805. Louis le Pieux, son fils, y réside momentanément en 817, 821, 825, 831, de Longchamp 834 et 836. Lothaire l'imite en 849. Les ducs de Lorraine n'exercent pas La venue des comtes de Metz dans notre directement leurs prérogatives d'avoués du région marque un tournant dans l'histoire du monastère de Remiremont. Dès le début du monastère et de ses dépendances, à partir de la xiie siècle, la sous-avouerie générale des biens fin du Xe siècle. Adalbert, fils du comte Gérard de cet établissement religieux appartient à la est investi du duché de Lorraine en 1047. A la famille de Villacourt-Bayon qui les protège à suite de son décès survenu le Il novembre partir du château de Bruyères. Le souverain 1048, Gérard dit d', son frère, lui succède. lorrain lui a attribué cette charge en lui Il entre en possession notamment du comté de fournissant de nombreux avantages en argent et Remiremont, que ses descendants reprendront en nature. Il s'agit de seigneuries situées en fief de l'empereur, avec leur fonction ducale notamment dans la vallée de la Moselle. D'un et divers droits et avantages. Investi de autre côté, le versant gauche de celle-ci paraît l'avouerie du monastère établi en ces lieux et de avoir été placé sous la protection de la l'ensemble de ses biens, il en profite pour puissante lignée des sires de Faucogney, mettre la main sur la moitié de ceux-ci. Il fonde vicomtes de Vesoul vers la même époque. ainsi son assise dans les vallées vosgiennes et sur un vaste territoire qui comprend également Guezo de Villacourt, cité à la fin d'une la grande forêt recouvrant les pentes et les charte de Thierry n, duc de Lorraine, le sommets qui les dominent. En résumé, il hérite 19 mars 1114, est sans doute le même des prérogatives de la dynastie carolingienne personnage que Guezo, avoué des Vosges, disparue qui détenait précédemment ces mentionné dans deux actes de l'abbaye de domaines. Remiremont publiés entre cette date et 1123. La nouvelle famille comtale puis ducale Gérard de Villacourt, chevalier, figure en qualité parvient bientôt à s'approprier l'abbatiat de d'avoué des Vosges ou d'avoué de Bruyères Remiremont. De 1020 à 1164, les abbesses qui dans une trentaine de documents rédigés entre se succèdent en sont issues : Oda, sœur de 1132 et 1168. Son petit-fils nommé comme lui Gérard d'Alsace, a pour devancière Berscinda, disparaît sans descendants après 1226. Il a fille de Gérard, comte de Metz. Viennent ensuite épousé Hadwide de Romont, soeur de Thierry Gisèle, sœur du duc Thierry n, abbesse de 1070 sire de Romont, dont le château principal se à 1114, puis Judith de Vaudémont, nièce de la trouve aux environs de . Ce précédente, abbesse de 1114 à 1164. dernier hérite probablement d'une partie des La paroisse Saint-Etienne de Rupt, créée sans prérogatives d'avoué des Villacourt vers 1230. A doute en même temps que le ban de Longchamp cette époque, il scelle une charte dans laquelle Lette et le Pont de Lette, vers 1905. Après construction en 1903 et 1904, des quatre premières cités et avant la construction en 1907 des trois suivantes.

il déclare que "prévenu par la grâce de Dieu, de Bliescastel et de Lunéville vient d'aider pour réparation des excès auxquels il s'était livré Mathieu II, duc de Lorraine, à combattre le contre le prêtre Albéron, chanoine de l'église de comte de Bar et ses alliés. Cette guerre lui a été Remiremont", il donne à celle-ci pour le salut fatale et il vient de perdre la plus grande partie de son âme et celles de ses ancêtres une rente de ses châteaux et de ses terres patrimoniales. Il annuelle de 5 sols toulois à prendre chaque disparaît au cours de 1255. Sophie, son épouse, année sur sa portion des plaids d'automne du lui a donné de nombreux enfants et notamment ban de Longchamp. La famille de Romont Henri et Burnique de Riste qui héritent des disparaît après 1280 par suite de la mort de seigneuries attachées à l'avouerie de l'abbaye de Renaud, sire de Romont, qui n'a pas eu Remiremont, situées dans les vallées de la d'enfants de son épouse Sibille de Passavant. Moselle et de la Moselotte, à et à Son château et ses principaux biens reviennent Bellefontaine. à Ferry m, duc de Lorraine, qui les attribue à Henri de Riste est mentionné dans de Ferry, chevalier, sire de Plombières, l'un de ses nombreux actes datés de 1261 à son décès nombreux fils, en mars 1289. survenu après 1295. Lors du partage de sa Une autre partie de l'avouerie des terres de succession effectué en 1307, Burnequin de l'abbaye de Remiremont est sans doute attri- Riste, son fils, entre en possession des terres buée à Conrad, sire de Riste, vers 1231. que nous venons de mentionner. Le duc de Ce personnage, qui descend des anciens comtes Lorraine lui concède également la seigneurie de située à l'extrémité de la vallée de Si le duc a besoin d'hommes pour garder le la Fave, affluent de la Meurthe. Il construit un château ou la maison où il réside tempo- château qui prend le nom de Riste, sur l'une rairement dans les environs, le ban de des montagnes qui dominent ce village. Il est Longchamp doit lui fournir dix habitants armés ; mentionné dans une trentaine de documents se quatre d'entre eux sont à la charge du maire, rapportant entre autres à la gestion de ces deux à celle de "messire Bernique" (de Riste), divers domaines jusqu'à son décès survenu vers deux à celle des seigneurs des Ecclésiaux, un à 1343. Il a épousé avant décembre 1313 Jeanne celle des seigneurs de l'Escullerie et un à celle de Blamont, l'une des filles d'Henri sire de des bourgeois de la ville de Contréglise, en Blamont et de Cunégonde de Linange. En Franche-Comté. S'il a besoin de voitures pour décembre 1343, cette veuve qui n'a pas transporter ses bagages, le maire doit lui fournir d'enfant, admodie à Raoul, duc de Lorraine, la l'une d'entre elles ; l'attelage doit être composé totalité des biens qui lui ont été assignés de six bœufs, comme celle que les avoués sont autrefois par son mari pour constituer son tenus de lui envoyer. Deux bouviers sont requis douaire ; il s'agit notamment des seigneuries pour les conduire. situées à Maxonchamp et Lépange dans le ban de Longchamp, ainsi qu'au "Pertuy d'Estaye" à Le breuil ou pré du ban doit être fauché et Saint-Maurice, à et au Thillot dans le fané par un certain nombre de chefs de famille ban de Ramonchamp. Le souverain lorrain désignés par le maire. Ils sont mis à l'amende lui attribue, en retour, une rente annuelle de au profit des seigneurs s'ils n'effectuent pas ce 500 livres tournois. travail. Le prévôt prélève une voiture de foin Jeanne de Blamont disparaît après 1347. Elle chaque année sur cette récolte. Un impôt en est inhumée auprès de son mari en l'église de nature est versé chaque année aux avoués par l'abbaye de Beaupré, fondée par les ancêtres de les habitants du ban. Il correspond à une celui-ci près de Lunéville. douzaine de poules qui leurs sont remises moitié à Noël et le reste à Pâques. Ils prélèvent La déclaration des droits des également six sous sur la taille de mars et trois sous sur celle d'automne. L'abbaye, le maire et seigneurs du ban de Longchamp les officiers du ban encaissent chacun respectivement six sous et trois sous sur cette Les droits des différents seigneurs du ban de redevance. Longchamp sont mis par écrit vers 1340. L'acte scellé à cette occasion précise tout d'abord Il existe une petite mairie dans chacune des que le prévôt Saint-Pierre de l'abbaye de seigneuries du ban de Longchamp. Elle est Remiremont choisit lui-même, chaque année, le administrée par un petit maire qui doit rendre jour de la tenue du plaid ou assemblée compte de sa gestion au grand maire de la obligatoire de tous les habitants du ban. Il circonscription chaque année, avant la tenue du informe le maire de sa décision. Ce dernier plaid. Il est tenu notamment de signaler les averti les différents avoués, qui ne peuvent délits sous peine d'être condamné à payer une demander le report de ce plaid qu'une seule amende qui est encaissée par l'abbaye et les fois. Durant la tenue de celui-ci, ces seigneurs avoués. Ces derniers perçoivent encore une fixent le montant de la taille conjointement avec somme de 40 sous pour le droit de gîte en le prévôt qui "échaque", comme bon lui automne et 5 sous "pour la chaudière". Tous les semble, les hautes et basses amendes dont il habitants du ban doivent aussi verser à leurs encaisse la moitié. L'autre partie des premières seigneurs respectifs 12 sous en raison de leurs revient au souverain lorrain et le reste des droits, 10 sous pour le ferrage des chevaux, secondes aux avoués. 2 sous "pour l'agneau" et 3 sous "pour l'herbe". Vierge à l'enfant (XIVe siècle) Cuve baptismale (xvf siècle)

Bénitier (XVe siècle) Bénitier (XVe siècle) (Portail d'entrée) (Portail d'entrée) Les avoués du ban de mort dans une des prisons du château de Semur en 1369, puis Henri de Longwy, sire de Raon. Longchamp aux XlV et xve siècles Elle disparaît au cours de 1372. Le jour de la Saint Mathieu 1364, elle a engagé, pour 638 Au début du xive siècle, les sires de florins, tous ses biens du ban de Longchamp Faucogney continuent à gérer la partie du ban consistant en "mairies, villes, hommes, issues et de Longchamp attribuée à leurs ancêtres. Les profits divers" à Andreu de Ville-sur-Illon, rentes qu'ils perçoivent en ces lieux se montent chevalier qui appartient à une importante à 15 livres à la fin de 1319. Pour protéger leurs famille du duché de Lorraine. En décembre biens de la vallée de la Moselle, Henri de 1371, la duchesse de Bourgogne rachète ce fief Faucogney et son frère Thiébaut, décident de pour la même somme. Les lettres scellées à construire une forteresse sur une colline qui cette occasion, nous apprennent que les domine le village du Thillot, près du col des habitants de cette partie du ban viennent de Croix. Le 26 février 1348, Marie de Châtillon- verser 300 francs pour que ce rachat puisse Blois, duchesse douairière de Lorraine les avoir lieu. Ils ont en somme levé cette aide afin autorise à établir un péage dans cette localité. de rester bourguignons. En contrepartie leur nouveau château devient fief mouvant de son duché. Pendant ce temps, les seigneuries qui avaient appartenu autrefois aux sires de Romont et de Henri de Faucogney ayant été tué au cours Riste, sont revenues partiellement à l'importante de la bataille de Poitiers en 1356, ses terres du lignée des sires de Savigny qui constituent une ban de Longchamp reviennent à Jeanne de branche de la célèbre famille de Parroye. Celle- Faucogney, sa fille. Elle épouse successivement ci a obtenu l'avouerie des établissements Jean de Neufchâtel, seigneur de Villafans le Neuf, religieux de Saint-Dié et de dès la

A l'extrémité le cimetière, à droite, l'école est en construction. Les cités des Ets Laederich ont été construites en 1903, 1904 et 1907. Le château de Savigny fin du xie siècle. Pour les protéger, ses membres Belrain. Il devient ainsi vassal du comte de Bar ont fait construire plusieurs châteaux dans les et du duc de Lorraine. Son château de Savigny vallées de la Meurthe et de ses affluents. Plus est mentionné pour la première fois le 17 mars tard, Aubert Ier de Parroye, seigneur de , 1344. Il figure dans de nombreux documents a épousé Jeanne apparentée de très près aux jusqu'à son décès survenu en 1353. Peu de sires de Riste. Il a eu notamment pour fils temps auparavant, il a été excommunié. Aubert n de Parroye, qui continue la lignée des Absous, il est inhumé, comme ses prédéces- seigneurs de Taintrux et André de Parroye, tige seurs et les sires de Riste, en l'église de l'abbaye de la famille de Savigny. de Beaupré, située près de Lunéville. Lors du La terre de Savigny se trouve à l'ouest de partage de sa succession en 1356, ses forteres- Charmes. Elle semble avoir été possédée tout ses et ses seigneuries reviennent à André, d'abord par la famille de Fontenoy-Pulligny. Burnequin et Guillaume ses fils. Ces derniers André de Parroye la recueille lorsque son beau- abandonnent rapidement leur ancien nom père disparaît. Pollie de Fontenoy son épouse patronymique. Les actes qui les concernent est mentionnée avec lui dans de nombreux nous montrent qu'ils sont désormais sires ou actes. En mars 1289, tous deux cèdent à Ferry m, seigneurs de Savigny. Le premier d'entre eux duc de Lorraine, pour 300 livres de proveni- meurt jeune sans avoir eu d'enfant entre 1357 et siens, tout ce qui leur est revenu à Romont et 1359. Le troisième est le fondateur du rameau aux environs dans l'héritage de Renaud, sire de des seigneurs de Rosnes, dans le duché de Bar. Romont. Ils confirment cette vente le 19 mai de Burnequin de Savigny, le second, est mentionné l'année suivante. André de Parroye disparaît dans de nombreux documents de 1344 à 1379. après 1320. Jeanne de Ville-sur-Illon, son épouse, lui donne Warry de Parroye, chevalier, sire de Savigny, plusieurs enfants, dont certains meurent son fils et successeur, épouse Isabelle de relativement jeunes. Warry de Savigny l'un d'entre eux entre en Longchamp et de Ramonchamp". Il s'agit notam- possession des biens lorrains de ses parents. Il ment d'un "certain peaige appelé le peaige du s'agit entre autres du château et de la terre de Tillot desoubz Chastel Humbert" donné autrefois Savigny ainsi que des seigneuries et avoueries aux seigneurs de Faucogney par une duchesse dispersées dans les vallées de la Moselle et de la de Lorraine, avouée de Remiremont. Depuis Moselotte. Dès le 5 novembre 1392, il est cette époque, elles n'ont jamais rien versé aux chevalier et conseiller de Charles n, duc de officiers chargés de gérer ce péage pour les Lorraine. Il accompagne ce souverain qui fait denrées, vivres et autres choses qui transitaient son entrée solennelle à Remiremont et jure de dans la vallée de la Moselle, jusqu'au moment respecter les antiques libertés des chanoinesses. où la maison de Bourgogne en est devenue Quelques années plus tard, celles-ci adressent propriétaire. Elles ont alors été mises dans une requête à Jean, duc de Bourgogne, qui a l'obligation de payer des droits de passage, succédé aux sires de Faucogney quant à la pendant que leurs serviteurs étaient gagés. Après possession du péage du Thillot et d'une partie avoir examiné leur requête, Jean Sans-Peur leur de l'avouerie des bans de Longchamp et de donne gain de cause. Considérant qu'elles sont Ramonchamp. Elles lui remontrent que parmi les toutes "nobles et extraites de noblesse" et que droits, seigneuries et possessions de leur partout les gens nobles doivent être exempts de abbaye, elles possèdent le reste de ces biens péage, considérant également qu'elles sont ainsi que la haute justice correspondante avec le exonérées du péage appelé "le petit péage" duc de Lorraine. De son côté, le duc de situé dans les mêmes "Vaulx" et appartenant à Bourgogne à cause de sa terre de Faucogney et Warry de Savigny, chevalier, avoué de leur le seigneur de Ronchamp en qualité d'avoué de abbaye, il ordonne à ses officiers de ne rien leur leur monastère, partagent avec elles un certain réclamer à l'avenir. Il scelle cette charte à Troyes nombre de droits dans les mêmes "Vaulx de le 8 juillet 1418.

Une ferme sur la route du Chêne, en 1950. Le sire de Savigny est promu sénéchal de Nous savons déjà que d'autres seigneuries Lorraine quelques années plus tard. Au moins importantes existent au voisinage des printemps de 1431, il fait partie de l'armée que précédentes. L'Escullerie correspond au fief de René d'Anjou, duc de Bar et de Lorraine, La Poirie, village rattaché aujourd'hui à la rassemble pour empêcher le comte de commune de Dommartin. La seigneurie des Vaudémont et son allié, le duc de Bourgogne, Ecclésiaux, mentionnée dès le milieu du d'envahir ses Etats. Ces derniers remportent une xive siècle comprend les hameaux de Lette, La victoire éclatante à l'issue de la bataille qui se Dermanville, La Roche et Longchamp. Elle déroule aux environs de Bulgnéville, le 2 juillet appartient pour un tiers au curé de la paroisse de la même année. Warry de Savigny trouve la de Rupt pour les deux autres tiers à la Dame mort au cours de ce combat. Jeanne de Grande Aumônière de l'abbaye de Remiremont. Chambley, son épouse, lui a notamment donné La pratique des accensements qui se succèdent deux fils, Ferry de Savigny, chevalier, Maréchal aux xve et xvie siècles provoque l'apparition de Lorraine, auteur des rameaux de d'une nouvelle communauté d'habitants : Les et de Dombasle de sa famille, ainsi que Jacques Arrentès. Ces derniers payent en effet chaque de Savigny, chevalier, bailli de Vosges année un cens ou une rente relativement faible mentionné de 1425 à son décès survenu le à partir de l'époque où ils ont reçu une terre à 15 avril 1462. Héritier du château de Savigny et défricher dans les parties hautes des montagnes des terres des Vaux de Longchamp et de qui bordent la vallée de la Moselle. La Ramonchamp, ce dernier fonde à Charmes une Foresterie du ban de Longchamp correspond à chapelle attenante à l'église paroissiale qui sera un autre groupe de villageois. Ces derniers sont reconstruite dans le style de la Renaissance au comme les précédents très dispersés. Tous début du xvie siècle. Il est inhumé dans cet doivent la garde au château d'Arches. En 1414 édifice ainsi que la plupart de ses successeurs. cependant, Mengin Drouin de Rosières, Les divers documents se rapportant à la gestion receveur des bailliages de Nancy et Vosges, des biens de la famille de Savigny situés dans le publie des lettres par lesquelles il décharge de ban de Longchamp, nous montrent qu'elle cette obligation "certains hommes appeleit lez possédait notamment la plus grande partie des hommes ecclesialz" qui résident "en plusieurs villages et territoires de Maxonchamp et de leus" des bans de Longchamp, Ramonchamp, Lépange. et Moulin. Les seigneurs de Savigny et de Faucogney Le forestier du ban est, avec le Grand maire possèdent le droit de haute, moyenne et basse un personnage important. Lors de la tenue des justice dans leurs terres respectives. Les plaids annuels, il a le droit de choisir, avec le condamnés à mort sont exécutés sur un gibet consentement de la communauté assemblée appelé aussi "fourches patibulaires". Nous trois hommes qu'il présente au prévôt Saint- ignorons où se trouvait celui des descendants Pierre de Remiremont. Ce dernier choisit son des sires de Parroye. Il comprenait fort successeur parmi eux. S'il ne les juge pas probablement une poutre horizontale supportée convenables, on lui en présente neuf autres. En par deux piliers. Celui des sires de Faucogney, 1499, un différend oppose Jean Famel, forestier apparentés au roi de France devait comporter sortant aux habitants du ban, à propos de ces quatre piliers en raison de leur rang. Situé, prérogatives. Ceux-ci estiment que la nomi- selon une ancienne tradition à proximité du col nation faite au cours des plaids de l'année qui permettait aux habitants du ban de précédente constitue un abus. Cette contestation Longchamp de se rendre dans la vallée du est jugée par Agnès d'Amoncourt, Lieutenante Breuchin, il semble être à l'origine du nom de la Doyenne de Remiremont, qui donne actuel de ce passage. raison aux plaignants. Le ban de Longchamp Ils obtiennent rapidement gain de cause. Quatre au xvie siècle ans plus tard, le prévôt d'Arches entre en conflit avec le lieutenant du prévôt Saint-Pierre, après avoir présidé un rassemblement de la popu- L'indépendance du duché de Lorraine est lation du ban de Longchamp placé sous sa reconnue par le traité de Nuremberg le seule responsabilité. Après enquête, les 26 août 1542. Les dirigeantes de l'abbaye de habitants de Rupt et des villages voisins Remiremont acceptent difficilement de déclarent que l'officier ducal ne possède que le reconnaître que le duc Antoine est maintenant droit de siéger aux plaids bannaux qui se leur souverain. La guerre dite des Panonceaux tiennent deux fois par an. Ces villageois sont qu'elles provoquent vingt ans plus tard, se mis dans l'obligation de payer, en 1583, leur termine le 28 mars 1566 quand le duc Charles m quote-part quant à la somme de 8.116 francs fait saisir par son bailli de Vosges la totalité de due par le maire du ban, à l'issue d'un procès. leur temporel. Elles reconnaissent alors les droits de souveraineté de leur adversaire sur ce Ceux qui dépendent de l'office du Grand Sonrier adressent aussitôt une requête au vaste territoire et en particulier sur les bans de titulaire de ce bénéfice en lui démontrant qu'ils Longchamp et de Ramonchamp. n'ont jamais rien versé quant aux frais de justice Pour marquer sa bonne volonté, ce dernier dus par les administrateurs de leur circonscrip- fait son entrée solennelle à Remiremont le tion territoriale. Nous ignorons s'ils ont été 2 août 1579. Il peut maintenant appliquer dans déchargés de cette obligation. toute la région le vaste programme de réformes Les interventions des officiers ducaux dans forestières qu'il a conçu et faire exploiter les affaires de l'abbaye de Remiremont se paisiblement, de Rupt à Bussang, les gisements multiplient à cette époque. Elles sont à l'origine de minerai d'argent, de plomb et de cuivre que d'un conflit solutionné par des arbitrages. Dès ses ingénieurs ont découvert peu de temps 1576, Charles III a jugé bon de publier un décret auparavant. L'autorité de l'abbesse, jusqu'alors par lequel il a confirmé les droits de l'abbesse et toute puissante tend à s'affaiblir à partir de cette des chanoinesses quant à l'obtention de la époque. Le prévôt, le gruyer, le contrôleur et la moitié des biens provenant des mainmortes du plupart des autres officiers ducaux de la prévôté ban de Longchamp. En 1580, le maire, les d'Arches qui administrent notamment les vallées échevins et gens de justice de cette circonscrip- de la Moselle, de la Moselotte et de leurs tion lui adressent une requête au sujet de affluents, résident maintenant dans la ville de Remiremont. l'appel d'un jugement qu'ils avaient rendu. Les prérogatives du prévôt ducal d'Arches et En 1564, Nicolas Andreux, de Vecoux, grand du Lieutenant Saint-Pierre de l'abbaye de maire du ban de Longchamp, agissant avec le Remiremont sont décrites dans un compte du maire de la seigneurie de Savigny et le député domaine d'Arches rédigé en 1591. Tous deux de la seigneurie des Ecclésiaux conviennent ont le droit de nommer le grand maire et le qu'ils doivent remettre, chaque année, 68 muids forestier du ban. Le maire prend connaissance de grains, un tiers en blé et les deux autres tiers des actions réelles et personnelles, dont l'appel en avoine, à un certain nombre d'offices de se porte à Remiremont. Les différents maires l'abbaye de Remiremont ainsi qu'à la chapelle des seigneuries appelés "menus maires", ne Saint-Gervais. Comme ils ne savent plus à qui jugent que les causes personnelles. Les nobles appartiennent les terres qui produisent ces qui possèdent ces fiefs ne perçoivent que les grains, ils demandent aux dirigeantes de cet amendes inférieures à quatre sols. Leurs sujets établissement religieux de verser tous les ans, le sont mainmortables. Le prévôt d'Arches et le jour des Rois, une somme de 50 francs 9 gros. lieutenant Saint-Pierre encaissent toutes les amendes supérieures à quatre sols. Pour éviter requête qu'ils adressent à Charles III peu de le renouvellement des différends qui opposent temps après, les villageois du ban de chaque année ses officiers à ceux de l'abbesse, Longchamp lui exposent que leurs habitations dans les six grands bans situés autour de sont proches de la Bourgogne. Elles sont situées Remiremont, le duc de Lorraine publie un "en un lieu fort montagneux et stérile de tous important arrêt le 3 janvier 1595. Il concerne biens, ayant grand peine à eux hyverner, par les principalement les droits de justice qu'il exerce grandes et longues neiges qu'ils ont par chacun conjointement et de manière indivise avec les an, à cause de l'infertilité des grandes monta- dirigeantes de l'abbaye, notamment dans le ban gnes d'allentour d'eux, es quelles il ny a nul de Longchamp. haut bois, ainsy ny croit sinon petit bois de rapailles en aucun endroit, et à autres non pour Charles III reconnaît que la création du maire estre toutes grandes roches et pierres où ils font et des gens de justice a lieu lors de la tenue des souventes fois à leurs grands travaux des fouil- plaids bannaux sous son autorité et celles des lies et essarts pour leur labourage, n'ayant assez chanoinesses, quant aux sujets communs. Il de terres en plain pour labourer à la moitié de percevra désormais les amendes levées sur les ce qu'il leur est nécessaire pour eulx nourrir". vagabonds, sur les forains qui fréquentent les fêtes annuelles, sur ceux qui refusent de Suite à cette requête, le duc confirme leurs comparaître en armes sous la bannière de la droits anciens, quant à la jouissance dont ils prévôté d'Arches et divers autres ; il encaissera disposaient dans les bois dits rapailles, ainsi que également les amendes des "cris d'armes et dans les "répandisses" des montagnes. En ce qui d'alarmes", autrement dit les tumultes et concerne les forêts de haute-futée, Charles IIII émotions publiques et non les simples débats précise qu'elles doivent être ménagées, afin de querelles particulières. Les confiscations à qu'elles puissent être exploitées convenable- la suite de crimes lui reviendront également. ment plus tard. Elles restent donc soumises au Les receveurs de l'abbaye de Remiremont nouveau règlement. Il est interdit d'y couper percevront de leur côté la moitié des amendes toutes sortes de bois. La vaine pâture des arbitraires et la totalité des impositions qui animaux y est cependant autorisée. Le forestier concernent les boissons. L'abbesse et les du ban doit assurer, comme autrefois, la garde chanoinesses conservent leurs droits de de ces domaines boisés. La charte sanctionnant mainmorte et d'épave. ces dispositions est scellée à Nancy le 26 décembre 1571. La question des droits d'usage Pour éviter toutes nouvelles contestations, les rapailles et les autres contrées où les En septembre 1571 les grands réformateurs habitants des divers villages composant le ban des Eaux et Forêts de Lorraine arrivent dans le de Longchamp peuvent couper et essarter en ban de Longchamp pour y appliquer les toute liberté, sont abornés par les sieurs Rennel coutumes et usages en vigueur jusqu'alors dans et Bardin, arpenteurs jurés du duc, en présence le reste du duché de Lorraine. Ils procèdent de de Demenge Aubert et Martin Bouchon même dans les bans de Ramonchamp et de respectivement gruyer et contrôleur d'Arches, le Vagney. En vertu de ces nouvelles dispositions, 2 août 1598. Suite à une nouvelle requête de les habitants des vallées de la Moselle et de la ces villageois, le duc Henri n, fils et successeur Moselotte ne peuvent plus couper du bois dans de Charles III confirme cet abornement, ainsi les forêts pour se chauffer, pour construire ou que l'acte de 1571 par lettres patentes scellées le réparer leurs maisons, clore leurs champs, etc... 20 août 1610. Les représentants des localités Il leur est également interdit de faire pâturer concernées l'approuvent au Thillot, en présence leurs animaux dans ces contrées. Dans la du gruyer d'Arches, en octobre l6ll. 168. - RUPT-sur-MOSELI.E. - Vue générale de: la Roche du Trésor

Cette opération a eu pour but de séparer les contenance de 100 arpents ; aborné dans le bois hauts-bois, propriété exclusive du souverain de Amangouttes, ce dernier est dévolu aux lorrain et de l'abbaye de Remiremont, des habitants du village de Rupt et des granges de rapailles et des répandisses où les habitants du Rupt et Halotey. Les sept bambois ainsi ban continuent à jouir de leurs droits anciens. constitués sont bien distincts des rapailles Malheureusement, ces derniers ne disposent plus ordinaires. du bois nécessaire pour construire ou réparer Pendant ce temps, les habitants de leurs maisons. Pour remédier à cet inconvénient, Maxonchamp ont adressé, en 1608, une requête ils décident de constituer des cantons de réserve à la Chambre des comptes de Lorraine, afin dans lesquels ils pourront planter et exploiter des d'obtenir, à titre d'accensement, un terrain d'une essences analogues à celles des hauts bois contenance de trente jours pour y planter des ducaux. Ces territoires particuliers sont abornés arbres. Ils ont offert de payer un cens annuel de par Demenge Aubert, gruyer d'Arches et ses 6 gros, moitié au domaine ducal, moitié à adjoints, en présence des délégués des villages l'abbaye de Remiremont. Tout est remis en établis sur le ban, du 29 août au 23 septembre cause quand est publiée l'ordonnance qui 1613. Ces cantons de réserve prennent bientôt le réorganise les Eaux et Forêts des duchés de Bar nom de bambois, qu'ils ont conservé de nos et de Lorraine, le 17 décembre 1628. Pour jours. Il y a notamment le bambois de Ferdrupt couper court aux nombreuses protestations qu'il réservé aux usages des communautés de reçoit au cours des semaines suivantes, le duc Ferdrupt et Liébauxard, le bambois des Charles iv confirme derechef les droits des communautés de Saulx, le Chêne, la Roche et villageois de la prévôté d'Arches qui comprend Longchamp, comprenant les bois de l'Abatteux et notamment le ban de Longchamp, le 5 mars du Tirebut, et le bambois d'Aufaing, d'une 1632.

Parmi les nombreuses croix de chemin disséminées sur le territoire des deux communes .-

Croix dite du Bon Dieu sur la route Ancienne croix du vieux cimetière, du Dessus-de-Rupt (milieu XVIIJf! siècle) près de l'église (milieu xvif siècle)

Croix du curé Thiébaut, dans le grand virage Croix du Petit Bouzon de la route du Dessus-de-Rupt (fin XHIE! siècle) (milieu XVIIF siècle)