Bernard Bajolet : Diplomate Des Pays « Chauds »
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Bernard Bajolet : Diplomate des pays « chauds » Extrait du Bosnie-Herzégovine, toute l'actualité et infos http://www.bhinfo.fr/bernard-bajolet-diplomate-des-pays,1576/ FRANCOPHONIE/FRANCE Bernard Bajolet : Diplomate des pays « chauds » - Francophonie - France - Date de mise en ligne : lundi 14 février 2011 Bosnie-Herzégovine, toute l'actualité et infos Copyright © Bosnie-Herzégovine, toute l'actualité et infos Page 1/3 Bernard Bajolet : Diplomate des pays « chauds » Ses racines sont lorraines. Il aime les chevaux, parle l'arabe couramment et a fait l'école de la diplomatie en gilet pare-balles. Bernard Bajolet, l'homme le mieux renseigné du pays, préfère l'ombre aux paillettes. Confidences. Durant sa jeunesse lorraine, rien ne prédestinait ce bon élève du lycée Poincaré de Nancy à mener une carrière de diplomate. « J'étais plutôt du genre rugueux, ce qui ne m'a pas forcément nui par la suite », s'amuse Bernard Bajolet. Diplômé de Sciences-po Paris, il réussit de justesse le concours de l'Ena et conserve le souvenir « d'un moment de détente dès l'instant où on comprend la règle du jeu et les cooptations subtiles qui s'y jouent. » À l'heure du choix, la diplomatie lui fait les yeux doux. Il s'envole pour Alger à l'époque de Boumédiène, occupant un poste de deuxième secrétaire de l'Ambassade. « Un matin, on m'envoie au port chercher un certain François Hollande, stagiaire. Une silhouette s'approche, visage poupin, Le Figaro dans la poche... L'énarque parfait. C'était bien lui », se souvient Bernard Bajolet. Son séjour dans la capitale algérienne l'enchante, la mission le fascine. Il ignorait qu'il y reviendrait un jour, jouer les premiers rôles. Rome et la Jordanie Paris le happe, puis il glisse dans un bureau aux Nations Unies à New York, avant de poser ses valises en Italie. Le bonheur. « Étant le descendant d'un frère ou d'une soeur du peintre Claude Gellée, qui a passé une grande partie de son existence à Rome au XVII e siècle, je me sentais chez moi là-bas. » Quatre ans plus tard, il se retrouve étudiant à Harvard (Etats-Unis). Le Français profite des atouts de ce campus de rêve pour faire du sport et de la musique. Le poste suivant lui laissera un souvenir aussi impérissable que les rencontres qu'il y a effectuées : ambassadeur en Syrie. « Je montais à cheval, ce qui m'a valu un certain prestige auprès de la famille présidentielle. » Fin linguiste, il ajoute l'arabe à sa palette. Quatre ans plus tard, il refuse le Liban, mène une mission spéciale à la conférence de Madrid, avant de rejoindre l'ambassade en Jordanie. Retour en France. « En 1999, lors d'un déjeuner, je provoque Jospin, alors ministre de la Défense, avec une question impertinente. Il me dit : Bajolet... faites vos bagages, c'est Sarajevo ! » Pas un cadeau. Dans ce pays martyrisé par l'Histoire, il avoue s'être beaucoup plu. « Pour comprendre les gens, il faut vivre avec. Je ne m'enferme jamais dans la communauté diplomatique. Les réceptions, c'est ce que je déteste le plus dans le métier. » D'ailleurs, c'est auprès de ses chevaux, dans sa propriété de Haute-Saône, qu'il se ressource le mieux. Expérience irakienne Après les Balkans, Villepin lui demande où il souhaite aller : « Je suggère la Turquie. » Ce sera l'Irak. Un nouveau défi : « Les relations diplomatiques étant rompues, j'étais chef de la section des intérêts français à Bagdad. Comme il fallait avoir une bannière, on m'avait planté le drapeau roumain sur le toit, ce qui n'était pas conforme à la convention de Vienne. Je l'ai fait enlever. » Copyright © Bosnie-Herzégovine, toute l'actualité et infos Page 2/3 Bernard Bajolet : Diplomate des pays « chauds » Le 13 juillet 2004, sous le regard furieux des Américains, il hissait de nouveau le drapeau tricolore au moment où retentissait La Marseillaise. À cette époque, un climat d'extrême tension régnait dans le pays. « Tous les otages d'Al-Qaïda avaient été assassinés. Chirac m'a fait rentrer. Quand j'y suis retourné, l'affaire des otages français, dont Florence Aubenas, venait d'éclater. Neuf mois de travail pour un dénouement heureux. Avec du recul, je pense que l'Ambassade de France à Bagdad était celle qui avait la palette de contacts la plus précieuse. » De retour au bercail, Chirac lui annonce Alger. Un terrain familier pour Son excellence Monsieur l'ambassadeur. Durant ce séjour, il a accueilli deux fois Nicolas Sarkozy. Trente mois à l'Élysée « La deuxième fois, il y a fait, à mon sens, son meilleur discours » Des images défilent dans la tête de Bernard Bajolet, persuadé que l'idée de créer une coordination nationale du renseignement a probablement germé dans la tête du Président à ce moment-là. Eté 2008 : le nom de Bernard Bajolet sort du chapeau. Plus de deux années denses, passées à coordonner l'action des différents services français du renseignement intérieurs (DCRI), extérieur (DGSE) et militaire (DRM) n'ont pas émoussé son goût des missions délicates. Prudent, il souligne : « Les débuts ont été difficiles. Chacun oeuvrait dans son coin. Le souhait du président de la République était de faire travailler ensemble toutes les unités. Aujourd'hui, l'académie du renseignement est en place et forme une équipe soudée. » Mais la roue tourne. L'interlocuteur de Sarkozy sur les dossiers « rens » doit rendre sa copie. S'il rêvait d'un fauteuil pépère sous les tropiques, c'est raté. Pas son genre de toute façon. Le prochain ambassadeur de France à Kaboul, ce sera lui. Un poste sur mesure pour ce pro de la diplomatie. Isabelle FÉRET. Copyright © Bosnie-Herzégovine, toute l'actualité et infos Page 3/3.